81992 Accès au financement FORUM Rapports du CGAP et de ses partenaires N° 7, juin 2013 Les taux d’intérêt du microcrédit et leurs facteurs déterminants 2004-2011 Richard Rosenberg, Scott Gaul, William Ford et Olga Tomilova Remerciements Le présent rapport et les travaux de recherche préparatoires ont été effectués conjointement par le Microfinance Information Exchange (MIX), la banque allemande de développement KfW et le CGAP. Les auteurs remercient KfW pour son soutien financier, MIX pour ses données et le traitement des données, et le CGAP pour ses modèles analytiques et ses services de publication. Nous sommes reconnaissants à Matthias Adler, Gregory Chen, Alexia Latortue et Kate McKee pour leurs commentaires éclairés. Les auteurs, et non les commentateurs ou les organismes partenaires, assument l’entière responsabilité des conclusions et des opinions exprimées dans le présent rapport. © CGAP, MIX et KfW, 2013 CGAP 1818 H Street, N.W. Washington, DC 20433, États-Unis Internet : www.cgap.org Courriel : cgap@worldbank.org Téléphone : +1 202 473 9594 Tous droits réservés. Les demandes d’autorisation de reproduction de portions du présent rapport doivent être adressées au CGAP à l’adresse figurant dans l’avis de droit de reproduction ci-dessus. Le CGAP, MIX et KfW sont favorables à la diffusion de leurs travaux et accordent généralement leur autorisation rapidement et, lorsque la reproduction ne sert pas un but commercial, gratuitement. Les demandes d’autorisation de photocopier des portions du rapport à des fins éducatives sont traitées par le Copyright Center, Inc., Suite 910, 222 Rosewood Drive, Danvers, MA 01923, États-Unis. Sommaire Introduction 1 SECTION 1.  Niveaux et tendances des taux d’intérêt  4 SECTION 2.  Coût des ressources  9 SECTION 3.  Dotation aux provisions pour créances douteuses  11 SECTION 4.  Charges d’exploitation (et taille du crédit)  13 SECTION 5. Bénéfice  18 SECTION 6. Synthèse  21 Références 23 ANNEXE  Données et méthodologie  24 i Introduction D epuis les débuts du microcrédit moderne1, son Le présent rapport examine des données plus exactes aspect le plus controversé est celui des taux d’in- et plus complètes fournies par MIX pour la période de térêt appliqués par les microprêteurs, que l’on 2004 à 2011. Bien que les questions de méthodologie appelle souvent institutions de microfinance (IMF)2. soient principalement abordées en annexe, il convient Ces taux sont plus élevés, souvent même beaucoup plus de préciser un point dès à présent. Le précédent rapport élevés, que les taux bancaires ordinaires, parce qu’il est du CGAP était basé sur des données provenant d’un pa- évidemment plus coûteux de prêter et de collecter un nel cohérent : ainsi, l’analyse des tendances était basée montant donné réparti en plusieurs milliers de prêts mi- sur les données fournies chaque année par 175 institu- nuscules plutôt que de prêter et de collecter ce même tions de microcrédit rentables entre 2003 et 2006. Cette montant réparti en quelques prêts de grande ampleur. approche a permis de donner une image de l’évolution Les frais généraux plus élevés doivent être couverts par dans le temps d’un groupe de microprêteurs type. des taux d’intérêt supérieurs. Mais à quel point ? Nom- À l’inverse, le présent rapport se base principalement breux sont ceux qui craignent que les emprunteurs sur les données fournies par les IMF entre 2004 et 20113. pauvres ne soient exploités en étant soumis à des taux De ce fait, une institution de microcrédit arrivée sur le d’intérêt excessifs étant donné qu’ils n’ont que peu de marché en 2005 ou ayant cessé son activité en 2009 sera pouvoir de négociation. Une autre source d’inquiétude incluse dans les données pour les années au cours des- est le fait qu’une proportion croissante du microcrédit quelles elle a fourni des rapports. Nous estimons que est en train de se réorienter vers les organisations à but cette approche donne une meilleure image de l’évolution lucratif où le relèvement des taux d’intérêt pourrait na- du marché dans son ensemble et reflète donc mieux la turellement se traduire par des rendements supérieurs situation d’un groupe de clients type. L’inconvénient est pour les actionnaires. que les tendances présentées dans le présent rapport ne Il y a quelques années, le CGAP a examiné les données peuvent pas être comparées à celle du rapport précédent financières 2003-2006 de plusieurs centaines d’IMF col- car l’échantillon des IMF a été sélectionné sur une base lectées par le Microfinance Information Exchange (MIX) différente (nous avons calculé les données du panel sur la en analysant les taux d’intérêt ainsi que les coûts et les base d’un groupe cohérent de 456 IMF dont les rapports bénéfices qui les influencent. Le principal objectif de ce portent sur les années 2007 à 2011 ; nous avons utilisé ces rapport (Rosenberg, Gonzalez et Narain 2009) était de données principalement pour vérifier les tendances iden- regrouper des données empiriques permettant de cerner tifiées à partir des données complètes pour 2004-2011). la question du niveau raisonnable des taux d’intérêt du microcrédit en engageant une discussion reposant davan- 3. Pour les lecteurs intéressés par la composition de ce groupe, tage sur les faits que sur l’idéologie. nous pouvons résumer la distribution des plus de 6 000 obser- vations annuelles pour la période de 2004 à 2011. Il convient de noter que cette distribution concerne les IMF et non les 1. Dans le présent rapport, le terme « microcrédit » désigne des clients. La définition des catégories figure en annexe : prêts d’un très petit montant, à court terme et généralement non garantis, accordés à des microentrepreneurs à faible reve- Région : SSA 14  %, EAP 13  %, ECA 18 %, LAC 34 %, MENA nu et à leurs ménages par le biais de techniques non conven- 5 %, Asie du Sud 16 % (voir la figure 1 pour une définition des tionnelles comme la responsabilité collective, la forte fré- abréviations). quence des remboursements, l’extension de la taille du crédit, Statut  : à but lucratif 39  %, à but non lucratif 59  %, s/o 2  % les programmes d’épargne forcée, etc. (veuillez noter que les IMF à but lucratif desservent la majorité 2. Les IMF sont des organisations financières qui se concentrent, des emprunteurs car elles sont généralement plus grandes que dans certains cas exclusivement, sur l’offre de services finan- les IMF à but non lucratif.) ciers aux clients à faible revenu et dont les sources de reve- Supervision prudentielle des autorités financières ? Oui nu sont généralement informelles, à l’inverse des salaires 57 %, non 41 %, s/o 2 % versés par des employeurs enregistrés. Le microcrédit do- Forme juridique  : banque 9 %, institution financière non mine parmi les services financiers proposés par les IMF, mais bancaire réglementée 32 %, coopératives de crédit 13 %, ONG d’autres services comme l’épargne, l’assurance, les paiements 38 %, banques rurales 6 %, autres ou s/o 2 % et autres transferts d’argent intègrent progressivement l’offre Marché cible  : microemprunteurs à faible revenu 42  %, mi- tout comme des formes de crédit plus variées et flexibles. Les croemprunteurs - marché élargi 49  %, microemprunteurs à IMF peuvent prendre plusieurs formes : banques villageoises haut revenu 5%, petites entreprises 4 % informelles, agences de prêts à but non lucratif, coopéra- tives d’épargne et de prêt, sociétés financières à but lucratif, Intermédiation financière (épargne volontaire)  : >1/5 des banques agréées spécialisées, départements spécialisés au sein actifs 39 %, jusqu’à 1/5 des actifs 17 %, aucune 44 % de banques commerciales universelles, et programmes et insti- Âge : 1–4 ans 10 %, 5–8 ans 19 %, >8 ans 69 %, s/o 2 % tutions gouvernementaux. Emprunteurs : <10 000 48 %, 10 000–30 000 23 %, >30 000 29 % 1 Les données et la méthodologie utilisées pour géné-  evenu des prêts = coût des ressources + dotation R rer nos résultats sont présentées plus en détail en an- aux provisions pour créances douteuses + charges nexe. Notre principal objectif est d’observer l’évolution d’exploitation + bénéfice 4, 5 du marché sur la période ; nous n’allons pas nous étendre En d’autres termes, le produit des intérêts (le mon- sur le caractère approprié ou non des taux d’intérêt, des tant des intérêts et commissions sur crédits collectés par coûts ou des bénéfices. L’une des principales nouveau- les institutions de microcrédit auprès de leurs clients) tés de ce rapport est qu’il s’accompagne d’une base de évolue à la hausse ou à la baisse uniquement si une ou données en ligne, décrite ci-après, que les lecteurs pour- plusieurs composantes à droite de l’équation évoluent à ront utiliser pour explorer plus avant les données MIX la hausse ou à la baisse. sous-jacentes, et plus particulièrement pour se pencher Cette formule donne sa structure au présent rapport : sur la dynamique des marchés nationaux individuels. Naturellement, les cinq années de données supplé- • La Section 1 étudie les niveaux et les tendances des mentaires ont permis de constater d’importants change- taux d’intérêt du microcrédit à travers le monde, en ments au sein du secteur. Par exemple : répartissant les données entre différents types d’ins- titutions (groupes de pairs). • À l’échelle mondiale, les taux d’intérêt ont baissé de façon prononcée jusqu’en 2007 avant de se stabiliser. • La Section 2 examine le coût des ressources que les Ce phénomène s’explique en partie par l’évolution prêteurs doivent emprunter pour financer leur por- des charges d’exploitation (frais de personnel et frais tefeuille de prêts. généraux) dont la baisse à long terme a été interrom- • La Section 3 est consacrée aux pertes sur crédits et pue en 2008 et 2011. Il s’explique également par la examine des phénomènes préoccupants survenus hausse du coût des ressources pour les prêteurs qui récemment sur deux grands marchés. font de plus en plus appel aux emprunts commer- ciaux pour compléter les ressources subventionnées. • La Section 4 présente les tendances des charges d’exploitation et aborde la question de la taille du • Le rendement moyen des fonds propres a chuté et crédit. le pourcentage des remboursements de prêts par les emprunteurs affecté aux bénéfices s’est effondré. • La Section 5 se penche sur les bénéfices des institu- C’est une bonne nouvelle pour ceux qui craignent tions de microcrédit, la composante la plus contro- l’exploitation des emprunteurs pauvres, mais c’est versée quand on parle des taux d’intérêt du micro- plus inquiétant pour ceux qui se préoccupent de la crédit. performance financière du secteur. • Si vous n’avez pas le temps de lire l’intégralité du • En ce qui concerne le groupe de prêteurs axés sur la rapport, vous pouvez aller directement à la Sec- clientèle la plus pauvre, les taux d’intérêt ont aug- tion 6 (page 21) qui donne une synthèse graphique menté, de même que les charges d’exploitation et le de l’évolution des taux d’intérêt et de leurs compo- coût des ressources. En revanche, ces prêteurs sont santes sur la période ainsi qu’un résumé des princi- en moyenne nettement plus rentables que les autres pales conclusions. (sauf en 2011, où la rentabilité de ce groupe a été af- • L’Annexe décrit notre base de données et notre mé- fectée par une crise du remboursement dans l’État thodologie, y compris les raisons pour lesquelles indien de l’Andhra Pradesh). nous n’avons pas tenu compte de quatre microprê- La proportion des intérêts payés par les emprun- teurs importants6 dans notre analyse. teurs qui est directement affectée aux bénéfices des ins- Ce rapport se base sur une multitude de données. Pour titutions de microcrédit a baissé pour passer d’environ éviter d’user la patience des lecteurs, nous nous sommes un cinquième en 2004 à moins d’un dixième en 2011. Comme dans le rapport de 2009, nous allons exami- 4. «  Charges d’exploitation  » est le terme utilisé par MIX pour ner non seulement les taux d’intérêt, mais également décrire les frais de personnel et les frais généraux, à savoir les leurs composantes, à savoir les principaux facteurs qui salaires, les dépréciations, la maintenance, etc. déterminent le niveau des taux d’intérêt. Les prêteurs 5. Voici une formule plus complète : utilisent les intérêts perçus pour couvrir leurs coûts, Revenu des prêts + autres revenus = coût des ressources + dota- tions aux provisions pour créances douteuses + charges d’exploi- tandis que l’écart entre ce revenu et les coûts représente tation + impôts + bénéfice leur bénéfice (ou perte). Voici une version simplifiée de 6. BRI (Indonésie), Harbin Bank (Chine), Postal Savings Bank of cette formule : China et Vietnam Bank for Social Policy. 2 concentrés sur les plus importantes. Cependant, MIX a Nous avons dû choisir parmi plus de 800 groupe- publié nos fichiers de données sur son site Internet, y com- ments de données ceux que nous allions inclure dans pris les tableaux croisés sous Excel qui permettent aux ce rapport. La plupart des informations présentées ici lecteurs de répartir les données comme ils le souhaitent sont données sous forme globale, souvent réparties par (http://microfinance-business-solution.mixmarket.org/ groupe de pairs (région, à but lucratif ou non, métho- rs/microfinance/images/Interest Rate Paper Supporting dologie de prêts, etc.). Pour de nombreux lecteurs, Data.zip). Les tableaux croisés permettent à l’utilisateur toutefois, le groupement le plus utile sera celui des de choisir entre 14 indicateurs financiers et d’afficher microprêteurs opérant dans un pays donné. Nous en- les résultats 2004-2011 ajustés ou non (moyennes pon- courageons vivement ces lecteurs à utiliser les tableaux dérées et quartiles) répartis entre neuf groupes de pairs, croisés pour personnaliser l’analyse de l’évolution du y compris entre pays. secteur dans le pays de leur choix. 3 1 SECTION Niveaux et tendances des taux d’intérêt Comment évaluer les taux indicateur de ce que les microemprunteurs individuels payent vraiment. Par exemple : d’intérêt du microcrédit • En 2011, environ un tiers des microemprunteurs ont fait appel à des prêteurs ayant recours à l’épargne Avant de présenter nos données et nos conclusions, il forcée (à savoir qu’ils demandent aux emprunteurs convient de parler des deux méthodes différentes uti- de déposer un pourcentage du montant du prêt au- lisées pour mesurer les taux d’intérêt sur les microcré- près du prêteur). Cette pratique a pour effet d’aug- dits : le taux de rendement effectif et le taux effectif glo- menter le taux d’intérêt effectif car l’obligation de bal (TEG). Il est essentiel de comprendre la différence dépôt réduit le montant du décaissement net que entre les deux pour bien interpréter les données sur les l’emprunteur peut utiliser alors qu’il verse des in- taux d’intérêt que nous présentons dans cette section. térêts sur le montant total du prêt. Le TEG tient Du point de vue du client, un des moyens classiques compte de ce phénomène, contrairement au taux de d’exprimer les taux d’intérêt est de calculer un taux ef- rendement effectif. fectif global sur le produit de prêt de ce client. Le TEG • Pour le calcul du taux de rendement effectif, MIX re- tient compte du montant et de la séquence chronolo- groupe l’intégralité du portefeuille du prêteur, même gique de tous les flux de trésorerie associés au prêt, y si ce portefeuille contient des produits de prêts as- compris les éléments clairement considérés comme des sortis de conditions très différentes, voire des pro- « intérêts » ou le « principal », mais aussi tous les autres duits qui se définissent plutôt comme des prêts aux frais ou commissions ainsi que les dépôts obligatoires petites entreprises que comme du microcrédit. qui conditionnent le prêt. Le TEG est un bon indicateur du coût effectif d’un prêt pour les emprunteurs qui rem- • Le dénominateur du ratio de rendement effectif de boursent conformément au calendrier fixé. Il peut être MIX est le PPB, le montant total de tous les prêts très différent (habituellement plus élevé) du taux d’inté- actifs qui n’ont pas été remboursés ou passés en rêt figurant dans le contrat de prêt. perte. Certains de ces prêts sont en souffrance, à sa- MicroFinance Transparency (MF Transparency) est voir que les emprunteurs sont en retard dans leurs en train de constituer une base de données contenant remboursements. L’impact de cette différence peut des informations sur les TEG concernant une partie ou être expliqué simplement. Imaginons un produit des la totalité des institutions de microcrédit notables dans intérêts total de 200 et un PPB de 1 000 produisant un nombre croissant de pays. La collecte de ces données un taux de rendement effectif de 20 % payé par l’em- nécessite beaucoup de travail et dépend de la volonté prunteur « moyen ». Si la portion des prêts produc- des microprêteurs à coopérer, ces derniers étant sus- tifs n’est que de 800, alors l’emprunteur moyen paye ceptibles de juger embarrassante la publication d’infor- en fait un taux de 25 %8. mations détaillées sur leurs tarifs. À la date de rédaction Une analyse interne de MIX réalisée en 2011 et basée du présent rapport, le site Internet de MF Transparency sur sept pays pour lesquels MF Transparency bénéficiait présentait des données pour 17 pays7. également de données a révélé que le taux de rendement La base de données MIX que nous avons utilisée effectif de MIX était en moyenne inférieur d’environ pour rédiger ce rapport ne peut pas générer de TEG. En 6  points de pourcentage au TEG moyen de MF Trans- revanche, MIX fournit des «  taux de rendement effec- tifs », qui correspondent à l’ensemble de tous les reve- 8. MIX est en train d’améliorer ses informations sur les dépôts nus dérivés des prêts (intérêts, commissions, autres frais obligatoires et effectue des ajustements dans le but de repré- senter plus précisément le portefeuille net. Toutefois, nous de crédit) en pourcentage du portefeuille de prêts bruts avons considéré que ces données MIX n’étaient pas encore (PPB) annuel moyen du prêteur. Du point de vue du prê- assez cohérentes pour donner des résultats fiables à l’heure ac- teur, le taux de rendement effectif revêt une grande im- tuelle. Une analyse très basique de ces données indique que les dépôts obligatoires auprès de certaines IMF pourraient aug- portance. Comparé au TEG toutefois, il est un moins bon menter le TEG mondial moyen d’environ 3 %. L’impact moyen des ajustements pour tenir compte des prêts non productifs est 7. http://data.mftransparency.org/data/countries/ plus difficile à évaluer. 4 parency. Toutefois, l’échantillon était trop réduit pour tie de notre analyse qui est consacrée aux facteurs déter- pouvoir extrapoler ce résultat. minant les taux d’intérêt, à savoir le coût des ressources, Au vu des inconvénients que présente l’indicateur de les pertes sur créances irrécouvrables, les charges d’ex- taux de rendement effectif de MIX, on peut se demander ploitation et le bénéfice. pourquoi nous l’avons utilisé dans ce rapport. L’une des raisons est la couverture beaucoup plus étendue de MIX qui donne un meilleur échantillon du marché mondial du microcrédit : plus de 105 pays en 2011 contre 17 pour Niveau des taux de rendement MF Transparency. Autre raison plus importante encore, effectifs en 2011 MIX a commencé à collecter des données bien avant MF Transparency et dispose donc de données portant sur un La figure 1 fait état d’un taux de rendement effectif mé- nombre d’années beaucoup plus grand, ce qui permet de dian d’environ 27 % à l’échelle mondiale. Les graphiques formuler une analyse de tendance qui n’est pas encore de distribution comme celui-ci nous rappellent qu’il possible avec MF Transparency. Selon nous, il est fort existe d’importants écarts entre les taux du microcré- probable que les tendances du taux de rendement effec- dit. Par conséquent, toute mention d’un taux médian tif et du TEG évoluent en parallèle sur une période de (ou moyen) ne peut être qu’une synthèse qui cache plusieurs années. Une présentation détaillée de ce point une grande diversité sous-jacente. La répartition régio- pourra être consultée avec nos données sous-jacentes nale indique que les taux varient plus en Afrique et en sur le site http://microfinance-business-solution. mix- Amérique latine que dans les autres régions. On constate market.org/rs/microfinance/images/Interest Rate Pa- également que les taux sont nettement plus faibles en per Supporting Data.zip. Asie du Sud qu’ailleurs : le coût relatif de recrutement Voici selon nous comment le lecteur doit envisager la pertinence des données sur le taux de rendement effectif : FIGURE 1 ‌ aux effectifs versés sur des produits de prêts spéci- 1. T fiques à un moment donné : probablement sous-esti- més par le taux de rendement effectif à des degrés Répartition des taux de rendement divers et souvent importants. effectifs des IMF, 2011 ‌ ifférences entre les groupes de pairs (écart moyen 2. D 100 entre les taux des institutions de microcrédit à but lucratif et à but non lucratif )  : nous pensons que 90 les écarts importants de taux de rendement effec- 80 tif entre les groupes de pairs sont probablement un bon indicateur de la différence entre les niveaux de 70 paiement des emprunteurs moyens dans chacun de Pourcentage 60 ces groupes. Toutefois, il convient d’aborder ces don- nées avec prudence car l’écart entre le taux de ren- 50 dement effectif et le véritable TEG peut varier d’un 40 groupe à un autre9. 30 ‌ endances des séries chronologiques : les tendances 3. T du taux de rendement effectif (sujet principal de 20 cette section) sont probablement un bon indicateur 10 des tendances concernant ce que les emprunteurs types payent vraiment, en partant de l’hypothèse 0 MONDE Afrique EAP ECA LAC MENA Asie plausible selon laquelle l’écart entre le taux de ren- du Sud dement effectif et le TEG reste relativement stable en moyenne d’une année sur l’autre. Remarque : produit des intérêts et des commissions sur les porte- feuilles de prêts en % du PPB moyen, sur la base des informations Enfin, nous tenons à préciser que la question abordée fournies à MIX par 866 IMF. Les barres horizontales épaisses repré- sentent les médianes ; le haut et le bas des boîtes représentent res- ci-dessus ne s’applique qu’aux données sur les taux d’in- pectivement les 75ème et 25ème centiles ; le haut et le bas des barres térêt. Elle ne pose aucun problème pour la majeure par- courtes représentent respectivement les 95ème et 5ème centiles. Ainsi, par exemple, 95 % des IMF de l’échantillon enregistrent un taux de rendement effectif inférieur à environ 70 %. Les données ne sont pas 9. C’est notamment le cas lorsque l’on réalise une comparaison pondérées : chaque IMF a le même poids indépendamment de sa entre, d’une part, les IMF qui privilégient les prêts de faible taille. EAP = Asie de l’Est et Pacifique, ECA = Europe et Asie centrale, montant aux clients pauvres, d’autre part les IMF proposant LAC = Amérique latine et Caraïbes, MENA = Moyen-Orient et Afrique une large gamme de produits de prêts à des clients qui ne du Nord. rentrent pas toujours dans la définition des «  microemprun- teurs ». 5 y est généralement plus faible et, du moins en ce qui bilisation des charges d’exploitation (frais de personnel concerne le Bangladesh, le climat politique et l’aspect et frais généraux)12. fortement social du secteur ont probablement poussé les Si l’on part du principe que le marché du microcrédit dirigeants à tenter de préserver des taux faibles10. est de plus en plus saturé et compétitif dans un grand nombre de pays, on aurait pu s’attendre à un résultat différent. L’analyse des pays où le marché est considéré La baisse des taux d’intérêt comme plus compétitif montre une poursuite de la baisse des taux d’intérêt après 2006 dans certains pays (p. ex. mondiaux moyens a cessé au cours Bolivie, Nicaragua, Cambodge) mais pas dans d’autres des dernières années (p. ex. Mexique, Bosnie-Herzégovine, Indonésie). Nous n’avons pas pu effectuer un examen plus approfondi des La figure 2 montre une baisse des taux moyens du mi- effets de la concurrence dans le cadre de ce rapport. crocrédit mondial jusqu’en 2007 suivie d’une stabilisa- tion (les taux corrigés de l’inflation ont baissé en 2008 car peu de microprêteurs ont relevé leurs taux suffisam- Tendances parmi les groupes ment pour compenser la forte accélération de l’inflation mondiale au cours de cette année)11. L’analyse des fac- de pairs teurs déterminant les taux d’intérêt qui figure dans la suite du rapport indique que les taux moyens ont cessé La répartition régionale de la figure 3 montre que sur la de baisser après 2007 principalement en raison de la sta- période de 2004 à 2011, l’Amérique latine a été la seule région où le taux de rendement effectif moyen n’a pas chuté. On constate toutefois d’importantes variations FIGURE 2 régionales depuis 2006  : l’Afrique et l’Asie de l’Est/ Pacifique font état d’importantes baisses prolongées Tendances des taux de rendement (peut-être parce qu’ils étaient les marchés les moins dé- effectifs mondiaux, 2004-2011 veloppés en 2006). Quoi qu’il en soit, ces deux régions 35 sont celles qui affichent parallèlement une nette amélio- Nominal ration de leurs charges d’exploitation depuis 2006 (voir 30 la figure 12). Les taux moyens publiés ont toutefois re- monté en Amérique latine, la région où la part commer- 25 ciale du marché est la plus élevée. Pourcentage 20 Réel La figure 4 illustre la conclusion prévisible selon laquelle les institutions de microcrédit à but lucratif 15 obtiennent des taux de rendement effectifs moyens supérieurs à ceux des institutions de microcrédit à but 10 non lucratif. Toutefois, on constate que les taux d’in- 5 térêt des prêts à but lucratif ont enregistré une baisse plus prononcée que les taux d’intérêt à but non lucratif : 0 l’écart moyen entre les deux groupes de pairs est passé 2004 2005 2006 2007 2008 2009 2010 2011 de 5 points de pourcentage en 2004 à 1,7 point en 2011. Remarque : produit mondial des intérêts et des commissions issus Ainsi, pour un prêt de 1  000 dollars accordé en 2011, des prêts/PPB total moyen, pondéré en fonction du PPB, nominaux et nets d’inflation. l’écart annuel entre le montant des intérêts perçus par les prêteurs à but lucratif et à but non lucratif s’élève en moyenne à 17 dollars, soit moins de 1,50 dollar par mois. 10. La figure 1 et les figures suivantes comprenant une répartition Si l’on distingue les institutions de microcrédit en par centile ne sont pas pondérées ; en d’autres termes, chaque fonction de leur marché cible (figure 5), on constate IMF a le même poids quelle que soit sa taille. Par conséquent, que les institutions axées sur le segment inférieur du la médiane peut être différente de la moyenne pondérée (p. ex. figure 3) où l’on accorde proportionnellement plus de poids marché (faible taille moyenne des prêts et emprunteurs aux grandes IMF qu’aux petites. Toutefois, en ce qui concerne le taux de rendement effectif mondial en 2011, la moyenne 12. Comme nous le verrons par la suite (comparez les figures 3 et pondérée (voir figure 2) et la médiane sont très proches, à en- 12), on constate une corrélation entre le taux de rendement ef- viron 27 %. fectif et les charges d’exploitation au niveau régional : l’Afrique 11. L’analyse des panels, qui couvre les 456 IMF ayant fourni des et l’EAP, les deux régions ayant enregistré des baisses de taux données régulières à MIX chaque année entre 2007 et 2011, d’intérêt depuis 2006, affichent également une baisse de leurs confirme ces effets. charges d’exploitation. 6 vraisemblablement plus pauvres) appliquaient des taux supérieurs en 2011 qu’en 200413. FIGURE 3 La figure 6, qui compare les institutions de microcré- dit réglementées et non réglementées14, semble confir- Variations des taux de rendement mer cette tendance. La réglementation fait ici référence effectifs, 2004-2011 au système d’agrément et/ou au contrôle prudentiel des autorités bancaires nationales. Le microcrédit régle- 45 2004 40 39 % menté est principalement concentré sur les banques, qui 37 % 2006 35 % 34 % 2011 sont pour la plupart à but lucratif. Les prêteurs régle- 35 mentés offrent généralement des taux plus faibles : ils 30 30 % 30 % 30 % 30 % 30 % 28 % Pourcentage 26 % 27 % 26 % 27 % 26 % proposent des prêts plus importants, tandis que les IMF 25 25 % 25 % 23 %23 % 22 % non réglementées accordent des prêts plus modestes qui 21 % 20 s’accompagnent de charges d’exploitation supérieures par dollar prêté. Les taux des institutions de microcrédit 15 non réglementées ont fortement augmenté depuis 2006. 10 5 0 13. La taille du crédit est mesurée en pourcentage du revenu na- MONDE Afrique EAP ECA LAC MENA Asie du tional par habitant par pays. Les personnes ayant une longue Sud expérience des IMF sur le terrain s’accordent à dire qu’il –0,4 % –2,4 % –1,3 % –1,0 % –0,0 % –0,6 % –1,1 % existe une certaine corrélation entre la taille moyenne de leurs +0,1 % –2,5 % –1,5 % 0% +0,7 % +0,2 % –0,4 % prêts et le niveau de pauvreté de leurs clients (les clients plus pauvres contractent généralement des prêts plus réduits) mais Var. moy. par an, 2004-2011 Var. moy. par an, 2006-2011 cette corrélation est loin d’être parfaite. Voir, par exemple, Schreiner, Matul, Pawlak et Kline (2006) et Hoepner, Liu et Remarque : produit des intérêts et des commissions issus des prêts en pourcentage Wilson (2011). du PPB moyen pour la période, pondérés en fonction du PPB. Les données pour 14. Le terme « réglementé » fait référence aux banques et autres so- l’Afrique commencent en 2005 et non en 2004. ciétés financières soumises à un contrôle prudentiel de la part des autorités bancaires et financières du pays. Les autres IMF sont considérées comme «  non réglementées  » : comme toute entreprise, elles sont soumises à une forme de réglementation (p. ex. la protection des consommateurs) mais pas à un contrôle prudentiel dont l’objet est de préserver la santé financière d’une FIGURE 5 institution collectant des dépôts auprès de particuliers. Les IMF sont classées en fonction du statut qui était le leur en 2011. Taux de rendement effectifs selon le marché cible, 2004-2011 FIGURE 4 40 Très pauvre Taux de rendement effectifs des 35 prêteurs à but lucratif et à but 30 non lucratif, 2004-2011 25 Large Pourcentage 35 IMF à but lucratif 20 Aisé 30 15 25 10 IMF à but non lucratif Pourcentage 20 5 15 0 2004 2005 2006 2007 2008 2009 2010 2011 10 Remarque : produit total des intérêts et des commissions/PPB moyen total, pondéré en fonction du PPB, nominal. Les IMF sont regroupées 5 en fonction de leur « profondeur » (montant de prêt moyen par em- prunteur en % du revenu national brut par habitant. Pour la clientèle 0 « très pauvre », la profondeur est inférieure à 20 %, ou le montant 2004 2005 2006 2007 2008 2009 2010 2011 de prêt moyen inférieur à 150 dollars ; pour la clientèle « large », la profondeur est comprise entre 20 % et 149 % ; pour la clientèle Remarque : produit total des intérêts et des commissions/PPB moyen « aisée », elle est située entre 150 % et 250 %. En ce qui concerne total, pondérés en fonction du PPB. Les IMF sont désignées en tant le marché des « petites entreprises », qui n’est pas représenté dans qu’organismes à but lucratif ou non en fonction de leur statut juri- ce graphique, la profondeur est supérieure à 250 %. dique en 2011. 7 Les deux figures ci-dessus indiquent que les prêteurs FIGURE 6 qui privilégient les petits emprunteurs pratiquent des taux supérieurs. À première vue, il semblerait que cette Taux de rendement effectifs tendance soit défavorable pour la clientèle très pauvre. Il des prêteurs réglementés et est toutefois probable que celle-ci reflète un changement au sein de cette clientèle : si les banques et les institutions non réglementés, 2004-2011 de microcrédit à clientèle large attirent de plus en plus 40 d’emprunteurs pauvres parmi les plus faciles à gérer, on Non réglementé 35 peut en conclure que les microprêteurs non réglementés axés sur une clientèle très pauvre se retrouvent avec des 30 clients plus difficiles à gérer, et la hausse de leurs taux 25 d’intérêt pourrait alors s’expliquer simplement par les Pourcentage Réglementé frais plus élevés associés à ce segment de clientèle15. Un 20 autre facteur qui explique cette tendance est le fait que les frais de financement des prêteurs du segment inférieur 15 ont augmenté, comme l’illustre la figure 8. 10 Le fait que les coûts, et par conséquent les taux d’in- térêt, augmentent pour les institutions de microcrédit 5 axées sur les clients les plus pauvres alimente l’éternel 0 débat sur l’imposition de taux d’intérêt plafonnés pour 2004 2005 2006 2007 2008 2009 2010 2011 protéger les pauvres. Face à une augmentation des coûts Remarque : produit total des intérêts et des commissions/PPB moyen pour les microprêteurs ayant une clientèle très pauvre, total, pondéré en fonction du PPB. le plafonnement des taux d’intérêt entraînerait une mul- tiplication des faillites pour ces organismes. Après avoir passé en revue quelques schémas et ten- dances clés des taux d’intérêt, nous abordons mainte- nant les principaux éléments qui déterminent (ou « ali- mentent ») ces taux. Rappelons la description simplifiée de cette relation : R  evenu des prêts = coût des ressources + dotation aux provisions pour créances douteuses + charges d’exploitation + bénéfice Nous allons d’abord examiner chacun de ces facteurs individuellement avant de les regrouper à la Section 6 afin d’expliquer comment les tendances de ces éléments se combinent pour influencer l’évolution des taux de rendement effectifs. 15. Si cette situation se confirme, on peut s’attendre à une baisse de la taille moyenne des prêts à la fois pour les IMF du marché élargi et du marché inférieur, réglementées et non réglemen- tées. C’est en effet ce qui s’est passé : la taille moyenne des prêts a baissé d’environ cinq points de pourcentage pour tous ces groupes depuis 2006. Par ailleurs, les ratios de charges d’ex- ploitation ont augmenté pour les IMF axées sur la clientèle de catégorie inférieure. 8 2 SECTION Coût des ressources L Analyse des groupes de pairs es institutions de microcrédit financent leurs prêts par une combinaison de fonds propres (leur argent) et de dette (l’argent emprunté auprès de La figure 8 illustre un autre point négatif pour les institu- déposants ou de prêteurs indépendants). On peut dire tions de microcrédit axées sur une clientèle très pauvre : que les fonds propres sont gratuits, du moins pour les le coût moyen des ressources progresse plus vite pour ce prêteurs à but non lucratif qui n’ont pas d’actionnaires à groupe que pour les autres. Le coût des ressources des ins- qui il faut verser des dividendes. En revanche, les fonds titutions de microcrédit axées sur une clientèle aisée est empruntés s’accompagnent d’un coût sous la forme de resté relativement stable tandis qu’il a fortement augmen- charges d’intérêt. té dans le cas des microprêteurs à clientèle large et encore Le coût des ressources est en hausse. plus dans celui des microprêteurs desservant une clien- La figure 7 illustre la montée lente et régulière des coûts tèle très pauvre18. Cette hausse du coût des ressources ex- nominaux que les institutions de microcrédit doivent plique en partie pourquoi les taux de rendement effectifs acquitter pour emprunter de l’argent afin de financer mondiaux moyens acquittés par les emprunteurs du mi- leurs portefeuilles de prêts. Cette augmentation est à la crocrédit n’ont pas baissé au cours des dernières années fois moins marquée et plus inégale en ce qui concerne et pourquoi les taux de rendement effectifs acquittés par le coût des ressources réel (à savoir net d’inflation)16. les clients des prêteurs du marché inférieur ont augmen- La raison la plus probable expliquant ce phénomène est té, comme nous l’avons vu à la Section 1. que, face à l’expansion du microcrédit, les microprêteurs ont dû réduire la portion de leur portefeuille financée 18. Voir la note de la figure 5 pour une définition des trois marchés par les fonds limités et lourdement subventionnés des cibles. organismes de développement et qu’ils doivent de plus en plus faire appel à des emprunts commerciaux ou qua- si commerciaux plus onéreux sur les marchés nationaux FIGURE 7 et internationaux. Certains espèrent que le coût des ressources bais- Coût nominal et réel des ressources, sera à mesure que les institutions de microcrédit mo- 2004-2011 bilisent de plus en plus de dépôts volontaires, mais ce résultat n’est pas garanti. Sur la période couverte par 8 notre étude, le coût moyen des ressources est en fait Nominal légèrement supérieur pour les prêteurs qui recourent 6 largement à l’épargne volontaire par rapport à ceux qui n’y font pas appel17. Il convient également de noter que 4 Pourcentage toute baisse du coût des ressources associée à la mobili- sation de l’épargne peut être annulée par une hausse des 2 Réel charges d’exploitation liées à l’administration de l’acti- vité d’épargne, notamment pour les dépôts liquides de 0 2004 2005 2006 2007 2008 2009 2010 2011 faibles montants destinés à la microclientèle. –2 –4 16. Les nettes variations des taux réels en 2008 et 2009 reflètent Remarque : frais financiers en % du passif, pondérés en fonction du probablement le délai de modification des prix des contrats passif, nominaux et corrigés pour tenir compte de l’inflation dans d’intérêt après la flambée de l’inflation mondiale en 2008. chaque pays. 17. L’écart, environ 0,1 point de pourcentage, est probablement insignifiant sur le plan statistique. 9 Il n’est pas surprenant de constater que les institu- FIGURE 8 tions réglementées comme les banques et les sociétés financières agréées ont pu emprunter des fonds à des Coût des ressources (nominal) taux inférieurs en moyenne de 1,5 point de pourcentage par marché cible, 2004-2011 à ceux des prêteurs non réglementés. La plupart des ins- titutions de microcrédit réglementées peuvent accepter 12 de l’épargne et les frais d’intérêts de leur épargne sont inférieurs à ceux des grands emprunts commerciaux19. 10 Très pauvre Les institutions réglementées bénéficient d’un certain avantage en termes de coûts, même sur les grands prêts 8 commerciaux : les prêteurs les jugent plus sûres car elles sont agréées et contrôlées par les autorités bancaires. Pourcentage Large 6 Par ailleurs, les institutions de microcrédit réglemen- tées peuvent généralement absorber des emprunts plus 4 Aisé importants, ce qui permet de réduire leurs charges d’in- térêt et de transaction. 2 0 19. À première vue, cela peut sembler contredire la conclusion 2004 2005 2006 2007 2008 2009 2010 2011 précédente selon laquelle les IMF qui collectent des dépôts volontaires affichent un coût de financement supérieur à celles Remarque : frais financiers en % du passif, pondérés en fonction du passif. qui n’en collectent pas. Ce phénomène s’explique par le fait que le coût des ressources est particulièrement élevé pour les insti- tutions de collecte de dépôts non réglementées. 10 3 SECTION Dotation aux provisions pour créances douteuses L a plupart des microprêts ne sont couverts par au- Les niveaux des prêts décrits à la figure 9 sont cal- cune garantie, ou sont couverts par une garan- culés à partir des rapports remis par les institutions tie qui a peu de chance de couvrir le montant du de microcrédit à MIX et qui sont habituellement, mais prêt en défaut de paiement une fois déduits les frais de pas systématiquement, basés sur des états financiers recouvrement. Par conséquent, les vagues de retards audités. Cependant, les microprêteurs, notamment de paiement ou de défauts sont particulièrement dan- ceux qui ne sont pas réglementés, utilisent différentes gereuses pour les institutions de microcrédit car elles normes comptables pour comptabiliser les prêts dou- peuvent rapidement échapper à tout contrôle. teux. Les institutions de microcrédit (comme les autres) Lorsqu’un emprunteur est en retard dans ses men- se trompent souvent dans l’estimation de leur risque de sualités ou qu’un événement met en doute le recouvre- crédit. Ces erreurs portent rarement sur une exagéra- ment du prêt, la pratique comptable normalement adop- tion du risque et de nombreux auditeurs indépendants tée consiste à créer une « dotation aux provisions pour sont particulièrement généreux lorsqu’il s’agit de cau- créances douteuses » qui reflète la valeur de la perte, à tionner des approches optimistes de la comptabilisation savoir la moindre probabilité de recouvrer le prêt dans des pertes sur créances irrécouvrables. MIX applique son intégralité. Cette pratique permet de comptabiliser un ajustement analytique aux pertes sur prêts déclarées les pertes sur créances irrécouvrables rapidement, avant en utilisant une politique comptable uniforme pour la même que le prêt n’arrive à échéance et que les efforts de comptabilisation de ces pertes21. Cet ajustement a pour recouvrement aient échoués. Si le prêteur comptabilise but d’uniformiser les résultats et non de les ajuster aux une provision pour perte sur un prêt, mais que le prêt circonstances particulières d’un prêteur donné ; par est remboursé intégralement par la suite, la provision est conséquent, l’ajustement des pertes sur créances irré- simplement annulée à ce moment. Dans cette section, couvrables de MIX peut ne pas refléter avec précision nous examinons la qualité (à savoir la recouvrabilité) le risque associé au portefeuille de chaque institution. des portefeuilles de microprêts par le biais des dotations Lorsque l’on examine de grands groupes d’institutions nettes aux provisions pour créances douteuses. Nous de microcrédit, toutefois, nous sommes persuadés que précisons que cet indicateur reflète les pertes sur prêts les ajustements de MIX permettent d’obtenir une image effectives sur la période et pas seulement les niveaux plus proche de la réalité que les états financiers fournis d’impayés (retards de paiement). par ces entités. Comme l’illustre le tableau 1, l’ajustement de MIX n’a Récemment, les pertes sur créances irrécouvrables qu’un impact mineur sur le taux de pertes sur créances ont augmenté rapidement en Inde et au Mexique irrécouvrables du Mexique, ce qui laisse à penser que la mais la moyenne pour le reste du monde est comptabilité des pertes sur créances irrécouvrables dans restée stable. ce pays est proche de la réalité. À l’inverse, l’ajustement En Inde, l’augmentation est due principalement au ré- cent effondrement des remboursements de microcré- TABLEAU 1 Impact des ajustements MIX en dits dans l’Andhra Pradesh20. Le problème du Mexique, 2011. Dotations aux provisions apparemment sérieux, couve depuis plus longtemps. pour créances douteuses Dans le reste du monde toutefois, les pertes sur prêts moyennes sont passées d’un niveau alarmant de près de Non ajustées Ajustées 4 % en 2009 à un niveau plus rassurant d’un peu plus de MEXIQUE 11,9 % 12,1 % 2 % en 2011. INDE 9,7 % 28,9 % 21. Le protocole d’ajustement des pertes sur créances irrécou- 20. Voir, par exemple, CGAP (2010) sur l’Andhra Pradesh. vrables de MIX est décrit en annexe. 11 FIGURE 9 FIGURE 10 Provisions pour créances douteuses, Dotations aux provisions pour créances 2004-2011 douteuses par statut juridique (à but 14 lucratif ou à but non lucratif), 2004-2011 5,0 12 4,5 10 Mexique 4,0 Pourcentage 8 3,5 Pourcentage 3,0 À but lucratif 6 2,5 Tous les autres pays 4 2,0 1,5 À but non lucratif 2 Inde 1,0 0 0,5 2004 2005 2006 2007 2008 2009 2010 2011 0 2004 2005 2006 2007 2008 2009 2010 2011 Remarque : dotations aux provisions annuelles nettes (non ajustées) pour dépréciation de créances en % du PPB moyen, pondérées en Remarque : dotations nettes aux provisions pour créances douteuses fonction du PPB. (non ajustées) en % du PPB, pondérées en fonction du PPB. entraîne un quasi triplement des pertes moyennes sur Analyse des groupes de pairs créances irrécouvrables de l’Inde en 2011, celles-ci pas- sant de 9,7 % selon les états financiers à près de 29 % pour La seule tendance claire qui se dégage de la réparti- les données ajustées. Les auteurs n’ont pas réexaminé les tion par groupe de pairs pour cet indicateur est que, en états financiers individuels des institutions de microcré- moyenne, les institutions de microcrédit à but lucratif dit indiennes dans MIX, mais il semblerait à première vue ont enregistré des pertes sur créances irrécouvrables que le problème vienne d’un nombre important de pertes sur prêts sous-déclarées, qui vont continuer à peser sur plus importantes que celles des organismes à but non la rentabilité globale de l’Inde dans les années à venir22. lucratif (figure 10). Il semblerait donc que les IMF à but lucratif utilisent en moyenne des pratiques de prêts et de recouvrement plus risquées. Toutefois, l’écart semble 22. Il semblerait que la banque centrale indienne ait allégé cer- se resserrer si l’on oublie l’augmentation affichée par les taines règles de comptabilisation des pertes sur créances irré- couvrables pour les IMF en 2011. L’objectif était probablement prêteurs à but lucratif en 2011, qui s’explique en grande de permettre aux banques commerciales indiennes de réduire partie par les pertes sur créances irrécouvrables des or- les pertes à comptabiliser sur les prêts accordés aux IMF. ganismes indiens de ce type. 12 4 SECTION Charges d’exploitation (et taille du crédit) L es charges d’exploitation comprennent les coûts de mise en œuvre des activités de prêt (rémunération FIGURE 11 du personnel, fournitures, déplacements, déprécia- tion des immobilisations, etc.). Elles absorbent la majo- Variations du ratio des charges rité des revenus des portefeuilles de prêts de la plupart d’exploitation, 2004-2011 des microprêteurs et, à ce titre, elles constituent le prin- cipal élément déterminant le taux dont s’acquittent les 18 emprunteurs. 16 Monde 14 La baisse des charges d’exploitation (amélioration de l’efficacité) a ralenti. Pourcentage 12 Les espoirs de baisse des taux d’intérêt se fondent en 10 grande partie sur l’hypothèse selon laquelle, à mesure que les institutions de microcrédit gagnent en expé- 8 rience, elles apprennent à gérer leur activité plus effica- 6 cement. La théorie économique classique nous apprend 4 que, dans les secteurs jeunes, on peut généralement s’at- tendre à voir des optimisations de coûts à mesure que 2 les entreprises (ou le secteur dans son ensemble sur un 0 marché donné) gagnent de l’expérience. Arrive ensuite 2004 2005 2006 2007 2008 2009 2010 2011 le moment où les principales leçons ont été mises à pro- Remarque : charges d’exploitation (frais de personnel et frais géné- fit en matière d’efficacité et où la courbe d’apprentissage raux) en % du PPB moyen, pondérées en fonction du PPB. atteint un palier  : à ce stade, l’efficacité progresse len- tement ou plus du tout en l’absence d’avancées techno- logiques23. Outre cette courbe d’apprentissage, on peut espérer que la pression de la concurrence pousse les FIGURE 12 prêteurs à trouver des systèmes de prestation de ser- vices plus efficaces. Variations du ratio des charges La figure 11 montre que les charges d’exploitation moyennes des institutions de microcrédit MIX ont sen- d’exploitation, 2004-2011 siblement baissé jusqu’en 2007 à l’échelle mondiale, 30 2004 28 % 28 % mais que cette tendance baissière a été interrompue en 2006 2008 et en 2011. Les charges d’exploitation du micro- 25 24 % 2011 23 % crédit seraient-elles sur le point d’atteindre la fin de la 20 % 20 19 % courbe d’apprentissage,  ou s’agit-il d’un simple temps Pourcentage 18 % 17 % 17 % 16 % 16 %16 % 16 % d’arrêt qui sera suivi de nouveaux gains d’efficacité ? Il 15 15 % 15 % 14 % n’est pas encore possible de répondre à cette question, 13 % 13 % 12 % 11 %11 % en tout cas pas sur la base du comportement moyen à 10 l’échelle mondiale. Les tendances en matière d’efficaci- té varient grandement d’une région à l’autre (figure 12). 5 Depuis 2006, l’efficacité opérationnelle s’est nettement 0 améliorée dans des marchés relativement immatures MONDE Afrique EAP ECA LAC MENA Asie du comme l’Afrique et l’EAP, mais elle est restée stable ou a Sud même reculé dans les autres régions. Un autre facteur de –0,3 % –1,5 % –1,3 % –0,7 % –0,1 % –0,6 % –0,2 % –0,2 % –1,8 % –1,5 % 0% 0% +0,4 % 0% Var. moy. par an, 2004-2011 Var. moy. par an, 2006-2011 Remarque : charges d’exploitation totales/PPB moyen, pondérées en fonction du 23. C’est particulièrement le cas avec la microfinance où rares PPB, nominales. Les données pour l’Afrique commencent en 2005 et non en 2004. sont les économies d’échelle pour les IMF au-delà de 5 000 ou 10 000 clients (Rosenberg, Gonzalez et Narain 2009). 13 complication, l’impact de la taille du crédit, est examiné notamment si l’on compare différents types d’institu- dans la suite de cette section. tions de microcrédit. Les dirigeants des institutions de microcrédit ayant une clientèle très pauvre et des insti- tutions non réglementées octroient des prêts beaucoup Analyse des groupes de pairs plus faibles24, qui sont généralement plus coûteux à gé- rer que les prêts d’un montant important en termes de pour les charges d’exploitation, charges par dollar prêté, et ce même avec la meilleure gestion possible. en tenant compte de l’impact La figure 15 illustre deux points en utilisant les don- de la taille du crédit nées des Philippines. La principale conclusion à tirer est que les charges d’exploitation par dollar prêté (courbe Jusqu’à présent, nous avons mesuré l’efficacité admi- inférieure) sont en général plus élevées pour les prêts nistrative à l’aune des charges d’exploitation en pour- d’un très petit montant. L’autre point est que le taux de centage de l’encours du PPB moyen. Ce ratio peut être rendement effectif (courbe supérieure) évolue parallè- exprimé sous forme de charges d’exploitation par dollar lement aux charges d’exploitation : comme nous l’avons prêté. Il est utile à plusieurs égards, mais il peut s’avérer dit, les charges d’exploitation sont généralement le fac- problématique de l’utiliser pour comparer l’efficacité de teur qui contribue le plus à déterminer le taux d’intérêt différents prêteurs. Nous allons présenter dans le détail dont s’acquittent les emprunteurs25. ce point important et souvent ignoré en utilisant comme Le coût par dollar prêté, que nous avons utilisé exemples une comparaison entre prêteurs axés sur dif- jusqu’ici comme un indicateur d’efficacité, pénalise les férents marchés cibles et une comparaison entre les prê- prêteurs qui octroient des prêts plus réduits, car leurs teurs réglementés et non réglementés. charges d’exploitation seront toujours plus élevées en Les figures 13 et 14 semblent montrer que les prê- pourcentage de chaque dollar prêté. Toutefois, il est teurs axés sur une clientèle très pauvre  et les prêteurs possible de compenser (dans une certaine mesure) l’im- non réglementés sont non seulement moins efficaces que les autres (à savoir qu’ils présentent des charges 24. Voir la figure 18. d’exploitation moyennes par dollar prêté supérieures), 25. L’exemple des Philippines a été choisi car il illustre particuliè- rement clairement les arguments avancés ici. Les corrélations mais aussi que leur efficacité diminue avec le temps. sont un peu moins nettes dans la plupart des pays et sont par- Il est courant d’assimiler ce type d’efficacité à la qua- fois même inversées. Pourtant, ces arguments reflètent bien la lité de la gestion mais ce raccourci peut être trompeur, tendance générale et les corrélations sont conséquentes. FIGURE 13 FIGURE 14 Ratio des charges d’exploitation Ratio des charges d’exploitation 2004-2011 par marché cible par statut juridique, 2004-2011 25 25 Très pauvre 20 20 Non réglementé Large Pourcentage Pourcentage 15 15 Réglementé Aisé 10 10 5 5 0 0 2004 2005 2006 2007 2008 2009 2010 2011 2004 2005 2006 2007 2008 2009 2010 2011 Remarque : charges d’exploitation (frais de personnel et frais géné- Remarque : charges d’exploitation (frais de personnel et frais généraux)/ raux)/PPB moyen (les définitions des trois marchés cibles figurent PPB moyen. dans la remarque de la figure 5). 14 pact de la taille du crédit en abandonnant l’indicateur du coût par dollar prêté au profit du coût par prêt en cours. FIGURE 15 En d’autres termes, nous divisons les charges d’exploita- tion non par le montant du portefeuille de prêts moyen Courbes des prix et des coûts mais par le nombre moyen de prêts actifs sur l’année, in- pour les Philippines dépendamment de leur montant. Le tableau 2 illustre la différence entre ces indica- teurs en utilisant deux prêteurs hypothétiques dont la 125 taille du portefeuille de prêts est identique mais dont les frais généraux sont très différents. Nous partons du principe que ces deux institutions affichent les charges Rendement nominal d’exploitation les plus faibles possibles au vu de la taille 100 Charges d’exploitation de leurs prêts et de toute autre circonstance. En utilisant l’indicateur d’efficacité standard, à sa- voir le coût par dollar prêté (5), le prêteur axé sur une clientèle très pauvre semble inefficace par comparaison, 75 Pourcentage mais ce résultat n’est pas pertinent au vu de la différence dans la taille des prêts. L’efficacité du prêteur axé sur une clientèle très pauvre est meilleure lorsqu’elle est mesurée en fonction du coût par prêt en cours (6)26. 50 En revanche, c’est le prêteur d’une clientèle aisée qui semble inefficace si l’on utilise cette comparaison. Ses dirigeants sont-ils réellement moins efficaces ? Non : oc- troyer un prêt unique d’un montant important est plus 25 coûteux qu’octroyer un prêt unique d’un montant réduit. En effet, le prêt important peut notamment nécessiter une analyse supplémentaire ou un agent de crédit plus qualifié. À mesure que la taille du crédit augmente, les charges d’exploitation par prêt augmentent également, 0 25 50 75 100 Pourcentage mais à un rythme inférieur. Nous en arrivons à la même conclusion qu’au début du rapport : il est généralement Remarque : charges d’exploitation (frais de personnel et frais géné- plus coûteux de prêter et de collecter un montant donné raux)/PPB moyen (les définitions des trois marchés cibles figurent réparti en plusieurs petits prêts plutôt que de prêter et dans la remarque de la figure 5). collecter ce même montant réparti en quelques prêts de grande ampleur. Revenons maintenant à notre comparaison du niveau TABLEAU 2 Deux indicateurs d’efficacité d’efficacité entre les institutions de microcrédit régle- mentées et non réglementées. L’indicateur de coût par IMF ayant une IMF ayant une dollar utilisé au tableau 2 laisse à penser que les prêteurs clientèle pauvre  clientèle aisée non réglementés sont moins efficaces et que leur niveau 1. Nombre moy. de prêts actifs 100 000 10 000 d’efficacité est en train de baisser. Mais si l’efficacité est considérée comme un indicateur de la qualité de la ges- 2. Taille moy. des prêts en cours 200 dollars 2 000 dollars tion, alors la comparaison n’est pas équitable car la taille 3. Portefeuille de prêts moy. [ (1) x (2) ] 20 millions 20 millions moyenne des prêts non réglementés est à peu près moi- de dollars de dollars tié moins importante que celle des prêts réglementés et 4. Charges d’exploitation 4 millions 2 millions de dollars de dollars 5. Coût par dollar prêté [ (4) ÷ (3) ] 20 % 10 % 26. La dynamique serait la même en utilisant le coût par emprun- 6. Coût par prêt en cours [ (4) ÷ (1) ] 40 dollars 100 dollars teur au lieu du coût par prêt. 15 elle diminue avec le temps27. La figure 16 utilise le coût Dérive de la mission ; par prêt, qui peut être un indicateur plus utile de l’évo- lution de l’efficacité dans le temps. Cette représentation mobilisation de l’épargne suggère que la gestion des coûts par les microprêteurs non réglementés pourrait être en train de s’améliorer28. Le transfert progressif du microcrédit vers les banques Si l’on revient aux groupes de pairs par marché cible réglementées et les autres établissements à but lucratif (figure 17), on constate que, sur la base d’un indicateur fait craindre que ces institutions de microcrédit com- de coût par prêt, les prêteurs axés sur une clientèle très merciales s’éloignent des clients pauvres pour privilé- pauvre ne semblent plus inefficaces et leurs niveaux de gier les prêts plus importants (et censés être plus ren- coûts moyens sont relativement stables par rapport au tables). Cette inquiétude n’est toutefois pas confirmée revenu par habitant. En ce qui concerne les prêteurs par les données MIX. Tout d’abord, l’hypothèse selon ayant une clientèle aisée, leur efficacité s’est améliorée laquelle les prêts plus importants sont normalement depuis 2005 (même si ce phénomène s’explique sans plus rentables semble être erronée, comme nous le ver- doute en partie par le fait que la taille moyenne de leurs rons à la section suivante où nous abordons les bénéfices prêts a diminué). des prêteurs. En fait, la taille moyenne des prêts des Cette présentation des indicateurs pourra sembler IMF à but lucratif et réglementées baisse régulièrement alambiquée aux yeux de certains lecteurs. Pour nous depuis 2004 (figure 18)29, 30. Ceci ne veut pas dire pour faire pardonner, nous conclurons par un message autant que les craintes concernant une dérive de la mis- simple  : soyez très prudent lorsque vous maniez les sion du microcrédit ne sont pas fondées. Toutefois, si la indicateurs d’efficacité (coût par dollar prêté ou coût commercialisation entraîne une telle dérive, celle-ci ne par prêt) pour comparer la capacité des dirigeants de semble pas se traduire par un transfert massif vers des différentes institutions à maîtriser les coûts. prêts plus importants. 29. Ce phénomène est confirmé par les données basées sur un pa- 27. Voir la figure 18. nel cohérent d’IMF  : ce résultat n’est donc pas influencé par 28. Comment est-il possible que les charges d’exploitation des l’arrivée de nouvelles IMF dans les groupes de pairs à but lu- IMF non réglementées s’améliorent par rapport au nombre de cratif ou réglementées. prêts alors qu’elles se détériorent par rapport au montant du 30. Nous tenons ici à rappeler que la corrélation entre la taille des portefeuille de prêts ? Ceci s’explique par le fait que la taille du prêts et la pauvreté des clients n’est pas claire, surtout si l’on crédit des IMF non réglementées a baissé. regarde l’évolution dans le temps pour une IMF. FIGURE 16 FIGURE 17 Coût par prêt, par statut juridique, Coût par prêt 2004-2011 2004-2011 par marché cible 20 30 18 Réglementé Aisé 25 16 14 20 12 Pourcentage Pourcentage 10 15 8 Large 6 10 4 Non réglementé 5 Très pauvre 2 0 0 2004 2005 2006 2007 2008 2009 2010 2011 2004 2005 2006 2007 2008 2009 2010 2011 Remarque : charges d’exploitation/nombre de prêts actifs en moyenne Remarque : charges d’exploitation/nombre de prêts actifs en moyenne sur l’année exprimées en % du revenu national brut par habitant. sur l’année exprimées en % du revenu national brut par habitant. 16 On constate sans surprise que les emprunteurs dont les prêts sont réduits (et qui sont probablement plus FIGURE 19 pauvres) bénéficient d’un accès réduit aux services de dépôt de leurs institutions de microcrédit. La Taille moyenne des prêts par degré figure 19 montre que la taille du crédit est beaucoup de mobilisation de l’épargne volontaire, plus importante pour les établissements qui offrent 2004-2011 d’importants services d’épargne volontaire que pour ceux qui n’en proposent pas ou peu. Par ailleurs, la taille 50 des prêts augmente pour les premiers et diminue pour 45 Forte mobilisation de l’épargne les seconds31. 40 35 31. Certains d’entre vous auront remarqué que les deux conclu- Pourcentage 30 Faible mobilisation sions de cette sous-section (dérive de la mission ; mobilisation de l’épargne de l’épargne) n’ont pas grand-chose à voir avec les charges 25 d’exploitation ni même avec les autres aspects des taux d’inté- Aucune rêt. Nous avons toutefois jugé qu’elles étaient intéressantes. 20 15 10 5 FIGURE 18 0 2004 2005 2006 2007 2008 2009 2010 2011 Taille moyenne des prêts, 2004-2011, pour les prêteurs réglementés Remarque : moyenne annuelle du portefeuille de prêts divisée par la moyenne annuelle du nombre de prêts actifs, exprimée en % du re- et à but lucratif venu national brut par habitant, pondérée en fonction du portefeuille de prêts. « Forte » désigne un niveau d’épargne volontaire supérieur 2004 60 2006 à 20 % de l’actif total, « faible » désigne un niveau inférieur à 20 % et 55 % « aucune » désigne un niveau de 0 %. 2011 50 45 % 40 % 41 % 40 Pourcentage 34 % 30 % 30 25 % 23 % 23 % 20 18 % 19 % 16 % 10 0 À but non À but Non Réglementé lucratif lucratif réglementé Remarque : moyenne annuelle du portefeuille de prêts divisée par la moyenne annuelle du nombre de prêts actifs, exprimée en % du re- venu national brut par habitant, pondérée en fonction du portefeuille de prêts. 17 5 SECTION Bénéfice L e bénéfice correspond à la différence entre les reve- microcrédit dont les bénéfices constituent un pourcen- nus et les dépenses. Pour les institutions financières, tage plus important des intérêts qu’elles perçoivent. le bénéfice net est souvent exprimé sous forme de Il convient de signaler que l’impact du bénéfice sur pourcentage des actifs utilisés ou de pourcentage de l’in- les taux d’intérêt est en baisse. Le bénéfice en pourcen- vestissement en fonds propres des actionnaires. tage des revenus d’intérêt a reculé régulièrement pour passer d’environ 20 % en 2004 à environ 10 % en 2011. Les bénéfices en perspective Niveaux et tendances Avant d’examiner les niveaux et les tendances des bé- des bénéfices des institutions néfices des IMF, nous allons expliquer l’impact du bé- néfice sur l’emprunteur. Les bénéfices du microcrédit de microcrédit sont controversés au point qu’il est facile de surestimer leur impact sur les taux d’intérêt dont s’acquittent les Les niveaux de bénéfice présentent d’importantes varia- emprunteurs. La figure 20 illustre l’ampleur de la baisse tions au sein du secteur (figure 21). En 2011, environ un potentielle des taux d’intérêt du microcrédit si tous les quart des institutions de microcrédit affichaient des ren- prêteurs décidaient de renoncer aux rendements de dements annuels supérieurs à 20 % de l’investissement leur investissement, une hypothèse extrême s’il en est. des actionnaires. Environ 5  % d’entre elles ont généré L’impact du bénéfice n’est pas négligeable, mais les taux des bénéfices supérieurs à 40 %. En 2011, sur un échan- resteraient très élevés même si aucun bénéfice ne devait tillon de 879 IMF, 44 enregistraient des rendements des être dégagé. Bien entendu, ce chiffre représente les ré- fonds propres supérieurs à 40  % et seuls sept d’entre sultats moyens : il existe de nombreuses institutions de elles comptaient plus de 100 000 clients. À l’autre extrême, un grand nombre d’institutions de microcrédit ont perdu de l’argent, surtout en Afrique et en Asie du Sud (où certains prêteurs travaillant dans FIGURE 20 l’Andhra Pradesh ont connu une très mauvaise année). Parmi les différents facteurs déterminant les taux Impact du bénéfice sur les taux d’intérêt d’intérêt, les bénéfices sont l’élément le plus controver- mondiaux, 2004-2011 sé. Certains pensent qu’une institution de microcrédit 35 n’a pas le droit d’invoquer une mission « sociale » si elle 29,6 % tire un bénéfice — ou tout bénéfice autre que très mo- 30 28,4 % 26,4 % 25,8 % 27,2 % 26,1 % 26,9 % deste — des services qu’elle propose aux clients pauvres. 5,8 % 25,5 % 25 4,9 % 3,4 % 2,7 % 2,6 % D’autres pensent que des bénéfices élevés favoriseraient 4,4 % 4,0 % 3,2 % l’innovation et une expansion plus rapide des services, Porcentaje 20 et que la concurrence se chargerait d’éliminer les excès. 19,6 % 15 17,3 % 16,6 % 12,4 % 12,4 % Il est très difficile de convertir des données empiriques 15,5 % 10,3 % 9,7 % en une quantification d’un niveau de bénéfice « raison- 10 nable » pour le microcrédit, et ce n’est pas l’objectif de ce 5 rapport32. Nous nous contenterons de comparer la ren- 23,8 % 23,5 % 22,0 % 21,8 % 23,8 % 23,5 % 22,3 % 24,3 % 0 2004 2005 2006 2007 2008 2009 2010 2011 Taux de moins Béné ce net = Taux de rendement 32. Le Groupe de travail sur la performance sociale (Social Perfor- rendement e ectif à l’équilibre mance Task Force) a essayé de formuler des normes définissant e ectif Béné ce en pourcentage des intérêts un niveau de bénéfice raisonnable pour la microfinance, mais il ne semble pas être en mesure de définir des références quanti- Remarque : le bénéfice (revenu net – taxes) est calculé sous forme de % du tatives pour l’évaluation de rendements appropriés, même pour PPB ; tous les résultats sont pondérés en fonction du PPB. les organisations qui disent poursuivre un « double objectif ». Voir, p. ex., http://sptf.info/sp-task-force/annual-meetings 18 FIGURE 21 FIGURE 22 Rendement des fonds propres moyens Bénéfices 2011, rendements 2011, monde et régions de l’actif moyen et des fonds propres des IMF et des banques 80 commerciales 60 20 40 17,8 % 18 20 16 14 Pourcentage 0 Pourcentage 12 –20 10,2 % 10 –40 8 –60 6 –80 4 2,0 % 1,69 % –100 2 –120 0 MONDE Afrique EAP ECA LAC MENA Asie Rendement de Rendement des fonds du Sud l’actif moyen propres moyens IMF Banques Remarque : bénéfice net après impôt en % des fonds propres moyens ou des avoirs nets des organisations à but non lucratif, non pondéré. Remarque : données pour les IMF fournies par MIX. Les Les barres horizontales représentent les médianes ; le haut et le bas données pour les banques proviennent de BankScope, des boîtes représentent respectivement les 75ème et 25ème centiles ; le seulement pour les pays dans lesquels des IMF de MIX haut et le bas des barres courtes représentent respectivement les 95ème sont présentes. Résultats par pays pondérés en fonction et 5ème centiles. du PPB des IMF. tabilité moyenne des institutions de microcrédit à celle des banques commerciales (figure 22). FIGURE 23 Mesuré à l’aune des actifs, le bénéfice est en moyenne légèrement plus élevé pour les institutions de Rendement mondial de l’actif moyen, microcrédit que pour les banques du même pays. Tou- avec et sans l’Inde, 2004-2011 tefois, les banques commerciales ont une capacité d’en- dettement supérieure aux institutions de microcrédit  : 50 elles peuvent financer une plus grande partie de leurs 40 actifs avec l’argent des autres (dépôts et emprunts) plu- 30 Inde tôt qu’avec leurs fonds propres. Par conséquent, les mi- 20 croprêteurs, malgré des rendements d’actifs supérieurs, Mondial, avec l’Inde Pourcentage produisent généralement des rendements de fonds 10 propres inférieurs à ceux des banques. 0 Si l’on examine la tendance globale de la rentabilité –10 Mondial, sans l’Inde des IMF, il est utile de séparer l’Inde (figure 23), un mar- –20 ché immense où certaines institutions ont connu des an- –30 nées désastreuses en 2010 et surtout en 2011 en raison de la crise dans l’Andhra Pradesh. Si l’on inclut l’Inde, –40 on note un repli marqué du bénéfice moyen entre 2004 –50 2004 2005 2006 2007 2008 2009 2010 2011 et 2011  ; sans tenir compte de l’Inde, le niveau moyen des bénéfices est nettement inférieur mais la baisse est Remarque : bénéfice net après impôt en % des fonds propres moyens, moins prononcée. pondéré en fonction des fonds propres. 19 FIGURE 24 FIGURE 25 Rendement des fonds propres par Rentabilité des actifs par segment statut juridique, 2004-2011 de marché, 2004-2011 25 7 À but lucratif 6 20 5 Très pauvre Pourcentage 15 Pourcentage 4 À but non lucratif 3 Large 10 2 Aisé 5 1 0 0 2004 2005 2006 2007 2008 2009 2010 2011 2004 2005 2006 2007 2008 2009 2010 2011 Remarque : rendement des fonds propres moyens, pondéré en fonc- Remarque : rendement de l’actif moyen, pondéré en fonction des tion des fonds propres. actifs. Les fonds d’investissement internationaux qui ache- Analyse des groupes de pairs minent les fonds commerciaux et quasi commerciaux vers les institutions de microcrédit n’ont pas obtenu de Les institutions de microcrédit à but lucratif ont natu- résultats très impressionnants : les rendements annuels rellement généré des rendements de fonds propres su- ont atteint un pic d’environ 6  % en 2008 mais ont sta- périeurs à ceux des IMF à but non lucratif, à l’exception gné entre 2 % et 3 % en 2009-2011 (Lützenkirchen 2012). de la période 2010-2011 où la performance des institu- Les rendements sont nettement inférieurs à ce que les tions indiennes à but lucratif a tiré le groupe à la baisse fonds auraient pu générer s’ils avaient été investis dans (figure 24). les banques commerciales par exemple. Il est en revanche plus surprenant de constater (du moins pour certaines personnes) que les prêteurs ayant une clientèle très pauvre sont, en moyenne, nettement plus rentables que les prêteurs à clientèle large ou ai- sée, sauf en 2011 où la plupart des institutions indiennes ayant connu des difficultés étaient axées sur le marché inférieur (figure 25). 20 6 SECTION Synthèse A près avoir passé en revue les principaux élé- ments qui composent le taux de rendement ef- FIGURE 26 fectif, nous passons à la phase de réassemblage à la figure 26, qui présente leur évolution entre 2004 et Facteurs déterminant les taux 201133. Les principales tendances qui, en moyenne, ont de rendement effectifs, en % marqué cette période sont les suivantes : du rendement, 2004-2011 • Les charges d’exploitation ont baissé à mesure que les 2004 2014 institutions de microcrédit ont gagné en efficacité. 35 Taux de Taux de rendement rendement • Les frais financiers ont fortement augmenté à me- e ectif e ectif 30 sure que les microprêteurs ont accru leur recours 29,6 % 5,8 % Béné ce 2,6 % 26,9 % aux emprunts commerciaux. 25 3,6 % 2,4 % Pertes sur créances Pourcentage • Les pertes sur créances irrécouvrables ont augmenté 20 5,2 % Frais nanciers 7,8 % (dans une mesure probablement supérieure au mon- 15 16,8 % tant non ajusté donné dans ce rapport). 14,0 % • Les bénéfices ont diminué, ce qui s’est traduit par : 10 Charges d’exploitation • Une baisse de 2,7 points du taux de rendement effec- 5 tif sur la période. 0 2004 2011 Nous avons vu (figures 3 et 12) que la baisse des charges d’exploitation et des rendements effectifs est intervenue Remarque : toutes les données sont exprimées en pourcentage du PPB moyen, pondéré en fonction du PPB. principalement en début de période. Vous trouverez ci-après quelques-unes des princi- pales autres conclusions de ce rapport : té la part de leur portefeuille financée à partir d’em- Taux d’intérêt prunts commerciaux. • Les rendements d’intérêts nominaux moyens des • Le coût des ressources a particulièrement augmen- IMF étaient d’environ 27 % en 2011, après avoir chuté té pour les institutions de microcrédit axées sur une en 2004-2007 mais pas en 2007-2011. clientèle très pauvre. • Les taux des institutions de microcrédit axées sur les • Jusqu’à présent, la mobilisation de l’épargne volon- emprunteurs très pauvres ont augmenté. taire n’a pas systématiquement fait baisser le coût des ressources. • Les taux des banques et des autres institutions de microcrédit réglementées ont baissé mais ceux des ONG et des autres microprêteurs non réglementés Pertes sur créances irrécouvrables ont augmenté. • Deux grands marchés, l’Inde et le Mexique, ont connu une forte augmentation des créances dou- Coût des ressources teuses au cours des dernières années, mais les pertes • Le coût des ressources a nettement progressé à me- moyennes sur créances irrécouvrables sont restées sure que les institutions de microcrédit ont augmen- relativement stables dans le reste du monde. • Les ajustements analytiques de pertes sur créances 33. Pour ces deux années, le total des composantes est légèrement supérieur au produit des intérêts du portefeuille de prêts. irrécouvrables de MIX indiquent que les états finan- L’écart résulte des impôts et d’autres revenus ne provenant pas ciers 2011 de certaines institutions de microcrédit du portefeuille de prêts qui ne sont pas représentés parmi les indiennes ont peut-être sensiblement sous-estimé composantes. Il est plus important en 2011 principalement en leur risque de pertes sur créances, ce qui pourrait raison du fait que les IMF ont généré un revenu hors porte- feuille (sur investissements et autres services financiers) supé- continuer de peser sur leur rentabilité dans les an- rieur cette année-là. nées à venir. 21 Charges d’exploitation • Il est naturel de constater que les microemprunteurs du segment inférieur du marché ont beaucoup moins • Les charges d’exploitation sont le principal élément accès aux services d’épargne que les microemprun- déterminant les niveaux de taux d’intérêt. teurs du segment supérieur. • La baisse des charges d’exploitation moyennes (amé- lioration de l’efficacité) a marqué le pas récemment, Bénéfices bien que les tendances divergent selon les régions. Depuis 2006, le coût par dollar prêté a chuté rapi- • La proportion des intérêts payés par les emprun- dement en Afrique et dans la région EAP, mais il a teurs qui est directement affectée aux bénéfices des stagné ou augmenté dans les autres régions. institutions de microcrédit a baissé pour passer d’en- viron un cinquième en 2004 à moins d’un dixième • Reste à savoir si le pallier atteint par les charges d’ex- en 2011. ploitation au cours des dernières années sera suivi par de nouvelles baisses ou s’il représente la fin de la • Le rendement moyen de l’actif des institutions de courbe d’apprentissage. microcrédit est légèrement supérieur à celui des banques commerciales, mais on constate la tendance • Le coût par dollar prêté est l’indicateur le plus cou- inverse pour le rendement des fonds propres. rant de l’efficacité opérationnelle. Pourtant, il peut être très trompeur s’il est utilisé pour comparer dif- • Le rendement des fonds propres des institutions de férents microprêteurs en fonction de la capacité de microcrédit a nettement baissé sur la période, en leurs dirigeants à maîtriser efficacement les coûts. raison principalement, mais non exclusivement, des graves problèmes survenus récemment dans l’État • L’évolution de la taille moyenne des prêts ne confirme indien de l’Andhra Pradesh. pas l’hypothèse d’une dérive de la mission des institu- tions de microcrédit : sur la période, la taille moyenne • Les segments inférieurs du marché ont été nette- des prêts a affiché une baisse nettement plus marquée ment plus rentables que les autres pendant la pé- pour les institutions de microcrédit à but lucratif et riode, à l’exception de 2011 où les bénéfices des insti- réglementées que parmi les institutions de microcré- tutions de microcrédit présentes dans ces segments dit à but non lucratif et non réglementées. ont été affectés par la crise de l’Andhra Pradesh. 22 Références CGAP. 2010. « Andhra Pradesh 2010: Global Implications of the Crisis in Indian Microfinance ». Focus Note 67. Washington, D.C. : CGAP, novembre. http://www.cgap.org/sites/default/files/CGAP-Focus-Note-Andhra-Pradesh- 2010-Global-Implications-of-the-Crisis-in-Indian-Microfinance-Nov-2010.pdf Hoepner, Andreas G. F., Hong Liu, et John O. S. Wilson. 2011. « The Outreach Measurement Debate in Microfinance: Does Average Loan Size Relate to Client Poverty? ». http://papers. ssm.com/sol3/papers.cfm?abstractid=1956569 Lützenkirchen, Cédric. 2012. « Microfinance in Evolution: An Industry between Crisis and Advancement ». Deutsehe Bank Research, 13 septembre. Rosenberg, Richard, Adrian Gonzalez et Sushma Narain. 2009. « The New Moneylenders: Are the Poor Being Exploited by High Microcredit Interest Rates? ». Occasional Paper 15. Washington, D.C. : CGAP, février. http://www.cgap.org/sites/default/files/CGAP- Occasional-Paper-The-New-Moneylenders-Are-the-Poor-Being-Exploited-by-High- Microcredit-Interest-Rates-Feb-2009.pdf Schreiner, Mark, Michal Matul, Ewa Pawlak et Sean Kline. 2006. « Poverty Scorecards: Lessons from a Microlender in Bosnia-Herzegovina. ». http://www.microfinance.com/ English/Papers/ Scoring_Poverty_in_BiH_Short.pdf 23 ANNEXE Données et méthodologie Par Scott Gaul Quelles données avons-nous prêteurs qui ont accès à des subventions importantes et régulières34. Cette approche, ainsi que des problèmes de utilisées ? disponibilité des données, nous ont poussés à exclure un certain nombre de grands prêteurs de nos données. Les données utilisées pour cette analyse sont issues de la • BRI. Nous n’avons pas tenu compte de Bank Rakyat base de données MIX Market pour la période 2004‑2011. Indonesia (BRI) dans notre analyse car, outre ses La base de données contient peu de chiffres de rende- activités de microcrédit, elle possède un important ment antérieurs à 2004. Les institutions dont les don- portefeuille de prêts commerciaux et elle ne fournit nées disponibles ne couvraient pas tous les indicateurs pas les données séparées sur les revenus et les coûts utilisés dans l’analyse ont été ignorées afin de s’assurer que les différences entre les indicateurs ne soient pas qui sont nécessaires pour notre analyse. dues aux différences entre les échantillons utilisés. • Harbin Bank. Harbin est une grande banque chinoise Au total, les données comportent 6  043 observa- qui possède un vaste portefeuille de microcrédit (en tions pour la période 2004-2011 couvrant chacune 2011, Harbin représentait à elle seule 19 % du porte- 48 variables (y compris des informations descriptives feuille mondial des données de MIX). MIX Market sur les institutions – nom, pays, statut juridique). Les ne possède que deux années de données pour Harbin données couvrent toutes les institutions ayant fourni Bank. Face au risque de distorsion potentielle des des informations pour une année donnée, avec certaines données sur les tendances et à l’incertitude concer- exceptions décrites ci-après. Par conséquent, ces don- nant ses activités et sa mission, nous avons décidé de nées reflètent à la fois l’évolution du marché (entrée ne pas inclure Harbin dans nos données finales. et sortie de participants) et celle de la communication volontaire des données à MIX Market. À des fins de sta- • PSBC. Postal Savings Bank of China (PSBC) est un tistiques sommaires, nous considérons que ces données important acteur du microcrédit en Chine. Comme donnent une image fiable des niveaux relatifs de taux pour Harbin Bank, l’ampleur de ses activités (PPB de d’intérêt d’un marché donné à un moment donné et de 14 milliards de dollars en 2011) a une influence signi- leur évolution dans le temps. ficative sur les chiffres mondiaux et les groupes de Par ailleurs, nous avons également utilisé les don- pairs dans lesquels la banque est incluse. Toutefois, nées d’un panel équilibré pour certaines analyses. Ce pa- MIX ne dispose pas de données pour PSBC avant nel équilibré comprend uniquement les institutions qui 2010 et la qualité des données n’a obtenu qu’une ont fourni des données pour toutes les années incluses étoile selon notre barème. Par ailleurs, ses liens avec dans la période. Ainsi, les variations des indicateurs des le gouvernement augmentent la probabilité d’une ta- données du panel reflètent des changements au sein de rification subventionnée. ces institutions et non dans la composition d’un groupe • VBSP. Vietnam Bank for Social Policy (VBSP) est une de pairs ou d’un marché. Plus la période utilisée pour les grande banque publique qui reçoit d’importantes sub- données du panel est longue, moins il y a d’institutions ventions de l’État. Les taux d’intérêt de VBSP sont éligibles. Nous avons choisi une période de cinq ans, de nettement inférieurs à ceux qui seraient nécessaires 2007 à 2011, qui correspond à un panel de 456 institu- pour couvrir ses coûts et nous avons donc choisi de tions. Nous avons utilisé les données du panel princi- palement pour vérifier les résultats issus des données 34. L’un des problèmes avec les subventions importantes est qu’elles complètes. peuvent fausser de manière significative la situation opération- Nous avons essayé de nous concentrer le plus pos- nelle d’un prêteur telle qu’elle est présentée dans ses états finan- sible sur les microprêteurs dont la mission comportait ciers si, comme c’est souvent le cas, ces subventions ne sont pas correctement comptabilisées de façon séparée dans le résultat un élément de viabilité financière, car nous étudions les hors exploitation. Plus généralement, nous avons voulu axer liens entre les taux d’intérêt et les éléments de coûts qui ce rapport principalement sur la grande majorité des IMF qui déterminent ces taux. Ces liens sont affaiblis chez les doivent faire face aux coûts et aux conditions de marché. 24 ne pas l’inclure dans notre rapport en raison de son des fonds propres moyens. Les médianes et les moyennes influence sur les résultats mondiaux et régionaux35. pondérées sont les indicateurs les plus utilisés dans ce rapport. Pour résumer, les médianes reflètent l’IMF Nous avons également ignoré quelques autres institu- « type » puisqu’elles correspondent au 50ème centile dans tions dont le produit des intérêts et les pertes impor- la distribution. Les moyennes pondérées décrivent plu- tantes et constantes semblaient indiquer une politique tôt ce qui est « typique » en termes de clients étant donné de tarification subventionnée et l’absence d’un objectif que les grandes institutions ont plus de clients, donc une de viabilité financière. Ces institutions sont si petites pondération supérieure. Les calculs pour ces deux indi- que leur traitement n’affecte pas de manière significa- cateurs reflètent les méthodes utilisées par MIX Market. tive les résultats. Les fichiers de données sur lesquels se base ce rapport MIX applique une série d’ajustements standard peuvent être consultés sur le site http://microfinance- aux données des IMF35. Par défaut, les données utili- business-solution.mixmarket.org/rs/microfinance/ sées dans ce rapport n’ont pas été ajustées. Étant don- images/Interest Rate Paper Supporting Data.zip. La né que les ajustements nécessitent plusieurs points de plupart des données figurent dans les tableaux croisés donnée, l’échantillon pour les données non ajustées est Excel, ce qui facilite l’analyse détaillée des marchés na- plus important que pour les données ajustées (on dé- tionaux et de tout autre groupe de pairs. nombre 4 389 observations dans le second cas). De plus, les données ajustées ne sont pas fournies pour les IMF individuelles sur le site de MIX Market, contrairement aux données non ajustées. Par conséquent, l’analyse de Ajustements des pertes ce rapport peut être en grande partie reproduite par les utilisateurs du site MIX Market pour les données non sur créances irrécupérables ajustées. Lorsque nous avons utilisé des données ajus- tées dans ce rapport, elles sont signalées comme telles. La politique de MIX sur l’ajustement analytique des Les groupes de pairs ont été calculés à partir des don- provisions pour pertes sur créances irrécupérables peut nées de MIX Market sur la base des définitions ci-après. être consultée sur le site http://www.themix.org/sites/ Pour chaque groupe de pairs, le nombre d’observations, la default/files/Methodology%20for%20Benchmarks médiane, le minimum, le maximum, la moyenne simple %20and%20Trendlines.pdf: et la moyenne pondérée sont indiqués. Les moyennes «  Enfin, nous appliquons des politiques standard en pondérées sont calculées en utilisant le dénominateur matière de provisions pour pertes sur créances irrécupé- rables et d’abandon de créances. Il existe d’importantes du ratio, sauf indication contraire. Par exemple, le rende- divergences entre les IMF quant à la comptabilisation des ment des fonds propres (moyens) est pondéré en fonction situations d’impayés. Certaines estiment que l’intégrali- té du solde du prêt est en souffrance à partir du jour où 35. Pour une description des ajustements de MIX, voir le site http://www.themix.org/sites/default/files/Methodology%20 un paiement n’a pas été effectué. D’autres ne considèrent for%20Benchmarks%20and%20Trendlines.pdf pas qu’un prêt est en retard tant qu’il n’a pas atteint son Définitions des indicateurs, groupes de pairs et ajustements des provisions pour pertes sur créances irrécupérables Indicateur Définition Taille moyenne des prêts Portefeuille de prêts bruts moyens/nombre moyen de prêts actifs Coût des ressources Frais financiers/passifs Coût par prêt Charges d’exploitation/nombre moyen de prêts actifs Portefeuille de prêts bruts Solde de l’encours total sur tous les prêts actifs Taux de rendement effectif (nominal) Tous les produits des intérêts et des commissions sur les prêts/ portefeuille de prêts bruts moyens Taux de rendement effectif (réel) Taux de rendement effectif nominal corrigé de l’inflation Provisions pour pertes sur créances irrécupérables Provisions annuelles nettes pour dépréciation de créances/ portefeuille de prêts bruts moyens Ratio des charges d’exploitation Total des charges d’exploitation (frais de personnel et frais généraux)/portefeuille de prêts bruts moyens Rendement de l’actif moyen (Produit d’exploitation net – taxes)/actif moyen Rendement des fonds propres moyens (Produit d’exploitation net – taxes)/fonds propres moyens 25 échéance. Certaines IMF abandonnent leurs créances passés en perte dans un délai d’un an après l’apparition douteuses dans un délai d’un an après le retard de paie- d’une situation d’impayés (remarque : nous appliquons ces ment initial, tandis que d’autres ne les passent jamais en politiques de provisions et d’abandon de créances unique- perte, reportant ainsi des prêts défaillants d’une période ment à des fins de référencement ; nous ne recomman- sur l’autre même s’ils ont peu de chance d’être jamais dons pas à toutes les IMF d’utiliser les mêmes politiques). remboursés. Dans la plupart des cas, ces ajustements correspondent à Un prêt est considéré comme étant « à risque » en cas une approximation grossière des risques. Leur unique ob- de retard de paiement de plus de 90 jours. Nous calculons jectif est d’uniformiser les règles du jeu, au niveau le plus une provision de 50 % du solde impayé pour les prêts entre bas, afin de permettre un référencement et des comparai- 90 et 180 jours de retard et de 100 % pour les retards de sons institutionnelles croisées. Néanmoins, la plupart des plus de 180 jours. Certaines institutions renégocient (refi- IMF participantes disposent de portefeuilles de prêts de nancent ou rééchelonnent) également les prêts en retard. qualité : les provisions pour pertes sur créances irrécupé- Étant donné que ces prêts présentent un plus grand risque rables ne constituent donc pas un élément important de de défaillance, nous calculons une provision de 50 % pour leur structure de coûts. Si nous considérons qu’un pro- tous les soldes renégociés. Lorsque nous disposons des gramme ne représente pas équitablement le niveau géné- informations pertinentes, nous effectuons un ajustement ral de défaillance et que nous ne sommes pas en mesure de pour nous assurer que tous les prêts soient entièrement l’ajuster, nous l’excluons simplement du groupe de pairs. » Groupes de pairs MIX Groupe Catégories Critères Âge Nouveau 1 à 4 ans Jeune 5 à 8 ans Mature Plus de 8 ans Type de charte Banque Coopérative de crédit IFNB ONG Banque rurale Intermédiation Sans IF Pas d’épargne volontaire financière (IF) Faible IF Épargne volontaire < 20 % de l’actif total Forte IF Épargne volontaire > 20 % de l’actif total Méthodologie de prêt Individuelle Groupement solidaire Individuel/Solidaire Banque villageoise Portée Importante Nombre d’emprunteurs > 30 000 Moyenne Nombre d’emprunteurs entre 10 000 et 30 000 Faible Nombre d’emprunteurs < 10 000 Statut juridique À but lucratif Enregistré en tant qu’institution à but lucratif À but non lucratif Enregistré en tant qu’organisme à but non lucratif Région Afrique Afrique subsaharienne Asie Asie du Sud et de l’Est et Pacifique ECA Europe de l’Est et Asie centrale LAC Amérique latine et Caraïbes MENA Moyen-Orient et Afrique du Nord Ampleur (portefeuille Importante Afrique, Asie, ECA, MENA : > 8 millions ; LAC : > 15 millions de prêts bruts en dollars) Moyenne Afrique, Asie, ECA, MENA : 2 à 8 millions ; LAC : 4 à 15 millions Faible Afrique, Asie, ECA, MENA : < 2 millions ; LAC : < 4 millions Viabilité Sans ASF Autosuffisance financière < 100 % ASF Autosuffisance financière = 100 % Marché cible (profondeur = solde Très pauvre Profondeur < 20 % OU taille de prêt moyenne < 150 dollars de prêts moyen par emprunteur/ Large Profondeur entre 20 % et 149 % RIN par habitant) Aisé Profondeur entre 150 % et 250 % Petites entreprises Profondeur supérieure à 250 % 26