Transformer le développement de l’Afrique Partenariats et atténuation des risques pour mobiliser l’investissement privé à une nouvelle échelle Copyright © IFC, 2016. Tous droits réservés IFC 2121 Pennsylvania Ave NW, Washington DC, 20433, USA Site Internet : www.ifc.org AVERTISSEMENT IFC, membre du Groupe de la Banque mondiale, crée des opportunités pour les pauvres et leur permet d’échapper à leur situation et d’améliorer leurs conditions de vie. Nous stimulons une croissance économique durable dans les pays en développement en appuyant l’essor du secteur privé, en mobilisant les capitaux privés et en fournissant aux entreprises et aux gouvernements des services de conseil et d’atténuation des risques. Le présent rapport, a été commandé les départements de l’ Afrique subsaharienne et de l’Économiste en chef de IFC. é. Les conclusions et opinions contenues dans ce rapport ne doivent pas être attribuées à IFC et ne représentent pas forcément le point de vue de cette dernière, de son conseil d’administration, de la Banque mondiale, de ses Administrateurs, ni des pays qu’ils représentent. IFC et la Banque mondiale ne garantissent pas l’exactitude des données contenues dans cette publication et déclinent toute responsabilité quant aux conséquences qui pourraient découler de leur utilisation. La reproduction gratuite à des fins non lucratives d’extraits du présent rapport est autorisée, à condition de faire mention d’IFC. Transformer le développement de l’Afrique Partenariats et atténuation des risques pour mobiliser l’investissement privé à une nouvelle échelle PARTENARIATS ET ATTÉNUATION DES RISQUES POUR MOBILISER L’INVESTISSEMENT PRIVÉ À UNE NOUVELLE ÉCHELLE Études de cas Table des matières CEC Africa Power: Accroître significativement Avant-propos du Vice-président exécutif et la capacité électrique de la Sierra Leone / 19 Directeur général Philippe Le Houérou / 2 Centrale électrique Azura-Edo Satisfaire les besoins énergétiques de 14 millions de Nigérians avec un nouveau modèle / 20 Résumé analytique / 3 Azito Energy: Répondre aux besoins énergétiques de l’Afrique / 22 ENDA Inter Arabe: Fournir des prêts de Associer les ressources publiques et privées à une démarrage aux entrepreneurs en Tunisie afin nouvelle échelle pour le développement / 9 de promouvoir l’emploi des jeunes / 24 Ecobank: Accorder des crédits aux petites Le nouveau défi des Objectifs de développement durable /9 entreprises / 26 Opportunités dans des marchés en rapide mutation /10 Rawbank: Cibler les femmes et les petites entreprises / 27 Modes de consummation en evolution /11 Scaling Solar: Exploiter une source d’énergie Perspectives de croissance et contraintes /12 économique et propre à travers l’Afrique / 30 Bayport: Exploiter les marchés obligataires Perspectives commerciales dans un environnement en pour renforcer l’octroi de prêts / 31 mutation /14 Cargill/SIB et agriculture camerounaise : Garantir l’approvisionnement agricole grâce à Financement : sources et contraintes /15 des prêts aux paysans et aux coopératives / 32 Al Tadamun Microfinance Foundation: Soutenir les femmes entrepreneurs en Afrique Mobilisation des financements publics et privés du Nord / 34 en Afrique / 17 Kenya Tea Development Agency: Améliorer Solutions de financement /17 les rendements des planteurs de thé grâce à des engrais et à une formation de meilleure Outils de financement en partenariat /21 qualité / 35 Bridge International Academies: Développer une éducation qui produit des résultats / 36 Africa Improved Foods: Nutrition à plus grande échelle en Afrique de l’Est / 37 GLS Liberia and SME Ventures: Fournir du capital-risque et du conseil aux entrepreneurs / 38 Tanzanie normes d’interopérabilité: Innovateur en services financiers mobile / 39 2 TRANSFORMER LE DÉVELOPPEMENT DE L’AFRIQUE Avant-propos L’histoire d’IFC est à placer sous le signe de l’expérience. Elle est faite de création de partenariats, de mobilisation de ressources et de croissance. Pendant six décennies, IFC s’est servie de cette expérience pour s’attaquer aux problèmes de développement les plus pressants du monde. Cette expérience est aujourd’hui plus pertinente que jamais. L’an dernier, les pays du monde entier sont convenus qu’un Pour créer des emplois et augmenter les revenus, l’Afrique doit aussi accroissement de l’investissement privé était nécessaire dans les pays investir beaucoup plus dans les secteurs agroalimentaire et industriel. les plus pauvres et les moins stables du monde pour atteindre les Mais les investisseurs se montrent souvent prudents au sujet d’une ambitieux Objectifs de développement durable. Pour ce faire, l’on expansion en Afrique à cause de risques réels ou supposés, en peut s’appuyer plus efficacement sur les ressources publiques et l’aide particulier dans les zones fragiles ou récemment sorties de conflits. publique au développement, en plus de l’investissement privé. La collaboration entre les investisseurs, les gouvernements, les Le présent rapport fait état de la manière dont de nouveaux partenariats entreprises locales, les donateurs et les individus peut aider à lever peuvent accroître l’échelle des projets dans tous les secteurs. les inquiétudes des investisseurs quant aux risques et générer plus d’investissements pour un impact positif. L’importance qu’IFC, Il est particulièrement urgent de coaliser les parties en Afrique. La comme l’ensemble du Groupe de la Banque mondiale, accorde à la population du continent africain devrait augmenter d’environ un tiers collaboration renforce notre capacité à améliorer l’environnement des d’ici à 2030 pour atteindre 1,7 milliard d’habitants, puis 2,4 milliards affaires et à accroître l’accès aux financements, avec un fort impact d’habitants d’ici à 2050, soit un quart de la population mondiale à pour les projets de nos clients. ce moment-là. Seul un secteur privé solide peut créer des emplois et produire l’amélioration des conditions de vie qu’exige une population J’espère que ce rapport incitera davantage les gouvernements, les africaine de plus en plus jeune. donateurs et le secteur privé à saisir l’occasion de collaborer de façon nouvelle. Nous pouvons accomplir beaucoup plus en travaillant Une Afrique en croissance et en urbanisation rapide exige plus de ensemble. services et d’infrastructures de base, y compris dans les secteurs de l’électricité, de l’eau et des transports. La croissance du commerce Philippe Le Houérou exige de meilleurs ports, routes et réseaux ferroviaires pour Vice-président exécutif et Directeur général d’IFC transporter les marchandises. Les besoins en infrastructures non Août 2016 couverts de l’Afrique sont estimés à plus de 45 milliards $ par an. PARTENARIATS ET ATTÉNUATION DES RISQUES POUR MOBILISER L’INVESTISSEMENT PRIVÉ À UNE NOUVELLE ÉCHELLE 3 Résumé analytique En 2015, les pays du monde entier ont adopté les Objectifs de OPPORTUNITÉS SUR DES MARCHÉS EN développement durable portant sur l’éradication de la pauvreté, la RAPIDE MUTATION protection de la planète et la prospérité partagée. Ces objectifs sont Le continent africain est exposé aux vents contraires qui soufflent inscrits dans un nouveau programme de développement durable. Pour aujourd’hui sur la plupart des économies et ces conditions atteindre ces objectifs en Afrique, il faudra investir massivement dans changeantes remettent en question certaines opportunités. Les les infrastructures de base, l’agriculture et le développement rural, échanges commerciaux et la croissance économique en Afrique l’atténuation et l’adaptation au changement climatique, la santé et subissent les effets du ralentissement de l’économie chinoise, en l’éducation. même temps qu’une chute importante des prix des matières premières et une dépréciation des monnaies africaines créent des difficultés Dans de nombreux cas, l’investissement privé peut accompagner pour les entreprises et les États. En tant qu’exportateurs nets de l’investissement public et l’apport des bailleurs de fonds. Des produits de base, de nombreux pays africains sont profondément financements supplémentaires de la part des institutions financières affectés par la chute des prix de ces denrées, ce qui met sous pression internationales, en particulier ceux qui ciblent exclusivement le leurs soldes de comptes et leurs équilibres budgétaires. Alors que secteur privé, peuvent servir à mobiliser davantage de capitaux la plupart des économies africaines continuent de croître, l’impact par le biais de financements mixtes ou conjoints et de l’atténuation de telles tendances économiques mondiales augmente le coût des des risques, notamment pour les infrastructures et d’autres transactions commerciales en Afrique, ce qui entrave la productivité investissements qui favorisent le développement du secteur privé. Les et la croissance. donateurs et les investisseurs privés reconnaissent de plus en plus les avantages qu’il y a à travailler ensemble. Et, bien que les perspectives de croissance à court terme de la région aient été revues à la baisse, il demeure des raisons convaincantes Le moment est idéal : l’Afrique présente un potentiel énorme pour les d’investir en Afrique, y compris l’existence d’une grande variété de investisseurs privés. Continent en transition, c’est l’une des régions partenaires prêts à apporter leur contribution pour surmonter les dont la croissance est la plus rapide au monde, avec une population difficultés de financement habituelles sur le continent. Les tendances jeune et en augmentation dans des villes en expansion rapide, un que l’on y relève actuellement sont notamment les suivantes : environnement des affaires en amélioration, une connectivité à • En Afrique subsaharienne, la croissance a reculé de 4,5 % en Internet en amélioration, des revenus en hausse et un changement des 2014 à 3 % en 2015. Bien qu’il soit prévu que la croissance modes de consommation. Malgré de récentes difficultés économiques ralentisse davantage pour se situer à 2,5 % en 2016 du fait de la et politiques, ces tendances durables ont créé partout sur le continent chute des prix des matières premières, l’on s’attend à ce qu’elle des opportunités commerciales en abondance, en faisant un marché remonte pour atteindre une moyenne de 4,1 % en 2017-2018. que les investisseurs ne peuvent plus se permettre d’ignorer. Cette embellie indique une reprise de certaines des économies les plus importantes de la région, y compris l’Angola, l’Afrique du Avant même la phase de turbulences que connaît l’économie mondiale Sud et le Nigéria. aujourd’hui, l’activité des investisseurs sur le continent se heurtait à • EN Afrique du Nord, les taux de croissance moyens de l’Égypte, des obstacles structurels, à l’absence de mécanismes d’atténuation des du Maroc et de la Tunisie devraient également refluer en 2016 risques, ainsi qu’à la faiblesse de l’offre d’options de financements ; pour s’établir à 2,4 %, contre 2,9 % en 2015. Cependant, toutes choses qui entravent la répartition et l’atténuation efficaces des selon les prévisions, la croissance en Tunisie et en Égypte, les risques inhérents aux projets à grande échelle ou à long terme. principales économies de la région, devrait rebondir en 2017. 4 TRANSFORMER LE DÉVELOPPEMENT DE L’AFRIQUE • Comparées à celles d’autres pays en développement, les nombre d’acteurs du secteur privé et d’atténuer les risques en les prévisions de croissance par personne (en moyenne de 2010 répartissant entre différentes catégories d’investisseurs et sur de à 2020) sont supérieures dans les pays africains, notamment plus longues périodes. Des outils tels que les financements mixtes, l’Éthiopie (6 %), le Rwanda (4,6 %), la Côte d’Ivoire (4,6 %) et le cofinancement, le financement de la lutte contre le changement la Tanzanie (3,6 %). climatique, la dette locale et les titres de créances locaux, les fonds de • Portée par la jeunesse de la population et la rapidité de capital-investissement et les partenariats public-privé sont déployés l’urbanisation, la consommation des ménages continuera de aujourd’hui en Afrique dans des démarches novatrices adaptées croître, selon les prévisions, dans des secteurs importants comme aux risques inhérents aux États fragiles ou à revenus faibles. Le l’habillement, la communication, l’énergie, les services financiers, financement public ou l’appui en services de conseil visant à améliorer l’alimentation, la santé, le logement et le transport. En Afrique les conditions d’exercice de l’entrepreneuriat privé ou l’impact des du Nord, les dépenses d’éducation seront particulièrement investissements sur le développement peut être mis à disposition importantes et sont annoncées à la hausse. en même temps que le financement commercial afin d’accélérer la • L’Afrique subsaharienne toute seule pourrait utiliser de façon croissance et de stimuler une prospérité partagée. Ces outils offrent productive plus de 90 milliards $ d’investissement dans les des moyens innovants de recueillir des financements à une échelle infrastructures chaque année, mais elle en reçoit moins de la conforme à la dimension des opportunités d’affaires existantes moitié à l’heure actuelle. Le déficit de capitaux pourrait s’avérer et peuvent aider à contenir les risques (nouveaux et anciens) qui particulièrement aigu au Nigéria, en Angola et au Kenya bien caractérisent les marchés africains en forte croissance. que les investissements dan3s les secteurs de l’énergie, du transport et de la logistique présentent le potentiel d’impact et Des méthodes existent, qui permettent de souscrire des investissements de rendement le plus élevé. réussis en Afrique. Dans un environnement qui restera risqué, il est • Les dépenses consacrées à l’adaptation au changement climatique certain qu’elles gagneront en importance. à l’échelle du continent devraient se situer entre 5 et 10 milliards • Les partenariats public-privé sont adaptés à des projets de dollars par an, en provenance de sources publiques et privées. intervenant dans un environnement caractérisé par un cadre La hausse des températures et les problèmes d’approvisionnement réglementaire et une planification sectorielle adéquats ainsi que en eau, entre autres problèmes environnementaux, créent des par la présence d’un client de grande qualité pour les biens et les opportunités d’investissement, notamment pour l’intensification du services en question, susceptible de fournir à l’investisseur privé le recours aux sources d’énergie à faible émission de carbone et une niveau d’assurance dont il a besoin pour s’engager. Les institutions gestion plus efficace de l’eau. de développement jouent souvent un rôle essentiel en la matière, en rapprochant le secteur privé et le secteur public pour créer ces Ainsi, alors que des tendances structurelles positives se prolongent conditions. à travers le continent, elles sont contrebalancées à des degrés divers, • Le cofinancement réunit des investisseurs privés et des institutions selon le pays ou la région, par les récentes évolutions cycliques de financement du développement qui se renforcent mutuellement et mondiales. Sur des marchés soudainement plus difficiles et pour bâtir la confiance et répartir le risque au-delà des parrains moins liquides, la question pour les donateurs, les institutions non-étatiques et des banques commerciales privées. de financement du développement et les acteurs du secteur privé • Les financements mixtes associent des fonds concessionnels cherchant à contribuer à la croissance et au développement durables (généralement de donateurs) avec des fonds provenant est alors la suivante : Quelles méthodes utiliser pour mobiliser des d’institutions de développement commerciales ou d’investisseurs capitaux et atténuer les risques afin de favoriser le développement par privés dans un dispositif de partage de risques, avec des incitations visant à permettre de compléter autant que possible l’aide le biais du secteur privé ? publique par des capitaux privés. MOBILISER DES SOLUTIONS DE • Le financement de la lutte contre le changement climatique FINANCEMENT PUBLIQUES ET PRIVÉES regroupe des sources de financement publiques et privées pour soutenir des investissements pertinents sur le plan climatique dans Les entreprises qui souhaitent saisir les opportunités toujours les marchés émergents, à l’aide d’un certain nombre de moyens, considérables qui existent en Afrique peuvent bénéficier de sources y compris les financements mixtes, le soutien aux institutions additionnelles de financement. Elles peuvent également tirer financières locales, les émissions obligataires de spécialistes et la parti d’outils susceptibles d’assurer l’inclusion d’un plus grand gestion d’actifs. PARTENARIATS ET ATTÉNUATION DES RISQUES POUR MOBILISER L’INVESTISSEMENT PRIVÉ À UNE NOUVELLE ÉCHELLE 5 • Les marchés de capitaux locaux et les solutions sur mesure constituent des moyens efficaces pour accéder à des financements à long terme en monnaie locale, de protéger les économies contre l’instabilité des flux de capitaux et de réduire leur dépendance vis-à-vis de la dette extérieure. La dette locale et les marchés des valeurs mobilières peuvent mieux servir au financement des entreprises locales si les grandes banques ou les institutions de financement du développement garantissent les risques ou s’érigent en investisseurs de référence. Cela permet l’accès à des instruments de financement additionnels et à de nouvelles catégories d’investisseurs. Des solutions et des instruments sur mesure sont un moyen de surmonter les autres risques de change ainsi que la volatilité des marchés. • Le capital-investissement, grâce à l’appui d’investisseurs de référence, peut soutenir le développement de fonds importants et spécialisés, capables d’investir dans un portefeuille diversifié d’entreprises, y compris des petites et moyennes entreprises. Les institutions de financement du développement peuvent également aider des investisseurs institutionnels internationaux à prendre des participations dans des entreprises africaines, notamment par le biais de la gestion d’actifs. ÉTUDES DE CAS Partout en Afrique, on trouve des exemples réussis de projets récents financés par le secteur privé, avec l’appui d’institutions multilatérales, de gouvernements et de donateurs. CEC Africa Power : Le Groupe de la Banque mondiale a réuni ses produits financiers et de conseil en un seul programme pour la Sierra Leone, qui se relève à peine d’une décennie de guerre civile et de la récente épidémie d’Ebola. Ce programme a débouché sur une installation de production d’électricité de 134 millions $, lancée en 2016 dans une zone industrielle située à quatre kilomètres environ à l’est de Freetown, destinée à la conception, à la construction et à l’exploitation d’une centrale électrique à fioul lourd de 57 mégawatts parrainée par CEC Africa Investments. Centrale électrique Azura-Edo : Le Groupe de la Banque mondiale a collaboré avec plus d’une douzaine d’institutions financières, y compris des banques commerciales et des institutions de financement du développement pour soutenir Azura, une nouvelle centrale à gaz qui fournira de l’électricité à 14 millions de personnes au Nigéria, selon les estimations. Azura est le premier projet de production d’électricité indépendant financé sur fonds privés. Il tire parti des réserves de gaz naturel du pays, un combustible de transition 6 TRANSFORMER LE DÉVELOPPEMENT DE L’AFRIQUE propre, pour faire face aux énormes besoins en électricité et passer à Africa Improved Food Holdings : Dans le cadre d’un projet de une économie à moindre intensité carbonique. lutte contre la malnutrition chronique, DSM, une multinationale néerlandaise, a installé une usine de fabrication d’aliments nutritifs au Azito 3 : Neuf institutions de financement du développement se sont Rwanda qui a nécessité un investissement de 60 millions $. C’est un associées pour fournir les 345 millions $ de financement à long terme projet ambitieux par son échelle et son niveau de risque. Ce risque et réaliser les réformes réglementaires nécessaires pour démarrer les devait être couvert par des parrains fiables et des gouvernements travaux d’extension d’une centrale électrique de 139 mégawatts en réceptifs. Il exigeait un dispositif solide en matière d’acquisitions, Côte d’Ivoire. d’approvisionnements et de clientèle pour ses matières premières et ses produits finis. ENDA Inter Arabe : ENDA, la principale institution de microfinance de Tunisie, contribue au développement de l’économie Scaling Solar : Scaling Solar s’appuie sur l’expertise du Groupe de la locale et à la lutte contre la pauvreté en permettant aux personnes Banque mondiale pour déployer des projets d’énergie solaire connectés exclues du système financier formel de bénéficier de services adaptés à au réseau et financés sur fonds privés, afin de fournir de l’électricité à leurs besoins. IFC soutient ENDA par le biais d’un programme global des tarifs stables, compétitifs et dans des délais rapides, pendant que de renforcement des capacités comprenant la gestion des risques, ainsi les investisseurs bénéficient de projets structurés et normalisés dans le qu’une stratégie et une transformation de produit. cadre d’un processus concurrentiel qui réduit les risques, les coûts et les tarifs à la consommation. La Zambie était le premier pays à rejoindre Bridge International Academies : Une entreprise kenyane du le programme et ses premières enchères ont attiré des offres pour de secteur de l’éducation s’est associée à IFC, à d’autres banques de l’énergie solaire au prix le plus bas jamais enregistré dans la région. développement et à de nouveaux investisseurs pour développer à S’appuyant sur le programme sud-africain de promotion des projets l’international sa chaîne d’écoles privées à faible coût, précisément d’énergies renouvelables, KaXu Solar One était la première centrale à dans trois nouveaux pays, pour un coût de 60 millions $. Ce énergie solaire concentrée avec système de stockage à grande échelle à partenariat lui a permis d’accéder à une assistance juridique et à un entrer en fonctionnement sur un marché émergent. investissement de démarrage. PARTENARIATS ET ATTÉNUATION DES RISQUES POUR MOBILISER L’INVESTISSEMENT PRIVÉ À UNE NOUVELLE ÉCHELLE 7 Cargill/SIB et agriculture camerounaise : Cargill, un géant Bayport Financial Services : Le principal établissement de l’agroalimentaire, et la SIB, une banque ivoirienne, sont entrées zambien de prêts dans le secteur de la microfinance tire profit du en partenariat avec IFC pour octroyer des financements, via un type de marchés de titres d’existence récente que les donateurs mécanisme de partage de risques de 6 millions $, à des cacaoculteurs cherchent à créer et à soutenir. Il a réussi à émettre son premier bon recherchant des méthodes de financement pour acheter de meilleurs à moyen terme négociable, levant ainsi 172 millions de kwachas, véhicules afin de transporter leurs produits des plantations vers soit environ 26,5 millions $, pour étendre ses prêts aux petits et les coopératives. De la même façon, au Cameroun, un programme moyens emprunteurs et aux petites entreprises. Des institutions de conjoint Banque mondiale-IFC a permis à la Banque internationale financement du développement ont apporté leur contribution en du Cameroun pour l’épargne et le crédit (BICEC) de prendre part à injectant des investissements de référence dans l’émission. un mécanisme de partage de risques d’une valeur de 8,3 millions $ GLS Liberia et SME Ventures : Une entreprise de logistique à destiné à aider deux organisations de producteurs de sorgho à acheter capitaux locaux s’est engouffrée dans une brèche pendant la crise des usines pour transformer leur production destinée à Guinness d’Ebola et est devenue un acteur majeur dans la lutte du pays contre Cameroon. cette maladie. GLS possédait une flotte et un réseau de distribution Ecobank Transnational : La banque panafricaine s’ouvre aux prêt à transporter des cargaisons de l’aéroport vers différents sites à prêts aux petites entreprises dans huit pays africains dont l’économie travers le pays, permettant ainsi de réduire l’impact de la crise. Elle se trouve dans une situation particulièrement difficile caractérisée par a bénéficié de l’appui d’un apport local en capital-risque grâce à des la fragilité et la faiblesse des niveaux de revenu. Ce projet s’appuie sur fonds de SME Ventures, un programme d’IFC conçu pour résoudre un mécanisme de partage de risques doté de 110 millions $ qui réunit certaines des principales difficultés financières et commerciales qui Ecobank et deux banques de développement, y compris IFC. freinent les PME à fort potentiel sur les marchés les plus difficiles du monde. Rawbank : Fondée en 2002, Rawbank a été un précurseur sur un marché en stagnation. Embrassant la technologie et s’inspirant du Tanzanie normes d’interopérabilité: la Tanzanie est devenue le sens des affaires d’une famille présente sur le marché national depuis premier pays à élaborer avec succès et à mettre en œuvre des normes 1922, elle a récemment surpassé la concurrence pour devenir la en règles de gestion pour l’interopérabilité des transactions de services plus grande banque de la République démocratique du Congo. Les financiers mobile. Il permet des transactions monétaires électroniques donateurs ont fortement contribué aux efforts d’IFC pour combiner à travers les abonnés de différents opérateurs de téléphonie mobile. 22 millions $ de prêt avec des services de conseil afin d’aider Le processus a été facilité par IFC et soutenu par la Fondation Bill & Rawbank à accroître sa capacité de prêt. Melinda Gate et Financial Sector Deepening Trust of Tanzania. Kenya Tea Development Agency : En 2016, IFC et KTDA, avec l’appui d’un important donateur, ont lancé une nouvelle initiative de 420 millions de shillings kenyans (soit environ 4,2 millions $) pour améliorer la productivité et les aptitudes commerciales des petits planteurs de thé et renforcer la chaîne d’approvisionnement en biocarburants au cours des quatre prochaines années. C’est le résultat d’une suite de cycles de financement visant à favoriser le développement de la coopérative. Fondation Al Tadamun Microfinance : Avec l’aide de conseils d’IFC financés par des donateurs, Al Tadamun a pu étendre ses prêts exclusivement au profit de femmes entrepreneurs des zones urbaines par le biais de prêts solidaires. Ils ciblent un segment de la microentreprise, les femmes à faible revenu, qui sont habituellement exclues des services financiers formels à cause de leur sexe ou de la faiblesse de leurs revenus. 8 TRANSFORMER LE DÉVELOPPEMENT DE L’AFRIQUE PARTENARIATS ET ATTÉNUATION DES RISQUES POUR MOBILISER L’INVESTISSEMENT PRIVÉ À UNE NOUVELLE ÉCHELLE 9 Associer les ressources publiques et privées à une nouvelle échelle pour le développement LE NOUVEAU DÉFI DES OBJECTIFS DE Les investissements des institutions financières internationales, en DÉVELOPPEMENT DURABLE particulier ceux qui visent exclusivement le secteur privé, s’appuient sur des décennies d’expérience pour porter des modèles à succès à En 2015, les pays du monde entier ont adopté les Objectifs de une nouvelle échelle. Les activités des institutions de financement du développement durable portant sur l’éradication de la pauvreté, la développement, peuvent servir à obtenir des capitaux supplémentaires protection de la planète et la prospérité pour tous dans le cadre d’un par le biais de financements mixtes ou conjoints et de l’atténuation nouveau programme de développement durable. des risques, notamment pour les infrastructures et d’autres Les sommes requises pour atteindre ces objectifs sont immenses. investissements soutenant le développement du secteur privé. Selon les Nations Unies, le total des besoins en investissement des Les donateurs et les investisseurs affichent une volonté croissante pays en développement s’élève à 4 500 milliards $ par an, alors que de travailler ensemble. Dans certains cas, l’objectif consiste à mieux l’investissement réel représente moins du tiers de ce montant. Il faudra répartir les risques de sorte qu’il devienne possible de soutenir des investir massivement dans les infrastructures de base, l’agriculture et projets importants grâce au financement commercial ; dans d’autres, il le développement rural, l’atténuation et l’adaptation au changement s’agit de créer un projet de façon à produire un effet de démonstration climatique, la santé et l’éducation. et d’encourager d’autres investisseurs à s’engager dans des projets Au cours des trois premières années de la période des ODD (2016- similaires ; dans d’autres cas encore, l’objectif est d’élargir la 2018), les banques de développement multilatérales prévoient un couverture ou la chaîne de valeur d’une entreprise d’une manière qui appui financier de plus de 400 milliards de dollars. Néanmoins, produise un impact sur le développement qui n’aurait pas été possible compte tenu de la mise à l’échelle des investissements qui est exigée, sans les financements des donateurs. Les donateurs et les investisseurs les agences multilatérales, les donateurs et les autres institutions peuvent apprendre des cas et expériences fructueux pour rendre la d’aide publique ne peuvent réaliser les ODD tout seuls. Il est donc coopération plus efficace. essentiel que l’assistance financière directe fournie par les institutions La multiplication des débouchés a favorisé une croissance rapide de développement serve de catalyseur pour mobiliser et faire des entreprises privées partout en Afrique. Bien que prometteurs, affluer d’autres sources de fonds, publiques comme privées, pour le les montants destinés à l’Afrique restent encore loin du niveau développement. d’investissement requis pour réaliser les ambitions de développement Les fonds de différentes sources se complètent. Des ressources actuelles. L’aide au développement peut jouer un rôle plus important publiques sont requises pour atténuer le risque, alors que des en mobilisant des financements capables de pérenniser la croissance et marchés financiers et de capitaux locaux plus profonds permettront de fournir des biens et services. Cela n’est possible qu’en procédant à aux entreprises d’exploiter les gisements d’épargne et de capitaux des innovations considérables dans le financement, particulièrement nécessaires pour les projets d’envergure à long terme. En Afrique et en associant les capacités et les ressources du secteur public pour dans d’autres régions abritant des marchés à faible revenu et des États favoriser l’investissement privé et en accroître l’impact. fragiles et touchés par des conflits, il est plus important que jamais de créer un climat propice à l’investissement privé local et international. 10 TRANSFORMER LE DÉVELOPPEMENT DE L’AFRIQUE Le présent rapport passe en revue une série de projets qui aident D’après le dernier rapport de la Banque mondiale sur les Perspectives à mobiliser des capitaux privés pour atteindre les objectifs du économiques mondiales, la croissance mondiale pour 2016 a été développement. Il tire les leçons de modèles réussis, en particulier revue à la baisse, à 2,4 %, soit une baisse de 0,5 % par rapport ceux dans lesquels les fonds et les garanties publics ont rendu aux prévisions du début de l’année. Les marchés émergents et les l’investissement privé possible. Il s’intéresse à des initiatives qui économies en développement sont à l’origine d’environ la moitié ont été prises dans de nombreux secteurs et examine la manière de cette révision, principalement en raison de la baisse des prix des dont les institutions financières et les marchés de capitaux locaux matières premières et de la dépréciation des devises. Ces facteurs et internationaux peuvent se coaliser avec l’aide publique au ont accru l’incertitude sur le continent africain et fortement réduit le développement pour soutenir le secteur privé et déclencher la niveau de liquidité qui avait permis aux entreprises de se développer prochaine décennie de croissance et de développement de l’Afrique. au cours des dernières années. La baisse des prix du pétrole et des matières premières souligne la nécessité de diversifier les économies et OPPORTUNITÉS SUR DES MARCHÉS EN d’exporter une plus grande variété de biens et de services. RAPIDE MUTATION Pour les secteurs public et privé, le moment est idéal pour rechercher En plus des conditions macroéconomiques actuelles, l’Afrique fait face davantage de possibilités de collaborer. L’Afrique démontre déjà à d’autres difficultés à long terme, notamment le manque d’énergie qu’elle possède un énorme potentiel pour les investisseurs privés. Au électrique, d’eau et d’infrastructures routières ; toutes choses qui moment où l’économie mondiale est en plein marasme, elle reste un ralentissent sa croissance. L’accroissement de la population attendu continent en transition et un des continents à la croissance la plus dans les zones urbaines en Afrique souligne la nécessité de créer des rapide, avec une population jeune et en augmentation dans des villes emplois productifs, des logements et des infrastructures de qualité en rapide expansion, un environnement des affaires en amélioration, pour les citadins actuels et pour ceux qui continuent d’affluer. un meilleur accès à Internet, des revenus en hausse et un changement Le continent est également confronté à d’importants défis des modes de consommation. L’Afrique du Nord, en particulier, géopolitiques. En Afrique du Nord, la Libye est déchirée par un présente des marchés en transition importants et bien développés, conflit, pendant que l’Égypte et la Tunisie connaissent des incertitudes ainsi qu’une démographie dynamique, surtout en Égypte et au Maroc. sur le plan macroéconomique, ainsi que des inquiétudes d’ordre Et, dans plusieurs économies majeures d’Afrique subsaharienne sécuritaire. Le Maroc a connu des taux de croissance et un afflux (Éthiopie, Côte d’Ivoire et République démocratique du Congo), l’on d’IED relativement plus élevés, mais son économie dépend fortement s’attend à une accélération de la croissance à partir de 2017. de récoltes elles-mêmes influencées par le climat. La flambée de la Prises ensemble, ces tendances durables ont créé des opportunités violence et des conflits en Afrique subsaharienne alimente la hausse d’affaires en abondance partout sur le continent, ainsi que des des déplacements de population. De nouvelles menaces sous forme de marchés que les entreprises et les investisseurs ne peuvent se trafics, de piraterie et d’extrémisme religieux fragilisent des régions permettre d’ignorer. Malgré ces opportunités, l’économie africaine entières du continent, alors que le risque de pandémies reste élevé. est aujourd’hui sujette aux vents contraires qui résultent du Or, avant même la phase de turbulences que connaît l’économie ralentissement de la croissance et des risques géopolitiques à l’échelle internationale aujourd’hui, l’activité des investisseurs en Afrique se mondiale. La croissance mondiale devrait s’affaiblir au cours des heurtait à des obstacles structurels ainsi qu’à la faiblesse de l’offre deux prochaines années, sous l’effet du ralentissement de l’économie d’options de financement. Cette situation entravait la répartition chinoise, de l’incertitude qui caractérise les marchés mondiaux, d’un efficace des risques associés aux projets à grande échelle ou à long dollar américain plus fort et de la baisse que connaissent les prix terme. des matières premières après une décennie de hausse. L’atonie de la demande dans les pays développés et les pays en développement provoque également un ralentissement des échanges commerciaux internationaux. PARTENARIATS ET ATTÉNUATION DES RISQUES POUR MOBILISER L’INVESTISSEMENT PRIVÉ À UNE NOUVELLE ÉCHELLE 11 MODES DE CONSOMMATION EN ÉVOLUTION Selon les données d’IFC, le secteur des produits alimentaires et des boissons continue à recueillir la plus grande part des dépenses des Néanmoins, la situation démographique du continent constitue une ménages en Afrique. Mais au fur et à mesure que les revenus et la source d’opportunités considérable. L’urbanisation entraîne une capacité à satisfaire les besoins fondamentaux augmentent, d’autres accélération des dépenses consacrées au transport, notamment aux priorités émergent. Par exemple, les dépenses consacrées par les voitures automobiles, aux motocyclettes et aux transports publics. ménages aux soins de santé au Nigéria, le pays le plus peuplé du Les jeunes qui arrivent sur le marché du travail (à l’âge moyen de 18 continent, devraient s’accroître de plus de 5 % par an jusqu’en 2025. ans en Afrique subsaharienne) continueront à créer de la demande Les dépenses des ménages en technologies et en transport devraient pour les logements et l’accès à une meilleure éducation, à la santé et augmenter de 11,8 % par an en Éthiopie, le deuxième pays le plus à l’emploi. La connectivité à travers les technologies de l’information peuplé, au cours de la même période. Les dépenses en logement seront représente une part de plus en plus importante du budget des ménages. au moins de 8 % par an jusqu’en 2025 au Mozambique, en Éthiopie L’éducation, l’habillement et la chaussure sont des secteurs qui et au Sénégal. En Égypte et au Maroc, les dépenses des ménages en connaissent une croissance dynamique dans la plupart des économies éducation et en transport dépasseront 6 % jusqu’en 2025. D’autres du continent. Si les conflits ont causé d’importantes perturbations exemples de hausse de la consommation abondent. économiques en Afrique du Nord, l’Egypte semble en constante amélioration, alors que la demande en services d’éducation et de santé, en logements et en transport devrait augmenter davantage dans toute cette région également. FIGURE 1: PROJECTION DE LA CONSOMMATION DES MÉNAGES EN AFRIQUE, PAR PAYS ET PAR SECTEUR (2014-2025) SECTEUR/ PAYS COTE D’IVOIRE RDC EGYPT ETHIOPIE MAROC MOZAMBIQUE NIGERIA SENEGAL TANZANIE Share% 2025 Share% 2025 Share% 2025 Share% 2025 Share% 2025 Share% 2014 Share% 2014 Share% 2014 Share% 2014 Share% 2014 Share% 2014 Share% 2014 Share% 2014 Share% 2014 Share% 2015 Share% 2015 Share% 2015 Share% 2015 Growth% Growth% Growth% Growth% Growth% Growth% Growth% Growth% Growth%   Transport 9.5 8.4 10.3 8.0 2.8 3.4 6.2 4.5 5.2 11.8 3.1 4.7 6.5 6.4 8.0 9.2 7.1 8.6 4.4 11.8 12.8 9.2 5.2 6.4 9.1 11.0 14.0 ICT 9.1 8.4 9.9 9.0 1.1 1.5 5.9 2.9 3.3 12.5 2.1 3.4 5.8 2.9 3.4 9.5 3.5 4.3 4.0 4.5 4.7 8.4 2.0 2.3 8.3 6.4 7.5 Housing 8.7 11.4 12.8 8.2 1.7 2.2 5.1 14.9 15.5 9.5 12.6 15.5 4.4 17.3 17.3 8.5 14.3 16.0 4.5 2.7 2.9 8.3 15.7 18.0 7.0 2.0 2.0 Water supply 7.3 0.9 0.9 7.9 1.2 1.5 4.6 0.6 0.6 5.6 1.5 1.2 4.5 1.4 1.4 8.8 0.8 1.0 3.9 0.3 0.3 6.8 1.9 1.8 7.5 1.6 1.7 Education 7.8 1.5 1.5 6.1 2.9 3.0 6.2 3.2 3.7 12.8 0.5 0.9 6.0 1.6 1.9 8.1 0.3 0.4 3.9 6.1 6.3 8.6 3.0 3.5 9.1 1.6 2.0 Clothing and 6.7 6.3 5.9 6.2 5.8 5.9 4.2 5.7 5.5 7.5 5.8 5.8 5.1 4.9 5.3 8.1 6.2 6.7 3.4 3.2 3.2 7.7 4.3 4.5 6.4 6.4 6.2 Footwear Personal care 7.3 1.2 1.2 6.3 1.4 1.5 4.6 1.3 1.3 7.9 1.6 1.7 5.1 1.1 1.1 8.6 1.3 1.5 3.7 0.5 0.5 7.3 1.8 1.8 8.8 0.1 0.1 Health 7.2 2.0 1.9 5.6 1.8 1.7 5.9 3.3 3.7 6.9 0.3 0.3 5.4 2.3 2.6 7.2 0.4 0.4 5.2 0.3 0.3 6.2 2.3 2.1 7.8 1.4 1.6 Energy 7.6 2.1 2.2 5.8 5.1 5.1 4.2 2.5 2.4 5.3 10.7 8.6 3.1 5.2 4.5 6.2 6.8 6.0 3.5 3.0 3.1 7.9 6.3 6.8 6.9 6.3 6.4 Food and 6.5 47.3 42.7 5.7 69.9 67.9 4.0 47.8 44.6 6.6 52.8 48.3 3.6 42.5 39.0 6.0 47.3 41.2 3.4 62.5 60.8 5.9 48.7 43.5 5.6 54.6 48.6 Beverages Avg Growth rate 7.4 6.1 4.4 7.6 4.3 7.3 3.9 6.7 6.7 2014 - 25 Avg Population 3.2 3.8 3.6 3.8 3.0 3.3 4.1 3.1 3.6 growth 2014 - 25 Population 2014 22 75 90 34 34 27 177 14 52 (millions) Consumption 20.9 14.3 103.9 41.2 51.5 11.7 129.4 8.0 28.1 (US$ bn; 2014) Source: Les sondages des ménages menées par IFC et la Banque Mondiale. 12 TRANSFORMER LE DÉVELOPPEMENT DE L’AFRIQUE PERSPECTIVES DE CROISSANCE ET de leur PIB. À quelques exceptions près, parmi lesquelles on distingue CONTRAINTES l’Afrique du Sud, les pays du continent devraient pouvoir compter sur des taux de croissance supérieurs à 4 % au cours des trois prochaines La plupart des pays d’Afrique subsaharienne devraient observer une années, ce qui placerait l’Afrique au second rang des régions à la reprise progressive de la croissance dans les 2 prochaines années. Par croissance la plus rapide après l’Asie. En Afrique du Nord, exclusion rapport à l’année précédente, la croissance a connu un ralentissement faite de la Libye, le taux de croissance moyen devrait s’établir à 2,4 pour se situer à 3 % sur le continent en 2015. Bien que les prévisions % en 2016, puis monter à 3,6 % en 2017-2018. Cette croissance annoncent un ralentissement continu (à 2,5 % en 2016) de la devrait être portée par une reprise en Égypte, où l’on s’attend à ce croissance régionale, celle-ci devrait remonter à 4,1 % en moyenne que la croissance passe de 3,6 % en 2015 à 3,8 % en 2016, puis à 4,5 en 2017-2018, d’après les prévisions les plus récentes de la Banque % en 2017-2018. En comparaison, dans les économies avancées, la mondiale. A court terme, les pays aux revenus les plus faibles de la croissance devrait s’élever à 1,9 % par an d’ici à 2018. région devraient continuer à jouir d’une croissance encore plus forte FIGURE 2: PROJECTION DE LA CROISSANCE MONDIALE DU PIB RÉEL (percent) 9.5 6.3 4.8 4.5 4.6 4.4 3.9 3.4 3.6 3.1 3.0 3.1 3.0 2.8 2.8 2.6 2.7 2.4 2.4 2.4 2.5 0.9 0.3 2013 2014 2015 2016 2017 2018 World Sub-Saharan Africa North Africa North Africa (exluding Libya) -1.7 Remarque : Les chiffres de 2013–2014 sont réels ; ceux de 2015 sont des estimations et ceux de 2016–2018 sont des prévisions. Source: Banque mondiale, Perspectives économiques mondiales, juin 2016 PARTENARIATS ET ATTÉNUATION DES RISQUES POUR MOBILISER L’INVESTISSEMENT PRIVÉ À UNE NOUVELLE ÉCHELLE 13 Bien que la plupart des économies africaines continuent de peu à peu, bien qu’elle soit encore à des niveaux historiquement croître, elles subissent les effets des tendances économiques bas. En Afrique du Nord, les conflits et les risques sécuritaires ont mondiales et d’autres facteurs de diverses manières. causé de graves perturbations, endommagé les infrastructures et les institutions, réduit l’épargne et érodé les positions budgétaire et La volatilité croissante des marchés financiers internationaux s’est extérieure. accompagnée d’une aversion au risque d’investissement à l’égard des marchés émergents qui devrait se maintenir à court terme. Pourtant, le PIB par habitant en Afrique subsaharienne connaît une Le désir d’investissement s’est réduit dans toutes les catégories croissance rapide depuis 2000 et devrait dépasser 4 400 $ en 2020, d’actifs, comme on le voit dans les chiffres des sorties nettes des soit une augmentation de près de 40 % par rapport au niveau de portefeuilles d’investissement et de l’investissement étranger direct. 2010. En Afrique du Nord, le PIB par habitant devrait augmenter de Les monnaies des marchés émergents, y compris celles d’Afrique, 12,6 % sur la période 2010-2020. Comparées à d’autres économies resteront sous pression à mesure que le dollar se renforcera ; elles ont émergentes, les prévisions de croissance du PIB par habitant en également souffert de l’incertitude issue de la récente décision, par Afrique sont plus élevées : l’Éthiopie devrait croître à un taux annuel référendum, de la Grande-Bretagne de quitter l’Union européenne. moyen de 6 % sur la période 2010-2020, le Rwanda à 4,6 %, la Côte En conséquence, l’abondance de liquidités et la faiblesse des d’Ivoire à 4,6 % également, et la Tanzanie à 3,6 %. coûts de l’emprunt qu’ont connu l’Afrique et les autres régions en Entre 2010 et 2015, la consommation privée a représenté presque 30 développement au cours de ces dernières années sont en train de % de la croissance économique totale de l’Afrique, soit 2,8 points de s’inverser. pourcentage par an en moyenne. Ainsi, le secteur de la vente au détail En outre, les conditions qui prévalent dans nombre de pays africains a enregistré une croissance supérieure à 10 % par an au cours de la restent difficiles comparées à la période d’avant la crise financière période 2008-2013, inégalée dans les autres marchés émergents. internationale, avec des déficits budgétaires et extérieurs plus élevés La réalité est que la croissance des économies africaines se poursuit, et des niveaux d’endettement supérieurs. Des signes de détérioration que les habitants du continent s’enrichissent, que leurs revenus des bilans des banques commencent à apparaître dans beaucoup disponibles augmentent, qu’ils sont plus connectés au reste du monde d’économies africaines, en particulier celles qui reposent sur que jamais et qu’ils ont faim de la grande variété de biens et de l’exportation de matières premières, en même temps qu’augmentent services que les entreprises peuvent leur proposer. les prêts non-productifs et que les contraintes internes compriment les marges sur les prêts. Par ailleurs, l’inflation a commencé à s’élever FIGURE 3: AFRIQUE SUBSAHARIENNE ET AFRIQUE DU NORD - PRODUIT INTERIEUR BRUT ($ US) (Sur la base du PIB par habitant exprimé en parité du pouvoir d’achat (PPP)) $13,806 $12,869 $12,138 $11,339 $11,543 $10,781 $10,823 $10,956 $4,130 $4,299 $4,473 $3,606 $3,752 $3,817 $3,869 $3,976 2013 2014 2015 2016 2017 2018 2019 2020 Sub-Saharan Africa North Africa Source: IMF 14 TRANSFORMER LE DÉVELOPPEMENT DE L’AFRIQUE PERSPECTIVES COMMERCIALES DANS UN Et la soif de capitaux du continent reste considérable. Le continent ENVIRONNEMENT EN MUTATION demeure en retrait des autres régions du monde en matière d’accès fiable à l’électricité, à l’assainissement, à l’eau et aux routes bitumées. Des entreprises d’Afrique et d’ailleurs dans le monde ont déjà saisi ces La totalité des projets d’infrastructures en Afrique pourrait absorber opportunités au cours de la dernière décennie, pour développer leur plus de 93 milliards $ chaque année. Pourtant, les dépenses consacrées activité sur le plan national et continental. Le potentiel de l’Afrique a à ces projets ne s’élevaient qu’à la moitié de cette somme en 2009, inspiré une nouvelle race d’investisseurs privés internationaux désireux selon un rapport du Groupe de la Banque mondiale publié en 2014. de profiter des opportunités considérables qu’offre le continent. Les La pénurie de capitaux devrait se révéler particulièrement aigüe au flux bruts de capitaux à destination des pays africains ont augmenté, Nigéria, en Angola et au Kenya. Les chiffres de la Banque mondiale passant de 15 milliards en 2005 à 57 milliards en 2014 (8 milliards $ indiquent aussi que l’investissement dans l’énergie, le transport et la vers l’Afrique du Nord et 49 milliards $ vers l’Afrique subsaharienne), logistique offrent les plus grandes potentialités en termes d’impact et selon les données d’IFC et de Dealogic. de rentabilité. En Afrique du Nord, un secteur privé plus fort, capable de créer des emplois et des opportunités pour les jeunes sera essentiel Mais le récent ralentissement de l’économie mondiale est en train de à la croissance, tout en contribuant à une plus large participation produire un effet. Les flux bruts de capitaux à destination de l’Afrique économique, ainsi qu’à la stabilité sociale. ont légèrement baissé en 2015, à 51 milliards $, soit une baisse de 11 % par rapport à 2014. Ceux à destination de l’Afrique subsaharienne Il existe d’autres secteurs clés dans lesquels les opportunités ont baissé de 49 milliards $ en 2014 à 40 milliards $ en 2015. d’investissement ne sont pas suffisamment financées, notamment : L’Afrique du Sud constitue cependant une exception, avec une légère augmentation des flux la concernant qui est probablement due à une • Les services financiers : Seuls 15 % des adultes en Afrique fuite vers une qualité perçue comme meilleure par les investisseurs subsaharienne disposaient d’un compte en banque en 2012, selon étrangers, comparée aux autres marchés du continent. L’Afrique du la Banque mondiale. Pourtant, avec l’augmentation rapide des Nord est le seul marché émergent du monde à avoir enregistré une revenus sur le continent-et le seuil critique des 1 000 $ est dépassé, hausse des flux bruts de capitaux en 2015. Cette situation s’explique le secteur de la banque de détail devrait connaître un taux de par la reprise des flux vers l’Égypte, mais ce niveau reste en-deçà du croissance annuel de 15 % d’ici à la fin de la décennie. Le secteur pic de 2007, avant la crise financière mondiale. bancaire est en général plus mature et efficient en Afrique du Nord, FIGURE 4: FLUX BRUTS DE CAPITAUX VERS L’AFRIQUE (milliards $ US) 57 31 51 26 42 41 24 18 31 27 15 23 14 25 14 8 10 19 17 4 15 11 7 14 19 12 13 10 3 18 15 8 5 8 8 8 12 2 4 4 11 8 9 2 6 2 0 1 4 4 3 2 2 3 4 2002 2003 2004 2005 2006 2007 2008 2009 2010 2011 2012 2013 2014 2015 Bond Equity Loan Sources: IFC Economics and Industry Research based on Dealogic. PARTENARIATS ET ATTÉNUATION DES RISQUES POUR MOBILISER L’INVESTISSEMENT PRIVÉ À UNE NOUVELLE ÉCHELLE 15 avec une meilleure pénétration. Néanmoins, les banques y sont peu nombre de petits acteurs indépendants, doit aussi se consolider, au innovantes et compétitives comparées aux banques des pays ayant profit d’entreprises capables de s’adapter à un changement à grande des niveaux de revenus par habitant similaires. échelle. • L’industrie et les services : Partout en Afrique, les consommateurs • Activité économique liée au changement climatique : Selon veulent accéder à plus de biens et de services abordables. Les les estimations de la Banque mondiale, les dépenses annuelles matériaux de construction, les équipements à haute efficacité relatives à l’adaptation au changement climatique sur le continent énergétique, l’immobilier, le commerce de détail et le tourisme se situeront entre 5 et 10 milliards de dollars. La hausse des font partie des secteurs dans lesquels des entreprises compétitives températures et les problèmes d’approvisionnement en eau créent pourraient prospérer dans les années à venir. En Afrique du des opportunités d’investissement pour assurer la montée en Nord, l’Égypte possède plusieurs compagnies manufacturières échelle de sources d’énergie à faible teneur en carbone et une bien établies et le Maroc attire de plus en plus de constructeurs gestion plus efficiente de l’eau, y compris par des investissements automobiles à la recherche de sites pour installer de nouvelles dans les systèmes d’irrigation. L’Afrique du Nord devrait être usines. particulièrement affectée par les sécheresses, qui réduisent l’usage agricole des terres. • Le logement : Les villes africaines croissent rapidement, mais l’offre en logement a du mal à suivre la demande. Les villes africaines Où les entreprises cherchant à combler ces besoins et d’autres en accueillent chaque jour 40 000 nouveaux habitants, dont beaucoup Afrique—et à obtenir un retour sur investissement— trouvent- se retrouvent sans logement. Par exemple, au Kenya, on observe elles les capitaux nécessaires ? déjà un déficit d’environ 2 millions de logements, selon des estimations. Au Nigéria, le déficit s’élèverait à 17 millions d’unités. FINANCEMENT : SOURCES ET CONTRAINTES • L’éducation : Dans de nombreux pays, les systèmes d’éducation Il existe de nombreuses sources de financement (notamment les publics peinent à fournir un enseignement de qualité aux enfants crédits des banques locales et internationales, les marchés locaux les plus pauvres. La Banque mondiale estime à plus de 50 millions et internationaux d’actions et d’obligations et les acteurs du le nombre d’enfants non scolarisés en Afrique subsaharienne. capital-investissement) pour les entreprises cherchant à investir en Les gouvernements se sont engagés à atteindre l’« éducation Afrique. Cependant, beaucoup de ces sources de financement sont pour tous » d’ici à 2030. Mais, pour ce faire, il faudra créer des chroniquement sous-développées en Afrique, alors que d’autres capacités supplémentaires pour prendre en charge 127 millions sont confrontées aux effets du ralentissement récent de l’économie d’élèves. En Afrique du Nord, bien que les taux d’alphabétisation ou aux conséquences de la crise financière mondiale de 2007-2008. se soient améliorés au cours des 20 dernières années, la qualité de En Afrique du Nord, de récents accès de conflit et d’instabilité ont l’éducation demeure préoccupante. L’on note aussi un important déficit de compétences—essentielles à la création durable d’emplois dissuadé les investisseurs. pour faire face à l’explosion démographique des jeunes dans la Les crédits bancaires alloués aux projets d’infrastructures en Afrique région—que les systèmes éducatifs doivent résorber. ont connu une forte baisse après 2007, vraisemblablement en raison • La santé : L’Afrique subsaharienne représente 24 % de la charge des nouvelles règles imposées aux banques commerciales en matière mondiale de morbidité, mais seulement 1 % des dépenses en de niveaux de fonds propres après la crise financière. Globalement, santé de la planète. En Afrique du Nord, la charge augmente du les prêts relatifs aux infrastructures dans les marchés émergents fait de la hausse de la mortalité et du taux de handicap liée aux ont chuté après 2007 avant de se reprendre en 2014 et de baisser à maladies non transmissibles. L’offre en personnel de santé et en lits nouveau. Les obligations et les actions ont suivi le même chemin. Le d’hôpitaux reste bien inférieure à la demande. Les opportunités récent ralentissement des mouvements de capitaux peut aussi être d’investissement dans les services de santé, les produits attribué aux prévisions de relèvements des taux d’intérêt à venir aux pharmaceutiques et la technologie médicale visant à créer un États-Unis, ainsi qu’au regain d’inquiétude quant aux perspectives de meilleur accès à des services de santé abordables et de qualité sont croissance au niveau mondial (Figures 4 et 5). en progression. Le secteur de la santé, caractérisé par un trop grand 16 TRANSFORMER LE DÉVELOPPEMENT DE L’AFRIQUE Comparé à ses semblables dans les régions émergentes, le secteur de l’Afrique subsaharienne en capitaux. En 2012, selon les chiffres bancaire africain est sous-développé. Il est en retrait en termes de la Banque mondiale, la Bourse de Johannesburg représentait 83 d’accès, de consistance, d’efficacité et de stabilité, selon une étude % de la capitalisation totale du marché de l’Afrique subsaharienne de la Banque mondiale datant de 2012. Le secteur financier a évolué contre 8 % pour la Bourse du Nigéria. En dehors de ces deux pays, la et mûri au cours de ces dernières années. Il est fortement concentré capitalisation du marché boursier de la région reste faible, à 10 % du (les trois plus grandes banques détenaient 78 % des actifs du secteur PIB, très loin derrière les niveaux des marchés émergents sur d’autres bancaire en 2011) et son activité se focalise principalement sur les continents. La liquidité du marché demeure un problème à l’échelle crédits aux entreprises à forte marge bénéficiaire plutôt que sur les du continent. prêts aux particuliers et aux petites entreprises. En Afrique du Nord, Les marchés intérieurs de l’emprunt sont certes en croissance, mais ils le secteur bancaire est plus développé que dans la plupart des pays restent faibles et sont dominés par les titres publics, qui représentent d’Afrique subsaharienne, mais les taux de bancarisation restent bas trois quarts de la capitalisation totale du marché des obligations. et la compétitivité générale demeure à la traîne, comparée à celle des Seule l’Afrique du Sud dispose d’un marché obligataire intérieur autres pays de même niveau de revenu. consistant. Pour le reste du continent, le marché des obligations Quant aux marchés de capitaux du continent, à quelques notables privées est embryonnaire ou inexistant. exceptions près, il leur manque la taille et les liquidités nécessaires pour pouvoir contribuer significativement à la satisfaction des besoins FIGURE 5: FLUX BRUTS DE CAPITAUX VERS LES INFRASTRUCTURES EN AFRIQUE (milliards $ US) 8.0 7.8 7.0 6.0 5.7 5.0 4.9 4.5 4.1 4.0 3.0 2.8 2.3 2.4 2.3 2.0 1.3 1.1 1.0 0.8 0.2 0.2 0.0 2002 2003 2004 2005 2006 2007 2008 2009 2010 2011 2012 2013 2014 2015 Bond Equity Loan Sources: IFC Economics and Industry Research based on Dealogic. PARTENARIATS ET ATTÉNUATION DES RISQUES POUR MOBILISER L’INVESTISSEMENT PRIVÉ À UNE NOUVELLE ÉCHELLE 17 Mobiliser des financements publics et privés pour l’Afrique SOLUTIONS DE FINANCEMENT POUR L’AFRIQUE à venir. Mais en raison de l’évolution démographique rapide sur le continent et des besoins d’investissement plus importants qu’au cours L’abondance d’opportunités en Afrique subsaharienne combinée des années précédentes, le financement commercial ne peut, à lui seul, à l’engouement des investisseurs institutionnels à en tirer garantir des projets à long terme et de grande envergure hautement parti constitue un contraste saisissant avec le nombre limité risqués. d’approches disponibles en matière de financement de projets. En plus d’être la région au revenu le plus faible du monde, l’Afrique En Afrique, les entrepreneurs et les investisseurs recherchent de compte nombre d’États fragiles et touchés par des conflits—la région nouvelles méthodes pour garantir des initiatives potentiellement représente la moitié des pays de la planète définis comme tels par le rentables sur le continent. Groupe de la Banque mondiale. Bien que la gouvernance se renforce, elle est fragile sur la plupart des marchés. Et l’environnement des La disponibilité accrue de financements et de fonds proposés par les affaires en Afrique demeure l’un des plus difficiles du monde. Les banques commerciales, ainsi que la croissance lente mais régulière des perceptions de la pauvreté en Afrique sont peut-être exagérées, mais marchés de capitaux nationaux et d’autres sources de financement tous les facteurs cités ci-dessus contribuent à des risques réels qui commercial sont des signes encourageants. Ces derniers jouent déjà un doivent être gérés et atténués (Figure 6). rôle majeur dans le soutien de la croissance des entreprises privées en Afrique et deviendront de plus en plus incontournables dans les années FIGURE 6: EASE OF DOING BUSINESS INDEX (1=most business-friendly regulations) 160 144 143 140 127 128 120 110 111 101 102 100 95 95 85 84 80 60 41 41 40 20 10 11 0 2014 fic sia an a a ia a ld 2015 ric ic ric As or ci be lA er Af Af W Pa h Am rib ra ut th n & nt ra Ca So or th ia Ce ha N As & or Sa & a & N st ic pe b- st Ea er Ea Su ro Am Eu e dl tin id La M Sources: World Bank, WDI Datbase, Doing Business 18 TRANSFORMER LE DÉVELOPPEMENT DE L’AFRIQUE Continued from page 17 Dans le même temps, l’amélioration du climat des affaires rend l’Afrique plus attrayante, en particulier l’Afrique subsaharienne. Selon les rapports Doing Business 2015 et 2016 du Groupe de la Banque mondiale, 5 pays africains figuraient dans les 10 pays IFC’s Africa Leasing Facility du monde ayant le mieux réformé leur économie du Utiliser le crédit-bail pour fournir des actifs aux entreprises point de vue de la facilité à faire des affaires. Parmi ces africaines 10 pays figuraient : le Bénin (2015 et 2016), la Côte d’Ivoire, la République démocratique du Congo, le L’utilisation accrue du crédit-bail est essentielle au développement dans de nombreux Kenya, la Mauritanie, le Sénégal (2015 et 2016), le Togo marchés émergents, y compris l’Afrique. Dans sa forme la plus simple, le crédit-bail est un moyen de financement dans lequel une partie fournit un actif—une voiture, un et l’Ouganda. camion, des machine à coudre, des machines lourdes sont des exemples courants—à une autre pour l’usage de cette dernière, générant ainsi des fonds. Certains autres pays ont enregistré d’importantes Le crédit-bail s’appuie sur l’idée selon laquelle le revenu procède de l’usage de l’actif avancées au cours des dernières années. Le Rwanda, plutôt de sa propriété, et il constitue souvent la seule source de financement à moyen par exemple, a amélioré de manière constante son et à long termes pour les propriétaires de petites entreprises qui ne disposent pas des garanties traditionnelles requises pour obtenir un prêt d’une banque commerciale afin environnement des affaires pour devenir le deuxième d’acheter les actifs nécessaires à leurs activités. pays africain où le climat des affaires est le plus Entre 2008 et 2015, le marché du crédit-bail dans 25 pays d’Afrique subsaharienne favorable. Sur le continent, au regard du classement (à l’exclusion du Nigéria et de l’Afrique du Sud) a plus que doublé, passant de 300 millions $ à environ 800 millions $. Cela représente une formidable opportunité de général sur la facilité à faire des affaires, le Rwanda développement pour le secteur privé dans la région, car les micro-, petites et moyennes n’est devancé que par l’Ile Maurice, un autre pays qui entreprises pourront utiliser le crédit-bail pour assurer leur croissance. a régulièrement entrepris des réformes afin de rendre le Le programme Africa Leasing Facility d’IFC, lancé en 2008, a établi le crédit-bail comme pays plus accueillant pour les investisseurs. un outil de financement solide et innovant destiné à accroître l’accès au financement des petites entreprises. La deuxième phase du programme, ALF II, lancée en 2013, s’est concentrée presque exclusivement sur des États fragiles et touchés par des conflits en Pour faire en sorte que des investissements et des projets Afrique subsaharienne, où le besoin d’accès au financement est le plus important et où pluriannuels et de grande envergure soient mis en le crédit-bail peut avoir le plus grand impact. œuvre, les sources de financement existantes peuvent Depuis sa création, l’Africa Leasing Facility a fourni des conseils sur la politique de crédit- être mises à profit et combinées avec d’autres types de bail à des gouvernements, ce qui a abouti à la promulgation de 24 lois sur le crédit-bail. Le programme a formé 20 000 petites et moyennes entreprises et mobilisé 57 millions $ financement et de soutien, notamment le financement en capital-investissement. du développement par le secteur privé, les bailleurs de ALF II bénéficie principalement de l’appui du Secrétariat d’État à l’économie de la Suisse. fonds, une combinaison de fonds publics et privés et Les autres partenaires au développement sont le gouvernement du Royaume-Uni, d’autres instruments de crédit et de capitaux qui s’allient les Pays-Bas, le Canada et l’Agence suédoise de coopération pour le développement international. Le programme est actif dans la région de l’Union économique et pour mieux partager le risque entre les différentes monétaire ouest-africaine, au Burundi, à Djibouti, en Éthiopie, en Guinée, en Guinée parties en évitant tout déséquilibre. Bissau, au Libéria, en République démocratique du Congo, aux Seychelles, en Sierra Leone, au Soudan du Sud et au Tchad. Avec des financements supplémentaires, le Il existe heureusement la possibilité d’allier les programme pourra s’ouvrir à d’autres pays d’Afrique subsaharienne. stratégies et innovations en matière de financement et d’atténuation des risques actuellement utilisées en IMPACT DU PROJET • 24 nouvelles lois sur le crédit-bail promulguées Afrique et qui peuvent proposer ces méthodes. • 200 000 PME formées ; 57 millions $ de capital-investissement mobilisés PARTENARIATS ET ATTÉNUATION DES RISQUES POUR MOBILISER L’INVESTISSEMENT PRIVÉ À UNE NOUVELLE ÉCHELLE 19 CASE STUDY CEC Africa Power Accroître significativement la capacité énergétique de la Sierra Leone Avec moins de 10 % de sa population connectée au réseau d’électricité, l’Afrique possède le plus faible niveau d’accès à l’électricité des régions à marchés émergents. En Sierra Leone, le secteur de l’électricité est particulièrement problématique du fait de décennies de sous-investissement dans la production, le transport et la distribution d’électricité. L es pertes de transport s’élèvent à 38 %, parmi les plus élevées d’Afrique. d’IFC, d’autres institutions de financement du développement et de potentiels Les taux de branchements au réseau sont bas, les délestages sont investisseurs privés. fréquents et il existe un tarif de non recouvrement des coûts. Les En pleine capacité, la centrale augmentera la capacité de production de difficultés que rencontrait la société nationale d’électricité —Electricity la Sierra Leone de plus de 50 %, contribuant ainsi à stimuler la croissance Distribution and Supply Authority, EDSA—avaient enfermées le secteur économique et la création d’emplois. En tant que premier producteur électrique du pays dans un cercle vicieux qui maintenait les citoyens dans le d’électricité indépendant du pays, l’on espère aussi que le projet encouragera noir et entravait la croissance économique. d’autres acteurs privés à s’engager dans le secteur de l’électricité nationale. Pour rompre ce cycle, le Groupe de la Banque mondiale a regroupé ses produits financiers et de conseil en un seul programme pour ce pays d’Afrique de l’Ouest, qui se relève à peine d’une décennie de guerre civile et de la récente épidémie d’Ebola. Ce programme a débouché sur une installation de production d’électricité de 134 millions $, lancée en 2016 dans une zone industrielle située à environ quatre kilomètres à l’est de Freetown, la capitale du pays. Le projet concerne la conception, la construction et l’exploitation d’une centrale électrique à fioul lourd de 57 mégawatts. Il est parrainé par CEC Africa Investments, une société d’énergie privée panafricaine, et la société d’énergie d’Abu Dhabi TCQ Power Limited. L’électricité produite par cette installation sera vendue au client national EDSA dans le cadre d’un contrat d’achat d’électricité de 20 ans. Compte tenu de la faible inclination des investisseurs privés pour la prise de risques dans des États fragiles et touchés par les conflits, IFC a fourni des créances privilégiées pour un total de 30 millions $ et joué le rôle d’arrangeur principal et d’agent d’échange de taux d’intérêt pour mobiliser jusqu’à 100 millions $ en financement à long terme auprès d’autres institutions de financement du développement et donateurs, y compris l’Emerging Africa Infrastructure Fund, l’Agence néerlandaise de financement du développement, la Société allemande d’investissement et l’Investment Climate Facility for Africa. L’Association internationale de développement du Groupe de la IMPACT ET FACTEURS D’ATTENUATION DES RISQUES DU Banque mondiale fournit une garantie partielle des risques souverains pour PROJET un total de 40 millions $, en plus d’un programme de 56 millions $ destiné à la réhabilitation et à la modernisation du réseau de distribution. L’Agence Imapct • Augmentation de 50 % (par rapport à la capacité avant la construction) multilatérale de garantie des investissements du Groupe de la Banque de la fourniture d’électricité dans un pays aux besoins considérables en la mondiale apportera une garantie contre les risques politiques pour un total de matière 60 millions $ en couverture des fonds propres, des prêts aux actionnaires et des • En tant que premier projet de production d’électricité indépendant, bénéfices non distribués. création d’un effet d’entraînement sur le secteur privé désormais disposé à s’engager dans le secteur de l’électricité du pays Avec la fourniture en amont par la Banque mondiale et la MIGA de conseils et de garanties pour les risques non commerciaux, le projet a été en mesure Facteurs d’atténuation des risques de financement de réduire son exposition aux risques d’investissement réels (y compris les • Fourniture d’une dette à long terme par IFC, EAIF, FMO, DEG et ICF risques opérationnels et de clientèle), d’assurer une viabilité financière qui • Processus d’audit préalable mené par IFC pour le compte des prêteurs n’aurait pas été possible autrement et de profiter des investissements en aval • Swap d’IFC, gelant les taux d’intérêt des créances privilégiées 20 TRANSFORMER LE DÉVELOPPEMENT DE L’AFRIQUE CASE STUDY Azura Edo Satisfaire les besoins énergétiques de 14 millions de Nigérians avec un nouveau modèle de projets énergétiques La faiblesse du réseau électrique et une production d’électricité insuffisante sont à l’origine des nombreuses et fréquentes coupures de courant que connaît le Nigéria et qui obligent des millions de personnes à recourir à des groupes électrogènes à gasoil coûteux et polluant pour maintenir l’éclairage, les réfrigérateurs et les ordinateurs en marche. L’on estime à 42 % ceux des 180 millions de Nigérians qui n’ont pas accès à l’électricité. L a suppression de cette sempiternelle pénurie d’énergie est sans doute La transaction a ouvert les portes du secteur électrique du pays à près de 20 le plus grand problème de développement auquel sont confrontés les investisseurs, des actionnaires comme des prêteurs, sans aucune expérience gouvernements successifs du Nigéria, le pays le plus peuplé d’Afrique. préalable au Nigéria, dont beaucoup prévoient de saisir d’autres opportunités La capacité électrique disponible est inférieure à 5 000 MW, alors que la dans le pays. Par conséquent, l’on s’attend à ce que la documentation et la demande est plusieurs fois supérieure, selon les estimations. structure financière du projet Azura servent de modèle aux transactions à venir financées sur fonds privés dans le secteur de l’électricité au Nigéria, ce En 2010, le gouvernement du Nigéria a engagé une réforme complète du qui permettra de gagner du temps, de réduire les coûts et d’attirer d’autres secteur de l’électricité, afin de le libéraliser, d’accroître la participation privée investisseurs. et d’en améliorer l’efficacité. Pour appuyer le processus de réforme, le Groupe de la Banque mondiale a élaboré le Plan d’affaires pour l’énergie au Nigéria, en En plus d’apporter l’électricité tant désirée à des millions de Nigérians, le mutualisant des ressources de la Banque internationale pour la reconstruction projet Azura démontre la capacité de solutions bien structurées à attirer des (BIRD), IFC et de l’Agence multilatérale de garantie des investissements (MIGA) financements internationaux même dans les contextes où il est le plus difficile pour attirer l’investissement privé dans le secteur. d’investir. Le Groupe de la Banque mondiale a collaboré avec une quinzaine d’institutions financières, y compris des banques commerciales et des institutions de IMPACT ET FACTEURS D’ATTENUATION DES RISQUES DU financement du développement pour soutenir Azura, une nouvelle centrale à PROJET gaz qui fournira de l’électricité à 14 millions de personnes, selon les estimations, Impact dans ce pays d’Afrique de l’Ouest. Azura est le premier projet de production • Accroissement de la fourniture d’électricité de 450 MW d’ici à 2018, soit d’électricité indépendant financé sur fonds privés. Il tire parti des réserves de une hausse de 12 % par rapport à la capacité installée actuelle. La première gaz naturel du pays, un combustible de transition propre, pour faire face aux phase du projet produira 1 000 MW. énormes besoins en électricité et passer à une économie moindre intensité • Fournir de l’électricité à environ 14 millions d’habitants supplémentaires. carbonique. Facteurs d’atténuation des risques liés au marché/à la clientèle La nouvelle centrale de 459 mégawatts située près de Benin City, à environ 300 • Un contrat d’option vente-achat entre la société et le client garantissant les km à l’est de Lagos, marque le début d’un projet en deux phases qui, une fois paiements du client achevé, produira environ 1 000 MW d’électricité supplémentaire pour le pays. • Rehaussement du crédit par le biais d’une garantie partielle des risques Son exploitation commerciale est prévue pour commencer au milieu de l’année souverains de la Banque mondiale et 2018. • Assurance contre les risques politiques de la MIGA • La participation du Groupe de la Banque mondiale via plusieurs Le programme de financement d’environ 876 millions $ signé en décembre instruments, offrant des assurances aux autres investisseurs. 2015 a constitué une percée dans la production d’électricité au Nigéria ; il a reçu l’approbation du Groupe de la Banque mondiale ainsi que de partenaires Construction / Operational Risk Mitigants • Standard project finance structure financiers tels que Standard Chartered Bank, Siemens Bank, Rand Merchant • Fixed-price turn-key EPC contract and O&M contract with Nigerian and Bank, KfW, Proparco, Swedfund et OPIC. international entities with strong operational track-record Une série d’instruments du Groupe de la Banque a servi à structurer le Gas Supply Risk Mitigants financement, y compris les garanties partielles des risques souverains de la • Strong contractual arrangements with the gas supplier (Seplat – coupled BIRD, l’assurance de la MIGA contre les risques politiques pour les actions with strong operational track record) and with the off-taker under the ordinaires, les échanges et la dette commerciale. IFC a accordé 50 millions $ power purchase agreement de dette et 30 millions $ de dette subordonnée et mobilisé 267,5 millions $ de créances privilégiées au côté de l’organisation de développement néerlandaise FMO, ainsi que 35 millions $ supplémentaires de dette subordonnée. PARTENARIATS ET ATTÉNUATION DES RISQUES POUR MOBILISER L’INVESTISSEMENT PRIVÉ À UNE NOUVELLE ÉCHELLE 21 OUTILS DE FINANCEMENT EN PARTENARIAT réputation financière, facteurs qui contribuent à attirer d’autres investisseurs. PARTENARIATS PUBLIC-PRIVE Les PPP constituent une stratégie éprouvée, particulièrement pour NewGlobe Schools, qui dirige le plus grand réseau africain d’écoles les grands projets d’infrastructures et autres projets portant sur les privées à faible coût, s’est associé avec des banques de développement services de l’État. Ils s’appliquent à un grand nombre de secteurs, et de nouveaux investisseurs pour entamer l’extension de sa chaîne des grandes infrastructures à la santé, en passant par l’éducation et d’écoles Bridge Academies en dehors du Kenya, dans trois autres d’autres secteurs. pays. Le partenariat a fourni les investissements initiaux et l’assistance réglementaire, ce qui devrait permettre à Bridge de scolariser un La production d’énergie par exemple, qui est insuffisante dans de million d’élèves issus de communautés à revenus faibles dans 2 100 nombreux pays du continent, nécessite de gros investissements, un écoles d’ici à 2020 (voir étude de cas). cadre réglementaire approprié, une bonne planification du secteur FINANCEMENT MIXTE et un partenaire initial de qualité, afin de susciter la confiance dont Il est possible de recourir à l’approche dite du financement mixte les investisseurs privés ont besoin pour s’impliquer. Les institutions pour permettre au secteur privé d’investir lorsque cela n’est pas de développement jouent un rôle critique dans le rapprochement des possible autrement. L’idée est de combiner des financements secteurs privé et public afin de réunir tous ces éléments. concessionnels, généralement de bailleurs de fonds partenaires, avec En 2012, neuf banques de développement se sont regroupées pour ceux d’institutions de développement commerciales et d’investisseurs fournir un financement à long terme, un cadre réglementaire et des privés. Le financement s’effectue dans le cadre d’un mécanisme de accords portant sur l’achat d’électricité, afin de mettre en place un partage des risques, avec un alignement de mesures d’incitation pour projet de centrale électrique à gaz de 139 MW en Côte d’Ivoire. Ce s’assurer d’attirer une assistance officielle autant que possible grâce à dernier devait accroître la production d’électricité d’une centrale des capitaux privés. existante de 50 % sans pour autant augmenter les besoins en gaz. Plus En 2015, IFC a accordé un prêt de 21,5 millions $ et investi 4,5 récemment, en Sierra Leone, CEC Africa Power a décidé de réunir millions $ en capitaux propres dans la holding néerlandaise Africa des financements de plusieurs sources pour soutenir un projet de Improved Foods au Rwanda. Ce prêt est assorti du soutien financier production d’électricité (voir études de cas). du Programme mondial pour l’agriculture et la sécurité alimentaire COFINANCEMENT AVEC DES BANQUES DE DEVELOPPEMENT (lui-même financé par des bailleurs de fonds) et il devrait permettre Le cofinancement constitue une autre approche à la mobilisation de la construction et l’exploitation d’une usine de transformation d’une fonds et au partage des risques. Il permet en effet aux investisseurs capacité annuelle de 45 000 tonnes de céréales fortifiées dans le but de se sentir plus en confiance grâce aux liens qui existent entre une de remédier à la malnutrition infantile. Le projet s’approvisionnera banque de développement majeure et les États, son pouvoir financier, en matières premières auprès de coopératives agricoles à travers le sa persistance en dépit de conditions économiques difficiles et sa pays et auprès de l’État. Il a été conçu avec l’aide du Programme 22 TRANSFORMER LE DÉVELOPPEMENT DE L’AFRIQUE CASE STUDY Azito Energy Répondre aux besoins énergétiques de l’Afrique En dépit de richesses énormes en réserves de gaz, en capacité hydraulique et en d’autres ressources naturelles, l’Afrique subsaharienne connaît un énorme déficit en énergie. La capacité de production est inférieure à celle de n’importe quelle autre région du monde et se caractérise par un approvisionnement irrégulier, des prix élevés et des taux d’accès faibles. Selon le rapport 2015 de McKinsey & Co, quelque 600 millions d’Africains sont privés d’électricité. E t l’écart entre l’offre et la demande ne cesse de s’accroître. En raison La Banque mondiale a également obtenu du gouvernement de Côte d’ivoire du décalage entre le nombre de nouveaux branchements au réseau qu’il entreprenne des réformes dans le secteur énergétique et a trouvé avec lui et l’accroissement démographique, les taux d’électrification, déjà un accord sur la gestion financière. faibles, sont en baisse. En même temps, le taux de pénétration élevé des Dans le cadre du projet d’extension, la centrale a été équipée de deux groupes électrogènes à gasoil sur le continent–à des prix trois à six fois générateurs à vapeur pour la récupération de la chaleur, d’un générateur de supérieurs à ce que les abonnés paient généralement–indique clairement turbine à vapeur de 140 MW, d’un condensateur à vapeur et d’un circuit d’eau de que les entrepreneurs et les consommateurs africains sont prêts à payer refroidissement à air. La technologie utilise les rejets de chaleur produits par les le prix nécessaire pour obtenir de l’électricité. McKinsey prédit une période turbines à gaz installées pour produire la vapeur qui fait fonctionner un autre d’électrification rapide de l’Afrique au cours des décennies à venir. générateur, réduisant ainsi le besoin en carburant supplémentaire tout en Mais au lendemain de la longue guerre civile et d’une contestation violente augmentant la capacité de la centrale. des élections en Côte d’Ivoire, il semblait quasiment impossible qu’une entité Suite à cette extension, la centrale sera en mesure de générer 50 % d’électricité privée s’engage toute seul dans un projet d’infrastructure énergétique majeur en plus sans pour autant augmenter sa consommation en gaz. Cela devrait en 2012. Les risques, allant de l’instabilité politique aux risques réglementaires permettre d’atteindre 2,3 millions de clients supplémentaires. Il s’agit là d’un et de change, en passant entre autres par une insuffisance du savoir-faire exemple d’investissement majeur réussi en Côte d’Ivoire après la crise qu’a local, étaient trop élevés. Pour permettre la mise en place d’un tel projet, récemment traversé le pays. neuf institutions de financement du développement se sont alliées en 2012 pour fournir une assistance financière à long terme et concevoir les réformes Bien que de nombreuses autres opportunités de reproduire le projet réussi réglementaires nécessaires afin d’entamer un projet d’extension d’une centrale d’extension de la centrale d’Azito prolifèrent en Afrique, très peu ont été électrique de 139 mégawatts en Côte d’Ivoire. concrétisées. La capacité énergétique additionnelle apportée par le secteur privé en 2012-2014 ne représentait que 6 % de la demande annuelle en capacité La centrale est située près du village d’Azito, dans le quartier ivoirien de nouvelle en Afrique. En outre, le continent serait en mesure d’absorber 490 Yopougon, à environ 6 kilomètres à l’ouest du port d’Abidjan. Elle a initialement milliards $ en capitaux pour accroître la capacité de production d’énergie au été construite en 1998 après que l’IDA, le fonds de la Banque mondiale pour les cours des 25 prochaines années, ainsi que 345 milliards $ supplémentaires pour plus pauvres, a débloqué jusqu’à 30 millions $ en garanties partielles de risques. le transport et la distribution, selon le rapport de McKinsey. Les garanties de l’IDA ont facilité la mobilisation de financements à long terme bien au-delà des conditions du marché en vigueur pour le pays, permettant IMPACT ET FACTEURS D’ATTENUATION DES RISQUES DU ainsi l’achèvement du projet initial. Aujourd’hui, la centrale est à majorité PROJET contrôlée par Globeleq Generation Holdings, un producteur d’électricité ciblant les marchés émergents. Impact Création d’une capacité de production d’électricité pour 2,3 millions de • L’extension et la modernisation de la centrale d’Azito ont été estimées à 430 clients supplémentaires sans augmenter la consommation de combustible millions $ et nécessiteront une expertise financière et technique, des fonds en devises, des mécanismes d’échange de taux d’intérêt, une assurance contre Facteurs d’atténuation des risques de financement les risque politiques, un approvisionnement fiable en carburant et des accords • Financement à long terme d’IFC, suscitant la confiance des autres d’achat avec l’utilisateur final. La taille et la complexité de ce montage le investisseurs plaçaient hors de portée d’un investisseur privé. • Forte position financière des parrains du projet • Intervention d’IFC, gelant les taux d’intérêt de la dette sur une période de 15 ans C’est là qu’est intervenue IFC. La banque de développement a apporté 125 millions $ pour constituer un investissement de référence et a obtenu un Facteurs d’atténuation des risques opérationnels financement additionnel de 220 millions $ en prêts à long terme auprès de huit • Grande expérience des parrains du projet dans le secteur de l’électricité autres banques de développement. Des turbines de classe mondiale ont été • Sous-traitants internationaux expérimentés fournies par General Electric, alors que des constructeurs de grande expérience, comme Hyundai Engineering and Construction, ont été sollicités pour Facteurs d’atténuation des risques liés au marché/à la clientèle construire, exploiter et assurer la maintenance des infrastructures. • Garantie des capitaux MIGA sur le contrat de concession et le risque politique et de transfert Un approvisionnement fiable en gaz a été obtenu par le biais d’accords avec plusieurs producteurs de la région alors que l’État ivoirien et le distributeur • Implication de la Banque mondiale dans les réformes structurelles sectorielles et la gestion financière national, CIE, se sont engagés à transporter et distribuer l’électricité produite. PARTENARIATS ET ATTÉNUATION DES RISQUES POUR MOBILISER L’INVESTISSEMENT PRIVÉ À UNE NOUVELLE ÉCHELLE 23 alimentaire mondial, l’agence des Nations Unies chargée de fournir de l’aide alimentaire. Ce dernier a accepté d’acheter une part importante du produit fini et de le distribuer au Soudan du Sud, en Ouganda, au Burundi et dans d’autres pays (voir étude de cas). Le financement du développement agricole se prête bien au financement mixte. Un autre exemple est celui du géant de l’industrie alimentaire Cargill et de la Société ivoirienne de banque, en Côte d’Ivoire. En 2015, ces deux entreprises sont entrées en partenariat avec IFC pour implanter dans le pays un programme de location de camions afin de fournir des véhicules plus fiables pour assurer la collecte des fèves de cacao dans les plantations. La banque de développement a garanti 50 % d’un portefeuille de crédits allant jusqu’à 6 millions $ par le biais d’un mécanisme de partage des risques, dont une partie est assumée par les bailleurs de fonds dans le cadre du Programme mondial pour l’agriculture et la Récépissés d’entrepôt sécurité alimentaire (voir étude de cas). Fournir un financement des stocks innovant aux agriculteurs Une approche similaire a été utilisée par Ecobank, le groupe bancaire panafricain qui offre une gamme complète de services L’amélioration du climat des affaires est essentielle pour garantir la hausse bancaires. IFC a appuyé un projet pour permettre à Ecobank de des revenus issus des activités commerciales. IFC, en partenariat avec le mécanisme Trade and Competitiveness Global Practice du Groupe de la continuer à accorder des prêts à des petites entreprises dans huit Banque mondiale, appuie de nombreux programmes à travers l’Afrique pays africains caractérisés par un environnement économique afin de favoriser la simplification des réglementations et l’adoption de particulièrement difficile, car marqué par une grande fragilité et technologies améliorées qui rendent moins coûteuse, plus rapide et plus des niveaux de revenus faibles. Le projet fonctionne sur la base facile la pratique des affaires. Il s’agit de programmes qui aident le secteur d’un mécanisme de partage des risques d’un montant de 110 privé à prospecter et à fructifier des opportunités dans l’agroalimentaire. millions $ entre Ecobank et IFC d’une part, et le Département Le manque de garanties nécessaires pour accéder au crédit et stocker les britannique pour le développement international d’autre part. récoltes est un problème constant pour les planteurs à travers l’Afrique. Sans ces garanties, les agriculteurs ne peuvent pas développer leurs exploitations Lorsque des besoins de développement surviennent, il existe des et doivent parfois vendre leurs récoltes lorsque les prix sont les plus bas. opportunités permettant d’utiliser un financement mixte afin Mais des solutions apparaissent grâce à la mise en relation des planteurs de développer des activités commerciales. Dans la plupart des avec des acteurs d’autres chaînes de valeur. marchés africains par exemple, les institutions financières n’ont La Côte d’Ivoire, le Kenya, la Malawi et le Sénégal sont en train de tester pas encore mis en place de stratégie durable afin de combler les une méthode innovante de financement des stocks par laquelle des prêts énormes besoins commerciaux en termes de services aux femmes, sont accordés aux producteurs, aux fournisseurs, aux commerçants et aux ce qui représente une opportunité manquée qui entrave également transformateurs contre des biens servant de garantie. Connue sous le nom la croissance économique et le développement du secteur privé. de système de récépissés, cette méthode permet à des milliers d’agriculteurs d’Afrique de l’Est et de l’Ouest d’accéder à des financements à court terme En République démocratique du Congo, Rawbank a lancé « contre des récépissés d’entrepôts, ou de vendre le récépissé à un moment Lady’s First », la banque spécialisée dans les services aux femmes. plus opportun. IFC a apporté à Rawbank l’assistance nécessaire pour mettre en place des services et investi dans la banque avec l’appui du Mécanisme mondial de financement des PME, une facilité de financement lancée par IFC en 2012 afin d’accroître les crédits accordés par les institutions de développement aux petites Continued on page 24 entreprises dans les marchés émergents (voir étude de cas). 24 TRANSFORMER LE DÉVELOPPEMENT DE L’AFRIQUE CASE STUDY Avec l’appui financier du gouvernement japonais, IFC—par le ENDA Inter Arabe biais du mécanisme Trade & Competitiveness Global Practice— soutient les efforts du Sénégal dans la création d’un système Fournir des prêts de démarrage aux entrepreneurs en Tunisie afin de promouvoir de récépissés d’entrepôts à part entière afin de relever les défis l’emploi des jeunes de l’accès au crédit et de meilleures infrastructures de stockage dans le secteur agricole. En commençant par le riz comme Depuis plusieurs années, IFC soutient ENDA, la principale institution produit pilote, un projet de cadre juridique et réglementaire de microfinance de Tunisie, par le biais d’un programme global de des récépissés d’entrepôts a été élaboré, et une évaluation des renforcement des capacités comprenant la gestion des risques, le capacités de stockage et des besoins d’investissement actuels renforcement institutionnel, ainsi qu’une stratégie et une transformation est en cours afin de réhabiliter et de construire de nouvelles de produit. Plus remarquable encore, IFC a aidé ENDA à mettre au point une infrastructures qui soient adaptées à ce système. stratégie pour réduire les prêts non productifs suite à la révolte en Tunisie. IFC soutient également le gouvernement dans ses efforts de Elle a révisé la stratégie et les coûts du marketing des produits, renforcé création d’une autorité réglementaire et l’a aidé à mettre sur ses stratégies relatives aux ressources humaines et au SIG, et mis en place pied un comité de pilotage de la mise en œuvre du système, un cadre avancé de gestion des risques pour les micro-prêteurs. En outre, qui regroupe tous les acteurs importants. Ce comité comprend IFC a collaboré avec ENDA pour l’élaboration de produits de partage des des acteurs publics et privés, y compris des banques, des risques conformes à la charia pour les clients recherchant des alternatives gestionnaires de garantie, des acteurs de la chaîne de valeur du à la microfinance conventionnelle. Au cours de la même période, IFC a riz, ainsi que des ministères clés. L’on estime à 2 500 le nombre également a ouvert trois lignes de crédit pour l’équivalent de 16 millions $ au de bénéficiaires, y compris des agriculteurs, des meuniers et profit d’ENDA afin de financer sa croissance. des commerçants, qui découvriront comment stocker leurs P biens et accéder à des crédits dans les trois années qui suivent arallèlement, au cours des dernières années, ENDA s’est évertuée à l’achèvement du projet. Cet appui devrait mettre à la disposition lutter contre le chômage des jeunes en Tunisie grâce à un programme du secteur agricole au moins 2,5 millions $ de crédit par an. d’entrepreneuriat qu’elle a conçue et qui a été financé par la Division de la Le système de récépissés d’entrepôts aidera les petits riziculteurs coopération et du développement économiques du Secrétariat d’État à l’économie ruraux du Sénégal qui sont souvent incapables d’emprunter de la Suisse (SECO). l’argent dont ils ont besoin pour financer leurs activités faute Le programme Bidaya d’ENDA —Bidaya signifie « point de départ » en arabe—a de garanties conventionnelles. Un financement efficace des été conçu pour aider les jeunes entrepreneurs tunisiens à élaborer leurs plans récépissés d’entrepôts permettra bientôt à ces planteurs de d’affaires et, le cas échéant, les aider à trouver des financements. Depuis son différer la vente de leurs produits agricoles. En utilisant comme lancement en 2011, le programme a accordé 10 000 prêts Bidaya à environ 8 000 garantie les biens qu’ils auront stockés, les agriculteurs sénégalais microentreprises dans les 70 agences de l’institution à travers la Tunisie. Parmi les pourront décider avec plus de souplesse quand vendre leurs emprunteurs, environ 63 % ont moins de 35 ans, 42 % sont des femmes, 17 % sont produits, ce qui leur permettra d’obtenir de meilleurs prix pour titulaires d’un master et 42 % étaient au chômage au moment de recevoir leur leurs cultures. premier prêt. Pour améliorer l’efficacité du programme Bidaya, ENDA a pris les mesures suivantes : • Elle a renforcé ses capacités internes à soutenir l’entrepreneuriat en amont. ENDA a géré un programme de formation spécifique pour les agents du programme Bidaya (40 agents ont été formés) et déployé 8 coaches pour les IMPACT DU PROJET aider. • 2 500 bénéficiaires attendus, y compris des planteurs • En 2015, ENDA a lancé le premier test d’assistance post-entrepreneuriat. et des commerçants ENDA prévoit de soutenir les emprunteurs de Bidaya après la création de leur • 2,5 millions $ de crédit annuel accordés au secteur entreprise afin d’en assurer la viabilité. A ce jour, quelque 230 emprunteurs du agricole programme Bidaya ont reçu une assistance technique de la part de 11 coaches et consultants extérieurs d’ENDA. PARTENARIATS ET ATTÉNUATION DES RISQUES POUR MOBILISER L’INVESTISSEMENT PRIVÉ À UNE NOUVELLE ÉCHELLE 25 SECTEURS FINANCÉS PAR LE PROGRAMME BIDAYA S’appuyant sur le succès du programme Bidaya, ENDA prévoit maintenant de créer « Villages Entreprendre », des lieux où les entrepreneurs pourront 3% bénéficier d’une assistance. La premier village, baptisé « El Kahina », a été 7% Détail ouvert à Tunis en 2015 et prévoit de créer 150 projets viables et innovants en Services aidant 200 jeunes entrepreneurs, dont 60 % seront logés gratuitement. Industrie 37% 14% Le programme a connu un franc succès grâce à la création d’emplois parmi Agriculture les jeunes Tunisiens. Evidemment, ENDA estime avoir facilité la création de Artisanat 5 000 emplois à ce jour dans de nombreux secteurs d’activités. Bien que les prêts Bidaya soient essentiellement des prêts de démarrage, 25 millions TND (12,5 millions $) de prêts ont servi à redynamisé des microentreprises léthargiques. Une de ses bénéficiaires, Essia (voir photo ci-dessous), est 39% entrepreneure et fondatrice de Pouffy, un concept unique de meubles artisanaux tunisiens. Elle a commencé son activité avec le soutien du programme Bidaya d’ENDA et prévoit de commencer à exporter ses créations. Source: IFC Financial Institutions Group • En parallèle, une évaluation des besoins des entrepreneurs (en termes d’assistance) a été effectuée et une trousse à outils de l’entrepreneur a été conçue. • En partenariat avec Youth Business International, ENDA a testé un programme de mentorat qui a réuni des bénévoles pour aider de jeunes entrepreneurs. Des « clubs des entrepreneurs » ont été créés dans certaines régions pour promouvoir la mise en réseau. • En partenariat avec le ministère tunisien de la Formation professionnelle et de l’Emploi, les centres d’affaires, l’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO) et la Chambre internationale pour la jeunesse, ENDA a assuré la promotion du programme Bidaya, IMPACT ET FACTEURS D’ATTENUATION DES RISQUES DU encouragé la création de réseaux d’entrepreneurs et favorisé un échange PROJET de connaissances. Impact • Accès accru au financement pour les micro-entrepreneurs en Tunisie et amélioration de la qualité du portefeuille (près de 1 % de RTP, 30 jours). • Environ 10 000 prêts de démarrage Bidaya ont été accordés à près de 8 000 microentreprises dans 70 agences ENDA à travers le pays. • L’on estime à 25 millions TND (12,5 millions $) les prêts octroyés aux jeunes entrepreneurs. • Contribution à la création de 5 000 emplois, selon les estimations de l’IMF Gestion de l’exposition aux risques des IMF • L’appui d’IFC au renforcement des capacités d’ENDA a abouti à une meilleure gestion des prêts non productifs, à un cadre de gestion des risques solide et a permis à l’institution de renforcer ses systèmes et de mettre au point de nouveaux produits. • Pour ce qui est du programme des jeunes (Bidaya) en particulier, ENDA a limité les risques liés aux jeunes pousses en investissant dans son personnel afin d’en renforcer les capacités et en fournissant appui et accompagnement pour aider les jeunes entrepreneurs à prospérer. 26 TRANSFORMER LE DÉVELOPPEMENT DE L’AFRIQUE ÉTUDES DE CAS Ecobank Accorder des crédits aux petites entreprises Engagée à accorder des crédits de manière plus inclusive et à la recherche de nouveaux clients, une banque panafricaine a pris la décision d’élargir l’octroi de prêts aux petites entreprises de huit pays caractérisés par un environnement économique particulièrement difficile du point de vue de sa fragilité et des niveaux de revenu. Le projet a pris la forme d’un mécanisme public-privé de partage des risques d’un montant de 110 millions $ et de mesures d’atténuation supplémentaires. L es petites et moyennes entreprises n’ont pas été adéquatement de crédit conçu pour surmonter les défis liés à l’octroi de crédits aux petites desservies par le secteur bancaire en Afrique subsaharienne. Selon entreprises présentant un profil de risque élevé dans des pays très pauvres, une étude de la Banque mondiale, moins du tiers des moyennes dont le Burundi, la Côte d’Ivoire, la Guinée, le Mali, la République du Congo, entreprises de la région ont bénéficié d’un prêt bancaire ou d’une ligne de la République démocratique du Congo, le Tchad et le Togo. Le DFID s’y est crédit ; pour les petites entreprises, ce ratio passe à moins d’un cinquième. adjoint par le biais de la Facilité mondiale de financement des PME. Dans les États fragiles ou touchés par des conflits, ces entreprises constituent La pièce maîtresse du mécanisme d’Ecobank est une facilité de partage la pierre angulaire de l’économie et sont responsables de la majorité des des risques d’un montant de 110 millions $ entre IFC et Ecobank, avec une emplois créés ; pourtant, elles ne bénéficient que d’un quart de tous les prêts limitation supplémentaire du risque assurée par le DFID, qui est disponible et crédits. Cette situation s’explique en partie par l’insuffisance d’informations auprès de 8 filiales d’Ecobank dans les pays ciblés. La Banque européenne sur leur solvabilité. En outre, les pays EFC ne disposent ni de la capacité d’investissement a aussi engagé 100 millions $ pour appuyer des mécanismes institutionnelle de crédit, ni d’infrastructures financières adéquates, et de partage des risques en Afrique. souffrent généralement d’une certaine instabilité macroéconomique. Il en La facilité fournit également aux filiales d’Ecobank des outils permettant résulte que les banques dans ces pays n’ont que peu de motivation à accorder de proposer à grande échelle des services de crédit aux PME, notamment des prêts aux PME. des services de conseil et de formation en matière de financement des PME. Ecobank Transnational Inc., la plus grande banque panafricaine, présente Il existe également une incitation tarifaire pour les filiales d’Ecobank qui dans 36 pays, jouissait d’une renommée en tant que banque d’affaires depuis atteignent un taux de recours à cette facilité de 50 % en 12 mois. sa création en 1985, mais elle s’était également engagée à fournir des services La nouvelle facilité assure un accès amélioré au financement pour les petites bancaires aux petites et moyennes entreprises et aux particuliers. entreprises des huit pays, des secteurs financiers renforcés et de meilleures Cependant, pour élargir l’octroi de crédits aux PME dans les économies opportunités d’emploi. Pour Ecobank, cela signifie un élargissement de sa fragilisées des pays d’Afrique de l’Ouest et du Centre, il était nécessaire base de clients et, à terme, un environnement de crédit dans des économies d’obtenir le type d’assistance propre à une banque de développement. plus fortes. Conjointement avec IFC et le Département britannique pour le développement international (DFID), Ecobank a mis en place un mécanisme IMPACT ET FACTEURS D’ATTENUATION DES RISQUES DU PROJET Impact • Accès au financement pour 10 000 petites et moyennes entreprises de huit pays, à savoir le Burundi, le Congo, la Côte d’Ivoire, la Guinée, le Mali, la RDC, le Tchad et le Togo. Mécanismes d’atténuation des risques pour les prêts aux PME en situation de fragilité • Mécanisme de partage des risques (MPR) d’IFC • Atténuation additionnelle des risques par le DFID • Cadre de gestion des risques d’Ecobank et appui à la formation bancaire d’IFC Difficultés de supervision • Modèle de supervision bien structuré d’IFC Difficultés d’utilisation • Fourniture par IFC d’un plan d’action d’utilisation et d’une formation ciblée sur le MPR PARTENARIATS ET ATTÉNUATION DES RISQUES POUR MOBILISER L’INVESTISSEMENT PRIVÉ À UNE NOUVELLE ÉCHELLE 27 ÉTUDES DE CAS Rawbank Cibler les femmes et les petites entreprises Fondée en 2002, la Rawbank a été un précurseur sur un marché figé. Embrassant la technologie et s’inspirant du sens des affaires de la famille Rawji, présente sur le marché national depuis 1922, elle a récemment surpassé la concurrence pour devenir la plus grande banque de la République démocratique du Congo, en total des actifs et des dépôts. E n 2014, le taux de bancarisation de la RDC était estimé à 2 % non productifs de 16 % dans son portefeuille de PME (contre moins de 1 % dans seulement. Historiquement, un petit groupe de banques contrôlait le segment supérieur de son portefeuille). l’essentiel du marché et accordait des prêts essentiellement au Compte tenu des difficultés rencontrées par Rawbank et ses clients, ses gouvernement et aux grandes entreprises. Un environnement des affaires progrès dans l’octroi de crédits et des services financiers aux petites et difficile, classé 184ème sur 189 en 2016, faisait que ces banques prêtaient moyennes entreprises sont un signe prometteur pour l’environnement principalement contre des références et des garanties très élevées, ce qui des affaires et le développement du secteur privé en RDC. IFC prévoit excluait l’essentiel du marché. une augmentation des portefeuilles de Rawbank pour les PME et les Avec le redressement progressif du pays suite à la guerre civile et le retour à PME appartenant à des femmes à 103,3 millions $ et à 13,8 millions $ la stabilité macroéconomique, Rawbank a dû faire face à une concurrence de respectivement, d’ici à la fin de l’année 2018. Cette croissance représentera plus en plus rude et a saisi cette occasion pour octroyer davantage de prêts aux une évolution significative pour une institution jeune créée au lendemain de la PME, un segment généralement mal desservi. Dans la plus récente Enquête guerre civile. sur les entreprises de la Banque mondiale, 90 % de ces entreprises en RDC se plaignaient d’un manque d’accès au crédit. L’appui d’IFC sous forme de financement et de services de conseil a été déterminant pour permettre à Rawbank de desservir les PME. La banque manquait de capacités dans la gestion des risques et les opérations de crédit concernant les PME, et avait besoin de mieux comprendre le segment inférieur du marché. À partir de 2010, grâce à une facilité de 7 millions $ du Programme de financement des micro-, petites et moyennes entreprises africaines d’IFC, Rawbank a créé son programme de prêts aux PME comprenant son produit Lady’s First WIN, un système de prêts au bénéfice des entreprises appartenant à des femmes. Cet effort a permis de renforcer les capacités des emprunteurs potentiels, de créer des historiques de transactions rudimentaires et, grâce à Lady’s First WIN, d’établir des rapports de confiance avec les femmes d’affaires. IMPACT ET FACTEURS D’ATTENUATION DES RISQUES DU PROJET En 2013, IFC a financé Rawbank une deuxième fois grâce à une facilité de financement des PME, elle-même financée via le Département britannique Impact pour le développement international. Utilisant un financement mixte, le • Soutien à Rawbank dans le développement de son portefeuille de PME, le deuxième prêt d’IFC comprenait des incitations financières, y compris une faisant passer de 29,4 millions $ (3,3 millions pour des PME appartenant à des femmes) à un chiffre estimé à 103,3 millions $ (13,8 millions $ pour les partie concessionnelle de 3 % à déclencher si le portefeuille de PME et de PME appartenant à des femmes) en 2018 PME appartenant à des femmes augmentait à un taux supérieur à celui du portefeuille global de Rawbank. Ce mécanisme a également réservé 25 % d’une Facteurs d’atténuation des risques de financement facilité de 15 millions $ aux entreprises appartenant à des femmes. • Deuxième prêt d’IFC financé par le biais du DFID • Imprimatur d’IFC, qui a permis d’attirer des financements supplémentaires Avant la fin de l’année 2014, le portefeuille des petites et moyennes entreprises de la part de l’Agence française de développement de Rawbank était passé à 29,4 millions $, et les entreprises appartenant à des femmes y représentaient 3,3 millions $. En outre, l’imprimatur d’IFC Facteurs d’atténuation des risques opérationnels a aidé la banque à attirer un autre financement de l’Agence française de • Transactions de Rawbank dans le prêt aux PME en hausse depuis 2010 développement. Cet apport de capitaux, ajouté au deuxième prêt d’IFC, a été • Part concessionnelle de 3 % du prêt d’IFC adossée à la capacité de Rawbank essentiel pour maintenir l’élan de Rawbank, qui avait ralenti du fait que sa d’élargir son portefeuille de PME appartenant à des femmes réticence naturelle à prendre des risques était confrontée à un taux de prêts 28 TRANSFORMER LE DÉVELOPPEMENT DE L’AFRIQUE FINANCEMENT DE LA LUTTE CONTRE LE CHANGEMENT à ces risques et à améliorer la résilience de leurs portefeuilles CLIMATIQUE d’investissements. Pour porter à l’échelle les investissements à Des sources de financement publiques et privées peuvent être faible teneur carbonique, IFC appuie la mise en place de structures regroupées pour soutenir des investissements pertinents sur le plan d’investissement et de techniques de couverture de risques satisfaisant climatique dans les marchés émergents, à l’aide d’un certain nombre les besoins des investisseurs institutionnels en rentabilité ajustée au d’approches. Pour les projets à haut risque ayant un fort impact sur le risque, diversification, volume des transactions et liquidité. Le fonds climat, IFC co-investit des fonds concessionnels fournis par le Fonds catalytique d’AMC, la société de gestion d’actifs d’IFC, réalise des pour l’environnement mondial, les fonds d’investissement climatique investissements dans des fonds de capital-investissement tournés et des sources bilatérales telles que le Canada, en plus de ses propres vers l’octroi de capitaux aux entreprises qui favorisent l’efficacité fonds. En Afrique du Sud, KaXu Solar One était la première centrale des ressources et créent des produits à faible teneur en carbone. à énergie solaire concentrée avec système de stockage à grande échelle Les obligations vertes sont un exemple de ce type de produits à entrer en fonctionnement sur un marché émergent. Pour aider ce d’investissement. projet exigeant sur le plan technologique et unique en son genre à réussir, des approches innovantes concernant plusieurs dimensions du MARCHES DES CAPITAUX ET SOLUTIONS SUR MESURE projet furent essentielles, y compris le financement mixte par le biais La profondeur et l’efficacité des marchés de capitaux locaux d’un prêt concessionnel contracté par IFC auprès du Fonds pour les constituent un moyen particulièrement efficace d’accéder à des technologies propres (voir étude de cas). financements à court terme et en monnaie locale, qui sont la pierre angulaire d’un secteur privé dynamique et un moteur puissant de Les banques locales et d’autres intermédiaires financiers ont un rôle à création d’emplois et de croissance. S’ils sont stables, les marchés jouer pour appuyer les activités favorables au climat. Les partenaires de capitaux locaux peuvent protéger l’économie contre la volatilité financiers d’IFC connaissent le succès dans de nouveaux segments de des flux de capitaux et réduire la dépendance vis-à-vis de la dette marché favorables au climat pendant que leurs clients réduisent les extérieure. Au-delà des marchés de capitaux, les solutions et risques, diminuent les coûts d’exploitation et deviennent plus résilients instruments sur mesure sont un moyen de surmonter les risques de aux effets du changement climatique et à l’incertitude économique. change ainsi que la volatilité des marchés. Les institutions de financement du développement peuvent conjuguer Le renforcement de tels marchés est une priorité pour les banques de leurs efforts pour développer des marchés de capitaux pouvant développement. IFC les encourage en émettant des titres locaux non- susciter l’intérêt des investisseurs à appuyer des projets favorables au étatiques en monnaie locale, ce qui ouvre la voie à d’autres émetteurs. climat. La Trésorerie d’IFC est un émetteur majeur de d’obligations En plus de fournir des services financiers en monnaie locale pour vertes, dont les revenus soutiennent des investissements dans répondre aux besoins du secteur privé, les banques de développement l’énergie renouvelable, l’efficacité énergétique et d’autres domaines peuvent collaborer avec les États et les régulateurs pour encourager les liés au climat. IFC travaille avec des investisseurs pour les aider réformes et les politiques d’appui aux marchés de capitaux locaux et non seulement à identifier et à jauger les risques liés au changement au financement en monnaie locale. climatique, mais aussi à prendre les mesures qui s’imposent face KaXu Solar One KaXu Solar One était la première centrale à énergie solaire concentrée avec système de stockage à grande échelle à entrer en fonctionnement sur un marché émergent. Conçue, financée et construite par des investisseurs et des prêteurs privés, cette centrale solaire à concentration cylindro-parabolique de 100 MW fournit une énergie propre et en charge de base au réseau du pays depuis février 2015. Le projet a créé 4 500 emplois en phase de construction et 80 emplois permanents en phase d’exploitation. Il alimente en énergie environ 80 000 foyers. Ses parrains sont Abengoa, IDC et Kaxu Community Trust. Structuré par IFC, Le Fonds pour les technologies propres a offert un financement concessionnel innovant au projet. Associé aux fonds d’IFC, il a joué un rôle essentiel en rendant la structure financière du projet viable pour les financiers tout en maintenant le coût de l’énergie produite acceptable pour les consommateurs finaux. PARTENARIATS ET ATTÉNUATION DES RISQUES POUR MOBILISER L’INVESTISSEMENT PRIVÉ À UNE NOUVELLE ÉCHELLE 29 IFC a émis des titres dans 18 monnaies locales de marchés émergents, du dram arménien au renminbi chinois, en passant par la roupie indienne, le sol péruvien et le kwacha zambien. Les prêts, les échanges, les garanties, les mécanismes de partage des risques et autres produits structurés sont d’autres méthodes utilisées pour préserver les marchés de change, les taux d’intérêt et les prix des matières premières. Le Programme de développement institutionnel efficace des marchés des valeurs mobilières en Afrique est un partenariat entre le Groupe de la Banque mondiale et l’Agence suédoise de coopération pour Efficient Securities Market le développement international. Il appuie la création de marchés Institutional Development des valeurs mobilières en bon état de marche afin d’améliorer le Créer des marchés des actions et des obligations financement de secteurs clés tels que le logement, les infrastructures et fonctionnels là où il n’en existe pas la microfinance. L’Afrique subsaharienne connaît une demande en rapide augmentation de logements, de routes, d’électricité et d’autres formes d’infrastructures Grâce à une assistance sous forme d’investissement de la part et recherche des moyens adéquats pour financer ces services. Les d’une institution de développement de référence, l’établissement de gouvernements et les autres institutions publiques de la région microfinance zambien Bayport Financial Services Limited a réussi à recherchent des solutions issues du secteur privé et se tournent de plus en plus vers les marchés des valeurs mobilières, car ils permettent aux pays émettre son premier bon à moyen terme négocié en 2014, ce qui lui a de mobiliser des fonds privés pour des projets exigeant des financements permis de lever 172 millions de kwachas, soit environ 26,5 millions en monnaie locale. $. C’était le premier cas d’émission de titre privé en Zambie depuis Le Programme de développement institutionnel efficace des marchés cinq ans. Les revenus tirés de cette opération permettront à Bayport des valeurs mobilières en Afrique (ESMID) est un partenariat entre le Groupe de la Banque mondiale et l’Agence suédoise de coopération d’accroître ses prêts aux clients à revenus faibles et moyens, ainsi pour le développement international. L’ESMID appuie la création de qu’aux petites entreprises (voir étude de cas). Dans le cadre d’une marchés des valeurs mobilières en bon état de marche afin d’améliorer le émission de titres Zambezi en 2013, IFC a tout d’abord lancé un financement de secteurs clés tels que le logement, les infrastructures et la microfinance. dialogue constructif avec les régulateurs du marché de capitaux. En Afrique de l’Est, ESMID soutient la mise en œuvre d’un marché de capitaux régional pour favoriser des niveaux de financement plus élevés Au-delà de la dette locale, le déploiement d’instruments de marchés pour les secteurs qui exigent des fonds à long terme en monnaie locale. de capitaux, comme les échanges de devises, peut jouer un rôle Depuis le lancement de l’ESMID en 2007, 1,6 milliard $ ont été mobilisés essentiel pour aider les sociétés à gérer le risque de volatilité des par le biais d’obligations de sociétés en Afrique de l’Est. Tous les pays de la région accordent désormais la priorité à l’investissement dans les marchés et financer leurs projets avec succès. Au Sénégal par infrastructures en affectant d’importantes ressources budgétaires (3,5 exemple, IFC et l’institution financière Overseas Private Investment milliards $ en 2015-2016) aux secteurs de l’énergie, des infrastructures et Corporation ont financé la centrale électrique de 53 mégawatts du du transport. Cap des Biches conjointement avec le promoteur ContourGlobal, L’ESMID a appuyé de nombreuses initiatives de mobilisation de capitaux sur des marchés des obligations. l’État du Sénégal et la société nationale d’électricité. Le modèle • La Banque commerciale du Rwanda a à nouveau sollicité le marché de financement innovant du projet a été adapté aux besoins de en 2011, avec l’émission de 1 million $ d’obligations de sociétés pour l’opérateur privé, permettant ainsi à ContourGlobal de financer le soutenir son portefeuille de prêts hypothécaires. projet grâce à un échange en euros des 91 millions $ d’OPIC par IFC • Shelter Afrique a réussi à mobiliser 35 millions $ en 2010 pour différents projets de logements au Kenya suivant un appui de l’ESMID pour cette sur 18 ans. transaction. • Le Kenya Roads Annuity Program a pour objectif de lever 400 millions L’approche a garanti la stabilité en réduisant le risque de fluctuations $ en monnaie locale, soit suffisamment pour construire 10 000 de change, s’assurant pour cela que les recettes correspondent aux kilomètres de routes nouvelles. obligations en matière de service de la dette. Le projet fournira de • Le Kenya Wildlife Service prévoit de lever l’équivalent de 70 millions $ en l’électricité à 100 000 Sénégalais supplémentaires. monnaie locale pour financer des initiatives de protection de la nature, y compris le logement des garde-forestiers dans les parcs nationaux. • En Tanzanie, la National Microfinance Bank se propose d’émettre une obligation équivalent à 150 millions $ en monnaie locale. 30 TRANSFORMER LE DÉVELOPPEMENT DE L’AFRIQUE ÉTUDES DE CAS Scaling Solar Exploiter une source d’énergie économique et propre à travers l’Afrique Alors que les deux tiers de la population de l’Afrique subsaharienne n’ont pas accès à une électricité connectée au réseau, les perspectives économiques et les dispositions du continent vis-à-vis d’une énergie solaire à l’échelle commerciale n’ont jamais été meilleures. L ’énergie solaire est parfaitement adaptée aux besoins de l’Afrique Scaling Solar fixe des cibles ambitieuses pour chaque phase du projet afin de subsaharienne. Les centrales se construisent rapidement et veiller à ce que les besoins des pays soient satisfaits rapidement. Le fait de fournissent de l’électricité avec une certitude sur les prix à long s’engager à fournir une énergie durable et à faible coût dans les deux ans qui terme inférieure à celle des centrales électriques au diesel. Et, avec des taux suivent le lancement du projet crée un gain tangible pour les gouvernements d’ensoleillement élevés sur l’ensemble du continent, les plupart des pays et les promoteurs. peuvent accueillir des solutions solaires à l’échelle commerciale et diversifier En 2015, la Zambie est devenue le premier pays à intégrer le programme. leur production d’énergie au profit de sources renouvelables. Cependant, à Confronté aux coupures d’électricité quotidiennes à cause de la sécheresse l’exception de l’Afrique du Sud, il n’existe pas encore de projet solaire significatif qui affectait gravement sa capacité de production hydroélectrique, le financé sur fonds privés dans la région, faute de dossiers bancables et à cause gouvernement souhaitait construire deux grandes centrales solaires dans le de marchés étroits et idiosyncrasiques, caractérisés par des risques et des cadre de sa stratégie visant à produire 600 mégawatts à partir du solaire dans coûts élevés qui n’incitent pas au financement. les meilleurs délais. Le programme a récemment bouclé sa première enchère Qu’à cela ne tienne, les projets solaires en Afrique subsaharienne ont la et l’offre la plus faible—bloquée sur 25 ans—s’élevait à 6,02 cents par kilowatt capacité de fournir la rentabilité financière que recherchent les investisseurs heure, soit l’énergie solaire la moins chère à ce jour dans la région, bien en-deçà et les promoteurs du monde entier. Pour attirer les financements nécessaires de l’électricité produite au diesel, qui peut coûter plus de 20 cents. Le projet pour de tels projets, la solution réside dans la normalisation des projets et des devrait apporter une capacité de production de 73 mégawatts d’énergie solaire marchés, ainsi que dans l’élimination des couches de risque évitables. d’ici à deux ans. Scaling Solar a été conçu dans cette optique. Le programme s’appuie sur Le Sénégal et Madagascar se sont engagés à rejoindre le programme au l’expertise du Groupe de la Banque mondiale pour déployer des projets début de l’année 2016, afin de créer une capacité de production d’énergie d’énergie solaire connectés au réseau deux ans après leur lancement et solaire de 200 et de 40 mégawatts respectivement. Pour sa part, la Zambie a financés sur fonds privés, afin de fournir de l’électricité à des tarifs stables, déjà pris l’engagement de lancer un deuxième appel d’offres dans le cadre du compétitifs et dans des délais rapides, pendant que les investisseurs programme. bénéficient de projets structurés et normalisés dans le cadre d’une processus concurrentiel qui réduit les risques, les coûts et les tarifs à la consommation. IMPACT ET FACTEURS D’ATTENUATION DES RISQUES DU Pour mener à bien le projet Scaling Solar, le pays hôte doit confier la direction PROJET du projet à un membre du gouvernement, et l’appui des ministères de l’Energie Impact et des Finances, du régulateur et du client ne doivent pas faire défaut. La • Fourniture de 100 MW d’électricité supplémentaire à la Zambie dans les préparation du projet et de l’appel d’offres jettent les bases d’un processus deux ans (Scaling Solar) d’adjudication concurrentiel et transparent. Les promoteurs soumissionnant pour un projet Scaling Solar prennent part à une transaction pleinement Facteur d’atténuation des risques de financement structurée, utilisant des documents normalisés, et sachant que l’essentiel de • Appui des donateurs pour lever des capitaux privés substantiels via des l’audit préalable nécessaire est réalisé par le Groupe de la Banque mondiale. appels d’offres Ces dispositions leur permettent de se concentrer sur leur modèle financier et Facteurs d’atténuation des risques opérationnels la préparation de leur offre. • Risques technologiques répartis entre des sous-traitants EPC et O&M expérimentés De plus, les soumissionnaires pré-qualifiés ont accès à toute une gamme d’instruments de financement et de couverture des risques susceptibles • Audit préalable effectué par le Groupe de la Banque mondiale de lever les dernières incertitudes et d’assurer la tenue rapide du processus • Appui de la Banque mondiale dans la création d’un environnement réglementaire durable d’adjudication. Le Groupe de la Banque mondiale, y compris l’Association internationale de développement et l’Agence multilatérale de garantie des investissements, peut aider à couvrir le risque de crédit du client et fournir une assurance contre les risques politiques. IFC peut accorder des financements de projets en monnaie locale, ainsi qu’une couverture des risques de change. PARTENARIATS ET ATTÉNUATION DES RISQUES POUR MOBILISER L’INVESTISSEMENT PRIVÉ À UNE NOUVELLE ÉCHELLE 31 ÉTUDES DE CAS Bayport Exploiter les marchés obligataires pour renforcer l’octroi de prêts Les marchés de capitaux constituent traditionnellement une source de fonds pour une expansion des prêts bancaires. Pourtant, les marchés de la dette et les marchés boursiers restent peu développés et non liquides dans de nombreux pays africains, lorsqu’ils existent. En Afrique, les marchés nationaux de la dette sont dominés par les titres gouvernementaux. La Zambie ne fait pas exception à cette règle : en 2014, l’on n’avait enregistré aucune émission d’obligation d’entreprise en kwacha zambien depuis cinq ans. L a coopération avec des banques de développement multilatérales a permis à Bayport de mettre fin à cette série noire et de recourir aux marchés financiers pour obtenir les fonds dont elle avait besoin pour prêter davantage. Dans le cadre d’une émission de titres Zambezi en 2013, IFC a tout d’abord lancé un dialogue constructif avec les régulateurs du marché de capitaux. La banque de développement s’est ensuite servie de sa vaste expérience dans les transactions sur les marchés financiers (en Zambie et au-delà) pour aider Bayport à préparer sa propre émission, de façon à ce qu’elle soit bien structurée et lancée au bon moment. IFC et le Fonds africain d’obligations en monnaie locale (ALCB Fund), une unité de KfW, l’institution publique allemande de financement du développement, ont aussi pris des engagements de financement : IFC s’est engagée à acheter 35 % de l’émission en tant qu’investisseur de référence dans l’obligation Bayport et ALCB Fund a promis d’en acheter 13 %. Ces investissements ont servi de catalyseur, l’imprimatur d’IFC ayant amélioré le profil de l’émetteur et rassuré les autres investisseurs, attirant finalement des fonds de pension et des l’agriculture à petite échelle, l’éducation et l’amélioration des maisons, et ceux- compagnies d’assurance sur cette transaction. ci généreront à leur tour de la croissance économique et de nouvelles sources de profits pour d’autres entreprises privées. L’intérêt des investisseurs pour cette émission était si fort que Bayport a accru son offre de 21 millions ZMW, alors qu’elle était initialement prévue à 150 millions ZMW. En fin de compte, la société a pu émettre son premier bon à moyen terme, levant 172 millions ZMW, soit environ 26,5 millions $. Non IMPACT ET FACTEURS D’ATTENUATION DES RISQUES DU seulement cette émission a mis fin à une longue série noire pour le marché, PROJET mais c’était aussi la plus importante émission d’obligation de l’histoire de la Zambie. Impact • Mobilisation de 1,6 milliard $ grâce à des émissions d’obligations de En plus d’élargir la base de prêt et le potentiel de rentabilité de Bayport et sociétés en Afrique de l’Est d’encourager ses efforts en vue de pratiques financières plus responsables, ce • Mobilisation de 26,5 millions $ par des émissions d’obligations en Zambie projet obligataire a permis d’approfondir le marché financier intérieur de la pour financer le microcrédit Zambie, un rouage essentiel du financement de l’économie nationale du pays. Cette opération a également eu un impact positif sur le secteur privé. En effet, Facteurs d’atténuation des risques de financement elle a instauré des pratiques financières solides et démontré qu’il était possible • Présence d’IFC dans le programme d’émission obligataire, rassurante pour les investisseurs d’exploiter les marchés de capitaux pour financer de nouvelles entreprises en Afrique. • Expertise technique avérée d’IFC au service de la structuration du programme d’émission obligataire L’on espère que l’exemple de Bayport encouragera d’autres entreprises de la région à envisager l’émission d’obligations comme moyen d’élargir leur base Facteurs d’atténuation des risques opérationnels • Cadres moyens compétents d’investisseurs et de réduire leurs coûts de financement. • Connaissance du marché obligataire zambien par IFC grâce à l’émission en Plus important encore, le fait que le crédit soit désormais ouvert aux 2013 de l’obligation « Zambezi » libellée en kwacha travailleurs à revenus faibles et moyens ainsi qu’aux petites entreprises en • Relations fortes d’IFC avec les cadres dirigeants de l’entreprise, ses Zambie encouragera peut-être les investissements dans les entreprises, créanciers et l’arrangeur (Barclays/ABSA) 32 TRANSFORMER LE DÉVELOPPEMENT DE L’AFRIQUE ÉTUDES DE CAS Cargill/SIB and Cameroon Agriculture Garantir l’approvisionnement agricole grâce à des prêts aux paysans et aux coopératives La Côte d’Ivoire est l’un des plus grands producteurs de fèves de cacao au monde, et l’économie de cet État d’Afrique de l’Ouest dépend essentiellement de leur exportation. Presque toute la production de cacao du pays est assurée par de petits producteurs, dont la plupart sont organisés en coopératives. Et pourtant, la logistique a toujours constitué l’une des plus grosses difficultés pour ces agriculteurs, car les mauvaises routes détériorent les véhicules, dont l’entretien et la réparation sont extrêmement onéreux. Une facilité de partage des risques a été mise en place pour garantir l’approvisionnement agricole à travers des prêts aux planteurs et aux coopératives en Côte d’Ivoire. Des efforts similaires sont observés au Cameroun. L es coopératives ont accès à des financements à court terme accordés En 2015, Cargill souhaitait instaurer son programme Coop Academy en Côte par les exportateurs, mais la durée de ces prêts les a toujours d’Ivoire afin d’améliorer la rentabilité des coopératives en réduisant la charge empêchés de financer l’achat de nouveaux camions. Par conséquent, liée à l’entretien des vieux camions. Pour cela, elle a rejoint un mécanisme de les coopératives doivent recourir à des véhicules de seconde main, voire encore partage des risques–en collaboration avec IFC, une banque ivoirienne et le plus usés, qui engendrent des coûts d’entretien importants. La collecte des Programme mondial pour l’agriculture et la sécurité alimentaire–afin d’ajouter fèves de cacao à l’aide des camions existants ou plus anciens représente la un bras financier à la Coop Academy. Avec un accès au financement, les partie la plus importante de la structure de coût des coopératives. coopératives pouvaient louer des camions plus facilement et recueillir les fèves plus efficacement dans les champs. En 2013, le géant de l’agroalimentaire Cargill, un acheteur et transformateur majeur du cacao à l’échelle mondiale, a créé la Cargill Coop Academy, un IFC et la Société ivoirienne de banque, la quatrième plus grande banque programme devant aider les coopératives de cacao de la Côte d’Ivoire à mieux ivoirienne, ont décidé de partager le risque de crédit équitablement dans le gérer leurs entreprises en leur enseignant la gestion, la gouvernance, les cadre d’un portefeuille de 6 millions $ pour la location de camions à moyen finances, le contrôle et le marketing. Le programme s’inscrit dans le cadre terme (trois ans) fournis par la SIB aux coopératives. Cargill s’est engagée à d’une initiative élargie de Cargill, appelée Cargill Cocoa Promise, visant à acheter le cacao produit par les coopératives et a rendu l’accord bancable en garantir un approvisionnement régulier en cacao, dont la plus grande partie faisant en sorte d’assurer le service de la dette des coopératives à partir des est cultivée par des petits planteurs dans le monde, afin de répondre à une revenus de la vente du cacao, réduisant ainsi le risque de crédit. demande mondiale croissante en cacao et en produits chocolatiers. PARTENARIATS ET ATTÉNUATION DES RISQUES POUR MOBILISER L’INVESTISSEMENT PRIVÉ À UNE NOUVELLE ÉCHELLE 33 En septembre 2015, 43 coopératives cacaoyères de Côte d’Ivoire ont réceptionné de nouveaux camions lors d’une cérémonie à Abidjan. Quelque 70 000 petits exploitants agricoles défavorisés ont désormais accès à des financements à moyen terme par le biais de 100 coopératives. Pour Cargill, cela signifie une chaîne de valeur du cacao plus forte et une fourniture de fèves de cacao plus fiable. De la même façon, au Cameroun, un programme conjoint Banque mondiale- IFC a été lancé en mars 2015 pour améliorer la compétitivité des organisations de producteurs de manioc, de maïs et de sorgho. La Banque internationale du Cameroun pour l’épargne et le crédit, troisième plus grande banque du pays, est la première institution financière partenaire à participer au mécanisme de partage des risques, dont le montant total est d’environ 5 milliards F CFA d’Afrique centrale, soit environ 8,3 millions $. Au titre du programme, la BICEC octroie des prêts aux organisations de producteurs remplissant certains critères établis par elle-même et IFC. Cette dernière couvre le risque à hauteur de 50 % du coût total des projets. Pour IMPACT ET FACTEURS D’ATTENUATION DES RISQUES DU atténuer davantage les risques, IFC a également mobilisé des financements PROJET auprès du Programme mondial pour l’alimentation et la sécurité alimentaire. Impact La Banque mondiale a apporté un financement supplémentaire de 100 millions • Accès à 130 nouveaux camions au bénéfice de 70 000 agriculteurs en Côte $ par le biais de l’Association internationale de développement pour aider d’Ivoire les organisations de producteurs en termes de renforcement des capacités, • 90 000 tonnes métriques de cacao collectées par les coopératives d’appui en services publics de base et d’amélioration des infrastructures. bénéficiant de baux en Côte d’Ivoire La BICEC a lancé le programme avec deux organisations de producteurs • Au moins 25 % de la population active féminine couverte compte tenu de la prépondérance des femmes dans des chaînes de valeur telles que le manioc de sorgho au nord du Cameroun, en finançant leur achat d’usines de et le maïs au Cameroun transformation du sorgho pour Guinness Cameroon. Ciblant un secteur que les banques ont souvent ignoré, ce programme a permis aux petits exploitants Facteurs d’atténuation des risques de financement agricoles d’accroître et de moderniser leur production. • Mécanisme quadripartite de partage des risques entre Cargill, la SIB, IFC et le PMSA L’on espère désormais que le mécanisme de crédit multipartite public-privé • Longue expérience des coopératives dans le remboursement des avances sera reproduit pour d’autres cultures en Côte d’Ivoire, au Cameroun et ailleurs, sur fond de roulement de Cargill et fournira aux petits exploitants agricoles partout en Afrique un accès à des financements à moyen terme afin de réduire leurs coûts et d’améliorer leur Facteurs d’atténuation des risques spécifiques au secteur rentabilité. • Mise en œuvre réussie du régime de marge commerciale durable pour les coopératives suivant le réforme du secteur du cacao de 2012 Facteurs d’atténuation des risques environnementaux/sociaux • Exigence pour les coopératives de certifier la réduction du travail des enfants et des risques de traçabilité à travers les programmes de gestion de la durabilité et de la chaîne d’approvisionnement par Cargill 34 TRANSFORMER LE DÉVELOPPEMENT DE L’AFRIQUE ÉTUDES DE CAS Al Tadamun Microfinance Foundation Soutenir les femmes entrepreneures en Afrique du Nord IFC soutient un acteur clé de la microfinance en Egypte appelé Al Tadamun Microfinance Foundation. E n fournissant des services de conseil aux institutions de microfinance telles que Al Tadamun—et notamment en les aidant à renforcer leur résilience, à diversifier leur portefeuille de produits et à renforcer leurs capacités institutionnelles générales, IFC aide ces prêteurs à mieux servir leurs clients. Elle contribue également aux efforts de fourniture d’un accès aux services financiers aux couches les plus pauvres de la société. Depuis 20 ans, Al Tadamun aide à satisfaire les besoins des femmes entrepreneures égyptiennes défavorisées en leur apportant des financements pour créer, soutenir et développer des projets générateurs de revenus pour les familles. En 2013, Al Tadamun s’est engagée dans un Toutes les agences de Tadamun sont situées dans les quartiers les plus partenariat triennal avec IFC, en collaboration avec SANAD Fund for Micro, pauvres de la grande région du Caire, y compris Imbaba, Boulaq, El Marg Small and Medium Enterprises. Ce partenariat visait à aider Al Tadamun à et Dar El Salam, et desservent une clientèle qui a besoin de financements renforcer sa résilience, à diversifier ses produits et à consolider ses capacités susceptibles d’appuyer des activités génératrices de revenus et de réduire la institutionnelles. L’institution de microfinance a pour ambition de se vulnérabilité globale. développer rapidement, de gagner une plus grande part du marché des Tadamun accorde des prêts à des femmes telles que Zeinab (voir photo), 19 microprêts et d’assurer un meilleur taux de pénétration des communautés ans, qui produit des portefeuilles sur sa propre machine à coudre. Elle a reçu qu’elle dessert. un prêt de 1 500 LE (environ 200 $) et rêve de posséder un jour son propre En décembre 2015, Al Tadamun comptait plus de 66 000 emprunteuses atelier, avec plus de machines et de personnel. actives pour un solde de prêt moyen de 145 $. La fondation enregistré plus de 5 000 emprunteuses supplémentaires au cours de la première moitié de 2016. Le solde de prêt moyen, en tant que pourcentage du RNB par personne, est d’environ 5 % pour Tadamun, bien en-deçà de la moyenne régionale de 14,2 %, ce qui indique qu’Al Tadamun touche des clients plus pauvres que les autres prêteurs de la région. Al Tadamun accorde des prêts uniquement aux femmes entrepreneures urbaines dans le cadre de prêts solidaires et, se faisant, dessert un segment IMPACT DU PROJET des microentreprises (les femmes à faible revenu) dont les études suggèrent • Création d’un service d’audit interne pleinement fonctionnel et formé, qu’elles sont doublement exclues du secteur financier formel (du fait de qui contribue à une fonction RH professionnelle et pleinement dotée la faiblesse de leurs revenus et de leur sexe). Les données de la Banque en personnel mondiale montrent qu’en Egypte les microentreprises souffrent de façon • A enregistré 30 000 emprunteuses supplémentaires entre 2013 et la disproportionnée de la faible intermédiation financière, seulement 11,1 % première moitié de 2016 d’entre elles recevant des prêts (contre 38,2 % des grandes entreprises). • Près de 160 % de croissance de l’encours du portefeuille Les données factuelles issues de la plus récente évaluation du climat d’investissement en Egypte suggèrent que les femmes ont beaucoup plus de difficultés d’accès aux financements que les hommes et subissent un taux de refus plus élevé. Al Tadamun prête uniquement à des femmes de la grande région du Caire. Cette région concentre le plus grand nombre de personnes (7,5 millions) classées pauvres en Egypte. PARTENARIATS ET ATTÉNUATION DES RISQUES POUR MOBILISER L’INVESTISSEMENT PRIVÉ À UNE NOUVELLE ÉCHELLE 35 ÉTUDES DE CAS Kenya Tea Development Agency Améliorer les rendements des planteurs de thé grâce à des engrais et à une formation de meilleure qualité Le thé est une importante culture de rente au Kenya, qui en est le troisième producteur mondial. Et, en tant que première source de devises, le secteur du thé est un important gisement d’emplois et de croissance économique pour ce pays d’Afrique de l’Est. Plus de 60 % de la production de thé noir du Kenya, soit 13 % de la production mondiale, est cultivée par 560 000 petits exploitants kényans. Ils sont les propriétaires de la Kenya Tea Development Agency Ltd. (KTDA), qui exploite 67 usines à thé. L a KTDA exerce sur l’ensemble de la chaîne de valeur du thé, de l’approvisionnement des paysans en engrais au transport, en passant par le traitement et la commercialisation du thé produit. Chaque usine à thé achète et traite le thé cultivé par ses membres. Les recettes des planteurs de thé dépendent essentiellement des prix du thé, du coût des intrants et de la capacité des planteurs à maximiser les rendements. La KTDA a fait des efforts considérables pour résoudre le deux premières questions. Pourtant, il existe un potentiel énorme pour améliorer davantage la productivité afin de stimuler les rendements. Actuellement, les rendements moyens des petits planteurs de la KTDA sont de deux tonnes à l’hectare, en dessous de la moyenne de trois tonnes à l’hectare que réalisent les grandes plantations de thé du pays. La principale entrave à de meilleurs rendements des petits producteurs est la gestion des nutriments : les théeries de la KTDA appliquent une fertilisation uniforme dans toutes les propriétés sur la base d’analyses des sols faites de 1950 à 1960. Par conséquent, certaines Cette nouvelle initiative perpétue un partenariat qui existe entre IFC et la KTDA plantations sont pauvres en nutriments et d’autres en excès d’engrais. Les depuis 2012, année du premier investissement dans le développement de la micronutriments essentiels se sont aussi amenuisés dans certaines zones, les société. En 2016, IFC a accordé un autre prêt de 55 millions $ pour financer sept exposant à une baisse de rendement à long terme ou à une détérioration de la petites centrales hydroélectriques pour alimenter les théeries de la KTDA. qualité, voire aux deux. Le financement d’IFC a été rendu possible par le gouvernement du Japon, L’on entend également des préoccupations concernant l’utilisation par la à travers le Fonds fiduciaire global Japon-IFC, fenêtre de la Conférence KTDA du carburant de biomasse pour le traitement du thé. En plus de la rapide internationale de Tokyo sur le développement de l’Afrique (TICAD). Cet expansion des terres agricoles consacrées à la culture du thé, l’on a constaté appui financier substantiel du gouvernement japonais va considérablement que certaines théeries de la KTDA utilisaient du bois provenant de fournisseurs améliorer le profil risque/revenu de la KTDA, la rendant plus attractive pour les tiers, ce qui peut conduire à la destruction d’arbres indigènes dans des forêts investisseurs privés. protégées. De telles pratiques faisaient courir à ces théeries le risque de perdre leur certification de Rainforest Alliance et, éventuellement, de perdre des Désormais, plus d’entreprises africaines ayant un lien fort avec des petits acheteurs importants qui, tels que Unilever, exigent du thé produit de façon planteurs, à l’instar de la KTDA, cherchent à bénéficier d’une aide financière et durable. de transferts de technologies de la part d’experts japonais dans des domaines tels que la gestion agronomique, l’efficacité énergétique, la gestion de la Ces risques, à la fois réels et perçus, ainsi que les faibles revenus ajustés au fertilité des sols et l’utilisation des biocombustibles. Il devrait en résulter risque qui en découlent, ont dissuadé bien des investisseurs privés de se lancer une profonde amélioration des moyens de subsistance des petits planteurs dans l’industrie du thé au Kenya. En réaction à cette réticence, IFC et la KTDA, qui fournissent jusqu’à 80 % de l’approvisionnement alimentaire de l’Afrique avec l’appui d’un important donateur, ont lancé en 2016 une nouvelle initiative de 420 millions de shillings kenyans (soit environ 4,2 millions $) pour améliorer subsaharienne. la productivité et les aptitudes commerciales des petits planteurs de thé et renforcer la chaîne d’approvisionnement en biocarburants au cours des quatre prochaines années. Grâce à cette initiative, IFC et la KTDA mettront en place IMPACT DU PROJET un système de tests continus des sols et des feuilles pour tous les planteurs 560 000 planteurs ont accès à des conseils agronomiques améliorés et à • membres afin de formuler des mélanges d’engrais adaptés susceptibles des solutions de nutriments adaptées à leur sol. d’améliorer la productivité des sols. De plus, 330 000 planteurs recevront une • Augmentation de 20 % du rendement moyen par planteur de la KTDA formation financière afin de pouvoir gérer plus efficacement leurs plantations 330 000 planteurs ont reçu une formation en gestion financière • et leurs revenus. IFC collaborera également avec la KTDA pour renforcer sa chaîne d’approvisionnement en carburant et faciliter le passage de la société vers des sources d’énergie renouvelables. 36 TRANSFORMER LE DÉVELOPPEMENT DE L’AFRIQUE ÉTUDES DE CAS Bridge International Academies Développer une éducation qui produit des résultats De nombreux pays africains s’efforcent de fournir à leurs citoyens pauvres une éducation de qualité à un prix abordable. L’étroitesse des salles de classe, l’absentéisme élevé des enseignants, les frais cachés et les programmes erratiques contribuent tous à créer des entraves que les familles à faible revenu ne sont pas souvent capables de surmonter. I l y a trois ans, NewGlobe Schools Inc. a souhaité développer davantage Bridge International Academies, qui comptait 250 écoles à bas coût au Kenya. Son objectif était de porter le nombre d’écoles, qui desservent des familles vivant avec 2 $ ou moins par jour, à plus de 400 au Kenya et de reproduire le modèle Bridge en Ouganda, au Nigéria et en Inde. Son but ultime est de fournir un accès à l’éducation à 1 million d’élèves à revenu faible d’ici à 2020 et à 10 millions d’ici à 2025. La stratégie innovante de Bridge Academies permet d’offrir une éducation de les élèves de Bridge Academy ont systématiquement de meilleurs résultats que qualité aux enfants des familles pauvres à un coût réduit. Elle s’appuie sur les leurs pairs des écoles publiques et des autres écoles privées à bas coût en lecture données, la technologie et l’échelle pour tout standardiser, de l’élaboration de et en mathématiques. En outre, la Banque mondiale, a lancé une évaluation contenus à la facturation, en passant par la formation des enseignants et la d’impact indépendante et rigoureuse du programme des Bridge International construction des académies. Les tablettes mises à la disposition des enseignants Academies au Kenya. Il s’agira du premier essai aléatoire, contrôlé et à grande des Bridge Academies leur permettent de dispenser des cours préformatés, de échelle d’écoles payantes en Afrique subsaharienne. suivre le niveau d’achèvement desdits cours ainsi que les notes d’évaluation. En novembre 2015, la première classe de Bridge a passé les examens nationaux Les écoles Bridge sont généralement bâties sur des friches situées dans des au Kenya, et les premiers résultats sont positifs. La toute première académie de communautés densément peuplées et à faible revenu, évitant aux enfants de Bridge à Mukuru Kwa Njenga, qui a ouvert ses portes en 2009, était l’une de ses devoir marcher sur plus de 500 mètres pour atteindre leur classe. Ces académies 19 ayant obtenu un taux de réussite de 100 % et des notes moyennes supérieures atteignent généralement la viabilité opérationnelle au bout d’un an seulement, à la moyenne nationale lors des examens nationaux de 2015. Les fondateurs en moyenne. de Bridge, Jay Kimmelman et Shannon May, ont été désignés Entrepreneurs Ce modèle hautement standardisé et reproductible permet à Bridge d’exiger des sociaux de l’année au Forum économique mondial pour l’Afrique en 2014. frais de scolarité par élève d’un peu plus de 6 $ par mois seulement, ce qui les rend accessibles pour 90 % des habitants des communautés hôtes et encourage IMPACT ET FACTEURS D’ATTENUATION DES RISQUES DU les familles pauvres à envoyer les garçons et les filles à l’école pour s’offrir un PROJET avenir meilleur. Impact Avec un prix estimé de 60 millions $ et les obstacles réglementaires • Accès à l’éducation pour 1 million d’élèves issus de milieux à faible revenu d’ici supplémentaires inhérents à une expansion au-delà des frontières, NewGlobe à 2020 s’est tournée vers les banques de développement, y compris IFC et la CDC, • Création de 57 000 emplois d’enseignants d’ici à 2020 l’agence de financement du développement du Royaume-Uni. IFC a effectué un investissement en actions privilégiées de 10 millions $ et la CDC a investi 6 Facteurs d’atténuation des risques de financement millions $. La Fondation Gates a investi 10 millions $, les investisseurs existants • Fourniture par IFC d’un financement à long terme particulièrement de NewGlobe ont apporté 15 million $ et les nouveaux investisseurs 15 millions nécessaire pour appuyer les premières étapes de l’expansion de Bridge $. Un prêt de 10 millions $ a été obtenu de l’Overseas Private Investment Facteurs d’atténuation des risques opérationnels Corporation, l’agence de financement du développement du gouvernement Forte reproductibilité du modèle économique et du succès de Bridge au • américain. Kenya Les fonds ont essentiellement servi à l’expansion vers de nouveaux pays (71 %) Facteurs d’atténuation des risques liés au marché et à la réglementation et aux nouvelles écoles au Kenya (14 %), ainsi qu’à la mise au point de nouveaux • Plan d’action initié par IFC, la Banque mondiale et d’autres partenaires au logiciels de Bridge et aux opérations générales. IFC et la Banque mondiale développement pour appuyer l’expansion transfrontalière de Bridge ont aidé Bridge à comprendre et à appliquer les politiques et réglementations Assistance de la Banque mondiale pour comprendre et appliquer les • gouvernementales des trois nouveaux marchés. réglementations gouvernementales sur les nouveaux marchés Aujourd’hui, Bridge assure l’éducation de plus de 80 000 élèves dans 459 écoles • Certification de NGS en tant que centre d’examen de 134 de ses écoles maternelles et primaires dans plusieurs pays. D’après des tests indépendants, PARTENARIATS ET ATTÉNUATION DES RISQUES POUR MOBILISER L’INVESTISSEMENT PRIVÉ À UNE NOUVELLE ÉCHELLE 37 ÉTUDES DE CAS Africa Improved Foods Nutrition à plus grande échelle en Afrique de l’Est Dans un projet qui s’attaque à la malnutrition chronique, DMS, une multinationale néerlandaise, a créé une usine de traitement d’aliments nutritifs au Rwanda. Ce projet ambitieux nécessitait la participation de parrains réputés et de gouvernements réceptifs pour atténuer le risque. Il exigeait également un dispositif solide en matière d’acquisitions, d’approvisionnement et de clientèle pour ses matières premières et ses produits finis E n 2015, IFC a consenti un financement de 26 millions $. Il se composait de 21,5 millions $ de prêts d’IFC et d’autres sources, et de 4,5 millions $ en actions ordinaires pour Africa Improved Foods Holding. La branche consacrée au secteur privé du Programme mondial pour l’agriculture et la sécurité alimentaire, financée par des bailleurs de fonds, a apporté un soutien déterminant à ce projet avec 8 millions $ sur les 26 millions $ représentant l’enveloppe prévue pour la construction et l’exploitation d’une usine de transformation d’une capacité de 45 000 tonnes par an destinée à la production de céréales fortifiées pour la traitement de la malnutrition chez près d’un million d’enfants. Ce projet a donné lieu à un partenariat impliquant plusieurs parties : DSM ; les agences britannique et néerlandaise de financement du développement, CDC et FMO ; le Programme alimentaire mondial ; le gouvernement du Rwanda et l’Initiative Clinton pour l’accès à la santé. Il s’approvisionnera en matières premières auprès de coopératives paysannes au Rwanda et du gouvernement, ce qui fournira un marché stable pour la production des agriculteurs. L’accord d’achat passé avec le PAM, la branche des Nations Unies consacrée à l’aide alimentaire, constitue un ancrage solide pour le projet. Le PAM prévoit de distribuer le produit au Soudan du Sud, en Ouganda et au Burundi, IMPACT ET FACTEURS D’ATTENUATION DES RISQUES DU entre autres pays. Le Rwanda a également accepté d’acheter une part de la PROJET production pour la distribuer aux plus vulnérables, le reste de la production devant être vendu sur le marché du détail. Impact Usine d’une capacité de 45 000 tonnes par an destinée à la production • Le projet vise à mettre au point une série de produits nutritifs fabriqués de céréales fortifiées pour le traitement de la malnutrition chez près d’un localement pour les jeunes enfants et les femmes, essentiellement à partir de million d’enfants produits agricoles locaux et conformes aux habitudes alimentaires locales. Après le Rwanda, une usine similaire est prévue en Éthiopie. Facteurs d’atténuation des risques de financement La première phase du projet au Rwanda devrait coûter près de 60 millions • Apport de capitaux propres patients par le PMSA, IFC, FMO et la CDC $ en dépenses d’investissement et en fonds de roulement. IFC a joué un rôle • Apport de créances à long terme par IFC et d’autres institutions financières de premier plan dans le financement et a contribué à attirer les partenaires • Achat libellé en dollars américains pour l’aligner sur la devise de la créance financiers que sont FMO et la CDC. L’Initiative Clinton pour l’accès à la santé a joué un rôle majeur dans Facteurs d’atténuation des risques opérationnels l’élaboration de ce projet, notamment en amenant dans le projet les parties • Parrain, sous-traitant et équipe dirigeante très expérimentés publiques et DSM. CHAI ne possède aucun intérêt financier dans le projet, mais considère qu’il est important dans la lutte contre les problèmes de santé en Facteurs d’atténuation des risques liés au marché/à la Afrique subsaharienne. clientèle • Achat garanti par le Programme alimentaire mondial des Nations Unies et le gouvernement du Rwanda 38 TRANSFORMER LE DÉVELOPPEMENT DE L’AFRIQUE ÉTUDES DE CAS GLS Liberia and SME Ventures Fournir du capital-risque et de l’assistance technique aux entrepreneurs Alors que l’épidémie d’Ebola frappait durement le Libéria en 2014, les entreprises de logistique étrangères se sont massivement retirées de ce pays d’Afrique de l’Ouest. Mais GLS Liberia, une société de logistique locale en expansion s’est engouffrée dans la brèche, puis est devenue un acteur majeur de la défense du pays contre la maladie. Alors que les fournitures médicales urgemment attendues arrivaient au Libéria, GLS possédait une flotte et un réseau de distribution prêts à transporter des cargaisons de l’aéroport vers différents sites à travers le pays, permettant ainsi de réduire l’impact de la crise. L e fondateur de GLS, Peter Malcolm King, a commencé ses activités marchés fragiles et frontières. Ces entreprises ont créé plus de 9 500 en 2012 avec quatre employés et son expérience en logistique emplois directs et indirects dans des pays où les opportunités d’emploi sont internationale, sa connaissance des besoins du marché local et la particulièrement rares. De plus, 20 % de ces entreprises appartenaient à des motivation de bâtir une entreprise de logistique compétitive au Libéria. femmes et 20 % des emplois directs créés sont tenus par des femmes. Mais bâtir une entreprise telle que GLS exige d’importants financements—dans S’inspirant de ces résultats prometteurs, IFC est en train d’étendre SME ce cas, pour se fournir en camions et autre matériel. Un investissement d’un Ventures à d’autres marchés fragiles et frontières, en vue d’investir 500 fond de capital-risque de SME Ventures géré localement a permis à King de millions $ dans 20 fonds au cours des quatre prochaines années. Cette créer sa flotte et de lancer ses activités. GLS est aujourd’hui l’un des principaux évolution permet également d’impliquer davantage de partenaires au prestataires logistiques du Libéria. La société emploie plus de 40 personnes et développement. Co-investir au côté d’IFC—à l’instar de la banque néerlandaise possède un portefeuille de clients locaux et internationaux. de développement FMO, de Cordaid et de la Fondation Lundin dans les fonds initiaux de SME Ventures en Afrique subsaharienne—permet de libérer des Les petites et moyennes entreprises constituent le moteur de l’emploi capitaux supplémentaires pour des PME à forte croissance. Les partenaires et de la croissance économique dans les économies émergentes et sont sont également importants pour le programme de subventions de SME particulièrement importantes pour les économies fragiles et touchées par Ventures, car ils permettent aux PME d’obtenir l’assistance technique les conflits telles que le Libéria. Mais les petites et moyennes entreprises nécessaire pour réaliser leur plein potentiel. ont d’énormes besoins en capital-risque—des formes de prêt ou d’actions ordinaires présentant une plus grande tolérance au risque que les prêts Dans le cas de GLS, l’appui d’un fond de SME Ventures a propulsé l’entreprise bancaires. Elles connaissent également des difficultés opérationnelles telles du statut de jeune pousse à leader local bien établi. La société a quadruplé ses qu’une expérience managériale limitée et un faible accès aux compétences ventes, décuplé ses effectifs et est désormais en train d’étendre sa présence et aux intrants nécessaires. Même un entrepreneur motivé et expérimenté géographique. King est en train d’accroître considérablement la flotte de tel que King n’est pas à l’abri de tels problèmes ; une série de guerres civiles GLS et verrait bien GLS également jouer un rôle dans d’autres secteurs des au Libéria a produit une génération peu ou pas éduquée, ce qui entrave leur infrastructures au Libéria, y compris des installations pour le fret aérien. capacité à trouver des employés possédant les compétences essentielles telles que celles en gestion financière. Le programme pionnier d’IFC, SME Ventures, a été conçu pour résoudre IMPACT ET FACTEURS D’ATTENUATION DES RISQUES DU certaines des principales difficultés financières et commerciales qui freinent les PROJET PME à fort potentiel sur les marchés les plus difficiles du monde. Il fournit aux Impact entrepreneurs une combinaison unique de services, à savoir du capital-risque • Investissements de plus de 50 millions $ dans 70 entreprises à forte et du conseil. S’appuyant sur le modèle de capital-investissement dans lequel croissance des gestionnaires de fonds sélectionnent soigneusement et accompagnent des • Création de 9 500 emplois directs et indirects entreprises à fort potentiel, IFC fournit aux gestionnaires de fonds novices des • 20 % des entreprises ayant bénéficié d’un appui appartiennent à des capitaux à investir et des financements pour accorder une assistance technique femmes aux PME dans lesquelles ils investissent. Le programme sollicite également les homologues du Groupe de la Banque mondiale pour aider les gouvernements Facteurs d’atténuation des risques de financement à élaborer des cadres réglementaires dans lesquels ces acteurs (et les futurs • Mise à disposition de capital-risque par IFC grâce au programme SME arrivants sur le marché) peuvent exercer. SME Ventures comprend désormais Ventures cinq fonds couvrant neuf marchés fragiles et frontières—Bangladesh, Burundi, • Présence d’IFC, rassurante pour les potentiels investisseurs dans les PME Libéria, Népal, Ouganda, République centrafricaine, République démocratique Facteurs d’atténuation des risques opérationnels du Congo, République du Congo et Sierra Leone—dont la plupart sont des pays • Fourniture de conseils par IFC, par le biais du programme SME Ventures dans lesquels il n’existait précédemment aucun fonds. • Assistance du Groupe de la Banque mondiale dans l’élaboration de cadres La première phase de SME Ventures a abouti à plus de 50 millions $ réglementaires d’investissements dans plus de 70 entreprises à forte croissance sur des PARTENARIATS ET ATTÉNUATION DES RISQUES POUR MOBILISER L’INVESTISSEMENT PRIVÉ À UNE NOUVELLE ÉCHELLE 39 CASE STUDY Les normes d’interopérabilité en Tanzanie Innovateur des services financiers mobile L’Afrique subsaharienne a connu une révolution technologique au cours des 15 dernières années. Le continent a fait un bond de moins de 1% de pénétration du téléphone portable en 2000 à plus de 70%aujourd’hui. Le changement a été favorisé par des réformes progressives de réglementation et soutenu par les services de conseil du Groupe de la Banque mondiale auprès d’au moins 40 gouvernements, ainsi que par des investissements importants dans le déploiement de nouvelles activités mobiles et dans les réseaux de fibres régionales pour relier l’Afrique au reste du monde. IFC, par exemple, a financé 32 projets dans le domaine de la technologie, des médias et de la télécommunication dans 12 pays africains, et a fourni des services de conseil pour développer de nouvelles technologies E n 2014, la Tanzanie est devenu le premier pays à élaborer avec succès et à mettre en œuvre des normes en règles de gestion pour l’interopérabilité des transactions de services financiers mobile. Ces standards d’interopérabilité permettent des transactions monétaires électroniques entre les abonnés de différents opérateurs de téléphonie mobile. Ce système permet aux fournisseurs des services de toucher les personnes exclues des services financiers. L’absence des services d’interopérabilité est un frein à l’expansion des services de finances mobiles. Le processus a été facilité par IFC et soutenu par la Fondation Bill & Melinda Gate et le Fond Financial Sector Deepening Trust of Tanzania, qui a fourni un financement de 2,8 millions de dollars américains pour développer un cadre réglementaire des services financiers mobiles en Tanzanie. Les normes d’interopérabilité de la Tanzanie permettent aux utilisateurs enregistrés auprès des prestataires de services financiers mobiles de transférer, de recevoir et de s’envoyer de l’argent sans intermédiaires dans leur portefeuille, selon des règles définies par l’industrie et qui régissent les modalités de ces paiements. C’est la première phase d’une vision à long terme de l’interopérabilité de l’écosystème des services mobiles financiers. Malgré les avantages évidents de l’interopérabilité, du grand intérêt de l’industrie, et quelques initiatives ambitieuses, dans la plupart des marchés, le succès a été difficile à atteindre en dehors de portefeuilles électroniques dans les services bancaires. IFC a joué un rôle clé dans la facilitation du développement de normes d’interopérabilité en Tanzanie. En tant que partie indépendante des opérateurs et des régulateurs, IFC a pu faciliter la création d’un système national de paiement d’argent mobile, qui a permis à des participants de L ’IMPACT DU PROJET l’industrie de travailler ensemble à l’élaboration de normes communes. • En septembre 2014, un accord final sur les règles opérationnelles des paiements de portefeuilles-aux-portefeuilles a été conclu. Sur la base de l’étude de Moody, sur un échantillon de 51 pays développés • Cet accord vise à faciliter l’accès aux services financiers mobiles et à et émergents, une augmentation de 1% du volume des transactions de favoriser l’inclusion financière. monnaie électronique peut se traduire par une croissance moyenne du PIB de 0,24 %. La Tanzanie est déjà un leader sur le marché en matière des services bancaires mobile. Les normes d’interopérabilité encourageront le progrès en matière d’innovation et pourraient rendre le secteur des services financiers plus accessible, favorisant ainsi la croissance et l’inclusion financière. 40 TRANSFORMER LE DÉVELOPPEMENT DE L’AFRIQUE CAPITAL-INVESTISSEMENT à fort potentiel, IFC fournit aux gestionnaires de fonds novices des Le capital-investissement constitue une autre option de financement capitaux à investir et des financements pour accorder des services qui se popularise en Afrique. Un premier montant de 20 millions $ de conseil aux PME dans lesquelles ils investissent. Le programme en fonds propres a été injecté par IFC en 2007, suivi d’un autre de sollicite également les homologues du Groupe de la Banque mondiale 60 millions $ en 2010, au profit d’Helios Investment Partners, un pour aider les gouvernements à élaborer des cadres réglementaires fonds d’investissement privé ciblant l’Afrique. L’investissement de dans lesquels ces fonds (et les futurs arrivants sur le marché) peuvent référence de la banque de développement a attiré des investisseurs qui, exercer (voir étude de cas). autrement, auraient été hésitants. Cela a permis à Helios d’espérer atteindre un objectif d’investissement de plus d’un milliard de dollars. La société de gestion d’actifs d’IFC (AMC) propose une méthode En outre, les institutions de financement du développement peuvent innovante pour élargir le financement du développement et aider les aider les investisseurs institutionnels internationaux à acquérir des investisseurs à bénéficier de la riche expérience d’IFC dans les pays parts dans des entreprises africaines. en développement. Depuis sa création en 2009, AMC a mis en place neuf fonds d’investissement riches de près de 9 milliards $ en actifs en Le programme pionnier d’IFC, SME Ventures, a été conçu 2015, dont certains sont axés spécialement sur l’Afrique pour résoudre certaines des principales difficultés financières et commerciales qui freinent les PME à fort potentiel sur les marchés les RELEVER LE DÉFI DU MARCHÉ plus difficiles du monde. Il fournit aux entrepreneurs une combinaison L’investissement dans les marchés émergents en général, et en unique de services, à savoir du capital-risque et du conseil. S’appuyant Afrique en particulier, demeure une réelle source de préoccupation. sur le modèle de capital-investissement dans lequel des gestionnaires Les investisseurs à la recherche d’opportunités sur le continent de fonds sélectionnent soigneusement et accompagnent des entreprises doivent prendre en compte les risques souverains et politiques, les FIGURE 7: CAPITAL INVESTED THROUGH PRIVATE EQUITY (US $mn) Sub-Saharan Africa Emerging Markets Total 2 500 37 625 40 000 31 972 35 000 39 946 27 900 2 000 29 222 28 805 30 000 25 160 Sub-Saharan Africa Emerging Market Total 25 000 1 500 20 627 20 000 1 000 15 000 10 000 500 5 000 2 329 2 103 1 396 1 041 1 927 1 186 1 115 691 0 0 2008 2009 2010 2011 2012 2013 2014 2015 Note: Includes private equity, private credit, private infrastructure and real assets. Source: EMPEA Industry Statistics, data as of 31 December 2015. PARTENARIATS ET ATTÉNUATION DES RISQUES POUR MOBILISER L’INVESTISSEMENT PRIVÉ À UNE NOUVELLE ÉCHELLE 41 risques de change, l’incertitude réglementaire, la gouvernance et les • Proposer une assurance contre les risques politiques, tels que questions de corruption, ainsi que l’absence de compétences locales et l’expropriation et le terrorisme d’instruments de placement adaptés, entre autres facteurs. Même dans • Proposer des échanges de devises afin d’éviter l’instabilité du les économies émergentes où les marchés de capitaux sont arrivés à change maturité et où les systèmes politiques sont stables, il demeure difficile • Offrir l’expertise technique et le savoir-faire en structuration afin d’obtenir la cote de crédit de qualité souvent requise par de nombreux de garantir la bancabilité investisseurs institutionnels. • Améliorer l’environnement politique et réglementaire local C’est à ce niveau que se situe le rôle des institutions de financement • Appuyer les gouvernements de la région dans la sélection et la du développement, qui peuvent atténuer les risques et attirer préparation des projets l’investissement privé par différents moyens : • Renforcer les marchés de capitaux nationaux et promouvoir les investissements transfrontaliers. • Apporter un financement de référence afin de renforcer la confiance et la crédibilité qu’exigent les investisseurs Même dans les environnements économiques difficiles ou • Proposer aux investisseurs institutionnels de nouvelles méthodes risqués, il existe des méthodes permettant de garantir la réussite pour prospecter les marchés africains, par exemple par le biais des investissements en Afrique. de la société de gestion des actifs d’IFC, qui investit des capitaux propres en même temps qu’IFC FIGURE 8: SUB-SAHARAN AFRICA INVESTMENT BY INDUSTRY, 2015 (US $mn) Technology 6 Health care 16 Basic Materials 21 Telecommunications 31 Industrials 77 Oil & Gas 100 Consumer Services 110 Financials 148 Consumer Goods 241 Utilities 291 0 50 100 150 200 250 300 350 Source: EMPEA Data as of 31 December 2015. 42 TRANSFORMER LE DÉVELOPPEMENT DE L’AFRIQUE PARTENARIATS ET ATTÉNUATION DES RISQUES POUR MOBILISER L’INVESTISSEMENT PRIVÉ À UNE NOUVELLE ÉCHELLE 43 Sources OPPORTUNITÉS SUR DES MARCHÉS EN RAPIDE MUTATION Banque mondiale, Perspectives économiques mondiales, juin 2016 World Bank, Africa’s Pulse, avril 2016 PPAIF, Institutional Investment in Infrastructure in Emerging Markets and Developing Economies, mars 2014. SOLUTIONS DE FINANCEMENT POUR L’AFRIQUE McKinsey & Co., Brighter Africa: The growth potential of the Sub-Saharan electricity sector, février 2015. Power-technology.com, Azito Power Plant Expansion, Abidjan, Côte d’Ivoire. Banque mondiale, Enquêtes sur les entreprises, 2013. Cargill, Global Cargill Cocoa Promise Report, 2014. The Economist, “Private equity in Africa: Unblocking the pipes”, 24 janvier 2015 KPMG, Banking in Sub-Saharan Africa, 2015 Deutsche Bank, Capital Markets in Sub-Saharan Africa, 2013 EMPEA Industry Statistics, Emerging Markets Private Capital Fundraising & Investment Analysis, Industry Statistics Q3 2015 Femme a Dodoma, en Tanzanie, p.39, photographie par C. Shubert (CCAFS) Equipe de projet DIRECTEURS DU PROJET CONTRIBUTEURS Desmond Dodd, Arthur Karlin Betsy Alley, Oualid Ammar, Ejura Audu, Jonas Ayeri, RÉDACTEUR EN CHEF Yaa Boakye, Eva Bakonyi, Raffaele Boldracchi, Michel Matt Benjamin Botzung, Florence Boupda, Giuliano Caloia, Vanya Candia, PRINCIPAUX CONTRIBUTEURS Brian Casabianca, Yasser Charafi, Omar Chaudry, Silven Lin Shi, Tomoko Suzuki Chikengezha, Dan Croft, Joumana Cobein, Fatou Diop, Jim Emery, Coura Fall, Jamie Ferguson, Britt Gwinner, Bill CONSEILLERS Haworth, David Ivanovic, Tor Jansson, Sylvain Kakou, Région Emi Kitasako, Mohammed Khaled, Rashmi Kharbanda, Mouayed Makhlouf, Oumar Seydi, Vera Songwe Yosuke Kotsuji, Maria Kozloski, Lisbet Kugler, Josiane Economie et stratégie Kwenda, Matthew Leonard, Douglas Lister, Monish Ted Haoquan Chu, Frank Douamba, Rapti Goonesekere, Neil Gregory, Jean Pierre Lacombe Mahurkar, Dramane Meite, Albena Melin, Biju Mohandas, Bushra Mohammad, Gene Moses, Riham Mustafa, Kalyan Marchés financiers, financements et marchés Alejandro Alvarez de la Campa, Allen Forlemu, Riadh Naouar, N. Neelamraju, Wawa Nkosi Donald Nzorubara, Nahla Aliou Maiga, H. John Wilson El-Okdah, Jane Onoka, Jordan Pace, Sean Petersen, Cecile Infrastructures Puiggali, Joe Rebello, Juliette Rose, Yakhara Sembene, Janne Bertrand de la Borde, Linda Munyengeterwa Sevanto, Luba Shara, Zibu Sibanda, Wilfried Tamegnon, Industrie, agroalimentaire et services Wendy Teleki, Richard Warugongo Tracy Washington, Samuel Dzotefe, Aida Kimemia, Mary Jean Moyo Judy Ombura Commerce et compétitivité APPUI David Bridgman, Catherine Masinde, Maiko Miyake Busi Leokane, Yasue Sakuramoto, Jacqueline Santos Trésorerie Martin Habel Remerciements Saran Kebet-Koulibaly IFC 2121 Pennsylvania Ave., N.W. Washington, DC 20433 USA Tel: +1 202 458-9699 Bureaux du hub Afrique subsaharienne SENEGAL, AFRIQUE DU SUD, KENYA, Dakar Johannesburg Nairobi Rue Aimé Césaire x 14 Fricker Road Delta Center Impasse FN 18 Illovo 2196 Menengai Road Fann Résidence P.O. 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