Ir De l' ÉVIDENCE empirique "à la formulation de PO)LITI Q U ES THE WORLD BANK Identification des méthodes qui fonctionnent, pour des programmes et politiques plus efficaces Janvier 2015 BANGLADESH : Des Transferts Monétaires Conditionnels Peuvent-ils Améliorer la Nutrition ? - - On sait que les programmes de transferts monétaires conditionnels ces programmes de manière à en maximiser l'impact, et savoir si utiliser :===Mo peuvent inciter les familles pauvres à utiliser les services de santé et à des paiements électroniques peut diminuer les coûts administratifs, envoyer leurs enfants à l'école. Partout dans le monde, de tels programmes améliorer la transparence et permettre aux femmes d'exercer davantage contribuent à rompre de contrôle sur les finances familiales. l'engrenage de la pauvreté Les responsables politiques et les groupes de développement sont à en promouvant l'éducation la recherche de méthodes innovantes pour réaliser des programmes de et en améliorant l'état de transferts monétaires et avoir un impact là où le besoin s'en ressent. Au santé des populations les Bangladesh, des chercheurs de la Banque mondiale ont travaillé de pair plus vulnérables. On en avec le gouvernement sur l'évaluation d'un programme expérimental sait beaucoup moins sur la de protection sociale, qui donnait de l'argent à des familles à condition meilleure façon de structurer que leurs enfants aillent à l'école primaire, que la croissance des jeunes les transferts monétaires enfants soit suivie tous les mois, et que les mères se rendent à des réunions afin d'améliorer la nutrition mensuelles sur la nutrition. L'argent était versé aux mères par le biais de des jeunes enfants certains programmes incluent maintenant des cartes de paiement électroniques. Si le programme n'a pas eu d'impact réunions régulières pour les mères de famille, pour renforcer leurs sur l'assiduité scolaire, il a largement accru la consommation de protéines connaissances en matière d'alimentation nutritive et d'importance et d'autres aliments à haute valeur nutritive, et a diminué la cachexie. d'une telle alimentation. Tandis que les pays s'efforcent de développer Étant donné ces résultats, le volet nutrition du programme est en des programmes de protection sociale durables et efficaces, il est train d'être déployé à plus grande échelle à travers le Bangladesh important de savoir ce que les programmes de transferts monétaires avec l'aide de la Banque mondiale : 600 000 des ménages les plus conditionnels offrent comme possibilités, pour mettre en place des filets pauvres devraient profiter du programme, ce qui ferait 2,7 millions de sécurité utiles. Pour cela, il faut notamment apprendre à structurer de bénéficiaires potentiels. Au cours de la dernière décennie, le Bangladesh a réduit de près Les mères de familles pauvres ayant des enfants de 3 ans ou moins d'un tiers le pourcentage de familles pauvres, qui est désormais recevaient 400 taka (environ 5 $) par mois, à condition d'assurer un sui- de 30 pour cent, mais il n'a pas aussi bien réussi à diminuer les vi mensuel de la croissance de leurs enfants et de se rendre à des réunions taux de cachexie et de retard de croissance chez les enfants. Le mensuelles portant sur le thème de la nutrition. Les mères de familles taux de malnutrition au Bangladesh est l'un des les plus élevés du pauvres ayant des enfants entre 6 et 15 ans recevaient le même montant, monde : 41 pour cent des enfants de moins de 5 ans présentent à condition que leurs enfants assistent à au moins 80 pour cent des cours un retard de croissance. De plus, près de cinq millions d'enfants d'école primaire. Le montant versé était fixé indépendamment du nom- ne sont pas scolarisés. bre d'enfants, et les familles ne pouvaient pas recevoir plus de 800 taka En janvier 2012, le gouvernement a commencé à tester un par mois. Le programme a débuté en avril 2012 et s'est déroulé jusqu'en nouveau programme de transferts monétaires conditionnels appelé décembre 2013, et les paiements étaient effectués tous les deux mois. Shombhob, qui signifie « possible » en Bangla. Ce programme a Le programme a eu recours à des transferts électroniques plutôt été mis en place à Jaldhaka et Hatibandha, deux zones rurales de qu'à des distributions directes d'espèces. Non seulement les paiements la division de Rangpur, la région la plus pauvre du pays, ainsi que électroniques aident à intégrer les gens au système financier, mais ils dans les bidonvilles de Narayanganj. permettent de vérifier que l'argent parvient au bénéficiaire légitime, et en plus de cela, ils permettent aux femmes de contrôler davantage Plus de 37 000 familles ont postulé au programme et 15 952 ont les finances de la famille. Les mères ont reçu des cartes de paiement été sélectionnées parmi les plus pauvres, à l'aide d'un indice de pauvreté leur permettant d'accéder à leur compte à la poste du Bangladesh. Elles calculé notamment à partir de données sur les biens, l'accès à différentes pouvaient soit se rendre au bureau de poste le plus proche, soit attendre ressources et les caractéristiques démographiques des ménages. La liste : = et retirer de l'argent auprès de machines mobiles Point-of-Sales, apportées des familles sélectionnées a ensuite été validée par les responsables lors de certains jours fixés à l'avance. Le programme devait payer à la locaux, qui ont aussi aidé à expliquer le programme aux familles ciblées. S poste une commission sur les retraits-égale au plus haut montant entre En définitive, 14 125 ménages ont bénéficié du programme. un pour cent du montant retiré et 10 taka. CIOOOOMÉvaluation Deux des trois régions pilotes ont été évaluées : Jaldhaka et à l'école primaire et celles ayant des enfants dans les deux catégories Narayanganj. Une enquête a d'abord été réalisée auprès des 44 590 précédentes. Les chercheurs ont combiné une méthode de régression ménages de ces deux régions. Lenquête a été conçue de manière à par discontinuité avec une méthode de doubles différences pour mesurer la pauvreté des ménages par le biais d'un proxy means test comparer la situation relative des familles éligibles par rapport aux (algorithme d'évaluation des ressources). Les ménages ayant un participantes juste en dessous du seuil de sélection avec la situation indice de pauvreté au dessus du 50e centile ont été exclus, car ils des familles situées juste au dessus du seuil de sélection, qui étaient étaient peu susceptibles de bénéficier du programme de transferts presque éligibles mais n'ont pas bénéficié du programme. Les mêmes monétaires. Les ménages sous le 25e centile étaient considérés ménages ont été interviewés lors de l'enquête de suivi réalisée en mai- comme des bénéficiaires potentiels, et ceux situés entre le 25e et juin 2013, environ 13 mois après le premier transfert Shombhob. le 50e centiles étaient considérés comme de potentiels ménages En tout, 2718 ménages ont été inclus dans l'analyse. Les données témoin. Un échantillon aléatoire de 3000 ménages a ensuite été issues de Narayanganj ont été exclues de l'évaluation d'impact, car interviewé, de manière à ce que les trois groupes ciblés par les cette zone présente un taux de migration élevé, caractéristique des transferts monétaires soient représentés : les familles ayant des bidonvilles urbains, et les chercheurs ont eu du mal à y retrouver enfants de moins de trois ans, celles ayant des enfants en âge d'aller presque 30 pour cent des ménages de l'enquête initiale. Résultats Le programme a réussi à améliorer la nutrition des jeunes chronique et sont identifiés à partir du rapport taille/âge. L'absence enfants : les cas de cachexie ont diminué de 40 pour cent. d'impact sur les cas de retard de croissance indique peut-être qu'il faudrait des programmes de plus longue durée pour lutter contre Chez les enfants âgés de 10 à 22 mois au moment de l'inscription la malnutrition chronique. au programme, les cas de cachexie ont diminué de 12,5 points de pourcentage. Ceci correspond à une diminution de 40 pour Dans l'ensemble, les familles bénéficiaires de transferts cent du nombre d'enfants souffrant de cachexie, le rapport poids/ monétaires ont dépensé davantage en aliments sains et taille étant ici utilisé pour mesurer l'état nutritionnel des enfants. riches en protéines, comme les oeufs, la viande, le poisson Il n'y a pas eu de tel impact chez les enfants âgés de 22 à 46 mois et les haricots, par rapport à des familles similaires ne au moment de l'inscription au programme, peut-être parce que participant pas au programme. les programmes de nutrition sont surtout efficaces chez les enfants de moins de deux ans. Il n'y a pas non plus eu de diminution des Les transferts ont aidé les familles à accroître leurs dépenses, à cas de retard de croissance, qui sont le reflet d'une malnutrition hauteur de 70 pour cent du montant reçu, et près de 90 pour cent Cette note s'appuie sur le rapport « Can Conditional Cash Transfers Improve Education and Nutrition outcomes for Poor Children in Bangladesh? Evidence from a Pilot Project » (Des transferts monétaires conditionnels peuvent-ils améliorer l'éducation et la nutrition des enfants pauvres au Bangladesh ? Données issues d'un projet pilote), Celine Ferre, Iffath Sharif , 1er juin 2014, https://openknowledge.worldbank.om/handle/1 0986/20511 de ces nouvelles dépenses ont été consacrées à de la nourriture. programme national de transferts monétaires liés à la scolarisation De plus, les familles ont acheté des aliments nutritifs et riches et à l'assiduité scolaire. en protéines. Les mères participant au groupe de nutrition ont dépensé 174 taka de plus par mois en aliments riches en protéines- Le système flexible et mobile de paiement électronique sur un transfert moyen total de 542 taka par mois-par rapport aux utilisé par le programme était efficace et transparent ; il mères de familles similaires qui n'ont pas bénéficié des avantages du a réduit le temps de déplacement des mères de familles programme. Les dépenses en aliments riches en protéines ont été pauvres et leur a facilité la tâche pour récupérer leur encore plus élevées chez les mères assistant aux réunions mensuelles argent. sur la nutrition, de 56 taka environ, par rapport aux mères ayant reçu des transferts monétaires à condition que leurs enfants aillent En tout, Shombhob a versé environ 1,78 millions de dollars US à à l'école primaire. plus de 14 000 familles sur une période de 13 mois, ce qui tient compte des coûts administratifs. Les coûts administratifs de mise Le programme a également renforcé les connaissances en oeuvre du programme se sont avérés être d'environ 1,40 $ US concernant l'importance de l'allaitement. par mois et par enfant, ce qui est plutôt peu pour un programme de transferts monétaires conditionnels mis en œuvre dans des zones Afin d'aider les mères de famille à en savoir plus sur la nutrition en grande partie rurales. et la santé infantiles, les mères de jeunes enfants devaient assister à des séances mensuelles d'aide à la nutrition, portant sur la manière de s'occuper et de nourrir des enfants. Elles devaient également amener leurs enfants à des sessions mensuelles de suivi de leur croissance, au cours desquelles les enfants étaient pesés, mesurés, et leurs mensurations inscrites sur des courbes que les mères ramenaient chez elles. Ceci a entraîné une augmentation-de 83,1 à 89,4 pour cent- du nombre de mères qui savent que les bébés doivent être exclusivement nourris au sein jusqu'à six mois. Cependant, le programme n'a pas amélioré l'assiduité scolaire ou augmenté les inscriptions à l'école. Comme le programme a démarré après le début de la nouvelle année scolaire, les chercheurs savaient qu'il était trop tard pour rehausser le taux d'inscription, mais ils espéraient voir l'assiduité s'améliorer. Cela n'a pas été le cas, ce qui ne concorde Le programme a ciblé les bonnes personnes et a bénéficié pas avec les résultats de programmes similaires de transferts aux familles les plus vulnérables. monétaires à travers le monde. Les chercheurs ont mis en évidence plusieurs raisons potentielles expliquant cette absence d'impact. Les enquêtes ont montré que les bénéficiaires étaient effectivement Les enfants devaient se rendre à l'école primaire au moins 80 pour plus pauvres que les non bénéficiaires, et que les familles candidates cent du temps, mais les responsables du programme avaient du acceptées par le programme étaient plus pauvres que celles refusées, mal à recueillir des données sur leur assiduité, à cause du grand au vu de leur indice de pauvreté. Cependant, les chercheurs ont nombre d'écoles impliquées. De plus, les transferts monétaires ont eu du mal à suivre de nombreuses familles entre l'enquête initiale été alloués indépendamment de l'assiduité pendant les inondations et l'enquête finale-notamment les familles vulnérables habitant de septembre-octobre 2012. Ceci a peut-être troublé les parents des bidonvilles, qui font partie des familles les plus pauvres. Ceci quant à la nécessité d'envoyer leurs enfants à l'école pour recevoir montre que même des programmes bien gérés peuvent rencontrer les transferts. Il est également possible que l'argent n'ait pas été des difficultés lorsque les familles pauvres ne peuvent pas rester au suffisant pour inciter des changements, sachant qu'il existe déjà un même endroit. Condlusion Shombhob a amélioré le niveau de vie des ménages extrêmement les conditions exigées pour recevoir l'argent, à être identifiées pauvres et la nutrition des jeunes enfants-une grande réussite qui comme bénéficiaires ou à recevoir des paiements. Tandis que les souligne la capacité de programmes comme Shombhob à subvenir chercheurs continuent à explorer différentes façons d'aider les aux besoins nutritionnels des enfants pauvres au cours d'une pauvres, les résultats de cette évaluation vont aider à créer de période critique de leur développement. Tandis qu'au Bangladesh nouveaux programmes qui donnent aux familles les outils dont et ailleurs, des responsables politiques cherchent à développer elles ont besoin pour aider leurs enfants à grandir, à un moment des transferts monétaires conditionnels, les résultats importants où leur cerveau et leur corps en ont le plus besoin. du volet nutrition de ce programme vont certainement servir de guide pour savoir comment améliorer la nutrition, en particulier . au cours des 1000 premiers jours de la vie d un enfant. Cependant, le programme-en particulier son volet • Les ménages comptent 4,5 membres en moyenne éducation-a rencontré des difficultés de mise en œuvre, qui • 40 pour cent des chefs de famille sont des ouvriers agricoles journaliers méritent d'être analysées en cas de création de nouveaux sans éducation programmes ou d'amélioration de programmes existants, • La moitié des dépenses sont consacrées à de la nourriture , . • La taille moyenne des terrains possédés est de 1,8 acres afin d'aider les individus plus vulnérables de la société. Cette • Peu de foyers possèdent des biens durables comme une télévision ou un ventilateur... et dans les zones rurales, la plupart n'ont pas d'accès à atteindre les familles les plus pauvres qui se déplacent de l'électricité. bidonvilles en bidonvilles, et qui ont donc du mal à remplir Le Fonds d'évaluation d'impact stratégique, qui appartient au Groupe de la Banque Mondiale, soutient et diffuse les travaux d'évaluation d'impact de projets de développement destinés à lutter contre la pauvreté. L'objectif est de collecter et d'exploiter des données empiriques, afin d'aider les gouverne- ments et les organismes de développement à concevoir et à mettre en oeuvre les politiques les plus appropriées et les plus efficaces pour améliorer les opportunités en matière d'éducation, de santé et d'emploi dans les pays en développement. Pour plus d'informations sur qui nous sommes et ce que nous faisons, voir : http://www.worldbank.org/sief. La série de notes périodiques « De l'Évidence empirique à la formulation de Politiques » est produite par le SIEF avec l'appui généreux du Département du développement intemational du gouvernement britannique. THE WORLD BANK IBRD - IDA LA BANQUE MONDIALE, FONDS D'EVALUATION D'IMPACT STRATEGIQUE 1818 H STREET, NW WASHINGTON, DC 20433 Produit par le Fonds d'évaluation d'impact stratégique Éditrice de la série : Aliza Marcus ; Auteur: Daphna Berman