République du Congo Rapport sur l’Analyse de la Pauvreté Education, Emplois et Protection Sociale pour une Réduction Durable de la Pauvreté République du Congo Rapport sur l’Analyse de la Pauvreté Education, Emplois et Protection Sociale pour une Réduction Durable de la Pauvreté May 2017 Résumé Analytique Avis de non-responsabilité : Cet ouvrage a été établi par les services de la Banque internationale pour la reconstruction et le développement. Les observations, interprétations et opinions qui y sont exprimées ne reflètent pas nécessairement les vues de la Banque mondiale, de son Conseil des Administrateurs ou des pays que ceux-ci représentent. La Banque mondiale ne garan- tit pas l’exactitude des données citées dans cet ouvrage. Les frontières, les couleurs, les dénominations et toute autre information figurant sur les cartes du présent ouvrage n’impliquent de la part de la Banque mondiale aucun jugement quant au statut juridique d’un territoire quelconque et ne signifient nullement que l’institution reconnaît ou accepte ces frontières. Déclaration relative aux droits d’auteur Le contenu de cette publication fait l’objet d’un dépôt légal. La copie ou la réutilisation de parties ou de l’intégralité de ce texte sans autorisation préalable peut constituer une violation de la loi en vigueur. La Banque internationale pour la reconstruction et le développement/la Banque mondiale encourage la diffusion de son travail et autorisera normalement la reproduction de parties du présent document promptement. 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Remerciements L a Banque mondiale apprécie vivement la collaboration étroite entre le Gouvernement de la République du Congo (le Ministère de la Planification et de l’Intégration)1 et du Centre national de la statistique et des études économiques2 en particulier) pour la rédaction du présent rapport. L’équipe de rédaction du rapport a été dirigée par Clarence Tsimpo Nkengne (économiste principale, GPV01). Cette équipe était constituée de Fulbert Tchana (économiste principal, GMF07), Etaki Wa Dzon (économiste, GMF07) et de Quentin Wodon (économiste en chef, GEDGE). Le présent rapport a été rédigé sous la direction de Moustapha Ndiaye (Directeur pays, AFCC2), Djibrilla Adamou Issa (Responsable pays, AFMCG), Pablo Fajnzylber (Directeur de la pratique, GPV01), Pierella Paci (Directeur par intérim de la pratique, GPV01), Yisgedullish Amde (Coordinateur de programme national, AFCCD), Emmanuel Pinto Moreira (Chef de programme, AFCC2), et Johannes G. Hoogeveen (économiste en chef, GPV01). Kathleen Beegle (chef de programme, AFCW1), Dean Mitchell Jolliffe (économiste principal, DECPI), et Vasco Molini (économiste principal, GPV01) ont été des examinateurs pairs dans le cadre de la rédaction du rapport. En outre, l’équipe est reconnaissante des commentaires et contributions de la part de Andrew Dabalen, Prospere Backiny, Paolo Verme, Franck Adoho, Gyorgy Bela Fritsche, Rose Mungai, Mahine Diop, Meskerem Mulatu, Amadou Oumar Ba, Ephraim Kebede, Michel Niama (Directeur général de l’Économie), Samuel Ambapour Kosso (administrateur, CNSEE), Théophile Bassissila (économiste, CNSEE), Jean-Christophe Boungou Bazika (CERAPE), Euloge Bikindou-Boueya (UERPOD) ; ainsi que ceux de la communauté des partenaires de développement. Josiane Maloueki Louzolo (assistante de programme, AFMCG), Aimee Niane (assistante de programme, GPV01), Senait Yifru (analyste d’exploitation, GPV01) et Arlette Sourou (assistante principale de programme, GPV01) ont fourni une assistance et des soutiens divers à la prépara- tion de ce rapport. Des remerciements particuliers sont adressés à Martin Buchara (assistant de programme) pour son précieux appui durant l’élaboration du présent rapport. Par ailleurs, le rapport a été relu par Nathan Weatherdon et Rachel Nalubega. 1 Ministère du Plan et de l’Intégration. 2 Centre national de la statistique et des études économiques (CNSEE). 3 Abréviations et acronymes ARV Antirétroviral ASS Afrique subsaharienne BIRD Banque internationale pour la reconstruction et le développement BNS Bureau National de la Statistique CBB Coûts des besoins de base CERAPE Centre d’études et de recherche sur les analyses et les politiques économiques CGO République du Congo CNS Comptes nationaux de la santé CNSEE Centre national de la statistique et des études économiques CONFEMEN Conférence des ministres de l’Éducation des États et gouvernements de la Francophonie CSLP Cadre stratégique de lutte contre la pauvreté DCT Diphtérie, coqueluche, tétanos DSP Diagnostic Systematique Pays ECOM Enquête congolaise auprès des ménages EDS Enquête démographique et de santé FAO-STAT Division des statistiques de l’Organisation des Nations Unies pour l’Alimentation et l’Agriculture FGT Foster-Greer-Thorbecke GAVI Alliance mondiale pour les vaccins et la vaccination GIE Élasticité des revenus de l’indice de Gini GMB Gestion macroéconomique et budgétaire GPS Systèmes de positionnement mondial HiA Initiative Health in Africa ICS Indice de capacité statistique INS Institut National de la Statistique IPC Indice des prix à la consommation IPS Indicateurs de prestations de services MCO Moindres carrés ordinaires MSP Ministère de la santé et de la population NTIC Nouvelles Technologies de l’Information et de la Communication OC Organisations confessionnelles 5 OMD Objectif du Millénaire pour le développement PDN Plan National de Développement PEEDU Projet Eau, Electricité et Développement Urbain PIB Produit intérieur brut PME Petites et moyennes entreprises PPA Parité des pouvoirs d’achat RDC République démocratique du Congo RC République du Congo RIF Fonction d’influence recentrée RNB Revenu national brut SFI Société financière internationale SNDE Société nationale de distribution d’eau SNE Société nationale d’électricité STATCAP Renforcement des capacités statistiques UERPOD Union pour l’étude et la recherche sur la population et le développement UPE Unité primaire d’échantillonnage WDI Indicateurs du développement dans le monde ZD Zone de dénombrement Vice-Président : Makhtar Diop Directeur principal : Carolina Sanchez-Paramo Directeur Pays : Ahmadou Moustapha Ndiaye Responsable pays : Djibrilla Adamou Issa Directeur de la pratique : Pablo Fajnzylber Directeur par intérim de la pratique Pierella Paci Chef de l’équipe de projet : Clarence Tsimpo Nkengne 6 République du Congo – Rapport sur l’Analyse de la Pauvreté (Résumé analytique) Résumé analytique C ette évaluation de la pauvreté analyse les tendances des aspects monétaires et non monétaires de la pauvreté et de la vulnérabilité économique en République du Congo (RC). Cette analyse repose sur deux enquêtes relatives aux dépenses des ménages, réa- lisées par l’Institut national de la statistique (INS) en 2005 et en 2011, représentatives au niveau national et globalement comparables. L’étude identifie les facteurs associés à la réduction de la pauvreté en examinant de façon systématique trois dimensions : la démographie, la situation de l’emploi et le capital humain. Le rapport aborde également certaines questions transversales liées à la réduction de la pauvreté, telles que la qualité de l’offre des services sociaux et la marginalisa- tion des autochtones. Cette étude vise à fournir aux décideurs les connaissances nécessaires pour améliorer l’efficacité de leurs programmes afin de réduire et, à terme, éradiquer l’extrême pauvreté en République du Congo.3 Entre 2005 et 2011, la République du Congo a enregistré une forte performance macroéconomique favorisée par les recettes pétrolières L’histoire du pays se caractérise par des fluctuations liées à la performance de son secteur pétrolier, au passage du communisme à l’économie de marché, à la guerre civile et aux troubles sociaux. Depuis les années 1960, le pays a traversé quatre phases économiques : 1960–1972 ; 1973–1984 ; 1985–1999 ; et 2000–2014. Ces périodes correspondent, respectivement, à l’éco- nomie pré-pétrole, au premier boom pétrolier, à la crise des prix du pétrole et au second boom pétrolier (Banque mondiale 2016a). Le pays a également connu des troubles sociaux avec un coup d’État militaire et une guerre civile. Dans un contexte de guerre froide, les différents gouverne- ments sont passés du communisme à l’économie de marché, et vice-versa. Tous ces phénomènes ont affecté l’économie et la perception de la population sur l’importance de l’État comme principal pourvoyeur d’emplois en particulier. 3 La croissance économique, la diversification économique, la création d’emplois et la réduction de la pauvreté sont au cœur du Plan national de développement (République du Congo 2012a, 2012b). 7 Le syndrome hollandais a affecté la République Comme le taux national de pauvreté, les taux du Congo à la suite de la découverte du pétrole. internationaux d’extrême pauvreté ont considérable- Alors que, dans les années 1960, l’économie congolaise ment baissé. Les techniques de mesure de la pauvreté au était diversifiée, la découverte du pétrole a entraîné une niveau national sont utilisées pour analyser la pauvreté réduction de l’importance relative des autres secteurs. dans le pays et ainsi définir des politiques économiques Plus important encore, les secteurs de l’agriculture et d’éradication de la pauvreté. Toutefois, les données rela- de l’industrie ont reculé en raison d’une baisse de leur tives à la pauvreté nationale ne sont généralement pas compétitivité. C’est pourquoi le pays importe la majeure comparables entre les pays. Pour établir une comparaison partie de ses biens, y compris les produits alimentaires. entre la République du Congo et d’autres pays d’Afrique La République du Congo a connu une forte et du monde, on utilise des mesures appelées mesures croissance économique entre 2002 et 2015. Cette internationales d’extrême pauvreté. Le seuil international forte croissance économique a été stimulée par la hausse de pauvreté le plus commun est fixé à 1,90 USD, exprimé des prix du pétrole et la stabilité politique. Au cours de en PPA (parité de pouvoir d’achat) et $US 2011. Selon cette période, le taux de croissance de la République du les normes internationales, la part de la population vivant Congo s’élevait, en moyenne, à 4,5%. Entre 2005 et en République du Congo dans l’extrême pauvreté – c’est- 2011, le pays a enregistré une croissance soutenue, avec à-dire avec moins de 1,90 USD PPA par jour – a chuté, un taux annuel moyen de 5,4%, principalement due aux passant de 50,2% en 2005 à 37,0% en 2011. importants revenus issus de la production pétrolière et Malgré l’amélioration du niveau de vie, le pays de la décision du gouvernement, en 2006, d’amplifier continue d’enregistrer de mauvais résultats par rap- ses investissements dans les infrastructures. port à son potentiel et à son statut de pays à revenu intermédiaire. Les comparaisons entre les pays montrent Entre 2005 et 2011, la solide que le niveau de pauvreté internationale en République du Congo est toujours nettement plus élevé que celui performance macroéconomique d’autres pays à revenu intermédiaire comparables. Les a coïncidé avec une réduction pays ayant un niveau de développement économique substantielle de la pauvreté similaire affichent généralement des taux de pauvreté beaucoup plus faibles. Par ailleurs, le taux international Entre 2005 et 2011, le solide bilan macroécono- de pauvreté (1,90 USD – 2011 PPA) en République mique du pays s’est traduit par une réduction subs- du Congo est assez proche de la moyenne en Afrique tantielle de la proportion de la population vivant subsaharienne (ASS) qui s’élève à 42,6%. dans la pauvreté. La part de la population vivant sous le seuil de pauvreté national est ainsi passée de 50,7% La réduction de la pauvreté s’est en 2005 à 40,9% en 2011, soit une baisse de 9,8 points, maintenue après 2011, mais il sera en phase avec le taux de croissance du produit intérieur brut (PIB) observé durant cette période. Globalement, difficile pour le pays d’atteindre les environ 143 000 personnes sont sorties de la pauvreté. objectifs d’éradication de l’extrême Les variations de la profondeur de la pauvreté et de la pauvreté d’ici 2030 sévérité de la pauvreté ont connu une tendance similaire à celle observée pour le taux de pauvreté. Au niveau Les résultats de micro-simulations suggèrent que la national, le nombre de pauvres a diminué, passant baisse de la pauvreté s’est poursuivie au-delà de 2011, de 1 801 000 en 2005 à 1 658 000 en 2011, malgré mais à un rythme plus lent. Les estimations indiquent la croissance démographique enregistrée au cours de que le ralentissement de la croissance économique liée au cette période. secteur pétrolier a entraîné une réduction plus lente de la 8 République du Congo – Rapport sur l’Analyse de la Pauvreté (Résumé analytique) pauvreté à partir de 2011. Entre 2005 et 2011, la pauvreté inégalités dans 105 pays, données disponibles dans le a diminué de 1,63 point de pourcentage par an. En raison WDI et postérieures à 2010. La République du Congo d’une croissance économique plus lente, on estime qu’en occupe la 90ème place sur 105 selon le coefficient de Gini. 2016, la part de la population vivant sous le seuil de pau- Les autochtones, qui représentent près de 1% de vreté national était d’environ 34 à 35%, soit une baisse la population, forment le groupe le plus marginalisé de la pauvreté de 1,52 point par an entre 2011 et 2016. de la République du Congo. Le taux de pauvreté moné- Les projections à l’horizon 2030 montrent taire des autochtones est plus de deux fois supérieur au qu’il sera difficile, mais pas impossible, pour le pays taux de pauvreté du reste de la population. Environ neuf d’atteindre les objectifs d’éradication de l’extrême autochtones sur dix sont pauvres. La marginalisation pauvreté d’ici 2030 si la performance et la situation des autochtones est caractérisée par un accès très limité d’inégalité ne s’améliorent pas sensiblement. Dans un aux services sociaux, notamment dans les domaines de scénario très optimiste, selon lequel le pays est supposé la santé et de l’éducation, ainsi qu’au marché du travail. enregistrer un taux de croissance annuel de 10% entre De ce fait, ils contribuent peu aux activités économiques 2021 et 2030, le taux de pauvreté (seuil de 1,90 $US dont ils ne bénéficient donc également que peu. PPA par jour) sera de 3,6% en 2030. Dans un scénario Il ressort des estimations de pauvreté que plus réaliste basé sur la croissance projetée par les experts l’économie congolaise est une économie duale. La pau- de la Banque mondiale, ce taux de pauvreté devrait rester vreté devient de plus en plus un phénomène rural, ce qui élevé et se situer aux alentours de 15% en 2030. devrait être un motif de préoccupation majeur. La plus grande partie de la réduction de la pauvreté a été observée dans les deux plus grandes villes, Brazzaville et Pointe Noire. La prospérité dont a joui la Le phénomène le plus inquiétant a été l’augmentation du République du Congo grâce à la taux de pauvreté ainsi que l’accroissement du nombre de manne pétrolière n’a pas profité à personnes vivant dans la pauvreté en zone rurale. Dans les l’ensemble de la population zones rurales, le taux de pauvreté a augmenté de 4,6 points de pourcentage, passant de 64,8 en 2005 à 69,4 en 2011. Les niveaux d’inégalité restent élevés. Le coefficient La profondeur et la sévérité de la pauvreté ont également de Gini a connu une légère augmentation, même si augmenté en zone rurale : les personnes vivant dans la celle-ci n’est pas statistiquement significative (0,465 en pauvreté sont devenues plus pauvres encore. Entre 2005 2011 contre 0,460 en 2005). Cette faible augmentation et 2011, le nombre de personnes vivant dans la pauvreté est en phase avec le fait que la réduction de la pauvreté a augmenté dans les zones rurales : il est passé de 795 000 a été plus importante dans les grandes villes que dans à 951  000. Alors que les zones rurales représentaient les autres zones urbaines et rurales. La consommation 44,3% des personnes vivant dans la pauvreté en 2005, elles par équivalent adulte parmi les 10% les plus riches des en représentaient 57,4% en 2011. ménages en République du Congo était 17,2 fois supé- La pauvreté est un phénomène essentiellement rieure à celle des 10% les plus pauvres en 2005 ; cet écart rural. En zone urbaine, la pauvreté demeure cepen- a augmenté pour atteindre 20,0 fois en 2011. dant très élevée, en particulier à Brazzaville. En zone Selon les normes internationales, les inégalités rurale, sept personnes sur dix (69,4%) sont pauvres  ; sont plus élevées en République du Congo qu’ailleurs 57,4% des personnes pauvres vivent en zone rurale. dans le monde. Les comparaisons entre pays suggèrent Malgré une relativement faible incidence de la pauvreté que le niveau d’inégalité est élevé en République du (21,6%) à Brazzaville, la capitale abrite près de 20% des Congo. En effet, ce pays est classé parmi les sociétés les personnes pauvres. Les zones rurales et Brazzaville, qui plus inégalitaires, selon les données des Indicateurs de représentent ensemble 70% de la population, abritent développement dans le monde (WDI) portant sur les 77% des personnes pauvres. Résumé analytique 9 La prospérité n’a pas profité aux segments les plus l’éducation, notamment l’achèvement du cycle d’en- pauvres de la population en raison de l’augmentation seignement primaire.4 La République du Congo enre- du niveau d’inégalité et de l’écart urbain-rural. Les gistre une performance inférieure aux attentes en matière courbes de l’incidence de la croissance montrent que la d’achèvement du cycle d’enseignement primaire. Le taux croissance n’a pas été favorable aux pauvres dans le pays. d’achèvement du cycle primaire était de 74% en 2012. Selon les mesures de la pauvreté basées sur la consomma- Ce taux a fluctué au cours de la dernière décennie. Une tion, les plus pauvres ont en réalité connu une détériora- volatilité qui appelle à une réflexion d’ensemble. tion de leurs conditions de vie. La population située au Une amélioration substantielle des taux de milieu de la distribution ainsi qu’une petite partie des mortalité maternelle et infantile a été enregistrée. ménages les plus riches ont bénéficié de la forte crois- Toutefois, le pays continue d’obtenir des résultats inféri- sance positive. eurs aux attentes dans le cas de la mortalité maternelle Le succès du pays en matière de réduction de la comme dans celui de la mortalité infantile. De plus, le pauvreté a eu pour résultat que de nombreux ménages pays n’a atteint aucun des Objectifs du Millénaire pour vivant juste au-dessus du seuil de pauvreté pourraient le développement (OMD) relatifs à la santé. La mortalité rebasculer dans la pauvreté en cas de choc négatif. maternelle et infantile est souvent utilisée comme mesure Alors que la pauvreté reculait, les groupes vulnérables et de l’efficacité du secteur de la santé dans un pays donné. les groupes de la classe moyenne (non-pauvres en situa- Entre 2005 et 2012, la mortalité des moins de cinq ans tion précaire) ont tous deux pris de l’ampleur. Ceux de – qui est une mesure de la probabilité de décès d’un la classe moyenne ont pris plus rapidement de l’ampleur enfant entre sa naissance et son cinquième anniversaire que les groupes vulnérables/de non pauvres en situation – a chuté, passant de 95,3 à 52,6 pour 1 000 naissances. de précarité. Seulement 20,6% de la population avait Grâce à cette amélioration, le pays atteint désormais les une consommation estimée à plus du double du seuil résultats escomptés par rapport à son revenu national de pauvreté en 2005. Ce taux a augmenté pour atteindre brut (RNB). Les chiffres diffèrent un peu dans le cas 26,3% en 2011. 32,8% de la population, bien que tech- de la mortalité maternelle. Malgré une amélioration, la niquement non-pauvre, consommait, à la même période, performance du pays en matière de mortalité maternelle à un niveau inférieur à la moyenne de 550 000 XAF par reste inférieure à celle des pays comparables. En baisse, le an (valeur du franc CFA en 2011) par équivalent adulte. taux de mortalité maternelle est passé de 781 à 426 décès Une grande partie des personnes vulnérables dépendant pour 100 000 naissances vivantes entre 2005 et 2012. de l’agriculture ou d’activités informelles est exposée à La performance du pays en matière de retard de une grande volatilité de la production, un grand nombre croissance est supérieure aux attentes, mais le niveau de d’entre elles demeurent grandement exposées au retour malnutrition reste élevé. Le taux du retard de croissance à la pauvreté, du moins temporairement. (un indicateur de malnutrition chronique qui correspond à une taille trop petite par rapport à l’âge) a baissé, passant Concernant les aspects non de 31% en 2005 à 25% en 2011. Le pays enregistre donc une performance qui correspond à celle des pays compa- monétaires du bien-être, les résultats rables. Le niveau des retards de croissance reste néanmoins de la République du Congo élevé. Une forte malnutrition réduit la production agricole, sont inférieurs à ceux des pays contribue à la pauvreté et affecte l’éducation et le poten- comparables tiel intellectuel des élèves (à titre d’exemple, le retard de La performance de la République du Congo est bien 4 Les conclusions ne sont pas spécifiques à la République du Congo. Comme démontré par de la Brière et al. (2016), tous les pays d’ASS inférieure aux attentes dans le cas de la plupart des riches en ressources enregistrent des résultats médiocres au niveau autres indicateurs les plus cruciaux du secteur de des aspects non monétaires du bien-être. 10 République du Congo – Rapport sur l’Analyse de la Pauvreté (Résumé analytique) croissance contraint les enfants à commencer l’école tard République du Congo enregistre de très bons résultats car ils paraissent trop petits pour leur âge ; c’est également en ce qui concerne le réseau de téléphonie mobile, une cause d’absentéisme et de redoublement). mais la performance est inférieure aux attentes en Malgré les améliorations enregistrées au cours matière d’accès à internet. Le pays semble s’être attaqué de la dernière décennie, le niveau d’accès à l’électricité d’abord au problème le plus facile à résoudre, comme est très faible comparé au niveau escompté. Les taux de le prouve sa performance solide en matière d’accès au connexion à travers le pays demeurent insuffisants par rap- réseau de téléphonie mobile. Il peine toutefois à passer au port aux performances des pays comparables. Les taux de niveau supérieur. Le taux d’accès à internet est très faible. couverture ont augmenté de manière substantielle : ils sont On estime qu’en 2014, seulement 7% de la population passés de 26,7% en 2005 à 42,5% en 2011. L’expansion utilisait internet. Outre la qualité insatisfaisante de la de la couverture résulte d’une amélioration de l’accès à connexion, le faible taux d’utilisation d’internet pourrait l’électricité (disponibilité du réseau) ainsi que d’une amélio- s’expliquer principalement par les prix qui demeurent ration du taux de souscription lorsque le réseau est présent trop élevés pour le grand public. dans le voisinage. En 2011, près de sept ménages sur dix La performance du pays est également inféri- (68%) vivaient dans des quartiers couverts par un réseau eure aux attentes en matière de connectivité et de électrique. Ce pourcentage est supérieur à celui enregistré en densité du réseau routier. En 2014, le pays comptait 2005 (57%). Le taux de souscription lorsque le réseau élec- à peine 5 km de routes par 100 km2 de terre, ce qui trique est présent dans le voisinage, qui reflète l’amélioration est très inférieur aux attentes. Cette très faible densité du niveau de pauvreté monétaire, a également augmenté. du réseau routier pourrait s’expliquer par le fait que la Il est passé de 47% à 62% entre 2005 et 2011. grande majorité de la population est principalement Bien que la part de la population bénéficiant d’un concentrée dans deux villes. Cette faible densité est de accès à un système amélioré d’approvisionnement en nature à se traduire par des problèmes de connectivité, eau ait légèrement augmenté au cours de la dernière et d’engendrer des inefficiences économiques. décennie, cette part est encore nettement inférieure au niveau escompté. La République du Congo enreg- La génération actuelle ne semble istre une performance inférieure aux attentes en ce qui concerne les systèmes améliorés d’approvisionnement en pas bénéficier de la manne eau. Entre 2005 et 2015, le taux d’accès aux systèmes pétrolière améliorés d’approvisionnement en eau a légèrement augmenté. Il est passé de 72% à 77%. La performance Durant la période de forte croissance économique, du pays reste toutefois inférieure aux attentes. l’économie créait des emplois, mais cette hausse était Le taux d’accès à un système d’assainissement compensée par la croissance de la population. Entre amélioré demeure très bas. La performance du pays 2005 et 2011, le nombre d’employés a augmenté de dans ce domaine s’avère également inférieure aux 180  000. Dans le même temps, la population poten- attentes. La République du Congo enregistre une per- tiellement active (15–64 ans) a augmenté de 264  000 formance inférieure aux attentes en ce qui concerne personnes. La croissance de la population apparaît l’accès à un système d’assainissement amélioré. En 2014, comme un défi : le pays doit non seulement créer des seulement 43% de la population avait accès à un système emplois, mais il doit aussi en créer suffisamment pour, d’assainissement amélioré. La situation est pire en zone à minima, absorber la forte croissance de la population rurale, où seulement 13% de la population a accès à des en âge de travailler. toilettes améliorées. Le chômage semble avoir augmenté entre 2005 Dans le domaine des nouvelles technologies et 2011, ce qui pourrait rendre difficilement com- de l’information et de la communication (NTIC), la préhensibles les tendances relatives au bien-être. Il Résumé analytique 11 semble que la forte croissance économique n’a créé leur propre compte, gèrent une entreprise sans employé aucun emploi ou, du moins, qu’elle n’a pas eu un impact ou exercent dans l’agriculture de subsistance. Par ail- significatif sur le chômage, en particulier celui des leurs, un quart des travailleurs travaille pour un ménage jeunes. Ceci n’est pas surprenant car la croissance a été sans salaire. L’administration publique est le principal tirée par les activités du secteur pétrolier, lequel ne néces- pourvoyeur d’emplois rémunérateurs formels. Un tra- site pas une main-d’œuvre importante et a des relations vailleur sur dix (14%) est employé dans l’administration limitées avec le reste de l’économie. De plus, ces conclu- publique ou une entreprise paraétatique. Le rôle du sions montrent que le vaste programme d’infrastructure secteur privé dans la fourniture d’emplois à la population mené sous le slogan « municipalisation » a également n’est pas négligeable. Jusqu’à 13% des travailleurs sont été un échec – du moins entre 2005 et 2011 –, pour ce employés soit dans une grande entreprise privée (5%), qui est de la création d’emplois substantiels et suffisants soit dans des PME (8%). pour avoir un impact significatif sur le marché du tra- vail. Ceci n’est pas non plus une surprise car les travaux L’éducation améliore les revenus et de construction ne créent que des emplois temporaires. Les jeunes sont particulièrement touchés par le le bien-être, uniquement à partir du chômage. A titre d’exemple, le taux de chômage est de secondaire 32,7% pour la tranche d’âge allant de 15 à 29 ans en util- isant la seconde définition. Les chiffres qui correspondent Le niveau d’éducation compte beaucoup sur le marché aux tranches 30–49 ans et 50–64 ans sont, respective- du travail. Les citoyens ayant un niveau d’éducation ment, de 15,6% et de 8,3%. De ce fait, un programme élevé sont davantage susceptibles d’occuper des postes axé sur l’emploi des jeunes devrait être développé, ren- de cadres ou de travailleurs qualifiés. D’un autre côté, forcé et étendu autant que possible compte tenu de ceux qui n’ont pas reçu d’instruction ou qui ne sont pas l’importance de la jeunesse dans la population en général. allés au-delà du primaire sont davantage susceptibles L’accès à un emploi rémunérateur formel est très d’exercer comme ouvriers ou travailleurs non qualifiés. limité pour les jeunes. Ils sont davantage susceptibles Jusqu’à 80% de ceux qui ont suivi des études supérieures d’être employés à leur propre compte ou par un ménage occupent des postes de direction. Une grande partie en qualité d’aide familial. Comme mentionné dans les (40%) de ceux qui ont achevé le cycle d’enseignement sections précédentes, la jeunesse est davantage susceptible secondaire ou supérieur travaille, elle aussi, soit comme d’être au chômage. Par ailleurs, même lorsqu’ils arrivent cadres, soit comme ouvriers qualifiés. L’éducation secon- à obtenir un emploi, les jeunes travaillent généralement à daire supérieure semble être le seuil au-delà duquel leur propre compte – comme c’est d’ailleurs le cas pour l’éducation a une réelle importance pour accéder à un la population congolaise en général. D’un autre côté, emploi de qualité. Près de la moitié de ceux qui n’ont les jeunes âgés de 15 à 29 ans ont plus de chance d’être pas d’éducation ou n’ont pas dépassé le cycle primaire employés par un ménage (15%) ou par une petite et travaillent comme ouvriers ou travailleurs non quali- moyenne entreprise ou PME (12%). Aussi une politique fiés. Il existe toutefois un nombre non négligeable de soutenant l’émergence de PME solides pourrait-elle être personnes sans instruction qui sont employées comme un moyen indirect d’assurer la création d’emplois de ouvriers qualifiés ou comme cadres. qualité pour la jeunesse. Les revenus augmentent avec l’âge (mesure Qu’il soit public ou privé, le secteur formel a implicite de l’expérience) et le niveau d’éducation. échoué en matière de création d’emplois de qualité Le niveau d’éducation affecte le salaire lorsque le niveau pour la population. Par conséquent, une grande secondaire est atteint. La différence de salaire est percep- majorité de la main-d’œuvre travaille à son compte. Un tible uniquement lorsque le niveau secondaire est atteint peu plus de trois travailleurs sur cinq (63%) travaillent à car il n’y a pas une grande différence de rémunération 12 République du Congo – Rapport sur l’Analyse de la Pauvreté (Résumé analytique) entre ceux qui n’ont pas achevé le cycle primaire et ceux Éduquer la population en lui apportant les compétences qui l’ont achevé mais n’ont pas poursuivi leurs études. nécessaires sera essentielle pour que le pays progresse Plus les études suivies sont longues, plus le vers son objectif de diversification économique.5 La salaire est élevé. L’effet du niveau d’éducation sur le formation professionnelle doit également jouer un rôle salaire après avoir isolé le type d’emploi occupé est sub- central, en particulier à court terme, pour ceux qui sont stantiellement significatif pour ceux qui atteignent le déjà déscolarisés. niveau secondaire supérieur et le niveau supérieur. Ceci a une implication dans le développement d’une stratégie Accroître la productivité de l’agriculture nationale pour l’éducation. L’objectif doit être la four- et la commercialisation des produits niture d’une éducation, y compris la formation profes- agricoles sionnelle, jusqu’au niveau secondaire supérieur au moins. Réduire le taux d’abandon scolaire et l’amélioration de L’accroissement de la production agricole sera un fac- la transition à chaque sous-niveau seront essentiels pour teur essentiel de la réduction de la pauvreté en milieu atteindre cet objectif. rural. Les populations rurales dépendent grandement de l’agriculture, qui est leur principale source de revenus. Pour une réduction durable de Les données montrent que le pays dépend des importa- tions pour satisfaire ses besoins alimentaires. Pourtant, la pauvreté, les actions suivantes la disponibilité des terres arables et les opportunités doivent être prises en compte de dans les domaines de la pêche et de l’élevage offrent de manière à répondre aux nombreux grandes opportunités au pays pour qu’il garantisse sa sou- défis qui se posent veraineté alimentaire. Ce faisant, les populations rurales pourraient générer des revenus suffisants pour sortir de À l’avenir, l’un des principaux défis de développement la pauvreté. Pour que la productivité agricole soit encore du pays consistera à utiliser la richesse pétrolière pour plus efficace, elle doit être accompagnée d’autres mesures améliorer la fourniture de services et le capital humain, telles qu’une meilleure connectivité avec les marchés ainsi procurer des emplois de qualité à la population, ainsi que que la recherche et le développement pour de meilleurs pour soutenir les populations pauvres et vulnérables de intrants, etc. manière à assurer une croissance prospère et inclusive. À la lumière de l’analyse, les cinq domaines d’action Étendre la couverture des programmes suivants peuvent être envisagés : officiels de protection sociale Investir dans le capital humain À travers un programme tel que LISUNGI,6 le gou- vernement pourrait viser à transférer des fonds aux Un niveau de compétences adéquat et une bonne santé personnes pauvres et vulnérables, y compris les sont des conditions préalables pour réussir sur le mar- autochtones. Le coût financier d’un hypothétique trans- ché du travail. Une bonne santé et une bonne éducation fert de fonds pourrait être assez élevé – environ 171,2 augmentent les chances de trouver un emploi, d’être milliards XAF 2011, soit à peu près 10% du budget du plus productif et d’obtenir ainsi un plus haut niveau de revenu. Les analyses suggèrent qu’en République du 5 L’agriculture commerciale, la transformation de produits agricoles Congo, l’éducation n’apporte pas de différences notables et les services (NTIC et tourisme entre autres). en dessous du secondaire supérieur. Par conséquent, 6 LISUNGI signifie aide ou assistance en Lingala. Le programme LISUNGI est un pilier stratégique du système de protection sociale la lutte contre la pauvreté doit être axée sur l’abandon conçu pour appuyer le pays dans l’amélioration de la fourniture de scolaire et la transition vers l’enseignement secondaire. services dans de nombreux secteurs. Résumé analytique 13 gouvernement. Selon les prix de 2011, le seuil de pau- investissements privés destinés à créer des emplois dans vreté national était estimé à 274 113 XAF par an et par des secteurs autres que celui du pétrole, notamment à équivalent adulte. L’écart moyen entre les pauvres et le travers des efforts d’amélioration de la production et de seuil national de pauvreté était de 15,4%. Ceci montre la distribution de l’électricité et un meilleur accès aux que s’il était possible de cibler parfaitement les pauvres, crédits pour le secteur privé. un paiement annuel moyen de 103 260 XAF permettrait d’éliminer la pauvreté en République du Congo.7 Le Fournir de meilleurs services à la budget global nécessaire à un tel programme de trans- population fert de fonds est estimé à 171,2 milliards XAF 2011. Ce montant représente un peu moins de 10% de budget Comme illustré précédemment, la République du du gouvernement et environ 14% des revenus issus de Congo enregistre une performance inférieure aux la production pétrolière. Malgré son coût élevé, un tel attentes sur la plupart des dimensions non moné- programme, s’il est associé à certaines conditions, pour- taires du bien-être. Le pays enregistre des résultats rait représenter un investissement dans le capital humain inférieurs à ceux des pays comparables en matière d’accès qui se traduirait par des avantages importants pour le à l’éducation, à la santé, à l’électricité, à l’eau potable, pays à moyen et à long termes. Dans le cas d’un trans- à l’assainissement, aux NTIC et aux réseaux routiers. fert de fonds conditionnel par exemple, la probabilité L’amélioration de la disponibilité et de la qualité des qu’un ménage utilise cet apport pour renforcer le capital services à la population aidera le pays à s’établir comme humain est plus élevée. Si toutes les autres conditions un véritable pays à revenu intermédiaire. sont respectées,8 il en résultera une population mieux éduquée, mieux nourrie et en meilleure santé. Soutenir le développement d’un 7 Tout ceci n’est bien entendu qu’une supposition hypothétique, secteur privé créateur d’emplois puisque de nombreux autres facteurs entrent en jeu, notamment l’éducation qui prend du temps et la probabilité selon laquelle Le secteur privé joue un rôle important en République certaines personnes vivant dans la pauvreté peuvent dépenser l’allo- cation pour des articles inutiles tels que des produits associés à une du Congo, et il continuera à le faire. Il sera également mauvaise santé. important de prendre des mesures pour faciliter les 8 Telles que la qualité de la fourniture des services. 14 République du Congo – Rapport sur l’Analyse de la Pauvreté (Résumé analytique) Vue d’ensemble C ette évaluation de la pauvreté analyse les tendances des aspects monétaires et non moné- taires de la pauvreté et la vulnérabilité économique en République du Congo (RC). Cette analyse repose sur deux enquêtes relatives aux dépenses des ménages, réalisées par l’Institut national de la statistique (INS) en 2005 et en 2011 et représentatives au niveau national et globalement comparables. L’étude détermine quels sont les facteurs associés à la réduction de la pauvreté en examinant de façon systématique ses trois dimensions : la démographie, la situation de l’emploi et le capital humain. Le rapport aborde également certaines questions transversales liées à la réduction de la pauvreté, telles que la qualité de la fourniture de services et la marginalisation des autochtones. Cette étude vise à apporter aux décideurs les connaissances nécessaires pour améliorer l’efficacité de leurs programmes, de manière à réduire et, à terme, éradiquer l’extrême pauvreté en République du Congo. L’histoire du pays a été marquée par une instabilité politique et sa dépendance au secteur pétrolier L’histoire du pays se caractérise par des fluctuations liées à la performance de son secteur pétrolier, au passage du communisme à l’économie de marché, à la guerre civile et aux troubles sociaux. Depuis les années 1960, le pays a connu quatre phases qui correspondent à l’économie pré-pétrole (1960–1972), au premier boom pétrolier (1973–1984), à la crise des prix du pétrole (1985–1999) et au second boom pétrolier (2000–2014) (Banque mondiale 2016). Le pays a également connu des troubles sociaux lors du coup d’Etat militaire et de la guerre civile. Dans un contexte de guerre froide, les différents gouvernements sont passés du com- munisme à l’économie de marché, et vice-versa. Ces changements ont affecté l’économie et la perception des habitants, en particulier concernant l’importance de l’Etat comme principal pourvoyeur d’emplois. Le syndrome hollandais a fait suite à la découverte du pétrole. Alors que, dans les années 1960, l’économie congolaise était diversifiée, la découverte du pétrole a entraîné une réduction de l’importance relative des autres secteurs (Figure 1). Plus important encore, les secteurs de l’agriculture et de l’industrie ont reculé en raison d’une baisse de leur compétitivité. En conséquence, le pays importe la plus grande partie de ses biens, y compris les produits alimentaires. 15 FIGURE 1 : Part des secteurs dans le PIB, 1960–2010 100% 90% 80% 70% 60% 50% 40% 30% 20% 10% 0 1960 1962 1964 1966 1968 1970 1972 1974 1976 1980 1982 1984 1986 1988 1990 1992 1994 1996 1998 2000 2002 2004 2006 2008 2010 Services Industries extractives Fabrication Agriculture Exploitation forestière Source : Données économiques de la Banque mondiale, 2014. La République du Congo a connu une forte FIGURE 2 : Évolution du PIB par habitant croissance économique entre 2002 et 2015. Cette 2500 forte croissance économique a été stimulée par la hausse (en dollars EU constants de 2005) des prix du pétrole et la stabilité politique. Durant 2000 cette période, le taux de croissance de la République PIB par habitant 1500 du Congo s’élevait, en moyenne, à 4,5% (Figure 2). Entre 2005 et 2011, le pays a enregistré une forte 1000 croissance avec un taux annuel moyen de 5,4%, prin- 500 cipalement due aux importants revenus issus de la production pétrolière et de la décision du gouverne- 0 1960 1965 1970 1975 1980 1985 1990 1995 2000 2005 2010 2015 ment, en 2006, d’augmenter ses investissements dans les infrastructures. Année Entre 2005 et 2011, la solide Source : WDI. performance macroéconomique a coïncidé avec une réduction PIB observé durant cette période. Globalement, envi- substantielle de la pauvreté ron 143 000 personnes sont sorties de la pauvreté. Les variations de la profondeur de la pauvreté et de la sévérité Entre 2005 et 2011, la bonne performance macroé- de la pauvreté ont connu une tendance similaire à celle conomique s’est traduite par une réduction substan- observée pour le taux de pauvreté. Au niveau national, tielle de la proportion de la population vivant dans le nombre de pauvres a diminué, passant de 1 801 000 la pauvreté. La part de la population vivant en dessous en 2005 à 1 658 000 en 2011, malgré la croissance du seuil national de pauvreté est ainsi passée de 50,7% démographique enregistrée au cours de cette période. en 2005 à 40,9% en 2011 (Figure 3), soit une baisse La majeure partie de la réduction de la pauvreté de 9,8 points correspondant au taux de croissance du a été observée dans les deux plus grandes villes du 16 République du Congo – Rapport sur l’Analyse de la Pauvreté (Résumé analytique) Tendances de la pauvreté et du PIB par FIGURE 3 :  beaucoup plus rapidement dans les zones urbaines, en habitant particulier dans les deux grandes agglomérations, que 60 $5 600 dans les zones rurales. 50,7 A l’instar du taux national de pauvreté, le taux Taux de Pauvreté (%) 50 $5 400 PIB par habitant 50,2 40 40,9 $5 200 international d’extrême pauvreté a considérablement 37,0 30 $5 000 baissé. Les techniques de mesure de la pauvreté au niveau 20 $4 800 national sont utilisées pour analyser la pauvreté dans le 10 $4 600 pays et élaborer des politiques économiques d’éradication 0 $4 400 2005 2006 2007 2008 2009 2010 2011 de la pauvreté. Cependant, les données nationales rela- Année tives à la pauvreté ne sont généralement pas comparables entre les pays. Pour établir une comparaison entre la 1,9 $US/jour PPA PIB par habitant Seuil national de pauvreté République du Congo et d’autres pays d’Afrique et du Source : Calcul des auteurs basé sur WDI et les enquêtes congolaises auprès monde, on utilise généralement des mesures appelées des ménages (ECOM) de 2005 et 2011. mesures internationales d’extrême pauvreté. Le seuil international de pauvreté le plus courant est fixé à pays, Brazzaville et Pointe Noire. A Brazzaville, le 1,90 $US, exprimé en PPA et $US 2011. La part de nombre de pauvres a diminué de 20 points, passant la population vivant dans l’extrême pauvreté selon les de 42,3% en 2005 à 21,6% en 2011. Pointe Noire a normes internationales a diminué en République du également enregistré une forte diminution de la pau- Congo : elle est passée de 50,2% en 2005 à 37,0% en vreté (13 points), passant de 33,5% en 2005 à 20,3% 2011. en 2011 (Figure 4). En revanche, la pauvreté a aug- menté dans les zones rurales où le nombre de pauvres La réduction de la pauvreté a s’est accru de 4,6 points, passant de 64,8% en 2005 à continué après 2011, mais il sera 69,4% en 2011. L’image qui se dégage de ces estima- difficile pour le pays d’atteindre les tions est celle d’une économie duale, avec des indica- teurs de la pauvreté nettement plus bas et diminuant objectifs d’éradication de l’extrême pauvreté d’ici à 2030 FIGURE 4 : Taux national de pauvreté par région Les résultats de micro-simulations suggèrent que la réduction de la pauvreté s’est poursuivie au-delà de 80 2011, mais à un rythme plus lent. Les estimations 70 indiquent que le ralentissement de la croissance écono- 60 mique lié au secteur pétrolier a entraîné une réduction 50 plus lente de la pauvreté après 2011. Entre 2005 et 2011, 40 la pauvreté a diminué de 1,63 point de pourcentage par 30 20 an. En raison d’une croissance économique plus lente, on 10 estime qu’en 2016, la part de la population vivant sous 0 le seuil de pauvreté national était d’environ 34 à 35%, Brazzaville Pointe Autres Zones Zones Congo soit une baisse de la pauvreté de 1,52 point par an entre Noire municipalités semi- rurales urbaines 2011 et 2016. 2005 2011 Les projections à l’horizon 2030 montrent Source : Calcul des auteurs basé sur les enquêtes congolaises auprès des qu’il sera difficile pour le pays, mais pas impossible, ménages (ECOM) de 2005 et 2011. d’atteindre les objectifs d’éradication de l’extrême Vue d’ensemble 17 pauvreté d’ici à 2030 si la performance et la situation Proportion de ménages qui possèdent FIGURE 5 :  d’inégalité ne s’améliorent pas sensiblement. Dans un l’actif, 2005–2011 (%) scénario très optimiste, où le pays est supposé atteindre Matelas ou lit un taux de croissance annuel de 10% entre 2021 et 2030, Telephone le taux de pauvreté (seuil de 1,90 $US PPA par jour) sera Radio de 3,6% en 2030. Dans un scénario plus réaliste basé sur Téléviseur la croissance prévue par les experts de la Banque mon- Fauteuil moderne/ canapé diale, ce même taux de pauvreté devrait rester élevé et Fer à repasser électrique se situer aux alentours de 15% en 2030. Bicyclette Pirogue Micro Ordinateur D’importantes améliorations Motocyclette ont également été enregistrées Voiture ou camion concernant les dimensions non 0 10 20 30 40 50 60 70 80 90 100 monétaires du bien-être 2005 2011 Source : Calcul des auteurs basé sur les enquêtes ECOM de 2005 et 2011. La pauvreté subjective ainsi que la pauvreté définie en termes de possession d’actifs ont sensiblement diminué. La part des ménages qui luttent pour satisfaire Cependant, il est important de noter que la réduction leurs besoins alimentaires (définition alternative de la de la pauvreté liée aux actifs est à nouveau observée pauvreté subjective) a baissé de 10 points. La possession dans toutes les régions, y compris les zones rurales. d’actifs modernes a augmenté tandis que celle d’actifs traditionnels s’est détériorée. La proportion de ménages La performance du pays est en qui possèdent un téléphone mobile, un téléviseur, une dessous des attentes en matière de chaise moderne ou un fer à repasser a sensiblement augmenté (Figure 5). En conséquence, l’ampleur de la pauvreté monétaire réduction de la proportion de la population considé- Malgré l’amélioration du niveau de vie, le pays affiche rée comme pauvres en actifs est encore plus grande.9 toujours des résultats insuffisants par rapport à son potentiel et à son statut de pays à revenu intermé- TABLEAU 1 : P  roportion de pauvres dans la diaire. Les estimations par régression transversale sug- population, dimensions non gèrent que le niveau de pauvreté de la République du monétaires, 2005–2011 (%) Congo par rapport au seuil international de pauvreté Pauvreté basée sur est encore beaucoup plus élevé que celui d’autres pays Pauvreté subjective les actifs à revenu intermédiaire comparables (Figure 6). Les 2005 2011 2005 2011 pays ayant un niveau de développement économique Brazzaville 42,6 31,2 50,5 21,3 similaire affichent généralement des taux de pauvreté Pointe Noire 29,6 23,0 43,1 20,2 nettement inférieurs. Par ailleurs, Taux de pauvreté de la République du Congo par rapport au seuil international Autres municipalités 41,0 35,0 71,6 52,7 Zones semi-urbaines 54,3 34,7 82,4 59,4 Zones rurales 50,2 37,6 80,3 69,1 9 Une analyse factorielle est effectuée pour les éventuels actifs et le seuil de pauvreté est fixé pour être aussi proche que possible de Total 42,9 32,2 62,5 40,7 l’estimation monétaire de 2011. La projection sur 2005 a permis Source : Calcul des auteurs basé sur les enquêtes ECOM de 2005 et 2011. d’analyser la tendance. 18 République du Congo – Rapport sur l’Analyse de la Pauvreté (Résumé analytique) FIGURE 6 : Taux de pauvreté (PPA $US 2011) par rapport au RNB par habitant, comparaison avec les autres pays 1. Taux de pauvreté (1,90 $US/jour, PPA 2011) 2. Taux de pauvreté (3,10 $US/jour, PPA 2011) 80 100 Taux de pauvreté à 3,10 USD Taux de pauvreté à 1,90 USD 60 80 par jour (PPA de 2011) par jour (PPA de 2011) CGO 2005 CGO 2005 40 CGO 2011 60 CGO 2011 20 40 0 20 –20 0 0 2000 4000 6000 8000 10000 0 2000 4000 6000 8000 10000 RNB par habitant PPA (dollar international constant de 2011) RNB par habitant PPA (dollar international constant de 2011) Source : Calcul des auteurs basé sur les données WDI et l’approche Gable, Lofgren et Osorio-Rodarte (2015). de pauvreté (1,90 $US – PPA $US 2011) est assez contribué à la réduction de la pauvreté, mais une partie de proche de la moyenne en Afrique subsaharienne cette croissance a été compensée par l’augmentation des (ASS) qui s’élève à 42,6%. inégalités. En revanche, la croissance de la consommation moyenne a été négative dans les zones rurales, entraînant Les inégalités et la réduction de une augmentation de la pauvreté (Figure 7). Les inégalités ont également augmenté dans les zones rurales, entraînant la pauvreté sont principalement par la suite une augmentation de la pauvreté. corrélées à l’éducation, au secteur d’activité et à la taille moyenne des ménages La croissance a conduit à une Impact de la croissance et de la FIGURE 7 :  variation des inégalités sur la pauvreté réduction de la pauvreté, mais cette croissance ne s’est pas accompagnée 10 d’une redistribution. En fait, la 5 croissance économique n’a profité 0 qu’à la population urbaine –5 –10 La réduction de la pauvreté observée entre 2005 –15 et 2011 est principalement due à la croissance des –20 dépenses moyennes des ménages. Les situations varient –25 en fonction des zones de résidence. À Brazzaville, la crois- Brazzaville Pointe Autres Zones Zones National sance et la réduction des inégalités ont contribué de façon Noire municipalités semi- rurales urbaines égale à la réduction de la pauvreté. À Pointe Noire, l’essen- Composante Croissance Composante Redistribution tiel de la réduction de la pauvreté est dû à la croissance. Dans les zones semi-urbaines, la croissance a largement Source : Calcul des auteurs basé sur les enquêtes ECOM de 2005 et 2011. Vue d’ensemble 19 Les mauvaises performances générales en La taille des ménages, le niveau matière d’inégalité traduisent les difficultés d’accès d’éducation et la dynamique du aux emplois de qualité des personnes pauvres et marché du travail ont le plus contribué vulnérables et un recours limité de la politique bud- à la réduction de la pauvreté gétaire pour les soutenir directement. Le seul pro- gramme sérieux d’aide sociale est le projet LISUNGI, Les migrations de population ont entraîné une réduc- encore au stade de la phase pilote. Comme souligné tion de 5,6% de la pauvreté.10 Comme le montre la dans le Diagnostic Systématique Pays (DSP) (Banque Figure 8, les déplacements de population ont contribué à Mondiale 2016a), l’objectif pour les prochaines années est de consolider le projet LISUNGI, d’étendre sa 10 La structure démographique de 2011 est discutable. Étant donné couverture sur le territoire national et de l’utiliser la forte performance, il est difficile par exemple de comprendre comme instrument pour délivrer un ensemble d’aides comment la part des habitants de Pointe Noire a diminué. N’ayant malheureusement pas accès à la base de sondage ou aux données et d’activités spécifiques, productives, incitatives et détaillées du recensement, l’équipe n’a pas pu confirmer ou infirmer génératrices de revenus. les chiffres disponibles. FIGURE 8 : Décompositions par secteur des variations du taux de pauvreté (%) 1. Par région 2. Par niveau d’éducation du chef de ménage 2 0,0 1 0 –0,5 –1 –1,0 –2 –3 –1,5 –4 –5 –2,0 –6 –7 –2,5 Brazzaville Pointe Noire Autres municipalités Zones semi- urbaines Zones rurales Effet du changement de population Effet d’interaction Aucun Primaire Secondaire 1 Secondaire 2 Supérieur Effet du changement de population Effet d’interaction 3. Par secteur d’activité du chef de ménage 4. Par taille du ménage 2 0,5 1 0,0 –0,5 0 –1,0 –1 –1,5 –2 –2,0 –2,5 –3 –3,0 –4 –3,5 –5 –4,0 Agriculture Exploitation minière/industries Prestations de service Sans emploi Effet du changement de population Effet d’interaction 1 personne 2à3 personnes 4à5 personnes 6à7 personnes 8 personnes ou plus Effet du changement de population Effet d’interaction Source : Calcul des auteurs basé sur les enquêtes ECOM de 2005 et 2011. 20 République du Congo – Rapport sur l’Analyse de la Pauvreté (Résumé analytique) une réduction de 5,6% de la pauvreté. Brazzaville a glo- deux villes principales. A Brazzaville et à Pointe-Noire, la balement bénéficié des mouvements de population. Entre proportion des personnes vivant dans des ménages dont 2005 et 2011, la part de la population vivant à Brazzaville le chef n’a atteint que le cycle d’enseignement primaire a augmenté de 8 points alors que la part de la population ou est sans éducation a diminué, tandis que celle vivant vivant dans les autres régions a diminué. Les mouvements dans des ménages dont le chef bénéficie d’une éduca- migratoires semblent être le canal par lequel la pauvreté se tion au niveau secondaire ou supérieur a augmenté. Par déplace des zones rurales aux zones urbaines. Cependant, le contre, en zones rurales, la proportion de personnes seul fait de migrer ne suffit pas à améliorer les conditions de vivant dans des ménages dont le chef n’a pas dépassé le vie. D’autres facteurs intrinsèques, tels que les compétences cycle d’enseignement primaire ou est sans éducation a et l’éducation, sont complémentaires et nécessaires pour augmenté de 46 à 53%. Les interventions visant à réduire que la migration porte ses fruits. Malheureusement, ces la pauvreté dans les zones rurales devraient donc se con- aptitudes font souvent défaut aux personnes qui quittent centrer, entre autres, sur les compétences et l’éducation les zones rurales pour les zones urbaines et c’est pourquoi des personnes au-delà de l’enseignement primaire. le phénomène migratoire ne participe pas de façon plus Une analyse plus approfondie montre que importante à la réduction de la pauvreté. l’éducation ne fait une différence significative que pour Un changement positif est intervenu dans les ceux qui ont atteint le niveau d’études secondaires ou secteurs plus productifs, qui a contribué à réduire supérieures. Dans un monde où les compétences numéri- la pauvreté de 11,2%. Bien que la proportion des per- ques jouent un rôle croissant, l’éducation et les compé- sonnes vivant dans un ménage dirigé par une personne tences permettent aux ménages d’améliorer leur niveau de sans emploi ou inactive soit demeurée stable entre 2005 et vie en accédant à des emplois plus productifs et en augmen- 2011 (environ 18%), un changement positif est intervenu tant leur productivité dans les activités indépendantes. La dans les secteurs plus productifs, surtout dans les deux légère augmentation de la part des ménages dirigés par un villes principales (Figure 8). Il est important de noter que diplômé de l’enseignement secondaire ou supérieur appa- le processus de transformation structurelle semble aller raît dans l’analyse de décomposition comme un facteur dans la mauvaise direction. Le secteur manufacturier se important de croissance de la consommation (Figure 9). rétrécit ; il s’agit probablement d’une conséquence du syndrome hollandais. Aussi, une part plus importante des ménages dépend de l’agriculture et des services inform- Le niveau d’éducation n’est associé FIGURE 9 :  els pour leur subsistance. Un changement positif vers à la croissance de la consommation des secteurs plus productifs est intervenu dans les villes que pour les niveaux d’éducation principales et un changement défavorable a été enregistré secondaire et supérieure dans les zones rurales. Dans les villes principales, la main 2,5% d’œuvre est passée de l’agriculture et l’industrie vers les 2,0% services. Dans les zones rurales, la main-d’œuvre est pas- 1,5% sée des industries de fabrication et de transformation vers 1,0% l’agriculture, moins productive. Des bases de données 0,5% plus riches, et des analyses supplémentaires seront néces- 0,0% saires pour comprendre ce paradoxe dans les zones rurales. –0,5% Les gains dans le domaine de l’éducation ont –1,0% contribué à hauteur de 14% à la réduction de la pau- 10e quantile 25e quantile Médiane 75e quantile 90e quantile vreté. Cette part est plus importante que celles du lieu de résidence et du secteur d’activité. La majeure partie de Primaire Secondaire 1 Secondaire 2 Supérieur l’amélioration des compétences a été enregistrée dans les Source : Calcul des auteurs basé sur les enquêtes ECOM de 2005 et 2011. Vue d’ensemble 21 La forte corrélation positive entre l’éducation supérieure et et 0,465 en 2011) restent assez proches et montrent la croissance de la consommation est particulièrement sig- une légère augmentation de l’inégalité. Cette aug- nificative pour les ménages pauvres. À l’inverse, le niveau mentation est en cohérence avec une plus forte dimi- d’éducation primaire et secondaire inférieur est associé à nution de la pauvreté dans les grandes villes que dans une dégradation du bien-être. les autres zones urbaines et les zones rurales. Cette La réduction de la taille des ménages a permis augmentation est confirmée par une autre mesure : la une réduction de la pauvreté de 38,2%. Bien que la consommation par équivalent adulte parmi le groupe fécondité reste élevée, la République du Congo a com- des 10% de ménages les plus riches en République du mencé sa transition démographique. En conséquence, Congo était 17,2 fois supérieure à celle des ménages la taille moyenne des ménages a diminué de près d’une les 10% les plus pauvres en 2005 ; cet écart s’est personne, passant de 5,12 personnes en 2005 à 4,28 accentué pour atteindre une consommation 20,0 fois personnes en 2011.11 Cependant, la proportion crois- supérieure en 2011. sante d’enfants maintient le taux de dépendance à des Selon les normes internationales, les inégalités niveaux plus élevés, surtout dans les zones rurales. Les sont plus élevées en République du Congo qu’ailleurs résultats suggèrent malgré tout que le changement de la dans le monde. Les comparaisons entre pays suggèrent taille des ménages a sensiblement contribué à la réduc- que le niveau d’inégalité est élevé en République du tion de la pauvreté. Congo (Figure 10). Le pays est classé parmi les sociétés Le genre et le handicap ont un impact indirect les plus inégalitaires selon les données des Indicateurs sur la pauvreté, car les femmes et les personnes handi- de développement dans le monde (WDI) portant sur capées présentent des niveaux d’éducation moins les inégalités dans 105 pays, données disponibles dans le élevés et bénéficient de possibilités d’emploi plus WDI et postérieures à 2010. La République du Congo limitées. Le genre et le handicap, qui affectent la capacité occupe la 90ème place sur un total de 105 pays selon le des individus à acquérir les compétences requises, les coefficient de Gini. excluent par conséquent des emplois productifs. Il n’a Comme en témoigne l’augmentation des iné- pas été possible d’analyser les tendances en fonction de galités entre 2005 et 2011, la prospérité n’a pas été l’appartenance ethnique, car les informations correspon- équitablement partagée pendant cette période. Une dantes n’ont pas été collectées en 2005. Il conviendrait autre façon d’analyser la croissance et les changements cependant de considérer que les femmes, les personnes dans la répartition du bien-être consiste à utiliser les handicapées et les autochtones appartiennent à des courbes d’incidence de la croissance qui représentent groupes de la population marginalisés, car ils n’ont que les taux de croissance de la consommation à différents peu d’opportunités d’accès à des niveaux d’éducation niveaux de bien-être (Ravallion et Chen 2003). Comme plus élevés et à de meilleurs emplois. le montre la figure 11, les courbes d’incidence de crois- sance suggèrent que la croissance n’a pas profité aux pauvres à l’échelle nationale. Selon les mesures de la Le pays a réduit la pauvreté pauvreté basées sur la consommation, les plus pauvres monétaire de manière significative, ont en effet connu une détérioration de leur niveau de mais de nombreux défis demeurent vie. Les ménages situés au milieu de la distribution ainsi qu’une faible part des ménages les plus riches ont connu L’inégalité reste élevée en raison du une forte croissance positive. modèle de croissance Le niveau d’inégalité reste élevé dans le pays. Les 11 Ces estimations sont très proches des résultats de l’enquête démo- coefficients de Gini des deux enquêtes (0,460 en 2005 graphique et de santé (EDS). 22 République du Congo – Rapport sur l’Analyse de la Pauvreté (Résumé analytique) Coefficient de Gini – Inégalités en République du Congo et autres pays sélectionnés FIGURE 10 :  70 60 50 40 30 20 10 0 Ukraine Norvège République slovaque Kazakhstan Suède Roumanie République du Kirghizistan Pays-Bas Monténégro Albanie Serbie L'Autriche Cambodge Luxembourg Chypre Bangladesh Irlande Royaume-Uni Népal France Taiwan, Chine Canada Sierra Leone Italie Australie Indonésie Tunisie Portugal Iran, Islamic Rep. Tanzanie Sri Lanka Vietnam Géorgie États Unis Fédération Russe Le Salvador République Démocratique du Congo Ouganda Philippines Bénin Djibouti Aller Équateur Congo, Rep. Costa Rica Chili Rwanda Guatemala Honduras Lesotho Haïti Irak Source : Calcul des auteurs basé sur les données WDI. FIGURE 11 :Courbe d’incidence de la croissance nombre de personnes pauvres dans les zones rurales, où la pauvreté a augmenté de 4,6 points, passant de 64,8% en 2005 à 69,4% en 2011. La profondeur et la sévérité Taux de croissance annuel (%) 5 3 de la pauvreté ont également augmenté dans les zones 1 rurales : les personnes pauvres sont devenues encore plus –1 pauvres. Le nombre de pauvres a augmenté dans les zones –3 rurales : il s’élevait à 795 000 en 2005 et atteignait 951 000 en 2011, augmentant ainsi la contribution des zones –5 1 11 21 31 41 51 61 71 81 91 rurales à la pauvreté (Figure 12). Percentile des dépenses Des poches de pauvreté existent encore dans les Source : Calcul des auteurs basé sur les enquêtes ECOM de 2005 et 2011. bidonvilles des banlieues urbaines. La République du Congo est l’un des pays les plus urbanisés au monde, plus de la moitié de la population étant concentrée Une disparité croissante entre les deux dans les deux grandes villes du pays. Dans ces villes, principales villes et le reste du pays les personnes pauvres et vulnérables n’ont souvent pas d’autre choix que de s’installer dans des bidonvilles où La pauvreté devient progressivement un phénomène règne l’insécurité et de supporter des conditions de vie rural, ce qui devrait être un motif de préoccupation difficiles, en particulier en l’absence d’infrastructures de majeur. La plus grande part de la réduction de la pau- base (électricité, eau courante, transports, etc.). vreté a été observée dans les deux plus grandes villes du Au-delà de la dichotomie entre les zones urba- pays, Brazzaville et Pointe Noire. Le phénomène le plus ines et les zones rurales, des différences spatiales inquiétant est l’augmentation du taux de pauvreté et du significatives de bien-être existent en République du Vue d’ensemble 23 FIGURE 12 : Contributions à la pauvreté selon le lieu de résidence (%) 2005 2011 Brazzaville, Rural, 44% Brazzaville, Rural, 57% 20% 24% Pointe Noire, 10% Pointe Noire, 15% Autres municipalités, 7% Autres municipalités, Semi-urbain, 9% 7% Semi-urbain, 6% Source : Calcul des auteurs basé sur les enquêtes ECOM de 2005 et 2011. Congo. Les cartes de la figure 13 illustrent les disparités en dessous du seuil de pauvreté, est le département le plus géographiques de la pauvreté par département. Parmi les pauvre, suivi par Lékoumou et Cuvette, avec, respective- douze départements de la République du Congo, Pointe ment, 76,1% et 70,2% de pauvres. Le taux de pauvreté Noire et Brazzaville enregistrent, de loin, les taux de pau- dans la province de Kouilou s’élève à 56,9%. Les autres vreté les plus bas, à hauteur, respectivement, de 20,3% et départements affichent également des taux de pauvreté de 21,6%. Cuvette-Ouest, où 79,1% de la population vit assez élevés, compris entre 62 et 69% pour Plateaux, FIGURE 13 : Carte de la pauvreté par département, 2011 1. Taux de pauvreté (basé sur la consommation) 2. Carte de la République du Congo (75,0,80,0] (70,0,75,0] Likouala (65,0,70,0] (60,0,65,0] (55,0,60,0] (50,0,55,0] (45,0,50,0] (40,0,45,0] Sangha (35,0,40,0] (30,0,35,0] Cuvette-Ouest (25,0,30,0] (20,0,25,0] (15,0,20,0] (10,0,15,0] Cuvette (5,0,10,0] [0,0,5,0] Plateaux Niari Lékoumou Pool Kouilou Brazzaville Pointe Noire Bouenza Source : Calcul des auteurs basé sur l’enquête ECOM de 2011. 24 République du Congo – Rapport sur l’Analyse de la Pauvreté (Résumé analytique) Likouala, Bouenza, Sangha, Pool et Niari. Les taux de classe moyenne s’agrandissait, mais à des rythmes diffé- pauvreté étant élevés dans la plupart des départements, rents – la classe moyenne augmentant plus rapidement un classement en deux groupes peut être opéré : les deux que le groupe des non-pauvres précaires. Alors que, en villes principales d’une part, et le reste du pays d’autre part. 2005, seulement 20,6% de la population appartenait à la classe moyenne (consommation supérieure au double L’augmentation de la vulnérabilité du seuil de pauvreté), cette proportion était de 26,3% en signifie que beaucoup de Congolais 2011. Au cours de la même période, 32,8% de la popu- risquent de retomber dans la pauvreté lation, considérée techniquement comme « non pauvre », consommait à un niveau inférieur au double du seuil de Bien qu’ils soient sortis de la pauvreté, de nombreux pauvreté, c’est-à-dire moins de 550 000 XAF par an et ménages vivent juste au-dessus du seuil de pauvreté par équivalent adulte (en francs CFA nominaux 2011). et demeurent vulnérables, étant susceptibles de Une grande partie des personnes vulnérables dépendant retomber sous ce seuil en cas de choc négatif. Une soit de l’agriculture, soit d’activités informelles exposées à façon d’envisager la vulnérabilité consiste à classer la une grande volatilité de leurs revenus, beaucoup courent population en trois groupes : les pauvres (consommation encore un risque sérieux de retomber dans la pauvreté, inférieure au seuil de pauvreté), les non-pauvres précaires au moins temporairement. ou personnes vulnérables (consommation supérieure au seuil de pauvreté, mais inférieure au double de ce Marginalisation des autochtones seuil) et la classe moyenne (consommation supérieure au double du seuil de pauvreté ; cette catégorie est éga- Les autochtones, qui représentent environ 1% de la lement susceptible d’inclure quelques ménages riches population, forment le principal groupe marginalisé mais, dans un pays comme la République du Congo, la en République du Congo. Le taux de pauvreté moné- plupart des ménages pourraient être considérés comme taire des autochtones est plus de deux fois supérieur au appartenant à la classe moyenne). Comme le montre la taux de pauvreté du reste de la population. Près de neuf figure 14, tandis que la pauvreté régressait, le groupe des autochtones sur dix sont pauvres. Ce groupe semble personnes vulnérables (non-pauvres précaires) et de la pâtir d’une extrême marginalisation caractérisée par un Situation des pauvres, des non-pauvres vulnérables et de la classe moyenne, par année et par FIGURE 14 :  lieu de résidence 1. Par année 2. Par zone de résidence, année 2011 100% 100% 20.6 26.3 80% 80% 28.7 60% 32.8 60% 40% 40% 50.7 20% 40.9 20% 0% 0% 2005 2011 Brazzaville Pointe Autres Semi- Rural National Noire municipalités urbain 2011 Pauvres absolus Non-pauvres vulnérables Classe moyenne Source : Calcul des auteurs basé sur les enquêtes ECOM de 2005 et 2011. Vue d’ensemble 25 accès très limité aux services sociaux, en particulier dans Les jeunes sont gravement touchés par le chô- les domaines de la santé et de l’éducation, ainsi qu’au mage. En 2011, le taux de chômage des 15–29 ans marché du travail. Les autochtones contribuent très peu s’élevait à 32,7%. Les taux de chômage des 30–49 ans aux activités économiques dont ils n’en bénéficient donc et 50–64 ans étaient respectivement de 15,6 et 8,3%. également que très peu. Ceux qui ne sont pas pauvres Compte tenu de l’importance des jeunes au sein de tendent à se rapprocher du seuil de pauvreté et sont l’ensemble de la population, les programmes centrés donc classés comme non-pauvres précaires. Une nette sur l’emploi des jeunes devraient donc être renforcés et différence existe entre les autochtones vivant en milieu élargis autant que possible. rural et ceux vivant en milieu urbain. Les autochtones, Le secteur formel, qu’il soit public ou privé, lorsqu’ils parviennent à quitter les zones rurales pour n’est pas parvenu à créer des emplois de qualité. Par s’installer dans les zones urbaines, sont tous classés dans conséquent, la grande majorité de la population active la classe moyenne. travaille à son propre compte dans l’agriculture ou les services informels. Un peu plus de trois travailleurs sur cinq (63%) travaillent à leur propre compte, exploitent L’économie ne crée pas une entreprise sans employé ou pratiquent une agricul- suffisamment d’emplois, surtout pour ture de subsistance. Un autre quart travaille pour un les jeunes ménage, sans être rémunéré (Figure 15). L’administration publique est le principal pourvoyeur d’emplois sala- Les questions portant sur la création d’emplois riés formels. 14% des travailleurs sont employés dans sont au centre des débats sur le développement en l’administration publique ou par une entreprise paraé- République du Congo. L’incapacité de la plupart des tatique. Le rôle du secteur privé dans l’offre d’emploi ménages pauvres à répondre à leurs besoins fondamen- n’est pas négligeable. Jusqu’à 13% des travailleurs sont taux reflète les difficultés qu’ils rencontrent pour accé- employés dans le privé, soit par des grandes entreprises der à des emplois de qualité. La relation étroite entre (5%) soit par des petites et moyennes entreprises (8%). pauvreté et travail est très claire pour la population. En effet, l’absence d’emploi comme facteur conduisant à la pauvreté est la réponse la plus citée par les ménages à une Distribution de la main d’œuvre par FIGURE 15 :  question de l’enquête ECOM de 2011 sur les causes de la type d’employeur pauvreté. L’absence d’emploi a été citée comme la cause 100% principale de pauvreté par 91,7% des répondants et un 90% revenu insuffisant, motif étroitement lié à la première 80% 70% réponse, a été cité par 59% des répondants. 60% L’économie a créé des emplois pendant la 50% période de forte croissance économique, mais cette 40% 30% création d’emplois a été largement compensée par la 20% croissance démographique. 180 000 emplois ont été 10% créés entre 2005 et 2011. Dans le même temps, la popu- 0% Sans Primaire Secondaire 1c Secondaire 2c Supérieur lation potentiellement active (15–64 ans) a augmenté éducation de 264 000 personnes. La croissance de la population Education apparaît comme un défi : le pays doit non seulement Administration publique Entreprise publique/para Grande entreprise privée Petite et moyenne entreprise (PME) créer des emplois, mais il doit aussi en créer suffisam- Associa., Coopérat.,Eglise,ONG Organisation internationale, ambassade ment pour, à minima, absorber la forte croissance de la Ménage Pour Compte propre population en âge de travailler. Source : Calcul des auteurs basé sur l’enquête ECOM de 2011. 26 République du Congo – Rapport sur l’Analyse de la Pauvreté (Résumé analytique) FIGURE 16 :  Taux d’emploi et profil de revenu par L’éducation est positivement corrélée au revenu. niveau d’éducation Plus le niveau d’éducation d’une personne est élevé, 80 200,000 plus ses revenus sont importants. L’influence du niveau Proportion ayant un emploi (%) 70 180,000 d’éducation sur le revenu est très importante pour les Salaire mensuel (FCFA) 160,000 60 personnes qui atteignent l’enseignement secondaire 140,000 50 120,000 40 supérieur et l’enseignement supérieur (Figure 16). Ce 100,000 30 80,000 résultat a des implications sur le développement d’une 60,000 20 40,000 stratégie nationale pour l’éducation. L’objectif devrait être 10 20,000 d’assurer l’éducation, y compris la formation profession- 0 0 nelle, jusqu’au niveau secondaire supérieur au moins. Pour Sans éducation Primaire Secondaire 1c Secondaire 2c Supérieur atteindre cet objectif, les points critiques qui devront être résolus sont la réduction du nombre de décrochages sco- laires et l’amélioration de la transition à chaque sous-niveau. Education A un emploi Moyenne Médiane La République du Congo enregistre Source : Calcul des auteurs basé sur l’enquête ECOM de 2011. des résultats inférieurs aux attentes en matière de prestation de services Il n’y a pas d’écart salarial entre les genres. L’analyse indique que les différences observées entre les Education femmes et les hommes sont dues à d’autres facteurs, en particulier l’éducation, les compétences et surtout le La performance de la plupart des principaux indica- type d’activité. Les femmes sont davantage susceptibles teurs du secteur de l’éducation est bien inférieure aux de travailler à leur propre compte. À compétences égales attentes. Par exemple, la République du Congo enre- et pour une même activité, les femmes ont la même gistre des résultats inférieurs à ceux escomptés en ce qui rémunération que leurs homologues masculins. concerne l’achèvement des études primaires (Figure 17). Le niveau de performance est inférieur aux attentes en matière d’achèvement des études FIGURE 17 :  primaires et secondaires 1. Taux d’achèvement des études primaires 2. Taux d’achèvement des études secondaires 1er cycle 120 150 Taux d'achèvement 1er cycle secondaire, Taux d'achèvement de l'école primaire, total, (% du groupe d'âge pertinent) total (% du groupe d'âge pertinent) 100 100 80 CGO 2005 CGO 2012 50 CGO 2012 60 CGO 2004 CGO 1996 CGO 1996 40 0 0 2000 4000 6000 8000 10000 0 2000 4000 6000 8000 10000 RNB par habitant PPA (dollar international constant de 2011) RNB par habitant PPA (dollar international constant de 2011) Source : Calcul des auteurs basé sur les données WDI et l’approche Gable, Lofgren et Osorio-Rodarte (2015). Vue d’ensemble 27 Le taux d’achèvement du primaire, qui a fluctué au Distribution des élèves selon le type FIGURE 18 :  cours de la dernière décennie, s’élevait à 74% en 2012. d’école Sur la période 2005–2012, Le taux d’achèvement de la 100% 16,4 21,6 20,6 20,3 scolarité au niveau primaire a augmenté chez les filles 25,7 90% 31,3 32,9 34,9 36,5 0,1 80% 49,4 mais a diminué chez les garçons. Le pourcentage de filles 3,1 1,4 2,4 70% 0,4 achevant les études primaires est passé de 70% en 2005 à 1,3 3,1 2,9 60% 3,4 79% en 2012. Pendant la même période, ce même taux 50% 0,2 80,9 76,2 74,4 73,1 71,4 a baissé chez les garçons de 75% à 70%. 40% 66,6 63,6 61,1 58,9 30% 48,9 Malgré l’amélioration des effectifs, la qualité 20% de l’éducation est source de préoccupation, d’autant 10% qu’elle semble diminuer. Les résultats des tests sug- 0% Primaire Secondaire 1c Secondaire 2c Supérieur Total Primaire Secondaire 1c Secondaire 2c Supérieur Total gèrent qu’une large proportion d’élèves quitte l’école primaire sans détenir suffisamment de compétences de base. Comme l’ont montré les tests de fin de cycle de l’enseignement primaire, deux tiers des élèves qui quit- 2005 2011 tent l’école primaire ne possèdent pas suffisamment Gouvernement Organisation religieuse Privé Communauté Autre de connaissances de base en lecture, écriture et calcul. Ainsi, l’augmentation du nombre d’enfants scolarisés Source : Calcul des auteurs basé sur les enquêtes ECOM de 2005 et 2011. ne garantit pas que ceux-ci acquièrent les connaissances attendues. Cette évaluation confirme l’importance du débat en cours sur la qualité des prestations de services d’insatisfaction. La satisfaction à l’égard de l’éducation, dans le pays, en particulier les services éducatifs (Banque mesurée par la proportion de parents ne se plaignant mondiale, 2015).12 pas de l’école, est faible, particulièrement dans le cas des Le secteur privé joue un rôle de plus en plus écoles publiques. Moins de 20% des parents sont satisfaits important dans la prestation des services éducatifs. des écoles publiques, contre près de 60% pour les écoles La Figure 18 montre quels sont les différents types privées. Cette insatisfaction s’explique principalement par d’écoles fréquentées. La proportion d’élèves fréquentant le manque de livres et de fournitures, le surpeuplement une école privée semble avoir augmenté entre les deux des classes et le manque d’enseignants (Figure 19). Le dernières enquêtes de 2005 et 2011. En 2011, 35% des manque de livres et de fournitures ainsi que le manque élèves étaient inscrits dans une école privée, soit une d’enseignants prédominent chez les parents des enfants augmentation de 15 points par rapport à 2005. Dans des milieux socio-économiques pauvres, tandis que le sur- un pays où 40% de la population est pauvre, une part peuplement des classes est plus souvent cité par les parents aussi importante du secteur éducatif privé est le signe d’enfants appartenant aux classes sociales les plus aisées. d’un relatif échec du gouvernement dans l’amélioration de l’accès à l’éducation. La détérioration de la qualité Santé de l’éducation est-elle une cause ou une conséquence du rôle croissant du secteur privé ? D’autres données et La mortalité infantile et maternelle a sensiblement analyses sont nécessaires pour répondre à une question diminué. Le pays n’a atteint aucun des OMD relatifs aussi importante. à la santé et sa performance en matière de mortalité Le niveau de satisfaction est faible vis-à-vis des services d’éducation rendus par le secteur pub- 12 Le service «Pratiques mondiales – Éducation» de la Banque mon- lic. Le manque de livres et de fournitures ainsi que le diale mène actuellement une enquête sur les indicateurs de prestation surpeuplement des classes sont les principales raisons des services (IPS) qui apportera les preuves de cette situation. 28 République du Congo – Rapport sur l’Analyse de la Pauvreté (Résumé analytique) Motifs d’insatisfaction par rapport à FIGURE 19 :  le pays atteint désormais les résultats escomptés par rap- l’école port à son niveau de RNB (Figure 20). La situation est Manque de quelque peu différente dans le cas de la mortalité mater- livres/fourniture nelle. Malgré une amélioration, la performance du pays Effectif reste inférieure à celle de ses pairs en ce qui concerne pléthorique Manque la mortalité maternelle. En baisse, le taux de mortalité d’enseignants maternelle est passé de 781 décès à 426 pour 100 000 Enseignants naissances vivantes entre 2005 et 2012 (Figure 21). souvent absents Etablissement La répartition des dépenses privées de santé en mauvais état montre que les pauvres seront les plus touchés par Enseignement une réforme des finances publiques affectant les médiocre prix des médicaments et des frais de consultation et Autre problème d’hospitalisation. Le gouvernement a décidé en août 0 5 10 15 20 25 30 35 40 45 50 2011 que les médicaments contre le paludisme, les antiré- 2005 2011 troviraux (ARV) et les césariennes seraient gratuits dans les Source : Calcul des auteurs basé sur les enquêtes ECOM de 2005 et 2011. établissements publics. Si l’analyse montre que ces mesures étaient effectivement favorables aux pauvres, de nouvelles données et des travaux d’analyse supplémentaires sont maternelle reste encore inférieure aux attentes. Les taux nécessaires pour en démontrer l’efficacité et l’impact. de mortalité infantile et maternelle sont souvent utilisés Depuis 2014, le financement de ces programmes gratuits comme mesure de l’efficacité du secteur de la santé dans de soins de santé a stagné. De plus, de nombreux services un pays donné. Entre 2005 et 2012, la mortalité des ne sont soit pas délivrés (césariennes gratuites ou soins de moins de cinq ans, qui est une mesure de probabilité du santé gratuits pour les femmes enceintes), soit pas libres décès d’un enfant entre sa naissance et son cinquième d’accès, soit délivrés contre paiement direct (dans le cas anniversaire—, a chuté, passant et est passé de 95,3 à des médicaments contre le paludisme). 52,6 pour 1 000 naissances. Grâce à cette amélioration, Taux de mortalité maternelle FIGURE 21 :  FIGURE 20 :  Taux de mortalité infantile, moins de 5 (estimations nationales, pour 100 000 ans (pour 1 000 naissances vivantes) naissances vivantes) nationales, pour 100 000 naissances vivantes) Taux de mortalité maternelle (estimations Taux de mortalité infantile, moins de 5 ans 150 1 500 (pour 1 000 naissances vivantes) CGO 1996 100 1 000 CGO 2005 CGO 2005 500 CGO 2012 50 CGO 2014 0 0 0 2000 4000 6000 8000 10000 0 2000 4000 6000 8000 10000 RNB par habitant PPA (dollar international constant de 2011) RNB par habitant PPA (dollar international constant de 2011) Source : Calcul des auteurs basé sur les données WDI et l’approche Gable, Source : Calcul des auteurs basé sur les données WDI et l’approche Gable, Lofgren et Osorio-Rodarte (2015). Lofgren et Osorio-Rodarte (2015). Vue d’ensemble 29 Le secteur privé joue un rôle de plus en plus La performance du pays en matière de retard de important dans la prestation des services de santé. croissance est supérieure aux attentes, mais la malnu- Un peu plus de la moitié de la population se fait soi- trition demeure élevée. Le taux de retard de croissance – gner dans des établissements de soins privés. Seules un indicateur de malnutrition chronique qui correspond six personnes malades sur dix se font soigner. Un peu à une taille trop petite par rapport à l’âge – a baissé, pas- plus de la moitié des malades se font soigner dans sant de 31% en 2005 à 25% en 2011. La performance des établissements de soins non gouvernementaux du pays est donc celle escomptée par rapport aux pays (Figure 22). Une part aussi importante du secteur privé comparables. Le niveau des retards de croissance reste dans un pays au taux élevé de pauvreté témoigne de néanmoins très élevé. Une forte malnutrition réduit la l’échec relatif du gouvernement dans l’amélioration de productivité agricole, contribue à la pauvreté et affecte l’accès aux soins de santé. l’éducation et le potentiel intellectuel des écoliers (à titre d’exemple, le retard de croissance contraint les enfants à commencer l’école tard, car ils paraissent trop petits Type d’établissement de soins visités FIGURE 22 :  pour leur âge ; c’est également une cause d’absentéisme 100% 13,8 11,3 9,1 6,0 4,8 8,8 et de redoublement). Comme le montre la Figure 23, la 90% malnutrition augmente avec la pauvreté en République 80% du Congo. Le coût prohibitif des aliments pourrait être 30,3 35,7 40,1 45,1 44,9 39,5 70% 60% la cause principale de la malnutrition. En principe, la 4,2 50% 3,1 2,0 1,8 1,3 2,4 conception d’un programme de lutte contre la malnutri- 40% tion devrait être relativement aisée, car il s’agira surtout 30% de permettre aux pauvres d’accéder à la nourriture, par 20% 51,6 49,9 48,7 47,1 49,0 49,2 10% exemple à travers l’intensification du programme de 0% cantines scolaires, surtout dans les milieux défavorisés. Q1 Q2 Q3 Q4 Q5 Quintile de bien être Total Électricité Public OC Privé Autre Source : Calcul des auteurs basé sur l’enquête ECOM de 2011. Malgré les améliorations enregistrées au cours de la dernière décennie, l’accès à l’électricité au Congo reste très faible comparé aux attentes compte tenu de son  etard de croissance, rapport taille/ FIGURE 23 : R niveau de RNB. La République du Congo est dotée d’un âge, République du Congo vs. potentiel hydroélectrique important ; en principe, l’électri- autres pays cité devrait donc être produite et distribuée à une grande 60 Prévalence du retard de croissance partie de la population pour un coût relativement faible. Le (% enfants de moins de 5 ans) taux de couverture a considérablement augmenté, passant rapport taille pour âge 40 de 26,7% en 2005 à 42,5% en 2011. Malheureusement, CGO 2005 le taux national de raccordement au réseau reste inférieur CGO 2011 aux attentes par rapport aux pays comparables (Figure 24). 20 Les ménages qui ne sont pas connectés au réseau électrique citent les problèmes liés au coût et l’absence 0 du réseau dans leur voisinage comme était les princi- 0 2000 4000 6000 8000 10000 pales raisons pour ne pas s’abonner. De façon générale, RNB par habitant PPA (dollar international constant de 2011) le réseau d’électricité n’existe pas dans les quartiers pau- Source : Calcul des auteurs basé sur les données WDI et l’approche Gable, vres et, lorsque le réseau électrique est présent, les pauvres Lofgren et Osorio-Rodarte (2015). 30 République du Congo – Rapport sur l’Analyse de la Pauvreté (Résumé analytique) FIGURE 24 : Accès à l’électricité (% de la population) 1. Zones urbaines 2. Zones rurales 120 100 Accès à l'électricité, zones urbaines Accès à l'électricité, zones rurales (% de la population urbaine) (% de la population rurale) 100 80 80 60 60 CGO 2012 40 40 CGO 2000 20 CGO 2012 20 CGO 2000 0 0 2000 4000 6000 8000 10000 0 2000 4000 6000 8000 10000 RNB par habitant PPA (dollar international constant de 2011) RNB par habitant PPA (dollar international constant de 2011) Source : Calcul des auteurs basé sur les données WDI et l’approche Gable, Lofgren et Osorio-Rodarte (2015). Raisons de non-abonnement à FIGURE 25 :  Motif d’insatisfaction par rapport à FIGURE 26 :  l’électricité l’électricité 100% 100% 90% 90% 80% 80% 70% 70% 60% 60% 50% 50% 40% 40% 30% 30% 20% 20% 10% 10% 0% 0% Q1 Q2 Q3 Q4 Q5 Q1 Q2 Q3 Q4 Q5 Quintile de bien être Total Quintile de bien être Total Connexion, abonnement trop cher Consommation trop chère Trop cher Coupures fréquentes Etat de mauvaise qualité Démarche compliquée Réseau éloigné (non accessible) Service interrompu/éboulement Non concerné Inutile Inexistence du réseau dans la localité Source : Calcul des auteurs basé sur l’enquête ECOM de 2011. Source : Calcul des auteurs basé sur l’enquête ECOM de 2011. très souvent n’ont pas les moyens financiers nécessaires du service de l’électricité est très faible. Un peu moins pour payer le raccordement au réseau ainsi que les fac- d’un ménage sur trois est satisfait du service fourni par tures mensuelles qui suivront (Figure 25). la compagnie en charge de l’offre d’électricité. Pour sept Les coupures fréquentes sont, de loin, la prin- ménages sur dix, les coupures d’électricité sont le princi- cipale source d’insatisfaction des clients de la SNE. pal motif de mécontentement (Figure 26). La deuxième La mauvaise qualité de l’électricité et son coût élevé raison de l’insatisfaction est liée à la qualité (citée par sont également des raisons importantes de mécontente- 13% des ménages). Le coût de l’électricité est la troisième ment. Par conséquent, le niveau de satisfaction vis-à-vis raison (11,5%). Le problème du coût prédomine parmi Vue d’ensemble 31 les ménages pauvres : pour le quintile inférieur, le coût de Sources d’approvisionnement en eau FIGURE 27 :  l’électricité est une raison citée par trois ménages sur dix. potable (% de la population ayant Les tarifs de l’électricité en République du accès) Congo sont mal conçus. Le ciblage des subventions 100 Sources d'approvisionnement en eau implicites à la consommation n’est pas adéquat. Les sub- (% de la population ayant un accès) ventions à la connexion peuvent clairement être mieux ciblées. Une bonne mesure de la performance de ciblage 80 CGO 2014 des subventions est la part des subventions bénéficiant CGO 2005 CGO 1997 aux pauvres divisée par la proportion de pauvres dans 60 la population (Ω).13 Les tarifs sont plus favorables aux pauvres si Ω>1. La valeur Ω pour la République du Congo était de 0,62 en 2011, c’est-à-dire que les sub- 40 ventions implicites à l’électricité n’étaient pas favorables 0 2000 4000 6000 8000 10000 aux pauvres du pays. A notre connaissance, les tarifs de RNB par habitant PPA (dollar international constant de 2011) l’électricité n’ont pas été révisés depuis très longtemps Source : Calcul des auteurs basé sur les données WDI et l’approche Gable, et il conviendrait, à l’avenir, de prendre en compte le Lofgren et Osorio-Rodarte (2015). caractère pro-pauvre des tarifs, notamment à travers une bonne définition de la tranche sociale. Installations d’assainissement FIGURE 28 :  Les résultats de l’enquête ECOM suggèrent améliorées (% de la population ayant que la Société Nationale d’Electricité (SNE) a du accès) mal à collecter efficacement les paiements des clients résidentiels, même lorsque de nouveaux compteurs 100 (% de la population ayant un accès) Installations d'assainissement sont installés dans les régions. La part des ménages 80 qui paient pour leur électricité est systématiquement inférieure à celle des ménages qui déclarent utiliser 60 l’électricité. C’est peut-être une indication de connex- 40 CGO 2012 ions illégales, mais cette situation peut également refléter 20 des retards de paiement, un manque de recouvrement des paiements en retard ou d’autres problèmes. L’écart 0 entre les ménages qui utilisent l’électricité et ceux qui 0 2000 4000 6000 8000 10000 la payent est important. En 2011, 42,5% des ménages RNB par habitant PPA (dollar international constant de 2011) étaient raccordés au réseau électrique alors que seulement Source : Calcul des auteurs basé sur les données WDI et l’approche Gable, 30% des ménages payaient l’électricité, soit un écart de Lofgren et Osorio-Rodarte (2015). 12,5 points entre la fourniture et le paiement. La Société nationale de Distribution d’Eau (SNDE) est confrontée à l’approvisionnement en eau, la République du Congo au même problème. enregistre des résultats inférieurs à ceux escomptés. L’accès à l’eau a légèrement augmenté entre 2005 et Eau et assainissement 2015, passant de 72 à 77%, mais le pays affiche toujours des résultats inférieurs aux attentes (Figure 27). La pau- Bien que la part de la population ayant accès à un vreté est corrélée à la rareté de l’eau potable (Figure 29). approvisionnement en eau potable ait légèrement augmenté au cours de la dernière décennie, elle reste encore bien inférieure aux attentes. En matière d’accès 13 Voir Angel-Urdinola et Wodon (2007) pour d’autres détails. 32 République du Congo – Rapport sur l’Analyse de la Pauvreté (Résumé analytique) Corrélation entre accès à une FIGURE 29 :  Corrélation entre accès à une FIGURE 30 :  source d’eau potable et le taux de installation d’assainissement pauvreté améliorée et le taux de pauvreté 50 50 45 45 y = 10,522e0,0335x Cuvette-Ouest Cuvette-Ouest 40 40 R² = 0,5172 Pauvreté monétaire Pauvreté monétaire 35 Lékoumou Cuvette 35 Likouala Cuvette 30 Likouala Plateaux Sangha 30 Niari Lékoumou (FGT1) Sangha (FGT1) 25 Bouenza Plateaux Pool Niari 25 Bouenza Pool 20 Kouilou 20 Kouilou 15 15 10 y = 123,84e–0,03x 10 Brazzaville 5 Brazzaville R² = 0,7462 5 Pointe-Noire Pointe-Noire 0 0 30 50 70 90 110 0 10 20 30 40 50 Accès à une source d'eau potable (%) Pourcentage de ménages sans les toilettes (%) Source : Calcul des auteurs basé sur l’enquête ECOM de 2011. Source : Calcul des auteurs basé sur l’enquête ECOM de 2011. L’accès aux services d’assainissement reste très D’autre part, les applications utilisées dans différents faible ; la performance du Congo dans ce domaine domaines tels que l’éducation, l’agriculture, la santé, s’avère aussi inférieure aux attentes compte tenu etc. se sont avérées essentielles au développement écono- du niveau de RNB. Comme l’illustre la figure 28, la mique et au bien-être. Pour l’instant, le pays ne semble République du Congo affiche des résultats inférieurs aux avoir atteint que les résultats facilement accessibles et attentes en matière d’accès à des toilettes sûres. En 2014, matérialisés par la très bonne performance en terme seulement 43% de la population avait accès à un système d’accès au réseau de téléphonie mobile (Figure 31). Il d’assainissement amélioré. La situation est encore pire peine toutefois à atteindre le niveau supérieur : l’accès dans les zones rurales où seulement 13% de la population a accès à des toilettes améliorées. Plus préoccupante est la part de la population ne disposant d’aucune installa- Population bénéficiant d’une FIGURE 31 :  tion. La situation est particulièrement préoccupante dans couverture par le réseau de téléphonie quatre départements : Plateaux, Lékoumou, Cuvette, mobile (%) Cuvette-Ouest. La part des ménages sans toilettes varie Population bénéficiant d'une couverture par le réseau de téléphonie mobile (%) de 30 à 42,8% dans ces départements. La encore, l’écart 100 CGO 2011 entre les deux villes principales et le reste du pays est très prononcé (Figure 30). 80 60 Nouvelles Technologies de l’information et de la communication 40 CGO 2005 Les résultats de la République du Congo en matière 20 de réseau cellulaire mobile sont très bons, mais les 0 2000 4000 6000 8000 10000 résultats en matière d’accès à internet sont inférieurs RNB par habitant PPA (dollar international constant de 2011) aux attentes. Les NTIC offrent de nouvelles opportuni- Source : Calcul des auteurs basé sur les données WDI et l’approche Gable, tés qui stimulent la productivité et réduisent les coûts. Lofgren et Osorio-Rodarte (2015). Vue d’ensemble 33  tilisateurs internet (pour 100 FIGURE 32 : U Investir dans le capital humain personnes) Un bon niveau de compétences et une bonne santé 100 sont des conditions préalables pour réussir sur le marché du travail. Une bonne santé et un bon niveau Utilisateurs de l'internet 80 (pour 100 personnes) d’éducation augmentent les chances de trouver un emploi, d’être plus productif et d’obtenir ainsi un plus 60 haut niveau de rémunération. Notre analyse suggère 40 qu’en République du Congo, l’éducation n’apporte pas CGO 2014 de différences notables en dessous du secondaire supé- 20 CGO 2005 rieur. C’est pourquoi la lutte contre la pauvreté devrait 0 2000 4000 6000 8000 10000 être axée sur le décrochage scolaire et la transition vers RNB par habitant PPA (dollar international constant de 2011) l’enseignement secondaire. Éduquer la population et lui Source : Calcul des auteurs basé sur les données WDI et l’approche Gable, apporter les compétences nécessaires seront essentiels Lofgren et Osorio-Rodarte (2015). pour que le pays progresse vers son objectif de diversifica- tion économique.14 La formation professionnelle devrait également jouer un rôle clé, en particulier à court terme, à internet est très faible et très inférieur aux attentes pour ceux qui sont déjà déscolarisés. (Figure 32). On estime qu’en 2014, seulement 7% de la population utilisait internet. Outre la qualité insa- tisfaisante de la connexion, le faible taux d’utilisation Accroître la productivité de l’agriculture d’internet pourrait s’expliquer principalement par les et la commercialisation des produits prix qui restent trop élevés pour le grand public. La agricoles République du Congo était classée parmi les pays les L’accroissement de la productivité agricole sera un plus chers au monde en matière d’accès à la bande facteur essentiel de la réduction de la pauvreté en passante internationale avec un coût de 1 200 $US par milieu rural. Les populations rurales dépendent gran- Mbps et par mois (Jacquelot, citation de la Banque dement de l’agriculture, qui est leur principale source mondiale 2016a). de revenus. Les données montrent que le pays dépend des importations pour satisfaire ses besoins alimen- Perspectives : comment surmonter taires. Pourtant, la disponibilité des terres arables et certains des nombreux défis à les opportunités dans les domaines de la pêche et de relever l’élevage offrent de grandes opportunités au pays pour qu’il assure sa souveraineté alimentaire. Ce faisant, les A l’avenir, l’un des principaux défis de développement populations rurales pourraient générer des revenus suffi- du pays consistera à utiliser la richesse pétrolière pour sants pour sortir de la pauvreté. Pour que la productivité offrir des services de meilleure qualité, pour bâtir un agricole soit encore plus efficace, elle doit s’accompagner meilleur capital humain et pour créer des emplois de d’autres mesures telles qu’une meilleure connectivité au qualité pour sa population, ainsi que pour soutenir les marché, la recherche et le développement de meilleurs populations pauvres et vulnérables de manière à assurer intrants, etc. une croissance prospère, soutenable et inclusive. A la lumière des analyses effectuées dans le cadre de ce rapport diagnostic de la pauvreté au Congo, les cinq domaines 14 Agriculture commerciale, agro-transformation et services (NTIC d’action suivants peuvent être envisagés : et tourisme, entre autres). 34 République du Congo – Rapport sur l’Analyse de la Pauvreté (Résumé analytique) Étendre la couverture des programmes sera aussi important de prendre des mesures pour facili- officiels de protection sociale ter les investissements privés destinés à créer des emplois dans des secteurs autres que celui du pétrole, notamment À travers des programmes tels que LISUNGI, le à travers des efforts d’amélioration de la génération et gouvernement pourrait viser à transférer des fonds la distribution de l’électricité et un meilleur accès aux aux personnes pauvres et vulnérables, en particulier crédits pour le secteur privé. aux autochtones. Le coût financier d’un hypothétique transfert de fonds pourrait être assez élevé, à environ Offrir de meilleurs services à la 171,2 milliards XAF 2011 et représenterait environ 10% population du budget du gouvernement. En 2011, le seuil national de pauvreté a été estimé à 274 113 XAF par an et par Comme illustré précédemment, la République du équivalent adulte. L’écart moyen entre les pauvres et le Congo enregistre une performance inférieure aux seuil national de pauvreté était de 15,4%. Cela signifie attentes pour la plupart des dimensions non moné- que s’il était possible de parfaitement cibler les pauvres, taires du bien-être. Le pays enregistre des résultats infé- un paiement annuel moyen de 103 260 XAF permet- rieurs à ceux des pays comparables en matière d’accès trait d’éliminer la pauvreté en République du Congo.15 à l’éducation, à la santé, à l’électricité, à l’eau potable, En général, le budget d’un tel programme de transfert à l’assainissement, aux NTIC et au réseau routier. d’espèces est estimé à 171,2 milliards XAF 2011. Ce L’amélioration de la disponibilité et de la qualité des montant représente un peu moins de 10% du budget services à la population aidera le pays à s’établir comme du gouvernement et environ 14% des recettes pétrolières un véritable pays à revenu intermédiaire. annuelles. Malgré son coût élevé, un tel programme, s’il est assorti de conditionnalités, pourrait induire un investissement dans le capital humain qui se traduirait par des avantages importants à moyen et à long terme pour le pays. Dans le cas d’un transfert de fonds condi- tionnel par exemple, la probabilité qu’un ménage utilise cet apport pour renforcer le capital humain est plus élevée. Si toutes les autres conditions sont respectées,16 il en résulterait une population mieux éduquée, mieux nourrie et en meilleure santé. Soutenir le développement du secteur privé pour favoriser la création 15 Ce n’est bien sûr qu’une supposition hypothétique, car il y a d’emplois beaucoup d’autres facteurs en jeu, par exemple le temps pris par l’éducation ou la probabilité que certains pauvres dépensent leur allocation pour des éléments inutiles tels que des produits associés Le secteur privé joue et un rôle important en à une mauvaise santé. République du Congo, et il continuera à le faire. Il 16 Comme la qualité des prestations de services. Vue d’ensemble 35 Références Angel-Urdinola, D., et Q. Wodon. 2007. « Do Utility Subsidies Reach the Poor ? Framework and Evidence for Cape Verde, Sao Tome, and Rwanda. » Economics Bulletin 9 (4): 1–7. Banque mondiale. 2014. « Enhancing Efficiency in Education and Health Public Spending for Improved Quality Service Delivery for All. A Public Expenditure Review of the Education and Health Sectors. » Washington, DC : Banque mondiale ——— . 2016a. « Systematic Country Diagnostic : Ending Extreme Poverty and Boosting Share Prosperity on Road to the Emerging Status », Washington, DC : Banque mondiale. de la Brière, Bénédicte, Filmer Deon, Ringold Dena, Rohner Dominic, Samuda Karelle, et Denisova Anastasiya. 2016. « From Mines and Wells to Well Built Minds: Turning Sub-Saharan Africa’s Natural Resource Wealth into Human Capital. « Washington, DC : Banque mondiale. Gable, Susanna, Hans Lofgren, et Israel Osorio-Rodarte. 2015. Trajectories for Sustainable Development Goals: Framework and Country Applications. Washington, DC : Banque mondiale. Ravallion, M., et S. Chen. 2003. « Measuring Pro-Poor Growth. » Economic Letters 78 (1) : 93–99. République du Congo. 2012a. « Plan national de Développement PND 2012-2016, livre 1 (Document de stratégie pour la croissance, l’emploi et la réduction de la pauvreté). » ——— . 2012b. « Plan national de Développement PND 2012-2016, livre 2 (condensé des PAS/ CDMT ministériels. » 37 1818 H Street, NW Washington, DC 20433 USA Telephone: +1 202 473 1000 Internet: www.worldbank.org