74382 ABRÉGÉ 2012 Information et communications au service du développement Exploiter au maximum la téléphonie mobile Banque mondiale 2012 Information et communications au service du développement Exploiter au maximum la téléphonie mobile Abrégé BANQUE MONDIALE Le présent abrégé comprend un résumé analytique détaillé et la table des matières de l’ouvrage à paraître sous le titre Information et communications au service du développement, 2012 : Exploiter au maximum la téléphonie mobile (DOI : 10.1596/978-0-8213-8991-1 ; site web : www.worldbank.org/ict/IC4D2012) publié par la Banque mondiale. Pour en commander des exemplaires, veuillez remplir le formulaire qui figure à la fin de l’abrégé. © 2012 International Bank for Reconstruction and Development / The World Bank 1818 H Street NW, Washington, DC 20433 Telephone : 202-473-1000 ; Internet : www.worldbank.org. 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Sibiry Traoré, ICRISAT, AgCommons, programme exécuté par le Groupe consultatif pour la recherche agricole internationale (CGIAR) ; droits : The Commonwealth of Learning ; Maquette de couverture : Naylor Design Table des matières Contenu du rapport intitulé Information et communications au service du développement, 2012 : Exploiter au maximum la téléphonie mobile v Avant-propos ix Préface xi Remerciements xiii Résumé analytique 1 Tim Kelly et Michael Minges Messages clés 1 Infographie : Exploiter au maximum la téléphonie mobile pour le développement 2 Chapitre 1 : Pourquoi les téléphones portables sont-ils désormais considérés indispensables ? 8 Chapitre 2 : La révolution verte du mobile 9 Chapitre 3 : Continuer à utiliser les tablettes — comment les appareils portatifs concourent à transformer la prestation de soins de santé 10 Chapitre 4 : Transfert électronique d’argent 10 Chapitre 5 : Acquérir un téléphone, trouver un emploi, démarrer une entreprise 11 Chapitre 6 : Utiliser la téléphonie pour rapprocher davantage pouvoirs publics et citoyens 11 Chapitre 7 : Poursuivre l’expansion et promouvoir l’adoption des services mobiles à large bande 14 Annexes 15 Notes 15 Références 16 Les auteurs 17 Contenu du rapport Information et communications au service du développement, 2012 : Exploiter au maximum la téléphonie mobile Avant-propos ix Préface xi Remerciements xiii PREMIÈRE PARTIE Résumé analytique 3 Tim Kelly et Michael Minges Messages clés 3 Pourquoi les téléphones portables sont-ils désormais considérés indispensables ? 4 La révolution verte du mobile 5 Continuer à utiliser les tablettes — comment les appareils portatifs concourent à transformer la prestation de soins de santé 5 Transfert électronique d’argent 6 Acquérir un téléphone, trouver un emploi, démarrer une entreprise 6 Utiliser la téléphonie pour rapprocher davantage pouvoirs publics et citoyens 6 Poursuivre l’expansion et promouvoir l’adoption des services mobiles à large bande 7 Annexes 7 Chapitre 1 Aperçu général 11 Michael Minges Comment les téléphones mobiles sont-ils utilisés ? 13 Trafic de données 18 Les changements en cours dans l’écosystème du mobile 19 Évolutions sociales et économiques favorisées par le mobile 22 Structure du rapport 27 Notes 27 Références 28 v Chapitre 2 Mobiliser la chaîne de valeur du secteur agricole 31 Naomi J. Halewood et Priya Surya Rendre l’information mobile 31 Améliorer l’accès aux informations agricoles 33 Accroître la visibilité des données pour favoriser l’efficacité de la chaîne de valeur 37 Élargir l’accès aux marchés 39 Considérations de politique générale 41 Conclusions 41 Notes 42 Références 42 Chapitre 3 Santé mobile 45 Nicolas Friederici, Carol Hullin et Masatake Yamamichi Pourquoi la m-santé ? Opportunités et défis 45 Les possibilités offertes par la m-santé 50 L’écosystème de la m-santé 51 Modèles opérationnels pour la m-santé 52 Principes à suivre pour la mise en œuvre des applications de m-santé 53 Conclusions 57 Notes 57 Références 57 Chapitre 4 L’Argent mobile au service de l’inclusion financière 59 Kevin Donovan Approche écosystémique au transfert électronique d’argent 59 L’inclusion financière est un impératif 60 Quel est l’impact du transfert électronique d’argent ? 61 Croissance du transfert électronique d’argent : défis et succès 63 Nouveaux problèmes dans le domaine du transfert électronique d’argent 64 Conclusions 69 Notes 70 Références 70 Chapitre 5 Entrepreneuriat et emploi dans le secteur du mobile 73 Maja Andjelkovic et Saori Imaizumi Innovation ouverte et entrepreneuriat dans le secteur du mobile 74 Incubateurs spécialisés dans les communications mobiles 77 Microtravail mobile 79 Mobiles et recrutement 80 Conclusions et questions à soumettre aux décideurs 81 Notes 83 Références 84 vi Table des matières Chapitre 6 Rendre l’administration publique mobile 85 Siddhartha Raja et Samia Melhem, avec la collaboration de Matthew Cruse, Joshua Goldstein, Katherine Maher, Michael Minges et de Priya Surya Typologie du m-gouvernement 85 Facteurs déterminants pour le m-gouvernement 87 Les problèmes qui se posent aux administrations publiques 92 Favoriser la transformation technologique 92 Pratiques optimales émergentes à observer pour passer au mobile 93 Conclusions 97 Notes 98 Références 98 Chapitre 7 Politiques relatives au haut débit mobile 101 Victor Mulas Les pays en développement face aux opportunités offertes par les services mobiles haut débit 101 Recommandations stratégiques visant à faciliter la diffusion du haut débit mobile 102 Conclusions 108 Notes 108 Références 109 DEUXIÈME PARTIE Tendances clés du développement du secteur de la téléphonie mobile 113 Michael Minges Accès 113 Services mobiles à haut débit 117 Appareils 119 Secteur de la téléphonie mobile 122 Outil d’analyse du secteur de la téléphonie mobile 124 Notes 131 Références 131 Notes sur les données 133 Kaoru Kimura et Michael Minges Définitions et sources des données 136 Tableaux faciles à consulter des pays dans le secteur du mobile 139 Indicateurs clés des TIC pour d’autres économies, 2010 215 Les auteurs 217 Table des matières vii Avant-propos Le téléphone mobile qui était un appareil rare dans de d’autres pays. Un ensemble plus complet d’indicateurs des nombreux pays en développement au début du siècle semble TIC est disponible dans le document intitulé Little Data Book désormais exister partout. Entre 2000 et 2012, le nombre de on Information and Communication Technology 2012, publié téléphones portables utilisés dans le monde a augmenté, conjointement avec le présent rapport. passant de moins d’un milliard d’unités à environ six Notre espoir est que ce nouveau rapport mette à la dispo- milliards. La révolution de la téléphonie mobile transforme sition des décideurs, des organes de réglementation et des les moyens de subsistance, aide à créer de nouvelles activités investisseurs intervenant dans ce secteur complexe et en économiques et modifie notre manière de communiquer. Le mutation permanente, quelques principes de bonnes réseau de téléphonie mobile est d’ores et déjà la plus grosse pratiques qui se mettent peu à peu en place. Le Groupe de la « machine » que le monde ait jamais connue, et désormais, Banque mondiale appuie déjà une large gamme de cette machine est utilisée pour créer des opportunités de programmes de prêts d’investissement comportant un volet développement à une échelle jamais imaginée auparavant. consacré aux TIC. Selon le rapport du Groupe indépendant Durant cette seconde moitié de la décennie du nouveau d’évaluation intitulé Capturing Technology for Development millénaire, exploiter au maximum les possibilités offertes (2011), environ trois quarts de l’ensemble des prêts d’investis- par la téléphonie mobile est un défi qui mobilisera aussi sement du Groupe de la Banque mondiale comptent un volet bien les gouvernements, le secteur privé que le monde du TIC ; de plus, quatre milliards de dollars d’investissement développement. direct sont allés au secteur des TIC entre 2003 et 2010. Le rapport Information et communications au service du Cette étude se distingue des autres rapports comparables développement, 2012 : Exploiter au maximum la téléphonie de la Banque en ce qu’elle se démarque de la concentration mobile est le troisième d’une série de rapports du Groupe de habituellement faite sur la connectivité dans le secteur des TIC la Banque mondiale sur les technologies de l’information et pour insister plutôt sur les applications et sur la manière dont des communications (TIC) au service du développement les TIC, en particulier la téléphonie mobile, sont utilisées lancée pour la première fois en 2006. La présente édition est pour transformer différents secteurs de l’économie mondiale. dédiée aux applications mobiles et à leur utilisation pour Cette évolution montre bien comment la valeur créée par promouvoir le développement, en particulier dans les l’industrie du mobile opère sa mutation, passant des réseaux secteurs de l’agriculture, de la santé, des services financiers, et et équipements aux logiciels et services. Pour le Groupe de la dans l’administration publique. Des chapitres consacrés à des Banque mondiale, le thème de la transformation guidera thèmes transversaux présentent un aperçu des tendances qui davantage ses prêts d’investissement, et ce rapport est en se dégagent dans les applications mobiles, la manière dont droite ligne de cette nouvelle orientation. Enfin, la mission de elles affectent l’emploi et l’entrepreneuriat, et les problèmes la Banque mondiale est d’œuvrer pour un monde sans que pose au plan stratégique la mutation en cours pour passer des réseaux à bande étroite aux réseaux mobiles haut pauvreté — un objectif qu’il est possible d’atteindre plus débit. Le rapport présente des tableaux faciles à consulter efficacement en intégrant les investissements consentis aux relatifs à quelque 152 économies, en mettant en lumière les TIC, de manière optimale, avec l’investissement dans des données et les indicateurs les plus récents disponibles dans le secteurs comme l’agriculture, la santé et l’administration secteur du mobile (fin 2011, si possible). Il présente publique. également un outil analytique permettant d’examiner les indicateurs de performance pertinents pour le secteur de la Marianne Fay téléphonie mobile de chaque pays, de manière que les Économiste en chef, Réseau du développement durable, décideurs puissent évaluer leurs capacités en se comparant à Banque mondiale ix Préface La nouvelle stratégie d’intervention de la Banque mondiale téléphones de confort font place à des téléphones intelligents dans le secteur des technologies de l’information et des et tablettes. La gamme complète de nouvelles applications communications (TIC), qui entre en vigueur en 2012, mobiles décrites dans le présent rapport n’est pas encore s’articule autour de trois thèmes stratégiques : l’innovation — disponible dans tous les pays ni accessible à tous les abonnés, les TIC pour l’innovation et des industries de services fondées mais cela ne saurait tarder. Et l'on s'attend à ce que les pays en sur les TIC ; la connexion — l’accessibilité économique des développement inventent et adaptent leurs propres applica- services vocaux, de l’internet à haut débit, de l’information et tions mobiles conçues en fonction des conditions et besoins des médias ; et la transformation — des applications de TIC locaux. C'est la raison pour laquelle il faudra mener pour transformer les services à l’effet d’obtenir des résultats davantage de recherche sur la manière dont les applications meilleurs au plan du développement. mobiles sont utilisées par les ménages de base. Ce nouveau rapport phare intitulé Information et commu- À l'instar des rapports antérieurs, la recherche qui a nications au service du développement s'inspire de ces trois présidé à ce rapport et la rédaction de ce dernier ont été thèmes. Le rapport montre en particulier comment l’inno- vation dans la fabrication de téléphones mobiles — en les conjointement menées par l’Unité de la Banque mondiale dotant d'une mémoire plus vaste, d'une capacité de chargée du secteur des TIC et par infoDev, un programme de traitement plus rapide et d'interfaces tactiles plus faciles d’uti- partenariat mondial du groupe de la Banque mondiale. Il a lisation — combinée avec des réseaux et des services haut été examiné par un large groupe de spécialistes travaillant débit plus performants et d’un coût plus abordable contribue dans le domaine, aussi bien au sein de la Banque qu’à l’exté- à la transformation des économies et des sociétés. De plus en rieur, que nous remercions vivement pour leur contribution. plus, cette transformation provient des pays en dévelop- Les financements ont été fournis par la Banque mondiale pement qui sont « plus mobiles » que les pays développés au et les donateurs du programme infoDev, notamment le sens où le monde en développement suit une trajectoire de ministère des Affaires étrangères de la Finlande, le Fonds développement caractérisée par le principe du « mobile avant fiduciaire de la Corée pour l’ICT4D et UKaid. Le Groupe de tout ». De nombreuses innovations dans la téléphonie mobile la Banque mondiale s’engage à poursuivre ses études et ses (les appareils téléphoniques dotés de plus d’une carte SIM, la activités de prêts pour accompagner le progrès et le partage recharge à faible coût et les paiements par téléphone mobile) des pratiques optimales et des savoirs, ainsi que pour proviennent de plus en plus de pays plus pauvres et s’étendent accroître ses investissements dans les entreprises privées au reste du monde par la suite. spécialisées dans les TIC ; l’objectif visé est de stimuler la Depuis la publication du dernier rapport Information et croissance dans le secteur, la compétitivité et la disponibilité communications au service du développement, près de deux de services de TIC abordables, de meilleure qualité et milliards de nouveaux abonnés au téléphone mobile ont été accessibles à tous les habitants du monde. enregistrés dans le monde, la majorité se trouvant dans les pays en développement. Cette croissance rapide ne rend Juan Navas-Sabater toutefois pas compte de l’intégralité de la situation actuelle. Chef sectoriel par intérim, Unité chargée du secteur TIC Parallèlement au processus d'élargissement des réseaux, il Banque mondiale s’opère un autre processus tout aussi important d’amélio- ration de la qualité et de la profondeur des réseaux : les Valerie D’Costa réseaux à bande étroite sont améliorés pour en faire des Chef de programme, infoDev réseaux à large bande, et les téléphones de base et autres Banque mondiale xi Remerciements Le présent rapport a été préparé par une équipe de l’Unité de Min, Fernando Montenegro Torres, Arata Onoguchi, Tiago la Banque mondiale chargée des TIC (TWICT), le Peixoto, Mark Pickens, Carlo Maria Rossotto, Leila Search et programme infoDev et le Groupe de gestion des données sur Randeep Sudan. l’économie du développement (DECDG) du Groupe de la Nous adressons nos remerciements aux experts- Banque mondiale. L’équipe de rédaction dirigée par Tim évaluateurs externes : Phillippa Biggs (ITU), Steve Esselaar Kelly était composée de Nicolas Friederici, Michael Minges et (Intelecon), Shaun Ferris (Catholic Relief Services), Vicky de Masatake Yamamichi. Le travail de cette équipe a été Hausmann (Dalberg), Janet Hernandez (Telecommuni- supervisé par un groupe d’experts-évaluateurs dirigé par cations Management Group), Jake Kendall (Gates Marianne Fay et comprenant Jose Luis Irigoyen, Valerie Foundation), Vili Lehdon-virta (London School of D’Costa, Philippe Dongier, Phillippa Biggs (ITU) et Christine Economics), Daniel Leza (Telecommunications Management Zhenwei Qiang. Group), Bill Maurer (University of California, Irvine), Sascha Les principaux auteurs des chapitres contenus dans la Meinrath (New America Foundation), Marcha Neethling première partie du rapport sont : (Praekelt Foundation), Brooke Partridge (Vital Wave • Tim Kelly et Michael Minges (Résumé analytique) Consulting), Ganesh Ramanathan (Tiger Party), Michael • Michael Minges (Chapitre 1) Riggs (FAO), Stephen Rudgard (FAO), Brendan Smith (Vital • Naomi J. Halewood et Priya Surya (Chapitre 2) Wave Consulting), Scott Stefanski (Bazaar Strategies), Heather Thorne (Grameen Foundation), Katrin Verclas • Nicolas Friederici, Carol Hullin et Masatake Yamamichi (Mobile Active) et Anthony Youngblood (New America (Chapitre 3) Foundation). • Kevin Donovan (Chapitre 4) Nous tenons à remercier Phillippa Biggs (ITU) qui, en tant • Maja Andjelkovic et Saori Imaizumi (Chapitre 5) qu’expert-évaluateur, a révisé tous les chapitres du rapport, de • Siddhartha Raja et Samia Melhem, avec la collaboration de même que Denis Largeron et Marta Priftis de l’unité TWICT, Matthew Cruse, Joshua Goldstein, Katherine Maher, et Denise Bergeron, Jose De Buerba, Aziz Gokdemir, Stephen Michael Minges et de Priya Surya (Chapitre 6) McGroarty et Santiago Pombo-Bejarano, du Bureau des publications de la Banque mondiale pour avoir supervisé la • Victor Mulas (Chapitre 7) production/rédaction, la conception, l’impression et la diffusion du rapport. L’infographie du résumé analytique a Les principaux auteurs de la deuxième partie sont Michael été préparée par Zack Brisson et Mollie Ruskin de Reboot Minges et Kaoru Kimura, tandis que l’équipe de rédaction des (www.thereboot.org), sous la direction de l’équipe de tableaux statistiques est composée de Neil Fantom, Buyant rédaction. Erdene Khaltarkhuu, Kaoru Kimura, Michael Minges, Soong Sans l’appui de nos partenaires de développement, il serait Sup Lee et William Prince. impossible de réaliser un rapport de ce type. Nous tenons À diverses étapes de la préparation de ce rapport, des donc à remercier les partenaires suivants pour leur contri- contributions, observations, conseils et soutiens ont été reçus bution à la présente édition : des collègues suivants du Groupe de la Banque mondiale et des principaux auteurs : Maria Amelina, Edward Anderson, • Le ministère des Affaires étrangères de la Finlande pour Elizabeth J. Ashbourne, Seth Ayers, Alan Carroll, Vikas son appui au programme conjoint Finlande / infoDev / Choudhary, Toni Eliasz, Tina George, Joshua Goldstein, Nokia sur le thème Creating Sustainable Businesses in the Aparajita Goyal, Siou Chew Kuek, Katherine Maher, Wonki Knowledge Economy, dont le soutien a permis de produire xiii le rapport et de mener des recherches pour les chapitres 1, Notre équipe remercie également les nombreuses 2, 4 et 5. personnes, entreprises et organisations qui ont contribué à la • Le Fonds fiduciaire de la Corée (KTF) pour les techno- réalisation de ce rapport du Groupe de la Banque mondiale à logies de l’information et des communications au service travers leur appui permanent et leurs conseils au cours des du développement (ICT4D), qui a permis de financer des trois années qui se sont écoulées depuis la publication de la études de référence pour les chapitres 2, 3, 4 et 5. dernière édition de cette série de rapports. • L’agence UKaid qui a financé des études de référence pour le chapitre 7 en apportant son appui au programme de travaux d’analyse d’infoDev. xiv Remerciements Résumé analytique Tim Kelly et Michael Minges Messages clés Dans le domaine des terminaux mobiles, de nombreuses innovations — les téléphones dotés de plus d’une carte SIM, A vec environ six millions d’abonnements actifs la recharge à faible coût et le paiement par téléphone mobile dans le monde, ce sont trois quarts des habitants — ont vu le jour dans des pays en développement et du globe qui ont désormais accès au téléphone s’étendent au reste du monde. Les nouvelles applications mobile. Les téléphones mobiles constituent sans doute la mobiles de conception locale et ancrées dans les réalités du technologie moderne la plus répandue : dans certains pays en monde en développement seront nettement mieux adaptées à développement l’on compte un nombre plus élevé de la recherche de solutions aux problèmes de développement personnes ayant accès à un téléphone portable qu’à un que les applications venues d’ailleurs. Les applications compte bancaire, à l’électricité ou même à l’eau potable. Les conçues localement peuvent en particulier contribuer à systèmes de communications mobiles présentent des possibi- résoudre les difficultés rencontrées par les pays en dévelop- lités énormes de faire avancer le développement humain, à pement : la culture numérique et l’accessibilité économique commencer par l’élargissement de l’accès à l’éducation de par exemple. base ou aux informations sanitaires, en passant par les Les applications mobiles donnent de l’autonomie à leurs paiements en espèces et l’incitation du citoyen à s’engager utilisateurs et contribuent à améliorer leur qualité de vie et dans les processus démocratiques. leurs moyens d’existence tout en renforçant l’ensemble de La téléphonie mobile a été l’une des technologies les plus l’économie. De nos jours, les applications mobiles font en rapidement adoptées de tous les temps. Alors qu’il aura fallu effet des téléphones mobiles de véritables portails d’accès attendre 128 ans pour voir le nombre d’abonnements au au monde en ligne. Une nouvelle vague d’« apps » ou applica- réseau téléphonique fixe enregistrer un milliard d’utilisa- tions pour smartphones et des mixages (« mash-ups» en teurs, les réseaux de téléphonie mobile ont franchi ce seuil en anglais) de services — stimulés par les réseaux haut débit, l’action des réseaux sociaux, les techniques de crowdsourcing à peine un peu plus de 20 ans (figure 1). L’on constate avec et l’innovation — permettent aux téléphones portables de encore plus de stupéfaction que depuis 2002, le nombre de transformer la vie des gens aussi bien dans les pays réseaux de téléphonie mobile s’est globalement multiplié par développés que dans les pays en développement (encadré 1). deux chaque deux ans. Au début de 2012, le nombre Le rapport montre que les applications mobiles permettent d’abonnés au téléphone portable dans le monde a dépassé les non seulement d’autonomiser les individus, mais aussi six milliards. d’avoir des répercussions positives sur la croissance, l’entre- Le monde en développement est « plus mobile » que le preneuriat et la productivité à l’échelle de l’économie toute monde développé. Dans les pays en développement, les entière. Tels que lancés, les systèmes de communications systèmes de communications mobiles ont contribué à mobiles devraient avoir un plus grand impact que de accroître la valeur des systèmes de communication existants ; permettre simplement aux pays en développement de faire ils ont intensifié et élargi les flux d’information. Cela dit, le entendre leurs voix. En déclenchant les changements irréver- monde en développement suit une trajectoire de dévelop- sibles que le téléphone permet de réaliser, ces systèmes pement différente caractérisée par le principe du « mobile donnent aux gens les moyens d’opérer des choix et prendre avant tout ». L’on compte un nombre généralement plus élevé des décisions par eux-mêmes. de détenteurs d’appareils mobiles dans les pays en dévelop- L’omniprésence quasi générale de la téléphonie mobile pement que dans les pays développés, une situation qui crée des opportunités nouvelles. L’édition 2012 du rapport contribue à inverser totalement la tendance habituelle de la Information et communications au service du développement fracture numérique (figure 2). analyse la croissance et l’évolution de la téléphonie mobile 1 EXPLOITER AU MAXIMUM LA TÉLÉPHONIE MOBILE POUR LE DÉVELOPPEMENT Le nombre d’abonnés mobiles dépassera bientôt le nombre d’habitants dans le monde MILLIARDS J A M A I S on compte plus d’un milliard d’abonnés mobiles que d’abonnés au réseau �xe L’HISTOIRE DE LA TECHNOLOGIE les premiers services de téléphonie mobile à but commercial sont lancés N’A ENREGISTRÉ UNE EXPANSION 85 ans plus tard, on compte 100 millions d’abonnés au réseau �xe AUSSI RAPIDE QUE CELLE DE LA Alexander Graham Bell réalise la première conversation téléphonique bidirectionnelle TÉLÉPHONIE MOBILE DANS LE MONDE POPULATION MONDIALE ABONNÉS AU RÉSEAU FIXE ABONNÉS AU TÉLÉPHONE MOBILE PLUS DE MILLIARDS D’ABONNÉS AU TÉLÉPHONE MOBILE DANS LE MONDE de la POPULATION MONDIALE A DÉSORMAIS ACCÈS POURCENTAGE DE LA POPULATION MONDIALE AYANT UN TÉLÉPHONE PORTABLE2 au TÉLÉPHONE MOBILE LE MONDE EN DÉVELOPPEMENT EST DÉSORMAIS PLUS MOBILE QUE LE MONDE DÉVELOPPÉ Pays en développement LA MAJORITÉ DES TÉLÉPHONES APPARTIENT À DES INIVIDUS Pays à revenu VIVANT DANS DES RÉGIONS À REVENU INTERMÉDIAIRE intermédiaire Pourcentage de la population nationale 0,7 MILLIARD D’ABONNÉS 5,9 MILLIARDS D’ABONNÉS ÉVOLUTION DU NOMBRE D’ABONNÉS SUR LA PLANÈTE4 L’ACCÈS À TOUTE UNE GAMME D’APPLICATIONS A FORTEMENT AUGMENTÉ DURANT LES DIX DERNIÈRES ANNÉES KENYA MEXIQUE INDE INDONÉSIE ÉGYPTE UKRAINE L’utilisation du L’envoi de téléphone portable L’utilisation messages pour les photos de l’internet AUGMENTATION DE L’UTILISATION DES SERVICES MOBILES NON VOCAUX EN 20115 textes ou la vidéo mobile L’OMNIPRÉSENCE QUASI GÉNÉRALE DE LA TÉLÉPHONIE MOBILE CRÉE DE NOUVELLES OPPORTUNITÉS DES SMS AUX APPS POUR SMARTPHONE, SANTÉ Nombre de pays utilisant UN NOMBRE ILLIMITÉ D’APPLICATIONS au moins une application MOBILE de m-santé7 LES APPLICATIONS MOBILES DÉSORMAIS ACCESSSIBLES AUX UTILISATEURS DES PAYS EN DÉVELOPPEMENT DONNENT DE L’AUTONOMIE NOMBRE DE PAYS AYANT PLUS RÉGION D’UNE APPLICATION EN M-SANTÉ À LEURS UTILISATEURS ET AFRIQUE SUBSAHARIENNE CONTRIBUENT À AMÉLIORER TRANSFERT D’ARGENT PAR TÉLÉPHONE MOBILE LEUR QUALITÉ DE VIE Nombre de pays utilisant au moins une application AMÉRIQUE LATINE ET LEURS MOYENS ET CARAIBES de transfert d’argent par téléphone mobile6 D’EXISTENCE TOUT MOYEN ORIENT ET AFRIQUE DU NORD EN RENFORÇANT L’ENSEMBLE DE L’ÉCONOMIE ASIE DE L’EST ET PACIFIQUE ASIE DU SUD EUROPE ET ASIE CENTRALE GOUVERNANCE Il faut collaborer Organes de Décideurs pour avoir un impact réglementation sur le développement. INDE NIGER OUGANDA Producteurs Commerçants Producteurs de patates céréaliers de bananes SECTEUR APPUI ÉVOLUTION DU REVENU Contenu de UTILISATEUR & Société tierce partie APPLICATION civile DES AGRICULTEURS ET DES COMMERÇANTS UTILISANT DES APPLICATIONS MOBILES8 Opérateurs Donateurs de réseaux Fabricants de matériel Associations professionnelles IL FAUT CRÉER UN ECOSYSTÈME FAVORABLE Agents POUR METTRE LES APPLICATIONS MOBILES AU SERVICE DU DÉVELOPPEMENT ÉCOSYSTÈME POUR LA CONCEPTION D’APPLICATIONS MOBILES Les appareils mobiles coûtent moins cher et deviennent plus puissants, alors que la largeur de bande des réseaux augmente globalement chaque 18 mois et s’étend aux zones rurales. LA RÉVOLUTION PRÉVISION MONDIALE DU TRAFIC DE DONNÉES MOBILES9 DU MOBILE N’EN EST QU’À L’ÉTAPE INITIALE DE SON ESSOR 1,2 GB/utilisateur 92 MB/utilisateur UTILISATION MOYENNE 1. Estimations de l’UIT ; ONU, 2010 MENSUELLE PAR USAGER TOTAL DE 2. UIT, 2012 VIDÉO-CLIPS PISTES AUDIO TÉRAOCTETS 3. Estimations de la Banque mondiale 4. Estimations de l’UIT par MOIS 5. Pew Research Center, 2011 (MILLIONS) 6. GSMA Mobile Money Tracker, 2012 7. Adapté de GSPA mHealth Tracker, 2012 8. Dixie et Jayaraman 9. Cisco, 2012 POUR CONSULTER TOUTES LES RÉFÉRENCES, VOIR LE SITE : Figure 1 Abonnés au téléphone fixe et au téléphone mobile dans le monde 10 Le nombre d’abonnés au téléphone mobile 9 dépassera bientôt le nombre d’habitants dans le monde 8 7 6 Milliards 1978 : 5 1876 : Lancement des premiers Première conversation services de téléphonie 4 téléphonique mobile à but lucratif 2002 : bidirectionnelle Plus d’un million d’abonnés 3 au téléphone mobile, soit plus qu’il n’y a d’abonnés 2 au réseau fixe 1961 : 1 85 ans plus tard, on compte 100 millions d’abonnés au réseau fixe 0 18 6 82 18 8 94 19 0 06 19 2 18 19 4 19 0 36 19 2 48 19 4 60 19 6 72 19 8 84 19 1 11 0 91 20 6 02 20 8 14 7 8 0 1 2 3 4 5 6 7 8 9 9 0 18 18 19 19 19 19 19 19 19 19 19 20 Lignes fixes (milliards) Abonnés au mobile (milliards) Population mondiale (milliards) Source : Adaptation inspirée de l’UIT. Estimations de la Banque mondiale. Note : Échelle logarithmique. Figure 2 Taux de pénétration du mobile dans les foyers, Sénégal et d’autres pays, 2009 a. Taux de pénétration du mobile, Sénégal, 2009 b. Familles possédant un téléphone mobile, %, 2009 100 Maldives 97,3 90 80 Jordanie 97,1 70 Samoa 94,0 60 Sénégal 85,8 50 40 Paraguay 85,6 30 États-Unis 82,7 20 10 Honduras 79,6 0 Canada 77,2 Abonnés au mobile Pourcentage de ménages par 100 personnes abonnés au mobile Source : Adaptation inspirée de l’Autorité de Régulation des Télécommunications et des Postes (ARTP), enquêtes nationales sur les ménages et la santé. et la montée en puissance des services basés sur les données entiers sont consacrés à chacun de ces domaines. Ce n’est plus acheminés vers les appareils portatifs, notamment les applica- le téléphone lui-même qui retient l’attention, mais plutôt la tions. Le rapport examine les conséquences de l’économie manière dont il est utilisé, ainsi que le contenu et les applica- émergente des applications sur le développement. Il fait la tions auxquels le téléphone mobile permet d’accéder. synthèse de la réflexion actuelle et tente d’enrichir le débat sur Avant l’apparition des téléphones intelligents, les opéra- l’utilisation du téléphone mobile au service du dévelop- teurs de réseaux avaient toujours exercé leur contrôle sur le pement. Il passe en revue des applications clés du secteur secteur de la téléphonie mobile. Qu’il s’agisse d’appareils ou dans les domaines de l’agriculture, la santé, les services finan- d’applications, ils étaient les principaux interlocuteurs en face ciers, l’emploi et l’administration publique ; des chapitres des utilisateurs. S’il est vrai que les consommateurs étaient 4 Information et communications au service du développement 2012 Encadré 1 Téléphones et applications mobiles L’utilisation du téléphone mobile a considérablement évolué au fil du temps et continuera de progresser à un rythme toujours plus rapide. Dans ce contexte, il est important de procéder à la définition de quelques termes utilisés dans le présent rapport, tout en gardant à l’esprit que ces définitions ne sont pas nécessairement immuables. De nombreux téléphones portables, en particulier dans le monde en développement, sont des téléphones de base, inspirés de la norme GSM (Global System for Mobile communications — système mondial de communications mobiles) de deuxième génération (2G) lancée pour la première fois en 1991. Les téléphones GSM offrent un certain nombre de services différents intégrés à la norme et donc disponibles sur tous les appareils compatibles avec la norme GSM, aussi peu avancés soient-ils. Il s’agit entre autres des messages textes courts dits SMS (short message service) de 160 caractères maximum et des messages instantanés envoyés au moyen du protocole USSD de données supplé- mentaires non structurées (Unstructured Supplementary Service Data). Nombre d’applications mobiles plus anciennes, en particulier dans les pays en développement, sont basées sur le service SMS ou le protocole USSD, parce qu’elles ne nécessitent pas de services de données supplémentaires ni de téléchargement de données ; elles sont en outre disponibles sur pratiquement n’importe quel appareil. Au sens strict, l’on devrait parler de services de réseaux plutôt que d’applications. Les appareils fonctionnant à l’aide de l’internet, autrement appelés featurephones, ont fait leur apparition avec le lancement des services de données à travers les réseaux mobiles au début des années 2000. Ces téléphones permettaient de transmettre des images et de télécharger de la musique ; ils étaient généralement dotés d’un appareil photo. Les smartphones ont vu le jour à la fin des années 2000. En règle générale, ils comportent des interfaces graphiques et un écran tactile, le Wi-Fi intégré et le système GPS (système de positionnement global). Grâce aux cartes mémoires et à l’accès à l’internet, les smartphones peuvent aussi télécharger des applications ou apps, des logiciels installés sur la mémoire du téléphone pour exécuter des fonctions spécifiques, telles que l’accès à des sites web ou la communication d’informations sur la localisation et l’état du téléphone. Dans le présent document, le terme « apps » est employé pour désigner les applications qui peuvent être téléchargées et utilisées sur un appareil, avec ou sans acquittement de frais, de manière autonome. Les jeux constituent les apps les plus populaires : plus de 30 milliards de jeux ont été téléchargés depuis le début de 2012 (Gartner 2012b ; Paul 2012). Cela dit, l’utilisation des applications mobiles au profit du développement exige généralement plus d’effort que le simple téléchargement d’une application sur l’appareil d’un utilisateur. En particulier, les applications mobiles les plus utiles, par exemple celles examinées dans ce document, nécessitent en général l’existence d’un écosystème de fournis- seurs de contenu (par exemple, la transmission d’informations sur les prix des produits agricoles, un sujet analysé dans le chapitre 2) ou d’agents (comme ceux qui, ainsi qu’examiné au chapitre 4, fournissent des prestations de téléchargement d’argent aux services financiers mobiles). Les « applications mobiles basées sur les écosystèmes » de ce type sont le principal sujet traité par ce rapport. L’innovation technologique quant à elle se poursuit à vive allure. Des applications mobiles plus récentes pourraient se baser sur ce qu’offre le principe des « nuages », au sens où les données sont stockées par des serveurs sur l’internet plutôt que localement sur un appareil. Les applications qui utilisent HTML5 (la génération actuelle de langage hypertexte), par exemple, peuvent ne pas du tout nécessiter de téléchargement de logiciel. Ces applications peuvent présenter l’avantage de pouvoir être utilisées indépendamment du réseau ou du terminal mobile qu’utilise l’usager au moment présent. Par exemple, il serait possible d’accéder à un morceau de musique conservé dans le « nuage », ce à partir de la tablette, du smartphone ou de l’ordinateur personnel de l’utilisateur, y compris lorsqu’il utilise le roaming à l’étranger. Mais un tel changement repose sur une tarification plus faible, sans limites mensuelles, pour la transmission sans fil de données. libres d’acheter le téléphone portable de leur choix, les opéra- disposition leurs applications. Au cas où les utilisateurs teurs subventionnaient généralement les appareils lorsque la sortaient de l’espace clos, ils devaient normalement acquitter réglementation en vigueur le leur permettait, du moins pour des frais supplémentaires. Les changements, tels que les le segment de marché haute valeur. messages textes à valeur ajoutée et le paiement par téléphone Par le passé, lorsque les utilisateurs voulaient parler, mobile ont contribué à agrandir cet écosystème, mais les envoyer un message ou accéder à l’internet, ils le faisaient via opérateurs ont continué à jouer essentiellement le rôle de le réseau de l’opérateur mobile. L’accès se faisait souvent à gardiens. travers le « jardin clos » de l’opérateur, un espace où les Le contrôle des opérateurs a commencé à s’éroder avec fournisseurs de contenu payaient les opérateurs pour mettre à l’arrivée des smartphones et autres appareils qui utilisent des Résumé analytique 5 systèmes d’exploitation dédiés aux terminaux mobiles, Google fait du logiciel de l’Android un logiciel ouvert. Le comportent l’option Wi-Fi intégré et permettent aux utilisa- premier téléphone Android, le HTC Dream, est lancé en teurs d’acheter du contenu et des applications auprès de octobre 2008. Google elle-même labélise plusieurs téléphones magasins spécialisés accessibles en ligne. La première pierre Android et développe Android Market devenu maintenant d’achoppement dans la relation directe entre les opérateurs et Google Play, un portail permettant de se procurer des applica- les utilisateurs survient avec le BlackBerry, un appareil lancé tions Android. Au quatrième trimestre 2011, la part de marché par la société canadienne Research in Motion (RIM) en d’Android est légèrement supérieure à la moitié du marché janvier 1999. Le BlackBerry a eu un énorme succès dans le des systèmes d’exploitation du smartphone (Gartner 2012b). monde des entreprises parce qu’il permettait au personnel clé Google Play propose plus de 400 000 applications, et on de recevoir des courriels à tout moment et partout. Au cours compte plus de 10 milliards de téléchargements à la date de de l’exercice budgétaire 2010, Research in Motion a mis sur janvier 2012 (Paul 2012). le marché 52 millions d’appareils et comptait quelque Un autre acteur non négligeable, c’est Nokia, le fabricant 55 millions d’abonnés en novembre de la même année1. de matériel mobile. Depuis toujours, Nokia jouit d’une large Lancé en 2009, mais ayant très tôt imprimé la marche à part de marché d’appareils téléphoniques, en particulier dans suivre, BlackBerry App World lutte pour ne pas être à la traîne le monde en développement. Symbian, son système d’exploi- au regard des progrès qui ont lieu ailleurs. tation mobile, est installé sur la majorité des téléphones. Avec le lancement de l’iPhone à écran tactile d’Apple en Nokia n’est toutefois par encore parvenu à se tailler une juin 2007, suivi par le lancement de ses App Store en juillet grande part du marché des smartphones. En 2011, Nokia 20082, le secteur a connu un changement radical. Les passe un accord avec Microsoft pour commencer à proposer contrats d'exclusivité signés initialement par Apple avec les le système d’exploitation Windows sur ses smartphones4. Au opérateurs mobiles sont maintenant arrivés à terme pour la début de 2012, Nokia est dépassée par Samsung qui détient plupart. En janvier 2010 la société a franchi une nouvelle désormais la plus grande part de marché. Samsung supporte étape en lançant l’iPad, son ordinateur tablette. Tous les bada, sa propre plateforme d’exploitation et celle d’Android, appareils mobiles d’Apple (par exemple, l’iPhone, l’iPad et mais tire également des revenus de la fabrication l’iPod qui sert à jouer de la musique) sont alimentés par le d’équipements en sous-traitance pour Apple. système d’exploitation mobile iOS. La distribution de Les applications et les contenus stimulent la demande de l’iPhone est faite par les magasins de vente au détail et en services mobiles à haut débit. Les bandes larges ne créent pas ligne d'Apple, ainsi que par d'autres opérateurs mobiles. En de valeur directement bénéfique aux entreprises et aux plus du magasin App Store, les utilisateurs d’iPhones consommateurs. Ce sont les applications et le contenu acces- peuvent télécharger de la musique et des vidéo-clips sibles via les bandes larges que recherchent les consomma- proposées par les magasins iTunes et des livres électroniques teurs. Les services mobiles à large bande ont permis de rendre d’iBookstore. cette relation encore plus claire. L’adoption de services En simplifiant la plateforme des applications et en se mobiles à large bande s’accompagne étroitement de la multi- l’appropriant, les vendeurs de téléphones ont pu avoir le plication des applications liées au service concerné (figure 3). contrôle de la qualité des applications proposées et créer un Il faut créer un « écosystème » propice à la mobilisation marché sur lequel les acheter. Bien que la majorité des appli- des applications mobiles au profit du développement. Une cations téléchargées soit encore gratuite, les utilisateurs sont app, c’est le noyau d’un logiciel installé dans un appareil encouragés à passer à des contenus payants ou à prendre un (un smartphone ou une tablette en général) et capable de abonnement, ne serait-ce que pour se débarrasser de la communiquer avec des services basés sur l’internet. La publicité. En février 2011, Apple avait téléchargé plus de plupart des apps sont utilisées par des utilisateurs individuels, 25 milliards d’applications d’App Store. Les ventes d’iPhone mais les applications les plus susceptibles d’être utiles au ont augmenté, passant de 1,4 million en 2007 à 72 millions développement sont celles qui sont généralement développées en 2011. Les recettes tirées de la vente de l’iPhone et des dans un écosystème dans lequel interviennent plusieurs produits et services connexes ont atteint 47 milliards de acteurs différents, notamment les concepteurs de logiciels, les dollars en 2011, soit 44 % des ventes totales d’Apple3. fournisseurs de contenu, les fabricants d’appareils, les États et L’entreprise de vente de matériel se transforme rapidement en les utilisateurs. S’il est vrai que le secteur privé est la un secteur de logiciel et de services, alors que les opérateurs locomotive du marché, les intermédiaires sociaux tels que les se démènent pour fournir la largeur de bande nécessaire sur organisations non gouvernementales (ONG) jouent un rôle le spectre pour transporter d’énormes volumes de données important en adaptant les applications de manière à satisfaire tout en préparant leurs propres portails d’applications. les besoins des populations locales. Dans de nombreux pays, L’entreprise Android, Inc. est créée en 2003 pour une communauté toute prête de développeurs a déjà mis au développer des systèmes d’exploitation de téléphones mobiles. point des services en s’appuyant sur le concept des SMS (short En 2005, elle est rachetée par le moteur de recherche géant message service) ou messages instantanés (instant messaging Google. Pour encourager les programmeurs et les fabricants — IM) et conçoit maintenant des applications destinées à des de téléphones à développer des applications et des produits, appareils plus sophistiqués. Les décideurs doivent créer un 6 Information et communications au service du développement 2012 Figure 3 Applications mobiles : Croissance et parts de marché Apps téléchargées et pénétration des services mobiles à large bande dans le monde, 2007–2011 (gauche) et parts de marché par plateforme d’exploitation, septembre 2011 (droite) a. Croissance au plan mondial 2007–2011 b. Part de marché par plateforme d’exploitation, septembre 2011 Research In Motion 9 % 35 19 20 iOS (Apple) 24 % 18 30 31 16 25 13 14 Pourcentage 12 Milliards 20 9 10 15 6 8 Microsoft 2 % 10 4 6 10 4 5 Autre 3 % 2 0 0.2 3 0 0 * 07 08 09 10 11 20 20 20 20 20 Apps téléchargées (milliards) Services mobiles à large bande Symbian (Nokia) Android 50 % 11,7 % Sources : Adaptation inspirée d’Apple, Google et Wireless Intelligence (figure 3a) et de Gartner 2012b (figure 3b). * Estimation. Figure 4 Marché mondial des services montant des recettes générées par les opérateurs de télécom- de télécommunications munications mobiles en 2010 (figure 4)5. Cela représente 1,600 environ 1,2 % du produit intérieur brut (PIB) total annuel et 1 400 56 % des recettes totales du secteur des télécommunications. $258 $272 $287 $301 $322 L’impact économique direct du secteur de la téléphonie 1 200 mobile varie par région. Alors que les recettes restent Milliards de dollars 1 000 constantes au taux de 1 % du PIB dans la majorité des 800 régions, l’impact direct du mobile est bien plus élevé dans $728 $758 $798 $848 $896 600 certaines régions en développement. Au Kenya par exemple, les transactions financières par le biais de la plateforme 400 M-PESA sont estimées à 20 % du PIB national (Banque 200 $384 $357 $334 $315 $301 mondiale 2010). 0 La plateforme M-PESA est un bon exemple du modèle 2008 2009 2010 2011* 2012** basé sur le concept d’écosystème d’applications mobiles au Fixe Mobile Données et internet service du développement. La phase initiale de mise au point de cette application pionnière de transfert électronique Source : Adaptation inspirée de l’IDATE. d’argent a mobilisé les efforts d’un donateur (UKaid/DFID) *Estimation. en collaboration avec un opérateur international (Vodafone), **Prévision. un opérateur local (Safaricom) et le Conseil kényan des TIC, un organisme public. À mesure que l’application gagnait du environnement propice à la collaboration des acteurs du terrain, il fallait disposer d’un réseau de quelque secteur et à la concurrence entre eux. Cela passe nécessai- 25 000 agents pour permettre aux utilisateurs d’effectuer des rement par la réforme de la réglementation qui régit des paiements et des transferts d’argent au moyen de leurs secteurs, tels que les services financiers, la santé et l’éducation. téléphones mobiles. Grâce à l’évolution de la plateforme, de Les gouvernements jouent aussi un rôle essentiel dans la nombreuses autres sociétés (des agences de voyages aux création des conditions nécessaires pour que les services de entreprises de produits pharmaceutiques en passant par les communications mobiles puissent prospérer : l’allocation de prestataires de services d’approvisionnement en eau) ont bandes de fréquence sans fil, le vote de lois absolument maintenant recours à M-PESA pour gérer les paiements. Cela importantes et le rôle de direction à jouer dans le a eu pour effet par ricochet de créer une demande de services sous-secteur du gouvernement mobile (m-gouvernement). fournis par une véritable petite armée de développeurs Le secteur du mobile est un acteur important des d’applications mobiles. L’entreprise Kopo Kopo, une start-up économies nationales. On estime à 798 milliards de dollars le pour laquelle le laboratoire mLab d’infoDev en Afrique de Résumé analytique 7 l’Est a servi d’incubateur, met à disposition un logiciel 2011 (figure 5a) (Gartner 2012b). C’est dire que le nombre de permettant d’effectuer des paiements entre opérateurs téléphones mobiles vendus en 2011 dépasse le nombre total mobiles, commerçants et intermédiaires. de PC installés (figure 5b). Les ventes de smartphones ont La révolution du mobile n’en est qu’à l’étape initiale de augmenté de 59 % en 2011, soit plus de 470 millions d’unités, son essor. Les appareils deviennent plus puissants et moins ce qui représente un téléphone mobile sur quatre. coûteux, mais la viabilité de l’économie des apps exige que Un nouvel appareil a fait son entrée sur le marché en avril soient réalisées des économies d’échelle. La thèse défendue 2010. L’iPad d’Apple qui se situe à la frontière entre les smart- par le rapport est que le moment est venu d’évaluer ce qui phones et les ordinateurs portatifs, a fait naître une nouvelle marche et d’évoluer vers la commercialisation, la repro- catégorie d’ordinateurs tablettes. Un peu plus de 14 millions duction et la généralisation des apps mobiles qui encouragent d’iPads ont été vendus en 2011. Le lancement de ce nouveau le développement. Jusqu’à une date récente, la majorité des produit a permis d’attirer de nouveaux concurrents sur le services qui utilisaient les terminaux mobiles pour des inter- marché des tablettes, ce qui devrait avoir pour effet de ventions liées au développement étaient basés sur la messa- rapprocher les ventes totales, toutes marques confondues, du gerie texte. La mise au point de smartphones peu coûteux et chiffre de 300 millions d’unités d’ici 2015. Les ventes totales de la généralisation des réseaux mobiles à haut débit trans- forment la palette d’applications possibles. Pour la première smartphones et d’ordinateurs tablettes ont été supérieures à fois, en 2011, les ventes de smartphones ont été supérieures celles des PC en 2011. En termes d’accès à l’internet, les aux ventes d’ordinateurs personnels (PC) dans le monde. perspectives sont nettement favorables pour un appareil plus Selon Gartner, les ventes mondiales de PC se sont chiffrées à portatif et plus commode que l’ordinateur personnel, les 353 millions en 2011 (Gartner 2012a). En supposant que le smartphones jouissant d’une croissance en popularité inégalée. remplacement des PC se fait chaque cinq ans6, on estime à De nombreuses difficultés pointent à l’horizon, 1,6 milliard le nombre de PC en cours d’utilisation dans le notamment la fragmentation qui naît de la présence de monde à la fin de 2011. En comparaison, 1,8 milliard de systèmes d’exploitation et de plateformes multiples. Il est téléphones mobiles ont été vendus au cours de la seule année cependant clair que nous avons entre les mains le facteur qui Figure 5 Ventes mondiales de téléphones portables et d’ordinateurs et appareils apparentés a. Téléphones portables b. PCs, smartphones et tablettes 2 000 30 1 000 1 800 900 25 1 600 800 1 400 700 20 1 200 600 Pourcentage Millions Millions 1 000 15 500 800 400 10 600 300 400 200 5 200 100 0 0 0 05 06 07 8 09 10 11 05 06 7 8 09 10 11 0 0 0 20 20 20 20 20 20 20 20 20 20 20 20 20 20 Année Année Ventes de téléphones portables % smartphones Tablettes Smartphones PC Source : Adaptation inspirée de Gartner Inc. Note : PC s’entend des ordinateurs personnels installés et portatifs, notamment les ordinateurs ultraportables, à l’exclusion des tablettes. 8 Information et communications au service du développement 2012 permettra de libérer la puissance de l’internet au profit du Le chapitre étudie également la taille et la nature de l’éco- développement. nomie du mobile et l’apparition de nouveaux acteurs dans l’écosystème du mobile. L’existence d’apps ou logiciels spéciaux sur des appareils portatifs qui communiquent avec Chapitre 1 : Pourquoi les téléphones des services de données basés sur l’internet signifie que le portables sont-ils désormais considérés problème le plus important auquel est confrontée la commu- indispensables ? nauté du développement aujourd’hui n’a plus trait à l’accès Le chapitre introductif du rapport présente un aperçu des de base aux téléphones portables, mais concerne ce qui peut principales tendances qui sous-tendent la structure et la être fait au moyen du téléphone. Au début de 2012, l’on transformation du secteur de la téléphonie mobile, ainsi que comptait que plus de 30 milliards d’apps ont été téléchargées l’impact de ces évolutions sur le développement. Le chapitre dans le monde, ce qui représente un paysage innovateur et examine l’évolution du téléphone portable qui passe du diversifié du mobile, potentiellement en mesure d’avoir un statut de simple canal de communication vocale à celui de impact énorme sur la vie des gens dans les pays développés canal d’échange de textes, de données et de vidéo par comme dans les pays en développement. Les possibilités sans l’internet. Grâce à la convergence des technologies, le cesse croissantes qui s’offrent aux petits développeurs de téléphone portable peut combiner les fonctions de porte- logiciels et aux collecteurs d’informations au niveau local feuille, d’appareil photo, de télévision, de réveil, de calcula- leur permettent de développer, inventer et adapter des apps trice, de carnet d’adresse, de calendrier, de gyroscope et pour répondre à leurs besoins individuels. Les utilisateurs d’appareil de navigation. Les tous derniers smartphones ne eux-mêmes deviennent des fournisseurs de contenu à font pas qu’investir l’espace jadis occupé par l’ordinateur, ils l’échelle mondiale. le réinventent en offrant bien plus encore en termes de Les générations les plus récentes de la téléphonie mobile services de téléphonie vocale et non vocale. sèment en effet les graines de la transformation sociale, Avec l’augmentation des volumes d’accès de par le monde politique et économique. Les agriculteurs en Afrique ont (figure 6), les pays en développement sont de plus en plus accès aux prix par le biais des messages textes, les mères mieux placés pour tirer parti des avantages qu’offrent les peuvent recevoir par téléphone des rapports médicaux sur communications mobiles. Le premier chapitre étudie les l’état d’avancement de leur grossesse, les travailleurs migrants implications de l’émergence des réseaux très haut débit dans peuvent faire des transferts d’argent sans passer par les les pays en développement et comment le lien entre opéra- banques. L’envoi de textes et l’affichage de messages sur teurs mobiles et utilisateurs se détend, à mesure que les Twitter font partie du vocabulaire moderne. sociétés spécialisées en informatique et dans le domaine de Les services mobiles permettent de créer des possibilités l’internet envahissent l’espace du mobile, sans compter qu’un sans précédent dans les domaines de l’emploi, de l’éducation nombre croissant de modèles de téléphones offrent désormais et des loisirs dans les pays en développement. Au-delà des la possibilité d’utiliser le Wi-Fi. exemples spécifiques, le présent chapitre vise à faire ressortir les grandes tendances qui structurent et redéfinissent la compréhension que nous avons du mot « mobile ». Figure 6 Abonnés au téléphone cellulaire par 100 habitants, par groupe de revenu Chapitre 2 : La révolution verte du mobile 140 Compte tenu de la prédominance des produits de base dans 120 118 les économies de nombreux pays en développement, le Nombre d’abonnés par 100 habitants Élevé 116 deuxième chapitre examine l’important domaine des applica- 100 tions mobiles conçues pour améliorer les revenus, la produc- tivité et les rendements dans le secteur agricole qui emploie 85 80 78 environ 40 % de la main d’œuvre et génère une proportion MONDE encore plus élevée des exportations de nombreux pays en 60 Moyen supérieur développement. 50 À ce jour, les appels téléphoniques et les messages SMS ont 40 Moyen inférieur 38 joué un rôle inestimable dans l’amélioration de l’efficacité des 20 12 petites exploitations agricoles. Par exemple, ils permettent Faible 11 d’obtenir des informations sur les prix en temps réel et d’amé- 0 3 liorer le flux d’informations sur toute la chaîne de valeur, 0,3 depuis les producteurs aux consommateurs en passant par les 1 02 03 04 05 06 7 8 9 0 11 0 0 0 0 1 20 20 20 20 20 20 20 20 20 20 20 grossistes et les vendeurs au détail. S’il ne fait pas de doute que Sources : Adaptation inspirée de l’UIT ; estimations de l’auteur. les fonctions de base du téléphone portable continueront Résumé analytique 9 Tableau 1 Solutions possibles grâce au mobile dans les domaines de l’alimentation et l’agriculture Amélioration de l’accès Plateforme de paiement mobile Élargissement de l’accès et de l’accessibilité aux services financiers* Système de micro-assurance économique de services financiers taillés sur Plateforme d’allocation de petits prêts mesure à des fins liées à l’agriculture Fourniture d’informations Plateforme d’information mobile Mise à disposition d’informations pertinentes agricoles Ligne verte dédiée aux agriculteurs pour les agriculteurs : techniques agricoles, prix des produits et prévision météorologique Amélioration de la Logistique intelligente Optimisation de la gestion de la chaîne de visibilité des données Système de traçabilité et de suivi l’offre dans le secteur et amélioration de pour l’efficacité de la Gestion mobile des réseaux de fournisseurs l’efficacité de la logistique de transport chaîne de l’offre Gestion mobile des réseaux de distribution Élargissement de l’accès Plateforme de commercialisation de produits agricoles Renforcement des liens entre les négociants aux marchés Plateforme d’appel d’offres concernant les produits agricoles en produits, les acheteurs et les vendeurs de Plateforme d’échange de produits agricoles par troc produits agricoles Source : Vodafone 2011. * Le rôle des services mobiles dans le domaine financier est examiné au chapitre 4. d’être importantes pour toucher le plus grand nombre des applications dans les pays en développement pour possible de personnes, il reste qu’en revanche la cible répondre au besoin d’information du secteur agricole. principale de la conception des applications change au rythme de l’évolution des technologies sous-jacentes (tableau 1). Chapitre 3 : Continuer à utiliser De nos jours, des services mobiles de plus en plus spécia- les tablettes — comment les appareils lisés remplissent des fonctions agricoles spécifiques, alors que portatifs concourent à transformer des images multimédias sont utilisées pour surmonter les la prestation de soins de santé obstacles posés par l’illettrisme et fournir, à des agriculteurs potentiellement peu au fait des technologies, des informa- Le chapitre 3 est consacré à l’examen de certains principes et tions complexes sur le climat, la lutte contre les parasites, les éléments caractéristiques clés de la santé mobile (m-santé) et pratiques culturales et les services de vulgarisation agricole. analyse comment les appareils mobiles contribuent à la trans- Ce chapitre analyse aussi les utilisations nouvelles faites des formation et au renforcement de la prestation de services de technologies satellitaires et de la télécommande, qui soins de santé primaires et secondaires dans les pays en permettent d’assurer la traçabilité des aliments, la détection développement. La santé mobile peut aider à réaliser des sensorielle, les comptes rendus en temps réel et les rapports économies et à fournir des soins de santé plus efficaces en de situation provenant du terrain. Le chapitre examine enfin employant des ressources relativement limitées ; elle accom- des exemples de services mobiles dans le secteur agricole pour pagne de plus en plus l’effort de concentration sur la en tirer des enseignements clés et donner des orientations sur prévention des maladies et la promotion de modes de vie sains. les voies et moyens de tirer parti des bons exemples. S’appuyant sur l’examen des interventions menées sur le En règle générale, les applications mobiles destinées à terrain au moyen d’apps de soins de santé, le chapitre tire des l’agriculture et au développement rural ne suivent pas de conclusions clés sur les voies et moyens par lesquels la modèle général. Elles sont habituellement conçues m-santé peut être mise en œuvre de la meilleure manière localement et pour des marchés-cibles bien précis, avec un possible pour répondre aux besoins des populations du contenu localisé spécifique à des langues, des types de monde en développement et identifier les obstacles à cultures agricoles et des méthodes agricoles. La conception d’applications à l’échelon local présente des possibilités surmonter pour ce faire. Quelques caractéristiques propres au intéressantes pour les développeurs locaux de contenu et secteur des soins de santé sont examinées pour en dégager les d’applications, mais peut faire obstacle aux économies implications pour des applications médicales dans des d’échelle qui pourraient être réalisées en passant des domaines tels que la vie privée et la confidentialité des programmes pilotes aux marchés grand public, ce qui patients, la prestation de soins de santé par le public et le pourrait entraver la généralisation d’applications et services privé, et ce qu’il faut pour rendre compte des situations nouveaux et prometteurs. d’urgence ou de crise en temps réel. L’on est loin d’avoir pris la pleine mesure des potentialités Les systèmes de soins de santé modernes ont atteint un énormes qu’offrent les smartphones et les tablettes en termes point de non retour : les consommateurs assument une part de services aux acteurs du secteur agricole. Il y a lieu d’ins- de responsabilité plus grande dans la gestion de leurs choix de crire en priorité la création d’un environnement favorable soins de santé. À cet égard, la téléphonie mobile pourrait susceptible de promouvoir le développement et l’utilisation contribuer à changer le centre de la prise de décision, le 10 Information et communications au service du développement 2012 Figure 7 Écosystème de la m-santé généralement engendré des produits et services novateurs dans les domaines de l’assurance, du crédit et de l’épargne. Le Pouvoirs publics transfert électronique d’argent s’internationalise aussi de plus Législateurs Santé en plus (encadré 2). Organes Système de santé Certains indices prêtent à penser que lorsque l’accès des de réglementation Agents de santé pauvres au mobile est porté à une plus grande échelle, cela Système juridique Chaînes d’approvisionnement Ministère en matériel médical leur permet d’utiliser le transfert électronique d’argent pour Patients améliorer leurs moyens de subsistance. Il reste toutefois que l’opinion des observateurs n’est pas unanime sur la mesure Applications Financement dans la quelle le vrai potentiel de croissance offert par les pour la m-santé de la santé systèmes de transfert électronique d’argent a été pleinement Prestation Secteur financier de services exploité. Les innovations, les plus anciennes comme les plus de m-santé Banques Technologie récentes, ne peuvent réussir que s’il existe une demande suffi- Compagnies d’assurance Développeurs sante de la part des consommateurs et des entreprises, une de logiciels Investisseurs privés Opérateurs de Plateformes Philanthropes variable qui fait défaut dans nombre de contextes. téléphonie mobile mobiles Donateurs Le secteur du transfert électronique d’argent se trouve à Fabricants Personnes individuelles l’intersection du système bancaire et des télécommunications, de téléphones Utilisateurs/ménages englobant un ensemble composite d’acteurs, notamment les opérateurs mobiles, les entreprises de services financiers et les entreprises d’implantation plus récente sur le marché (les Source : Qiang et al. 2012. entreprises spécialisées dans les cartes de paiement par exemple). Dans certains pays, les systèmes de transfert faisant passer des pouvoirs publics et institutions de santé électronique d’argent peuvent être assujettis à des règles et aux patients individuels. règlementations différentes et confrontés à des difficultés Le problème de fond qui se pose à la m-santé est d’interopérabilité, sans compter le choc des cultures entre les cependant l’établissement de modèles d’exploitation viables banques et les opérateurs mobiles, de sorte qu’il peut s’avérer qui pourront être reproduits et transposés à plus grande difficile de promouvoir les partenariats intersectoriels néces- échelle. Pour résoudre cette difficulté, il conviendrait peut- saires. Dans d’autres pays, des systèmes bien conçus qui être de commencer par bien définir les rôles des prestataires existent déjà livrent une rude concurrence au développement de soins de santé publics et des prestataires privés dans le des systèmes d’argent mobile. secteur de la santé (figure 7). Une autre difficulté importante Le chapitre évalue les avantages et l’impact potentiel de a trait à l’efficacité de suivi et évaluation des terminaux l’argent mobile, en particulier pour la promotion de mobiles dans le secteur de la santé au moment où des l’inclusion financière dans le monde en développement. Il programmes pilotes continuent de proliférer. présente un aperçu des principaux facteurs à la base de la croissance des services de transfert électronique d’argent, et Chapitre 4 : Transfert électronique analyse parallèlement quelques-unes des barrières et entraves d’argent qui s’opposent à leur déploiement. Enfin, le chapitre met le doigt sur de nouvelles questions auxquelles le secteur sera Ce chapitre est consacré à l’examen de l’importante question confronté au cours des années à venir. du transfert électronique d’argent en tant que plateforme générale et infrastructure fondamentale qui sous-tend les autres secteurs économiques. L’argent mobile a transformé Chapitre 5 : Acquérir un téléphone, trouver l’économie kényane au point où le paiement au moyen des un emploi, démarrer une entreprise terminaux mobiles représente à présent un cinquième du PIB du pays. L’impact de l’argent mobile s’étend à d’autres L’industrie mondiale du mobile est aujourd’hui une source domaines également, comme le montre son adoption dans les majeure d’opportunités d’emploi aussi bien du côté de l’offre secteurs du commerce, de l’assurance médicale, des banques que du côté de la demande. Dans ce secteur, les opportunités agricoles et de bien d’autres secteurs. Aujourd’hui, les possibi- d’emploi peuvent être catégorisées en emplois directs, lités qu’offrent les systèmes de paiement mobiles pour emplois indirects et emplois du côté de la demande. « bancariser les individus non bancarisés » et autonomiser les Cependant, il est difficile aujourd’hui d’évaluer la contri- pauvres par l’amélioration de l’accès aux financements et par bution du secteur des communications mobiles à l’emploi et la réduction des coûts de transaction suscitent un intérêt à l’entrepreneuriat parce que le téléphone portable, aussi croissant. Là où ils ont été mis en place, les systèmes d’argent simple qu’il puisse paraître, peut créer des opportunités mobile, notamment ceux qui ont déjà fait leurs preuves, ont d’emplois et en supprimer aussi parfois, en favorisant Résumé analytique 11 Encadré 2 Internationalisation du transfert électronique d’argent mobile Les transferts internationaux d’argent sont l’une des sources les plus importantes de financements extérieurs dans les pays en développement et servent souvent de bouée de sauvetage aux pauvres. Cela dit, le coût du transfert d’argent de l’étranger est généralement élevé et incertain. Par exemple, selon les données de la Banque mondiale, le prix à payer pour envoyer des fonds de la Tanzanie au Kenya était presque 10 fois celui à payer pour envoyer de l’argent du Royaume-Uni au Pakistan en 2011 (figure 2.1 dans l’encadré 2). La facilitation et l’amélioration de l’envoi international de fonds auront des impacts considérables au plan du développement, à l’instar des effets produits par des actions comparables au plan national. Les prix sont élevés pour les raisons suivantes : une infrastructure de systèmes de paiement insuffisamment développée, des cadres juridiques inadéquats, les difficultés rencontrées par de nombreux travailleurs migrants pour obtenir une pièce d’identification leur permettant d’accéder aux financements, ainsi que l’absence de transparence, de concurrence et de protection du consommateur. Le transfert électronique d’argent peut contribuer à dénouer cette situation, mais il faudra compter avec la contribution du cadre règlementaire et la création d’une infrastructure de systèmes de paiement appropriée. Encadré figure B.2.1 Comparaison des corridors de transfert d’argent les plus couteux avec les corridors les moins couteux Frais à payer pour l’envoi de 200 dollars 60 49,19 49,19 47,20 50 44,66 40 36,11 Dollars 30 20 10 4,40 5,15 5,99 6,33 6,40 0 a da ya ie ue h n es es n es ta ta nd mb pin pin en an biq kis kis lad wa K g Za ilip ilip am Pa Pa Ou i e– ng –R d– is– Ph Ph i– oz ie– Ba an ie Su Un M is– r– an un r– nz an d– ou du e- nz ou un Ta nz es um Su ap Ta ue ap Ta b es ng ra ya riq du ng ab a Si Ro Si Af ue ar ts ira riq ts ira Ém Af Ém Source : Banque mondiale (http://remittanceprices.worldbank.org). Note : Données du troisième trimestre 2011. l’efficacité et en faisant baisser les coûts liés aux transactions date récente ou reste à faire. Le chapitre analyse l’utilisation et à l’information. d’incubateurs d’entreprises spécialisés ou laboratoires Les récentes innovations rapides observées dans le secteur mobiles (m-labos ; voir l’encadré 3) pour appuyer les activités du mobile ont suscité des changements perturbateurs au plan des entreprises dans le secteur du mobile et des nouvelles des technologies et créé de l’incertitude. Cette transformation opportunités offertes dans des domaines comme l’économie contribue toutefois à faire baisser les obstacles à l’entrée sur le virtuelle (l’échange de biens et services qui n’existent qu’en marché, concourt à créer de nouvelles opportunités pour les ligne) ou le microtravail mobile (travail effectué à distance au petites et jeunes entreprises, ainsi que les entrepreneurs, les moyen d’un appareil mobile, sur des microtâches telles que le incitant à remplacer les anciens systèmes, à innover et à se catalogage d’images). développer. Le chapitre 5 présente certains mécanismes par lesquels le Ce chapitre formule également des suggestions sur secteur de la téléphonie mobile appuie l’entrepreneuriat et la comment appuyer l’entrepreneuriat et la création d’emplois création d’emplois. Certains de ces mécanismes partagent des dans le secteur de la téléphonie mobile. Dans une industrie similitudes avec des initiatives classiques de bailleurs de qui évolue aussi rapidement, comme c’est le cas du mobile fonds, tandis que de nombreux autres sont des idées aujourd’hui, il est crucial d’adapter l’appui aux situations nouvelles pour lesquelles la « validation de principe » est de locales et d’évaluer régulièrement l’impact. 12 Information et communications au service du développement 2012 Encadré 3 Les m-labos et m-pôles d’infoDev En réponse à la demande d’entrepreneurs locaux de services mobiles, le programme infoDev du Groupe de la Banque mondiale, en collaboration avec le Gouvernement de la Finlande et de Nokia, a mis en place un réseau de cinq labora- toires d'applications mobiles (m-labos) et huit pôles de réseaux sociaux mobiles (m-pôles). En Arménie, en Azerbaïdjan, en Géorgie, au Kenya, en Moldavie, au Népal, au Pakistan, en Afrique du Sud, en Tanzanie, en Ouganda et au Vietnam, les m-labos et les m-pôles facilitent une innovation mue par la demande des entrepreneurs de base, de manière que des avancées technologiques à faible coût et des applications à valeur élevée puissent être développées. Chaque m-labo est un espace physique technologiquement neutre doté d’installations lui permettant de mener des tests pour développer les compétences techniques et les aptitudes entrepreneuriales nécessaires pour concevoir des solutions de services mobiles susceptibles de devenir des entreprises prospères qui s’attaquent aux problèmes liés aux besoins sociaux. En plus de mettre à disposition des équipements de pointe, les laboratoires organisent des formations techniques et ateliers, et mettent en relation les développeurs et entrepreneurs avec des investisseurs potentiels, des experts et des dirigeants du secteur public. Les laboratoires sont complétés par huit m-pôles qui se chargent de réunir divers groupes d’acteurs de l’industrie des services mobiles ; ils donnent des conseils, font du mentorat, organisent des concours d’idées et de développement de produits, et facilitent l’accès aux investisseurs dans le cadre d’événements et conférences informels. Les m-labos et m-hubs sont gérés et utilisés par des groupes locaux œuvrant à accroître la compétitivité des entreprises au plan du contenu et des applications mobiles ; ils font partie d’un programme élargi d’innovation dans le secteur, à l’effet de développer des talents et de promouvoir des entreprises promises au succès et à un potentiel de croissance certain. Sources : Exemples d’activités de m-labos et m-pôles sur les sites : mlab.co.ke, mlab.co.za, mobilenepal.net, akirachix.com. Tableau 2 Types de m-gouvernements m-gouvernement Compléter Accroître Innover Définition Les outils mobiles viennent compléter Les outils mobiles permettent Les outils mobiles servent à développer les services et processus d’acheminer les services conventionnels de nouveaux services liés à la prestation d’e-gouvernement qui existent déjà. vers les groupes précédemment non de services et à la gouvernance. desservis ou insuffisamment desservis. Exemple La République de Corée qui dispose de Au Bangladesh, la ligne téléphonique En République démocratique du Congo, services étendus d’e-gouvernement dédiée à la santé (Health Line) fournit les appareils mobiles permettent aux a ajouté des portails sans fil et des des conseils médicaux aux citoyens citoyens de participer à la préparation de interfaces aux e-services (comme les au moyen d’une permanence budgets, en s’exprimant par vote sur le titres de transport, les renouvelle- téléphonique, ce qui contribue à réduire mode de dépense du budget local.c ments et les confirmations).a le temps de voyage et d’attente dans les formations sanitaires.b Opportunités Les appareils mobiles qui sont plus La généralisation des appareils mobiles Mis ensemble, l’innovation technologique répandus que les ordinateurs permet d’acheminer les services et les processus des services publics classiques permettent à plus de conventionnels vers les citoyens contribuent à créer de nouvelles opportu- citoyens d’avoir accès aux e-services précédemment exclus, notamment les nités permettant aux citoyens d’établir le existants. pauvres, les populations rurales et les dialogue avec les pouvoirs publics et les personnes handicapées. tenir comptables de leurs actions. Limites L’on est encore loin d’avoir tiré le Les avantages sont limités par la L’étendue de l’innovation dépend des meilleur parti possible des capacités conception et la nature des services contraintes locales aux plans économique, offertes par les appareils mobiles (par conventionnels et des institutions ; ils politique et du manque de capacités ; exemple, la localisation, les appareils ne contribuent pas nécessairement à plus de temps peut s’avérer nécessaire photos intégrés) ; on s’en tient aux améliorer la relation entre les pouvoirs pour le déploiement. services e-gouvernement existants. publics et le citoyen. Implications Marginales : ont trait à la capacité de Modérées à significatives : les capacités Significatives : besoin de modifier les pour les pouvoirs fournir des services « physiques » de l’État doivent augmenter pour que les processus de l’administration publique, publics connexes à l’endroit et au moment services couvrent tous les citoyens ; cela établissement de capacités de réplique. voulus. peut nécessiter la réorganisation des processus. Source : Auteurs. a. http://www.futuregov.asia/articles/2011/mar/21/korean-city-opens-mobile-app-centre/. b. http://healthmarketinnovations.org/program/healthline-bangladesh. c. http://wbi.worldbank.org/wbi/news/2012/02/17/mobile-enhanced-participatory-budgeting-drc. Résumé analytique 13 Chapitre 6 : Utiliser la téléphonie adoptant la démarche du haut vers le bas seraient préférables, pour rapprocher davantage pouvoirs étant donné qu’elles peuvent contribuer à réduire les coûts publics et citoyens liés à la conception, au déploiement et aux apps d’exploi- tation ; à consolider la demande de services de communi- Dans la sphère publique, les téléphones portables servent à cation au sein de l’administration publique, éliminant du fournir des services améliorés et à assurer plus de transpa- coup les doubles emplois ; et à prendre en compte des actions rence et de responsabilité. Aujourd’hui, les gouvernements commencent à faire leurs les possibilités offertes par les ciblées pour renforcer les capacités et les compétences. téléphones mobiles, à l’effet de mettre les services publics Les pratiques optimales émergentes donnent à penser que littéralement dans la poche de chaque citoyen, de créer des tout gouvernement envisageant d’exploiter les possibilités services interactifs et de promouvoir une gouvernance inhérentes au m-gouvernement doit s’appliquer à favoriser la responsable et transparente. transformation technologique et à renforcer les capacités Le chapitre 6 procède au recensement d’une gamme institutionnelles nécessaires pour répondre aux demandes des d’utilisations possibles des téléphones portables dans citoyens. Les pouvoirs publics envisageant d’adopter les l’administration publique (m-gouvernement) qui viennent appareils mobiles pour être attentifs au citoyen, responsables compléter les services actuels, en élargir l’usage et créer des et transparents, doivent garder à l’esprit que ce processus ne services connexes (tableau 2). La dimension révolutionnaire sera couronné de succès et ne transformera véritablement la du m-gouvernement procède de la possibilité de rendre relation entre les autorités et le citoyen que lorsque les l’administration publique disponible pour tout individu à pouvoirs publics auront pris en compte les deux éléments tout moment et n’importe où. Le chapitre donne aussi une suivants : « mobile » et « gouvernement ». série d’exemples de m-gouvernement tirés de diverses régions du monde et toute une gamme de pratiques Chapitre 7 : Poursuivre l’expansion optimales et de recommandations. Il montre comment les et promouvoir l’adoption des services pays peuvent jouer un rôle constructif dans le renforcement mobiles à large bande de la viabilité à long terme et la généralisation, tout en portant au maximum l’impact des programmes de Le chapitre 7 fait une distinction entre les actions à mener du m-gouvernement. côté de l’offre (qui vise à promouvoir l’expansion des réseaux Une importante conclusion à tirer est que des méthodes sans fil à large bande) et celles à entreprendre du côté de la d’approche ponctuelles et procédant du bas vers le haut en demande (qui vise à promouvoir l’adoption de services sans matière de m-gouvernement peuvent mettre à mal les fil à large bande) dans l’écosystème des services mobiles à économies d’échelle. Les méthodes d’approche coordonnées large bande. Figure 8 Outil d’analyse du secteur de la téléphonie mobile : Indicateurs et catégories 6 indicateurs 3 catégories Pourcentage de la population couverte 1 par la téléphonie cellulaire mobile 1. UNIVERSALITÉ Tarification de la téléphonie cellulaire mobile exprimée 2 en pourcentage du revenu par habitant Nombre d’abonnés au téléphone mobile par 100 personnes 3 (plafonné à 100) 2. OFFRE Ratio d’abonnés au mobile à haut débit rapporté 4 au nombre total d’abonnés au mobile 5 Proportion de ménages possédant un téléphone mobile 3. DEMANDE Proportion de personnes utilisant l’internet 6 à partir du téléphone mobile Source : Auteurs. 14 Information et communications au service du développement 2012 Figure 9 Schéma synthétique des éléments constitutifs de l’outil d’analyse du secteur du mobile 1,00 0,64 0,72 0,75 0,63 Chiffres 0,58 0,49 globaux 0,50 0,40 0,25 0 2005 2010 0,99 0,99 0,95 0,92 1,00 0,88 0,83 0,75 0,62 0,55 0,47 0,50 0,44 0,46 0,45 0,40 0,50 0,28 0,29 0,25 0,18 0,20 0 2005 2010 2005 2010 2005 2010 Universalité Offre Demande 98 99 94 99 99 95 93 99 100 88 91 91 88 83 93 88 83 84 82 81 74 75 55 56 50 40 35 25 25 17 12 7 3 10 5 4 1 0 5 1 0 2005 2010 2005 2010 2005 2010 2005 2010 2005 2010 2005 2010 Couverture Accessibilité financière Abonnements Bande large Ménages Internet Revenu élevé Monde Revenu faible et revenu intermédiaire Source : Analyse des auteurs. Note : Les chiffres figurant au sommet du schéma sont basés sur la moyenne des trois éléments constitutifs de l’outil d’analyse du secteur. Les politiques envisagées du côté de l’offre ont pour but de • Freiner la thésaurisation de fréquences, une pratique qui lever les goulets d’étranglement et de répondre aux peut créer des distorsions au niveau des conditions qui défaillances du marché, qui limitent l’expansion des réseaux entourent la concurrence sur le marché et justifient l’incitation à évoluer vers une couverture plus large en haut débit sans fil. Le chapitre passe en revue les • Encourager le développement de réseaux nationaux à large recommandations stratégiques suivantes relatives à l’offre : bande • Accroître la disponibilité de fréquences de qualité pour • Encourager le partage d’infrastructures et de fréquences un déploiement optimal des réseaux à large bande sans fil Les actions envisagées du côté de la demande visent à • Supprimer les restrictions technologiques ou de services stimuler le rythme d’adoption des services à large bande sans sur les bandes de fréquence fil en levant les obstacles qui s’y opposent, en encourageant le • Se concentrer sur l’expansion de la couverture des réseaux développement de services et d’applications haut débit plutôt que sur les avantages à tirer des enchères de bandes innovateurs et en orientant la demande émanant des utilisa- de fréquence teurs vers les services mobiles à large bande. Le chapitre • Exiger la transparence dans la gestion du trafic et préserver examine les recommandations stratégiques suivantes relatives la concurrence à la demande : Résumé analytique 15 • Améliorer la disponibilité et l’accessibilité économique des 2. Les informations sur l’iPhone ont été adaptées à partir des appareils utilisant la large bande rapports annuels d’Apple, http://investor.apple.com/sec .cfm#filings. • Accroître l’accessibilité économique des services haut débit 3. “Apple Inc, 2011 10-K Annual Report,� filed Oct 26, 2011, • Encourager le développement de services et applications http://files.shareholder.com/downloads/AAPL/1664072048x0x haut débit S1193125-11-282113/320193/filing.pdf. 4. “Nokia and Microsoft Announce Plans for a Broad Strategic Le chapitre s’achève sur la conclusion que les mesures Partnership to Build a New Global Ecosystem.� Nokia Stock stratégiques appropriées passent nécessairement par la prise Exchange Release, February 11, 2011. en compte de l’offre et de la demande d’écosystèmes de 5. http://blog.idate.fr/?p=133. services mobiles haut débit. Les décideurs doivent évaluer les 6. http://www.c-i-a.com/methodology.htm#computeruse. conditions du marché local avant de mettre en application des mesures spécifiques visant à résoudre les goulets d’étran- glement ou les défaillances du marché. Les insuffisances les Références plus courantes du côté de l'offre sont le manque de bandes de fréquence et de réseaux principaux de qualité. Du côté de Gartner Inc. 2012a. “Gartner Says Worldwide PC Shipments in Fourth Quarter of 2011 Declined 1.4 Percent; Year-End la demande, les principales contraintes ont trait à l’accessi- Shipments Increased 0.5 Percent.� HYPERLINK bilité économique des appareils portatifs et des services haut “http://www.gartner.com/it/page.jsp?id=1893523� débit, ainsi que l’absence d’applications et de contenus http://www.gartner.com/it/page.jsp?id=1893523. locaux. En dernière analyse, les décideurs doivent déterminer ———. 2012b. “Gartner Says Worldwide Smartphone Sales Soared quelles actions stratégiques adopter et comment les mettre in Fourth Quarter of 2011 with 47 Per Cent Growth.� en œuvre, ce en fonction des situations nationales et de l’effi- http://www.gartner.com/it/page.jsp?id=1924314. cacité potentielle des mesures envisagées pour la diffusion à IEG (Independent Evaluation Group). 2011. Capturing Technology haut débit dans le contexte de chaque pays. for Development: An Evaluation of World Bank Group Activities in Information and Communication Technologies. Washington, Groupe indépendant d'évaluation, Groupe de la Banque Annexes mondiale. Les Tableaux de données nationales qui figurent en annexe à ce Paul, I. 2012. “Android Market Tops 400,000 Apps.� PC World rapport présentent des données comparatives sur 152 pays (January 4). http://www.pcworld.com/article/247247/android_ ayant une population supérieure à un million d’habitants et market_ tops_400000_apps.html. des données synthétiques concernant d'autres pays. Des Qiang, C. Z., M. Yamamichi, V. Hausman, R. Miller, and D. Altman. tableaux faciles à consulter sont dédiés principalement au 2012. “Mobile Applications for the Health Sector.� ICT Sector secteur de la téléphonie mobile. Le rapport est complété par Unit, World Bank, Washington, DC. http://sitere la publication annuelle de la Banque mondiale intitulée Little sources.worldbank.org/INFORMATIONANDCOMMUNIC ATIONANDTECHNOLOGIES/Resources/mHealth_report_ Data Book on Information and Communications Technology (Apr_2012).pdf. qui présente une gamme plus large de données sur les TIC. Vodafone. 2011. “Connected Agriculture: The Role of Mobile in L’annexe statistique examine les principales tendances qui Driving Efficiency and Sustainability in the Food and concourent à la structure du secteur et présente un nouvel Agriculture Value Chain.� http://www.vodafone.com/content/ outil analytique (figures 8 et 9) destiné à suivre le progrès des dam/vodafone/about/sustainability/2011/pdf/connected_agric économies à différents niveaux de leur évolution en termes ul ture.pdf. d’élargissement de l’accès, d’amélioration de l’offre et de World Bank. 2010. “At the Tipping Point? The Implications of renforcement de la demande de services mobiles. Kenya’s ICT Revolution.� Rapport sur l'évolution récente de la situation économique du Kenya, 3e édition, Washington, (décembre).http://siteresources.worldbank.org/KENYAEXTN/ Notes Resources/KEU-Dec_2010_Powerpoint.pdf. 1. Research in Motion Reports Third Quarter Results. Press ——— 2012. Little Data Book on Information and Communication release. December 16, 2010. http://press.rim.com/ financial/. Technology 2012. Washington, Banque mondiale. 16 Information et communications au service du développement 2012 Les auteurs Maja Andjelkovic, étudiante en doctorat à Oxford University Soong Sup Lee, chargé de l’information senior, Groupe de Internet Institute. gestion des données sur l’économie du développement, Banque mondiale. Kevin Donovan, chargé de recherche au programme infoDev de la Banque mondiale. Samia Melhem, présidente du Groupe thématique de la Banque mondiale sur l’e-développement. Neil Fantom, chef, Groupe de gestion des données sur l’économie du développement, Banque mondiale. Michael Minges, consultant indépendant, conseil aux gouver- nements et au secteur privé sur les questions liées aux TIC Nicolas Friederici, consultant, programme infoDev de la dans les pays en développement. Banque mondiale. Victor Mulas, spécialiste en politiques des TIC, Unité de la Naomi J. Halewood, spécialiste en politiques des TIC, Unité Banque mondiale chargée du secteur des TIC. de la Banque mondiale chargée du secteur des TIC. William Prince, chargé de l’information senior, Groupe de Carol Hullin, spécialiste en informatique de la santé, Banque gestion des données sur l’économie du développement, mondiale. Banque mondiale. Saori Imaizumi, consultante, équipe Éducation de la Banque Siddhartha Raja, spécialiste en politiques, Unité de la Banque mondiale, Région Asie du Sud. mondiale chargée du secteur des TIC. Tim Kelly, a dirigé la recherche et la rédaction du présent Priya Surya, consultante en technologie, Unité de la Banque rapport, spécialiste principal en politiques des TIC, a mondiale chargée des questions relatives aux moyens de collaboré avec l’Unité secteur des TIC et le programme subsistance en milieu rural en Asie du Sud. infoDev de la Banque mondiale. Masatake Yamamichi, consultant, Unité de la Banque Buyant Erdene Khaltarkhuu, analyste en statistique, Groupe mondiale chargée du secteur des TIC. de gestion des données sur l’économie du développement, Banque mondiale. Kaoru Kimura, analyste des opérations, Unité de la Banque mondiale chargée du secteur des TIC. Résumé analytique 17 A vec quelque six millions d’abonnements actifs dans le monde aujourd’hui, ce sont environ trois quarts de l’humanité qui ont désormais accès au téléphone mobile. Les téléphones mobiles constituent sans doute la technologie moderne la plus répandue : dans certains pays en développement, l’on compte un nombre plus élevé de personnes ayant accès à un téléphone portable qu’à l’eau potable, à un compte bancaire ou même à l’électricité. Les systèmes de communications mobiles présentent des possibilités énormes de faire avancer le développement humain, à commencer par l’élargissement de l’accès de base à l’éducation ou aux informations sanitaires, en passant par les paiements en espèces et l’incitation du citoyen à s’engager dans les processus démocratiques. Le rapport Information et communications au service du développement, 2012 : Exploiter au maximum la téléphonie mobile analyse la croissance et l’évolution de la téléphonie mobile, ainsi que la montée en puissance des services basés sur les données acheminés vers les appareils portatifs par le biais des « apps » (applications) et par d’autres moyens. Le rapport propose une synthèse de la réflexion actuelle et tente d’enrichir le débat sur l’utilisation du téléphone mobile pour améliorer les moyens de subsistance, ce en examinant notamment des applications clés basées sur l’écosystème de la téléphonie mobile dans les domaines de l’agriculture, de la santé, des services financiers, de l’emploi et de l’administration publique. Consacrant des chapitres entiers à chacun de ces domaines, le rapport analyse les conséquences qu’aura l’économie naissante des apps sur le développement. Le téléphone lui-même n’est plus le sujet qui anime les conversations dans le monde. Ce qui retient l’attention, c’est la manière dont il est utilisé, ainsi que le contenu et les applications auxquels le téléphone mobile permet d’accéder. Stimulés par les réseaux haut débit, l’action des réseaux sociaux, les techniques de crowdsourcing et l’innovation, ces apps et mash-ups de services permettent aux téléphones portables de transformer la vie des gens aussi bien dans les pays développés que dans les pays en développement. Ils sont bénéfiques non seulement pour les utilisateurs individuels, mais aussi pour le développement économique en général, grâce aux répercussions positives qu’ils ont sur la croissance, l’entrepreneuriat et la productivité. Les communications mobiles sont promises à avoir un plus grand impact que de permettre simplement aux pays en développement de faire entendre leurs voix. En déclenchant les changements irréversibles que le téléphone permet de réaliser, ces systèmes donnent aux gens les moyens d’opérer des choix et prendre des décisions par eux-mêmes. D ocument homogène et convainquant sur les applications mobiles au service du développement, ce rapport présente les perspectives de multiples acteurs différents. Il est une précieuse contribution au travail des spécialistes, des donateurs et d’autres acteurs qui tentent de comprendre ce secteur particulièrement intéressant. —Heather Thorne, Vice-présidente, Information Solutions, Grameen Foundation C e nouveau rapport de la Banque mondiale et d’infoDev, qui consacre des chapitres à l’agriculture, à la santé, aux services financiers et à l’administration publique, présente une analyse exhaustive de la manière dont les téléphones mobiles ont été utilisés pour promouvoir le développement économique et social, et des possibilités qu’ils offrent à l’avenir. Rob Frieden, Professeur titulaire de chaire, Télécommunications et droit, Penn State University — Korean Trust Fund Banque mondiale SKU 32690