DOCUMENT DE TRAVAIL Mauritanie : Les richesses naturelles au service d’un avenir durable SYNTHESE Un ensemble de données sur les principaux indicateurs macroéconomiques, construit après plusieurs missions d'enquête, et les méthodes de la Banque mondiale sur la comptabilisation de la richesse sont à la base de cette étude quantitative sur la richesse de la Mauritanie, qui est estimée se situer entre 50 et 60 milliards de dollars américains. La richesse produite par le pays représente environ 12 pour cent de la richesse totale, beaucoup moins que dans les pays à revenu moyen inférieur; En revanche, la richesse naturelle représente environ 45 pour cent du chiffre total. Les ressources renouvelables représentent un peu moins de deux tiers de l’ensemble des richesses naturelles. La pêche seule est égale à environ un quart de toute la richesse naturelle. Ce sont de bonnes nouvelles pour la Mauritanie, car une bonne gestion de ces ressources peut assurer un flux constant de revenu à l'avenir et, par conséquent - avec des politiques adéquates – d’atteindre les mêmes niveaux de bien-être (ou des niveaux plus élevés) pour les générations futures. Cependant, le ratio de l'épargne nette ajustée sur le revenu national brut est estimé avoir enregistré des valeurs négatives depuis 2006, ce qui signifie que la richesse du pays est en train de s'épuiser. La Mauritanie a récemment rejoint les rangs des pays à revenu intermédiaire, tranche inférieure, en grande partie grâce à sa grande dotation en ressources naturelles. Au fil du temps le secteur minier a contribué de façon remarquable à l’augmentation du produit intérieur brut, et d’importantes découvertes continuent d’être faites. L'objectif primordial de cet exercice de comptabilisation de la richesse est donc de aider la Mauritanie à mieux mesurer ses stocks de façon quantitative ainsi qu’à obtenir une image plus complète sur les perspectives de revenus futurs, afin de mieux orienter les politiques publiques vers la croissance durable et la prospérité partagée. Le document se termine par des recommandations stratégiques indicatives. Gianluca Mele Économiste pays Lutte contre la pauvreté et gestion économique 4 Région Afrique Avril 2014 Mots-clés : Épargne nette ajustée, épuisement des ressources, capital immatériel, bien-être intergénérationnel, capital naturel, valeur actuelle nette, réinvestissement, rente de ressources, développement durable, comptabilisation de la richesse. Code JEL: D60; E01; E21; I39; O13; O44; Q00; Q01; Q50; Q56. ABRÉVIATIONS ET ACRONYMES AEN Avoirs extérieurs nets BIRD Banque internationale pour la reconstruction et le développement BTU Unité thermique britannique COPACE Comité des pêches pour l’Atlantique Centre-Est de la FAO ENA Épargne nette ajustée ENB Épargne nationale brute EUR Euro FAO Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture FBCF Formation brute de capital fixe FMI Fonds monétaire international FNP Fédération nationale de pêche (Mauritanie) IED Investissement étranger direct IMROP Institut mauritanien de recherches océanographiques et des pêches ITC Centre du commerce international ITIE Initiative pour la transparence dans les industries extractives MAED Ministère des Affaires économiques et du Développement MCM Mines de cuivre de Mauritanie MIFERMA Société anonyme des mines de fer de Mauritanie MIGA Agence multilatérale de garantie des investissements MRO Ouguiya mauritanien NK Capital naturel OMRG Office mauritanien des recherches géologiques OMVS Organisation pour la mise en valeur du fleuve Sénégal ONS Office national de la statistique PIB Produit intérieur brut PK Capital produit PMD Dommages liés aux émissions de matières particulaires RNB Revenu national brut RNNa Revenu national net ajusté RR Rente de ressources SCEE Système de comptabilité économique et environnementale SMCP Société mauritanienne de commercialisation de poissons SMH Société mauritanienne des hydrocarbures SNIM Société nationale industrielle et minière de Mauritanie TCF Mille milliards de pieds cubes ii TW Richesse totale UE Union européenne USD Dollar des États-Unis VAN Valeur actuelle nette Wealth Accounting and Valuation of Ecosystem Services (Partenariat pour la WAVES comptabilisation de la richesse et la valorisation des systèmes écosystémiques) WDI Indicateurs du développement dans le monde WITS World Integrated Trade Solution (logiciel) iii Table de matières Remerciements............................................................................................................................................ vii Rôle des industries extractives dans l’économie mauritanienne ................................................................... 1 Contexte macroéconomique...................................................................................................................... 1 Rôle des industries extractives dans l’économie mauritanienne ............................................................... 3 Rôle des ressources renouvelables dans l’économie mauritanienne ......................................................... 6 Comptabilisation de la richesse..................................................................................................................... 9 Au-delà de la croissance du PIB : comptabilisation de la richesse et épargne nationale .......................... 9 Questions et réponses .............................................................................................................................. 12 Richesse naturelle de la Mauritanie, par catégorie.................................................................................. 14 Pêcheries ............................................................................................................................................. 14 Pâturages ............................................................................................................................................ 17 Minerai de fer ..................................................................................................................................... 17 Minerai d’or ........................................................................................................................................ 17 Gaz naturel .......................................................................................................................................... 18 Pétrole brut ......................................................................................................................................... 18 Chiffres actualisés de l’épargne nette ajustée en 2013 ...................................................................... 18 Implications pour l’action des pouvoirs publics ......................................................................................... 20 Dans un contexte où le ratio ena/rnb est négatif, la Mauritanie doit revoir sa façons de gérer sa richesse naturelle afin d’asseoir les bases d’une croissance durable .................................................................... 20 Maximiser la rente issue des ressources et l’efficacité des dépenses publiques : Perspectives à court et à long terme ............................................................................................................................................... 22 Institutionnalisation et amélioration de l’information sectorielle requise pour la comptabilisation de la richesse.................................................................................................................................................... 23 Annexe 1 : Sources des données ................................................................................................................. 25 Annexe 2 : Méthodologie et questions sectorielles spécifiques .................................................................. 27 Références .................................................................................................................................................. 41 Figures : Figure 1 : Prix du fer, de l’or et du pétrole, 1990-2012 ................................................................................ 3 Figure 2 : Composition de la richesse nationale dans les pays à revenu faible, intermédiaire et élevé .... 13 Figure 3 : Estimation de la composition de la richesse naturelle en Mauritanie ....................................... 14 iv Figure 4 : Part relative des différentes catégories de ressources dans le patrimoine de la Mauritanie .... 15 Figure 5 : Épargne nette ajustée et épargne nationale brute en pourcentage du RNB, 1997-2013 .......... 19 Tableaux : Tableau 1 : Exploitation des ressources halieutiques en Mauritanie par espèce....................................... 16 Tableau 2. Synthèse des hypothèses concernant le fer et l’or ................................................................... 31 Tableau 3. Principales hypothèses utilisées pour calculer la richesse dans la pêche artisanale de céphalopodes .............................................................................................................................................. 33 Tableau 4. Principales hypothèses utilisées pour calculer la richesse dans la pêche artisanale de pélagiques ................................................................................................................................................... 34 v vi Remerciements Le travail de recherche et d’analyse présenté dans ce rapport a bénéficié des contributions, des commentaires et des conseils techniques de nombreux collègues. Mes plus sincères remerciements s’adressent tout d’abord à Miria Pigato qui a accompagné et encadré ce processus par ses conseils avisés et son immense expérience. Je remercie particulièrement Philip English pour ses commentaires et conseils avisés. Je remercie également Vera Songwe et Moctar Thiam pour leur appui inestimable. Ma gratitude va tout particulièrement à El Hadramy Oubeid qui n’a pas ménagé ses efforts pour recueillir des informations sur le terrain, sans lesquels ce travail n’aurait pu aller à son terme. Je remercie infiniment Sebastien Dessus, Kjetil Hanses, Glenn-Marie Lange, Morten Larsen et Dahlia Lotayef pour avoir relu ce document. Esther G. Naikal, Urvashi Narain, Bassem Nehme, Silvana Tordo et Xavier Vincent ont également apporté une contribution substantielle à la production de ce rapport. Je n’oublierai pas Batouly Dieng, Fatima Cherif, Sylvaine Cussac et Judite Fernandes pour leur précieuse aide. Toute ma gratitude aux autorités mauritaniennes pour avoir généreusement mis à notre disposition les données nécessaires à la réalisation de cette analyse et pour l’appui constant qu’ils accordent aux missions de la Banque mondiale en Mauritanie. Je voudrais également remercier Sean Lothrop pour la mise au point de la version définitive du rapport. Enfin, mais non des moindres, ma sincère gratitude à Helen Edmundson, dont les conseils sur la recherche économique, l’analyse et la modélisation statistiques ont profondément éclairé le rapport. Je forme le vœu que cette analyse contribue à informer les autorités et d’autres intervenants de la nécessité de gérer le patrimoine national de façon responsable et d’utiliser les ressources renouvelables et épuisables pour asseoir les bases d’une croissance durable et d’une prospérité partagée. vii Rôle des industries extractives dans l’économie mauritanienne CONTEXTE MACROECONOMIQUE 1. Ces dernières années, l’économie mauritanienne a connu une croissance forte et soutenue. L’amélioration de son cadre de politique générale a favorisé la croissance du PIB qui s’est établi à 6 % en moyenne annuelle durant la décennie écoulée (2003-13) : le PIB par habitant 1 était de 1 106 dollars en 2012. Ce taux de croissance globalement satisfaisant a été atteint en dépit des répercussions persistantes de la crise financière internationale et des problèmes de la zone euro, mais aussi de la rudesse de la sécheresse qui a frappé le pays en 2011. Les prix élevés du minerai de fer et la mise en production de nouvelles mines d’or et de cuivre expliquent cette forte croissance, qui est également soutenue par la pêche et la construction, et devrait être portée par la relance du secteur agricole et la réalisation de grands projets d’infrastructure jusqu’en 2013. 2. Les secteurs économiques les plus dynamiques sont la pêche (15 % de taux de croissance en 2012) et l’investissement public qui a augmenté de 23 %, les autorités ayant profité de l’accroissement des recettes minières pour engager des projets d’infrastructure. Plus de 50 % des investissements publics sont axés sur l’énergie et le transport, et le volume total net des investissements privés récents est également élevé : il est passé d’une moyenne de près de 2 % du PIB en 1999-00 à un taux estimé à 23 % du PIB en 2012-13 2. Également, la formation brute de capital fixe a considérablement augmenté durant la même période, passant d’environ 15 à 40 % du PIB. Les prix du minerai de fer restent élevés par rapport aux normes historiques, et la production représente à elle seule environ 18 % du PIB 3, les autres ressources minières contribuant à près de 7 % du PIB. Les premières prévisions relatives au secteur pétrolier se sont avérées trop optimistes, le pétrole représentant actuellement environ 3 % du PIB. Soutenues par un accroissement considérable de la production du minerai de fer et par l’expansion du secteur du gaz naturel, les perspectives de croissance à moyen terme sont très positives. La production agricole a rebondi après la sécheresse de 2011, grâce aux abondantes précipitations de 2012 et 2013. L’agriculture mauritanienne est largement tributaire de la pluie, ce qui la rend hautement vulnérable aux chocs climatiques. Cela dit, elle dispose d’un énorme potentiel d’irrigation. La pêche représente environ 7 % du PIB et emploie quelque 40 000 personnes 4, bien que la plupart soient de nationalité étrangère. 1 En dollars courants, source : WDI, Banque mondiale. 2 Source : WDI, Banque mondiale 3 Source : Autorités, les données datent de 2013. 4 Source : Étude des aspects macroéconomiques pour des pêcheries durables en Mauritanie, Banque mondiale, 2008 1 3. Ces deux dernières années, l’espace budgétaire national a frôlé des niveaux record grâce à des politiques macroéconomiques prudentes, une administration fiscale plus forte et l’embellie des prix du minerai de fer et du pétrole brut sur les marchés mondiaux. L’aide internationale a également contribué à accroître l’enveloppe budgétaire de l’État ; des transferts considérables ont été effectués en 2012 pour faire face à la crise alimentaire qui a suivi la sécheresse, et la Mauritanie a reçu des dons exceptionnels de pays du Moyen- Orient et de l’Afrique du Nord. Elle a également reçu son premier paiement au titre de l’accord de pêche avec l’Union européenne. Ensemble, ces facteurs ont donné lieu à un excédent budgétaire exceptionnel en 2012. Ce nonobstant, le déficit budgétaire pour 2013 est estimé à près de 1 % du PIB, les dons étant redescendus à leur niveau habituel alors que les dépenses d’investissement continuaient d’augmenter. Les dépenses publiques devraient rester élevées en 2014, en prévision des recettes attendues de nouveaux projets d’exploitation du fer et de l’or, même si certains gisements ne devraient pas être pleinement mis en exploitation avant 2017. Cela dit, à moyen terme, le pays devrait maintenir un solde budgétaire quasiment nul ou légèrement positif. Alors que l’augmentation des recettes provenant des ressources naturelles offre une excellente occasion de combler les besoins de financement des investissements dans les infrastructures et les services sociaux, une dépendance accrue à l’égard de ces ressources rendra le pays plus vulnérable à moyen terme à la volatilité des prix mondiaux du fer et de l’or. 4. La vulnérabilité de la Mauritanie à la variation des prix des matières premières s’est fait sentir en 2012-13. Une légère baisse des prix à l’exportation couplée à l’envolée des importations liée aux grands projets dans les domaines des infrastructures et de l’énergie a entrainé une dégradation de la balance commerciale en 2012, qui a enregistré un déficit équivalent à 13 % du PIB. La situation s’est toutefois améliorée en 2013 et la balance commerciale est redevenue quasi nulle, les importations étant moins importantes que prévu. Il faut néanmoins noter que ces importations ont largement été financées par l’IED, qui est aussi influencé par les marchés de matières premières, bien qu’à plus long terme. Par conséquent, en cas de baisse prolongée des prix des exportations, les effets négatifs sur la balance commerciale seraient atténués par une diminution des importations financées par l’IED. 5. La concentration des exportations reste élevée, aussi bien en ce qui concerne les partenaires commerciaux que les marchandises, bien qu’on observe des signes d’une légère amélioration. Le secteur minier (fer, or et cuivre) représente environ 70 % des exportations totales dont plus de 50 % sont destinées à la Chine. L’IED net a doublé entre 2011 et 2012 pour atteindre 1,4 milliard de dollars, et devrait rester supérieur à 1 milliard de dollars en 2013. En conséquence, les réserves de change devraient atteindre un pic historique de 7,4 mois d’exportations en 2013. 2 6. Le niveau de la dette publique est élevé, mais sa trajectoire reste gérable si les négociations bilatérales en cours aboutissent de façon satisfaisante. La décision concernant d’importants arriérés vis-à-vis du Koweït, qui représentent environ un tiers du montant total de la dette publique extérieure, reste pendante, ce qui explique un ratio d’endettement de plus de 90 %. Les autorités mauritaniennes doivent donc recourir de moins en moins aux financements non concessionnels jusqu’à ce que la dette à l’égard du Koweït soit rééchelonnée ou annulée — totalement ou en partie. ROLE DES INDUSTRIES EXTRACTIVES DANS L’ECONOMIE MAURITANIENNE 7. Au milieu des années 2000, le taux de Figure 1 : Prix du fer, de l’or et du pétrole, 1990-2012 croissance annuelle du PIB réel ne dépassait pas 4 % en moyenne ; en 2006, il s’est envolé à 1600 plus de 11 % à la faveur de l’augmentation des 1400 exportations de ressources naturelles et est 1200 resté élevé jusqu’en 2013. L’accélération de la 1000 USD 800 croissance en 2006 s’explique par le démarrage de 600 la production pétrolière avec la mise en production 400 des premiers puits offshore de Mauritanie, même 200 si les taux d’extraction ont chuté radicalement en 0 1990 1992 1994 1996 1998 2000 2002 2004 2006 2008 2010 2012 quelques mois en raison de graves difficultés techniques 5. Globalement, les indicateurs Crude oil, average ($/bbl) Iron ore, cfr spot ($/dry mt) Gold ($/troy oz) macroéconomiques de la Mauritanie ont continué Sources : Banque mondiale, prix en dollars courants de 2005. à s’améliorer, grâce à l’ouverture des premières mines d’or et de cuivre et à l’augmentation record des prix du minerai de fer. Chaque mois, le Conseil des ministres attribue de nouveaux permis de recherche à des entreprises étrangères et nationales. Les menaces sécuritaires dans les régions intérieures du pays n’ont pas découragé les opérateurs internationaux et près de 200 permis ont été attribués (à des étrangers) jusqu’à présent. 8. L’exploitation industrielle de fer a démarré au milieu des années 1960 avec le financement des premières mines commerciales de fer du pays par la Banque mondiale, le Gouvernement mauritanien, le Gouvernement français et le consortium international d’exploitation de fer MIFERMA 6. Actuellement, la SNIM est propriétaire majoritaire et unique exploitant des mines de fer mauritaniennes, avec un volume de 5 Ils sont rapidement descendus en dessous de 20 000 barils/jour au début du 2e semestre 2007, et s’établissent actuellement autour de 9 000 barils/jour. Les réserves d’hydrocarbures sont jugées modestes : les réserves prouvées et probables de pétrole brut étaient de 310 millions de barils en 2008, contre 2,1 milliards de barils pour le Tchad. 6 La Société anonyme des mines de fer de Mauritanie était une entreprise conjointe appartenant à des métallurgistes français, britanniques, italiens et allemands et établie avant l’accession de la Mauritanie à l’indépendance en 1960. 3 production annuelle de l’ordre de 1,1 million de tonnes 7. Les plans d’expansion actuels prévoient d’accroître la capacité d’extraction à 25 millions de tonnes d’ici 2018 et 40 millions de tonnes à l’horizon 2025. La SNIM conservera le monopole de l’exploitation du minerai de fer jusqu’en 2020. Elle a une importante composante sociale et a contribué à la réalisation de nombreux objectifs publics en cofinançant des extensions portuaires et ferroviaires, ainsi que des projets de télécommunication, et en créant quelque 10 000 emplois aussi bien permanents que saisonniers. Elle a même créé sa propre fondation et soutient largement plusieurs projets d’envergure nationale. Sa participation au budget national a doublé, passant d’environ 140 millions de dollars en moyenne (ces dernières années) à 300 millions de dollars dès 2014. Le minerai de fer mauritanien est d’excellente qualité et les réserves prouvées et probables du pays sont considérables — elles sont estimées à 3 milliards de tonnes. Des accords de partenariat envisagés entre la SNIM et des entreprises minières internationales ainsi que des projets d’infrastructures en prévision, y compris une conduite sous-marine partant de la côte aux centres de traitement du minerai à Zouérat, pourraient accroître davantage la capacité d’exportation du pays. La Mauritanie est actuellement le deuxième plus gros exportateur de minerai de fer sur le continent, après l’Afrique du Sud, et ses réserves ferriques estimées sont si importantes que même si ses taux d’extraction continuaient d’augmenter, elles devraient soutenir un volume d’exportation élevé pendant plusieurs décennies encore. La compagnie minière suisse Xstrata vient également d’intégrer le marché mauritanien, à la faveur d’un accord conclu avec la SNIM. 9. La Mauritanie exporte également de l’or et du cuivre ; elle a vendu 200 000 onces d’or et environ 45 000 tonnes de cuivre en 2012 8. La filière de l’or est monopolisée par des entreprises étrangères dont la plus importante est KINROSS Gold, une entreprise canadienne 9 qui a démarré ses activités en Mauritanie en 2007 et emploie environ 1 500 travailleurs locaux. Au départ, la production avoisinait les 11 000 onces d’or par an, mais elle est montée à plus de 200 000 onces en 2010 et devrait dépasser le double de ce chiffre après 2016, en fonction des prix de l’or sur les marchés 10. KINROSS Tasiast applique une politique de responsabilité sociale minutieuse, dont l’objectif est d’investir 10 millions de dollars chaque année dans plusieurs projets en faveur des populations locales, comme la construction de centres de formation technique et d’établissements de santé et l’amélioration de l’accès à l’eau potable, entre autres. Contrairement au minerai de fer, la teneur en or est généralement faible (près de 1 gramme d’or à la tonne), ce qui se traduit par des coûts de production plus élevés. En ce qui concerne le cuivre, la société des Mines de cuivre de Mauritanie (MCM) qui opère dans la région d’Akjoujt domine la filière. L’exploitation du cuivre a démarré en 2006 et, vers la fin de l’année 2009, les volumes extraits étaient de l’ordre de 4 millions de tonnes pour un taux de recouvrement de 3:1 (déchets par 7 Source : Centre du Commerce international (ITC), base de données Trade Map. 8 Source : ITC, Trade Map : www.trademap.org 9 Kinross Gold Corporation a des mines en activité en Mauritanie, au Canada, aux États-Unis, au Brésil, au Chili, en Équateur, en Russie et au Ghana. En Mauritanie, elle est représentée par sa filiale KINROSS Tasiast Ltd. 10 Consulter l’annexe 2 pour de plus amples informations sur les hypothèses méthodologiques. 4 rapport au minerai). La mine emploie environ 1 500 personnes et produit près de 4 000 tonnes de concentré par mois 11. 10. Comme il est indiqué ci-dessus, la Mauritanie a rejoint le cercle des pays producteurs de pétrole en 2006. Ses réserves prouvées et probables de pétrole brut sont estimées à environ 600 millions de barils 12, ce qui est considérable, mais très inférieur aux estimations initiales et très en-deçà du niveau d’autres pays producteurs, y compris des exportateurs régionaux comme le Tchad. Le premier champ, Chinguetti, a été découvert en 2001, suivi de Banda en 2002, de Pelican et Tiof en 2003, de Tevet en 2004, de Faucon en 2005, et plus récemment de bien d’autres. Les trois principales régions pétrolifères sont le bassin côtier, le bassin de Taoudeni — qui couvre une zone comprise entre la Mauritanie et le Mali qui correspond à peu près à la superficie de l’Espagne — et les champs offshore. Les premières estimations des réserves totales et de la capacité de production n’ont malheureusement pas été confirmées, et le taux d’extraction actuel est relativement modeste (8 000 barils par jour). Qu’à cela ne tienne, le niveau élevé des cours et l’utilisation de techniques d’extraction de plus en plus efficaces font que ce secteur contribue grandement à l’économie nationale (recettes fiscales, salaires, exportations) et le pétrole représente actuellement près de 3 % du PIB ou environ 160 millions de dollars. Profitant de l’embellie des prix, le fonds pétrolier créé au démarrage des activités (en 2006) s’enrichit progressivement, malgré la faiblesse de la production. Selon les estimations, il est doté actuellement (début 2014) de 100 millions de dollars. 11. La production pétrolière a démarré à une période cruciale de l’histoire politique du pays. Quelques mois auparavant, en août 2005, un coup d’État mettait fin à 21 années de présence au pouvoir du président (et ancien premier ministre) Maaouya Ould Sid’Ahmed Taya, marquant le début de ce que les observateurs locaux ont décrit comme une période de « transition ». Les premières mesures réglementaires, les premiers accords d’exploitation et les premiers dispositifs de gestion globale du secteur pétrolier ont été mis en place dans un environnement marqué par une grande instabilité politique et d’importants problèmes de gouvernance, qui se traduisaient par le remplacement rapide des personnes aux commandes. En conséquence, les données du secteur laissent à désirer, en ce qui concerne aussi bien leur disponibilité, leur fiabilité et leur précision. Ces dernières années, bon nombre de grandes entreprises ont intégré le marché national — Agip, Mobil, Shell, Exxon — et un certain nombre de firmes internationales poursuivent leurs activités dans le secteur, parmi lesquelles TOTAL, TullowOil, Repsol et China National Petroleum Corporation. Des rapports annuels décrivant les recettes publiques collectées auprès des exploitants pétroliers et miniers sont régulièrement produits et affichés sur le site web du gouvernement 13. 11 Source : 450, Mine de Guelb-Moghrein. 12 Pour plus de renseignements, visiter le site web officiel de l’ITIE : www.eiti.org. 13 www.cnitie.mr 5 12. D’importantes réserves de gaz naturel ont été découvertes récemment. Selon les estimations, elles sont particulièrement importantes dans la partie sud du pays et en mer. L’intérêt des opérateurs aussi bien publics que privés s’est accru rapidement, et les plans de préparation d’un projet de valorisation du gaz en électricité à Banda sont très avancés, ce qui pourrait plus que doubler la capacité de production d’électricité en Mauritanie. Ce projet prévoit d’exporter de l’électricité vers le Sénégal et le Mali, tandis qu’au niveau national, il devrait permettre de diminuer considérablement les coûts de l’électricité et d’approvisionner plus de 50 % de la population urbaine vivant dans des logements informels. Il sera réalisé dans le cadre d’un partenariat public- privé soutenu par la BIRD et la MIGA et devrait s’achever en fin 2015 14. Le potentiel considérable du secteur gazier met en vedette le rôle considérable et l’importance croissante des industries extractives dans l’économie mauritanienne. Cela dit, le potentiel d’utilisation des ressources naturelles pour faire face aux défis considérables du développement et de la réduction de la pauvreté dépendra de la façon dont elles sont administrées et les ressources budgétaires qu’elles génèrent sont gérées et investies. 13. Le gouvernement a accompli des progrès vers l’amélioration de la gouvernance et la transparence du secteur extractif, et la Mauritanie est pleinement conforme aux normes de l’Initiative de transparence dans les industries extractives (ITIE) et à son programme spécifique pour les pays en développement riches en ressources désigné ITIE++. ROLE DES RESSOURCES RENOUVELABLES DANS L’ECONOMIE MAURITANIENNE 14. La Mauritanie compte certains des fonds de pêche les plus riches du monde le long de ses 754 kilomètres de côtes atlantiques. La filière de la pêche industrielle exporte environ 800 000 tonnes de poissons chaque année, alors que les prises artisanales sont de l’ordre de 80 000 tonnes. Selon les estimations, la pêche génère plus de 40 000 emplois directs, bien que la plupart d’entre eux soient occupés par des pêcheurs venus de pays voisins (particulièrement du Sénégal) et les chiffres de l’emploi ne distinguent pas les travailleurs permanents et saisonniers. La quasi-totalité des embarcations locales pêchent au large des ports de Nouakchott et Nouadhibou, qui fournissent ensemble près de 90 % des prises totales. L’Europe et la Chine sont les principales destinations des exportations mauritaniennes dans ce secteur. Toutes les exportations sont gérées par la Société mauritanienne pour la commercialisation de poisson (SMCP), une entreprise privatisée qui bénéficie de l’appui des pouvoirs publics. Basée à Nouadhibou, la SMCP a été constituée en 1984 et, ces trois dernières décennies, a conservé un monopole de fait sur les produits congelés débarqués en Mauritanie et destinés à l’exportation. La transformation est limitée à une poignée d’entreprises de production de farines de poisson, une filière dans laquelle la valeur ajoutée reste relativement marginale. La pêche n’est pas seulement une importante source d’emplois, de revenus et d’aliments vitaux pour les ménages vulnérables, les accords de pêche internationaux 14 Cf. Stratégie de partenariat du Groupe de la Banque mondiale (2014-16) avec la République islamique de Mauritanie, Banque mondiale, 2013. 6 sont également une source importante de recettes non fiscales. Cela dit, ce secteur souffre de l’inefficacité des politiques, d’une mauvaise gestion et de dysfonctionnements au niveau organisationnel. De surcroît, les mesures nécessaires pour éviter la surpêche sont généralement négligées. 15. L’agriculture est aussi un secteur important en Mauritanie. Le secteur agricole a un potentiel de développement considérable, particulièrement l’agriculture irriguée le long du rivage au nord du fleuve Sénégal15. Le potentiel d’irrigation du pays équivaut à 140 000 hectares de terres dont à peine 30 % sont exploitées (surtout pour la riziculture), le reste étant envahi par la végétation. L’Organisation pour la mise en valeur du fleuve Sénégal – OMVS 16 — est une organisation régionale créée en 1972 dans le but d’améliorer les revenus et la sécurité alimentaire des populations locales tout en préservant les écosystèmes locaux naturels. Elle couvre une région qui a récemment attiré plusieurs investisseurs (régionaux et internationaux) pour différents projets, dont un projet de transport fluvial et un projet d’hydroélectricité. 16. Les pâturages recouvrent actuellement près de 40 % de la surface totale des terres émergées de Mauritanie, tandis que la proportion des terres arables est beaucoup plus petite. L’agriculture en Mauritanie est généralement pratiquée suivant un modèle de production familiale de semi-subsistance. Les dattes, le sorgho, les tubercules et le mil sont certaines des plus importantes cultures du pays, alors que l’élevage concerne les bovins, les ovins, les camelins et la volaille. Le pastoralisme est le moyen de subsistance d’une grande partie de la population, surtout les communautés traditionalistes. Pourtant, la production agricole et pastorale totale ne parvient pas à satisfaire les besoins alimentaires nationaux, et près de 70 % de la demande mauritanienne de céréales est satisfaite par les importations. Plus spécifiquement, alors que l’élevage génère un excédent exportable, l’agriculture ne suffit généralement pas à satisfaire la demande intérieure et est largement vulnérable aux chocs extérieurs (comme les variations de prix et de climat). Près de 500 000 hectares des terres mauritaniennes sont cultivables, et une grande partie est consacrée à l’agriculture pluviale, même si la superficie concernée varie grandement en fonction des précipitations annuelles (de 5 000 à plus de 200 000 hectares). La Mauritanie est également l’un des pays les plus durement frappés et les plus concernés par la désertification ; selon la FAO, plus de 70 % du territoire est menacé. Ensemble, l’agriculture et l’élevage emploient environ deux tiers de la main-d’œuvre mauritanienne 17, mais représentent à peine 16 % du PIB 18 en raison du faible niveau de la productivité et de défaillances structurelles. Pays sahélien et en grande partie désertique, la Mauritanie est vulnérable aux variations climatiques qui aggravent les risques d’insécurité alimentaire et tirent les prix alimentaires vers la hausse. L’agriculture est l’une des grandes priorités du gouvernement, comme on peut le voir dans les cadres stratégiques de lutte contre la pauvreté et dans les projets soutenus par les partenaires bilatéraux 15 La Banque mondiale appuie un important programme d’irrigation le long du fleuve Sénégal, qui vise à restaurer plus de 11 000 hectares de terres et à diversifier la production. 16 Les pays membres de l’OMVS sont la Guinée, le Mali, la Mauritanie et le Sénégal. 17 Source : Enquête sur l’emploi, ONS, 2013 : près de 57 % de la population active est employée dans le secteur rural. 18 Estimations du personnel de la Banque mondiale, en valeur nominale, 2013. 7 et multilatéraux, y compris le Groupe de la Banque mondiale. La capacité de la Mauritanie à gérer ses ressources renouvelables, à accroître la productivité de son secteur primaire de façon soutenue et à adopter des politiques favorables à une large participation à la croissance de l’agriculture, de l’élevage et de la pêche, sera déterminante pour réaliser ses objectifs de développement économique et social. 8 Comptabilisation de la richesse AU-DELA DE LA CROISSANCE DU PIB : COMPTABILISATION DE LA RICHESSE ET EPARGNE NATIONALE 17. La croissance du PIB est souvent la principale mesure du développement économique considérée dans l’analyse macroéconomique ; pourtant, le PIB est une mesure incomplète et d’autres indicateurs — même s’ils sont plus difficiles à quantifier — jouent un rôle tout aussi important dans l’explication des gains et pertes socioéconomiques. C’est le cas, en particulier, dans les pays riches en ressources extractives. Le PIB et les mesures de même type donnent la valeur de la production nationale ou, en se plaçant d’un autre point de vue, du revenu national, mais n’expliquent pas ce qui est à la base de cette production – la contribution des différents types d’actifs en capital ou l’évolution de leur composition au fil du temps, y compris l’épuisement des ressources renouvelables et épuisables ou les dommages subis par l’écosystème local, ainsi que l’accumulation de capital physique et humain reproductible. Dans les pays riches en ressources, ces dynamiques ont des implications déterminantes pour la croissance à long terme que les indicateurs du revenu national ne sont pas capables d’évaluer 19. 18. Dans ce contexte, la comptabilisation de la richesse permet de quantifier les différents types de capital – produit, immatériel et naturel – à l’origine de la croissance économique. L’analyse qui suit vise à cerner les schémas de formation et d’épuisement du capital en Mauritanie et à en dégager les implications pour le développement à long terme du pays. La méthodologie de comptabilisation de la richesse est conçue de façon à déterminer la valeur des ressources naturelles renouvelables (terres agricoles, forêts, zones de pêche, etc.), des ressources épuisables (minerais, hydrocarbures, etc.), du capital produit (infrastructures publiques, stocks de capitaux privés, etc.) et du capital humain (éducation, formation, main-d’œuvre, etc.), mais aussi du capital immatériel (institutions publiques, systèmes d’administration et de gouvernance, organisations du secteur privé et de la société civile, etc.) qu’il n’est pas facile d’évaluer en termes monétaires, mais qui n’en a pas moins un impact majeur sur le potentiel de croissance à long terme. 19. L’épargne nette ajustée (ENA), calculée en pourcentage du revenu national brut (RNB) par habitant, est une des mesures les plus utiles pour évaluer l’évolution du stock sous-jacent de capital productif d’un pays. L’ENA est dérivée de l’épargne brute, une mesure standard de comptabilité nationale à 19 Hamilton, K. et E. Ley (2010), « Measuring National Income and Growth in Resource-Rich, Income-Poor Countries », Economic Premise No. 28 Washington DC : Banque mondiale. 9 laquelle quatre ajustements sont apportés : i) déduction de la dépréciation du capital fixe afin d’obtenir l’épargne nationale nette ; ii) déduction de l’épuisement des ressources naturelles pour tenir compte de l’évolution de la valeur des actifs associée aux activités d’exploitation ; iii) déduction des dommages causés par la pollution due au dioxyde de carbone et aux émissions de particules 20 pour tenir compte du coût à long terme de la dégradation de l’environnement ; et iv) addition des dépenses d’éducation courantes comme variable représentative de l’impact positif de la formation de capital humain sur la croissance à long terme. Comme on pourrait naturellement le penser, le capital immatériel est la composante la plus difficile à mesurer : il est calculé en soustrayant les autres formes de capital de l’estimation de la valeur totale du capital 21. L’avantage de cette mesure est qu’elle permet d’évaluer le degré de compensation de l’épuisement actuel des ressources naturelles par les rentes issues de ces ressources et l’évolution du capital humain et du capital produit, ce qui a d’importantes implications pour la consommation à long terme et l’équité intergénérationnelle dans l’exploitation des ressources naturelles. Cependant, cette valeur n’est qu’un instantané à un moment donné, qui ne tient pas compte de la possibilité de faire de nouvelles découvertes. 20. Un important corpus de littérature sur les taux d’ENA révèle une tendance préoccupante au sein des pays subsahariens riches en ressources dans lesquels une forte croissance du PIB masque souvent un déclin du stock sous-jacent de capital naturel. Bien que certains pays soient parvenus à transformer leurs actifs naturels en capital produit et en capital humain, l’exploitation des richesses naturelles a bien souvent alimenté une augmentation intenable des dépenses de consommation courante ou des investissements peu productifs aux dépens de la croissance à long terme 22. De plus, les données disponibles font apparaître une corrélation générale entre des taux d’épargne ajustée négatifs et la persistance de faibles indicateurs de développement socioéconomique comme le taux de littératie, le niveau de nutrition et les résultats en matière de santé publique 23. 21. Compte tenu du rôle important des ressources naturelles dans la croissance de l’économie mauritanienne, l’analyse qui suit se concentre sur le capital naturel. Le stock de capital naturel de la Mauritanie peut être réparti en six catégories représentant la plupart des ressources renouvelables et épuisables du pays. : minerai de fer, minerai d’or, gaz naturel, pétrole brut, fonds de pêche et pâturages. L’analyse est conçue pour calculer l’épuisement de chacune de ces formes de capital naturel. 20 Dans l’impossibilité de déterminer ou d’estimer des valeurs actualisées pour les coûts de la pollution, cette analyse a interpolé les valeurs de trajectoires à partir des estimations disponibles pour la période 1997-10 et produit une estimation pour 2013 (les estimations historiques des émissions de particules sont extraites de la base de données WDI de la Banque mondiale). 21 Voir l’annexe 2 pour plus d’informations. La valeur des terres cultivables n’ayant pu être estimée séparément, elle est également incluse dans cette valeur résiduelle. 22 Collier, P., R. Van Der Ploeg, M. Spence et A. Venables (2010), « Managing Resource Revenues in Developing Economies », IFM Staff Papers 57 :84-118 Washington DC : FMI 23 Hamilton, K. et E. Ley (2010), « Measuring National Income and Growth in Resource-Rich, Income-Poor Countries », Economic Premise No. 28, Washington DC : Banque mondiale 10 22. La première étape consiste, pour chaque catégorie de capital, à calculer les rentes de ressources (RR) qui correspondent au revenu actuel net tiré des ressources renouvelables et épuisables. Pour les ressources extractives, la rente de ressources peut être définie comme le produit total des ventes brutes de ressources diminué de tous les coûts du processus extractif – y compris le coût d’opportunité du capital produit – corrigé en fonction de l’inflation. La valeur de la rente de ressources est projetée sur une période de 25 ans qui représente une génération. Sur la période 2013-38, l’inflation est estimée à 3 % en moyenne. On suppose un rendement annuel du capital fixe (ou coût d’opportunité du capital) de 10 % que l’on déduit de la rente de ressources pour chaque catégorie. Enfin, la rente de ressources est également ajustée pour tenir compte du taux social d’actualisation, lequel, selon les pratiques habituelles de la Banque mondiale, est fixé à 4 % conformément à la formule de Ramsey 24. 23. La principale difficulté rencontrée dans la gestion macroéconomique des pays riches en ressources consiste à déterminer quelle part de la rente de ressources doit être consommée et quelle part doit être épargnée et investie pour permettre de futurs gains de bien-être. C’est une question très importante pour un pays comme la Mauritanie, dont la population a des besoins immédiats considérables. L’analyse des arbitrages entre dépenses et épargne fait appel à un cadre théorique dérivé de l’hypothèse du revenu permanent 25. Dans la formulation microéconomique type de ce modèle, le principal déterminant de la consommation d’un individu n’est pas son revenu disponible actuel, le revenu qu’il génère à un moment donné, mais plutôt son « revenu permanent » défini comme le rendement à long terme de son patrimoine total – qui comprend à la fois son capital humain (niveau d’éducation, compétences et expérience professionnelles, etc.) et ses actifs physiques et financiers (immobilier, capital d’investissement, etc.) 26. La théorie macroéconomique parallèle de l’hypothèse du revenu permanent applique ces concepts à l’échelle de la nation, encourageant les pouvoirs publics à fonder leurs décisions de politique économique sur le rendement à long terme du stock de capital national et non exclusivement sur le niveau actuel du PIB. Malgré plusieurs réserves importantes 27, ce modèle offre une perspective de long terme intéressante sur la productivité et l’actualisation. 24. Avant de procéder à l’analyse, il convient de souligner plusieurs autres problèmes méthodologiques. Premièrement, les résultats sous-estiment le stock total de richesses, car plusieurs catégories de capital naturel – terres agricoles, ressources forestières et ressources minérales mineures, etc. – ne sont pas 24 La formule est la suivante : r= δ (γ • c/g) où : r est le taux social d’actualisation, δ est le taux de préférence pure pour le présent, γ est l’élasticité de l’utilité marginale de la consommation, qui mesure la courbure relative de la fonction d’utilité (c.-à-d. la rapidité avec laquelle l’utilité diminue à mesure que la consommation augmente) et c/g est le ratio de la consommation sur la croissance (PIB par habitant) et détermine si et dans quelle mesure les revenus futurs seront plus élevés qu’aujourd’hui et donc si la consommation marginale vaut plus aujourd’hui que dans le futur. 25 Friedman, M. (1957), A Theory of the Consumption Function, Princeton, NJ : Princeton University Press. 26 Cf. Hall, R. E. (1978), « Stochastic Implications of the Life Cycle-Permanent Income Hypothesis : Theory and Evidence », Journal of Political Economy 86(6) : 971-987 27 L’hypothèse du revenu permanent repose sur plusieurs hypothèses qui ne tiennent pas nécessairement en situation réelle. Elle suppose par exemple des marchés de capitaux efficaces assortis d’une information parfaite et symétrique, ainsi que d’une liquidité suffisante. Ces conditions sont très peu probables dans des pays en développement comme la Mauritanie. 11 prises en compte dans l’analyse en raison de l’inexistence ou du manque de fiabilité des données. Deuxièmement, les contraintes de données ont également un impact sur la fiabilité de l’analyse des catégories prises en compte. Par exemple, les espèces de poissons démersaux n’ont pas été incluses dans les calculs du secteur de la pêche, car les données étaient insuffisantes, fragmentaires ou peu fiables. Troisièmement, les estimations reposent sur les meilleures informations dont on dispose aujourd’hui, mais de nombreux facteurs peuvent venir modifier la base des estimations et des projections, notamment les innovations technologiques, les découvertes de nouvelles ressources, les changements climatiques, etc. Enfin, les projections à long terme de l’inflation, du taux de change et des prix des matières premières s’appuient sur plusieurs sources fiables 28, mais comprennent inévitablement un degré d’incertitude. Les annexes 1 et 2 fournissent plus d’informations sur les sources de données et la méthodologie. QUESTIONS ET REPONSES 25. L’analyse comptable de la richesse réalisée aux fins du présent rapport vise à répondre trois grandes questions : i) Selon les estimations, quel est le stock de capital disponible dans le pays — capital produit, capital immatériel et capital naturel renouvelable et épuisable ? ii) Quel est le taux actuel d’épargne nette ajustée et quelles sont ses implications pour la pérennité du stock de richesse du pays ? iii) Comment faut-il gérer les ressources renouvelables et épuisables pour assurer une croissance durable ? 28 Ce sont notamment les projections des prix des matières premières de la Banque mondiale, les projections du FMI et les rapports de JP Morgan sur les futurs prix miniers. 12 26. L’analyse montre que le stock total de richesses de la Mauritanie 29 s’évalue à 60 milliards de dollars environ, soit à peu près 16 000 dollars par habitant. À titre de comparaison, la richesse totale moyenne par habitant avoisine 8 000 dollars dans les pays à faible revenu, 30 000 dollars dans les pays à revenu intermédiaire et 400 000 dollars dans les pays à revenu élevé 30. La Mauritanie se situe ainsi à mi-chemin entre les valeurs moyennes des pays à faible revenu et celles des pays à revenu intermédiaire, ses chiffres représentant à peu près le double des premiers et la moitié des derniers. Cela semble raisonnable pour un pays qui vient à peine d’accéder au statut de pays à revenu intermédiaire, tranche inférieure. L’analyse de la richesse totale de la Mauritanie en ses diverses composantes (capital naturel, capital produit et capital immatériel) présente un schéma similaire à celui observé dans la plupart des pays à faible revenu (voir la figure 2 et la figure 3 ci- dessous). Figure 2 : Composition de la richesse nationale dans les pays à revenu faible, intermédiaire et élevé 29 Pour plus d’informations sur la méthode de calcul de la richesse nationale, voir : Banque mondiale (2011), The Changing Wealth of Nations : Measuring Sustainable Development in the New Millennium, Washington DC : Banque mondiale. 30 L’étude couvre 120 pays. Pour plus d’informations, voir Banque mondiale (2006), Where is the Wealth of Nations? Measuring Capital for the 21st Century, chapitre 1, Washington : Banque mondiale. 13 27. Le stock de capital naturel de la Mauritanie est de l’ordre de 30 à 35 milliards de dollars, soit à peu près 9 000 dollars par habitant31. Les ressources Figure 3 : Estimation de la composition de la richesse renouvelables représentent plus de la moitié de la naturelle en Mauritanie richesse naturelle du pays. Grâce à des politiques efficaces axées sur la durabilité, cette composante de la Produced richesse peut apporter un flux de revenu constant à Capital 12% long terme, mais cela n’est pas acquis : le caractère renouvelable d’une ressource n’implique pas Intangible capital nécessairement qu’elle se renouvèlera au fil du temps. 44% Une gestion non durable des ressources renouvelables Natural peut, de la même façon que l’extraction des ressources capital 44% non renouvelables, entraîner un épuisement permanent des stocks de capital. 28. Bien que le stock de richesses de la Mauritanie soit globalement conforme au profil observé dans les économies à revenu intermédiaire, tranche inférieure 32, la part des richesses naturelles y est plus importante. Cette situation tient au fait que le pays est particulièrement riche en ressources minérales et halieutiques, ce qui n’est pas en soi un problème et peut même être un avantage. Cependant, la présence de ressources naturelles importantes ne se traduit pas toujours par une prospérité partagée, tant pour la population actuelle que pour les générations futures. En effet, une gestion irresponsable de ces ressources et l’absence de politiques permettant d’accroître l’impact économique de leur exploitation peuvent compromettre la croissance générale et la réduction de la pauvreté pour les générations actuelles et futures. RICHESSE NATURELLE DE LA MAURITANIE, PAR CATEGORIE Pêcheries 29. Sur les six catégories de ressources naturelles couvertes par cette analyse, deux sont des ressources renouvelables (pêcheries et pâturages), les quatre autres étant des ressources épuisables – minerais et hydrocarbures (or, fer, pétrole et gaz naturel). Les ressources renouvelables forment la majeure partie des richesses naturelles du pays — environ 58 % — tandis que les ressources épuisables fournissent les 42 % résiduels. 31 NB : La figure 3 n’inclut pas les estimations des avoirs extérieurs nets, qui sont négatifs en Mauritanie. La proportion du capital naturel dans la richesse totale augmente lorsque les avoirs extérieurs nets ne sont pas comptabilisés. 32 Le RNB par habitant était à peu près égal à 1 108 dollars en 2012 (PPA, méthode Atlas), dépassant le seuil de 1 035 dollars qui sépare les pays à faible revenu des pays à revenu intermédiaire, tranche inférieure. Cependant, le RNB par habitant ne mesure que la situation du revenu national, alors que les taux de pauvreté et de développement humain de la Mauritanie sont bien plus proches des moyennes des pays à faible revenu que de celles des pays à revenu intermédiaire, tranche inférieure. 14 Figure 4 : Part relative des différentes catégories de ressources dans le patrimoine de la Mauritanie 100% 90% 80% 70% Pasture land 60% Fishing 50% Oil/Petroleum Natural Gas 40% Gold 30% Iron 20% 10% 0% Selected categories within natural wealth 30. Le secteur de la pêche concentre la plus grande part de la richesse naturelle de la Mauritanie. Estimé à 10 milliards de dollars (soit environ 2 800 dollars par habitant) 33, dont 90 % pour la pêche commerciale et 10 % pour la pêche artisanale, ce secteur représente un peu plus d’un quart du capital naturel du pays. Il contribue tout juste à 3 % du PIB annuel, mais a enregistré une croissance à deux chiffres en 2010 et 2011 et devrait croître de 5 % par an à moyen terme. Les revenus générés par les accords de pêche internationaux sont restés pratiquement constants en pourcentage du revenu total pendant une bonne partie des sept dernières années, représentant environ 20 % des recettes publiques. La récente augmentation des recettes minières a toutefois ramené leur contribution à 13 % en 2011 et 11 % en 2012. 31. Bien que la Mauritanie ne soit pas un gros exportateur mondial de poissons, sa part de marché étant légèrement inférieure à 1 %, on considère généralement 34 que ses eaux sont parmi les plus riches de la planète. Cela a au moins deux implications importantes. Premièrement, l’ampleur des ressources halieutiques indique que la pêche peut contribuer à renforcer la sécurité alimentaire et soutenir l’emploi à grande échelle – en particulier si on adopte des politiques axées sur l’amont de la filière. Deuxièmement, le secteur peut continuer à 33 Comme il est indiqué plus haut, ces chiffres sous-estiment probablement la valeur totale des stocks de poissons, car ils excluent certaines espèces pour lesquelles les données disponibles sont insuffisantes. 34 Voir par exemple Forbes, à l’adresse http://www.forbes.com/places/mauritania/ 15 attirer des investisseurs et des gouvernements étrangers prêts à payer des montants substantiels pour les droits de pêche, qui resteraient une source considérable de recettes non fiscales. Pour ce faire, le pays doit pouvoir gérer durablement ses ressources halieutiques. La trajectoire à long terme des stocks nationaux de poissons aura un effet important sur l’emploi, la sécurité alimentaire, les recettes publiques et la croissance, ainsi que sur la préservation de la biodiversité et l’intégrité de l’écosystème marin dans son ensemble. 32. Une gestion durable des ressources halieutiques du pays comporte des défis considérables et le secteur de la pêche devrait subir un surcroît de pressions à moyen terme. Certaines espèces locales sont déjà surexploitées (voir le tableau 1 ci-dessous) et on s’attend à ce que la surexploitation généralisée des stocks de poissons à l’échelle mondiale augmente la valeur des ressources résiduelles. D’où l’importance d’optimiser les rentes de la pêche commerciale et d’affecter une partie de ces ressources à une bonne régulation du secteur 35. Sans une surveillance et des sanctions efficaces, la surexploitation des espèces les plus valorisées (comme le poulpe) risque de compromettre gravement les mécanismes de régénération des ressources halieutiques du pays. De plus, on peut penser que la diminution des stocks mondiaux de poissons va davantage encourager la surpêche. Si rien n’est fait, celle-ci pourrait transformer les pêcheries en « ressource finie », à savoir une ressource renouvelable rendue épuisable et donc susceptible de disparaître au fil du temps, d’un point de vue biologique ou économique. En fait, selon des évaluations techniques réalisées par l’IMROP (2006) et le COPACE (2010) 36, plusieurs espèces sont gravement menacées de surpêche en Mauritanie. Selon les estimations, le secteur mauritanien de la pêche valait environ 10 milliards de dollars en 2013, mais s’épuise à un rythme annuel estimé à 390 millions de dollars. Tableau 1 : Exploitation des ressources halieutiques en Mauritanie par espèce 37 Produit Prises totales, 2005-2010 Diagnostic Céphalopodes Poulpe ~ 30 millions de tonnes surexploitation Seiche ~ 7 millions de tonnes pleine exploitation Non- Merlu noir (apparenté au cabillaud) ~ 12 millions de tonnes exploitation modérée céphalopodes Sardine (stock C) ~ 5 millions de tonnes exploitation modérée Sardine (ronde) ~ 1,5 million de tonnes surexploitation Sardine (plate) ~ 1,3 million de tonnes sous-exploitation Chinchard (noir + atlantique) ~ 1 million de tonnes surexploitation 35 En juillet 2012, la Mauritanie a signé avec l’Union européenne un accord de pêche couvrant de nombreux aspects importants de la régulation du secteur et des droits de pêche dans les eaux mauritaniennes, ainsi que les mesures de sauvegarde environnementale, la réglementation du travail et les contreparties financières. Cet accord a été ratifié par le Parlement européen en octobre 2013 au terme de longues discussions et négociations. 36 COPACE : Comité des pêches pour l’Atlantique Centre-Est de l’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture. 37 Source : IMROP 16 Maquereau ~ 0,6 million de tonnes pleine exploitation Thiof (mérou blanc) ~ 12 millions de tonnes surexploitation Pâturages 33. Quoique plus modestes que les pêcheries, les pâturages représentent aussi une part non négligeable de la richesse naturelle et contribuent davantage à la subsistance des Mauritaniens pauvres. Les pâturages mauritaniens sont évalués à 7 milliards de dollars, soit près de 2 000 dollars par habitant, et représentent environ un cinquième du capital naturel du pays. Ils sont particulièrement importants pour la création d’emplois et la sécurité alimentaire, surtout parmi les populations pauvres et vulnérables, et sont extrêmement sensibles aux variations des précipitations et aux effets du changement climatique. Plus de la moitié de la population mauritanienne vit exclusivement de l’élevage 38. Il faut souligner que cette analyse sous-estime probablement la contribution des pâturages au stock de richesses naturelles, car la méthodologie appliquée consiste à additionner la valeur de chaque produit de l’élevage (lait, viande, cuir, etc.), mais ne rend pas compte de la totalité de la production. La valeur des terres cultivées n’a pas pu être estimée en raison de l’inexistence ou du défaut de fiabilité de données fondamentales. Minerai de fer 34. Comme il est indiqué plus haut, la Mauritanie est aujourd’hui le deuxième exportateur africain de minerai de fer ; le fer concentre la part la plus importante des revenus tirés des filières extractives du pays. Les ressources extractives représentent à peu près 45 % du capital naturel de la Mauritanie. La valeur actuelle nette de ses gisements de fer est estimée à environ 6,5 milliards de dollars, soit 1 800 dollars par habitant, et le fer représente près d’un cinquième de tout son capital naturel – comme les pâturages. Selon nos prévisions, la production annuelle de fer (actuellement 11 millions de tonnes) devrait grimper à 25 millions de tonnes d’ici 2020, atteindre au moins 35 millions de tonnes à l’horizon 2025, et se poursuivre des années durant. Les prix et coûts de production futurs sont basés sur des projections du département Économie du développement de la Banque mondiale et sur des estimations de JP Morgan 39. Minerai d’or 35. Les réserves d’or représentent entre 3 et 4 % du stock de capital naturel de la Mauritanie, ou 1,1 milliard de dollars (300 dollars par habitant) ; l’or est la ressource la plus exposée aux fluctuations de prix. Les estimations de la valeur actuelle nette des réserves aurifères sont extrêmement sensibles aux prévisions 38 Voir « Afrique sahélienne (Mali – Mauritanie – Niger) : Amélioration des interventions des projets du FIDA dans le secteur de l’élevage », Fonds international de développement agricole (FIDA), Rome, 2007 39 Pour plus d’informations sur la méthodologie utilisée, voir l’annexe 2. 17 de prix et les chiffres présentés dans cette analyse doivent être considérés avec la prudence qui s’impose. L’analyse estime que le prix moyen de l’once d’or se maintiendra à 1 500 dollars à moyen terme, pour descendre ensuite à 1 200 dollars 40. S’il devait baisser au-dessous de 1 300 dollars avant 2020, la rente générée par ce secteur serait sensiblement réduite, voire négative. L’épuisement annuel des réserves est estimé à 41 millions de dollars en 2013. Gaz naturel 36. Le gaz naturel a été découvert récemment en Mauritanie et le secteur gazier est actuellement estimé à 2 milliards de dollars (550 dollars par habitant), soit environ 6 % du capital naturel total. L’analyse s’appuie sur une hypothèse de mise en production en 2016 pour une durée de 22 ans. L’épuisement annuel de la richesse dans ce secteur est estimé à 75 millions de dollars. Là encore, il convient de noter que ces chiffres dépendent des hypothèses actuelles : le gaz naturel ayant été découvert récemment en Mauritanie, ce document adopte une approche prudente, et les estimations qu’il dégage doivent être considérées comme provisoires. Pétrole brut 37. Enfin, les réserves pétrolières sont estimées à un peu plus de 3,3 milliards de dollars (930 dollars par habitant) et représentent plus de 10 % du capital naturel de la Mauritanie. En raison de l’instabilité des prix, l’analyse utilise un prix moyen de 100 dollars le baril à long terme, corrigé de l’inflation. Les données relatives aux coûts de production sont basées sur des estimations du Département américain de l’énergie 41. On estime que les richesses pétrolières s’épuisent à un rythme annuel d’environ 125 millions de dollars. Chiffres actualisés de l’épargne nette ajustée en 2013 38. Une fois établies les estimations relatives aux différents types de richesse nationale (naturelle, produite et immatérielle) et à l’épuisement annuel de la richesse dans chaque catégorie de ressource naturelle, le taux d’épargne nette ajustée (ENA) pour 2013 peut être calculé. Les résultats de l’analyse sont présentés à la figure 5 ci-dessous. 40 Prix exprimés en valeur nominale de 2013. 41 Service d’information sur l’énergie, Département américain de l’énergie : http ://www.eia.gov/tools/faqs/faq.cfm?id=367&t=6 18 Figure 5 : Épargne nette ajustée et épargne nationale brute en pourcentage du RNB, 1997-2013 30.0% 25.0% 20.0% 15.0% 10.0% 5.0% 0.0% 1995 1997 1999 2001 2003 2005 2007 2009 2011 2013 -5.0% -10.0% -15.0% -20.0% Adjusted Net Savings/GNI Gross Savings/GNI 39. L’analyse conclut qu’en dépit d’un taux d’épargne brute systématiquement positif, le stock de richesses de la Mauritanie est en déclin. Le taux d’ENA est légèrement négatif en 2013 et bien qu’il soit actuellement supérieur à sa moyenne récente, il indique que la pérennité de la richesse nationale du pays est menacée. Au cours des six dernières années, le taux d’ENA a été régulièrement négatif, hormis en 2006 où une embellie temporaire du secteur pétrolier a stimulé l’épargne intérieure. 40. La méthodologie de l’ENA montre que le stock de richesse nationale de la Mauritanie a diminué de 3,9 % en 2013. Pour inverser cette tendance, il faudra réinvestir plus de rentes de ressources dans le capital produit et le capital immatériel, surtout les infrastructures publiques et les capacités administratives, tout en augmentant les dépenses d’éducation afin de développer les ressources humaines. L’investissement dans le capital produit et le capital humain permettra de poser les bases d’une compétitivité accrue tout en augmentant les retombées positives des niveaux élevés d’IED entrant dans le pays. Cependant, si les taux négatifs de l’ENA persistent, les stocks de richesse nationale de la Mauritanie continueront à s’épuiser et sa croissance actuelle pourrait s’avérer insoutenable à long terme. 19 Implications pour l’action des pouvoirs publics DANS UN CONTEXTE OU LE RATIO ENA/RNB EST NEGATIF, LA MAURITANIE DOIT REVOIR SA FAÇONS DE GERER SA RICHESSE NATURELLE AFIN D’ASSEOIR LES BASES D’UNE CROISSANCE DURABLE 41. La croissance durable se définit comme « une croissance qui répond aux besoins du présent sans compromettre la capacité des générations futures à répondre aux leurs » 42. Un pays qui croît rapidement en s’appuyant sur des ressources épuisables sans chercher à reconstruire son patrimoine en investissant dans d’autres formes de capital ne pourra pas maintenir sa croissance sur le long terme et risque de sacrifier les générations futures pour financer sa consommation actuelle. Une stratégie de croissance durable doit donc prendre en compte les dimensions temporelle et intergénérationnelle de la richesse naturelle en veillant à ce que la croissance actuelle ne se fasse pas au détriment d’une croissance future. La découverte de nouvelles formes de ressources extractives peut certainement y contribuer également. 42. Concernant le cadre macroéconomique et budgétaire, la question fondamentale est de savoir si le ratio entre consommation et épargne est suffisant et sinon, ce qu’on peut faire pour y remédier. Pour asseoir la crédibilité de l’action des pouvoirs publics et élargir l’espace disponible pour l’investissement public ou libérer des ressources afin d’accroître les réserves budgétaires, il faudra adopter des politiques visant à accroître le niveau de l’épargne et optimiser la rente tirée des ressources naturelles, soutenir l’investissement dans le capital humain et prendre des mesures budgétaires transparentes et cohérentes. Au-delà de la commercialisation des matières premières, les autorités sont conscientes de la nécessité de diversifier l’économie, de stimuler la compétitivité et la confiance du secteur privé, et de s’employer à augmenter progressivement la valeur ajoutée locale afin de créer des emplois et générer la croissance. Ces objectifs sont devenus plus impérieux ces dernières années, la crise alimentaire de 2011-12 et l’instabilité sociopolitique dans la région du Sahel ayant rappelé l’importance de faire reculer la pauvreté généralisée. Par conséquent, le dernier Cadre stratégique de lutte contre la pauvreté pour 2011-15, la Stratégie de partenariat avec la Banque mondiale pour 2013-17 et les stratégies de développement complémentaires à moyen et à long terme sont axés sur la diversification de l’économie, la réduction de la pauvreté et la création d’emplois. 42 Citation tirée du rapport de la Commission mondiale sur l’environnement et le développement (Commission Brundtland) intitulé « Notre avenir à tous », Oxford University Press, 1987 20 43. Un cadre de politique générale robuste soutenu par des engagements clairs est nécessaire pour réinvestir les recettes tirées des ressources naturelles dans d’autres formes de capital productif 43. Pour ce faire, il faut : i) promouvoir une exploitation rationnelle des ressources en vue d’optimiser la rente qui en résulte ; ii) mettre en place un système de gestion des ressources naturelles qui permet aux pouvoirs publics de recouvrer une part équitable de la rente tirée de ces ressources ; iii) adopter des politiques d’investissement bien conçues qui utilisent la rente pour produire des gains durables à long terme ; et iv) se doter d’un cadre juridique et institutionnel favorable à l’utilisation rationnelle et durable des sols, ce qui est particulièrement important dans des pays comme la Mauritanie, où l’occupation des sols est souvent organisée selon des systèmes traditionnels et des dispositifs informels 44. À cet égard, il convient de souligner qu’avec l’appui de la Banque mondiale, le ministère des Affaires économiques et du Développement (MAED) s’est récemment (2013-14) engagé à adopter le concept de Croissance verte solidaire, dans le but de rendre la croissance économique plus « efficace, respectueuse de l’environnement, résistante et équitable ». 44. La découverte de nouveaux gisements ou l’amélioration des techniques d’extraction auront un impact positif sur les estimations actuelles de la richesse – d’où la nécessité d’encourager la poursuite des travaux d’exploration minière, pétrolière et gazière. Il faudra donc trouver le juste milieu entre l’utilisation à court terme de la rente issue de l’extraction des ressources et la pérennité du secteur. La planification stratégique restera un enjeu majeur des politiques publiques en Mauritanie pour maximiser la valeur à long terme des ressources naturelles. Compte tenu de la grande vulnérabilité du pays aux chocs extérieurs et de la persistance de niveaux élevés de pauvreté en dépit de la forte croissance enregistrée ces derniers temps, l’exploitation responsable des ressources naturelles couplée à des politiques de réinvestissement adéquates devrait faire partie des principales priorités de développement du gouvernement. 45. Dans ce contexte, la règle de Hartwick peut fournir un ensemble de paramètres utiles pour comprendre comment les rentes issues des ressources naturelles peuvent être réinvesties dans d’autres formes de capital de façon à conserver le stock total de richesse nationale. Cela dit, en dépit de leur utilité pour la formulation des politiques publiques, il faudrait éviter d’appliquer mécaniquement des indicateurs comme l’ENA ou la règle de Hartwick sans tenir compte des particularités du pays. Réinvestir dans le capital physique et humain n’est pas toujours la meilleure façon d’utiliser les ressources. D’autres considérations 43 Cf. Banque mondiale (2013), Priority Policy Linkages and Workplan: An Update on Progress, Wealth Accounting and Valuation of Ecosystem Services (WAVES) Partnership, Washington DC : Banque mondiale. 44 « Si les droits fonciers de ceux qui cultivent ne sont pas garantis, ceux-ci seront moins incités à fournir les efforts nécessaires à une utilisation productive et durable [des sols] ou à effectuer les investissements éventuellement nécessaires. […]Des droits de propriété garantis et univoques permettent également aux marchés de transmettre la terre à des utilisations et utilisateurs plus productifs. Des systèmes d’administration des terres efficaces en termes de coûts facilitent l’investissement agricole et diminuent le coût du crédit en recourant davantage à la terre comme bien donné en garantie des emprunts, de sorte à réduire le risque pour les institutions financières. » Extrait du Rapport sur le développement dans le monde (2008) : L’agriculture au service du développement, Washington DC : Banque mondiale, 2007 http://siteresources.worldbank.org/INTRDM2008INFRE/Resources/Chapter6.pdf 21 importantes, qui dépassent le périmètre de cette étude, incluent la capacité d’absorption, ainsi que le fait que le capital physique généré exige souvent un niveau considérable de dépenses continues pour rester opérationnel, et l’accroissement des dépenses d’éducation se traduit souvent par une augmentation soutenue des dépenses courantes. Dans un pays extrêmement vulnérable aux chocs extérieurs comme la Mauritanie, les engagements à long terme qu’imposent les investissements peuvent — par exemple — finir par limiter l’espace budgétaire disponible pour assurer une stabilité contracyclique ou imposer des coupes budgétaires en cas de baisse des recettes, etc. Comme on le dit souvent et on ne cessera de le répéter, il n’existe pas de recette universelle. 46. Dans le passé, les politiques publiques n’ont pas toujours contribué à accroître la compétitivité et favoriser la diversification de l’économie. Les dépenses publiques étaient davantage axées sur la consommation (à travers les subventions de produits alimentaires et de carburants notamment) que sur l’investissement 45 (développement des infrastructures et éducation). Les réformes récentes donnent à penser que la donne a peut-être commencé à changer, les dépenses ayant été réorientées de façon à éliminer progressivement les subventions au profit de transferts monétaires conditionnels et à augmenter les investissements publics dans des secteurs essentiels comme l’énergie et les infrastructures de transport. Cette nouvelle politique budgétaire peut contribuer substantiellement à améliorer le taux d’ENA et, par conséquent, à préserver ou à accroître le stock de richesse nationale. Une mise à jour régulière de l’analyse présentée ici aiderait les autorités et leurs partenaires à suivre de près l’évolution à long terme de l’épargne nationale. MAXIMISER LA RENTE ISSUE DES RESSOURCES ET L’EFFICACITE DES DEPENSES PUBLIQUES : PERSPECTIVES A COURT ET A LONG TERME Comme il est décrit ci-dessus, le principal enjeu de la gestion de la rente issue des ressources naturelles consiste à établir le juste équilibre entre l’investissement et la consommation. Un aspect import à cet égard est le rendement marginal de différents types d’investissements publics. La Mauritanie souffre d’un manque criant d’infrastructures importantes. À titre d’illustration, à peine 30 % du réseau routier national est bitumé, seulement 20 % des terres cultivables du pays sont cultivées et seulement 11 % des terres irrigables sont en réalité irriguées, en raison du manque d’infrastructures 46. Cela montre clairement que l’accroissement des investissements dans l’infrastructure physique aura d’énormes effets positifs sur l’économie. Toutefois, si le déficit de capital produit et humain entrave certainement le développement d’une part, d’autre part — à court et à moyen terme particulièrement — la capacité d’absorption du pays est probablement faible et le fait d’accorder 45 Durant la période 2003-07 par exemple, les dépenses courantes représentaient en moyenne 24,1 % du PIB, alors que les dépenses d’investissement équivalaient en moyenne à 8,3 % du PIB. Durant la même période, le montant cumulé des dépenses au titre de la masse salariale, des biens et services et des subventions représentait près de trois quarts des dépenses totales et du montant net des prêts. 46 Indicateurs du développement dans le monde de la Banque mondiale, disponibles en ligne ; et site web de la FAO : http://www.fao.org/isfp/country-information/mauritania/fr/ 22 une trop grande importance à ces formes de capital pourrait donner lieu à des investissements stériles. Il faut par conséquent étudier soigneusement le calendrier d’utilisation des recettes, une solution possible à court terme étant de conserver au moins une partie des recettes dans un fonds souverain. 47. Concernant les dépenses publiques, l’arbitrage doit principalement s’opérer entre les dépenses actuelles, qui ont des effets positifs immédiats mais temporaires, et l’investissement, qui diffère ces effets pour obtenir des résultats ultérieurement. La définition des priorités en matière de dépenses publiques est un exercice complexe qui dépasse de loin le périmètre du présent rapport. Cela dit, un certain nombre de considérations doivent étayer la décision, comme le taux estimé de rentabilité des investissements publics, la qualité des investissements et l’efficacité des dépenses globales de l’État, la capacité d’exécution des organismes publics, les obligations économiques à long terme rattachées aux nouveaux projets d’investissement public, la qualité de la gouvernance et des institutions publiques, et la politique budgétaire actuelle du pays. Cet arbitrage peut également avoir de profondes implications pour la viabilité des finances publiques. Par exemple, les pays qui connaissent un boom des ressources naturelles augmentent souvent leurs dépenses courantes et les salaires dans le secteur public. Pourtant, alors que les recettes tirées des ressources naturelles sont instables et incertaines par nature, il est généralement impossible de revenir sur une augmentation des dépenses publiques, comme des hausses de salaire, qui peut menacer la viabilité à long terme des finances publiques si les recettes futures sont incapables de soutenir le niveau actuel des dépenses. INSTITUTIONNALISATION ET AMELIORATION DE L’INFORMATION SECTORIELLE REQUISE POUR LA COMPTABILISATION DE LA RICHESSE 48. Le dernier facteur à prendre en compte est la disponibilité de l’information pour estimer le capital naturel et la richesse totale. En Mauritanie, les données comptables sur la richesse ne sont pas exhaustives et rien n’est fait pour les renforcer, les standardiser ou les actualiser régulièrement de façon à refléter l’évolution des stocks de capital naturel. Il est fortement recommandé de mettre à jour le système de comptabilité nationale pour prendre en compte l’évolution du capital naturel au même titre que le capital produit par l’homme. Les Nations Unies ont mis en place un Système de comptabilité économique et environnementale (SCEE) qui regroupe les normes, les concepts, les définitions, les classifications et les règles comptables les plus recommandés pour produire des statistiques internationalement comparables sur les ressources naturelles et leur rapport avec l’économie 47. En d’autres termes, le système SCEE est une norme statistique qui fournit une méthodologie pour mesurer l’épuisement des ressources et les macro-agrégats et indicateurs associés (comme l’ENA ou le Revenu national net ajusté — RNNa). Dans l’idéal, ce système serait actualisé périodiquement en tenant compte des documents énonçant les stratégies nationales de développement, comme les cadres 47 Pour de plus amples informations à ce sujet, consulter le site www.unstats.un.org. 23 stratégiques de lutte contre la pauvreté ou d’autres documents de planification. Pour le Gouvernement mauritanien, adopter ce système consisterait à faire un premier pas important vers le renforcement de sa capacité à préserver, protéger et accroître la richesse nationale, et asseoir les bases de la prospérité aussi bien pour sa population actuelle que pour les générations à venir. 24 Annexe 1 : Sources des données L’analyse et la disponibilité des données sont les principales contraintes de ce type d’analyse. Ce rapport est l’aboutissement d’un effort héroïque déployé pour identifier des éléments d’information et des données émanant de l’administration et du secteur privé, aussi bien au niveau macro que micro, dans le cadre d’une étude empirique (échange d’informations et rencontres) associant plusieurs intervenants en Mauritanie. Les données sur la consommation finale, le taux de change (MRO/USD), la population, le déflateur du PIB et la formation brute de capital fixe sont tirées des Indicateurs sur le développement dans le monde (WDI) de la Banque mondiale 48. Les données sur les prévisions de prix du fer et de l’or sont basées sur des estimations du département Économie du développement (DEC) de la Banque mondiale concernant les cours et les indices de prix mensuels des matières premières sur le marché mondial 49. Fer et or Les données sur la production annuelle, les exportations, les gains, le prix moyen (euro/tonne), les dépenses d’équipement et les estimations de coûts dans le secteur du fer proviennent directement de la SNIM. Les données sur la production annuelle, les dépenses d’équipement et le coût unitaire de production ont été fournies par KINROSS Tasiast lors de rencontres physiques avec le personnel de la Banque mondiale à Nouakchott, et sont extraites de dossiers de l’entreprise. Dans le cas de l’or, le coût des investissements initiaux a été estimé par les services de la Banque mondiale à partir des échanges avec des représentants des entreprises et des intervenants locaux. L’équipe a également rencontré des représentants de l’Office mauritanien des recherches géologiques (OMRG) qui lui a fourni de précieuses informations sur l’environnement global et le secteur minier dans l’ensemble. Pêche Les informations sur le secteur de la pêche ont été recueillies et analysées de façon empirique et directe et à l’occasion de rencontres avec la Société mauritanienne de commercialisation de poissons (SMCP), la Fédération nationale des pêches (FNP), l’Institut mauritanien de recherches océanographiques et des pêches (IMROP) et la Direction de la marine marchande du ministère des Pêches. En outre, le personnel de la Banque mondiale a visité le port artisanal de Nouakchott et le port artisanal et commercial de Nouadhibou et discuté avec des pêcheurs locaux et des travailleurs de la place pour obtenir des informations empiriques. Cette étude utilise des données sur le nombre d’embarcations, les prises moyennes (en tonnes) par an, le nombre moyen de voyages (par embarcation) par an, le nombre moyen de marins par embarcation, les coûts de main-d’œuvre (amarrage, 48 Base de données disponible en ligne à l’adresse suivante : data.worldbank.org/data-catalog/world-development-indicators 49 Données disponibles à l’adresse suivante : http://go.worldbank.org/QNYZRM5540. 25 équipage, carburants et équipements) et le prix de divers types de prises. L’équipe a préparé des hypothèses pour bon nombre d’indicateurs résiduels pour lesquels elle n’a pu obtenir d’informations directes, comme la croissance annuelle de la flotte, la taille maximale de la flotte au fil du temps, le coût des appâts, les provisions des équipages, le coût de la glace (ou des systèmes de réfrigération), les coûts d’entretien et de réparation, les charges d’amortissement (de la coque et du moteur — dans le cas d’embarcations à moteur) et d’autres coûts divers (comme les frais de permis). Les dépenses ultérieures ont été jugées constantes, mais corrigées en fonction de l’inflation au fil du temps. Il faut noter que les rentes du secteur de la pêche ont été calculées en partant de l’hypothèse selon laquelle les fonds de pêche se comportent comme une ressource épuisable. Ce qui n’est pas (encore) le cas, même si des risques demeurent du fait de la surexploitation de plusieurs espèces (voir plus haut). Gaz naturel et pétrole brut L’équipe de la Banque mondiale a rencontré des représentants de la Société mauritanienne des hydrocarbures (SMH) et des responsables du ministère de l’Énergie et des Mines qui se sont montrés très coopératifs et ont fourni des renseignements contextuels sur le secteur. En ce qui concerne le gaz naturel, les renseignements spécifiques sur les prix unitaires, les coûts de production, le coût des investissements initiaux, la production annuelle totale et des estimations connexes proviennent de données internes de la Banque mondiale relatives à un projet qu’elle a financé sur le champ gazier de Banda 50. Dans le cas du pétrole brut, les données historiques sur la production et les prix ont été obtenues auprès de la SMH. En se fondant sur toutes ces informations, la production future est estimée à environ 2,5 millions de barils par jour, et le prix réputé équivalent à 100 dollars le baril en moyenne, corrigé en fonction de l’inflation au fil du temps. En l’absence de données directes de meilleure qualité, on estime que le coût unitaire total de la production est équivalent à la moyenne du coût total des investissements initiaux sur le continent, selon des estimations fournies par le service d’information sur l’énergie du Département de l’énergie des États-Unis 51. Pâturages L’information sur les pâturages consistait en des données sur la production et les prix du lait, de la viande et d’un grand nombre de dérivés d’animaux produits en Mauritanie. Ces données comportant des statistiques historiques ont été gracieusement mises à disposition par le ministère du Développement rural. L’équipe a pu en tirer des estimations sur les prix, la production et les rentes futures, en calculant la moyenne des données disponibles pour les cinq dernières années. 50 Pour de plus amples renseignements sur ce projet, visiter le site : http://documents.worldbank.org/curated/en/docsearch/projects/P145664 51 http://www.eia.gov/tools/faqs/faq.cfm?id=367&t=6 26 Annexe 2 : Méthodologie et questions sectorielles spécifiques Hypothèses utilisées pour tous les secteurs Pour chaque secteur, l’analyse visait à calculer les rentes de ressources (RR), autrement dit le revenu net tiré de l’extraction des ressources (renouvelables ou épuisables). Les rentes de ressources peuvent se définir comme les recettes totales provenant des ventes brutes, moins toutes les dépenses engagées dans le processus d’extraction, y compris les coûts d’opportunité du capital produit et les ajustements liés à l’inflation. La rente est estimée pour la durée d’une génération (considérée comme équivalent à 25 ans, de 2013 à 2038). L’étude prend également en compte un taux d’inflation de 3 % sur la période considérée, qui est estimé sur la base des dernières prévisions macroéconomiques du FMI. Évalué à 10 %, le rendement du capital fixe (ou le coût d’opportunité du capital) est déduit de la rente nette d’exploitation de chaque secteur pour chaque année. Enfin, la rente résiduelle est également ajustée en fonction du taux social d’actualisation (4 % pour cette étude). Il convient de noter que cette étude ne calcule pas la richesse estimée des terres cultivables et la capacité biologique des sols en Mauritanie. Celle-ci est pourtant très importante pour le pays, mais l’inexistence et le manque de fiabilité des données nous ont amenés à prendre cette décision (la méthodologie utilisée aurait exigé des informations sur les ventes de terres ou le flux annuel des rentes tirées de la terre. Dans le premier cas, l’équipe n’a pas pu identifier de source officielle pour de telles informations, tandis que dans le second, le volume d’informations requises nécessitait un travail considérable et soutenu qui ne pouvait être réalisé dans le cadre de cette étude. On peut en conclure que les résultats de l’analyse sous-estiment la richesse totale réelle du pays). Les paragraphes qui suivent fourniront plus de détails sur la méthodologie appliquée à chaque secteur. Une fois la RR calculée dans chaque cas, toutes les RR sont additionnées pour obtenir le stock actuel de richesse naturelle de la Mauritanie. Cette mesure estimée de la valeur du capital naturel (NK) est une composante de la richesse totale (TW) selon l’équivalence de base suivante : = + + + Où : 27 NK est le capital naturel qui correspond à toutes les terres, les eaux et leur biodiversité. Dans ce rapport, cela équivaut à la somme des pâturages, du pétrole naturel, du gaz naturel, du minerai de fer, du minerai d’or et des pêcheries, comme il est indiqué plus haut. PK est le capital produit, défini comme l’accumulation de séries d’investissement (formation brute de capital fixe 52) en tenant compte de la dépréciation du capital. En d’autres termes, le capital produit peut être considéré comme la somme du capital physique et des terres urbaines 53. AEN représente les avoirs extérieurs nets, définis comme la valeur totale des avoirs d’un pays à l’étranger diminuée de la valeur des avoirs intérieurs détenus par des étrangers. Les chiffres utilisés dans ce rapport pour estimer les AEN sont tirés de la base de données intitulé External Wealth of Nations Mark II 54. TW est la richesse totale qui doit être considérée comme la valeur actuelle d’une consommation future durable, actualisée à un taux de préférence pour le présent, sur la durée une génération. Elle est calculée ainsi qu’il suit : convertir en dollar les dépenses de consommation finale libellées en unités monétaires locales, puis en déduire le montant de l’épargne nette ajustée (ENA) — s’il est négatif — afin d’obtenir un chiffre de consommation durable, ensuite convertir les prix courants en prix constants en utilisant le déflateur du PIB en dollars, et enfin déterminer la moyenne de consommation des cinq dernières années (2008-12, en prix constants) qui servira à calculer la valeur actuelle nette de la consommation sur une période de 25 ans 55. IK est le capital immatériel calculé par différence. D’une part, cette méthodologie nous permet de quantifier le stock de la richesse d’une nation et de décomposer cette richesse par secteur, ce qui peut être extrêmement utile pour identifier des secteurs prioritaires et aider les autorités à orienter les politiques en matière de croissance, d’investissement et de travail à plus long terme, entre autres. D’autre part, elle permet d’estimer le degré d’épuisement des ressources dans chaque secteur 56 (énergie, mines, etc.), après quoi on pourra ajuster la mesure d’épargne standard du Revenu national brut (pour 2013) pour déterminer l’Épargne nette ajustée (ENA) ou l’épargne véritable. L’ENA est un indicateur concis de la viabilité des politiques nationales d’investissement et de croissance à long terme. Les mesures de l’épargne utilisées traditionnellement dans les bilans de comptabilité nationale ne reflètent pas réellement les variations dans l’évolution globale des stocks de ressources. Pour citer Joseph Stiglitz : « Le 52 La formation brute de capital fixe prend généralement en compte tous les investissements nationaux réalisés pour l’aménagement des sols, les routes, les installations, les équipements, les immeubles, la technologie utilisée et les infrastructures. Elle ne fait pas de distinction entre différents types de dépenses d’équipement et leurs différents taux d’amortissement. 53 Selon la méthodologie utilisée dans The Changing Wealth of Nations: Measuring Sustainable Development for the New Millennium (Banque mondiale, 2011), cette étude estime le taux annuel de dépréciation du capital à 5 % et la valeur des terrains urbains à 24 % du capital physique dans tous les pays. 54 Lane et Milesi-Ferretti, 2007 ; base de données disponible en ligne à l’adresse http://www.philiplane.org/EWN.html 55 Le taux d’actualisation utilisé est équivalent à 1,5 %. 56 Pour une description détaillée de cette méthodologie, veuillez consulter The Changing Wealth of Nations (Banque mondiale, 2010). 28 PIB ne dit rien sur la viabilité de l’économie. […] Personne ne va examiner uniquement les recettes d’une entreprise pour déterminer la situation de cette dernière. Le bilan est bien plus pertinent, car il décrit à la fois l’actif et le passif. Cela vaut également pour un pays » 57. L’ENA est capable de corriger cette défaillance et de répondre à cette question pertinente : la richesse totale a-t-elle augmenté ou diminué tout au long de la période comptable ? En d’autres termes, elle donne une image « plus fidèle » de l’épargne d’une économie en tenant compte des investissements dans le capital humain, de l’épuisement des ressources naturelles et des dommages causés par la pollution. = ( − ) + − − − − 2 − 58 Après avoir soustrait le capital fixe consommé de l’ENB, on ajoute les dépenses courantes consacrées à l’éducation comme variable représentative et première approximation des investissements dans le capital humain (EE inclut également les salaires et traitements dans le secteur de l’éducation mais ne comprend pas les dépenses d’investissement dans les bâtiments et les équipements), puis on soustrait la rente issue de l’extraction des ressources naturelles pour prendre en compte l’épuisement des ressources minérales, énergétiques et forestières, et enfin on soustrait les dommages liés aux émissions de dioxyde de carbone. Toutefois, en poussant la réflexion plus loin, il nous a été donné de constater que le concept de l’ENA ne répond pas pleinement à la question de la viabilité d’une économie si nous ne prenons pas également en compte la dimension démographique. En cas d’accroissement de la population par exemple (ce qui est le cas dans la plupart de pays en développement), même une ENA positive peut coexister avec une richesse par habitant décroissante. Par contre, quand l’ENA est négative, il est évident que la richesse totale et la richesse par habitant diminuent. Le présent rapport prend donc également en compte la dimension de la population, qu’il considère comme une variable exogène. En représentant la richesse totale par TW, la population par P, et le taux d’accroissement de la population par g, la variation de la richesse par habitant peut être schématisée par la formule suivante : ΔW Δ Δ� �=� �−g∗ = ( − g) P P P P où nous déduisons une valeur de dilution de la population ( ∗ ) (le taux d’accroissement de la population multiplié par la richesse totale par habitant) de la variation de la richesse totale sur la population. En fait, nous pouvons interpréter ΔTW comme étant l’ENA. Autrement dit, l’équation postule une corrélation entre la richesse et le taux de fécondité, et montre que la richesse totale par habitant augmentera ou diminuera selon que le taux 57 Le Prix Nobel d’économie Joseph Stiglitz sur le PIB et les leçons à tirer de l’activité commerciale, Foreign Affairs, 2005 58 Où : ENA = épargne nette ajustée ; CO2D = dommages liés aux émissions de CO2 ; Depr = dépréciation, ED = épuisement des ressources énergétiques ; EE = dépenses d’éducation ; ENB = épargne nationale brute ; MD = épuisement des ressources minérales; NFD = épuisement des ressources forestières ; PMD = dommages liés aux émissions de matières particulaires. 29 d’accroissement de la richesse totale (ΔTW/TW) est supérieur ou inférieur au taux d’accroissement de la population 59. Méthodologie et contexte d’estimation de la richesse en or et en fer La méthodologie appliquée dans cette étude est celle du calcul de la valeur actuelle nette (VAN). Ce paragraphe montre les étapes qui ont conduit à estimer la richesse de la Mauritanie en fer et en or. Une telle méthodologie est basée sur l’estimation des rentes tirées de l’exploitation de la ressource tout au long de la durée de vie de la mine. Les rentes de ressources (RR) pour l’année t sont calculées d’après la formule suivante : = �( − ) ∗ � − − Où : est la variable représentative du coût unitaire d’extraction d’une tonne est le prix unitaire d’une tonne est la production minière annuelle correspond aux coûts fixes annuels représente le capital amorti Le capital amorti est le coût d’opportunité du capital ou les « bénéfices autorisés » : ∗ (1 + ) = ∗ (1 + ) − 1 Où n = la durée de vie de la mine et pr = le taux d’actualisation du secteur privé. La VAN des rentes est calculée en appliquant un taux social d’actualisation de 4 % à la somme des rentes annuelles. L’année 0 est 2013 et , l’année finale, correspond à la fin des activités d’extraction. =0 1 = � ∗ 1 + = 59 Cf. Where Is the Wealth of Nations? Measuring Capital for the 21st Century: The importance of population dynamics changes in wealth per capita, Banque mondiale, 2006, chapitre 5 30 W est ensuite divisé par les chiffres de la population mauritanienne 60 pour obtenir une estimation de la richesse par habitant. Les hypothèses utilisées pour estimer la richesse mauritanienne en fer sont basées sur les conclusions d’une mission d’enquête qualitative et quantitative et d’études empiriques réalisées en Mauritanie en février et mars 2013. Les hypothèses concernant les réserves de fer et d’or émanent de sources différentes 61. Concernant particulièrement les réserves d’or, une grande incertitude prévaut ; plusieurs études de faisabilité ont été réalisées pour évaluer le potentiel d’expansion de la mine actuelle (qui a produit environ 200 000 onces en 2010 et en 2011). En se fondant sur les conclusions de la mission d’enquête et sur les informations obtenues en discutant avec des représentants de l’entreprise minière et des intervenants locaux en Mauritanie, ce rapport fait valoir que l’expansion escomptée se fera, augmentant la production entre 700 000 et 800 000 onces par an (approximativement 23 tonnes). On retient que les cours du fer resteront constants tout au long de la durée de vie de la mine, alors que ceux de l’or devraient diminuer à moyen terme (à compter de 2020). Un certain degré d’incertitude est toutefois associé à plusieurs estimations et hypothèses liées aux ressources minérales (la forte instabilité des prix ces dernières années, entre autres). De tels facteurs peuvent considérablement modifier les résultats de l’analyse dans certains cas, et les calculs de la richesse minérale doivent par conséquent être interprétés avec prudence et sont susceptibles de varier. Tableau 2. Synthèse des hypothèses concernant le fer et l’or Hypothèse Fer Or Année 2013 (mines déjà en production) 2015 (démarrage estimatif de la production) Durée de vie de la mine 25 ans 25 ans Coût des investissements initiaux (USD) - 2 milliards Coût unitaire de production 105 USD/tonne 800 USD/once 1 500 USD/once jusqu’en 2020, puis Prix unitaire 130 USD/tonne 1 300 USD/once par la suite Production annuelle 11-12 millions de tonnes 23 tonnes Dépenses d’équipement (USD) 280 millions 400 millions Estimation de la richesse naturelle par 1 826 301 habitant (USD) Méthodologie et contexte d’estimation de la richesse dans le secteur de la pêche La méthodologie utilisée pour estimer la richesse par habitant dans le secteur de la pêche s’est avérée particulièrement complexe, surtout en raison de la dispersion, du manque de fiabilité, voire de l’inexistence des 60 Source des données : WDI, Banque mondiale, statistiques démographiques pour 2010. 61 Voir l’annexe 1 pour de plus amples informations à ce sujet. 31 informations. Le secteur de la pêche a été subdivisé en trois grandes filières : la pêche artisanale utilisant des embarcations non motorisées, la pêche artisanale utilisant des embarcations motorisées et la pêche commerciale. Dans chacune de ces filières, nous avons identifié deux catégories de prises : les pélagiques et les céphalopodes. Bien qu’elle ne soit pas marginale, une troisième catégorie importante — démersale — fournit moins de prises et n’a pas été prise en compte dans l’analyse, parce que les données correspondantes étaient peu fiables et totalement inexistantes — dans une grande mesure. Les petits poissons pélagiques représentent la majeure partie des prises (environ 1 million de tonnes par an), par rapport aux céphalopodes (près de 100 000 tonnes) qui ont toutefois une valeur plus grande. Une portion substantielle des prises est attribuable aux pêcheurs étrangers qui — pour la plupart — ne débarquent même pas en Mauritanie. La méthodologie utilisée consistait à calculer la rente de ressources pour chacune des six filières prédéfinies (pêche artisanale non motorisée, pêche artisanale motorisée et pêche commerciale de céphalopodes et d’espèces pélagiques). Dans chaque cas — à partir des données et des hypothèses précisées dans les paragraphes qui suivent — les recettes étaient calculées, puis diminuées du coût d’opportunité du capital (considéré comme la marge bénéficiaire hypothétique) et du coût d’exploitation total (coûts fixes, dépenses d’équipement et coûts de main-d’œuvre). La rente ainsi obtenue a été actualisée sur la durée d’une génération (plafonnée également dans ce cas à 25 ans) et rapportée à un taux social d’actualisation de 4 %. Ces calculs se sont également appuyés sur l’hypothèse d’un taux de change moyen futur (puisque les données et les hypothèses avaient été présentées en monnaie locale) de 370 ouguiyas pour 1 dollar et d’un taux d’inflation de 3 %, comme pour les autres types de capital naturel. Enfin, la VAN de la rente a été rapportée à la population pour déterminer la richesse par habitant. Pêche artisanale — Céphalopodes Le poulpe est l’espèce la plus recherchée par les pêcheurs de la filière artisanale (et de céphalopodes). Près de trois quarts des embarcations utilisées pour la pêche des céphalopodes sont de petites pirogues traditionnelles sénégalaises à moteur. Leur capacité de prise dépasse de 30 % celle des pirogues non motorisées, mais — comme on pouvait s’y attendre — leurs coûts fixes et variables sont plus importants que ces dernières (plus du triple). Selon les personnes rencontrées aux ports de Nouakchott et Nouadhibou, les pêcheurs reçoivent un salaire moyen de près de 1 000 MRO par jour (un peu plus de 3 dollars) sur les deux types de pirogues, en plus d’une petite provision de nourriture. Les dépenses d’une pirogue à moteur se répartissent quasiment à parts égales entre le carburant et la main-d’œuvre. Les filets coûtent très cher, et représentent près de 5 % des dépenses annuelles totales pour les pirogues à moteur. 32 Tableau 3. Principales hypothèses utilisées pour calculer la richesse dans la pêche artisanale de céphalopodes 62 Hypothèse — CÉPHALOPODES Pirogues non motorisées Pirogues à moteur Nombre de pirogues durant l’année 0 350* 1400 Accroissement des pirogues (d’une année à l’autre) 1 %* 4% Taille maximale de la flotte (sur une génération) 600 unités* 4000 unités* Prises moyennes par jour (tonnes) 0,02* 0,03 Nombre annuel de voyages 200* 260 Prix moyen par tonne (USD) 5 000 5 000 Coût moyen annuel total par pirogue (USD) 13 500 48 000 dont : Coûts de main-d’œuvre (USD) 4 000 8 600 Coût d’amortissement annuel (USD) 100 550 Coût d’opportunité du capital 15 % des recettes totales* 15 % des recettes totales* Estimation de la richesse naturelle par habitant 15 80,7 (USD) Pêche artisanale — pélagiques Concernant les poissons pélagiques, il faut noter que les stocks auxquels nous nous referons appartiennent à une sous-région qui va du Maroc au Sénégal. Ces stocks sont estimés à près de 10 millions de tonnes 63. Il est donc difficile de parler de l’épuisement des stocks dans un seul pays, en raison de la présence d’espèces migratoires. En fait, il serait difficile d’isoler la portion de poissons « appartenant » exclusivement aux eaux mauritaniennes, puisque la plupart des poissons se déplacent et migrent selon les saisons, les variations de température et une longue liste de facteurs environnementaux potentiels. Cette situation réduit davantage la fiabilité des données étudiées, puisqu’une approche régionale d’estimation de la richesse dans le secteur de la pêche serait, au regard de ce qui précède, plus appropriée et plus fiable d’un point de vue méthodologique. 62 Les chiffres qui apparaissent dans ce tableau et dans ceux qui suivent sont basés sur des informations obtenues auprès du ministère de la Pêche, de l’Institut mauritanien des recherches océanographiques et des personnes interrogées à Nouakchott et Nouadhibou en février 2013. Il convient de noter que la taille de la flotte (de pirogues non motorisées et à moteur) a été plafonnée pour refléter la taille à laquelle les rendements peuvent commencer à décroître pour cause de saturation. En même temps, tous ces chiffres sont des estimations qui peuvent donc varier, en fonction par exemple de l’évolution de la productivité des pêcheurs. Dans ce tableau et dans les tableaux similaires qui suivent : (*) L’astérisque indique une valeur hypothétique. C’est le cas lorsque des informations directes n’étaient pas disponibles. (**) Selon le ministère de la Pêche, il existe environ 350 pirogues de ce type, alors que l’IMROP parle de 90. Dans le rapport, nous avons choisi une moyenne grossière de 200 pirogues pour rester dans la même fourchette. (***) Le salaire moyen d’un pêcheur travaillant sur un navire de pêche commerciale de céphalopodes a été estimé sur la base du ratio établi entre la pêche commerciale et la pêche non motorisée de pélagiques (le salaire moyen d’un pêcheur de céphalopodes sur des pirogues non motorisées étant connu). (****) Les coûts d’amortissement de la coque ont été estimés à partir de l’hypothèse qu’un gros navire commercial engagé dans la pêche de céphalopodes coûte environ 50 millions de dollars et que sa durée de vie est de 25 à 30 ans. 63 Estimations obtenues des entretiens avec des représentants de l’IMROP à Nouadhibou en février 2013. 33 Actuellement, la pêche artisanale de pélagiques est pratiquée par près de 400 pirogues, dont les trois quarts sont équipées de moteurs. Ici également, les pirogues à moteur sont plus efficaces que les autres, mais encore plus que dans la filière des céphalopodes – 2,5 fois plus. Cette grande différence s’explique par de nombreux facteurs, notamment : 1) le nombre de voyages effectués par les pirogues à moteur est nettement plus élevé (par an) ; 2) en raison surtout de prises et de méthodes de conservation de meilleure qualité, le prix du poisson provenant de pirogues à moteur représente près du double de celui sorti de pirogues simples. De la même façon, les coûts de la pêche artisanale motorisée sont plus élevés (plus du quintuple). La rémunération est également différente, les pêcheurs travaillant sur des pirogues à moteur touchant un salaire (7 000 MRO par jour ou environ 23 USD) plus de deux fois supérieur à celui de leurs pairs des pirogues non motorisées (3 000 MRO par jour ou environ 10 USD). En valeur actuelle nette, la pêche artisanale fournit une part infime de la richesse, qui devient même légèrement négative dans le cas de la pêche non motorisée de pélagiques, ce qui indique que les moyens mis en œuvre pour extraire cette ressource sont plus importants que le produit obtenu. Bien qu’assortie de réserves méthodologiques, cette conclusion demeure pertinente. Il convient toutefois de noter que les segments de la pêche artisanale sont extrêmement importants, car ils fournissent du travail et des moyens de subsistance à une large proportion de ménages indigents. La main-d’œuvre représente environ 50 % des dépenses totales des pirogues non motorisées utilisées pour la pêche de pélagiques, et 60 % des dépenses totales des pirogues à moteur (car les salaires et les effectifs sont plus importants dans ce cas). Tableau 4. Principales hypothèses utilisées pour calculer la richesse dans la pêche artisanale de pélagiques Hypothèse — PÉLAGIQUES Pirogues non motorisées Pirogues à moteur Nombre de pirogues durant l’année 0 100 300 Accroissement annuel des pirogues 1 %* 4% Taille maximale de la flotte (sur une génération) 200 unités* 1500 unités* Prises moyennes par jour (tonnes) 0,08 2,1 Nombre annuel de voyages 140 200 Prix moyen par tonne (USD) 100 250 Coût moyen annuel total par pirogue (USD) 13 500 70 000 dont : Coûts de main-d’œuvre (USD) 6 500 45 000 Coût d’amortissement annuel (USD) 100 550 Coût d’opportunité du capital 10 % des recettes totales* 10 % des recettes totales* Estimation de la richesse naturelle par habitant -5 185,7 (USD) 34 Pêche commerciale – céphalopodes et pélagiques Le rapport prend en compte les estimations de la rente tirée de deux catégories distinctes de pêche commerciale : i) la pêche de pélagiques et ii) la pêche de céphalopodes. C’est ici que se concentre la majeure partie de la richesse, car ces deux filières représentent respectivement 5 milliards de dollars pour les pélagiques et 3,6 milliards de dollars pour les céphalopodes, ou 1 475 dollars et 1 040 dollars respectivement en valeur par habitant. Il importe de répondre ici à une question importante : cette richesse reste-t-elle en Mauritanie ou la population locale en profite-t-elle au moins dans une certaine mesure ? Cette question appelle une réponse complexe, voire négative au premier abord. Une grande part des prises n’arrive pas sur les côtes mauritaniennes et est débarquée en Europe continentale ou dans les îles de Las Palmas — géographiquement très proches. Ce phénomène n’est toutefois pas spécifique à la Mauritanie : on l’observe en effet dans plusieurs pays en développement riches en ressources maritimes qui ne parviennent à retenir qu’une infirme portion (souvent inférieure à 10 %) des milliards de dollars que génèrent les ressources halieutiques au large de leurs côtes, les navires étrangers s’attribuant la différence 64. Pouvoir estimer et surveiller la richesse présente dans ses eaux est encore plus important pour des pays comme la Mauritanie, où les communautés de pêcheurs pratiquent essentiellement une activité artisanale de subsistance, sont généralement caractérisées par une vulnérabilité socioéconomique endémique, et considèrent le poisson comme leur plus importante source de protéine – voire la seule. De toute évidence, la vulnérabilité de ces populations n’est pas exclusivement attribuable à la concurrence des pêcheurs industriels, ou à l’accès à des ressources décroissant du fait de la surexploitation. Il existe d’autres problèmes importants, comme l’insuffisance des services de santé et d’éducation, l’inadéquation des filets de sécurité sociale, l’existence de subventions qui génèrent des distorsions et la participation limitée à la prise de décisions65. Nos recherches et entretiens ont permis de constater qu’à l’heure actuelle, entre 400 et 500 navires commerciaux opèrent dans les eaux mauritaniennes, et sont répartis à peu près équitablement entre pêcheurs de pélagiques et de céphalopodes. Il est intéressant de noter que le nombre de navires engagés dans la pêche du poulpe n’a cessé de diminuer ces dernières années, très probablement en raison de la contraction de la demande mondiale attribuable à la récente crise et des efforts déployés par les pouvoirs publics pour limiter l’attribution des licences. La structure des prises des navires commerciaux montre que les pélagiques dépassent largement les poulpes en tonnage. Néanmoins, une tonne de poulpe coûte près de 20 fois plus qu’une tonne de pélagiques. Les coûts 64 Article Reuters : « U.N. urges foreign fishing fleets to halt ocean grabbing », 20 octobre 2012, http://www.reuters.com/article/2012/10/30/us-fisheries-idUSBRE89T0PG20121030 65 Fisheries and the right to food, FAO, 2009 35 associés à ces navires imposants et sophistiqués sont importants pour l’analyse – particulièrement la main- d’œuvre, les systèmes de réfrigération et le carburant, qui représente à lui seul 15 à 20 % du coût total. Les investissements initiaux sont aussi importants, surtout en ce qui concerne les équipements, la coque et les moteurs, et le coût d’amortissement annuel associé à la pêche commerciale est également élevé. Une grande partie des navires commerciaux battent pavillon européen. En revanche, depuis l’entrée en vigueur du nouvel accord de pêche entre l’Union européenne et la Mauritanie, au moins 60 % des travailleurs (hormis les cadres supérieurs et le personnel hautement spécialisé à bord) doivent être de nationalité mauritanienne. Compte tenu de ce qui précède, il faut souligner que l’omission de l’impact de l’épuisement de la richesse halieutique sur les comptes nationaux du pays est un motif d’inquiétude pour l’analyste économique, et doit l’être davantage pour les autorités nationales. Une telle situation est due à l’effet combiné de faibles régimes de droits de propriété sur les zones de pêche (aussi bien au niveau national qu’international) et des difficultés à obtenir des informations précises et fiables sur les prix du marché, la production, les coûts et la création d’emplois dans ce secteur. Le risque est manifeste, car un pays riche en ressources halieutiques peut enregistrer un surcroît de croissance d’une année à l’autre dans ses comptes nationaux, qui s’explique par une surexploitation (supposée) insoutenable de la ressource, sans y faire apparaître nécessairement la réduction correspondante des stocks de poisson. Dans des cas comme celui de la Mauritanie particulièrement, où la pêche est très importante pour l’économie, ne pas inclure des actifs naturels comme les stocks de poissons dans les comptes nationaux peut entraîner de sérieuses défaillances dans l’analyse et la surveillance économiques 66. Hypothèse — PÊCHE COMMERCIALE Pélagiques Céphalopodes Nombre de pirogues durant l’année 0 200(**) 230 Accroissement annuel des pirogues 5 %(*) —2% Taille maximale de la flotte (sur une génération) 600 unités(*) 500 unités(*) Prises moyennes par jour (tonnes) 60 3 Nombre annuel de voyages 180 220 Prix moyen par tonne (USD) 250 5 000 Coût moyen annuel total par pirogue (USD) > 3 millions > 3 millions dont : Coûts de main-d’œuvre (USD) ~ 800 000 ~ 400 000(***) Coût d’amortissement annuel (USD)(****) ~ 2 millions ~ 2 millions Coût d’opportunité du capital 15 % des recettes totales(*) 15 % des recettes totales(*) Estimation de la richesse naturelle par habitant 1 475 1 040 (USD) 66 Les milliards engloutis : La justification économique pour une réforme de la pêche. Une publication conjointe Banque mondiale/FAO, 2008 36 Méthodologie et contexte d’estimation de la richesse en gaz naturel et pétrole brut Dans le cas du gaz naturel et du pétrole, la méthodologie utilisée est également basée sur l’analyse de la valeur actuelle nette. Les rentes de ressources sont estimées sur la durée de vie de l’exploitation (de gaz ou de pétrole) et un taux social d’actualisation de 4 % est ensuite appliqué à la somme de toutes les rentes annuelles 67. L’année 0 est 2013 et , l’année finale, correspond à la fin des activités d’extraction. =0 1 = � ∗ 1 + = Le résultat final W est rapporté à la population pour déterminer la richesse par habitant. En ce qui concerne le pétrole brut, la robustesse de l’estimation est remise en question par l’instabilité et la fragmentation intrinsèques de certains éléments essentiels d’information, comme les prix et les coûts. Comme chacun le sait, le prix du pétrole brut sur le marché international se caractérise par une forte instabilité et une grande vulnérabilité à un grand nombre de facteurs du marché, dont certains sont purement psychologiques, ce qui le rend extrêmement difficile à prévoir. Pour ces raisons, le rapport adopte une hypothèse de prix constant (corrigée en fonction de l’inflation au fil du temps) équivalent à 100 dollars le baril. Comme pour le coût de production total, les difficultés à obtenir des informations concrètes sur les sites mauritaniens nous ont amenés à opter pour des moyennes régionales africaines tirées de la base de données en ligne du service d’information sur l’énergie des États-Unis (45 dollars/baril). Dans le cas du gaz, le rapport adopte une hypothèse de prix unitaire de 8,5 dollars par million d’unités thermiques britanniques (MBTU) et de coûts de production fixes équivalents à 15 millions de dollars par an 68. Un investissement initial de 600 millions de dollars est d’abord estimé, en partant de l’hypothèse que la production démarre en 2016, équivaut à 15,3 millions MBTU et devrait s’achever dans 22 ans 69. Dans ce cas également, un taux d’inflation de 3 % est pris en compte. La récente découverte de gaz dans le sous-sol mauritanien va grandement contribuer à stimuler et accélérer le développement économique du pays et faire avancer les objectifs d’éradication de la pauvreté. En fait, la Mauritanie manque cruellement de ressources énergétiques, les coûts de production de l’électricité y sont élevés 70, et elle ne pourra pas résoudre ce problème en utilisant des méthodes durables avant un certain nombre d’années. L’accroissement de la demande intérieure, et surtout une croissance exponentielle des besoins des 67 Une démonstration mathématique détaillée est fournie au paragraphe sur le sous-secteur minier. 68 Sur la base des estimations du personnel de la Banque mondiale, également utilisées pour le projet de centrale thermique de Banda. 69 Ces données sont conformes aux conclusions des études de faisabilité conduites sur les réserves de gaz. De plus, un délai de 22 ans permet de travailler sur la même période de temps que celle prise en compte pour l’analyse, qui s’achève en 2038. 70 Compte tenu du niveau élevé des prix des produits énergétiques (hydrocarbures) et de ratios de pertes considérables. 37 entreprises minières pour la mise en valeur de nouveaux projets (près de 400 MW), devraient pousser la demande globale d’électricité vers la hausse, à plus de 500 MW d’ici 2017. Les campagnes d’exploration de gaz offshore ont permis de découvrir des réserves importantes dans le gisement de Banda (actuellement exploité par Tullow Oil) qui devraient dépasser 1 Tcf 71, et devraient donc suffire à approvisionner une centrale thermique d’une capacité d’au moins 350 MW pendant près de 20 ans. La Banque mondiale soutient actuellement un projet de garantie de 100 millions de dollars en faveur de la Mauritanie destiné à faciliter la conclusion d’un ambitieux programme de mise en valeur du champ gazier. Pétrole Gaz Taux d’inflation 3% 3% Durée 25 ans 22 ans Prix unitaire (USD/baril ou USD/MBTU) ~100 (2013) 8,5 (2016) Coût de production fixe (total, USDM) s.o. 15 Coût des investissements initiaux (USDM)/dépenses d’équipement s.o. 600 Production (annuelle, barils ou MBTU) ~ 2,5 millions ~ 15,3 millions Recettes (USD) ~ 250 millions ~130 millions Coût unitaire de production (USD/baril ou USD/MBTU) 45 2,95 Estimation de la richesse naturelle par habitant (USD) 930 550 Méthodologie et contexte d’estimation de la richesse tirée des pâturages En ce qui concerne les pâturages, nous avons choisi de calculer la production de certains dérivés importants de l’élevage comme le lait (provenant de diverses espèces animales), la viande, la graisse, le cuir, etc. Sur cette base, la richesse en 2013 a été calculée d’après l’équation suivante : =2038 ∑ ∗ ( ∗ ) 2013 = � (1 + 0.04) =2013 Où W est la richesse du secteur de l’élevage, P est le prix unitaire et RR est la rente totale 72. Des experts et des représentants du ministère du Développement rural interrogés à Nouakchott nous ont renseignés en détail sur la production annuelle de viande, de lait et d’œufs (en tonnes). Des valeurs moyennes décalées sur six ans (2007-12) ont été utilisées pour estimer les chiffres de la production à utiliser pour faire des projections sur une génération (25 ans) à partir de 2013. Les produits de l’élevage utilisés dans ce rapport comme 71 Tcf est une unité de mesure du gaz naturel correspondant à mille milliards de pieds cubes (1 000 000 000 000 de pieds cubes). 72 Les indices t et i représentent respectivement le temps et le type de produit de l’élevage. La méthodologie et les données sont tirées de The Changing Wealth of Nations, Banque mondiale, 2010. 38 variable représentative de la production totale sont : le lait de chameau, le lait de vache, le lait de chèvre, le lait d’ovins, les œufs (nombre produit), la viande de poulet ainsi que la viande caprine, ovine, bovine et cameline. Et les prix sont la moyenne pour la période 2000-12 73. La richesse est calculée comme la valeur actuelle nette du rendement du terrain (rente tirée de la vente des produits de l’élevage susmentionnés) en utilisant un taux d’actualisation de 4 % sur une période de 25 ans, et la rente future estimée sur la base d’un taux de croissance annuel de 2 % 74. Les rentes sont calculées d’après la formule suivante : Rentes = rente (totale) * production * prix unitaire Où la rente (totale) est représentée par une variable constante de 45 % des recettes, réputée correspondre au rendement des pâturages. Production moyenne Prix moyen (2001-12, USD (mille tonnes, 2007-12) par tonne) Lait de chameau ~144 206 Lait de vache ~61 462 Lait de chèvre ~50 215 Lait d’ovins ~30 188 Œufs (nombre) 1 750 000 0,25 (prix de chaque œuf) Viande de poulet ~4 4 677 Viande ovine ~41 4 115 Viande caprine ~23 4 177 Viande bovine ~22 3 367 Viande cameline ~25 3 733 Estimation de la richesse naturelle par habitant en 2 017 2013 (USD) Précisions sur le traitement des effets induits Les calculs de la rente estimés dans ce rapport sont basés sur les prix du marché, les données de la production et d’autres éléments d’information ou hypothèses, mais sans inclure les effets induits par l’activité minière, qu’ils soient positifs ou négatifs, comme les émissions de CO2, la dégradation de l’écosystème, la contamination de l’eau, etc. De plus, la rente tirée des ressources naturelles peut être étroitement corrélée à de nombreux effets sur l’emploi, le renforcement des capacités, le développement de l’infrastructure locale, l’amélioration des services 73 Source : Ministère du Développement rural de la Mauritanie. 74 Les estimations moyennes ont été établies à partir du document intitulé : Global Food Projections to 2020, Emerging Trends and Alternative Futures, Rosegrant, Paisner, Meijer et Witcover, International Food Policy Research Institute, août 2001 39 publics, etc. Ces aspects présentent certes beaucoup d’intérêt et d’importance, mais la méthodologie appliquée à cette étude n’est pas suffisamment élaborée pour prendre en compte tous les effets ou les impacts de cette nature. Et même si cela avait été possible, on ne s’attendrait pas à ce qu’ils aient un impact (positif) sur le niveau de confiance dans l’analyse globale, le cadre général étant basé sur des macro-agrégats et des hypothèses approximatives. 40 Références Arrow et Kurz, Public Investment, The Rate of Return, and Optimal Fiscal Policy, The John Hopkins University Press (1970) Article Reuters, “U.N. urges foreign fishing fleets to halt ocean grabbing”, 20 octobre 2012 Banque mondiale et Wealth Accounting and Valuation of Ecosystem Services (WAVES), Priority Policy Linkages and Workplan: an update of Progress (2013) Banque mondiale, Rapport sur le développement dans le monde 2008 : l’agriculture au service du développement, 2007 Banque mondiale, The Changing Wealth of Nations: Measuring Sustainable Development in the New Millennium, 2011. 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Mauritanie • Ministère du Développement rural (Mauritanie) • Ministère l’Énergie et des Mines (Mauritanie) • Perspectives de prix des matières premières de la Banque mondiale • Service d’information sur l’énergie des États-Unis (US-EIA) • Site web de l’Initiative pour la transparence dans les industries extractives (ITIE) • Société mauritanienne des hydrocarbures • Société nationale industrielle et minière — SNIM (Mauritanie) 42