65650 v1 La terre, source de vie p r é s e r v e r n o t r e av e n i r co m m u n U n e p U b l i c at i o n c o n j o i n t e d e s s e c r é ta r i at s d U F e M e t d e l a c n U l d en collaboration avec la Fondation GoodPlanet et le Gouvernement de la République de Corée La terre est la plus précieuse des ressources de la planète. les sols qui nourrissent nos cultures et notre bétail, les rivières et les lacs qui nous procurent du poisson et de l’eau potable, les forêts qui captent et stockent les gaz à effet de serre et les multiples formes de vie végétale et animale dépendent de la terre. il est impératif, à l’échelle mondiale, de préserver ces avantages et de nombreux autres bienfaits de la terre pour pouvoir satisfaire à l’avenir les besoins en sécurité alimentaire et environnementale de 9 milliards d’êtres humains. depuis sa création, le Fonds pour l’environnement mondial a investi 438 millions de dollars et mobilisé 2,8 milliards de dollars supplémentaires à l’appui de près de 100 projets de gestion durable des sols. ces projets permettent d’intervenir sur le terrain pour améliorer les moyens de subsistance et le bien-être économique des populations locales et préserver ou rétablir la stabilité, les fonctions et les services écosystémiques. © 2011 Fonds pour l’environnement mondial 1818 h street, nW Washington, dc 20433 États-unis d’amérique Téléphone : +1 (202) 473-0508 Télécopie : +1 (202) 522-3240/3245 Internet : www.thegeF.org Courriel : secretariat@thegeF.org Tous droits réservés. la présente publication a été préparée par les services du Fonds pour l’environnement mondial (Fem). elle ne reflète pas nécessairement les vues des membres du conseil du Fem ou des pays que ceux-ci représentent. le Fonds pour l’environnement mondial ne garantit pas l’exactitude des données citées. les frontières, les couleurs, les dénominations et toute autre information figurant sur les cartes du présent ouvrage n’impliquent de la part du Fem aucun jugement quant au statut juridique d’un territoire et ne signifient nullement que l’institution reconnaît ou accepte ces frontières. d r o i t s e t L i Ce n Ce s le contenu de cette publication fait l’objet d’un dépôt légal. la publication ou la transmission d’une partie ou de l’intégralité de la présente publication peut constituer une violation de la loi applicable. le Fonds pour l’environnement mondial encourage la diffusion de ses études et accorde habituellement sans délai cette autorisation. 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La terre, source de vie p r é s e r v e r n o t r e av e n i r Co m m u n u n e P u b l i c at i o n c o n j o i n t e d e s s e c r É ta r i at s d u F e m e t d e l a c n u l d en collaboration avec la Fondation GoodPlanet et le Gouvernement de la République de Corée 2010 - 2020 UNITED NATIONS DECADE FOR DESERTS AND THE FIGHT AGAINST DESERTIFICATION Table des matières AvAnt-propos .................................................... vi sécurIté AlImEntAIrE ..................................... 1 présErvAtIon dEs rEssourcEs Directrice générale et présidente du FEM En EAu .................................................................... 45 sénégal : amélioration de la qualité des sols en vue de la production végétale dans le bassin namibie : amélioration des moyens arachidier ...................................................................... 7 de subsistance par la collecte des eaux AvAnt-propos ...................................................viii de pluie dans les zones arides .................................. 51 Secrétaire exécutif de la CNULD tanzanie : rétablissement du système traditionnel de production végétale et animale dans la région Kirghizstan et tadjikistan : Protection de shinyanga ............................................................. 11 des châteaux d’eau transfrontières en asie centrale ......................................................... 55 préfAcE .................................................................... x Inde, Indonésie, malaisie, et thaïlande: Ministre du Service forestier de Corée, Promotion de la diversité d’essences fruitières république islamique d’Iran : systèmes intégrés République de Corée d’épandage des eaux de crue dans la plaine locales dans les jardins familiaux .............................. 15 de gareh bygone ...................................................... 59 Italie : réutilisation des eaux usées pour la production et les terrains de loisirs ..................... 63 IntroductIon .................................................... xii turquie : réhabilitation du bassin la terre — une ressource vitale hydrographique dans les hauts plateaux pour la population mondiale ................................... xii de l’anatolie ................................................................ 67 la dégradation des sols — un défi mondial............ xii la terre, source de vie — préserver notre avenir moyEns dE subsIstAncE ............................. 19 commun .................................................................... xiii burkina faso : l’arboriculture pour diversifier À propos de ce livre .................................................. xiv les moyens de subsistance ....................................... 25 namibie : les plantes ornementales comme moyens de subsistance.............................................. 29 niger : amélioration des moyens de subsistance AtténuAtIon dEs EffEts par la régénération naturelle assistée ..................... 33 du chAngEmEnt clImAtIquE .................. 73 tadjikistan : diversification des moyens érythrée : l’agriculture écologique de subsistance et gestion des bassins dans les hautes terres centrales ............................... 79 hydrographiques ....................................................... 37 chine : gestion intégrée des écosystèmes brésil : accroître les moyens de subsistance pour pour des effets positifs multiples préserver l’écosystème fragile de la caatinga ....... 41 dans les zones arides ................................................ 83 Iv Fonds pour l’environnement mondial Kazakhstan : accroissement des stocks guatemala : gestion intégrée des risques de carbone par la gestion des pâturages d’incendie en vue de réduire la dégradation et des terrains de parcours ....................................... 87 des forêts .................................................................. 167 roumanie : incitations pour des initiatives locales bolivie : Projet noel Kempff mercado de boisement.............................................................. 91 climate action .......................................................... 171 république de corée : le bocage villageois Albanie : mobilisation des services en zone agricole ......................................................... 95 écosystémiques dans les zones de production ... 175 présErvAtIon dE lA bIodIvErsIté ....... 131 Espagne : des grignons d’olive pour la fertilité du sol et l’accroissement des stocks burkina faso et Kenya : gestion intégrée de carbone .................................................................. 99 des espèces sauvages et de l’élevage pErspEctIvEs d’AvEnIr ............................... 179 dans les zones arides d’afrique ............................ 137 la gds, une voie d’accès à une agriculture Algérie et tunisie : Préservation du patrimoine à l’épreuve du changement climatique ................ 180 culturel dans les oasis du maghreb ...................... 141 les choix possibles pour tirer parti de la gds brésil, ghana, Inde, Kenya, népal, pakistan, dans le domaine de l’intensification et Afrique du sud : mettre à profit les meilleures de l’agriculture ......................................................... 181 pratiques de gds pour préserver les pollinisateurs ...................................................... 145 renforcement des synergies pour la mise en œuvre des conventions à l’échelon national .. 182 belize, costa rica, El salvador, guatemala, honduras, nicaragua, et panama : le Fem et le financement de la gds .................... 182 gestion intégrée des sols naturels AdAptAtIon Au chAngEmEnt en amérique centrale ............................................. 149 clImAtIquE ........................................................ 103 colombie, équateur, pérou, et venezuela : niger et nigéria : gestion des bassins Protection et utilisation durable hydrographiques pour accroître la résilience du páramo andin ..................................................... 153 des écosystèmes transfrontières ........................... 109 élémEnts dE référEncE syrie : renforcement de la résilience Et sItEs wEb ....................................................... 186 des terrains de parcours de la badia ..................... 113 notEs ..................................................................... 191 bhoutan : rétention des sols et de l’eau sur des pentes abruptes ......................................... 117 lIstE dEs AutEurs, étudEs dE cAs, crédIts photos Et rEmErcIEmEnts ... 193 Îles du pacifique : adaptation au changement climatique par la gds dans les îles du Pacifique .............................................................. 123 Italie : les agriculteurs comme gardiens déboIsEmEnt évIté ...................................... 157 des terres en sicile ................................................... 127 madagascar : amélioration de la protection des forêts en vue d’accroître les stocks de carbone ............................................................... 163 Avant-propos Par monIquE bArbut, directrice gÉnÉrale et PrÉsidente du Fem Près de 20 ans après l’entrée en vigueur des conventions de la dégradation de l’environnement est une des plus lourdes rio, la communauté environnementale mondiale est toujours menaces pesant actuellement sur le devenir des populations aux prises avec le défi qui consiste à trouver un juste équilibre locales dont les moyens d’existence dépendent de l’utilisation entre protection de l’environnement et objectifs de dévelop- des ressources naturelles. elle constitue surtout un grave pement. le constat vaut tout particulièrement pour les danger pour la sécurité mondiale. en effet, les problèmes secteurs productifs qui dépendent des terres, et dans lesquels environnementaux de portée nationale sont des facteurs d’ins- la survie de milliards de personnes est en jeu partout dans le tabilité et de conflit et peuvent engendrer des flux migratoires monde, depuis les zones arides d’afrique et d’asie jusqu’aux susceptibles de compromettre la sécurité des pays voisins. prairies subtropicales d’amérique du sud. en conséquence, notre engagement se fonde sur deux la menace liée à la dégradation des sols et à la désertification principes fondamentaux : la sécurité environnementale et la est bien réelle. toutefois, grâce à l’ingéniosité de l’homme, sécurité alimentaire, qui sont garantes du maintien de la paix les modes d’utilisation des terres sont actuellement en pleine dans les régions fragiles. la préservation de l’environnement mutation. les textes et illustrations qui figurent dans cet naturel et la diversification des sources de revenus peuvent ouvrage montrent clairement que des investissements bien aider à améliorer le bien-être des communautés et à renverser ciblés et des politiques appropriées peuvent apporter une la tendance à l’exode rural et à l’émigration. dans le même réponse efficace aux problèmes complexes que soulève la temps, l’amélioration des pratiques de gestion des sols dans dégradation des sols. des zones très étendues favorise la réduction des tensions entre communautés agricoles et pastoralistes. le Fonds pour l’environnement mondial (Fem), en tant que mécanisme financier des conventions de rio, a été un des l’engagement du Fem en faveur de la gestion durable des principaux moteurs des innovations apportées aux pratiques sols (gds) et le rôle qu’il joue dans ce domaine sont de gestion durable des sols (gds) dans les pays en dévelop- désormais fermement établis, grâce à l’action menée au titre pement. depuis sa création, il y a près de 20 ans, le Fem a du domaine d’intervention « dégradation des sols ». investi 438 millions de dollars en faveur de 94 projets et nos efforts portent en particulier sur la lutte contre la programmes visant à combattre la désertification et la désertification et la déforestation par l’élimination des déforestation. grâce à ces investissements, le Fem a pu obstacles économiques, réglementaires et institutionnels à la mobiliser des cofinancements d’un montant de 2,8 milliards gds et l’amélioration des connaissances en la matière. les de dollars auprès d’organisations multilatérales et bilatérales investissements du Fem ont ainsi permis de jeter les bases et des gouvernements des pays bénéficiaires. ces ressources d’interventions qui ont contribué à améliorer les moyens ont été investies dans des secteurs très divers allant de la d’existence de millions de personnes vivant en milieu rural et production agricole et animale à la gestion des ressources en dépendant de l’agriculture pour assurer leur survie. la gds eau, et offrent par conséquent un potentiel énorme qui permet aussi d’autonomiser les exploitants agricoles pauvres devrait permettre d’atteindre le triple objectif visé, à savoir en leur offrant la possibilité d’exprimer leurs préoccupations à l’accroissement de la productivité, le renforcement de la résis- tous les niveaux du dialogue politique. tance au climat et l’atténuation des émissions de gaz à effet de serre. À plus long terme, ces investissements contribueront les projets de gds financés par le Fem ont pour objet non seulement à fournir des services écosystémiques d’éliminer deux grands obstacles : agricoles et forestiers, mais aussi à réduire la vulnérabilité au changement climatique et aux autres impacts des activités Premièrement, les projets du Fem partent du constat que les humaines. décideurs nationaux et locaux tendent généralement à vI Fonds pour l’environnement mondial des pratiques axées sur la mise en œuvre d’activités compléter les financements disponibles aux fins d’activités fragmentées de dimension locale et l’adoption d’approches de lutte contre la dégradation des sols aux effets positifs sur intégrées durables et transposables à plus grande échelle. l’environnement mondial. deuxièmement, les projets du Fem tiennent compte du fait les projets financés par le Fem sont directement alignés sur les que les facteurs institutionnels (décentralisation, par exemple), priorités des gouvernements nationaux et des partenaires de biophysiques (changement climatique) et économiques (liés développement et contribuent par ailleurs à la mise en œuvre aux marchés notamment) évoluent constamment et ont une de la convention des nations unies sur la lutte contre la déser- très forte incidence sur l’évolution future des modes d’utili- tification (cnuld), et en particulier du Plan-cadre stratégique sation des terres. les sociétés ont besoin de connaissances et décennal (2008–2018), qui a pour but de « mettre en place un d’innovations technologiques pour être en mesure de partenariat mondial visant à enrayer et à prévenir la désertifi- préserver durablement la productivité des sols et, partant, de cation et la dégradation des terres et à atténuer les effets de la faire face à ces changements ou de s’adapter à leurs impacts. sécheresse dans les zones touchées afin de concourir à la les interventions du Fem dans le domaine de la gds réduction de la pauvreté et respecter durablement l’environ- répondent à cette exigence, en favorisant l’amélioration des nement ». l’action conjointe menée dans ce domaine va dans capacités et des connaissances institutionnelles tout en privi- le sens de cet objectif, et a pour objet d’appuyer directement légiant la mise en place et le renforcement de cadres de plani- les efforts nationaux tout en favorisant le recul de la pauvreté fication et de politiques de gds. dans le contexte du développement durable. nous nous employons également, dans le cadre de nos projets c’est pour toutes ces raisons que nous souhaitons aujourd’hui et programmes, à encourager la collaboration entre les parte- mettre en lumière les avancées considérables réalisées dans le naires nationaux et entre les pays, de sorte que les organismes monde en matière de gds. il ne fait aucun doute que, face au publics puissent mieux coordonner leurs interventions et créer coût colossal des pertes que nous risquons de subir du fait de un environnement favorable à la gds. le Fem est ainsi devenu la dégradation des sols et de la désertification, la prise de un partenaire stratégique des pays en développement, qu’il conscience de ce qui peut être accompli grâce à la gds finira aide à mobiliser des investissements de base en faveur d’inter- par prévaloir. ventions contribuant à l’amélioration de l’état environnemental de la planète. le Fem s’attache également à faciliter la collabo- À la date de publication de ce livre, le conseil du Fem a ration entre les différents intervenants et secteurs concernés, et approuvé un programme de 1,8 milliard de dollars à l’appui s’est établi un solide bilan en la matière. de l’initiative de la grande muraille verte en faveur de l’afrique de l’ouest et du sahel. ce programme, dont la mise Au Maroc, une montagne aride offre un contraste frappant outre les 10 organisations assurant l’exécution de ses projets1, en œuvre a été confiée à la banque mondiale, devrait tirer avec les champs cultivés en contrebas. le Fem travaille en partenariat avec la communauté scienti- grand profit de la vaste expérience accumulée de par le fique, des organisations non gouvernementales, des instituts monde en matière de gds. de recherche privés, des organisations multinationales et bilatérales et des fondations à la mise en œuvre d’activités j’espère très sincèrement que cet ouvrage permettra au lecteur privilégier les gains économiques à court terme (conversion témoins visant à promouvoir des pratiques innovantes de de se faire une idée plus précise du potentiel qu’offre la gds. des écosystèmes forestiers naturels en plantations forestières, nature à faciliter la mobilisation de nouveaux investissements. je suis sûre qu’au cours des 10 prochaines années, et à mesure en terres agricoles ou à d’autres fins plus rentables), au le Fem a notamment contribué à l’élaboration et à la mise en que seront évalués les progrès accomplis en matière de gds, détriment de la pérennisation des ressources forestières. les application de pratiques innovantes de gestion des sols aux nous verrons se multiplier les exemples toujours plus édifiants projets de gds que finance le Fem encouragent l’abandon niveaux local, national et régional. nos ressources viennent des effets transformateurs de la gds. l A tErrE, sourcE dE vIE . avant-ProPos vII Avant-propos Par luc gnAcAdjA, secrÉtaire exÉcutiF de la cnuld les trois choses les plus importantes dans la vie — l’amitié, à 2050 sans continuer à dégrader et polluer les terres sera l’amour, la famille — sont des biens inestimables ; leur perte, une tâche colossale. ce ne sera toutefois pas un obstacle une tragédie. il en va de même dans le domaine de insurmontable dans la mesure où la dégradation des sols n’est l’environnement. les ressources vitales les plus précieuses ni une fatalité ni une tendance irréversible. — l’air que nous respirons, l’eau que nous buvons, et la terre qui nous nourrit — sont des biens inestimables. ce qui est des sols dégradés peuvent être restaurés dans tous les types tragique, c’est que l’humanité a considéré que ces biens d’écosystèmes à condition d’agir en temps utile et de recourir précieux, vitaux, allaient de soi. c’est notre génération, la à des techniques écologiques de gestion des sols. selon le civilisation humaine la plus évoluée à ce jour, qui a induit Partenariat sur la restauration des paysages forestiers, par cette menace. exemple, les deux cinquièmes des terres déboisées, soit 600 millions d’hectares, et près des deux tiers des terres le présent ouvrage, La terre, source de vie — préserver notre dégradées, soit 900 millions d’hectares, présentent des avenir commun, traite de l’une des plus essentielles parmi ces possibilités de restauration. la plupart de ces terres sont ressources indispensables à la vie sur terre. la terre revêt une situées dans des régions semi-arides et subhumides sèches, importance si fondamentale pour l’existence humaine que ses c’est-à-dire les zones arides. régimes de gouvernance ont été les premiers à voir le jour dans la société humaine avancée, et qu’ils restent le présent ouvrage, La terre, source de vie — préserver notre probablement les plus développés. or, notre façon d’utiliser avenir commun, donne un aperçu des techniques de gestion et de gérer la terre n’a pas été la plus efficace. ainsi, la durable des sols dont nous disposons pour recouvrer et désertification et la sécheresse sont les principales causes de régénérer des sols dégradés et empêcher cette dégradation à la dégradation de 120 millions d’hectares de terre en l’espace l’avenir. il montre aussi les multiples avantages que la de dix ans — soit une superficie équivalente à celle de communauté mondiale peut en retirer. la dégradation des l’afrique du sud. Qui plus est, la dégradation des sols ne sols commence à l’échelon local, mais ses effets se frappe pas uniquement les zones arides, extrêmement répercutent à l’échelle mondiale, et se traduisent, de manière vulnérables face au changement climatique et à la mauvaise de plus en plus évidente, par des phénomènes tels que la gestion des sols. le Fonds international de développement migration forcée et l’insécurité alimentaire découlant de la agricole estime que la dégradation des terres touche sécheresse. ainsi, la remise en état des sols grâce à la 1,9 milliard d’hectares. il en résulte une perte des terres restauration des paysages — à l’aide de ces techniques — arables de 30 à 35 fois supérieure au taux historique. offre une possibilité d’investissement qui pourrait déboucher sur des taux de rentabilité élevés. dans le contexte d’une la dégradation des sols a un immense impact sur le bien-être Économie verte mondialisée, l’objectif de sécurité alimentaire humain. elle réduit la productivité des sols, le couvert forestier sera atteint à condition d’empêcher la dégradation des sols et et végétal et l’eau disponible. cette évolution compromet à d’inverser la tendance. et si l’on veut régénérer les sols et les son tour la conduite et la pérennité de l’activité économique remettre en état, il faut augmenter considérablement les et sociale et accélère le changement climatique et la perte de rendements, en particulier ceux des petites exploitations biodiversité. la dégradation des sols nuit en outre aux agricoles. moyens de subsistance. Quelque 1,5 milliard de personnes, dont 42 % de personnes très démunies et 32 % de personnes si ces techniques sont adoptées et appliquées à plus grande modérément pauvres dans le monde, dépendent de terres en échelle, nous pourrons résoudre un bon nombre des voie de dégradation. nourrir neuf milliards de personnes d’ici problèmes de fond qui se posent à l’échelon mondial. vIII Fonds pour l’environnement mondial Pour cela, nous devrons faire le choix délibéré de concevoir, développer et appliquer des mesures incitant à adopter et largement diffuser ces techniques. en ratifiant la convention des nations unies sur la lutte contre la désertification, 194 Parties se sont engagées à prévenir la dégradation des sols et à inverser cette évolution. il est plus que temps de mener une action efficace à tous les niveaux. comme le montre cet ouvrage, les techniques requises existent. c’est l’investissement dans ces techniques qui n’est pas suffisant. l’utilisation durable des sols est la pierre angulaire de l’économie verte. l’endiguement de la dégradation des sols et de la désertification, ainsi que la régénération des sols déjà dégradés sont les moteurs de cette démarche. il est possible de parvenir au degré zéro de la dégradation en déterminant des niveaux optima de dégradation et en adoptant des politiques qui incitent à récupérer des terres dégradées dans la même proportion que celles qui sont dégradées chaque année. tant que nous n’aurons pas pris au sérieux les pratiques durables de gestion des sols, tant que nous n’aurons pas résolument pris des mesures de récupération et de régénération des terres que nous avons massivement dégradées, la pauvreté persistera, et la sécurité alimentaire ne cessera d’être menacée. nous avons prouvé que cela est possible, montré les conséquences de notre inertie actuelle, et dénoncé les lacunes stratégiques qui entravent le progrès. c’est grâce à un leadership visionnaire, capable de mobiliser la volonté politique requise de mener une action décisive, que nous pourrons, en l’espace d’une seule génération, opérer une transition sans heurt à l’économie verte. Des montagnes sculptées par le vent protègent de précieuses ressources en eau. l A tErrE, sourcE dE vIE . avant-ProPos Ix Préface Par don Koo lEE, ph.d., ministre du service Forestier de corÉe, rÉPubliQue de corÉe depuis des siècles, la gestion durable des sols caractérise coréenne tout entière, dans toutes les couches de la société, le mode de vie des coréens. elle est indissociable de notre et à sa propagation par les communautés de l’ensemble du histoire et se reflète dans les pratiques traditionnelles pays. grâce à cette mobilisation, les pratiques de lutte contre appliquées aux écosystèmes, des forêts aux montagnes. l’érosion des pentes ont été appliquées à une superficie de Pays hôte de la dixième conférence des Parties à la 740 000 hectares. de 1946 à 2000, un milliard cent millions convention des nations unies sur la lutte contre la d’arbres ont été plantés sur quelque cinq millions d’hectares, désertification (cnulcd), la république de corée se félicite soit environ 80 pour cent des terres forestières totales. de l’occasion que lui donne la publication de cet important les forêts ainsi restaurées ont réduit l’érosion des sols et les ouvrage pour faire part de ses expériences et de ses succès. catastrophes et assuré de nombreux services écosystémiques, la dixième conférence des Parties coïncide avec l’année y compris en matière de protection de la biodiversité, de internationale des forêts, que le pays a aussi accueillie en piégeage du carbone, de fourniture d’eau salubre et fanfare, puisqu’elle s’inscrit dans le droit fil de son long passé d’espaces de loisirs. À l’heure actuelle, 65 pour cent du de réussites en matière de gestion des paysages forestiers. territoire coréen est consacré à la production forestière, le succès de l’écologisation de ces derniers a été un facteur y compris les paysages qui font l’objet d’une gestion clé de la croissance économique de la corée. À l’époque de écologique, garante de la protection des écosystèmes la crise économique de la fin des années 90, les forêts ont montagneux fragiles. fourni de nombreux « emplois verts » qui ont permis d’assainir les forêts et de générer de multiples avantages. le baekdu-daegan est le plus grand massif montagneux de corée, dont la ligne de crête et de partage des eaux traverse avant les années 60, la plupart des forêts de corée étaient la majeure partie du pays dans le sens de la longueur, du pratiquement dénudées, notamment sous l’effet de la mont baekdu au nord au mont jiri au sud. s’étendant sur surexploitation des ressources forestières en vue de la récolte 1 657 kilomètres, la chaîne dépasse la longueur de la de produits ligneux et de bois de feu, ainsi que de la culture république de corée (environ 1 000 kilomètres). elle constitue sur brûlis. cela était inévitable en raison de l’extrême un axe de symétrie et donne naissance à tout un réseau fluvial pauvreté, de l’occupation japonaise et de l’exploitation qui arrose l’ensemble du pays. c’est pourquoi nos ancêtres des ressources naturelles, de la guerre de corée et de la croyaient fermement que les fleuves et les montagnes croissance démographique. une fois dénudés, les sols étaient protégeaient la corée. lorsque le roi Wang geon fonda la gravement érodés par des pluies intensives en été et le dynastie goryeo, cette croyance incita les coréens à penser ruissellement provenant des pentes abruptes du terrain que les monts baekdu et jiri le préserveraient des dangers. montagneux. en même temps, les basses terres étaient c’est ainsi qu’est né le concept du baekdu-daegan, à la fois inondées sous l’effet de débits excessifs des cours d’eau et axe géographique naturel du pays et pilier spirituel de sa de la sédimentation. au cours des années 60 et 70, la corée a population jusqu’à nos jours. c’est aussi l’emblème de la pris des dispositions draconiennes pour remédier à la corée, dont il assure la promotion dans le monde entier. dégradation des sols, en plantant des quantités massives d’arbres sur les pentes des montagnes et en interdisant le système montagneux de corée est organisé de manière l’abattage illégal, l’exploitation des produits forestiers et les hiérarchique, depuis les grandes chaînes jusqu’aux petites pratiques culturales sur brûlis. montagnes. le baekdu-daegan forme l’épine dorsale du pays, subdivisée en chaînes secondaires, ou Jeongmaek. il y la régénération des paysages forestiers a certes été promue a quatorze Jeongmaeks, également subdivisées de manière et accomplie par les pouvoirs publics, mais sa réussite est hiérarchisée en massifs de plus en plus petits jusqu’au niveau largement imputable à la participation de la population du bassin versant d’un village, la plus petite unité. grâce à x Fonds pour l’environnement mondial cette organisation, la gestion du système montagneux est étroitement liée aux besoins et priorités des plus petits villages en matière d’utilisation des sols. de ce fait, la pérennité des flux de services écosystémiques est un critère majeur qui préside à l’utilisation des ressources du sol au niveau du village. elle est à l’origine du bosquet traditionnel des villages coréens, ou Maeul-Soop, ce qui montre que nos ancêtres implantaient des villages là où leurs descendants pourraient vivre durablement. dans le présent ouvrage sur la gestion durable des sols, la pratique du Maeul-Soop est illustrée par une étude de cas. À l’instar de la communauté mondiale, le peuple coréen aspire à mettre des écosystèmes en bonne santé au service du bien-être humain. c’est pourquoi la république de corée s’est engagée à poursuivre ces aspirations, main dans la main avec toutes les nations du monde. dans la région asiatique, nous entretenons des liens de coopération avec la chine, la mongolie, le myanmar et l’indonésie pour atténuer la désertification, inverser la dégradation des sols et restaurer les paysages forestiers. au travers de notre engagement au regard des conventions internationales, y compris la cnulcd, nous sommes prêts à étendre notre coopération à d’autres régions, comme l’afrique, où les pratiques traditionnelles ouvrent des perspectives prometteuses d’amélioration de la gestion durable des sols et de croissance économique. grâce à ces liens de coopération, la république de corée apportera sa contribution à la réalisation des objectifs de développement pour le millénaire et ouvrira la voie à une « croissance verte » à l’échelle planétaire. Fillettes dans un village du désert. l A tErrE, sourcE dE vIE . avant-ProPos xI Introduction La terre — une ressource vitale physiques, chimiques et biologiques ou économiques des sols pour la population mondiale et la disparition à long terme de la végétation naturelle4. » la terre est à la base de tous les processus naturels indispen- la dégradation des sols touche actuellement 33 % de la sables à la perpétuation de la vie sur notre planète. de par ses surface terrestre de la planète, et plus de 2,6 milliards de propriétés physiques, chimiques et biologiques, la terre personnes dans plus de 100 pays en subissent directement les sous-tend toute une gamme de biens et de services écosysté- conséquences5. les écosystèmes étant étroitement liés les uns miques dont dépend la survie de l’humanité : il s’agit aux autres, la dégradation des sols est également à l’origine notamment des services d’approvisionnement en eau et en de processus destructeurs qui peuvent se répercuter par effet nourriture ; des services de régulation des risques environne- de ricochet sur l’ensemble de la biosphère. les impacts de la mentaux tels que les crues et les sécheresses, auxquels nous dégradation des sols se font donc sentir bien au-delà de sommes généralement vulnérables ; des services d’appui aux l’échelle locale ou régionale. processus naturels comme la genèse du sol et le cycle des nutriments, dont dépendent nos systèmes de production ; et si l’agriculture moderne a permis d’accroître la production des services culturels, notamment récréatifs, et autres bienfaits vivrière, elle a aussi causé des dommages environnementaux spirituels et immatériels dont bénéficie la société tout entière2. majeurs. ainsi, l’usage accru des engrais a provoqué une dégra- dation de la qualité de l’eau dans de nombreuses régions. Qu’elles soient utilisées pour l’agriculture, l’élevage ou la de même, la forte salinisation de certaines terres agricoles foresterie, les terres contribuent de manière importante à la irriguées entraîne la perte de près de 1,5 million d’hectares de prospérité mondiale, et profitent à des milliards de personnes, terres cultivables par an dans le monde, à laquelle s’ajoute une dont un grand nombre vivant essentiellement de l’agriculture perte de production estimée à 11 milliards de dollars. et des produits forestiers. selon les estimations, les terres agricoles occupent environ 40 % de la surface terrestre du la forte dégradation des sols est devenue un des principaux globe3 et fournissent 95 % des protéines animales et végétales symptômes de la dégradation des terres. l’érosion, la et 99 % des calories consommées par les êtres humains. il est salinisation, le tassement des sols et l’appauvrissement des donc impératif de les exploiter de façon écologiquement éléments nutritifs du sol sont autant de phénomènes qui viable et productive. réduisent la capacité des sols à fournir des biens et des services, tels que le soutien à la production de biomasse et à la biodiversité ou la régulation du cycle de l’eau et des La dégradation des sols — un défi nutriments6. les terres les plus gravement dégradées mondial deviennent incultivables, ce qui engendre des problèmes socio-économiques dans les agro-écosystèmes où prédominent la dégradation des sols est « la diminution ou la disparition, les petits exploitants agricoles et éleveurs pauvres. dans les zones arides, semi-arides et subhumides sèches, de la productivité biologique ou économique et de la complexité l’érosion et la baisse de la fertilité des sols et le surpâturage des terres cultivées non irriguées, des terres cultivées irriguées, pourraient toucher jusqu’à 40 % des terres agricoles des parcours, des pâturages, des forêts ou des surfaces boisées mondiales. dans le même temps, la disparition des habitats du fait de l’utilisation des terres ou d’un ou de plusieurs phéno- naturels entraîne une dégradation des services fournis par les mènes, notamment de phénomènes dus à l’activité de l’homme insectes pollinisateurs, notamment les abeilles, et menace et à ses modes de peuplement, tels que l’érosion des sols ainsi la production agricole. en résumé, les pratiques causée par le vent et/ou l’eau, la détérioration des propriétés modernes d’utilisation des terres à des fins agricoles xII Fonds pour l’environnement mondial privilégient l’accroissement à court terme de la production le changement climatique a entraîné un accroissement du des modes de subsistance et des services écosystémiques10. vivrière au prix d’une perte durable de services écosysté- rythme, de l’ampleur et de l’étendue de la dégradation des elle s’appuie sur une approche globale et intégrée de miques, dont beaucoup sont essentiels pour l’agriculture. sols. le constat vaut en particulier pour les terres arides, où l’utilisation des terres qui préserve les services écosystémiques vivent plus de 2 milliards de personnes qui dépendent direc- et a des effets positifs sur les conditions de vie. la dégradation des sols réduit la qualité et la quantité des tement de l’utilisation des terres pour assurer leur survie. si les services écosystémiques, tels que les débits des cours d’eau, pratiques non durables de gestion des ressources naturelles les innovations apportées à la gds visent notamment à le climat, la gestion des crues, la genèse et la protection des ont conduit dans le passé à la disparition de certaines civilisa- accroître la productivité des terres agricoles et forestières sols, qui sont tous essentiels à la productivité des tions, la dégradation des sols et l’appauvrissement des (qualité des sols, couvert végétal, par exemple), à préserver les agro-écosystèmes. dans le même temps, la dégradation des ressources naturelles constituent aujourd’hui, et pour la services écosystémiques (piégeage du carbone, disponibilité sols dans les agro-écosystèmes influe sur les services première fois dans l’histoire de l’humanité, une menace de des ressources en eau, lutte contre l’érosion et les inondations, écosystémiques liés à la qualité de l’air et de l’eau, à la dimension planétaire. atténuation de la sécheresse) et à protéger les ressources gestion des maladies et des organismes nuisibles et à la génétiques (culture, bétail, faune et flore sauvages, notamment). réduction des risques de catastrophes naturelles. le coût économique de la dégradation des sols serait l’appauvrissement du couvert végétal et la dégradation des compris, selon les estimations, entre 1 et 7 % du produit en mettant à profit les synergies et les liens entre les sols dans les agro-écosystèmes ont largement contribué à intérieur brut agricole dans certains pays en développement8. différentes composantes des paysages productifs, la gds l’accroissement des émissions de gaz à effet de serre d’origine la dégradation des sols, due majoritairement à la désertifi- peut avoir de multiples effets positifs sur l’environnement agricole. l’Évaluation des écosystèmes pour le millénaire cation et au déboisement, menace donc le développement mondial et les conditions de vie des populations. la gds souligne à cet égard que, si rien n’est fait pour enrayer le durable à l’échelle mondiale. cela étant, elle offre aussi prend en considération l’intensification du développement phénomène, la dégradation des services écosystémiques l’occasion d’examiner des facteurs importants de l’appauvris- économique et social tout en préservant et renforçant les compromettra l’amélioration du bien-être des populations sement de la diversité biologique, de la sédimentation des fonctions écologiques des ressources terrestres de la planète et pourrait même remettre en question les avancées réalisées écosystèmes dulcicoles et côtiers et des émissions de gaz à et leur rôle dans la perpétuation de la vie, deux objectifs dans certaines régions7. effet de serre dans les systèmes productifs. Plusieurs études souvent contradictoires. dans le même temps, elle concilie les menées au titre de l’initiative « Économie des écosystèmes et aspects environnementaux et le développement économique tous ces facteurs font de la dégradation des sols une menace de la biodiversité 9» montrent qu’en négligeant ces facteurs et social en contribuant à l’amélioration des politiques, de la sérieuse pour la sécurité alimentaire, les revenus et les essentiels, on risque de mettre gravement en péril la valeur planification et de la gestion des sols. la gds est le moyens d’existence des populations rurales, tout des services écosystémiques fournis par la nature. fondement de modes durables de production agricole et particulièrement dans les pays en développement. la perte d’utilisation des terres et joue à cet égard un rôle des biens et services fournis par les écosystèmes est un incontestable dans la lutte contre la pauvreté. obstacle majeur à la réalisation des objectifs de La terre, source de vie — préserver développement pour le millénaire axés sur la lutte contre notre avenir commun de multiples formules de gestion durable des sols sont la pauvreté, la faim et les maladies. appliquées quotidiennement à l’échelle locale par des on peut préserver durablement les ressources foncières grâce personnes ordinaires pour combattre la dégradation des sols. la dégradation des sols et l’appauvrissement de la aux pratiques de gestion durable des sols (gds). compte tenu de fait, la gds est une des rares options dont disposent biodiversité font aujourd’hui peser sur la plupart des de la complexité des questions considérées, il est impossible encore les exploitants, et en particulier les petits paysans et écosystèmes naturels et des agro-écosystèmes du monde de donner une définition universelle de ce que recouvre la les éleveurs, pour préserver ou accroître la productivité des des menaces sans précédent. l’accroissement rapide de la gds. globalement, la gestion durable des sols est « un agro-écosystèmes sans détruire les sols ni causer d’érosion population mondiale s’accompagne d’une augmentation de processus fondé sur des connaissances spécialisées qui permet des sols, et sans mettre en péril les services écosystémiques. la demande de nourriture, d’aliments pour le bétail, de bois et de gérer de manière intégrée l’environnement, la biodiversité de fibres. cette situation ne fait qu’aggraver les pressions qui et les ressources en sols et en eau (ainsi que les externalités en dans les systèmes de production agricole, la gds favorise s’exercent déjà sur les ressources foncières et encourage les termes d’intrants et d’extrants) pour répondre à une demande l’accroissement de la productivité en contribuant à préserver la pratiques non durables d’utilisation des terres. croissante d’aliments et de fibres, tout en assurant la viabilité santé des sols et à réduire l’érosion, aidant ainsi au renforcement L a terre, source de vie . IntroductIon xIII encadrÉ 1 de la capacité de résistance des systèmes de production. dans probantes de manière synthétique et complète. il s’agit plutôt les systèmes de pâturages et de parcours, la gds améliore le de montrer que les innovations apportées aux pratiques de Les pratiques de GDS les plus probantes ont été captage, l’infiltration et le stockage de l’eau de pluie dans les gestion des sols, des terres, des ressources en eau et de la étudiées de manière approfondie ces 20 dernières sols, favorisant ainsi la reconstitution du couvert végétal indis- végétation dans le monde entier tiennent en grande partie à années et ont notamment fait l’objet de deux pensable aux besoins du bétail, l’accroissement de la teneur des l’ingéniosité des hommes. le livre explique qu’en mettant à publications phares réalisées par les partenaires sols en matière organique et la préservation de la biodiversité. profit le capital naturel, social et culturel de la planète, on du World Overview of Conservation Approaches dans les systèmes de production forestière, la gds permet de peut répondre aux besoins fondamentaux des populations en and Technologies (WOCAT) et TerrAfrica . Ces deux diversifier les moyens d’existence et donne aux populations moyens d’existence et en bien-être (nourriture, eau, énergie ouvrages contiennent des exemples richement locales les moyens d’exercer leurs droits sur les ressources fores- et richesses), tout en œuvrant à l’amélioration de illustrés des différentes pratiques de GDS suivies tières et arboricoles, ce qui contribue à réduire le risque de l’environnement mondial. dans le monde. Les pays qui appliquent la GDS sur déboisement et de dégradation. le livre s’articule autour de sept thèmes principaux traités les terres arides, comme la Chine, ont également Partout dans le monde, les utilisateurs des terres appliquent dans sept chapitres distincts : réalisé des publications sur les pratiques les plus une multitude de pratiques innovantes afin de préserver les probantes (voir le chapitre 4). services écosystémiques qui sont le fondement de la produc- 1. Sécurité alimentaire — la diversification des exploitations, tivité et de la viabilité des systèmes de production. toutefois, la préservation de la santé des sols et l’accroissement du les pratiques qui donnent de bons résultats à l’échelle locale ne couvert végétal (effet positif sur l’environnement) dans les peuvent avoir d’effet positif sur l’environnement et le dévelop- paysages productifs renforcent la productivité des cultures pement au niveau mondial que si elles sont pleinement et de l’élevage (effet positif sur le développement). intégrées, à l’échelle requise, aux cadres nationaux de politique 2. Moyens de subsistance — la plantation d’essences de générale et aux mécanismes économiques et institutionnels. grande valeur dans les paysages ruraux, par exemple, génère des revenus (effet positif sur le développement) depuis 20 ans, les praticiens de la gds s’emploient à établir une et contribue dans le même temps à renforcer les services synthèse des pratiques de gds utilisées dans le domaine de la écosystémiques (effet positif sur l’environnement) dans gestion des sols, des terres et des ressources en eau. ces efforts les paysages productifs. ont débouché sur deux publications majeures réalisées en colla- 3. Préservation des ressources en eau — la réduction de boration avec le World overview of conservation approaches la sédimentation et le maintien du débit des cours d’eau and technologies (Wocat). la première est un recueil d’études dans les systèmes productifs (effet positif sur de cas et d’analyses d’initiatives de préservation des sols et des l’environnement) améliorent la disponibilité et l’accès ressources en eau menées dans le monde11. la seconde, aux ressources en eaux indispensables à la production réalisée dans le cadre du partenariat terrafrica12, porte plus agricole et animale (effet positif sur le développement). particulièrement sur les pratiques de gds les plus probantes 4. Atténuation des effets du changement climatique — les utilisées en afrique subsaharienne, et contient des directives diverses formules de gds envisageables peuvent faciliter détaillées visant leur application à plus grande échelle13. ces la mobilisation des investissements et la création de deux publications (voir encadré 1) définissent une base de revenus (effet positif sur le développement) tout en connaissances globales permettant d’appliquer les méthodes préservant les stocks et les flux de carbone (effet positif de gds dans des situations très variables pour combattre la sur l’environnement) dans les paysages productifs. dégradation des sols et la désertification. 5. Adaptation au changement climatique — la gds peut renforcer la résistance des communautés vulnérables À propos de ce livre (effet positif sur le développement) et promouvoir la productivité durable des systèmes de production agricole ce livre montre comment les pratiques de gestion durable et de parcours (effet positif sur l’environnement). des sols peuvent contribuer à bâtir un avenir durable pour 6. Préservation de la biodiversité — la préservation des l’humanité et la planète. il n’a pas vocation à reproduire les espèces et des habitats grâce à la gds (effet positif sur informations déjà parues dans les publications du Wocat et l’environnement) présente de multiples avantages pour les de TerrAfrica, qui décrivent les pratiques de gds les plus populations locales (effet positif sur le développement). xIv Fonds pour l’environnement mondial 7. Déboisement évité — la gds est à la base des solutions forestiers et des terrains de parcours (encadré 2). les articles, peuvent avoir sur le développement (du point de vue du permettant de réduire les émissions dues au déboi- rédigés par les agences du Fem, ne rendent compte toutefois bien-être et des moyens d’existence des populations) et sur sement et à la dégradation des forêts (effet positif sur que d’une petite partie des initiatives de gds régionales ou l’environnement (préservation ou rétablissement de la santé l’environnement) et offre ainsi aux communautés rurales thématiques financées par le Fem. ils sont néanmoins révéla- des écosystèmes) des effets positifs garants de l’approvision- la possibilité de tirer des forêts de multiples moyens de teurs de la diversité des formules de gds qui sont appliquées nement en biens et services. subsistance (effet positif sur le développement) sur le terrain et influent de manière positive sur l’environ- nement mondial et les conditions de vie de nombreux petits alors que la gds ouvre à de nombreux égards des perspec- chacun de ces sept chapitres est consacré à une thématique producteurs. les autres articles ont été rédigés à partir des tives très prometteuses, le manque de connaissances et de particulière et retrace, à l’aide de magnifiques illustrations, rapports nationaux sur l’état d’avancement de la mise en capacités institutionnelles et le caractère inadapté des cadres des expériences révélatrices de l’impact concret de la gds œuvre de la cnuld transmis au secrétariat de la convention de politique générale en place font encore obstacle à son dans diverses régions du monde. le livre met en lumière les (encadré 3) ou d’exemples connus de pratiques de gds ayant adoption. À titre d’exemple, le fait de connaître les coûts et les effets positifs de la gds sur les populations et sur l’environ- transformé le quotidien des populations et les paysages dans avantages des interventions permet aux utilisateurs des terres nement et montre comment elle contribue à renforcer la différentes régions du monde. de comprendre l’importance des services écosystémiques et capacité des hommes à utiliser les biens et services naturels d’opérer en conséquence les arbitrages nécessaires. toutefois, afin de les transformer en paysages durablement productifs. de manière générale, les expériences relatées dans le livre l’accès aux connaissances passe par la mise en place de cadres tous les récits publiés dans le livre montrent que l’on peut portent sur un large éventail de solutions telles que la gestion institutionnels adaptés à des échelles multiples, et notamment mettre un terme à la dégradation des sols, voire renverser la des ressources terrestres axée sur l’intégration et la préser- d’outils pratiques répondant aux besoins de tous les utilisateurs tendance en autonomisant et en responsabilisant les utilisa- vation de leurs différentes composantes, les pratiques des terres. l’application des pratiques de gds suppose par teurs des terres. bien qu’organisés de manière thématique, agricoles durables visant à améliorer la productivité agricole ailleurs la mise en œuvre de politiques appropriées axées les exemples présentés se recoupent, mettant ainsi en dans le long terme et les mesures biophysiques de lutte notamment sur les régimes et les droits fonciers et sur la évidence les avantages multiples que la gds présente pour contre les émissions de carbone. tous ces exemples montrent gouvernance. nous espérons que les informations présentées l’environnement comme pour le développement. que la gds n’offre pas seulement une solution à la dégra- dans ce livre viendront compléter utilement les connaissances dation des sols, mais aussi la possibilité de transformer les de plus en plus nombreuses sur les avantages de la gds et les récits s’inspirent largement des enseignements tirés des modes d’utilisation des terres de manière à répondre aux contribueront, à terme, à l’élimination des obstacles, à l’appli- projets et programmes financés dans le monde par le Fem besoins actuels et à la demande future. chaque récit illustre le cation généralisée des pratiques de gds et à la transposition dans le domaine de la gestion des paysages agricoles et principe commun selon lequel les interventions de gds à plus grande échelle des formules les plus probantes. L a terre, source de vie . IntroductIon xv encadrÉ 2 : fonds pour l’EnvIronnEmEnt mondIAl — InvEstIr dAns lA gEstIon rEsponsAblE dEs sols Depuis sa création, le FEM a investi 438 millions de dollars pour 94 projets et ■ Gestion des terrains de parcours — Près des trois quarts des terres arides programmes d’appui à des activités de GDS visant à lutter contre la désertifi- de la planète sont exposés au risque de dégradation des sols. Les projets cation et la déforestation. Ces fonds ont permis de mobiliser 2,8 milliards de financés par le FEM viennent renforcer les systèmes traditionnels viables et dollars supplémentaires auprès de nombreuses sources de financement, parmi d’autres mesures axées sur la préservation de l’eau et des sols. Les projets lesquelles des institutions multilatérales et bilatérales et les gouvernements financés par le FEM aident à entretenir et à accroître la productivité des pays bénéficiaires. Le FEM a défini, au titre de son domaine d’intervention économique et la viabilité écologique des terrains de parcours et des « dégradation des sols », qui concentre l’essentiel des investissements du FEM systèmes agropastoraux, en mettant l’accent sur les activités qui permettent dans le domaine de la GDS, des orientations relatives aux actions prioritaires aux agriculteurs [éleveurs] de conserver des moyens de subsistance durables à engager afin d’accroître l’impact positif sur l’environnement mondial et la grâce à une approche efficace de la planification, de la sélection, de la valeur ajoutée de projets comportant une composante GDS entrepris à l’initiative nutrition et de la reproduction des animaux, de la santé des troupeaux et de la des pays. Ces priorités sont également liées aux objectifs de la CNULD, le but gestion des pâturages. Le FEM complète ces interventions par un appui aux étant d’aider les pays à honorer les engagements souscrits au titre de la mécanismes qui ont des effets positifs sur l’environnement mondial, tels que Convention. la résolution des conflits espèces sauvages-élevage-cultures, la conservation des ressources génétiques locales (par exemple les variétés naturellement Les interventions du FEM contribuent à renforcer les processus nationaux mieux adaptées aux conditions du milieu et aux phénomènes climatiques engagés à l’appui de la GDS, notamment dans les domaines du renforcement des extrêmes), la réduction de l’érosion par l’eau et le vent, la protection et la capacités, de la collaboration institutionnelle, de la gestion des connaissances et régénération des bois ou forêts ripicoles et la protection et la régénération de de la prise en compte systématique de la GDS dans tous les secteurs. Les projets la végétation naturelle des zones de réalimentation des nappes souterraines. du FEM permettent également d’intervenir sur le terrain pour améliorer les ■ Gestion durable des forêts et des espaces boisés — La demande sans moyens de subsistance et le bien-être économique des populations locales, et de cesse croissante de ressources forestières a entraîné un appauvrissement de préserver ou rétablir la stabilité, les fonctions et les services écosystémiques. la biodiversité et une dégradation des écosystèmes, faisant ainsi de la dégra- Les investissements du FEM portent sur trois principaux modes de production : dation des forêts et du déboisement les principales menaces qui pèsent sur les ■ Agriculture écologiquement viable — Les investissements du FEM dans milieux arides, semi-arides, subhumides et humides. En effet, le déboisement ce domaine mettent l’accent sur la préservation ou l’amélioration de la et la dégradation des forêts à l’échelle mondiale sont responsables de 15 à 17 % productivité des systèmes aussi bien irrigués que non irrigués, et favorisent des émissions de gaz à effet de serre. Une gestion plus efficace des paysages la prise en compte de la salubrité de l’environnement, de la rentabilité forestiers et des espaces boisés permet à la fois de subvenir aux besoins des économique, de l’équité (notamment la parité hommes-femmes) et du populations rurales et de réduire les contraintes qui s’exercent sur les écosys- développement social. Les interventions sur le terrain financées par le FEM tèmes menacés. Les activités du FEM viennent appuyer les mécanismes de portent sur la diversification et la rotation des cultures, l’agriculture de gestion durable des forêts, notamment la prise de décision participative, les conservation, l’agroforesterie, la collecte de l’eau et les petits systèmes régimes fonciers et les droits d’exploitation (des communautés autochtones en d’irrigation. particulier), les chaînes écologiquement viables de commercialisation des produits forestiers, les dispositifs de rémunération des services écologiques, l’élaboration et l’application de plans de gestion des forêts et le reboisement. xvI Fonds pour l’environnement mondial encadrÉ 3 : lA convEntIon dEs nAtIons unIEs pour lA luttE contrE lA désErtIfIcAtIon — bâtIr un pArtEnArIAt mondIAl En fAvEur dE lA gEstIon durAblE dEs sols Établie en 1994, la Convention des Nations Unies sur la lutte contre la Lors de la Conférences des Parties tenue en 2007, les pays adhérents ont adopté désertification (CNULCD) est le seul accord international juridiquement à l’unanimité le Plan-cadre stratégique décennal, qui définit un cadre d’action contraignant liant l’environnement, les questions de développement et la axé sur le renforcement de la mise en œuvre de la Convention sur la période promotion de la santé des sols. Les 194 pays signataires de la Convention, ou 2008-2018 (la Stratégie). La Stratégie a pour but de mettre en place un parte- Parties à la Convention, s’emploient à lutter contre la pauvreté dans les zones nariat mondial visant à enrayer et à prévenir la désertification et la dégra- arides, à maintenir et à rétablir la productivité des terres et à atténuer les dation des terres et à atténuer les effets de la sécheresse dans les zones effets de la sécheresse. La Convention est devenue le principal instrument de touchées afin de concourir à la réduction de la pauvreté et au respect durable l’action en faveur du développement durable. Elle repose sur une approche de l’environnement. Elle rappelle que la mission de la CNULD consiste à intégrée qui s’inscrit dans le droit fil du programme Action 21, tout en « mettre en place un cadre général destiné à favoriser, à l’échelon national et encourageant la participation de la société et le transfert de compétences régional, l’élaboration et l’application de politiques, de programmes et de scientifiques et technologiques allié à la prise en compte des savoirs mesures visant à prévenir, maîtriser et enrayer la désertification et la dégra- traditionnels. dation des terres et à atténuer les effets de la sécheresse grâce à l’excellence scientifique et technologique, à la sensibilisation du public, à la fixation de Si la Convention vise principalement les zones arides, l’importance qu’elle porte normes, à des actions de plaidoyer et à la mobilisation de ressources, de à la prévention — par la promotion de pratiques de gestion durable des sols manière à contribuer à la réduction de la pauvreté ». La Stratégie offre une — lui confère un intérêt mondial. De plus, les facteurs de désertification des occasion exceptionnelle de relever certains des défis majeurs visés à la zones arides sont les mêmes que ceux à l’origine de la dégradation des sols Convention, de mettre à profit les atouts qu’elle présente et les opportunités dans d’autres régions. L’évaluation des coûts de la protection de la remise en qu’offre l’évolution du contexte politique et financier, et de donner ainsi un état des sols et les efforts visant à améliorer les moyens de subsistance et les nouvel élan à l’action menée par l’ensemble des parties prenantes à la mise en écosystèmes dans les régions dégradées présentent donc des avantages pour œuvre de la CNULD. toutes les régions du monde. Quatre objectifs stratégiques visant des impacts à long terme ont été définis et Les Parties à la CNULD s’acquittent de leurs obligations au titre de la guideront les interventions engagées par l’ensemble des parties prenantes et Convention à titre individuel ou collectif. On attend des pays développés et des des partenaires associés la mise en œuvre de la CNULD pour concrétiser la pays affectés signataires qu’ils se consultent au sujet de leurs rôles respectifs, vision énoncée à la CNULD : processus qui peut résulter en une gestion plus globale, intégrée et participative des ressources naturelles dans les écosystèmes arides. Une fois 1) améliorer les conditions de vie des populations touchées ; qu’un programme cadre aura été élaboré, la solidarité internationale devrait 2) améliorer l’état des écosystèmes touchés ; faciliter le lancement de projets et d’activités spécifiques. Dans la mesure où les 3) dégager des avantages généraux d’une mise en œuvre efficace de la programmes doivent être adaptés au contexte régional, des prescriptions Convention ; particulières sont énoncées dans les cinq annexes relatives à la mise en œuvre 4) mobiliser des ressources en faveur de la mise œuvre de la Convention par de la Convention au niveau régional pour l’Afrique, l’Asie, l’Amérique latine et l’instauration de partenariats efficaces entre acteurs nationaux et acteurs les Caraïbes, la Méditerranée septentrionale et l’Europe centrale et orientale. internationaux. L a terre, source de vie . IntroductIon xvII Un jeune garçon observe trois personnes en train de préparer un terrain. xviii Fonds pour l’environnement mondial Sécurité alimentaire L a terre, source de vie . Sécurité alimentaire 1 Aperçu générAl L’utilisation des sols pour l’agriculture et l’élevage préoccupe plus de la moitié de la population mondiale, dont prèS de 2,5 miLLiardS de perSonneS danS LeS payS en déveLoppement qui dépendent preSqu’entièrement deS pratiqueS artiSanaLeS pour Leur SubSiStance. L a productivité soutenue des terres utilisées pour la hors Chine (14 millions d’hectares). La superficie des terres terres existantes et de diversifier l’affectation des sols de façon production végétale et animale est, par conséquent, cultivables ne devrait quasiment pas augmenter dans les à pouvoir combler des besoins de subsistance multiples. un facteur capital permettant d’assurer la sécurité régions du Proche Orient/Afrique du Nord et de l’Asie du Sud Par exemple, la présence d’arbres à forte valeur et adaptés alimentaire à l’échelle mondiale. Selon l’Organisation des et les terres arables en Chine devraient en fait diminuer. localement dans les systèmes agropastoraux et sylvopas- Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO), toraux, joue un rôle important dans la sécurité alimentaire en quelque 4,9 milliards d’hectares de terres dans le monde sont La population mondiale devant atteindre les 9 milliards ce qu’ils améliorent la qualité des sols dans les systèmes de utilisés à des fins agricoles, dont 3,4 milliards pour les d’habitants dans les décennies à venir, il sera de plus en plus production. Tirant parti des avantages qu’offrent ces arbres, pâturages et 1,5 milliard pour les cultures (terres arables et impérieux d’accroître la superficie des terres cultivées pour les agriculteurs pauvres peuvent à la fois compenser l’absence terres cultivées en permanence). Selon des estimations, ces la production d’aliments pour les humains et le bétail15. d’intrants inorganiques (engrais) et faire face aux risques liés à zones de production reculent de 5 à 10 millions d’hectares Toutefois, à terme, le manque de terres pour la production la variabilité du climat (sécheresses) qui les exposent souvent à chaque année en grande partie du fait de l’impact de la végétale et animale sera inévitable, surtout au regard des de mauvaises récoltes. De la même manière, face à un environ- dégradation des sols sur la productivité. On consacre par intérêts conflictuels suscités par le changement climatique nement et un contexte de développement en pleine mutation, conséquent de nouvelles superficies de terres à l’agriculture planétaire. Dans les pays en développement, alors que les les populations pastorales adaptent de plus en plus leurs afin de soutenir la productivité, ce qui à son tour exacerbe la intérêts commerciaux des grandes exploitations agricoles régimes de pâturage traditionnels afin d’assurer à leur bétail dégradation et la destruction des habitats naturels. prévalent de plus en plus dans le secteur agricole, les commu- un accès constant au fourrage. nautés pauvres pourraient même être davantage margina- Fondées sur un ensemble de scénarios, les projections de lisées16. L’utilisation des terres marginales pour la production En Afrique, les agriculteurs appliquent une gamme variée de l’Évaluation des écosystèmes pour le Millénaire (avec un végétale et animale prédispose de plus en plus les petits pratiques de gestion durable des sols afin de préserver le degré de certitude variant de moyen à élevé) indiquent que le exploitants agricoles à la malnutrition et à une « faim insoup- capital naturel et les services écosystémiques qui sous-tendent changement dans les modes d’utilisation des sols, lié princi- çonnée » dues à la diminution des nutriments des sols les systèmes de production végétale et animale17. Dans les palement à l’expansion des activités agricoles, restera le résultant de la surexploitation, du lessivage et de l’érosion. systèmes de production céréalière par exemple, on a recours principal facteur de changement dans les écosystèmes La lutte contre la dégradation des sols dans les systèmes de à des arbres légumineux pour leur capacité à fixer l’azote18. terrestres14. Selon la FAO, 120 millions d’hectares supplémen- production actuels est, par conséquent, un impératif mondial En effet, le système axé sur l’espèce Faidherbia albida est taires seront nécessaires d’ici à 2030 pour maintenir la si nous voulons combler les besoins alimentaires d’une aujourd’hui promu comme base d’une « agriculture toujours production alimentaire au même niveau de croissance, soit population mondiale en pleine croissance. verte » en Afrique subsaharienne19. Dans ce système, cette une hausse nette de 12,6 % — de 956 millions d’hectares au essence permet aux agriculteurs de cultiver pendant la saison cours de l’année de référence à 1 076 milliard en 2030. Sans Pour des millions de petits exploitants agricoles et pasteurs, des pluies lorsque les arbres perdent leurs fleurs [feuilles]. En surprise, l’essentiel de cette expansion attendue devrait se la gestion durable des sols est la voie qui mène à la sécurité plus de l’amélioration de la fertilité du sol, ces arbres régulent produire en Afrique subsaharienne (60 millions d’hectares), alimentaire puisque les pratiques qu’elle préconise permettent la température de ce dernier, réduisent l’érosion et apportent en Amérique latine (41 millions d’hectares) et en Asie de l’Est d’accroître la productivité des cultures et du bétail sur les de l’ombre aux populations, au bétail et aux cultures. 2 Fonds pour l’environnement mondial Des carrousels d’arrosage autopropulsés ressemblant à de gigantesques nénuphars pompent l’eau du sous-sol en Jordanie. L a terre, source de vie . Sécurité alimentaire 3 Ces bienfaits permettent aux systèmes de production d’être plus résilients, faculté qui s’avérera de plus en plus importante du fait du changement climatique. Dans les régions du monde où les pratiques agricoles modernes soutiennent la productivité, la gestion durable des sols s’attaque à des problèmes complètement différents. En Europe, en Asie et en Amérique du Nord et du Sud, l’utilisation très répandue d’engrais inorganiques et synthétiques (azotés en particulier) a permis d’accroître la production végétale et d’obtenir des rendements élevés pour faire face à la demande en fibres et aliments pour humains et animaux. Cela étant, elle s’accompagne d’un rejet involontaire d’excédents de nutriments dans la nature par le ruissellement des terres agricoles et l’écoulement des eaux usées. Dans ces systèmes à forts niveaux d’intrants, des pratiques de gestion durable des sols telles que l’agriculture sans labour et l’utilisation plus efficace des résidus des cultures améliorent la qualité des sols et réduit l’utilisation excessive d’engrais synthétiques20. Outre l’amélioration de la viabilité des systèmes de production, ces pratiques produisent aussi des effets positifs considérables sur le plan de l’environnement et du développement. Les études de cas présentées ci-dessous montrent comment la gestion durable des sols produit des effets positifs pour l’environnement et sur le plan du développement, en parti- culier pour les pauvres ruraux. Les innovations dans ce domaine permettent de s’attaquer au problème de la sécurité alimentaire en améliorant les sols en vue de la production végétale (Sénégal), en diversifiant les paysages pour la production végétale et animale (Tanzanie) et en diversifiant davantage les essences fruitières locales dans les jardins parti- culiers (divers pays). À la faveur de l’application généralisée La gestion durable des sols peut contribuer à préserver les flux de ces méthodes, la gestion durable des sols peut contribuer de services écologiques qui sous-tendent la productivité des systèmes agricoles et des parcours naturels. à soutenir le flux de services écologiques qui sous-tendent la productivité de millions d’hectares de systèmes agricoles et de parcours naturels, et ce faisant, à améliorer la sécurité alimentaire dans le monde. 4 Fonds pour l’environnement mondial Séchage de dattes dans une palmeraie au sud du Caire (Égypte), dans la vallée du Nil. L a terre, source de vie . Sécurité alimentaire 5 Vue aérienne d’un village dans le parc national du Niokola-Koba (Sénégal). 6 Fonds pour l’environnement mondial éTuDeS De CAS SénégAl amélioration de la qualité des sols en vue de la production végétale dans le bassin arachidier L e bassin arachidier du Sénégal couvre près de le projet a permis de tester l’efficacité des coques 46 367 km et abrite une population pour une 2 d’arachide avec deux cultures vivrières de base — le bonne part rurale d’environ 4 millions de millet et le maïs — qui ont produit des rendements très personnes. Depuis le début de l’ère quaternaire, les eaux élevés. Par ailleurs, l’introduction d’essences halophytes salées se sont infiltrées dans le bassin et les sécheresses (Acacia Senegal, Eucalyptus camaldulensis, Tamarix récurrentes ont fait baisser le niveau des eaux aphylla et Melaleuca) a largement contribué à améliorer souterraines. Les zones affectées (ou tanns) se sont la couverture végétale de la région. Selon une progressivement dénudées et sont devenues évaluation récente, les terres récupérées sont plus incultivables, provoquant la pauvreté, l’insécurité rentables que la production de sel. Fort de cela, le alimentaire et la migration des exploitants de terres qui principe du projet est en cours de transposition au-delà s’en est suivie. des 500 hectares de départ. Non seulement cette pratique contribue à accroître considérablement les revenus des populations locales, mais elle préserve Pour faire face à cette situation, le Gouvernement aussi les terres de production et améliore leur capacité sénégalais, en partenariat avec le PNUD et le FEM, a d’adaptation à la variabilité du climat. lancé, en 2006, le Projet de gestion et restauration des terres dégradées du bassin arachidier. Ce projet mettait l’accent sur des méthodes agronomiques et sylvopastorales de restauration des terres, notamment l’amélioration des sols grâce aux cultures pour lesquelles l’on a recours aux coques d’arachide (riches en ions de calcium et favorisant l’infiltration dans le sol) et l’introduction d’espèces adaptatives dans les zones halomorphes. Par le biais d’un processus participatif, L a terre, source de vie . Sécurité alimentaire 7 L’utilisation des terres pour l’agriculture et l’élevage occupe plus de la moitié de la population mondiale. 8 Fonds pour l’environnement mondial Récolte de tomates au Sénégal. L a terre, source de vie . Sécurité alimentaire 9 Au Kenya, des vaches masaï traversent le lac Amboseli, asséché pendant 11 mois de l’année. 10 Fonds pour l’environnement mondial éTuDeS De CAS TAnzAnie rétablissement du système traditionnel de production végétale et animale dans la région de Shinyanga S ituée dans un espace boisé peuplé de miombo les dispositifs institutionnels de gestion des ressources et d’acacias en Afrique orientale et australe, naturelles ont été abandonnés. la région de Shinyanga en Tanzanie abrite les Sukuma, une communauté agropastorale qui dépend En 1986, le gouvernement a lancé le Programme de largement de l’agriculture et de l’élevage. Cette surface préservation des sols de Shinyanga ou « HASHI » boisée fournit du fourrage pour le bétail et des aliments (acronyme du nom du projet en swahili Hifadhi Ardhi et du combustible pour les hommes. Néanmoins, elle Shinyanga). Le HASHI a entrepris de remettre au goût constitue aussi un refuge pour la mouche tsé-tsé, du jour des pratiques traditionnelles telles le Ngitili, vecteur de la trypanosomiase, une maladie parasitaire qui consiste à utiliser les réserves de fourrage dans les qui attaque le bétail et provoque la maladie du sommeil exploitations familiales pour renforcer la viabilité des chez les humains. Dans les années 1920, les autorités terrains de parcours pour les cultures et le bétail. coloniales ont entrepris de défricher ces superficies À l’aide de diverses approches, le HASHI a permis pour éliminer la mouche tsé-tsé et créer de l’espace d’informer les populations locales sur les modes pour des cultures de rente telles que le coton. Pendant d’utilisation des sols envisageables et d’encourager des décennies, le défrichement de vastes superficies leur participation à l’initiative. Les populations ont boisées a donné lieu à un paysage quasi-désertique également été formées à une gamme variée de dans toute la région. Parallèlement, l’augmentation de pratiques de gestion durable des sols, apprenant Deux jeunes agropasteurs. la population et du cheptel a renforcé la pression notamment comment protéger le Ngitili, déterminer exercée sur les ressources naturelles pour la collecte de les essences à planter dans leurs parcelles boisées et bois de chauffage, l’aménagement de terres cultivables améliorer la fertilité des sols. Au départ, le projet n’avait et la production de fourrage. En outre, les autorités ont recensé que 600 hectares de surfaces soumises au restaurer jusqu’à 500 000 hectares de terres dégradées. déplacé des familles vers des établissements nouvel- Ngitili, mais à la fin des années 1990, cette pratique La stabilité accrue de la production végétale et animale lement créés aux dépens de leurs fermes tradition- couvrait une superficie de quelque 78 000 hectares. va de pair avec l’amélioration de la biodiversité nelles. Par conséquent, les pratiques traditionnelles et Son application généralisée a depuis lors permis de naturelle et la fixation du carbone. L a terre, source de vie . Sécurité alimentaire 11 Un garçon kenyan fait paître son troupeau. 12 Fonds pour l’environnement mondial L a terre, source de vie . Sécurité alimentaire 13 Un marché flottant à Bangkok, Thaïlande. 14 Fonds pour l’environnement mondial éTuDeS De CAS inDe ThAïlAnDe MAlAiSie inDonéSie promotion de la diversité d’essences fruitières locales dans les jardins familiaux L’ Inde, l’Indonésie, la Malaisie et la Thaïlande d’évaluation systématique et de collecte des connais- des acteurs locaux, nationaux et régionaux à assurer le abritent quatre genres d’arbres fruitiers sances locales et traditionnelles ; exploitation inappro- suivi et à obtenir l’appui des pouvoirs publics. À ce tropicaux : Citrus (agrumes), Mangifera priée des diverses espèces existantes, et manque de jour, tous les pays ont recensé un ensemble de (mangues), Nephelium (ramboutans) et Garcinia capacité des agriculteurs, des groupes d’exploitants et génotypes uniques et de grande valeur dans (mangoustans). Les fruits qu’ils produisent, appréciés des institutions rurales à appliquer les bonnes pratiques des jardins familiaux, lesquels rapportent pour la panoplie de bienfaits qu’ils procurent et à rallier les autres intervenants de la filière pour des gains aux agriculteurs qui les notamment sur les plans nutritionnels et sanitaires, fournir des incitations aux gardiens de ces ressources. conservent. De plus, 23 méthodes constituent un aspect important de la culture asiatique. éprouvées de préservation Ces arbres fruitiers sont cependant menacés par le recul Ces pays travaillent ensemble à la faveur d’un projet de la biodiversité ciblée alarmant de la biodiversité dû à trois facteurs : défaut FEM/PNUE intitulé Préservation et utilisation durable de ont été appliquées par la diversité des espèces domestiquées et sauvages de 36 collectivités et fruits tropicaux par la promotion de moyens de subsis- 150 participants ont tance viables, de la sécurité alimentaire et des services également été formés au écologiques. Ce projet vise à renforcer la capacité des niveau national pour agriculteurs et des institutions à appliquer la gestion de renforcer les aptitudes du proximité de la diversité des arbres fruitiers locaux dans personnel opérationnel à appliquer les bonnes les jardins familiaux et à renforcer la préservation in situ pratiques qui favorisent la conservation et de leurs parents sauvages dans les forêts. Pour y améliorent les moyens de subsistance. parvenir, le projet aide à recueillir les connaissances disponibles sur la diversité et les renseignements connexes, à déterminer et à promouvoir les bonnes pratiques, à améliorer les moyens de subsistance des agriculteurs qui préservent les ressources génétiques des arbres fruitiers tropicaux, à renforcer la capacité La récolte de fruits tropicaux d’un projet PNUD-FEM. L a terre, source de vie . Sécurité alimentaire 15 Les mangues sont appréciées en Inde pour leurs nombreuses vertus. 16 Fonds pour l’environnement mondial Un verger de manguiers dans un village au nord de Calcutta (Inde). L a terre, source de vie . Sécurité alimentaire 17 18 Fonds pour l’environnement mondial Moyens de subsistance L a terre, source de vie . Moyens de subsistance 19 Aperçu générAl La gestion durable des sols est une question de survie pour les pauvres, estimés à plus d’un milliard de personnes dans le monde Qu’iL s’agisse d’espèces sauvages, de pLantes cuLtivées ou de ressources zoogénétiQues, La terre offre d’iMportants Moyens de subsistance. outre Les aLiMents et d’autres produits destinés à La consoMMation, Les ressources terrestres fournissent une grande variété de produits natureLs coMMerciaLisabLes Qui génèrent des revenus considérabLes. L a gestion durable des sols permet d’atténuer les La superficie sur laquelle se pratique l’agroforesterie exploités dans des zones de production. Le karité, que l’on ne menaces qui appauvrissent ces ressources que cultiva- augmente sans cesse22. Près de la moitié des terres agricoles trouve que sur des terres arides, fournit de la matière teurs et populations pastorales ont mises en valeur au de la planète sont désormais recouvertes à plus de 10 % par première à la médecine, et génère chaque année 10 millions fil du temps pour les systèmes de production. un manteau forestier, les arbres occupant en moyenne plus de dollars sur le marché international pour les secteurs cosmé- de 30 % des terres agricoles dans certaines régions. tique et chocolatier. Le safoutier et le bitter kola sont tous La disponibilité et l’accessibilité des terres productives influent deux exploités en champ dans une démarche de domesti- grandement sur la capacité des populations pauvres à Bien que diversifiées, les pratiques agroforestières supposent cation, ce qui permet aux cultivateurs d’en extraire toutes les exploiter et gérer durablement leurs moyens de subsistance. essentiellement d’associer les arbres aux cultures et/ou au ressources génétiques qui les intéressent. La domestication Dans les systèmes de production terrestres, l’arboriculture bétail pour améliorer le système de production et créer à des arbres est une technique largement utilisée dans le permet aux petits exploitants d’accéder à la terre. Dans toute terme d’autres moyens de subsistance. Comme on l’a vu au monde en développement. Elle joue un rôle important pour la l’Afrique subsaharienne par exemple, cultivateurs et agropas- chapitre 1, la gestion durable des sols par l’agroforesterie subsistance car elle constitue un processus itératif qui renforce teurs plantent des arbres autour de leurs propriétés et sur contribue à renforcer la structure du sol et à accroître l’infil- les producteurs et conduit à la viabilité des exploitations23. leurs exploitations pour accroître leur gagne-pain. En tration de l’eau, ainsi que la teneur du sol en matières exploitant le capital naturel présent sur les terres productives organiques et en azote ; elle fournit également des produits Dans les zones tropicales humides, les systèmes agroforestiers sous forme d’arbres utiles, les petits producteurs peuvent utiles pour la subsistance (grumes, bois de chauffe, fourrage, complexes sont des formes importantes de GDS qui transformer les espaces aménagés en moyens de lutte contre etc.). En tant que bien de production pour les populations impliquent de planter des arbres de grande valeur dans des la pauvreté. rurales pauvres, les arbres offrent une grande opportunité de formations végétales de type forestier24. Des « jungle rubber » transformer des millions d’hectares de zones de production (hévéa de la jungle) d’Asie du Sud-est aux « Chagga home Selon l’Évaluation internationale des connaissances, des par la GDS. gardens » (vergers des Chagga) d’Afrique de l’Est, les petits sciences et des technologies agricoles pour le dévelop- producteurs utilisent ces systèmes de façon intensive pour pement21 (IAASTD), environ 1,2 milliard de personnes dans le Les petits producteurs exploitent généralement des arbres de créer des moyens de subsistance et profiter des multiples monde plantent des arbres dans des exploitations agricoles. grande valeur — qui fournissent des fruits, des noix et du latex services qu’ils offrent. Les arbres créent plusieurs strates, Cette pratique communément appelée « agroforesterie » par exemple — dans les zones de production pour en tirer un générant une panoplie de produits importants pour les occupe actuellement quelque 7,8 millions d’hectares de terres revenu. En Afrique centrale et de l’Ouest, on peut citer le agriculteurs. — 5,9 millions en Afrique centrale et de l’Ouest, 1,2 million en karité (Vitellaria paradoxa), le safoutier (Dacroydes edulis) et le Asie, et 0,7 million en Amérique latine et centrale. « bitter kola » (Garcinia cola), qui sont tous plantés et 20 Fonds pour l’environnement mondial Cette structure de type forestier, qui recouvre des centaines de milliers d’hectares en Asie et en Afrique, contribue à la préservation de la biodiversité locale. Pourtant, même si la structure et la diversité des agroforêts offrent une chance unique de promouvoir une agriculture multifonctionnelle25 par la GDS, ces systèmes sont de plus en plus menacés par la monoculture à grande échelle. Les études de cas ci-après montrent comment la GDS participe à la création de moyens d’existence et de sources de revenus pour les utilisateurs de la terre (effets positifs sur le plan du développement) tout en améliorant et en préservant les services écologiques (effets positifs pour l’environnement) dans les zones de production, les bassins hydrographiques et les habitats naturels. Elles portent sur une gamme variée de ressources naturelles et de pratiques — systèmes arboricoles dans les paysages agropastoraux (Burkina Faso), plantes ornementales dans des zones arides (Namibie), terres agricoles entretenues par la régénération naturelle assistée (Niger) et diversification des moyens d’existence dans des bassins hydrographiques fragiles (Tadjikistan) et dans un écosystème aux caractéristiques biologiques uniques (Brésil). Récoltes au Pérou. L a terre, source de vie . Moyens de subsistance 21 Un « barrage vert » à Hassi Bahbah (Algérie). 22 Fonds pour l’environnement mondial L a terre, source de vie . Moyens de subsistance 23 Distribution de pousses d’arbres à des écoliers burkinabés. 24 Fonds pour l’environnement mondial éTuDes De CAs BurkinA FAso L’arboriculture pour diversifier les moyens de subsistance L e Burkina Faso considère la dégradation des systèmes d’agroforesterie. Par la GDS, le projet a aidé sols et la désertification comme les principaux les populations à créer des moyens de subsistance problèmes qui se posent à son économie importants qui ont aussi des effets positifs pour rurale. Pour y faire face, le gouvernement a entrepris l’environnement, notamment : 56,5 km de haies vives de mettre au point des approches novatrices pour la composées d’arbres de grande valeur (comme le prise en compte des besoins environnementaux et Jatropha) plantés tout autour des exploitations ; des moyens de subsistance à une échelle appropriée. 249 hectares de vergers ; 505 hectares de zones de Le projet de gestion intégrée des écosystèmes des régénération naturelle assistée ; et 7 500 hectares de plaines et des bas-fonds du Sahel (SILEM) a été conçu forêts naturelles délimitées à des fins de conservation. à titre expérimental pour démontrer comment les En plus des interventions de GDS sur les plans communautés peuvent améliorer, à long terme, le biophysiques et environnementaux, cette approche potentiel de production des ressources rurales de gestion intégrée des écosystèmes englobait des (naturelles, physiques, humaines et financières) dans composantes sociales, institutionnelles, et une axée les bassins hydrographiques. Au total, sur les moyens de subsistance. Cela s’est reflété dans 662 129 habitants y ont participé, représentant la formulation des règlements de l’utilisation des sols, 15 communes rurales, 158 villages et une superficie la traduction de ces règles en conventions écrites de 36 millions d’hectares (13,4 % du pays). indications physiques et délimitations et des mécanismes de mise en application avec des gardes Se fondant sur les priorités établies par les villages, locaux et des groupes de protection. Cette le projet SILEM a permis d’améliorer les pratiques dynamique a largement contribué à renforcer existantes en matière d’utilisation des sols, ainsi l’appropriation du projet par les populations, et qu’une panoplie de solutions novatrices de promouvoir la viabilité des moyens de subsistance conservation des sols, de méthodes culturales et de dans les zones rurales. L a terre, source de vie . Moyens de subsistance 25 26 Fonds pour l’environnement mondial Au Burkina Faso, des élèves participent à la journée nationale de l’arbre. L a terre, source de vie . Moyens de subsistance 27 Des enfants se protègent du froid à l’aube. 28 Fonds pour l’environnement mondial éTuDes De CAs nAMiBie Les plantes ornementales comme moyens de subsistance d ans trois sites de préservation de la biodiversité Eiphorbia, Euclea et Pachypodium). Certaines de ces de la région de Kunene en Namibie — Sorri- essences étant protégées, le ministère de Sorris, Doro Nawas et Huab — les activités de l’Environnement et du Tourisme leur a délivré des subsistance tournent autour de la gestion des espèces permis pour l’exploitation des pépinières, et la National sauvages et de l’élevage. Au fil des ans, l’absence Botanical Research Institute (Institut national de d’autres activités économiques a accru les pressions recherche botanique) les a formés en culture et exercées sur les ressources naturelles. Dans le cadre traitement des arbres. En 2010, plus de 3 000 arbres du Programme de partenariat pilote pour une gestion provenant de ces pépinières ont été vendus sur des intégrée et durable des sols établi avec le pays, le marchés privés, pour un montant de 5 000 dollars. Gouvernement namibien a mis au point un projet de La même année, la National Botanical Society of pépinières de plantes ornementales pour soutenir le Namibia (Société nationale de botanique) a développement économique en milieu rural en récompensé ce projet pour la promotion de la diversifiant les moyens de subsistance dans les trois préservation des arbres indigènes et de nouveaux sites de préservation de la biodiversité. Ce projet moyens de subsistance durables. Dans un souci de conjoint PNUD/FEM a permis de créer des entreprises viabilité, les pépinières ont été prises en compte dans viables pour les populations locales dans la filière des les activités d’aménagement des sites de préservation plantes ornementales qui poussent naturellement dans de la biodiversité et sont exploitées suivant une la région. approche paysagère. La culture de plantes indigènes pour la promotion de la GDS et du développement Quinze ménages ont établi des pépinières de plantes rural est en train de réduire les niveaux d’extraction et ornementales comprenant surtout des arbres indigènes d’exploitation des ressources naturelles, tout en créant et des plantes grasses (Acacia, Cammiphora, Moringa, de nouveaux moyens de subsistance. L a terre, source de vie . Moyens de subsistance 29 La Namibie s’efforce de promouvoir la préservation des espèces locales de plantes et d’arbres. 30 Fonds pour l’environnement mondial L a terre, source de vie . Moyens de subsistance 31 Un village près de Tahoua (Niger). 32 Fonds pour l’environnement mondial éTuDes De CAs niger amélioration des moyens de subsistance par la régénération naturelle assistée t out comme d’autres pays sahéliens, la assistée (RNA) suppose de protéger activement la essentiellement à la « régénération naturelle assistée » République du Niger a connu plusieurs végétation ligneuse naturelle présente sur les terres d’arbres dans des zones densément peuplées où se sécheresses graves pendant les années 70 et 80. agricoles pour préserver les services écologiques qui pratique une activité agricole intense. La diversification Ces épisodes climatiques extrêmes ont eu un impact sous-tendent les moyens de subsistance des ménages. des terres agricoles a permis de créer d’autres moyens négatif sur les systèmes de production, entraînant une de subsistance pour les petits exploitants, augmentant grave insécurité alimentaire pour les cultivateurs et les La RNA a réussi à reverdir la majeure partie du pays et ainsi le revenu des ménages. Cette transformation populations pastorales. Face à cette situation, le à accroître la disponibilité des ressources forestières extraordinaire est le résultat combiné de politiques Gouvernement nigérien a collaboré avec des pays et et arboricoles sur de vastes superficies. De récentes publiques favorables, d’innovations institutionnelles des institutions partenaires sur des projets de études montrent que les peuplements forestiers se introduites dans les villages et des changements développement novateurs, et sur la réforme des sont considérablement densifiés et diversifiés dans les réussis des pratiques agricoles. Des institutions politiques environnementales. Par exemple, les petits exploitations agricoles au cours des trois dernières internationales surveillent en permanence ces exploitants ont préservé les sols, l’eau et le couvert décennies. Dans les régions de Zinder et de Maradi changements environnementaux positifs confirmés végétal pour améliorer la production végétale et par exemple, plus de 4,8 millions d’hectares de terres par des images satellitaires. animale. Cette pratique dite de régénération naturelle sont plus verts aujourd’hui qu’il y a 20 ans, grâce L a terre, source de vie . Moyens de subsistance 33 Un éleveur malien surveille son troupeau. 34 Fonds pour l’environnement mondial Des femmes maliennes travaillent leur jardin dans le delta intérieur du Niger. L a terre, source de vie . Moyens de subsistance 35 Deux générations d’agriculteurs au Tadjikistan. 36 Fonds pour l’environnement mondial éTuDes De CAs TADjikisTAn diversification des moyens de subsistance et gestion des bassins hydrographiques L es agriculteurs du Tadjikistan, dont le relief est diversification des cultures, l’horticulture, la gestion des majoritairement montagneux, sont confrontés terrains de parcours, l’apiculture, l’agro-industrie, les à divers problèmes : dégradation des sols, peuplements forestiers et l’approvisionnement en eau précarité des droits fonciers, absence de financements, potable. capacités limitées et prééminence de la production cotonnière dans les plaines. Tous ces facteurs La prise en compte des aspects environnementaux, empêchent les agroécosystèmes montagneux d’offrir économiques et sociaux est essentielle. Dans les des services écologiques et des moyens de exploitations horticoles par exemple — près d’un subsistances productifs aux populations. Pour remédier million d’arbres fruitiers et d’arbres à noix sur plus de à cette situation, le projet Agriculture villageoise et 2 500 hectares de terres — on trouve des parcelles gestion des bassins hydrographiques financé par la disposées en terrasses, des systèmes de cultures Banque mondiale et le FEM aide les populations rurales intercalaires pour générer un revenu initial, des dans quatre bassins hydrographiques à accroître leur méthodes de fertilisation des sols, des dispositifs visant L’amélioration de la gestion des terres permet de mieux protéger les sols et l’eau. productivité agricole et leurs revenus d’une manière à garantir les droits d’usage, et des mécanismes de écologiquement rationnelle. Les partenariats conclus partage équitable des revenus entre participants. À ce entre le gouvernement et des organisations de la jour, plus de 43 000 ménages (230 000 personnes, dont société civile ont permis à ces populations de concevoir 40 % de femmes) dans 402 villages ont bénéficié de ce et d’exécuter environ 4 000 projets de projet, de nombreux ménages recevant chaque année du projet, la National Academy of Sciences (Académie microfinancement portant sur la productivité agricole, la un revenu supplémentaire de 100 à 300 dollars. nationale des sciences) a aussi recensé et décrit gestion durable des sols et l’infrastructure rurale. Entre De meilleurs modes de gestion des sols ont permis 425 espèces végétales rares et menacées dans les autres secteurs d’intervention ayant bénéficié d’accroître le couvert végétal et de préserver les sols et bassins hydrographiques, qui sont désormais d’investissements populaires, on peut citer la l’eau sur plus de 95 000 hectares de terres. Avec l’appui conservées en champ ou ex situ. L a terre, source de vie . Moyens de subsistance 37 Apiculture au Tadjikistan 38 Fonds pour l’environnement mondial Exploitation horticole au Tadjikistan. L a terre, source de vie . Moyens de subsistance 39 Déforestation en Amazonie, Mato Grosso (Brésil). 40 Fonds pour l’environnement mondial éTuDes De CAs Brésil accroître les moyens de subsistance pour préserver l’écosystème fragile de la caatinga L a région de Sertão au nord-est du Brésil a une Pour s’attaquer à ces problèmes, le Gouvernement superficie de près d’un million de km², qui brésilien s’est inspiré de l’expérience du projet de comprend le biome de la caatinga, un développement durable à l’intention des colonies écosystème exceptionnellement riche en espèces issues de la réforme agraire dans la zone semi-aride de endémiques. Bien qu’il soit reconnu comme un habitat la région du Nord-est — Projet Dom Hélder Câmara important pour la biodiversité terrestre, cet écosystème (DHCP). En ajoutant une dimension environnementale est de plus en plus menacé par la dégradation des sols transversale au projet FIDA/FEM de gestion durable et la désertification en raison d’une diversité de des sols dans la région semi-aride de Sertão, le but visé facteurs : appauvrissement de la végétation utilisée était de créer un modèle de lutte contre la dégradation pour la production de bois de chauffe, pratiques des sols dans l’écosystème de la caatinga par la GDS. culturales peu rationnelles, surpâturage, érosion du sol, Il en a résulté une approche intégrée qui a conduit à déboisement par de petits exploitants agricoles et des l’adoption de méthodes culturales et de pratiques éleveurs, et méthodes d’irrigation non viables. Le d’élevage agroécologiques, de systèmes d’irrigation déboisement a appauvri les stocks de carbone, plus rationnels et d’autres solutions pour accroître la perturbé les cours d’eau et pollué les sources fertilité du sol. En conséquence, le biome de la d’approvisionnement en eau. On estime à 20 % la caatinga et les services écologiques qu’il procure, superficie de la région affectée, ce qui compromet les notamment le stockage de carbone, sont de mieux en moyens d’existence d’environ 15 millions de personnes. mieux préservés. L a terre, source de vie . Moyens de subsistance 41 Ramassage de pommes de terre dans le nord-est du Brésil. 42 Fonds pour l’environnement mondial La gestion durable des sols contribue à atténuer les menaces qui pèsent sur les moyens de subsistance des fermiers et des éleveurs. L a terre, source de vie . Moyens de subsistance 43 Mangroves sur le fleuve Saloum au Sénégal. 44 Fonds pour l’environnement mondial Préservation des ressources en eau L a terre, source de vie . Préservation des ressources en eau 45 Aperçu générAl Les liens entre le sol, l’eau et leurs conséquences pour les populations sont à la fois simples et complexes. PLus De 1,8 miLLiarD De Personnes vivent Dans Des zones sujettes à La DégraDation Des terres et à Des Pénuries D’eau, où Le niveau réDuit Des services écoLogiques affecte Les moyens De subsistance et La ProDuction aLimentaire D e nombreux problèmes se posent dans ces zones vulnérables, parmi lesquels l’excès ou l’insuffisance de pluies et des températures élevées. Les formes de dégradation les plus courantes sont le tarissement des nappes phréatiques, la salinisation, l’appauvrissement des nombreux cas toutefois, les modes de production utilisés sont inappropriés pour le sol, la pente et le type de climat. À titre d’exemple, dans plusieurs bassins versants du lac victoria, les modes d’utilisation des terres appliqués par les petits exploitants agricoles contribuent considérablement Les systèmes de petite irrigation existent dans de nombreuses régions. Pris individuellement, ils peuvent ne pas servir à un très grand nombre de personnes ou aider à produire de grandes quantités d’aliments ou autres cultures, mais ils restent un élément de survie majeur des sols en éléments nutritifs, la pollution, la disparition du à l’érosion massive du sol et à l’envasement qui s’ensuit du populations vivant dans les zones arides. ces systèmes se couvert végétal et l’érosion éolienne. ces processus lac et des marécages. développent le long de cours d’eau pérennes et autour interviennent différemment en fonction des d’oasis. ils peuvent aussi être construits là où l’irrigation de caractéristiques du sol, du climat et des modes de gestion L’agriculture est en fait le plus important utilisateur d’eau crue ou par submersion est possible, ainsi qu’autour de des sols. La pauvreté rurale et la malnutrition sont douce26 et une des principales causes de la dégradation puits artésiens. ces lieux (où l’eau est disponible) également plus prononcées dans ces zones. des ressources en eau de surface en raison de l’érosion et constituant toujours un centre d’activité socioéconomique, de l’écoulement de substances chimiques. Les systèmes les propriétaires de bétail et les agriculteurs se disputent L’incidence croissante des variations climatiques, de même d’irrigation sont bien développés dans certaines zones de plus en plus les modestes ressources en eau. étant que l’impact d’une population en plein essor sur les humides telles que l’asie du sud-est, où la Gds joue un donné qu’une gestion efficace de l’eau protège les terres ressources en terre et en eau, peut accroître la vulnérabilité rôle crucial dans la régulation des débits fluviaux, de la salinisation et de l’engorgement hydrique, la Gds des agriculteurs pauvres, ce qui peut par la suite entraîner notamment en établissant des liens avec les écosystèmes pour sa part vise à réduire la nappe d’eau, l’écoulement de une surexploitation (coupe de bois, défrichement, forestiers. sur l’île de Bali en indonésie, l’irrigation ne fait substances chimiques et l’érosion dans les régions où surpâturage) et un appauvrissement accru du couvert pas qu’apporter de l’eau aux racines des plantes, elle aide l’agriculture irriguée est prédominante. dans certaines végétal, avec des conséquences à long terme dans le également à créer un écosystème artificiel complexe27. régions, où l’irrigation extensive épuise les nappes bassin hydrographique. La gestion des sols et de l’eau dans dans cette approche traditionnelle de la gestion de l’eau phréatiques, la Gds peut aider à les recharger grâce à des le bassin hydrographique est cruciale dans la réduction de appelée subak, les champs de paddy sont construits autour techniques innovantes qui favorisent l’infiltration et l’érosion sur les pentes et des risques de sédimentation de temples d’eau et un prêtre assure la répartition de réduisent le ruissellement des eaux et les déchets, mais dans les lacs, les fleuves et les zones humides. dans de la ressource. aussi protègent les aquifères comme les zones humides. 46 Fonds pour l’environnement mondial Un village du Bénin ayant accès à l’eau propre et potable. L a terre, source de vie . Préservation des ressources en eau 47 Plus de 90 % des terres affectées à l’agriculture dans les pays La pluie étant l’une des principales sources d’eau dans les en développement sont cultivées en pluvial. dans les régions zones arides d’afrique, l’eau collectée à des fins agricoles, humides et subhumides, où l’agriculture est généralement domestiques ou d’élevage provient, depuis des siècles, des tributaire des pluies, la lutte contre de l’érosion et pluies, de la rosée, du ruissellement ou de cours d’eau l’agroforesterie représentent des solutions importantes pour éphémères. selon le niveau de collecte d’eau, il existe améliorer la gestion des sols et de l’eau. dans ces systèmes, plusieurs options possibles pour maximiser l’efficacité dans la Gds prend en compte le ruissellement des eaux de sorte à le domaine agricole. Les agriculteurs peuvent soit utiliser éviter le départ de sédiments, améliorer l’absorption des immédiatement les eaux de pluie récupérées dans les petits eaux de pluie et le stockage de matières organiques, et bassins de réception, soit utiliser ou stocker les eaux de concentrer les apports en nutriments éventuels pour les ruissellement provenant de systèmes hydrographiques cultures. À plus d’un titre, le succès des modes de Gds importants et les eaux de crue. utilisés dans les systèmes irrigués et non irrigués repose sur la capacité à concevoir et à appliquer des techniques fondées Le succès et la viabilité de ces options dépend de la sur des options d’utilisation des terres et de gestion intégrée disponibilité de la main d’œuvre, mais aussi du cadre du des ressources en eau. il a été prouvé que diverses pratiques régime foncier qui est souvent complexe. dans les systèmes culturales aident à réguler les débits fluviaux, réduire l’érosion agropastoraux, par exemple, la législation moderne (droits) et améliorer le rendement. Les digues en pierres, les coexiste avec les pratiques coutumières, avec des conflits diguettes en terre, les trous creusés dans le sol et les sempiternels entre cultivateurs et éleveurs. La Gds associe terrasses, par exemple, continuent d’améliorer la productivité les acteurs concernés et leur donne les moyens de trouver des sols et la gestion de l’eau ; la hauteur des diguettes en des solutions. La Gds tient compte des préoccupations pierres dépend de la disponibilité de pierres et de la locales concernant le régime foncier et les droits d’usage. profondeur du sol. Les formules de gestion intégrée des ressources en eau, axées sur la collaboration intersectorielle, facilitent dans les milieux arides et semi-arides, la priorité va à également les rapports entre les exploitants des terres en l’amélioration de la fertilité du sol et à la lutte contre l’érosion. aval et en amont, à l’échelle voulue. dans les zones arides d’afrique, les agriculteurs ont recours à une large palette de techniques de gestion des sols et de Les études de cas qui suivent montrent comment les l’eau pour cultiver des céréales telles que le millet et le innovations en matière de Gds peuvent accroître la sorgho. Les cordons pierreux ralentissent le flux des eaux de disponibilité et l’accessibilité des ressources en eau (effets pluie, facilitent l’infiltration de l’eau et retiennent les positifs sur le plan du développement) et réduire la fragments organiques et les particules de sol fines qui, à sédimentation, la salinisation et les déchets tout en terme, augmentent la fertilité du sol. Partant de ce même préservant les flux écologiques dans les systèmes (effets principe, les agriculteurs au Burkina Faso et au Mali creusent positifs pour l’environnement). ces cas portent sur la des trous ou cuvettes appelés « zaï » ou « tassa ». Les zaï, qui collecte des eaux pluviales à petite échelle (Namibie), la font 20 à 40 cm de diamètre et 10 à 15 cm de profondeur, sont réutilisation des eaux usées (Italie), la gestion intégrée des destinés à recueillir de l’eau, de la matière organique et du eaux de crue (Iran), la gestion de bassins hydrographiques fumier. Les agriculteurs creusent 10 000 à 15 000 de ces trous pour réduire la sédimentation en aval (Turquie) et la Plus de 1,8 milliard de personnes vivent dans des zones par hectare en fonction de la plante cultivée. des formes protection des châteaux d’eau que sont les montagnes où la pénurie d’eau se fait souvent sentir. variantes de cette technique, telles que la « demi-lune » au (Asie centrale). niger, sont couramment utilisées dans la sous-région. 48 Fonds pour l’environnement mondial La pluie est une importante source d’eau dans les zones arides d’Afrique. L a terre, source de vie . Préservation des ressources en eau 49 Dépôt de sel sur les rives d’un lac du parc national d’Etosha (Namibie). 50 Fonds pour l’environnement mondial éTuDeS De CAS nAmibie amélioration des moyens de subsistance par la collecte des eaux de pluie dans les zones arides L es régions du centre-nord de la namibie (ohangwena, omusati, oshana et oshikok) sont confrontées à l’insuffisance de l’eau destinée à des usages domestiques et agricoles. Les populations — en particulier les femmes — doivent par conséquent parcourir des kilomètres à la recherche de cette ressource. dans le cadre du Programme de partenariat national établi avec le Pnud et le FeM, le Gouvernement namibien a mis en place un projet d’adaptation au changement climatique axé sur la collecte d’eau. Grâce à ce projet, 70 réservoirs d’eau d’une capacité cumulée de 250 000 litres ont été distribués à des ménages, des écoles et des hôpitaux dans la région d’omusati. Les eaux pluviales, récupérées dans les réservoirs par des gouttières, peuvent être utilisées à des fins domestiques ou agricoles. outre les réservoirs, le projet a permis de creuser une Des potagers ont été aménagés dans les écoles de Namibie. retenue multifonctionnelle en terre de 6 000 m3 qui recueille les eaux d’étangs naturels destinées à aide à améliorer la condition du bétail. non seulement dans le cadre de leur programme d’études, l’élevage. ce système de stockage est la seule source le système de collecte d’eau permet de préserver 15 établissements scolaires bénéficiant de cette d’eau pendant les saisons sèches. cinquante-six efficacement la ressource, il aide aussi à améliorer les initiative ont cultivé des jardins et créé des clubs agriculteurs tirent parti de la retenue en terre, ce qui conditions de vie des collectivités à travers la région : scolaires pour la protection de l’environnement. L a terre, source de vie . Préservation des ressources en eau 51 Eau tirée d’un puits de forage près de Juba (Soudan du Sud). 52 Fonds pour l’environnement mondial Corvée d’eau au Nigéria. Un troupeau à l’abreuvoir au Kenya. Corvée d’eau au Kenya. L a terre, source de vie . Préservation des ressources en eau 53 Langue de glacier dans le massif de Sary-Jaz (Kirghizistan). 54 Fonds pour l’environnement mondial éTuDeS De CAS kirghizSTAn TADjikiSTAn Protection des châteaux d’eau transfrontières en asie centrale L e projet PaLM, une initiative des Gouvernements ces enseignements, parallèlement à la formation, tadjik et kirghize bénéficiant de l’appui du Pnue contribuent à renforcer la capacité à appliquer la Gds et du FeM, s’attaque aux problèmes intercon- au sein d’organismes publics et privés, d’institutions de nectés de la dégradation des sols et de la pauvreté recherche et d’organismes de services-conseils, et des dans l’un des châteaux d’eau naturels cruciaux et dans collectivités montagneuses elles-mêmes. des écosystèmes ultrasensibles d’asie centrale que sont le Haut Pamir et le Pamir-alaï. en aidant à renforcer les L’approche participative, les nouveaux partenariats et la dispositifs technologiques, institutionnels, stratégiques prise en compte systématique de la Gds donnent déjà et législatifs, le projet permet aux populations monta- des résultats susceptibles de mobiliser des ressources gneuses des deux pays de prendre en mains la gestion additionnelles pour une poursuite de l’initiative à une de leurs propres ressources. plus grande échelle dans la région du Pamir-alaï, ainsi que dans d’autres paysages montagneux transfrontières Les deux pays ont approuvé une stratégie et un plan en asie centrale. outre les effets positifs pour l’environ- d’action à caractère régional pour la Gds, fruit de nement des montagnes du Pamir-alaï, qui ont une consultations élargies et participatives. Pour garantir portée mondiale, le projet est devenu une référence en le succès de la stratégie, la collectivité évalue les matière de lutte contre la dégradation des sols dans ressources et l’affectation des terres et met en œuvre, des milieux similaires. dans certaines zones particulièrement menacées, des microprojets destinés à rétablir et renforcer les fonctions productives et protectrices des sols. La recherche appliquée à divers domaines, dont la Gds, les énergies renouvelables et la bioénergie et la gestion des pâturages et des terres, permet de fournir des conseils pratiques tant aux collectivités qu’aux autorités. L a terre, source de vie . Préservation des ressources en eau 55 Un yack sort du lac Karakul dans lequel se reflètent les monts du Pamir. 56 Fonds pour l’environnement mondial Des fermiers utilisent leurs vaches pour battre le blé au Tadjikistan. L a terre, source de vie . Préservation des ressources en eau 57 58 Fonds pour l’environnement mondial éTuDeS De CAS république iSlAmique D’irAn systèmes intégrés d’épandage des eaux de crue dans la plaine de gareh bygone P endant les années 1930, les pasteurs nomades Face à cette situation, le Gouvernement iranien a maintenant accès à une eau saine. outre l’eau étaient contraints de s’installer dans la plaine du élaboré un plan pour les systèmes intégrés d’épandage d’irrigation destinée à 451 hectares de terres agricoles Gareh Bygone, à quelque 200 kilomètres de des eaux de crue afin de combattre la désertification en totalement défrichées, le système a aidé à accroître chiraz dans le sud de l’iran. cette politique a donné coopération avec le groupe en charge de l’épandage l’humidité du sol et le niveau des eaux souterraines lieu au surpâturage, à la récolte de bois de chauffe et des eaux de crue de l’institut de recherche et dans les terres agricoles abandonnées, les rendant au recours à des technologies inappropriées pour l’organisation chargée de la gestion des forêts, des cultivables à nouveau et augmentant de ce fait la l’utilisation des terres telles que les charrues et les pâturages et des bassins hydrographiques de l’iran. productivité agricole. sur les terrains de parcours, la pompes, qui, à terme, ont provoqué la dégradation s’appuyant sur des méthodes traditionnelles pratiquées production moyenne annuelle de fourrage a quintuplé, de 6 000 hectares de formation arbustive dans cet depuis des millénaires dans différentes parties du pays, se chiffrant à 445 kilogrammes/hectare. Le dépôt de écosystème aride et fragile. en 12 ans, le plan d’eau a le projet a aidé à épandre les eaux de crue pour arroser particules fines de sédiments dans les systèmes de baissé de 10 mètres, pour se situer presqu’au niveau de davantage les sols et recharger les aquifères par des production a converti le sable limoneux en limon la roche-mère. L’intrusion d’eau salée dans l’aquifère a procédés artificiels afin de soutenir l’agriculture, les sableux, lequel est indiqué pour la culture de céréales à ajouté à la pénurie d’eau et le sol a été endommagé du terrains de parcours et la gestion durable des petits grains. fait de l’érosion par les eaux salines ; ce qui a aggravé la ressources naturelles. en conséquence, entre 1983 et désertification. ces conditions environnementales ont 1987, 1 365 hectares de la plaine ont été réhabilités, ce contraint quelque 500 personnes à se réfugier hors de qui a multiplié par huit la superficie des terres agricoles la plaine. irriguées. Quelque 2 500 villageois et 500 nomades ont L a terre, source de vie . Préservation des ressources en eau 59 60 Fonds pour l’environnement mondial Une chaîne de « géants endormis » en Iran. L a terre, source de vie . Préservation des ressources en eau 61 Les collines ondulées de Toscane (Italie). 62 Fonds pour l’environnement mondial éTuDeS De CAS iTAlie réutilisation des eaux usées pour la production et les terrains de loisirs o stuni, une ville de la région d’apulie dans le sud de l’italie, a un climat de type semi-aride méditerranéen. si les oliviers, les vignobles et les cultures arables dominent l’économie, le tourisme pour sa part constitue également une importante source de revenus. de nombreux problèmes environnementaux se posent néanmoins sur les terres qui entourent ostuni. La pénurie d’eau et la sécheresse ont un impact négatif sur les oliviers, les eaux usées rejetées par la ville polluent l’eau de mer, les eaux souterraines sont surexploitées, et les eaux salines s’infiltrent dans les aquifères côtiers. Face à ces problèmes, la municipalité d’ostuni, en partenariat avec La ville d’Ostuni purifie les eaux usées urbaines. l’association pour l’eau de l’apulie (acquedotto Pugliese) et avec l’appui financier de la région de La technologie utilisée, qui est devenue une solution accru les revenus des agriculteurs et la disponibilité l’apulie, a introduit une technologie innovante en 2009 de rechange aux eaux de forage destinées à d’eaux usées récupérées à des fins d’irrigation a pour purifier et raffiner les eaux usées urbaines et la l’irrigation, remplit plusieurs objectifs à la fois. encouragé certains agriculteurs à s’essayer à distribuer gracieusement aux agriculteurs et à des au niveau du système, sous le regard vigilant de la l’horticulture. La salinisation des eaux souterraines a propriétés privées couvrant 150 hectares, à des fins municipalité, elle a permis d’améliorer l’efficacité de la décru et l’élimination des rejets d’eaux usées urbaines d’irrigation. Le système de réutilisation des eaux usées réutilisation des eaux usées à des fins agricoles. elle a a permis de remettre en état les eaux côtières a une capacité fonctionnelle de 6 000 m par jour, un 3 également permis de préserver les oliviers dans les avoisinantes pour la baignade. Bref, l’économie locale débit maximum de 100 litres par seconde et une lieux publics, ce qui rend la ville plus belle et renforce et celle des ménages, l’état des terres et la biodiversité capacité de stockage autonome de jusqu’à 1 000 m 3 sa biodiversité, de même que sa valeur touristique ; en ont tous bénéficié. d’eau usée purifiée et raffinée, soit l’équivalent la production des oliviers a également augmenté. d’environ la moitié du volume d’une piscine olympique. L’augmentation du rendement des cultures irriguées a L a terre, source de vie . Préservation des ressources en eau 63 Une oliveraie près de la mer. 64 Fonds pour l’environnement mondial Une prairie au-dessus de Santa Maria di Leuca (Italie). L a terre, source de vie . Préservation des ressources en eau 65 Le plateau d’Anatolie (Turquie) entre Ankara et Hattousa. 66 Fonds pour l’environnement mondial éTuDeS De CAS Turquie réhabilitation du bassin hydrographique dans les hauts plateaux de l’anatolie L e déboisement pour répondre à la demande Fondé sur des mécanismes locaux intégrés de gestion agriculteurs des sous-bassins à adopter des pratiques sans cesse croissante de bois, de combustibles des ressources naturelles qui rencontrent le succès, le agricoles biologiques respectueuses de et de fourrage, ajouté au surpâturage, à l’activité Projet de réhabilitation du bassin hydrographique de l’environnement. ces résultats ont également été agricole exercée sur des pentes raides et à l’absence de l’anatolie de la Banque mondiale et du FeM consiste à cruciaux dans la formulation d’un projet de « code de méthodes efficaces de conservation des sols agricoles, travailler avec 28 collectivités à l’élaboration et à bonnes pratiques agricoles », étape essentielle vers est à l’origine de la dégradation généralisée des l’application d’un plan de gestion intégré des l’établissement d’un cadre juridique conforme à la ressources en terre et en eau. L’érosion n’épargne que ressources naturelles (plans pour les sous-bassins) dans directive « nitrate » de l’ue sur les bonnes pratiques 6,6 % des terres de la turquie. La dégradation des sols les hautes terres du bassin hydrographique. Les agricoles sur la base d’essais en champ, des réduit sensiblement la capacité biotique des terrains de collectivités ont choisi parmi une palette de solutions démonstrations et de séances de formation. parcours et la fertilité des terres agricoles dans les techniques pour réhabiliter et utiliser de façon plus hautes terres du bassin hydrographique, affectant les durable les terres forestières, les terrains de parcours et moyens de subsistance des ménages agricoles, avec les terres agricoles sujets à la dégradation. Le projet a pour conséquence l’augmentation des taux de pauvreté ainsi permis de réhabiliter plus de 80 km2 de dans ces zones. La diminution du couvert végétal sous-bassins en dégradation. des modes de Gds, telles entraîne une réduction marquée de la teneur en eau que l’application de fumure organique et de compost des sols, rendant ainsi les terres agricoles beaucoup aux sols cultivés, ont directement permis d’accroître le plus vulnérables à la sécheresse. La dégradation des rendement des cultures comme le pois chiche, dont la sols entraîne également des débits fluviaux instables et production a augmenté de 45 %. L’amélioration des de plus en plus torrentiels qui s’accompagnent d’une rendements a également permis d’accroître le revenu augmentation des inondations et de problèmes global des ménages de non moins de 14 % depuis le croissants de sédimentation. Les glissements de terrain démarrage du projet. ces résultats, de même que des posent de plus en plus problème. cours de formation approfondis, ont amené un tiers des L a terre, source de vie . Préservation des ressources en eau 67 L’érosion n’épargne que 6,6 % des terres de la Turquie. Des agriculteurs cultivent leur champ en Turquie. 68 Fonds pour l’environnement mondial Culture dans la plaine d’Adana, région fertile de Turquie. Un jeune cultivateur de luzerne en Turquie. Agricultrices turques. L a terre, source de vie . Préservation des ressources en eau 69 Le déboisement et le surpâturage ont entraîné une dégradation des ressources terrestres et hydriques en Turquie. 70 Fonds pour l’environnement mondial Meules de foin dans une vallée pastorale du plateau anatolien. L a terre, source de vie . Préservation des ressources en eau 71 Les dunes telles que celle-ci, qui recouvre une route dans la vallée du Nil, occupent près d’un tiers du désert du Sahara. 72 Fonds pour l’environnement mondial Atténuation des effets du changement climatique L a terre, source de vie . At ténuAtion des effets du chAngement climAtique 73 Aperçu générAl Selon le quatrième Rapport du Groupe intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC), l’utilisation des terres est responsable de 30 % de l’ensemble des émissions de gaz à effet de serre (GES). S ur ce volume, 10 à 12 % des émissions proviennent des approvisionnements énergétiques, des engrais et des labours, tandis que le déboisement représente quelque 15 à 17 % des émissions terrestres, soit environ 8 gigatonnes de carbone en 200028. Le Rapport note carbone. La régénération des forêts dégradées et des sols érodés des zones arides exige une augmentation du carbone contenu dans le sol, ce qui entraînerait la séquestration de 0,4 à 0,6 gigatonnes de carbone par an. éléments suivants : a) gestion améliorée des terres cultivées et des pâturages pour augmenter les stocks de carbone dans le sol ; b) reconstitution des sols tourbeux cultivés et des terres dégradées ; c) recours à des techniques améliorées de culture du riz et d’élevage du bétail et utilisation du fumier pour également que la gestion des terres cultivées, des pâturages La GDS contribue à atténuer les effets du changement clima- réduire les émissions de méthane ; d) recours à des et la restauration des sols organiques cultivés et dégradés tique grâce à la séquestration du carbone aussi bien à la techniques améliorées d’épandage des engrais azotés pour constituent les stratégies de réduction du carbone les plus surface du sol qu’en-dessous, et grâce à la réduction des réduire les émissions d’oxydes d’azote ; e) cultures dédiées à prometteuses. Cela étant, la gestion du bétail et des rizières émissions due à la préservation et à l’augmentation des stocks la production d’énergie en remplacement de l’utilisation des ont le plus de chances de réduire les oxydes nitreux. de carbone dans les écosystèmes agricoles. L’introduction de combustibles fossiles ; et f) meilleure maîtrise de l’énergie. En outre, la séquestration du carbone par le sol pourrait pratiques de GDS dans les zones vulnérables au changement Selon les estimations, le potentiel économique annuel de ces réduire ces émissions de GES de près de 90 %. climatique aide à renforcer la résilience et à stabiliser les mesures d’atténuation devrait atteindre 2,3 à 6,4 gigatonnes services écologiques. L’application de ces pratiques à la lutte d’équivalent dioxyde de carbone (CO2-éq) en 2030, et ce au Les zones arides renferment 36 % de l’ensemble des stocks contre l’érosion peut aussi accroître la capacité des sols à prix de 100 dollars la tonne d’équivalent CO2. Ce potentiel est de carbone des écosystèmes terrestres29. La biomasse séquestrer le carbone. En outre, la lutte contre la dégradation supérieur à celui estimé pour le secteur forestier, qui varie végétale par unité de superficie est faible dans les zones des sols dans les écosystèmes agricoles peut alléger les entre 1,3 et 4,2 gigatonnes de CO2-éq/an au même prix30. arides — 60 tonnes par hectare, contre 100 à 180 tonnes par pressions exercées par l’homme sur les forêts naturelles, hectare dans les autres systèmes terrestres. Qu’à cela ne protéger les stocks de carbone existants et renforcer la L’agriculture écologique, une option importante en matière tienne, compte tenu de la superficie couverte par les zones résilience générale de l’écosystème. Enfin, le renforcement de de GDS qui, sur les plans de l’environnement et du arides et des niveaux élevés de dégradation du sol, les possi- la résilience à l’égard du changement climatique grâce à la développement, présente des avantages en ce qui concerne bilités de séquestration du carbone par le sol y sont impor- GDS peut améliorer l’état des écosystèmes et la fourniture de l’atténuation des effets du changement climatique, se fonde tantes. En fait, il ressort du troisième Rapport d’évaluation du services écologiques dans les systèmes de production. sur trois principes essentiels qui contribuent au stockage du GIEC qu’un écosystème appauvri en carbone peut accumuler carbone, à savoir : la perturbation mécanique minimale du sol, du carbone à des taux beaucoup plus élevés qu’un Les possibilités d’atténuation des effets du changement la couverture biologique permanente de la surface du sol et écosystème comparable qui a conservé ses stocks de climatique dans le secteur agricole tiennent notamment aux une séquence diversifiée ou une association des cultures. 74 Fonds pour l’environnement mondial Plantation d’arbres en Tunisie. L a terre, source de vie . At ténuAtion des effets du chAngement climAtique 75 Bien que son adoption dans des régions comme l’Afrique pour séquestrer le carbone dans le sol suscitent un regain subsaharienne ait été lente31, l’agriculture écologique peut d’intérêt pour cette question et le marché inexploité auquel encore être considérée comme une base d’établissement elle donne lieu. À cet égard, il sera important de créer des des plans d’action nationaux pour l’adaptation au opportunités pour le marché du carbone afin de financer changement climatique. Les méthodes de l’agriculture des projets respectueux du climat dans les zones arides. écologique peuvent contribuer à réduire les émissions de L’établissement de passerelles entre les acheteurs privés GES de 0,5 à 1 tonne d’équivalent CO2 par an et par hectare. d’unités de réduction des émissions de carbone et les Pour les quelque 100 millions d’hectares de terres initiatives locales de GDS permettra au secteur privé de actuellement soumises à l’agriculture écologique dans le prêter son appui à des projets responsables du point de vue monde entier, cela qui équivaut à une réduction des écologique et social. émissions d’environ 1 gigatonne jusqu’en 2030, soit plus que les 10 % requis pour réaliser le scénario d’une réduction des Les études de cas ci-après démontrent les possibilités émissions à 450 parties par million (ppm) d’équivalent CO232. qu’offrent les formules de GDS pour mobiliser des investissements et créer des opportunités de revenus pour D’une manière générale, les systèmes de mesure, de les collectivités locales (effets positifs sur le plan du notification et de vérification de l’atténuation du développement) tout en sécurisant les stocks et les flux de changement climatique (appelées MNV en français ou MRV carbone (effets positifs pour l’environnement) dans les zones en anglais) ont constitué un obstacle majeur à l’adoption de d’activité productive. Elles traitent des pratiques qui mesures de séquestration du carbone par le sol dans le contribuent à la séquestration du carbone à grande échelle, cadre des initiatives internationales. Néanmoins, il est telles que l’agriculture écologique (Érythrée), la gestion aujourd’hui plus facile de mesurer le carbone séquestré par intégrée des écosystèmes (Chine), la gestion des pâturages le sol grâce aux récents progrès scientifiques et il y a une et des terrains de parcours (Kazakhstan), le boisement prise de conscience croissante des possibilités qu’offre le (Roumanie) et l’utilisation de matières organiques carbone organique contenu dans les sols au niveau mondial (Espagne). La maîtrise des outils de mesure, de notification : cette évolution donne lieu d’espérer des effets positifs et de vérification (MRV) se généralisant, les possibilités concrets pour la GDS et sa prise en compte dans d’appliquer les mesures de réduction à grande échelle des l’atténuation. Par ailleurs, la possibilité d’associer les émissions de carbone dans les domaines de la production populations locales aux activités d’atténuation et la végétale et animale deviendront précieuses dans la lutte superficie relativement vaste qui pourrait être exploitée contre la pauvreté rurale et la dégradation des sols. Récolte de thé vert à Boesong, Jeonnam (République de Corée). 76 Fonds pour l’environnement mondial L a terre, source de vie . At ténuAtion des effets du chAngement climAtique 77 Lac Assal à Dijibouti — ce lac fortement salé situé dans un vaste cratère se caractérise par une intense évaporation. 78 Fonds pour l’environnement mondial éTuDeS De CAS éryThrée L’agriculture écologique dans les hautes terres centrales L es ressources naturelles sont essentielles à la durablement sur des parcelles agricoles et forestières subsistance de la population érythréenne, en pour lutter contre la dégradation des sols. Toutefois, les particulier dans les hautes terres centrales, qui décrets relatifs à la Proclamation sont à peine appliqués. abritent 65 % de la population. La dégradation des sols est pourtant sévère dans cette zone. Les six principales Pour s’attaquer à ce problème, le Projet pilote de causes de cette dégradation sont les pratiques agricoles gestion durable des sols soutenu par le PNUD et le inappropriées, l’utilisation non durable des parcelles FEM contribue à créer un environnement propice à la boisées et des forêts naturelles, des sols naturellement GDS aussi bien au niveau des politiques publiques qu’à peu évolués, un aménagement du territoire peu l’échelle des collectivités. En aidant à moderniser des coordonné, une application limitée des connaissances et pratiques agricoles qui étaient peu viables, le projet a des technologies par les agriculteurs pour accroître la lancé le concept d’un système villageois d’utilisation productivité et des régimes fonciers précaires. des terres qui fasse en sorte que la terre fournisse les Ce dernier facteur a été particulièrement crucial car, meilleurs services économiques et écologiques traditionnellement, les agriculteurs ne pouvaient être possibles. Dans le paysage vallonné et complexe des propriétaires d’une parcelle de terre que pendant sept hautes terres centrales, le projet fait la promotion des ans et devaient passer à une autre ensuite ; la principes de l’agriculture écologique, selon lesquels la proclamation de la réforme foncière de 1994 a donné préservation intensive du sol, de l’eau et le (re) aux agriculteurs le droit de jouir d’une propriété boisement réduisent au minimum la dégradation et appartenant à un tiers. En permettant aux agriculteurs l’érosion des sols. Avec la collaboration des populations de passer d’un système de rotation à celui d’un usufruit locales, 470 kilomètres de versant et 575 mètres de permanent, la proclamation les a incités à investir terrasses en gradins et un barrage de contrôle de L a terre, source de vie . At ténuAtion des effets du chAngement climAtique 79 80 Fonds pour l’environnement mondial 300 mètres cubes ont été construits ; 22,5 hectares de terrain ont également été nivelés pour les besoins d’irrigation.En outre, le projet a permis de planter plus de 255 938 arbres, essentiellement d’origine locale (ndolé ou bitter leaf, faux poivrier, bois d’olive noire, Acacia, neem, Jacaranda, callistème à feuilles lancéolées, etc.). Ces interventions complémentaires devraient renforcer les collectivités et les moyens de subsistance, mais aussi stimuler la production agricole. À l’ombre des montagnes près d’Asmara (Érythrée). L a terre, source de vie . At ténuAtion des effets du chAngement climAtique 81 Séchage du maïs sur une route proche de Beijing (République populaire de Chine). 82 Fonds pour l’environnement mondial éTuDeS De CAS Chine Gestion intégrée des écosystèmes pour des effets positifs multiples dans les zones arides L a République populaire de Chine pâtit de sols afin d’améliorer les moyens de subsistance. Dans le la gestion durable des sols dans le cadre du dispositif certains des pires problèmes de dégradation cadre de l’un des projets ainsi mis en œuvre, 18 sites national de suivi de la pauvreté). des sols au monde, un phénomène qui touche pilotes couvrant une superficie de 556,4 km2 ont été plus de 40 % de sa superficie et compromet les moyens ciblés pour y mettre en œuvre la GDS, ce qui a profité à Le projet permet également d’apporter un appui à de subsistance de millions de personnes. Pour environ 6 000 ménages et 27 000 personnes. l’investissement dans les infrastructures et les équipe- s’attaquer à ce problème, le gouvernement a travaillé ments de petite envergure afin d’expérimenter des avec plusieurs parties prenantes à l’établissement en S’appuyant sur les meilleures pratiques, des études mesures pour un développement sobre en carbone. 2002 du partenariat Chine-FEM pour la lutte contre la thématiques et des analyses coût-avantages, les parte- Outre l’impact positif pour les 80 villages participants, dégradation des sols. Ce partenariat a aidé les naires ont entrepris d’élaborer des mécanismes de les effets positifs pour l’environnement mondial provinces occidentales du Gansu, du Qinghai et du marché innovants pour poursuivre la GDS à une plus incluent une augmentation du couvert végétal sur les Shaanxi, ainsi que les régions autonomes de la grande échelle. Les interventions ainsi menées incluent sols, l’utilisation durable de la biomasse, ainsi que Mongolie-Intérieure, du Ningxia Hui et du Xinjiang le Projet de développement durable dans les zones l’augmentation du stock de carbone. À la fin du projet, Uygur, à améliorer les dispositifs juridiques et rurales pauvres, qui permettra de renforcer les le stock de carbone devrait croître de 5 % dans réglementaires de la lutte contre la dégradation des capacités des collectivités et des populations locales à l’ensemble des villages pilotes, soit l’équivalent sols, à formuler des stratégies de gestion intégrée des analyser le processus de dégradation des sols, les d’environ 96 000 tonnes de carbone. Dans l’ensemble écosystèmes et à renforcer la capacité à les mettre en risques climatiques et la vulnérabilité à la modification de la zone couverte par le projet, qui regroupe œuvre. Les partenaires ont également travaillé en du climat. Ce projet permettra également d’adopter 800 villages, environ 400 000 tonnes de carbone seront étroite collaboration avec les populations locales pour les mesures voulues pour prendre en compte ces séquestrées. piloter sur le terrain des modes de gestion durable des risques (à commencer par les indicateurs pilotes pour L a terre, source de vie . At ténuAtion des effets du chAngement climAtique 83 En République populaire de Chine, plus de 40 % des sols sont gravement dégradés. 84 Fonds pour l’environnement mondial Des projets simples et à faible intensité de carbone devraient avoir d’importants effets positifs sur l’environnement dans les zones rurales de la République populaire de Chine. L a terre, source de vie . At ténuAtion des effets du chAngement climAtique 85 Des chaumes se consument sur les terres arides du Kazakhstan. 86 Fonds pour l’environnement mondial éTuDeS De CAS KAzAKhSTAn Accroissement des stocks de carbone par la gestion des pâturages et des terrains de parcours C onfronté au problème des terres arides margi- Grâce à ce projet, neuf associations regroupant les mécanismes règlementaires et institutionnels nales, le Gouvernement kazakh a mis en place 133 petits et moyens exploitants agricoles assurent la facilitent la poursuite à grande échelle des un système durable d’utilisation des terres gestion du patrimoine agricole et communiquent les interventions. pour l’élevage afin de sauvegarder les terrains de résultats à d’autres agriculteurs. Ce soutien a montré parcours et d’accroître les stocks de carbone. Le Projet combien l’assistance technique et l’aide au démarrage de gestion des écosystèmes des terres arides appuyé des activités pouvaient contribuer à diversifier par la Banque mondiale et le FEM vise à apporter un l’utilisation des terres et générer des revenus à partir de appui initial à des groupements de producteurs sur le l’utilisation durable des ressources naturelles dans les plan des services, à améliorer les capacités du pays à zones arides. La formule appliquée par le projet en quantifier la séquestration du carbone, à promouvoir matière de gestion intégrée des écosystèmes a des la sensibilisation du public et à élaborer une stratégie effets positifs localement, nationalement et pour reproduire les interventions dans des zones mondialement ; elle a notamment contribué à similaires du Kazakhstan. Avec la participation active régénérer 105 000 hectares de pâturages dégradés et des populations locales, le projet a obtenu des isolés, ce qui a permis de séquestrer quatre tonnes de résultats significatifs sur le plan de la démonstration et carbone par hectare et par an. Outre l’amélioration de de la promotion de l’utilisation durable des terres. la gestion d’une zone pilote dans la région de Shetsky, L a terre, source de vie . At ténuAtion des effets du chAngement climAtique 87 Rotation des pâturages dans les montagnes du Tadjikistan. 88 Fonds pour l’environnement mondial L’élevage et le nomadisme s’inscrivent dans une longue tradition au Kazakhstan. L a terre, source de vie . At ténuAtion des effets du chAngement climAtique 89 La brume couvre les montagnes de Bihor (Roumanie). 90 Fonds pour l’environnement mondial éTuDeS De CAS roumAnie Incitations pour des initiatives locales de boisement L es collectivités rurales en Roumanie sont compatibilité avec le type de forêts naturelles dans la fortement tributaires des cultures et du bétail, région considérée. mais l’érosion et la salinisation ont parmi d’autres facteurs considérablement dégradé les Si le boisement est jugé concluant après cinq ans, les paysages de production, entraînant souvent terres concernées relèvent officiellement, en matière d’importantes pertes économiques. Pour contrer cette d’affectation des terres, de la catégorie « forêts » et situation, le gouvernement a établi un programme deviennent ainsi assujetties à des plans de gestion national de boisement qui prévoit des financements forestière et au régime forestier. Entre 2005 et 2006, pour le boisement des terres dégradées. Le Fonds plus de 5 000 hectares de terres dégradées ont été national de mise en valeur des terres s’applique aussi reboisées dans le cadre de ce programme. Le coût du bien aux terrains publics appartenant au boisement (y compris l’entretien des plantations) gouvernement central qu’aux terres gérées par les atteint 5 000 euros par hectare. Entre 2008 et 2009, du collectivités et les municipalités. Des comités locaux fait de la récession économique, les fonds ont classent les paysages à boiser par ordre de priorité, considérablement diminué, de même que la superficie puis des études de faisabilité évaluent les solutions des zones boisées (de 2 500 à 1 000 hectares). envisagées. Des agences forestières locales En 2010, le gouvernement a montré son attachement (inspections), chargées des travaux publics, vérifient au programme en investissant dans de nouvelles zones les demandes de financement. Les plantations doivent de boisement, qui sont également concernées par les respecter certaines normes applicables en matière de activités de boisement et de reboisement prévues par boisement des terres dégradées, à commencer par la le Protocole de Kyoto (UTCATF). L a terre, source de vie . At ténuAtion des effets du chAngement climAtique 91 Fenaison en Roumanie. 92 Fonds pour l’environnement mondial Plantes de houblon, culture traditionnelle de Transylvanie (Roumanie). L a terre, source de vie . AT TéNUATION DES EFFETS DU CHANGEMENT CLIMATIQUE 93 Récolte d’orge en République de Corée. 94 Fonds pour l’environnement mondial