33454 NoteFocus No 24 JANVIER 2003 LA MICROFINANCE EST-ELLE UNE STRATÉGIE EFFICACE POUR ATTEINDRE LES OBJECTIFS DU MILLÉNAIRE POUR LE DÉVELOPPEMENT ? ELIZABETH LITTLEFIELD, JONATHAN MORDUCH ET SYED HASHEMI Introduction La série de Notes Focus du CGAP est l'outil principal de Les objectifs du Millénaire pour le développement (OMD) adoptés par les Nations diffusion d'informations sur les Unies mobilisent les forces de la communauté du développement qui s'emploie à meilleures pratiques en micro- relever d'urgence le défi que pose l'amélioration du bien-être des habitants les plus finance auprès des gouverne- ments, des bailleurs de fonds démunis de la planète. Les organismes bailleurs de fonds articulent leurs programmes et des institutions privées et de manière à favoriser la réalisation des OMD et dégagent de nouvelles ressources financières. pour faire reculer la faim et la pauvreté, éliminer le VIH/sida et les maladies infec- tieuses, promouvoir l'émancipation des femmes et améliorer leur état de santé, assu- Si vous désirez recevoir les autres numéros de la série, rer une éducation à tous les enfants et réduire la mortalité infantile1. ou envoyer des commentai- Les OMD se présentent sous forme de réalisations concrètes dans les domaines res ou contributions, veuillez de la nutrition, de l'éducation, de la santé, de la parité hommes-femmes et de l'envi- contacter le CGAP à l'adresse suivante : ronnement. Les efforts déployés dans ces perspectives constitueront donc une partie importante de toute stratégie de développement guidée par les OMD. L'expérience 1818 H Street, N.W. accumulée depuis plusieurs dizaines d'années a toutefois montré que les progrès en Washington, DC 20433 ces domaines dépendent dans une mesure considérable d'autres aspects du contexte Tel : 202 473 9594 général, tels qu'une bonne administration publique, la sécurité de la personne, la Fax : 202 522 3744 croissance économique et l'infrastructure de base (par exemple pour les transports). L'expérience montre de plus en plus l'importance que revêt la possibilité pour les E-mail : ménages pauvres d'avoir accès à des services financiers (« microfinance ») et le fort cgap@worldbank.org impact de ces services sur la réalisation des OMD. Cette étude a pour objet de mettre en valeur ces démonstrations. Site web : www.cgap.org La microfinance, et son impact, débordent largement le cadre du simple octroi de crédits à des entreprises. Les pauvres ont recours à des services financiers pour investir non seulement dans leurs microentreprises, mais aussi dans la santé et l'éducation, pour gérer les urgences auxquelles se trouve confronté leur ménage et pour satisfaire à une large gamme d'autres besoins de liquidités. Ces services recouvrent les prêts, les 1 Les objectifs du Millénaire pour le développement consistent à : 1) réduire l'extrême pauvreté et la faim ; 2) assurer l'éducation primaire pour tous ; 3) promouvoir l'égalité et l'autonomisation des femmes ; 4) réduire la mortalité infantile ; 5) améliorer la santé maternelle ; 6) combattre le VIH/sida, le paludisme et d'autres maladies ; 7) assurer un environ- nement durable ; et 8) mettre en place un partenariat mondial pour le développement. Edifier des systèmes financiers accessibles aux pauvres. mécanismes d'épargne, les assurances, les transferts, faible montant, sont administrés de manière rigide voire même les « micro-pensions ». Les millions ou sont assortis de taux d'intérêt exorbitants. Le de clients de la microfinance dans le monde entier défi consiste donc à assurer un accès aux services prouvent que l'accès aux services financiers permet financiers à la majorité pauvre. aux individus pauvres d'accroître le revenu de leur La présente note fait le lien entre l'impact de la ménage, d'acquérir des biens et de réduire leur microfinance et la poursuite des OMD2. Elle étu- vulnérabilité aux crises qui sont leur lot quotidien. die, plus précisément, l'impact de la microfinance L'accès aux services financiers se traduit également dans les domaines de l'éradication de la pauvreté, par une amélioration des indicateurs de nutrition et de la promotion de l'éducation des enfants, de de santé, tels que les taux d'immunisation. Il per- l'amélioration des indicateurs de santé des femmes met aux bénéficiaires de faire des projets d'avenir et et des enfants et de l'émancipation des femmes. d'envoyer un plus grand nombre de leurs enfants Pour finir, elle analyse la faisabilité d'offrir des à l'école plus longtemps. Il permet également services financiers de manière durable et à grande aux femmes clientes d'acquérir de l'assurance et, échelle à un nombre significatif de personnes partant, d'être mieux en mesure de faire face aux très pauvres. inégalités entre les sexes. Les clients de la microfinance gèrent leurs liqui- Éradication de la pauvreté dités et les affectent aux dépenses qu'ils jugent prioritaires pour leur ménage. La microfinance est La microfinance permet aux pauvres de protéger, donc un facteur de développement particulière- de diversifier et d'accroître leurs sources de revenus, ment participatif et non paternaliste. L'accès à des autant de moyens essentiels pour pouvoir sortir du services financiers souples, commodes et aborda- cycle de la pauvreté et de la faim. La possibilité bles démarginalise les pauvres et leur permet de d'emprunter une petite somme d'argent pour tirer faire leurs propres choix et de tracer leur voie pour parti d'opportunités commerciales, payer les frais sortir durablement de la pauvreté. de scolarité ou pallier un manque de liquidités La microfinance est un instrument de développe- peut permettre de franchir la première étape pour ment unique : les bénéfices sociaux qu'elle engen- rompre le cycle de la pauvreté. De la même façon, dre peuvent être produits de manière continue, les ménages pauvres auront recours à des comptes permanente et à grande échelle. Dans le monde d'épargne sûrs et faciles à utiliser afin d'accumuler entier, de nombreuses institutions de microfinance bien gérées offrent durablement des services finan- 2 Il est difficile de mesurer de manière crédible l'impact des services ciers sans avoir besoin de l'appui de bailleurs de financiers. L'existence d'une corrélation ne signifie pas qu'il existe une fonds. La microfinance suit un cycle de viabilité et relation de cause à effet. Par exemple, il ne suffit pas de montrer que les clients d'un village sont plus aisés que ceux d'un autre village pour d'expansion massive qui se nourrit de lui-même, pouvoir en conclure que ce résultat est dû à la disponibilité de services fi- tout en ayant un puissant impact sur la condition nanciers ; il est possible, après tout, que les prestataires de services finan- des pauvres, voire des très pauvres. On a pu consta- ciers n'aient attiré ou retenu que des clients qui étaient probablement plus aisés au départ, même sans avoir bénéficié de services financiers. Les ter que plus la durée de la participation de clients études qui ne prennent pas en compte les biais éventuels n'ont pas le à un programme donné s'allonge, plus cet impact pouvoir de prouver l'existence d'une relation de causalité. Peu d'études s'accroît et, partant, plus ce cercle vertueux prend suivent des procédures totalement rigoureuses pour neutraliser les effets de l'ampleur. de biais de sélection, mais celles qui sont citées dans la présente note se sont efforcées de résoudre ce problème en cherchant à sélectionner des Malheureusement, dans la plupart des pays, groupes de contrôle présentant des caractéristiques comparables à la po- les pauvres n'ont pratiquement aucun accès à des pulation observée, à l'exception de leur participation à des programmes services financiers formels. Les prêts contractés de microfinance. Les auteurs estiment que le profil général des résultats fournit des éclaircissements valides sur la question de l'impact -- qui auprès de sources informelles, telles que la famille, consiste à déterminer si l'offre de services financiers aux pauvres entraîne les clubs d'épargne et les prêteurs privés, sont de effectivement une amélioration contribuant à l'atteinte des OMD. 2 suffisamment de liquidités pour acquérir des biens, de contrôle7. Une autre étude menée auprès par exemple le stock de marchandises d'une petite des emprunteurs de Bank Rakyat Indonesia entreprise commerciale, réparer un toit qui fuit, dans l'île de Lombok indique que les revenus régler des dépenses de soins de santé ou envoyer moyens des clients ont augmenté de 112 % davantage d'enfants à l'école. et que 90 % des ménages sont sortis de La microfinance contribue également à réduire la pauvreté8. l'extrême vulnérabilité qui caractérise l'existence Une étude des clients de SHARE, en Inde, quotidienne des ménages pauvres. Les prêts, l'épar- a montré que les trois quarts des clients qui gne et les assurances contribuent à lisser les fluc- ont participé le plus longtemps au programme tuations de revenus et à maintenir le niveau de ont enregistré une nette amélioration de leur consommation même en période de pénurie. La bien-être économique (d'après les sources de possibilité de recourir à des services financiers offre revenus, la propriété des facteurs de produc- un moyen d'amortir l'impact d'urgences soudaines, tion, les conditions de logement et le ratio de de risques commerciaux, de difficultés saisonnières dépendance économique des ménages) et que ou d'événements tels que des inondations ou un la moitié des clients sont sortis de la pauvreté. décès dans la famille, qui peuvent faire tomber une L'étude fait ressortir une transformation très famille pauvre dans le dénuement. nette de la structure de l'emploi des clients -- Diverses études, quantitatives et qualitatives, le travail irrégulier à la journée fait ainsi place font état de l'augmentation des revenus et des actifs à des activités rémunératrices diversifiées, à des clients de la microfinance et de la diminution l'emploi d'un plus grand nombre de membres de leur vulnérabilité3. Les conclusions de certaines des études les plus fiables sont présentées ci-après. 3Un petit nombre d'études n'ont pas détecté d'impact positif de la microfinance et quelques rares analyses ont identifié un impact négatif. Barbara MkNelly et Chris Dunford notent que Toutefois, la fréquence de ces résultats est trop faible pour vraiment les deux tiers des clients de CRECER (Bolivie) invalider la conclusion généralement favorable qui ressort de la grande ont vu leurs revenus augmenter après leur majorité des observations. 4 adhésion au programme4. Les clients ont égale- Barbara MkNelly et Christopher Dunford, Impact of Credit with Education on Mothers and Their Young Children's Nutrition: CRECER ment fait état d'un « lissage de leur consomma- Credit with Education Program in Bolivia, Freedom from Hunger; Re- tion » sur l'année par suite de la diversification search Paper n° 5 (Davis, Calif.: Freedom from Hunger, 1999). de leurs sources de revenus et de l'achat de 5Anton Simanowitz en association avec Alice Walters, « Ensuring Im- pact: Reaching the Poorest while Building Financially Self-Sufficient denrées alimentaires en gros. Une augmenta- Institutions, and Showing Improvement in the Lives of the Poorest tion du niveau d'épargne a été notée par 86 % Women and Their Families, » publié dans Pathways out of Poverty: Inno- des clients ; 78 % des clients n'avaient aucune vations in Microfinance for the Poorest Families, sous la direction de Sam épargne avant de participer au programme5. Daley-Harris (Bloomfield, Conn.: Kumarian Press, Inc., 2002). 6 Barbara MkNelly et Christopher Dunford, Impact of Credit with Dans une autre étude consacrée aux clients de Education on Mothers and Their Young Children's Nutrition: Lower Pra Freedom from Hunger, au Ghana, MkNelly RuralBank Credit with Education Program in Ghana, Freedom from et Dunford ont établi que ces derniers avaient Hunger Research Paper No. 4 (Davis, Calif.: Freedom from Hunger, 1998), tel que présenté dans Analysis of the Effects of Microfinance on accru leurs revenus de 36 dollars contre 18 Poverty Reduction, de Jonathan Morduch et Barbara Haley (préparé dollars pour les non-clients6. Les clients ont par RESULTS Canada pour l'Agence canadienne de développement également sensiblement diversifié leurs sources international, novembre 2001). 7Joe Remenyi et Benjamin Quinones Jr., directeurs de publication, de revenus, 80 % d'entre eux ayant développé Microfinance and Poverty Alleviation: Case Studies from Asia and the des sources de revenus secondaires, contre Pacific (New York: Pinter Publishers, Ltd., juin 2000), 79, 131­34; 50 % des non-clients. 253­64. 8Panjaitan-Drioadisuryo, D.M. Rositan, et Kathleen Cloud, « Gen- En Indonésie, les emprunteurs ont accru leurs der, Self-Employment, and Microcredit Programs: An Indonesian Case revenus de 12,9 % contre 3 % pour le groupe Study » Quarterly Review of Economics and Finance 39 (1999). 3 de la famille et à un recours très marqué à de ménages non-clients. L'un des programmes a petites entreprises. Plus de la moitié des clients même eu un impact sur les niveaux de salaires de SHARE ont indiqué qu'ils avaient uti- locaux. Par suite de l'augmentation du nombre lisé les bénéfices tirés de leur microentreprise de personnes menant une petite activité indé- pour financer d'importants évènements sociaux pendante et de la réduction correspondante du plutôt que de s'endetter pour s'acquitter de nombre de salariés informels, les salaires ont ces obligations9. augmenté de 21 % dans les villages couverts par Durant la période 1997-99 les dépenses ali- le programme. mentaires ont évolué à la baisse au Zimbabwe. Une importante étude consacrée antérieure- Il s'agit là probablement d'une stratégie adop- ment à la Grameen Bank a également permis tée par la population pour faire face à l'aug- d'établir l'existence d'une relation statistique mentation du coût de la vie. La participation entre le programme et le bien-être économi- à Zambuko Trust a toutefois eu un impact que14. Selon l'étude, les revenus des membres positif sur la consommation d'aliments riches de la Grameen étaient supérieurs de 43 % à ceux en protéines (viandes, poissons, poulet et lait) de groupes de contrôle habitant dans des villa- des ménages clients très pauvres10. ges non couverts par le programme et de 28 % Il ressort d'une étude d'impact détaillée consa- à ceux des non-clients du programme habitant crée à BRAC, au Bangladesh, que les membres dans les villages desservis par la Grameen. Les ayant participé au programme pendant plus de membres de cette dernière étaient également quatre ans ont pu relever le niveau des dépen- davantage en mesure de faire appel à leur épar- ses de leur ménage de 26 % et leurs actifs de gne et à leurs propres ressources en cas de crise 112 %11. Une autre analyse des données collec- au lieu d'emprunter à des prêteurs privés. Les tées au niveau des ménages a permis d'établir niveaux de rémunération avaient également que l'accès aux services financiers avait permis augmenté dans les villages couverts par le pro- aux clients de BRAC de réduire leur vulnéra- gramme. bilité en lissant leur consommation, en conso- lidant leurs actifs et en recourant aux services Promotion de l'éducation des enfants lors de catastrophes naturelles12. L'une des premières décisions que prennent les Une étude approfondie de la microfinance pauvres du monde entier quand ils commencent consacrée par la Banque mondiale au début à dégager des revenus supplémentaires d'une des années 90 à trois des plus grands program- microentreprise consiste à investir dans l'éducation mes opérant au Bangladesh -- Grameen Bank, de leurs enfants. Les études réalisées montrent que BRAC et RD-12 -- a abouti à la conclusion que les femmes clientes pouvaient accroître la consommation du ménage de 18 taka par 9Repris de Simanowitz, « Ensuring Impact » (2002). 10 100 taka emprunté, et que 5 % des clients Carolyn Barnes, Microfinance Program Clients and Impact: An Asses- sment of Zambuko Trust, Zimbabwe, Étude USAID-AIMS (Washington : sortaient de la pauvreté chaque année en 2001). empruntant et en participant au programme de 11S. Mustafa, et al, Beacon of Hope: An Impact Assessment of BRAC's microfinance13. Fait plus important encore, les Rural Development Programme (Dhaka, Bangladesh: BRAC, 1996). 12Hassan Zaman, Assessing the Poverty and Vulnerability Impact of ménages ont pu maintenir ces gains au cours Micro-Credit in Bangladesh: A Case Study of BRAC (Washington : Ban- des années. Ces programmes ont également que mondiale, 2000). eu des retombées positives sur l'économie 13Shahidur Khandker, Fighting Poverty with Microcredit: Experience in villageoise. Les niveaux de revenu moyen des Bangladesh (New York: Oxford University Press, Inc., 1998). 14M. Hossain, Credit for the Alleviation of Rural Poverty: The Gra- ménages habitant dans les villages couverts par meen Bank in Bangladesh, Research Report n° 55 (Washington : IFPRI, un programme ont augmenté, même pour les 1988). 4 les enfants de clients de programmes de microfi- et d'épargne leur avait permis d'accroître leurs nance ont une plus grande chance d'aller à l'école gains et les ressources dont ils disposaient17, de et de poursuivre leurs études plus longtemps que sorte qu'il leur était possible d'envoyer beau- les autres. Le taux d'abandon des études est aussi coup de leurs enfants à l'école et de réduire le plus faible pour les enfants de ces ménages. taux d'abandon en cours d'études. Pour appuyer cet objectif prioritaire, de nom- Une étude d'impact d'un programme de breux programmes de microfinance ont entrepris microfinance en Ouganda, réalisée pour le de mettre au point de nouveaux produits de crédit projet USAID-AIMS, a montré que les ména- et d'épargne spécifiquement adaptés au finance- ges clients investissaient davantage dans l'édu- ment des frais de scolarité. cation que les ménages non-clients. Dans le Quelques études ont été consacrées à l'impact de cas de plus de la moitié des ménages- clients, la microfinance sur la scolarisation. les revenus tirés de leur microentreprise ont Une étude longitudinale menée dans la région contribué dans une mesure importante à finan- couverte par BRAC au Bangladesh a montré cer l'éducation de leurs enfants. Il existe que la proportion des enfants de 11 à 14 ans également une probabilité significativement de ménages membres du programme qui pos- plus élevée que les clients financent les frais sèdent des compétences de base en lecture, de scolarité d'un enfant non membre de leur écriture et calcul est passée de 12 % au moment ménage que les non-clients, ce qui ne manque du lancement du programme à 24 % en 1995. pas d'avoir des implications pour la poursuite Seulement 14 % des enfants de ménages non de la scolarité des orphelins et des enfants des membres ont réussi les tests visant à vérifier ménages touchés par le VIH/sida18. leur acquis scolaires en 199515. L'étude consacrée par AIMS aux clients de L'étude ethnographique d'un village Grameen Zambuko Trust a détecté un impact positif réalisée par Helen Todd en 1996 montre que sur les taux d'inscription des garçons âgés de les taux de scolarisation des enfants Grameen 6 à 16 ans sur la période 1997-99, bien que le sont considérablement plus élevés que ceux taux de scolarisation des filles de 6 à 16 ans ait des enfants dont la famille n'est pas membre diminué sur cette même période, celles-ci ayant du programme. Presque toutes les filles des peut-être dû abandonner leurs études pour ménages Grameen ont fréquenté l'école au s'occuper d'un malade au foyer. Les données moins pendant un temps, contre 60 % des filles relatives aux clients ayant emprunté à plusieurs du groupe de comparaison ; 80 % des garçons reprises permettent de penser que le renouvel- Grameen ont été scolarisés contre 54 % de ceux lement des crédits se traduit par une augmenta- des ménages non membres du programme. tion de la probabilité que les enfants de 6 à 21 Cette conclusion est corroborée par l'étude ans issus de ménages clients poursuivront leurs effectuée par la Banque mondiale en 1998, études scolaires19. qui fait état de taux de scolarisation supérieurs 15A.M.R. Chowdhury et A. Bhuiya, « Do Poverty Alleviation Program- pour les enfants de tous les participants à un mes Reduce Inequity in Health: Lessons from Bangladesh » publié dans programme de crédit, ainsi que des taux de Poverty Inequity and Health, sous la direction de. D. Leon et G. Walt scolarisation significativement plus élevés pour (Oxford: Oxford University Press, 2001). 16Khandker, Fighting Poverty with Microcredit (1998). les filles des ménages clients de la Grameen16. 17Marcus, et al, Money Matters (1999). Une étude de Save the Children couvrant 18Caroline Barnes, Gary Gaile et Richard Kimbombo, Impact of Three différents programmes de microfinance note Microfinance Programs in Uganda, Étude USAID-AIMS (Washington.: Management of Systems International, 2001). que, au Honduras, les clients ont indiqué que 19Barnes, Microfinance Program Clients and Impact [Zimbabwe] leur participation à un programme de crédit (2001). 5 Le pourcentage d'enfants de la classe ouvrière des partenariats avec des prestataires de services inscrits à l'école à Ahmedabad est de 55 % pour d'assurance afin d'offrir une assurance médicale à les filles et de 65 % pour les garçons âgés de 11 leurs clients. à 17 ans en 1997. Sur la période 1997-99, les Bien que limitées, les observations concernant emprunts contractés auprès de SEWA Bank ont tout particulièrement la santé des femmes et des eu un impact positif sur les taux d'inscription enfants de ménages participant au programme des garçons dans le secondaire, qui est passé à témoignent du fort impact positif de ce dernier. 70 %. Par contre, la relation entre la participa- CRECER, en Bolivie, assure une éducation tion à SEWA et l'inscription des filles dans le sanitaire de base en même temps qu'elle four- secondaire, ou des filles et des garçons dans le nit ses services financiers. Une étude d'impact primaire, est ténue20. montre que ses clients ont adopté de meilleures pratiques d'allaitement maternel, ont une plus Amélioration de l'état de santé des fem- grande probabilité de recourir à une thérapie mes et des enfants de réhydratation lorsque leurs enfants ont la diarrhée, et sont plus nombreux à vacciner La maladie est généralement le plus important leurs enfants contre le DT Coq21. facteur de crise pour les familles pauvres. Un Une étude similaire menée au Ghana a per- décès dans la famille, une interruption de travail mis d'établir que les clients de Freedom from par suite d'une maladie et les dépenses en soins Hunger ont adopté de meilleures pratiques de santé peuvent épuiser les revenus et l'épargne. d'allaitement maternel et que leurs enfants Ils peuvent forcer un ménage à vendre ses biens d'un an sont en meilleure santé que les enfants et à s'endetter. Pour les clients de la microfinance, de ménages non clients si l'on considère les la maladie est souvent la principale raison pour rapports poids-âge et taille-âge. Les clients laquelle un emprunt n'est pas remboursé. ont également apporté d'importantes amé- Les ménages clients de la microfinance sem- liorations à un certain nombre de pratiques blent avoir une meilleure nutrition, une meilleure sanitaires -- telles que l'allaitement maternel hygiène et un meilleur état de santé que les ména- immédiatement après la naissance (pour que ges non clients comparables. La disponibilité d'un le nouveau-né puisse bénéficier du colostrum), revenu plus élevé et plus stable a généralement pour l'introduction de liquides et des premiers ali- contrepartie une meilleure nutrition, de meilleures ments solides dans l'alimentation des bébés, et conditions de vie et le recours à des soins de santé l'administration d'une thérapie de réhydrata- préventifs. Grâce à leurs gains plus élevés et aux dif- tion aux enfants ayant la diarrhée22. férentes options qu'ils peuvent adopter pour gérer Une étude, réalisée pour le compte de USAID- leurs ressources financières, les clients peuvent aussi AIMS, a montré que les clients du programme remédier rapidement à leurs problèmes de santé au de microfinance FOCCAS, en Ouganda, qui lieu d'attendre que leur état ne se détériore. avaient reçu des instructions sur les soins à Certaines institutions de microfinance fournis- donner les domaines de l'allaitement maternel, sent, outre des services financiers, une éducation des soins préventifs et du planning familial sanitaire qui revêt généralement la forme de messa- ges de prévention simples axés sur la vaccination, la 20Martha A. Chen et Donald Snodgrass, Managing Resources, Activi- consommation d'eau potable et les soins prénataux ties, and Risk in Urban India: The Impact of SEWA Bank (Washington : et postnataux. Certains programmes proposent AIMS, 2001). 21 des produits de crédit spécifiquement ciblés sur MkNelly et Dunford, Impact of Credit with Education [Bolivia] (1999). l'eau, l'assainissement et le logement. Un nombre 22MkNelly et Dunford, Impact of Credit with Education [Bolivia] croissant d'institutions de microfinance forgent (1999). 6 avaient de meilleures habitudes sanitaires que d'assainissement. Il existe toutefois de bonnes rai- les non-clients. Quatre-vingt quinze pour cent sons de penser que l'augmentation des gains per- des clients avaient adopté de meilleures prati- mis par l'accès à des services financiers entraîne des ques sanitaires et nutritives pour leurs enfants, investissements visant à améliorer le logement, l'ap- contre 72 % des non-clients, et 32 % des provisionnement en eau et l'assainissement, autant clients avaient essayé au moins une méthode d'éléments qui ont, à leur tour, un effet positif de prévention du sida contre 18 % pour les sur l'état de santé. De nombreux programmes de non-clients23. microfinance accordent des prêts spécifiquement Selon une étude longitudinale détaillée des adaptés au financement de puits tubulaires et de clients de BRAC, les cas de malnutrition avan- toilettes. D'autres programmes, comme SEWA, cée sont moins nombreux parmi les membres en Inde, accordent des prêts pour l'amélioration (que dans le groupe de contrôle) et, fait plus des équipements collectifs (y compris les conduites important, le degré de malnutrition avancée d'eau, les toilettes, les équipements de drainage et diminue en même temps que s'allonge la les routes goudronnées). La constitution de parte- période d'adhésion au programme24. nariats entre des programmes de microfinance et des prestataires de services d'infrastructure privés Au Bangladesh, une étude de la Banque mon- diale a montré qu'un accroissement de 10 % est une option prometteuse, étant donné le peu du crédit accordé aux femmes était associé à de résultats produits par les efforts déployés par une augmentation de 6,3 % du tour de bras les pouvoirs publics pour approvisionner en eau des filles. La circonférence du bras a également et fournir des services d'assainissement à un grand augmenté chez les fils, bien que dans une nombre de pauvres et le volume élevé des investis- moindre mesure. On a pu aussi constater un sements initiaux qui décourage le secteur privé de effet positif significatif sur le plan statistique chercher à fournir ces services aux pauvres. sur le rapport taille-âge aussi bien des garçons que des filles25. Émancipation des femmes Une autre enquête portant sur les clients de Les programmes de microfinance s'efforcent de programmes de microfinance au Bangladesh manière générale d'attirer une clientèle féminine. a indiqué que les taux d'utilisation de moyens Les femmes sont souvent plus responsables sur le contraceptifs étaient sensiblement plus élevés plan financier et respectent mieux que les hommes chez les clients de la Grameen (59 %) que chez les calendriers de remboursement. On a pu égale- les non-clients (43 %)26. Une étude ultérieure ment établir que les femmes étaient plus enclines réalisée par Minazur Rahman et Julie DaVanzo arrive également à la conclusion que le taux 23 d'utilisation de contraceptifs a augmenté27. Barnes, et al, Impact of Three Microfinance Programs in Uganda (2001). Ces résultats s'expliquent, en général, par une 24 Chowdhury et Bhuiya, « Do Poverty Alleviation Programmes Reduce meilleure connaissance des programmes de Inequity in Health » (2001). contraception acquise dans le cadre de réu- 25 Mark M. Pitt, et al, « Credit Programs for the Poor and the Health Status of Children in Rural Bangladesh » International Economic Re- nions de groupes et par l'augmentation de la view, à paraître. mobilité des femmes qui peuvent se déplacer 26 S.R. Schuler et S.M. Hashemi, « Credit Programs, Women's Em- pour se procurer ces services. powerment, and Contraceptive Use in Rural Bangladesh », Studies in Family Planning 25, no. 2 (1994). Aucune étude n'a été consacrée de manière 27 Mizanur Rahman, Julie DaVanzo et Abdur Razzaque, Fertility Tran- spécifique au lien entre la microfinance et l'élargis- sition, Contraceptive Use, and Abortion in Rural Bangladesh: The Case of sement de l'accès à l'eau potable et à des services Matlab (Washington : Futures Group International, février 2000). 7 que les hommes à investir le surcroît de revenus sein de la communauté. Au Ghana, elles jouent dans l'amélioration du bien-être du ménage et de désormais un rôle plus actif dans la vie collective la famille. Fait peut-être plus important, l'accès à et dans les cérémonies communautaires tandis des services financiers peut encourager les femmes que, en Bolivie, elles s'impliquent activement à avoir davantage confiance en elles, à prendre de au niveau des administrations locales29. l'assurance, à participer davantage aux décisions Une enquête réalisée auprès de 1 300 clientes du ménage et de la communauté et leur permettre et non-clientes au Bangladesh a montré que les d'être mieux en mesure de faire face aux inégalités participantes au programme de crédit étaient structurelles entre les sexes. Cette émancipation nettement plus démarginalisées que les non- est cependant loin d'être automatique -- les ques- clientes sur le plan de la mobilité physique, de tions d'égalité hommes-femmes sont complexes. la propriété et du contrôle des actifs productifs Un programme bien conçu peut avoir un impact (notamment les terres), de la participation au important sur le renforcement de l'autonomie des processus de décision et de la connaissance femmes et permettre à celles-ci de posséder davan- des questions politiques et juridiques. Cette tage de biens, de contribuer de manière plus active démarginalisation s'accroît avec la durée de aux décisions du ménage et d'accroître les investis- l'adhésion au programme, ce qui témoigne sements dans le bien-être de la famille. de la forte influence de ce dernier. L'étude a également noté, dans certains cas, que la par- Les programmes de microfinance opérant dans ticipation des femmes au programme s'était différentes régions font état d'un renforcement accompagnée d'un accroissement des violences de la participation de leurs clientes dans les dans la famille. Toutefois, après un temps, les processus de décision. Au Népal, Women's hommes et les autres membres de la famille Empowerment Program a déterminé que 68 % finissent par mieux accepter cette participation, de ses membres prenaient des décisions concer- et les épisodes de violences diminuent30. nant l'achat ou la vente de biens, la scolarisa- Dans son étude, Naila Kabeer constate que tion de leurs filles, la négociation du mariage les transformations induites par les program- de leurs enfants, ainsi que la planification mes de microfinance se manifestent, chez les familiale. Ces décisions étaient traditionnelle- personnes, par un plus grand amour-propre. ment prises par leur mari. World Education, Au niveau des ménages, elle a noté que la qui fournit des services d'éducation en même contribution plus importante des femmes aux temps que des services financiers, a déterminé ressources s'était traduite, dans la grande majo- que les femmes étaient en meilleure position rité des cas, par une atténuation des tensions et pour s'assurer que leurs filles avaient le même une réduction des violences dans la famille. Les accès à la nourriture, à l'éducation et aux soins femmes ont souvent indiqué qu'elles étaient médicaux. Aux Philippines, TSPI a noté que la traitées avec une affection renouvelée et plus participation au programme avait accru de 33 % de considération par les autres membres du à 51 % le pourcentage des femmes responsa- bles principales du budget du ménage. Dans le groupe de contrôle, seulement 31 % des fem- 28Susy Cheston et Lisa Kuhn, Empowering Women through Microfi- mes se trouvaient dans cette situation28. nance (New York: UNIFEM, 2002). Selon les résultats des études de Freedom from 29MkNelly et Dunford, Impact of Credit with Education [Ghana] Hunger menées en Bolivie et au Ghana, la par- (1998); et Impact of Credit with Education [Bolivia] (1999). 30Syed Hashemi, Sidney Schuler, et Ann Riley, « Rural Credit Programs ticipation au programme a donné aux femmes and Women's Empowerment in Bangladesh » World Development 24, confiance en elles et a amélioré leur position au no. 4 (1996) : 635-53. 8 ménage après un certain temps de participation grammes de conception novatrice, donnant lieu à au programme31. l'application de méthodes bancaires simplifiées et On dispose de peu d'informations sur la économiques, ont réussi à éliminer ces contraintes démarginalisation politique des clients de la de coût et permettent à un nombre croissant d'ins- microfinance, que ce soit en ce qui concerne titutions de microfinance de servir des emprun- leur participation à des efforts de mobilisation teurs très pauvres tout en recouvrant leurs coûts. politique ou leur candidature à des fonctions ASA, au Bangladesh, a joué un rôle moteur dans la politiques. Il existe toutefois de nombreux conception de tels systèmes. Banco do Nordeste, témoignages de cette évolution. Des clien- au Brésil, réalise une grande partie de ses transac- tes de Opportunity Microfinance Bank, aux tions par l'intermédiaire du réseau des postes, ce Philippines, ont été élues pour occuper des qui lui permet de réduire considérablement ses fonctions au sein des administrations locales. coûts ainsi que les coûts de transaction assumés par CRECER en Bolivie, CSD au Népal, Grameen les emprunteurs. et BRAC au Bangladesh, et World Education, Un nombre croissant d'institutions de microfi- ont tous indiqué que certains de leurs clients nance fournissent des services à une clientèle vivant s'étaient présentés à des élections municipales avec moins d'un dollar par jour, et sont financière- et avaient été élus. FORA, en Russie, a orga- ment viables32. Au Bangladesh, 65 % des clients de nisé une campagne pour promouvoir la démo- BRAC vivent avec moins d'un dollar par jour et ne cratie dans les élections russes. Les membres de sont propriétaires d'aucune terre agricole, et pour- SEWA et ceux de Working Women's Forum, tant BRAC a affiché un rendement des actifs de en Inde, se sont organisés pour obtenir de 4,3 % en 2000. Plus de 70 % des clients de SHARE meilleurs salaires et davantage de droits pour (Inde) et de CARD (Philippines) ne sont pas les femmes travaillant dans le secteur informel, propriétaires de terres agricoles, de sorte que l'on pour résoudre des problèmes de quartiers et peut poser en hypothèse que la plupart d'entre eux pour promouvoir des réformes juridiques. vivent avec moins d'un dollar par jour. En 2001, le rendement des actifs de SHARE s'est établi à 1,1 % Offre de services aux groupes de popula- et celui de CARD à 3,3 %. Au Cambodge, EMT a tion très pauvres obtenu un rendement des actifs de 2,3 % en 2001, bien que la moitié de sa clientèle semble vivre dans L'un des objectifs du Millénaire pour le dévelop- une extrême pauvreté. Au Népal, les deux tiers des pement consiste à réduire de moitié le nombre clients de Nirdhan ont moins d'un dollar par jour de personnes vivant dans l'extrême pauvreté, pour vivre. En 2001-02, l'institution affichait un c'est-à-dire les quelque 1,2 milliard d'individus rendement retraité des actifs de 0,4 %. qui survivent avec moins d'un dollar par jour. La De manière plus générale, les nouvelles obser- microfinance sert-elle ce groupe de population ? vations présentées dans MicroBanking Bulletin ne Peut-elle le faire sur une très grande échelle ? permettent pas de détecter une réelle corrélation Pour répondre à la première question, il faut entre la rentabilité des institutions de microfinance déterminer s'il est faisable, sur le plan financier, d'offrir des services à des individus vivant dans 31Naila Kabeer, « Money Can't Buy Me Love »: Re-evaluating Gender, Credit, and Empowerment in Rural Bangladesh, Document de travail la pauvreté absolue. Dans le cas des institutions IDS n0 363 (Brighton, Royaume-Uni : Institute of Development Stu- de microfinance dont les opérations reposent sur dies, University of Sussex, 1998). le crédit, les clients les plus pauvres contractent 32Une institution est dite viable sur le plan financier lorsqu'elle est en généralement les emprunts les plus petits ; or, plus mesure d'être rentable dans un contexte totalement régi par les forces du marché, après retraitement des produits d'exploitation au titre de le montant moyen des prêts est faible, plus les facteurs comme l'inflation, les ressources subventionnées et les dons coûts sont difficiles à couvrir. Toutefois, des pro- en nature. 9 performantes et le montant moyen de leurs prêts, mexicaine, a presque doublé le nombre de ses critère indicatif utilisé pour estimer les niveaux de clients au cours de l'année écoulée pour devenir le pauvreté33. Sur les 62 institutions qui ont commu- plus important programme d'Amérique latine avec niqué des données et qui ont atteint l'autosuffi- 150 000 membres. sance financière, les 18 qui ciblent les clients les En conséquence, aussi bien les résultats affichés plus pauvres (le montant de leurs prêts équivaut par les différents programmes que les moyennes à 20 % du PIB par habitant) affichent, en valeur établies à partir de la base de données permettent moyenne, une meilleure rentabilité que les autres. de se montrer optimiste et d'espérer que, grâce à Les programmes qui ciblent les clients très pau- des produits et des méthodes novatrices, les institu- vres affichent de meilleurs résultats en termes de tions de microfinance pourront réduire leurs coûts coût par emprunteur, indicateur d'efficience qui et servir une clientèle très pauvre de manière ren- neutralise l'effet du montant plus faible des prêts. table. Dès qu'elles seront viables, ces institutions Leur efficience tient à leur productivité plus élevée : pourront devenir une composante permanente du le nombre d'emprunteurs par employé est, en secteur financier et se développer rapidement pour moyenne, de 200 pour ces derniers, contre 140 atteindre une taille importante sans avoir à recourir pour les institutions qui servent une gamme plus au financement de bailleurs de fonds. étendue de clients, et 70 pour les institutions qui servent des clients relativement plus aisés. Conclusion -- la contribution de la Un certain nombre d'institutions de microfi- microfinance à la réalisation des OMD nance ont également montré que grâce à une solide gestion et à des opérations efficientes, il est pos- Aucune intervention ne peut, à elle seule, éliminer sible de fournir des services sur l'échelle massive la pauvreté. Les pauvres ont besoin d'un emploi, requise pour atteindre les milliards de personnes d'instruction et de soins de santé. Certains des ciblées par les OMD. Grâce à la rationalisation individus les plus pauvres ont besoin de bénéficier et à la standardisation de ses procédures, ASA, de transferts de revenus ou de secours immédiats au Bangladesh, ouvre de nouvelles agences pour pour survivre. L'accès aux services financiers per- chaque nouveau groupe de 1800 clients. (Elle met de jeter les fondations nécessaires à la poursuite a acquis près de 78 000 nouveaux membres par de beaucoup d'autres interventions essentielles. mois tout au long de 2002.) En janvier 2003, ASA L'amélioration des soins de santé, du recours aux comptait plus de 2,1 millions de clients. BRAC, conseils en nutrition et de l'éducation de manière dont le nombre de membres dépasse 3,6 millions, durable n'est possible que si les ménages gagnent s'est récemment implanté en Afghanistan et, six davantage d'argent et contrôlent mieux les ressour- mois après avoir ouvert ses portes, avait déjà acquis ces financières. Les services financiers contribuent près de 5000 clients. Acleda et EMT ont, chacune, donc à réduire la pauvreté et à atténuer ses effets plus de 80 000 clients et comptent, à elles deux, de multiples manières concrètes. Et de plus, au fur plus de clients que toute autre institution finan- et à mesure que les programmes améliorent leur cière cambodgienne. En Amérique latine, Banco viabilité financière, ils peuvent servir des clients do Nordeste, qui offre ses services dans l'une des bien au-delà de ce que leur permettraient les rares régions les plus pauvres du Brésil avec un appui ressources que peuvent leur procurer les bailleurs très limité de bailleurs de fonds, est devenue, de de fonds. par sa taille, le deuxième établissement de micro- finance de la région. En quelques années seule- 33MicroBanking Bulletin est publié dans le cadre du Microfinance In- formation Exchange (MIX), service d'information couvrant presque 200 ment, le nombre de ses clients est passé à 110 000. IMF, réseaux et fonds de placement, dont le CGAP a favorisé le dévelop- Compartamos, institution financière non bancaire pement au cours des dernières années. 10 Bibliographie Barnes, Carolyn. Microfinance Program Clients and Impact: An Assessment of Zambuko Trust, Zimbabwe. Rapport USAID-AIMS. Washington, 2001. Barnes, Caroline, Gary Gaile, et Richard Kimbombo. Impact of Three Microfinance Programs in Uganda. Rapport USAID-AIMS. Washing- ton : Management of Systems International, 2001. Chen, Martha A., et Donald Snodgrass. Managing Resources, Activities, and Risk in Urban India: The Impact of SEWA Bank. Washing- ton, AIMS, 2001. Cheston, Susy, et Lisa Kuhn. Empowering Women through Microfinance. New York : UNIFEM, 2002. Chowdhury, A.M.R. et A. Bhuiya. "Do Poverty Alleviation Programmes Reduce Inequity in Health: Lessons from Bangladesh." In Poverty Inequity and Health, publié sous la direction de. D. Leon and G. Walt. Oxford : Oxford University Press, 2001. Hashemi, Syed, Sidney Schuler, et Ann Riley. "Rural Credit Programs and Women's Empowerment in Bangladesh." World Development 24, no.4 (1996) : 635-53. Hossain, M. Credit for the Alleviation of Rural Poverty: The Grameen Bank in Bangladesh. Research Report n°. 55. Washington : IFPRI, 1988. Kabeer, Naila. "Money Can't Buy Me Love": Reevaluating Gender, Credit, and Empowerment in Rural Bangladesh. IDS Discussion Paper No. 363. Brighton, Royaume-Uni : Institute of Development Studies, University of Sussex, 1998. Khandker, Shahidur. Fighting Poverty with Microcredit: Experience in Bangladesh. New York : Oxford University Press, Inc., 1998. MkNelly, Barbara et Christopher Dunford. Impact of Credit with Education on Mothers and Their Young Children's Nutrition: Lower Pra Rural Bank Credit Program with Education in Ghana. Freedom from Hunger Research Paper No. 4. Davis: Calif. : Freedom from Hunger, 1998. ---------. Impact of Credit with Education on Mothers and Their Young Children's Nutrition: CRECER Credit with Education Program in Bolivia. Freedom from Hunger Research Paper No. 5. Davis, Calif. : Freedom from Hunger, 1999. Morduch, Jonathan, et Barbara Haley. Analysis of the Effects of Microfinance on Poverty Reduction. Prepared by RESULTS Canada pour l'Agence canadienne de développement international, novembre 2001. Mustafa, S., I. Ara, D. Banu, A. Hossain, A. Kabir, M. Moshin, A. Ysuf, et S. Jahan. Beacon of Hope: An Impact Assessment of BRAC's Rural Development Programme. Dhaka, Bangladesh : BRAC, 1996. Panjaitan-Drioadisuryo, D.M. Rositan, et Kathleen Cloud. "Gender, Self-Employment, and Microcredit Programs: An Indonesian Case Study," Quarterly Review of Economics and Finance 39 (1999). Pitt, Mark M., Shahidur R. Khandker, Omar Haider Chowdhury, et Daniel Millimet. "Credit Programs for the Poor and the Health Status of Children in Rural Bangladesh," International Economic Review. À paraître. Rahman, Mizanur, Julie DaVanzo, et Abdur Razzaque. Fertility Transition, Contraceptive Use, and Abortion in Rural Bangladesh: The Case of Matlab. Washington : Futures Group International, février 2000. Remenyi, Joe, et Benjamin Quinones Jr., directeurs de publication. Microfinance and Poverty Alleviation: Case Studies from Asia and the Pacific. New York : Pinter Publishers, Ltd., juin 2000. Simanowitz, Anton, en association avec Alice Waters. "Ensuring Impact: Reaching the Poorest while Building Financially Self-Suffi- cient Institutions, and Showing Improvement in the Lives of the Poorest Women and Their Families." Publié dans Pathways out of Poverty: Innovations in Microfinance for the Poorest Families, sous la direction de Sam Daley-Harris. Bloomfield, Conn. : Kumarian Press, Inc. 2002. Schuler, S.R., et S.M. Hashemi. "Credit Programs, Women's Empowerment, and Contraceptive Use in Rural Bangladesh." Studies in Family Planning 25, no. 2 (1994). Zaman, Hassan. Assessing the Poverty and Vulnerability Impact of Micro-Credit in Bangladesh: A Case Study of BRAC. Washington. : Banque mondiale 11 NoteFocus No 24 Les auteurs de cette note sont Elizabeth Littlefield, Directrice du CGAP, Washington ; Jonathan Morduch, Professeur adjoint, Politiques publiques et économie, New York University ; et Syed Hashemi, Spécialiste de la microfinance au CGAP, Washington N'hésitez pas à faire lire cette Note Focus à vos collègues ou à nous demander des exemplai- res supplémentaires de ce numéro ou d'autres études . Toutes les études du CGAP sont disponibles sur le site web du CGAP : www.cgap.org.