34124 Étude Spéciale o N 11 AOÛT 2005 MICROFINANCE AGRICOLE : GÉRER LES RISQUES ET CONCEVOIR DES PRODUITS ADAPTÉS -- LES CARACTÉRISTIQUES D'UN MODÈLE ÉMERGENT Introduction À travers le monde, 1,2 milliard d'individus sont extrêmement pauvres (subsistent avec moins de 1 dollar par jour), et les trois quarts vivent en milieu rural1. La pau- Les auteurs de l'Étude spéciale No 11 sont Robert vreté est un phénomène à prédominance rurale. Les personnes extrêmement pauvres Peck Christen et Douglas dépensent plus de la moitié de leurs revenus pour se procurer (ou produire) des ali- Pearce, du UK Department for ments de base, qui constituent plus des deux tiers de leur consommation en calories. International Development. La plupart de ces personnes souffrent de déficiences nutritionnelles et nombreuses Joao Pedro Azevedo, Amitabh sont celles qui souffrent de la faim à certaines périodes de l'année. Brar et Myka Reinsch ont Ces dernières années, comme le démontrent les objectifs du Millénaire pour le contribué à la réalisation des recherches du CGAP développement (OMD), certains organismes de développement et pouvoirs publics sur le microfinancement de ont renouvelé leur engagement en faveur de la réduction de la pauvreté, de la faim et l'agriculture, qui ont bénéficié d'autres formes de privation humaine. Entre autres, les OMD visent à réduire de moi- de l'appui financier du Fonds international de développe- tié d'ici à 2015 le nombre de personnes vivant avec moins d'un dollar par jour (l'année ment agricole (FIDA). George 1990 constitue le point de départ). Cela équivaut à réduire le nombre de personnes Ayee, Frank Rubio et Fion de extrêmement pauvres qui vivent dans des pays à revenus faibles et moyens de 28% à Vietter, consultants du CGAP, se sont rendus sur le terrain 14%. Les OMD prévoient aussi, au plus tard en 2015, une réduction de moitié du pour visiter plusieurs institu- nombre de personnes souffrant de la faim. tions qui ont servi d'exemples Entre 1975 et 1990, la pauvreté et la faim en milieu rural ont nettement diminué pour les besoins de cette étude. En outre, le CGAP a mais, depuis lors, le rythme de la réduction de la pauvreté a fléchi. L'aide nette (c'est- réalisé cinq études de cas à-dire l'assistance officielle au développement) apportée aux pays en développement a sur le microfinancement de baissé : elle est passée de 0,35% du revenu national brut des pays de l'OCDE pour la l'agriculture qui complètent cette étude. Les auteurs période 1982­1983 à 0,24% pour la période 2002­20032. Selon le FIDA, à la fin des remercient Richard Meyer, J.D. années 90, la valeur réelle de l'aide nette allouée à l'agriculture ne représentait que von Pischke et Mark Wenner 35% du montant alloué à la fin des années 803. Aussi, bien que la part de la popula- pour leurs précieux com- mentaires ainsi que Richard tion économiquement active engagée dans des activités agricoles ait diminué dans les Rosenberg et Brigit Helms du régions en développement, elle dépasse quand même le taux de 50% en Afrique et en CGAP pour leurs critiques et Asie (tableau 1). leurs suggestions. Le financement de l'agriculture est l'un des éléments dominants des stratégies de déve- loppement rural déployées par les agences de développement et les pouvoirs publics. Le CGAP, Groupe consultatif Ces 40 dernières années, des milliards de dollars ont servi à appuyer la production d'assistance aux pauvres, est un consortium composé de 31 agricole et la révolution verte4. Cependant, ce financement a longtemps été caractérisé agences de développement qui appuient la microfinance. Pour de plus amples renseigne- ments, visitez le site du CGAP Edifier des systèmes financiers accessibles aux pauvres. à l'adresse www.cgap.org. 90832_1-60_R1.indd 1 90832_1-60_R1.indd 7/11/06 9:31:50 AM 7/11/06 9:31:50 AM passé de 410 millions de dollars durant la période Tableau 1 La part importante de l'agriculture dans l'activité économique de certaines régions en 1986­1990 à 2,9 milliards de dollars durant la développement (part de la population économiquement active) période 1991­19958. Le regain d'intérêt à l'échelle internationale pour Région 1961 1980 2001 la réduction de la pauvreté a remis les populations Afrique 79 69 57 Asie 76 67 56 rurales, particulièrement les ménages agricoles, au Europe de l'Est 50 28 15 centre des interventions de développement. Les Amérique latine et programmes de développement agricole englobent 48 34 19 Caraïbes souvent des composantes de crédit à la production Source: Buchenau, "Innovative Products and Adaptations for Rural agricole, qui ont relancé le débat sur les modalités Finance," 2003. de financement dans les zones rurales. Les presta- taires traditionnels de crédit agricole affirment avec par de faibles taux de remboursement de crédit et insistance qu'il est temps de reconnaître leur rôle des subventions non pérennes5. En conséquence, dans le crédit spécialisé pour respecter les cycles des le crédit agricole accordé par certains bailleurs de petits exploitants agricoles régis par les cultures et fonds et banques de développement multilatérales les flux de trésorerie-- à l'heure où les institutions a baissé considérablement ces dernières décennies de microfinance ont réussi à élargir leurs opérations et, aujourd'hui, il est souvent jugé trop risqué. pour atteindre les zones rurales en employant leurs Par exemple, durant la période 1979­1981, l'agriculture représentait 31% des crédits accordés techniques universelles. par la Banque mondiale ; durant la période 2000­ D'une manière générale, les institutions de 2001, elle ne représentait plus que 10% à peine6. microfinance ont très bien géré le risque d'insol- Cette diminution brutale était en partie attribuable vabilité, tandis que les prêteurs traditionnels du à la déception vis-à-vis des grands projets de finan- secteur agricole ont mis au point des produits qui cement de l'agriculture, et en partie au fait que sont bien adaptés aux cycles de trésorerie et aux les financements de la Banque mondiale alloués relations commerciales au sein des communautés au secteur rural transitaient de plus en plus par agricoles. Cependant, il importe de se rappeler d'autres secteurs : par l'intermédiaire de projets de que, pour un grand nombre de petits agriculteurs, microfinance ou dans le cadre de projets de déve- la source principale de crédit n'est pas une banque, loppement communautaire, d'infrastructure ou ni même une institution de microfinance, mais des encore de développement rural. Les crédits accor- acteurs agro-industriels comme les fournisseurs dés par d'autres banques multilatérales de déve- d'intrants (par exemple, les vendeurs de semences loppement et agences d'aide bilatérale confirment ou d'engrais), les négociants et les acteurs de la cette tendance. À la Banque interaméricaine de transformation. De plus, l'autofinancement conti- développement (BID), le montant total des prêts nue de remplir une fonction essentielle dans la accordés aux projets de crédit agricole dans la caté- production agricole. gorie « crédit agricole mondial », qui était de 1,6 milliard de dollars durant la période 1986­1990, Les risques du crédit à l'agriculture est devenu inexistant durant la période 1991­1995. En général, on considère que l'agriculture est plus Les prêts sectoriels visant à aider les pays emprun- aléatoire que l'industrie ou le commerce. Ainsi, il teurs à entreprendre des réformes et consolider les n'est pas surprenant que les projets de financement marchés financiers sont devenus plus importants de l'agriculture aient obtenu des résultats médio- pour la BID7, et ce type d'investissement ciblé est cres en matière de remboursement. Le climat, les 2 90832_1-60_R1.indd 2 90832_1-60_R1.indd 7/11/06 9:31:52 AM 7/11/06 9:31:52 AM nuisibles, les maladies et d'autres calamités com- bles qui changent d'une année à l'autre et sur les- promettent le rendement des récoltes et ce, à une quelles les agriculteurs n'exercent aucun contrôle. échelle considérable dans certains cas extrêmes. Par Ces derniers n'ont aucun moyen véritable de savoir exemple, l'Organisation des Nations Unies pour combien d'autres agriculteurs plantent un produit l'alimentation et l'agriculture (FAO) rapporte que particulier ou quel sera le rendement moyen des durant les trois années précédant 2003, les pertes produits pour une année donnée. Il arrive souvent presque générales des récoltes au Malawi (du fait qu'un prix attrayant une année porte de nombreux des pluies excessives, des inondations, des averses agriculteurs à choisir la même culture l'année de grêle, et dans certaines régions des périodes suivante. Ce mouvement augmente la production de sécheresse) ont touché 176 000 familles dans alors que la demande reste la même, ce qui fait chu- quatre provinces, enregistrant des pénuries alimen- ter les prix et rend la culture bien moins attrayante taires et des cas de faim chronique assez graves l'année suivante. pour justifier une aide humanitaire en vue d'éviter Ceci s'est produit récemment en Ouganda, la famine9. Ce type de risque est plus grave pour lorsqu'une récolte de maïs exceptionnelle à la fin les agriculteurs qui pratiquent la monoculture de 2001 et au début de 2002 a fait chuter les prix du produits particulièrement sensibles à l'utilisation maïs (et les revenus des agriculteurs), phénomène et à la qualité des intrants ou au choix du moment qui a sévèrement pesé sur le remboursement des de la récolte. Les risques inhérents à l'agriculture prêts dans quatre agences de la Centenary Rural peuvent aussi provenir de la volonté chez les agri- Development Bank10. Parfois, les récoltes excep- culteurs d'augmenter leurs revenus en adoptant tionnelles causent des difficultés même aux insti- des stratégies agricoles à haut risque qui leur per- tutions de microfinance bien administrées. À Kafo mettraient de dégager un profit plus élevé. Jiginew (fédération de coopératives de crédit au Les marchés et les prix sont d'autres risques Mali), le taux de portefeuille à risque (à plus de 90 liés à l'agriculture. Un grand nombre de marchés jours) est passé de 3% en 1998 à 12% en 1999 en agricoles sont imparfaits et manquent de structu- raison de la forte baisse des cours du coton. (Les res d'information et de communication. Les prix prêts consentis pour la culture du coton consti- auxquels les récoltes seront vendues sont inconnus tuaient une large part de son portefeuille.) au moment de la plantation et varient en fonction Les risques liés au marché et au prix peuvent des niveaux de la production (à l'échelle nationale être également aggravés par les conditions sur les et mondiale) et de la demande au moment de la marchés internationaux et les décisions de politi- vente. Les prix sont aussi influencés par l'accès aux que publique, qui peuvent donner lieu à un risque marchés. À mesure de l'élimination progressive des politique. Par exemple, la mise en place ou l'élimi- organismes publics de commercialisation, dans de nation de tarifs douaniers dans les pays auxquels les nombreux pays, les petits agriculteurs doivent faire marchandises sont destinées peut considérablement face à des risques prix beaucoup plus grands. Qui modifier les prix nationaux. Durant les années 90, plus est, la demande inélastique de nombreux pro- les pouvoirs publics ghanéens établirent une exoné- duits agricoles induit le fait que des augmentations ration partielle de droits d'importation sur le maïs modestes de production provoquent des variations blanc en réaction à une prévision de récoltes--qui de prix importantes. s'avéra inexacte par la suite--annonçant une pénu- Cette situation se complique du fait que le pro- rie alimentaire majeure. La conséquence fut un cessus décisionnel dans le domaine agricole n'est affaiblissement des prix du marché ghanéen du pas une science exacte : il dépend de plusieurs varia- maïs qui dura deux ans11. De même, les pouvoirs 3 90832_1-60_R1.indd 3 90832_1-60_R1.indd 7/11/06 9:31:53 AM 7/11/06 9:31:53 AM publics peuvent opérer des modifications dans les du milieu rural. Ce modèle associe les caractéristi- subventions agricoles qui affectent le rendement de ques les plus pertinentes et les plus prometteu- certaines activités. ses de la microfinance classique, du financement Avec l'apparition de nouveaux intervenants, la agricole traditionnel et d'autres approches -- concurrence croissante sur les marchés internatio- notamment le crédit-bail, les produits d'assurance naux peut changer radicalement la compétitivité liés aux niveau de risque régionaux, l'utilisation des d'une industrie nationale, comme le démontre technologies et infrastructures existantes ainsi que le Viêt-Nam qui a pénétré récemment l'industrie la contractualisation avec les entreprises de trans- du café, au détriment des producteurs, plus chers, formation, les négociants et l'agro-industrie. Il les d'Amérique latine. Résultat : des millions de dollars combine en une solution hybride que définissent de créances irrécouvrables pour les banques com- 10 caractéristiques principales. merciales spécialisées dans le crédit aux petits pro- L'analyse effectuée dans cette étude constate ducteurs de café à travers l'Amérique centrale12. que les prêteurs qui réussissent dans le domaine du La précision des calendriers de récolte génère un microfinancement de l'agriculture s'appuient sur risque spécifique au financement de l'agriculture. diverses formules qui associent ces caractéristiques Les décaissements des prêts doivent être adaptés pour atténuer les risques inhérents au crédit accordé à des flux de trésorerie irréguliers ; cependant, le aux ménages agricoles, quoique, dans aucun de ces moment où les revenus des dernières récoltes sont cas, les 10 caractéristiques n'aient été réunies. En perçus peut varier en fonction de la date choisie par fait, la présente étude ne suggère aucunement qu'il les agriculteurs pour vendre (ceux-ci peuvent retar- est nécessaire de les réunir toutes pour réussir dans der la vente jusqu'au moment où les conditions le microfinancement de l'agriculture, mais sim- du marché sont favorables). Ces caractéristiques plement qu'il apparaît que la présence d'un bon de la production agricole exigent des prêteurs une nombre d'entre elles semble contribuer à la réussite grande efficience et une présence physique auprès d'un portefeuille, selon diverses combinaisons et de leurs clients agriculteurs. Ainsi, pour les ban- dans diverses circonstances. En général, les toutes ques et d'autres institutions financières, le crédit premières caractéristiques se retrouvent dans la plu- agricole comporte un risque : celui de provoquer part des expériences réussies, tandis que celles qui l'insolvabilité des clients en raison de leur propre arrivent en fin de liste se sont avérées importantes inefficacité. L'exploitation de la plupart des cultu- pour faire face à certains risques ou certaines situa- res de rente améliorées est une affaire relativement tions spécifiques de crédit pour des activités agrico- complexe qui requiert une synchronisation pru- les précises. La plupart des caractéristiques portent dente de nombreuses étapes -- préparation des ter- sur des problèmes particuliers au financement de res, plantation, apport en engrais et récolte. Toute l'agriculture, certaines sur les difficultés générales erreur ou retard survenant à n'importe quelle étape de financement des zones rurales et d'autres encore peut réduire considérablement le rendement, voire traduisent les bonnes pratiques en matière d'octroi l'éliminer entièrement. de petits prêts non garantis. Caractéristique 1 : Le remboursement est Le microfinancement de l'agriculture indépendant de l'emploi du prêt. Les prêteurs Sur la base de quelques expériences fructueuses et évaluent la capacité de remboursement de importantes dans divers pays en développement, l'emprunteur en analysant toutes les sources cette étude présente un modèle de microfinance- de revenus du ménage, et pas seulement les ment de l'agriculture, dont l'objectif est de fournir revenus (par ex. les ventes des récoltes) pro- des services financiers aux ménages agricoles pauvres venant de l'investissement du montant du 4 90832_1-60_R1.indd 4 90832_1-60_R1.indd 7/11/06 9:31:53 AM 7/11/06 9:31:53 AM crédit. Les emprunteurs savent qu'ils sont Caractéristique 5 : Les conditions des prêts sont tenus de rembourser, et ce indépendamment aménagées pour prendre en considération des de l'emploi fructueux ou infructueux de ce flux de trésorerie cycliques et de gros besoins crédit en particulier13. En considérant les ponctuels d'investissement. Au sein des com- ménages agricoles comme des unités financiè- munautés agricoles, les flux de trésorerie sont res complexes, qui mènent plusieurs activités extrêmement cycliques. Pour assurer leur suc- génératrices de revenus et emploient diverses cès, les microprêteurs agricoles ont modifié les stratégies financières pour faire face à leurs conditions de crédit pour suivre au plus près nombreuses obligations, les programmes de ces cycles de flux de trésorerie, sans toutefois microfinancement de l'agriculture ont réussi abandonner le principe essentiel selon lequel à améliorer considérablement les taux de rem- le remboursement est dû, indépendamment boursement. de la réussite ou de l'échec d'une activité de Caractéristique 2 : Les méthodes de crédit fon- production donnée, même lorsqu'il s'agit de dées sur le profil de l'emprunteur sont asso- l'activité pour laquelle le prêt a servi. ciées à des critères techniques de sélection, de Caractéristique 6 : Les arrangements contrac- fixation des conditions de crédit et de recou- tuels diminuent le risque prix, améliorent vrement. Pour diminuer le risque de crédit, la qualité de la production et contribuent à les microprêteurs agricoles ont développé des garantir le remboursement. Lorsque la qualité modèles de crédit qui associent l'adoption de ou la quantité finale d'une culture particulière mécanismes fondés sur la réputation, comme est un motif de préoccupation majeur ­ les garanties solidaires ou un suivi serré des pour les négociants agricoles et les entités retards de remboursement, à la connaissance de transformation par exemple ­ les ententes des techniques de production agricole et des contractuelles qui associent l'assistance tech- marchés des denrées agricoles. nique et la fourniture d'intrants à crédit se Caractéristique 3 : Une offre de mécanismes sont avérées avantageuses tant pour l'agricul- d'épargne. Lorsque les institutions financiè- teur que pour l'intermédiaire de marché. res rurales offrent des comptes de dépôt aux Caractéristique 7: La prestation de services ménages agricoles, ce qui aide ces derniers à financiers se sert des infrastructures ins- épargner en prévision des temps difficiles qui titutionnelles existantes ou est élargie au précèdent les récoltes, le nombre de ces comp- moyen des nouvelles technologies. Lorsque la tes a rapidement surpassé celui des prêts. prestation de services financiers peut exploiter Caractéristique 4 : Le risque du portefeuille l'infrastructure déjà en place dans les zones est largement diversifié. Les institutions de rurales, souvent pour à des fins non finan- microfinance qui ont élargi leurs activités au cières, les coûts de transaction diminuent crédit agricole avec succès ont eu tendance tant pour les prêteurs que pour les emprun- à accorder des prêts à des ménages agricoles teurs et des perspectives de financement rural divers, y compris à des clients engagés dans durables surgissent, même au sein de com- plus d'une activité agricole ou d'élevage munautés éloignées. Diverses technologies de bétail. Ce faisant, elles ont garanti une semblent extrêmement prometteuses quant à meilleure protection de leurs portefeuilles la réduction des coûts des services financiers de prêts et de ceux de leurs clients contre les dans les zones rurales, comme les guichets risques agricoles et d'autres risques naturels automatiques bancaires (GAB), les terminaux indépendants de leur volonté. de points de vente (TPV) reliés à des « cartes 5 90832_1-60_R1.indd 5 90832_1-60_R1.indd 7/11/06 9:31:53 AM 7/11/06 9:31:53 AM à puce » et les agents de crédit équipés d'assis- principales organisations contribuant à repousser les tants personnels numériques (PDA). frontières du financement des communautés agri- Caractéristique 8 : Les regroupements asso- coles. Il reste que le succès, qui se mesure à l'aune ciatifs peuvent faciliter l'accès aux services de la pérennité financière et des taux élevés de rem- financiers en milieu rural et s'avérer des boursement, demeure plutôt rare. Il est clair qu'il prestataires viables dans les zones reculées. En est plus aisé de réussir dans la microfinance en géné- général, les prêteurs font face à des coûts de ral que dans ce domaine appliqué à l'agriculture. transaction bien moindres lorsqu'ils traitent Ce sont les normes de performance générales du avec des associations d'agriculteurs au lieu secteur de la microfinance qui ont été appliquées d'une multitude d'agriculteurs individuels pour mesurer les niveaux de recouvrement des prêts et dispersés -- si l'association est en mesure et la pérennité financière, en lieu et place des nor- d'administrer les prêts efficacement. Les asso- mes, relativement moins exigeantes, du financement ciations peuvent aussi devenir elles-mêmes des de l'agriculture traditionnel. Il importe de noter prestataires de services financiers durables. qu'un grand nombre des expériences décrites dans Caractéristique 9 : L'assurance agricole fon- ce document, qui respectaient ces normes et ont dée sur les niveaux de risque régionaux peut été jugées fructueuses, revêtent toutefois un carac- constituer une protection contre les risques tère expérimental ou moins éprouvé que celles qui inhérents au crédit agricole. Bien que les relèvent du domaine général de la microfinance et systèmes d'assurance agricole parrainés par d'autres secteurs du financement du développement. l'État affichent un bilan médiocre, l'assurance L'expansion des institutions de microfinance solides agricole régionale qui offre des dédommage- vers les marchés ruraux plus difficiles est encore ments en fonction des niveaux régionaux de récente, au même titre que leur expérience dans la pluviosité, des prix des denrées et d'autres élé- prestation de services aux ménages agricoles. ments similaires, laisse présager une meilleure À l'heure actuelle, aucune institution financière protection des prêteurs contre les risques liés offrant des services aux agriculteurs pauvres ne au crédit agricole. réunit les 10 caractéristiques, bien que certaines Caractéristique 10 : Pour réussir, le microfi- se rapprochent de ce chiffre. En outre, cette étude nancement de l'agriculture doit être à l'abri ne suggère pas qu'il existe un consensus large sur de l'ingérence politique. Le microfinancement un modèle potentiel de microfinance agricole. Elle de l'agriculture ne peut survivre à long terme identifie plutôt des caractéristiques dont la combi- sans une protection contre l'ingérence politi- naison a donné des résultats encourageants pour que. Même les programmes les mieux conçus l'évolution de la finance rurale dans des régions et les mieux exécutés s'effondrent devant les agricoles abritant de nombreuses familles pauvres. moratoires des pouvoirs publics sur le rem- Avec un peu de chance, cette étude suscitera un boursement de prêts ou d'autres ingérences débat plus complet sur les caractéristiques que de ce type dans des systèmes de financement devrait revêtir un tel modèle. rural qui fonctionnent convenablement. L'objet de cette étude est d'offrir aux praticiens, Cette étude décrit chaque caractéristique du aux décideurs politiques et aux bailleurs de fonds modèle de microfinancement de l'agriculture pro- un aperçu complet du microfinancement de l'agri- posé. Elle donne un aperçu des éléments clés, pré- culture. Les auteurs espèrent que, avec cette infor- sente des exemples et décrit les nombreux obstacles mation, ils pourront élargir l'accès des ménages qui demeurent. Des exemples concrets sont pré- dépendant de l'agriculture à des services financiers sentés sur la base des expériences et réalisations des durables et ce, à grande échelle. 6 90832_1-60_R1.indd 6 90832_1-60_R1.indd 7/11/06 9:31:53 AM 7/11/06 9:31:53 AM Méthodologie de la recherche Sur presque 80 prestataires de microfinance Durant la période 2002-2003, le Groupe consul- agricole évalués par le CGAP, 30 ont été passés en tatif d'assistance aux pauvres (CGAP), grâce à un revue par la présente étude. Ces institutions ont été financement du Fonds international de développe- sélectionnées en raison du maintien de taux élevés ment agricole (FIDA), a évalué près de 80 prestatai- de remboursement sur une longue période, de l'at- res de microfinance agricole dans le but d'identifier teinte ou quasi atteinte de la pérennité financière des approches durables permettant de fournir de et du potentiel d'activité à grande échelle ou de tels services. Ces institutions ont été identifiées par réplication. Certaines des institutions qui ne sont certains spécialistes en développement rural ainsi pas citées dans le document peuvent avoir atteint que par des ouvrages de microfinance comme des des résultats aussi performants mais elles ont peut- prestataires de microfinance agricole bien établis. être connu récemment une année particulièrement Cette étude est le fruit de ces recherches et des tra- mauvaise, par exemple en raison de fluctuations vaux novateurs réalisés par d'autres organisations et de prix, de conditions climatiques défavorables ou individus, notamment l'Organisation des Nations d'actions d'ingérence politique, et n'avaient pas de Unies pour l'alimentation et l'agriculture (FAO), stratégie adéquate de gestion de risques ou encore l'Agence allemande pour la coopération technique un modèle suffisamment solide pour faire face aux (Gesellschaft für Technische Zusammenarbeit ou risques inhérents au financement de l'agriculture. GTZ), l'Agence américaine pour le développement Parallèlement, certaines des institutions incluses international (USAID), la Banque mondiale, des dans l'étude peuvent avoir rencontré des difficultés experts de la microfinance, des prestataires de servi- similaires depuis lors et ne plus constituer de bons ces techniques et des institutions financières. exemples. L'analyse contenue dans cette étude ne favorise Les difficultés rencontrées pour trouver un aucun type d'institution et aucune approche par- grand nombre d'exemples de réussite parmi les ticulière en raison de la multitude de possibilités prestataires de microfinance agricole démontrent d'apprentissage mutuel entre le financement tradi- le degré de sensibilité du secteur à des facteurs tionnel de l'agriculture, le crédit à l'agro-industrie indépendants. Elles prouvent aussi combien il est et la microfinance. Quoique l'étude soit focalisée nécessaire que les prêteurs agricoles reprennent à sur le crédit, elle reconnaît aussi et décrit l'im- leur compte les enseignements les plus importants portance des services de dépôt, d'assurance et de de la microfinance afin de réduire au minimum les transfert, tant pour les ménages agricoles que pour risques de crédit maîtrisables. Ces difficultés servent les institutions financières. aussi d'avertissement pour les microprêteurs qui Cette étude a été produite sur la base d'un pénètrent les marchés ruraux et octroient des prêts examen de la documentation disponible, de la aux ménages dépendant de l'agriculture pour assu- correspondance échangée avec les institutions fai- rer leur subsistance. sant l'objet des études de cas, de visites auprès de Le CGAP a publié en ligne des études de cas certaines institutions et d'entretiens avec des tiers reprenant certains exemples de réussites parmi les informés de la question14. Les données sur les pro- prestataires de microfinance agricole. Cette étude grammes de financement rural cités dans ce docu- s'appuie largement sur les recherches effectuées ment, en particulier les taux de remboursement et dans le cadre de ces études. En plus d'identifier les les degrés de pérennité financière proviennent de innovations et pratiques employées, les recherches sources diverses, notamment de rapports rédigés soulignent l'importance de concevoir un cadre par des prestataires de crédit agricole. habilitant, propice au financement rural. 7 90832_1-60_R1.indd 7 90832_1-60_R1.indd 7/11/06 9:31:54 AM 7/11/06 9:31:54 AM Tableau 2 Revenus et emplois non agricoles prononcé sur le fait que les remboursements doivent dans les ménages ruraux être honorés, indépendamment de la réussite ou (part du total) de l'échec d'une activité productive donnée. Cette Région Part non Part non agricole des agricole emplois à plein temps démarche a augmenté considérablement les taux des en milieu rural (2002) revenus de remboursement, même pour les prêts octroyés ruraux aux ménages agricoles. Cette caractéristique est (1998) particulièrement importante lorsque l'on considère Afrique 42 11 le financement des cultures de base ou de l'élevage Afrique de l'Est/ 45 Afrique australe de bétail, activités menées année après année, quelle Afrique de l'Ouest 36 que soit la disponibilité de crédit, et qui ne nécessite Asie 32 25 pas de grands investissements initiaux (par rapport Asie de l'Est 35 au rendement annuel). Asie du Sud 29 La communauté du financement du dévelop- Amérique latine 40 36 pement comprend mieux depuis peu les modali- Note : Ces données incluent les ménages sans terre. Les chiffres tés selon lesquelles les ménages pauvres gagnent, concernent certains pays dans chaque région. Les données con- cernant les revenus et les emplois n'étaient pas toutes disponibles dépensent, empruntent et accumulent l'argent et pour la même année et constituent les dernières données dis- d'autres actifs. Pour le microfinancement de l'agri- ponibles. Source : FAO, "The State of Food and Agriculture," 1998 ; Hag- culture, la découverte la plus importante est que gblade et collab., "Strategies for Stimulating Poverty-Alleviating Growth in the Rural Non-farm Economy in Developing Countries," les ménages agricoles sont des épargnants. Dans la 2002. majorité des communautés agricoles, les revenus Caractéristique 1 fluctuants associés aux cycles de culture obligent Le remboursement est indépendant de les ménages à épargner entre les saisons de plan- l'emploi du prêt tation pour pouvoir manger et avoir suffisamment d'argent pour couvrir les frais liés à la nouvelle plan- L'une des caractéristiques essentielles du modèle tation de la saison suivante. Les ménages agricoles émergent de microfinance agricole est qu'il « désas- essaient également de diversifier leurs sources de socie » l'emploi du prêt des sources de rembourse- revenus pour tenir entre les cycles. ment et qu'il traite plutôt le ménage agricole tout De nombreux ménages agricoles diversifient entier comme une seule et même unité économique, leurs sources de revenus en entreprenant différentes dotée de sources de revenus et de besoins de finan- activités agricoles et non agricoles. Cette dernière cement multiples. Même si un prêt est censé servir catégorie comprend toutes les activités économi- à la production d'une culture précise, c'est l'inté- ques rurales, hormis la production agricole15, qui se gralité des revenus du ménage de l'emprunteur que déroulent souvent à l'inverse du cycle des activités l'on prend en compte au moment d'estimer la capa- agricoles, la main d'oeuvre et les ressources étant cité de remboursement. De la même façon, quelle en grande partie retenues par l'agriculture durant la que soit la source, les activités agricoles doivent être saison des récoltes et disponibles durant la morte- financées, et tout microcrédit finit très probablement saison. Les membres des ménages entreprennent par financer des cultures traditionnelles et l'élevage des activités de commerce, de transformation agri- de bétail, directement ou indirectement, en libérant cole rudimentaire (comme le décorticage du riz), des fonds qui, en d'autres circonstances, devraient le travail journalier et l'élevage du bétail, en plus être économisés dans ce but. En désolidarisant l'em- de la production de denrées de base et des cultures ploi du prêt et le remboursement, les prestataires de rente. Parfois, certains membres des ménages de microcrédit ont mis un accent beaucoup plus gagnent d'autres régions du pays pour trouver des 8 90832_1-60_R1.indd 8 90832_1-60_R1.indd 7/11/06 9:31:54 AM 7/11/06 9:31:54 AM emplois saisonniers dans des exploitations agricoles et les prix de vente. Les conditions des prêts étaient ou dans les villes, ou vont même à l'étranger pour conçues pour correspondre à ces caractéristiques, renvoyer une partie de leurs revenus dans leur pays pour chaque activité productive17. Dans la majorité (transferts des migrants). Plusieurs membres de la des pays, cette méthode demeure celle qui prévaut famille mènent ces activités et versent une partie pour la plupart des programmes de financement de ou la totalité de leur salaire contribuer à l'épargne l'agriculture. de la famille16. Si les rendements attendus ne se concrétisent Dans les régions en développement, les reve- pas, que les prix du marché sont bas ou que cer- nus et l'emploi non agricoles sont extrêmement taines difficultés surviennent au niveau des filières importants pour les ménages ruraux (principale- de commercialisation, les prêteurs et les emprun- ment agricoles). La part moyenne des revenus non teurs révisent habituellement les plans d'origine agricoles des ménages est la plus élevée en Afrique et estiment la mesure dans laquelle ces difficultés (42%) et en Amérique latine (40%), mais elle est compromettront la capacité de remboursement également importante en Asie (32%). des agriculteurs, indépendamment des autres mou- Cette diversité d'activités génératrices de reve- vements financiers et des activités génératrices de nus permet d'assurer des rentrées d'argent relative- revenus de la famille (ou de son épargne). Ce pano- ment stables pour de nombreux ménages agricoles. rama incomplet de la situation des ménages pauvres C'est la raison pour laquelle de si nombreux clients et de leurs revenus est la cause prédominante des ruraux des institutions de microfinance sont en faibles taux de remboursement constatés dans le mesure d'effectuer des remboursements hebdoma- secteur du financement de l'agriculture. daires sur leurs prêts tout au long de l'année lors- qu'ils empruntent pour investir dans l'agriculture, Traiter le ménage comme une unité une activité caractérisée par des flux de trésorerie Les prêteurs ruraux qui enregistrent de bonnes extrêmement irréguliers. performances reconnaissent que les ménages agri- Traditionnellement, le crédit agricole se décline coles disposent de plusieurs sources de revenus, et en un large éventail de prêts à la production conçus par conséquent de plusieurs sources susceptibles de exclusivement pour des cultures et des activi- servir au remboursement des prêts18. Ces institu- tés d'élevage précises. Par exemple, en 1984, la tions traitent les clients ruraux comme les gestion- Bank Rakyat Indonesia (qui s'est imposée ensuite naires financiers avertis qu'ils sont et s'efforcent de comme le modèle le plus éloquent de prestation forger avec eux une véritable relation financière. de services de microfinance conformes aux bonnes De plus, ces prêteurs indiquent clairement à leurs pratiques par une banque commerciale) comptait clients que, quelle que soit l'issue d'une récolte, 350 programmes de crédit subventionné pour ils doivent rembourser. En dissociant les crédits de des cultures de produits alimentaires, des activités culture et crédits bétail de la stricte conformité à un d'élevage de bétail et de volaille, de pisciculture, cycle de production particulier et en traitant plutôt d'arboriculture, et d'autres de même nature, et ce les ménages agricoles comme des unités financiè- avec un taux de remboursement de 57%. Pour cha- res, les prêteurs sont à même d'offrir des produits que programme (ou produit de prêt), les experts de prêt souples, qui sont adaptés aux cycles sans étaient parvenus à déterminer la nature exacte du toutefois inciter au non-remboursement. cycle de production : les intrants nécessaires, les Par exemple, un prêteur agricole peut s'entre- dates auxquelles ces derniers devaient être disponi- tenir avec une famille et se rendre compte qu'elle bles, les dates des récoltes, les processus, les rende- dispose encore de semences de l'année antérieure ments, les filières de commercialisation potentielles qu'elle entend utiliser pour planter, mais qu'il lui 9 90832_1-60_R1.indd 9 90832_1-60_R1.indd 7/11/06 9:31:54 AM 7/11/06 9:31:54 AM faut un crédit pour se procurer l'engrais qui servira Reconnaissant l'importance de sources de reve- plus tard durant le cycle de production. Le prêteur nus diversifiées au sein des ménages, de nombreuses peut aussi apprendre que la famille préférerait rem- institutions de microfinance dotées de portefeuilles bourser le crédit d'engrais avant la récolte avec les de crédit agricole stables jugent qu'elles doivent salaires perçus par le fils pour son travail de journa- réduire leurs risques au minimum en excluant les lier, afin d'éponger la dette (et les remboursements ménages qui dépendent exclusivement d'une, ou d'intérêts) plus rapidement et ainsi épargner au peut-être deux cultures, et n'ont pas de revenus maximum les revenus des récoltes (si possible auprès non agricoles. Parmi ces institutions figurent Caja de la même institution financière) pour assurer son los Andes et PRODEM en Bolivie et Financiera quotidien durant les mois où il n'y pas d'activité Calpiá au Salvador20. agricole dans la zone (et, partant, pas de salaire en tant que journalier). Dans ce cas précis, un prêteur Préoccupations concernant l'emploi du prêt faisant preuve de souplesse pourrait offrir un prêt Traditionnellement, le financement de l'agriculture de trois mois pour financer l'achat de l'engrais, qui est recommandé pour soutenir la production agri- serait remboursable sur une base hebdomadaire. cole, ralentir la migration rurale-urbaine et amélio- Ce prêt n'aurait pas l'apparence d'un prêt agricole rer les conditions de vie des personnes pauvres en habituel mais aurait bien pour objectif et pour effet augmentant la sécurité alimentaire, en fournissant de soutenir la production agricole. des services de base et en favorisant l'emploi de nou- La méthodologie de microcrédit employée par velles technologies. Ces priorités sociales sont d'une IPC (Internationale Projekt Consult), cabinet alle- importance cruciale et, dans une certaine mesure, mand de consultation spécialisé dans les services on peut s'attendre à ce que le microfinancement bancaires aux pauvres, pose comme thèse principale agricole les serve. Mais les préoccupations relatives que le ménage doit être considéré comme une unité à l'emploi des prêts ont traditionnellement conduit financière et que l'analyse du flux de trésorerie et à concevoir des produits accordant une importance de la capacité de remboursement doit cibler cette excessive aux activités d'investissement devant être unité au lieu de s'en tenir à la seule activité géné- menées par les emprunteurs, ce qui provoque une ratrice de revenus qui fait l'objet du financement. prolifération de produits assortis de conditions IPC a appliqué cette méthodologie à ses partenaires diverses, comme c'est le cas de la Bank Rakyat d'Amérique latine qui ont étendu leurs activités au Indonesia dans l'exemple cité précédemment. crédit rural et agricole. Au Salvador par exemple, La prolifération des produits peut occasionner Financiera Calpiá a commencé ses opérations en des coûts inutiles pour l'établissement prêteur 1988 et élargi ses activités aux zones rurales une (coûts souvent compensés par des taux d'intérêt éle- fois ses centres urbains bien établis. Ses opérations vés ou de généreuses subventions) car le caractère agricoles se caractérisent par un traitement du fongible de l'argent fait qu'il est malaisé de déter- ménage agricole comme une unité financière, des miner à l'avance l'utilisation des fonds ou de sur- critères de crédit fondés sur la capacité de rem- veiller les investissements réalisés sans occasionner boursement, une approche flexible des obligations des dépenses excessives découlant de la surveillance de garantie, la délégation du processus décisionnel du client. Cela ne veut pas dire que les clients ne à des agents de crédit bien formés, un suivi régulier déclarent pas précisément la raison de leur emprunt des clients pour consolider les relations emprun- et l'emploi qu'ils réservent aux prêts. En effet, ils teur-prêteur et le recours à un système de gestion connaissent bien l'emploi qu'ils souhaitent faire de l'information qui fournit, chaque jour, la situa- des prêts et d'autres sources de financement et ils tion des arriérés . 19 se livrent souvent à un exercice de correspondance 10 90832_1-60_R1.indd 10 90832_1-60_R1.indd 10 7/11/06 9:31:54 AM 7/11/06 9:31:54 AM des flux de trésorerie. En d'autres termes, les clients vent et qui est probablement moins dominant est font correspondre les conditions du crédit aux flux l'investissement dans les intrants agricoles (semen- de revenus attendus (de n'importe quelle source) ces, engrais, salaires des travailleurs journaliers) de sorte que les revenus qui alimentent le rembour- réalisé à l'aide de microprêts. sement du crédit peuvent ne rien avoir de commun avec l'emploi réservé au prêt. Lissage des revenus du ménage La plupart des prestataires de microcrédit n'es- Au sein des communautés agricoles, il est indé- saient pas de contrôler l'emploi des prêts qu'ils niable que les microprêts sont souvent utilisés pour octroient. Et même si, en milieu rural, le microcré- libérer des fonds au profit des activités agricoles dit finance une grande diversité d'autres activités qui, dans d'autres circonstances, seraient néces- personnelles et productives, les ménages ruraux saires pour couvrir les dépenses de subsistance utilisent également ces prêts pour financer des journalière, particulièrement durant les périodes activités agricoles ou d'élevage. Par exemple, étant difficiles. En général, les communautés agricoles donné le caractère fongible de l'argent, certaines connaissent des cycles de prospérité et de perte, familles pauvres utilisent très certainement les prêts tant durant les périodes antérieures que postérieu- qui leur sont accordés pour réaliser des activités res aux récoltes (dans le cas de cultures) et entre les commerciales en appui à leurs activités agricoles. saisons (en raison de la fluctuation des prix). Après Cependant, du fait que les activités agricoles peu- les récoltes, les ménages connaissent une bonne vent être financées via les microcrédits tradition- période et l'argent est en abondance. À mesure nels, les praticiens de ce domaine ne considèrent que l'année avance, l'argent se fait plus rare, par- pas leurs services comme relevant du crédit agri- ticulièrement au début du cycle de culture suivant cole. De plus, le secteur du microcrédit ne dispose lorsqu'il faut réaliser les investissements nécessai- pas d'informations fiables sur la part des prêts res. Si les ménages agricoles n'ont pas accès à un accordés qui finance ces activités car, en général, financement durant les périodes difficiles, ils sont il ne considère pas que l'information sur l'emploi obligés de conserver une plus grande part de leur du crédit soit particulièrement pertinente ou digne capital pour satisfaire leurs besoins de consomma- de foi. tion, vendre leurs récoltes futures par anticipation, De nombreux clients asiatiques utilisent depuis pour un prix modique, afin d'obtenir des liquidités longtemps le microcrédit pour l'élevage du bétail ou garantir des prêts à court terme et très coûteux et la transformation de produits agricoles. L'un auprès de négociants. des usages les plus courants du microcrédit en Lorsqu'ils ont accès aux produits de micro- Asie rurale porte sur les activités agricoles, comme finance (épargne, envois de fonds et prêts), les l'achat de bétail pour l'engraissement (poulets, ménages peuvent investir dans leurs activités pri- chèvres, porcs, vaches) ou la production journalière maires de génération de revenus avec une plus (poules pondeuses, vaches et chèvres laitières) ou grande confiance puisqu'ils disposent d'options encore pour financer la culture du riz (particulière- plus nombreuses pour faire face tant à leurs dépen- ment en Asie du Sud)21. Ces choix d'utilisation sont ses anticipées qu'aux imprévus. La microfinance souvent relatés durant des réunions de groupe (les peut aussi libérer le propre capital des emprunteurs microcrédits sont souvent octroyés dans le cadre de en remplissant une fonction de lissage de revenus groupements solidaires et les groupes se réunissent et peut aussi directement financer des investisse- régulièrement pour discuter de la situation des prêts ments agricoles qui génèrent leurs propres flux et des besoins) et les gestionnaires des programmes de remboursement (comme les vaches laitières et les encouragent. Un thème qui revient moins sou- les poules pondeuses). La fonction de lissage des 11 90832_1-60_R1.indd 11 90832_1-60_R1.indd 11 7/11/06 9:31:54 AM 7/11/06 9:31:54 AM revenus de la microfinance est particulièrement devrait constituer le point de départ de la microfi- importante pour les ménages agricoles qui subis- nance agricole et que les modifications doivent être sent des variations extrêmes de revenus durant effectuées avec précaution, en s'efforçant de main- l'année. tenir dans l'approche globale le plus grand nombre possible de techniques de base. Nombreuses sont Caractéristique 2 les techniques employées par les organisations de Les méthodes de crédit fondées sur le microfinance qui diffèrent diamétralement de cel- profil de l'emprunteur sont associées à les utilisées dans les méthodes de crédit agricole des critères techniques de sélection, de traditionnelles (encadré 1). fixation des conditions de crédit et de Les institutions de microfinance qui ont établi recouvrement des portefeuilles de crédit agricole performants recourent plus souvent à des conditions de garan- Si un prêteur connaît, de source fiable, le profil tie plus souples pour les prêts agricoles que pour d'un client potentiel, comme peut le permettre leurs autres prêts. Elles ont davantage tendance à une centrale des risques qui fonctionne bien, il recourir à une formule associant garants personnels peut accorder un prêt sur la base de l'historique de et gages sur les actifs commerciaux et personnels remboursement des obligations financières de cette (y compris les terres et animaux) au lieu de dépen- personne et de l'évaluation de la situation et des dre de titres de propriété et titres fonciers. Par projets financiers de cette personne. Cependant, exemple, la Centenary Rural Development Bank les pays en développement sont presque toujours en Ouganda accepte, à titre de garantie de crédit, dépourvus d'un système de références en matière du bétail, des garants personnels, des terres non de crédit incluant convenablement les familles pau- titrées, des biens du ménage et du matériel à usage vres. Les techniques de microcrédit ont été conçues commercial. En Bolivie, Caja los Andes accepte des pour se substituer au manque de connaissances des actifs donnés en gage, mais estime leur valeur aux prêteurs sur le profil des clients potentiels et leur yeux de l'emprunteur au lieu de s'en remettre à la volonté de remboursement. Il est probablement valeur de recouvrement établie par la banque. Dans crucial, pour servir les petits exploitants agricoles les zones rurales, les prêts d'une valeur inférieure et ceux habitant des zones reculées ou marginali- à 7 500 dollars peuvent être garantis par des actifs sées des régions rurales, d'appliquer des techniques agricoles ou du ménage et les titres de propriété d'épargne et de crédit solidaire pour atténuer le non enregistrés peuvent être déposés auprès de risque, réduire les coûts d'exploitation et faire res- la banque à titre de garantie, pour une valeur ne pecter les conditions de remboursement. dépassant pas la moitié de la valeur du prêt22. Outils et techniques Intégrer les connaissances spécialisées en Toutes les fois qu'il est possible de le faire, les matière agricole au processus de crédit microprêteurs devraient s'appuyer sur un certain Les prêteurs agricoles traditionnels emploient nombre de techniques de base, même si cette depuis longtemps un personnel spécialisé, formé à étude montre par ailleurs que ces techniques élé- la production agricole et à l'élevage du bétail. De mentaires ont été modifiées avec succès pour les même, les quelques programmes de microfinance besoins de la microfinance agricole. Pour bien qui se sont étendus aux activités agricoles ont com- comprendre cette apparente contradiction, il faut pris l'avantage de recruter des agronomes et des peut-être faire l'hypothèse que l'intégration de vétérinaires pour appuyer leurs décisions et métho- toutes ces techniques éprouvées de microfinance des de crédit. Tout comme les agents de crédit 12 90832_1-60_R1.indd 12 90832_1-60_R1.indd 12 7/11/06 9:31:54 AM 7/11/06 9:31:54 AM Encadré 1 Différences entre le crédit agricole traditionnel et le crédit aux microentreprises Crédit agricole traditionnel Crédit aux microentreprises Sélection des emprunteurs, décisions d'octroi de crédit, conception des produits Fonde ses décisions de crédit sur les projections des revenus de la vente future Fonde ses décisions de crédit sur la capacité actu- des récoltes ou du bétail elle de remboursement Utilise généralement des études de faisabilité pour déterminer la capacité de rem- Utilise souvent les informations provenant des boursement des emprunteurs groupes de pairs et les antécédents en matière de crédit pour déterminer la solvabilité des emprun- teurs Finance une partie ou la totalité d'une activité cible sur la base de sa valeur et de Accorde des prêts à court terme dont le montant la capacité de l'emprunteur à la mener à bien augmente progressivement pour établir des rela- tions avec des clients et diminuer le risque de non-remboursement. De ce fait, les microprêts ont tendance à être beaucoup plus petits que les prêts agricoles accordés aux ménages de même niveau de revenus. Associe le remboursement au produit de l'activité agricole Prévoit des remboursements fréquents pour tirer profit des diverses sources de revenus d'un ménage emprunteur Accorde parfois du crédit agricole à de petits groupes, qui administrent souvent A tendance à employer des mécanismes de groupe des fonds de crédit rotatif pour recueillir des informations sur sa clientèle et faire respecter les conditions des contrats de prêt mais conserve des responsabilités en matière d'administration du prêt* Associe souvent le crédit à l'adoption de certaines technologies, d'intrants ou de N'associe pas le crédit à d'autres services. Parmi filières commerciales en particulier ; exige souvent des agriculteurs qu'ils adhèrent les exceptions figurent les programmes qui exigent à des associations ou à des coopératives une épargne obligatoire ou qui offrent une forma- tion de base sur des questions d'intérêt social, comme la santé maternelle ou la nutrition infantile Établit souvent des taux d'intérêt abordables pour les clients compte tenu des Établit des taux d'intérêt pour couvrir entièrement retours sur investissements agricoles projetés. les coûts, ce qui permet aux institutions de microfi- nance d'entreprendre davantage d'activités opéra- tionnelles, ce qui atténue le risque S'appuie sur un personnel technique formé (agronomes, spécialistes en élevage S'appuie sur un personnel formé à la méthodologie de bétail) ou sur des modèles analytiques détaillés (ou les deux) pour prendre des de crédit et non aux activités du client décisions de crédit et surveiller l'exécution des programmes de production/inves- tissement Accompagnement des emprunteurs Attend des agents de crédit qu'ils emploient la plupart de leur temps à concevoir Attend des agents de crédit qu'ils se concentrent et faire appliquer des plans d'investissement et veiller sur la production sur l'établissement de relations avec les clients, la mise en application des conditions de rembourse- ment et sur la connaissance des performances des diverses activités économiques des ménages agricoles Déploie des efforts considérables pour s'assurer que les prêts sont utilisés confor- Part du principe que l'argent est de nature fongible mément à des plans établis préalablement et consent des efforts minimaux pour contrôler l'emploi des prêts Tend à être beaucoup plus indulgent sur les délais de remboursement, et suppose Dépense beaucoup d'énergie pour faire respecter souvent que les agriculteurs choisissent le moment de vendre pour obtenir les une discipline stricte de remboursement meilleurs prix possibles S'appuie sur tout un ensemble de directives relatives aux plans d'investissement S'appuie sur un petit nombre d'indicateurs clés agricole et de bétail, aux flux de trésorerie prévus et aux plans de remboursement (comme le montant du prêt ou du remboursement) pour effectuer le suivi des remboursements Emploie des systèmes plus rudimentaires de suivi des prêts Élabore des systèmes d'information de gestion efficaces pour faciliter un suivi immédiat des verse- ments en retard * Cette pratique s'applique principalement au crédit solidaire et non au crédit individuel ou aux caisses villageoises (qui délèguent un cer- tain nombre d'attributions administratives à des groupes plus importants) 13 90832_1-60_R1.indd 13 90832_1-60_R1.indd 13 7/11/06 9:31:55 AM 7/11/06 9:31:55 AM opérant en milieu urbain auprès de microentrepri- voisines et en réalisant des études de marché dans ses sont à même de savoir rapidement si une petite les nouvelles régions. Les agences rurales ne sont boutique est bien gérée, le personnel spécialisé des établies que si leur portefeuille potentiel justifie zones rurales peut déterminer la manière dont une l'investissement nécessaire en infrastructure et en activité agricole est menée, sans avoir à créer un capital humain25. Au Chili, Banco del Estado de modèle complexe et intégré de production pour Chile a passé deux ans à adapter ses techniques une activité précise. Les agents de crédit qui ont de crédit aux microentreprises avant de s'étendre une formation spéciale peuvent ajuster au mieux aux activités agricoles26. Cette organisation a aussi les conditions régissant un microcrédit agricole à adapté des techniques de financement agricole en l'opportunité d'investissement qui se présente ainsi intégrant par exemple l'analyse des cultures dans qu'aux flux de revenus du ménage agricole pour l'analyse plus large de sa clientèle et en modifiant permettre au prêteur de réduire son risque au mini- ses échéanciers de remboursement de façon à tenir mum. De plus, on pourrait envisager d'élaborer des compte des cycles de revenus saisonniers. modèles qui systématisent de tels éléments d'infor- mation pour garantir une analyse plus cohérente et Caractéristique 3 éclairer les décisions de l'agent de crédit. Une offre de mécanismes d'épargne Par exemple, la Centenary Rural Development Bank en Ouganda a formé ses agents de crédit à L'épargne des ménages demeure la principale l'agriculture et à l'agro-industrie pour les aider à source de financement de la plupart des activités concevoir l'agriculture comme une entreprise et, de de nature privée, de celles des petits agriculteurs ce fait, accompagner plus efficacement leurs clients ou des microentreprises de production et de com- agriculteurs23. Ce type de personnel compétent est merce, y compris les activités agricoles. Pourtant, en mesure de concevoir des outils perfectionnés la plupart des banques, comme les banques d'épar- pour appuyer le processus décisionnel relatif au gne agricoles et de développement découragent crédit. En Bosnie-Herzégovine, l'institution de les petits dépôts, car elles considèrent que ceux-ci microfinance Economic Credit Institution (EKI constituent des dettes coûteuses. Elles découra- en bosniaque), dont la moitié du portefeuille est gent de tels dépôts en exigeant que les titulaires de nature agricole, emploie des tableurs préparés potentiels de comptes soient recommandés auprès par un agronome recensant les produits agricoles de la banque par des clients actuels, en fournissant clés. En plus d'utiliser cet outil pour effectuer une des services de caisse médiocres (c'est-à-dire que analyse des flux de trésorerie des activités agricoles les clients doivent attendre longtemps pour réali- proposées, EKI exploite son expérience dans divers ser des transactions dans les agences), en exigeant secteurs agricoles (élevage de bétail, agriculture, des soldes minimaux pour ouvrir ou maintenir apiculture) pour évaluer les prêts potentiels24. des comptes afin d'éviter des frais mensuels et en Les organisations prennent également le temps imposant des formalités administratives qui sont de renforcer leurs capacités avant de se lancer dans presque aussi onéreuses que celles requises pour les le microfinancement de l'agriculture. Avant d'inves- demandes de microcrédit. tir dans l'ouverture d'une agence, elles soumettent L'expérience acquise par de nombreux grands d'abord le marché rural potentiel à un test. Cette programmes de microfinance leur a montré ce que précaution réduit le risque associé à l'expansion des les enseignants de Ohio State University et d'autres activités en milieu rural. Calpiá (au Salvador) réduit établissements ont appris à travers leurs nombreu- les risques inhérents à l'ouverture d'agences rurales ses études sur les marchés financiers informels27. en développant d'abord les portefeuilles d'agences Presque tous les ménages ruraux, quel que soit leur 14 90832_1-60_R1.indd 14 90832_1-60_R1.indd 14 7/11/06 9:31:55 AM 7/11/06 9:31:55 AM niveau de pauvreté, adoptent un certain nombre de dépenses agricoles et familiales, d'effectuer les rem- stratégies financières pour augmenter leurs actifs, se boursements d'intérêts requis par leur emprunt et de préparer à des événements majeurs de la vie (comme répondre aux situations d'urgence sans délai. Dans les mariages, les enterrements et les frais d'études) cette perspective, rares sont les ménages qui ne vou- et à des situations d'urgence et aussi pour financer draient pas avoir accès à des comptes d'épargne sûrs leurs transactions quotidiennes28. Ils épargnent par et liquides dans des institutions bancaires officielles. des moyens variés et non financiers, comme l'ac- Quelques prêteurs agricoles ont réussi à relever le cumulation de bétail, de bijoux, de matériaux de défi posé par l'épargne. Le plus notable d'entre eux construction et de cultures de base. Certaines de est la BAAC en Thaïlande (Bank for Agriculture and ces méthodes ont des origines culturelles profon- Agricultural Cooperatives)30 qui, d'une institution des, particulièrement dans le cas du bétail. spécialisée dans le crédit agricole, est passée à un En cas de besoin, ces actifs peuvent être vendus statut plus diversifié de banque rurale fournissant en échange d'espèces, quoique de façon limitée. une vaste gamme de services financiers31. La BAAC, Souvent, ces actifs ne sont pas liquides et peuvent créée en 1966 comme banque d'État de développe- être échangés contre des espèces seulement en ment agricole, est un exemple peu commun parmi consentant un rabais considérable par rapport à les institutions de crédit rural en raison de son enver- leur prix courant (s'ils sont vendus à la hâte). Ces gure et de sa couverture impressionnantes. actifs sont exposés : par exemple, les animaux peu- En mars 2003, la BAAC avait plus de 600 bureaux vent mourir, être victimes de maladies ou de vol. à travers la Thaïlande, comptait plus de 5 millions En plus, ils ne sont pas divisibles, au cas où l'épar- de clients, un encours de crédits de 5,8 milliards de gnant voudrait seulement réaliser une petite partie dollars, et des dépôts d'épargne de 6,2 milliards ; de la valeur de l'actif. en outre, elle fournissait des services de crédit à De nombreux ménages ruraux se lancent dans plus de 90% des ménages agricoles thaïlandais32. des relations financières informelles entre eux. Ils Bien qu'elle soit de nature publique (le gouverne- peuvent faire partie d'associations rotatives d'épar- ment demeure l'actionnaire principal de la BAAC), gne et de crédit (tontines) et mettre de côté de elle est largement autonome et finance 80% de ses petits montants chaque jour ou chaque semaine . 29 prêts au moyen de l'épargne (dépôts). En 1987, la À la fin de chaque période de collecte, un membre BAAC a lancé une campagne très active de mobili- reçoit le montant entier auquel le groupe a contri- sation de l'épargne et, aujourd'hui, elle offre toute bué et l'utilise pour acheter des biens importants une gamme de produits de dépôt pour répondre ou couvrir des dépenses majeures, comme des frais aux besoins de la clientèle, notamment des livrets de scolarité ou des mariages. Ils se prêtent aussi de d'épargne, des dépôts à terme et un plan d'épargne l'argent mutuellement ainsi qu'aux membres de pour un hadj (pèlerinage à la Mecque). leur famille et économisent de l'argent en espèces Au Népal, les Small Farmers Cooperatives, Ltd., « sous le matelas ». En fait, les familles pauvres ont ou SFCL, sont le fruit d'une réforme de long essentiellement les mêmes besoins financiers que terme qui a transformé une banque de développe- les familles mieux loties. Peu importe leur degré de ment agricole en plusieurs organisations associati- pauvreté, elles ont le même besoin de gérer leurs ves (coopératives multiservices). Ces coopératives liquidités, réaliser des transactions et accumuler offrent des produits personnalisés de crédit agricole des actifs. Pour ce faire, elles ont mis en place une et non agricole, des plans d'épargne et des assuran- multitude de mécanismes informels. ces. Elles sont détenues et dirigées par leurs adhé- L'accès à des comptes de dépôt élémentaires rents ; elles pratiquent également une politique permettrait aux ménages agricoles de couvrir leurs d'adhésion ouverte envers les agriculteurs pauvres, 15 90832_1-60_R1.indd 15 90832_1-60_R1.indd 15 7/11/06 9:31:55 AM 7/11/06 9:31:55 AM que l'on définit comme ceux qui possèdent entre 210 000 adhérents en 1999 à 577 500 en 2002, un demi et un hectare de terres et qui perçoivent avec un total de 129 coopératives et 767 agences. un revenu par habitant inférieur à la moitié de la À la fin 2002, le SICREDI détenait 518 millions moyenne nationale. Les coopératives recensent 73 000 de dollars en épargne et 315 millions de dollars adhérents, dont un tiers est composé de femmes. d'encours de crédits (la part des impayés s'élevant Elles ont reçu une assistance technique financée par à 8%)36. le Fonds international de développement agricole, Ces institutions -- avec d'autres comme le sys- la Banque asiatique de développement et l'Agence tème desa de la Bank Rakyat Indonesia, des coo- allemande de coopération technique33. pératives d'épargne et de crédit à travers le monde L'une des coopératives de petits agriculteurs les et certaines autres institutions de microfinance -- plus performantes du Népal est située à Anandavan : ont démontré que les pauvres des zones rurales au mois de juillet 2002, elle comptait 861 mem- épargnent effectivement si on leur donne l'occasion bres, dont 86% étaient des femmes34. En juillet de le faire et ce, dans une structure efficace, bien 2003, son portefeuille de prêts était de 17,8 mil- organisée et dotée d'instruments financiers bien lions de roupies (soit 240 500 dollars américains), conçus et attirants. Tous les ménages ruraux, indé- sans arriérés et de 14,6 millions de roupies (soit pendamment de leurs sources ou de leur niveau 197 000 dollars) en épargne. De plus, la coopéra- de revenus, peuvent recourir aux facilités de dépôt tive détient 2,9 millions de roupies (39 000 dollars) pour améliorer leur capacité à gérer des liquidités en capitaux permanents, qui incluent le capital et construire une base d'actifs. d'apport et le capital social. La coopérative offre 10 produits d'épargne pour attirer divers types Caractéristique 4 d'adhérents. De même, elle s'attaque à la pauvreté Le risque du portefeuille est largement dans la localité en offrant des produits novateurs diversifié de crédit aux membres sans terre (comme les prêts aux propriétaires de pousse-pousse) et des produits La diversification est l'une des stratégies principales flexibles d'épargne. d'atténuation du risque employées par les institu- Dans le sud du Brésil, le nombre des adhérents tions de microfinance, les coopératives d'épargne du système des Cooperativas de Credito Rural et de crédit et les banques spécialisées intervenant com Interacao Solidaria (Cresol), composé de dans des zones rurales. Pour réduire leurs risques et coopératives d'épargne et de crédit pour les petits les coûts d'exploitation liés à l'agriculture, les ins- agriculteurs, est passé de moins de 2 000 mem- titutions de microfinance ont tendance à limiter le bres à travers cinq coopératives en 1996 à plus de crédit agricole à moins du tiers de leur portefeuille. 31 000 à travers 73 coopératives à l'heure actuelle. L'agriculture constitue environ 25% du portefeuille Les adhérents sont pauvres, la moitié vivant au de Confianza (une institution de financement dessous du seuil de pauvreté et 95% gagnant moins rurale du Pérou), mais seulement 6% de celui de de la moitié de la moyenne annuelle du produit Caja los Andes (Bolivie), de même que pour la intérieur brut par habitant. Avant de rejoindre ces Centenary Bank en Ouganda (bien que sa part coopératives, 85% des membres n'avaient jamais soit considérablement plus élevée chez Calpiá au contracté de prêt, et la moitié n'avait jamais eu de Salvador, qui adopte une approche similaire pour le compte en banque35. Un autre système brésilien microfinancement de l'agriculture)37. de coopératives d'épargne et de crédit agricoles, le Certaines institutions de microfinance qui ont SICREDI, a vu son nombre d'adhérents augmen- développé des portefeuilles de crédit agricole sta- ter rapidement ces dernières années, en passant de bles atténuent leur risque en excluant les ménages 16 90832_1-60_R1.indd 16 90832_1-60_R1.indd 16 7/11/06 9:31:55 AM 7/11/06 9:31:55 AM qui dépendent d'une seule ou de deux cultures et titutions ont cherché à étendre ce type de crédit, n'ont pas de revenus non agricoles. Caja los Andes par exemple en dépassant un seuil déterminé de et PRODEM en Bolivie, Calpiá au Salvador ainsi prêts agricoles ou en canalisant les fonds publics que certaines autres institutions de microfinance vers l'agriculture, elles ont parfois été confrontées qui ont étendu leurs activités au crédit agricole à de graves conséquences (comme des crises sévères exigent que leurs clients fassent état de sources de de remboursement et de liquidité) . Les politiques 39 revenus diverses. En plus des sources de revenus de diversification des portefeuilles influent seule- non agricoles, la plupart des clients agriculteurs de ment sur la part des crédits agricoles par rapport Caja los Andes connaissent au moins deux saisons aux crédits non agricoles à l'intérieur d'un même de croissance et ont un accès à des marchés déjà portefeuille, et pas nécessairement sur le volume établis pour vendre leurs récoltes38. de ces crédits en termes absolus. Par exemple, bien Cette pratique suit celle employée par d'autres que la part du portefeuille agricole de Confianza coopératives d'épargne et de crédit performantes, ait diminué fortement suite à la diversification des qui en général plafonnent la part du crédit agricole ses activités, le volume de ses prêts à l'agriculture a à un niveau situé entre 10 et 25% du portefeuille. presque quadruplé40. La gamme des activités financées est diverse, de sorte que, par exemple, si une maladie décime la Caractéristique 5 majorité de la population porcine dans une région, Les conditions des prêts sont aména- la crise n'a pas un effet catastrophique sur le porte- gées pour prendre en considération des feuille du prêteur. Le risque inhérent à la possession flux de trésorerie cycliques et de gros d'un portefeuille non diversifié est illustré par Caja besoins ponctuels d'investissement Rural San Martin, une institution rurale de micro- finance du Pérou (encadré 2). Les activités agricoles peuvent produire des flux de La diversification du portefeuille a facilité autant trésorerie de nature cyclique (c'est-à-dire déter- qu'elle a limité l'expansion des institutions de miné par les calendriers des récoltes ou de la pro- microfinance vers le crédit agricole. Quand les ins- duction avicole) ou induire de longs délais avant Encadré 2 Pérou : Caja Rural San Martín - Diversification du portefeuille de crédit Entre 1994 et 2000, plus de la moitié du portefeuille de Caja Rural San Martin était lié à l'agriculture, sous la forme de prêts aux petits et moyens cultivateurs de riz. Cependant, en 1998 et 1999, la récolte péruvienne de riz fut gravement endommagée par le phénomène El Niño. Les fortes pertes enregistrées dans le rendement des récoltes causèrent une importante augmentation de prix qui attira de nombreux nouveaux cultivateurs, ce qui entraîna une surproduction et une baisse vertigineuse et historique des prix du riz. Puis, durant la période 2000-2001, une maladie détruisit les récoltes de riz d'un grand nombre de clients de la banque. Parallèlement, le régime d'Alberto Fujimori introduisit des politiques popu- listes favorisant l'annulation des dettes et empêchant aux banques d'imposer de nouvelles mesures de recouvrement des dettes aux agriculteurs en retard de paiement. Tous ces événements occasionnèrent un déclin considérable de la qualité du portefeuille de prêts de Caja Rural San Martin. Les événements de 1998 à 2001 forcèrent les banques à craindre davantage les risques et à diversifier leur porte- feuille. Après avoir diminué quasiment de moitié ses prêts à l'agriculture en 2001, la banque finit par cesser entièrement d'accorder des prêts pour la culture du riz. Depuis 2002, elle accorde des prêts uniquement aux agriculteurs qui possè- dent des entreprises agricoles bien établies, des terres irriguées et sont à même de fournir en garantie des terres et des biens. Aujourd'hui, la banque détient un portefeuille de crédit diversifié, qui comprend des prêts aux microentreprises, des prêts habitat et des prêts à la consommation, en plus des prêts à l'agriculture. De ce fait, la qualité du portefeuille s'est améliorée et Caja Rural San Martin est maintenant moins vulnérable aux risques associés à la production et aux prix. En novembre 2002, son portefeuille d'encours de crédits s'élevait à 16,3 millions de dollars, avec plus de 13 000 emprun- teurs et un taux de portefeuille à risque ( à plus de 30 jours) de 8%. Source : Rubio, "Caja Rural San Martin," 2002. 17 90832_1-60_R1.indd 17 90832_1-60_R1.indd 17 7/11/06 9:31:55 AM 7/11/06 9:31:55 AM de produire un rendement (par ex. les cultures les d'une souplesse véritable. Ces institutions ont arbustives ou le bétail de boucherie). Ceci peut adapté les prêts aux flux de trésorerie des activités influer sur les caractéristiques des flux de revenus agricoles et ont pour cela intégré une composante et de dépenses de la communauté rurale en géné- agro-économique à l'analyse des crédits, sans ral, au sein de laquelle l'agriculture est une activité toutefois négliger les autres sources de revenus économique considérable, et peut aussi affecter éventuelles des ménages emprunteurs, qui sont d'autres activités commerciales (ainsi que les bud- multiples. Cette souplesse porte uniquement sur le gets des ménages). mode de structuration des prêts et ne diminue pas l'importance accordée au remboursement. Des flux de trésorerie cycliques Durant la moitié des années 90, Caja los Andes La production agricole nécessite souvent des en Bolivie, en présence d'un marché urbain de plus dépenses échelonnées dans le temps pour faire face en plus compétitif, a voulu profiter de l'occasion au calendrier de production, tout en permettant le que présentait le déclin du crédit agricole au sein paiement de grosses sommes globales durant les des banques publiques. Elle a fait le constat que récoltes, l'abattage ou encore la vente du bétail, ses techniques d'analyse de crédit et ses échéan- ou peu après. Ce schéma est particulièrement vrai ciers étaient conçus pour des activités urbaines, pour les agriculteurs qui emploient des intrants commerciales ou tertiaires, et, de ce fait, n'étaient modernes, comme les semences améliorées, les pas appropriés pour les activités agricoles car ils ris- engrais et les pesticides et qui embauchent des quaient d'occasionner des problèmes d'insolvabilité travailleurs saisonniers pour les récoltes. Dans ces et de diminuer chez les agriculteurs les demandes cas, les contrats de crédit prévoient des rembour- de crédit41. sements in fine au moment des récoltes ainsi que Caja los Andes a décidé de combler le vide laissé la souplesse nécessaire pour éviter que les ménages par les banques d'État en offrant des prêts conçus soient contraints de vendre leurs produits quand pour répondre aux besoins des petits agriculteurs les marchés sont inondés et les prix sont faibles. et a pris des mesures pour atténuer les risques asso- Dans de nombreuses régions du monde, les ciés à une telle pratique de crédit. En 1995, elle cycles de récolte produisent des flux de trésorerie ouvrait sa première agence rurale à Punata, près de très variables, ce qui, durant certaines périodes de Cochabamba. Aujourd'hui, la majorité de ses prêts l'année, provoque des difficultés pour honorer agricoles et ruraux est administrée par des agences des remboursements réguliers et substantiels. Ce implantées dans des villes et de grands villages et phénomène concerne particulièrement les zones ses prêts agricoles sont réservés à certaines régions pauvres et rurales dont les revenus dépendent pour réduire ses coûts. de la production agricole. Dans tous ces cas, les Caja los Andes offre à ses clients les options de ménages agricoles doivent faire face à des flux de remboursement suivantes pour s'adapter aux flux de trésorerie qui varient considérablement et qui ne trésorerie de leurs activités agricoles à la différence correspondent pas aux calendriers de rembourse- des produits de prêt qu'elle offre en milieu urbain : ment rigides, imposés par de nombreuses institu- Un remboursement unique du capital et des tions de microfinance. intérêts Promouvoir des formules de remboursement Des remboursements périodiques d'un mon- souples tant identique Quelques institutions de microfinance ont assorti Des remboursements d'intérêts périodiques, leurs produits de prêt destinés aux ménages agrico- le capital étant versé à l'échéance du prêt 18 90832_1-60_R1.indd 18 90832_1-60_R1.indd 18 7/11/06 9:31:56 AM 7/11/06 9:31:56 AM Des plans prévoyant des remboursements dif- En tirant profit des expériences acquises par férents et irréguliers (pour les clients qui pra- d'autres institutions de microfinance, en intro- tiquent plusieurs cultures ou qui possèdent du duisant certains changements importants dans ses bétail qu'il faut engraisser pour le marché) pratiques de crédit agricole et en s'écartant d'une forte dépendance vis-à-vis de l'agriculture pour Caja los Andes offre aussi des prêts rembour- diversifier ses activités, Confianza est parvenue sables en trois tranches maximum pour mieux à surmonter en 1999 une situation désastreuse correspondre aux flux de rentrées et de dépenses causée par des arriérés qui constituaient plus de des agriculteurs. Par exemple, cette institution la moitié de son portefeuille. Aujourd'hui, elle offre des contrats de crédit prévoyant deux ou trois détient un portefeuille pérenne et jouit d'un taux versements et un remboursement final du capital et de rendement parmi les plus élevés des institutions des intérêts. de microfinance péruviennes (avec une rentabilité PRODEM, une autre institution de microfinance retraitée des fonds propres de 19%). De plus, le bolivienne, emploie les cuotas personalizadas (verse- portefeuille agricole de Confianza, caractérisé par ments personnalisés) qui permettent aux membres de un taux de portefeuille à risque (qui correspond groupes solidaires d'adapter leur mode de rembour- à la valeur totale des prêts en retard de plus de 30 sement en fonction de leurs flux de trésorerie indi- jours en pourcentage du portefeuille total) de 3,5% viduels. L'étude de marché réalisée par PRODEM à peine en 2003, affiche un taux d'impayés inférieur révèle que non seulement les agriculteurs, mais aussi à celui de son portefeuille global43. les travailleurs des secteurs non agricoles, comme Pour adapter ses produits aux cycles agricoles, sur- le commerce, pourraient bénéficier d'une telle sou- veiller leur mise en application et leur performance, plesse. Par exemple, il est apparu que les flux de et pour améliorer leur conception au fil du temps, les trésorerie des épiciers ruraux sont considérablement institutions financières nécessitent un système adéquat supérieurs durant les mois de récolte des cultures d'information de gestion (SIG) ainsi qu'un système locales dominantes (soja, riz et canne à sucre). De de feedback de la clientèle permettant d'obtenir de même, le programme permet aux cultivateurs de l'information sur les produits, les niveaux de service café de rembourser uniquement les intérêts en février et les besoins et avis des clients. Les modifications des et en mai, puis de rembourser le capital en quatre produits ne devraient être introduites qu'après des versements mensuels une fois la récolte de café enta- études de marché prudentes, qui tiennent compte de mée en juin. PRODEM réduit également le risque données provenant tant du SIG que des retours des en plafonnant les remboursements finaux sur prêts clients. Comme indiqué précédemment, PRODEM à 60% du montant du crédit et en limitant le por- a réalisé des études de marché en Bolivie qui ont été tefeuille de prêts de ses agences à 30% d'un secteur complétées, dans les agences, par des actions de suivi économique donné (sans cette mesure, PRODEM et de collecte d'avis par les agents de crédit dans le serait contrainte d'augmenter en conséquence ses but d'évaluer les besoins des clients avant d'intro- provisions pour créances douteuses)42. duire diverses options de remboursement souples et Au Pérou, durant la période 2000­2001, de nouveaux produits (comme les transferts de fonds, Confianza a assorti ses conditions de crédit, ses le microcrédit-bail et les produits d'épargne)44. décaissements et ses échéanciers d'une certaine Cependant, de nombreux prestataires de services souplesse, les emprunteurs pouvant recevoir des financiers ne reçoivent pas assez de réactions de prêts en trois décaissements au maximum et effec- leur clientèle et ne sont pas en mesure de suivre tuer leurs remboursements partiellement ou inté- convenablement la performance de produits indi- gralement pendant la durée du prêt. viduels. Par exemple, bien qu'elle ait pris plusieurs 19 90832_1-60_R1.indd 19 90832_1-60_R1.indd 19 7/11/06 9:31:56 AM 7/11/06 9:31:56 AM mesures positives pour augmenter son volume de ment saisonniers, ce qui provoque en cours d'année crédit agricole, la Centenary Bank ougandaise s'est des périodes de liquidités excédentaires, puis des dotée d'un SIG incapable de ventiler efficacement périodes durant lesquelles les liquidités sont plus par produit le portefeuille de crédit de la banque. rares (voir figure 1). Cette institution n'est pas En partie à cause du fait que ses systèmes ne four- unique en son genre : de nombreuses institutions nissaient pas l'information adéquate pour prendre financières agricoles traditionnelles connaissent des des décisions et mener des analyses, les tentatives pics et des creux similaires dans leurs flux de tréso- effectuées par la banque pour élargir ses activités rerie et leurs liquidités46. de crédit agricole à la fin des années 90 ont ralenti Les prêteurs ruraux peuvent alléger leurs diffi- puis, à la fin, se sont fragilisées45. cultés de gestion des liquidités en négociant des Relever le défi de la gestion des liquidités lignes de liquidité auprès d'institutions bancaires Les institutions financières qui personnalisent durant les périodes de l'année où les prêts sont en leurs produits de prêt en fonction des cycles agri- forte demande. Dans plusieurs régions du monde, coles peuvent rencontrer des difficultés pour gérer les coopératives recourent à cette formule. Les les liquidités (et encourir un risque de crédit plus fluctuations des liquidités et l'efficience opération- élevé) ainsi que des périodes de faible productivité nelle peuvent aussi être maîtrisées en maintenant des actifs durant la morte saison (ce phénomène est des portefeuilles de prêt diversifiés, comme indiqué effectivement une forme d'opération « saisonnière » précédemment, qui ne sont pas dominés par le qui, en fin de compte, réduit l'efficience de l'ins- crédit agricole. Et en offrant des produits de dépôt, titution). En Géorgie par exemple, une institution les institutions financières peuvent donner à leurs financière agricole adapte ses produits de prêt aux clients le choix de financer leurs besoins saisonniers cycles des cultures et de l'élevage de bétail ; de plus, avec de l'épargne, des prêts ou un mélange des la plupart de ses prêts d'un an prévoient des rem- deux, ainsi qu'avec des fonds reçus de membres des boursements in fine. C'est la raison pour laquelle ménages travaillant dans une autre région du pays l'institution a connu des cycles de prêt extrême- ou même à l'étranger via des produits de transfert. Figure 1 Prêts décaissés par une institution de finance agricole en Géorgie (décembre 1991­2001) 800 700 600 500 Nombre de 400 prêts 300 200 100 ­ Déc-99 Fév-00Avr-00Juin-00Août-00Oct-00Déc-00 Fév-01Avr-01Juin-01Août-01Oct-01Déc-01 Saisons agricoles Source : ACDI/VOCA, 2002. 20 90832_1-60_R1.indd 20 90832_1-60_R1.indd 20 7/11/06 9:31:56 AM 7/11/06 9:31:56 AM Les crédits d'investissement à long terme (ceux Gros investissements dont l'échéance dépasse un an) augmentent eux Une grande partie des perspectives d'investisse- aussi le risque d'illiquidité et, de ce fait, les prê- ment offertes aux ménages agricoles soulève des teurs peuvent être dans l'obligation de maintenir difficultés qui ne se posent pas dans le contexte un volume suffisant de dettes, fonds propres habituel d'activités de microcrédit. Par exemple, la ou autres sources de financement à long terme. valeur d'une immobilisation ou d'un autre inves- Les institutions financières rurales peuvent être tissement est souvent bien supérieure au revenu en mesure d'utiliser des fonds propres ou des annuel d'un ménage (et à la part de ces revenus subventions de bailleurs de fonds pour financer qui peut être utilisée pour rembourser un prêt). les crédits à long terme. (De nombreuses insti- L'achat d'une bête de somme ou d'une pompe tutions de cette catégorie détiennent une part d'arrosage peut apporter des revenus immédiats importante de fonds propres par rapport à leur pour le propriétaire, mais un prêt contracté pour actif). Cependant, si d'autres sources de finan- acheter un tel matériel peut prendre plus d'un cement, comme l'épargne des clients, les émis- an à rembourser. Les cultures arbustives et buis- sions obligataires nationales, les prêts bancaires sonnantes ne présentent même pas l'avantage (ou les dépôts à terme) ou encore les emprunts de revenus immédiats car elles nécessitent sou- étrangers, sont utilisées pour financer des prêts vent des investissements initiaux importants mais de long terme, il devient alors nécessaire de dis- entraînent une longue période d'attente avant la poser d'une capacité de gestion bilantielle plus pleine production. Pendant cette période, l'agri- perfectionnée pour gérer les risques qui s'ensui- culteur doit renoncer à un revenu qui aurait pu vent en matière de taux d'intérêt, de liquidité et être généré par les terres réservées à cet effet. de change47. Selon les principes du financement traditionnel Les prêts à long terme occasionnent aussi des de l'agriculture, ces investissements devraient difficultés pour la gestion des liquidités (voir cha- être financés (plus ou moins intégralement) par pitre suivant). Au sein de la BAAC en Thaïlande, des prêts à long terme. Rares sont les microen- de tels prêts constituent plus de la moitié de la treprises urbaines qui sont confrontées à des valeur de l'encours de crédit et cette institution occasions d'investissement aussi importantes par a recours aux dépôts de long terme et aux prêts rapport à leurs flux de revenus courants (excep- négociés avec l'administration publique des ins- tion faite de l'achat de logement). titutions financières internationales comme la Banque mondiale et la Banque asiatique de déve- Prêts à long terme loppement en contrepartie de ces actifs. Environ Les prêts à long terme induisent souvent une série les deux tiers des prêts de long terme de la ban- de dépenses étalées dans le temps pour financer que sont financés par des emprunts nationaux et les différents stades de production agricole ou des dépôts à long terme. La BAAC a fortement d'élevage de bétail, avec, à la fin du cycle, l'obli- encouragé les dépôts à terme, dont un produit gation d'effectuer un remboursement unique ou d'une durée de trois ans, pour financer ses opé- un petit nombre de versements. Dans ce contexte, rations de crédit à long terme. L'accès aux prêts l'intention des prêts agricoles traditionnels est de à long terme et aux dépôts à terme de sa clientèle calquer le cycle du flux de trésorerie lié à l'activité a permis à la BAAC de mieux adapter la structure particulière d'où proviendra le remboursement. de ses prêts à moyen et long terme et d'amélio- Cette approche est justifiée selon une perspective rer la symétrie des échéances entre son actif et de flux de trésorerie mais elle a donné lieu, dans ses dettes. l'esprit tant des prêteurs que des emprunteurs, à 21 90832_1-60_R1.indd 21 90832_1-60_R1.indd 21 7/11/06 9:31:56 AM 7/11/06 9:31:56 AM une association entre l'emploi du prêt et le poten- d'institutions publiques ou d'institutions détenues tiel de remboursement. Si une récolte échoue, le par leurs membres, dans lesquelles les priorités des ménage peut penser qu'il peut ne pas rembourser clients membres ont pris le pas sur la réticence des le prêt associé à cette récolte, indépendamment institutions à accorder des prêts considérés comme du succès que le ménage agricole rencontre dans plus exigeants et plus risqués. ses autres activités économiques (y compris dans La BAAC constitue l'exemple parfait d'une insti- d'autres cultures). Les prestataires performants de tution de financement agricole mandatée par l'État. crédit agricole à long terme sont extrêmement rares La BAAC propose des prêts à court terme (6 à 18 dans les pays en développement ; une étude réalisée mois), moyen terme (jusqu'à 3 ans) ou long terme récemment par l'Organisation pour l'alimentation (jusqu'à 15 ans). En 1999, les prêts de moyen et de et l'agriculture (FAO) n'en a trouvé qu'un très long terme constituaient 29% des prêts et plus de petit nombre48. 50% de la valeur du portefeuille de la BAAC49. Les prêts calqués sur les flux de trésorerie des inves- La BAAC s'est lancée dans du crédit à long tissements de long terme (par opposition aux crédits terme à l'agriculture en partie à cause de son man- de trésorerie accordés pour des emplois de courte dat, conféré par l'État, de financer des activités durée, comme les intrants et le marketing) ne font agricoles (en d'autres termes, elle n'a pas le loisir pas partie des opérations classiques de microcrédit. de choisir uniquement des activités de plus court Le microcrédit a recours à une gamme de techniques terme, plus faciles à financer). Il est quelque peu pour atténuer le risque et favoriser des taux de rem- inattendu, étant donné la probabilité croissante boursement élevés, notamment les remboursements de fluctuations de prix négatives ou de conditions fréquents, les échéances courtes, les taux d'intérêt climatiques défavorables au fil du temps, que la élevés et les prêts pour des activités existantes et non qualité du portefeuille de la BAAC pour les prêts nouvelles. Cependant, ces techniques peuvent ne pas de moyen et long terme soit meilleure que celle de convenir à des prêts plus importants, qui servent à ses prêts de plus court terme : 6% des prêts de la financer des investissements de long terme, particuliè- première catégorie recensent des arriérés de plus rement lorsque les revenus sont tardifs et que l'analyse d'un an, par rapport à 11% pour la deuxième50. de crédit exige une connaissance de l'activité financée. Cependant, il faut traiter ces chiffres avec prudence La stratégie de gestion de risque consistant à établir le car l'insolvabilité peut changer profondément en montant des remboursements à un niveau inférieur cours d'année. La taille, la diversité et la couverture aux revenus d'un ménage (ce qui limite le volume nationale du portefeuille de la BAAC conjuguées du prêt correspondant), qui est souvent employée à l'accès de la banque aux dépôts à terme et aux par les institutions de microfinance, peut elle aussi financements à plus long terme des institutions s'avérer inadéquate car le but des investissements financières internationales lui permettent de mieux agricoles à long terme est souvent l'élargissement des gérer les risques associés à ses prêts d'investisse- capacités de génération de revenus. De plus, le risque ment de plus long terme. inhérent aux événements climatiques, politiques ou Au Népal, les coopératives de petits agriculteurs aux fluctuations des prix et qui sont susceptibles de ne sont pas forcément sous la coupe de l'État (bien compromettre les activités agricoles est plus élevé sur qu'elles bénéficient de certains prêts provenant de une période de plusieurs saisons que durant une seule, la banque de développement agricole d'État, mais ce qui rend le financement de long terme plus risqué en tant qu'organisations associatives, elles sont plus pour les prêteurs. réceptives à leurs clients. Les coopératives offrent Les rares exemples de crédit à long terme 18 produits de prêt et de dépôt adaptés aux acti- fructueux découverts par le CGAP proviennent vités de leur clientèle. Ces produits comprennent 22 90832_1-60_R1.indd 22 90832_1-60_R1.indd 22 7/11/06 9:31:56 AM 7/11/06 9:31:56 AM le financement à long terme (encadré 3) que les par exemple, en achetant quelques têtes de bétail coopératives financent au moyen d'une combinai- chaque année ou en augmentant progressivement les son d'épargne interne et de lignes de crédit à long parcelles réservées aux cultures arbustives, au lieu de terme accordées par la Agricultural Development se lancer à grande échelle dès le début. Bank (par l'intermédiaire, parfois, de la Sana Kisan En outre, les prêteurs peuvent choisir de n'offrir Bikas Bank). des prêts à long terme qu'aux emprunteurs avec Options de financement des investissements à lesquels ils entretiennent déjà une relation financière long terme établie par l'octroi de crédits de trésorerie à court En l'absence de crédit, en général, les agriculteurs terme moins élevés. Cette pratique se retrouve financent certains investissements à long terme fréquemment dans les institutions de microfinance avec de l'épargne (ou des transferts de fonds reçus qui offrent des prêts à long terme en milieu urbain, de travailleurs migrants)51, une pratique qui leur quoique pour des travaux d'aménagement, l'achat permet de diversifier leurs activités ou d'adopter de de véhicules ou l'achat d'immobilisations. nouvelles technologies sans en assumer le risque de Crédit-bail crédit accru. L'incapacité de fournir une garantie peut consti- Microcrédit agricole progressif tuer un obstacle important pour les ménages Les prestataires de services de microfinance ont agricoles qui cherchent à financer l'achat de biens appris que, en général, les personnes pauvres divisent d'équipement. Dans de nombreux pays, les terres les investissements importants et de long terme en peuvent ne pas constituer une garantie effective, plusieurs phases plus abordables et moins risquées. en raison de l'absence de titres de propriété ou de Par exemple, au moment de bâtir une maison, une la réticence des autorités judiciaires ou politiques à famille peut construire d'abord le premier étage, puis faire respecter les contrats juridiques (par ex. saisie le deuxième quelques années plus tard, ou encore de terres pour compenser le non-remboursement ajouter des pièces au fur et à mesure. Lorsqu'elle est d'un prêt) susceptibles de priver les agriculteurs appliquée à l'agriculture, cette pratique permet aux pauvres de leurs moyens de subsistance. La location petits agriculteurs de financer leurs investissements d'équipement aux ménages agricoles représente un de façon progressive, au moyen d'une série de prêts, moyen peu risqué de financer des investissements Encadré 3 Népal : Les coopératives de petits agriculteurs--Adapter les produits de prêt à long terme aux activités agricoles SFCL Prithvinagar est une coopérative de petits agriculteurs située dans une zone de cultures théières proche de la fron- tière avec l'Inde. Auparavant, ses produits de prêt étaient de montant trop réduit ou de durée trop courte pour permettre aux membres d'investir dans la production de thé. Elle a donc introduit un prêt à huit ans qui couvre les trois quarts du coût moyen de création d'une petite exploitation théière (0,6 hectare) et prévoit une période de grâce de trois ans. Les versements d'intérêts sont effectués tous les trois mois, entre la troisième et la cinquième année de la durée du prêt tan- dis que les remboursements du principal sont effectués tous les six mois entre la sixième et la huitième année. La coo- pérative offre également aux cultivateurs de thé des services de marketing pour contribuer à garantir le remboursement du prêt et à obtenir de meilleurs prix pour les récoltes. Les feuilles de thé sont collectées auprès des agriculteurs et com- mercialisées collectivement et le produit des ventes leur est rendu, déduction faite des remboursements des prêts. Au Bhumistan, une coopérative de petits agriculteurs offre un prêt similaire pour l'achat de buffles. La durée du prêt est de trois ans, le principal étant remboursé par tranches tous les trois mois durant les neuf premiers mois, et le quatrième versement exigible deux ans plus tard, lorsque l'échéancier de trois mois recommence. Cet écart dans l'échéancier de remboursement permet aux buffles de mettre bas, période durant laquelle l'emprunteur ne pourrait dégager du bétail aucun revenu. Source : Wehnert et Shakya, "Are SFCLs Viable Microfinance Organizations?" 2001; Staschen, "Financial Technology of Small Farmer Cooperatives, Ltd. (SFCLs)", 2001. 23 90832_1-60_R1.indd 23 90832_1-60_R1.indd 23 7/11/06 9:31:57 AM 7/11/06 9:31:57 AM agricoles à long terme et peut aussi offrir à la fois il n'en est pas de même pour le petit équipement une solution au manque de garanties réalisables et agricole dans les pays en développement53. Les des avantages fiscaux, en fonction du barème fiscal règles fiscales et d'amortissement peuvent ne pas du pays. Lorsque les prêteurs demeurent proprié- favoriser le crédit-bail, les tribunaux peuvent ren- taires des actifs loués à bail, le recouvrement du dre la saisie d'articles loués onéreuse ou lente et prêt peut être plus rapide et moins coûteux en cas les marchés secondaires d'équipement saisi peuvent de problèmes de remboursement car il nécessite être peu porteurs. rarement l'intervention des tribunaux. En Bolivie En 2002, la Development Finance Company of et en Équateur, une étude a révélé que la récu- Uganda (DFCU) Leasing, une filiale de DFCU, pération du matériel loué prenait généralement Ltd., a décidé de s'adresser à un segment de clien- un à deux mois de moins que les 12 mois requis tèle plus pauvre que celui qu'elle servait exclusive- pour réaliser les garanties de crédit, bien que, dans ment jusque-là en se lançant dans le crédit-bail aux d'autres pays d'Amérique latine, les délais soient petits agriculteurs (avec le concours d'une subven- globalement similaires52. tion d'appoint d'un million de dollars provenant du Les prêteurs peuvent aussi acquérir de l'exper- Département britannique pour le développement tise sur les marchés pour tout équipement loué à international). Cependant, l'entreprise a rencontré bail, ce qui leur permet de vendre les actifs saisis à certains problèmes de qualité de portefeuille, avec de meilleurs prix et de diminuer les coûts de tran- un taux d'arriérés pour ses opérations de micro cré- saction. De plus, il arrive que les prêteurs n'aient dit-bail agricole presque trois fois supérieur, selon même pas à vendre les actifs saisis, car ils peuvent les estimations, aux 15% affectant son portefeuille souvent les louer à d'autres clients (encadré 4). global en 200354. Étant donné que le recouvrement Bien que le crédit-bail soit largement pratiqué définitif du prêt est rendu plus sûr avec la capacité pour l'équipement agricole dans les pays industria- de saisir l'équipement et de le louer à un nouveau lisés et de plus en plus utilisé par les institutions client, les impayés sont tolérables dans une certaine de microfinance pour l'équipement non agricole, mesure. Cependant, il reste que l'avenir des activités Encadré 4 Madagascar : CECAM--Exemple de microcrédit-bail à l'agriculture Les CECAM, un réseau de plus 150 banques et coopératives d'épargne et de crédit locales du milieu rural de Madagascar, a réussi à surmonter les obstacles couramment associés au microcrédit-bail agricole. Ses microcrédits financent l'achat de biens d'équipement pour l'agriculture, l'élevage de bétail, l'artisanat rural et la production domestique (comme la couture). En 2001, le réseau comptait 1 800 détenteurs de crédit-bail, pour un montant moyen de 450 dollars. Les CECAM ont évité les difficultés liées au crédit-bail accordé aux petits agriculteurs en appliquant les principes suivants : · Établissement d'échéanciers souples qui conviennent aux cycles de production de la clientèle ; · Exigence d'un acompte sur les équipements nouveaux plus élevé que la moyenne des accords de crédit-bail (40% au lieu de 20%) ; et · Location et recyclage des équipements usagés au lieu d'essayer de revendre ceux-ci dans des marchés secon- daires peu porteurs. En outre, les CECAM recourent à des mécanismes de groupe pour l'analyse et le suivi de clientèle. Comme indiqué précédemment dans ce document, la nature des coopératives d'épargne et de crédit dirigées par leurs membres, comme les CECAM et les coopératives népalaises de petits agriculteurs, semble les porter à prendre de plus grands risques (ou à consentir de plus grands efforts pour atténuer les risques) dans le but de répondre aux besoins financiers de leurs membres. Source : Wampfler et Mercoiret, "Microfinance and Producers' Organizations: Roles and Partnerships in the Context of Liberaliza¬tion," 2001; Banque mondiale, Agriculture Investment Sourcebook, 2004; FAO, "Term Financing in Agriculture," 2003. 24 90832_1-60_R1.indd 24 90832_1-60_R1.indd 24 7/11/06 9:31:57 AM 7/11/06 9:31:57 AM de micro crédit-bail de l'entreprise est empreint Caractéristique 6 d'incertitude. Les arrangements contractuels diminu- Pour les prêteurs, l'intérêt du crédit-bail par ent le risque prix, améliorent la qua- rapport au crédit classique, mis à part un recouvre- lité de la production et contribuent à ment plus aisé, est largement fonction des systèmes garantir le remboursement juridique, fiscal et comptable d'un pays. Parfois, les règlements bancaires exigent que le crédit-bail Les prêteurs agricoles ont constamment cherché financier passe uniquement par des filiales et, dans à atténuer les risques intrinsèques à la production certains pays en développement, les régimes fiscaux agricole, que les petits agriculteurs ne peuvent ne sont pas avantageux pour le crédit-bail financier contrôler en grande partie et ce, quelles que quand il s'agit de clients qui ne versent pas d'impôt soient leurs compétences. Certains risques relèvent sur les bénéfices ou de taxe sur la valeur ajoutée de catastrophes naturelles (sécheresses, ouragans, (c'est-à-dire, la plupart de la clientèle du secteur etc.). D'autres sont le fait de tendances climatiques informel)55. Dans les cas où certaines mesures ont saisonnières qui varient d'une année à l'autre et été prises pour améliorer les cadres juridiques et fis- modifient la quantité d'eau disponible ainsi que caux en faveur du crédit-bail, comme dans plusieurs le moment où elle est disponible, la prévalence pays d'Asie centrale ces dernières années (avec des insectes nuisibles et des maladies, et enfin le l'appui de la Société financière internationale), rendement des cultures. Certains risques ne sont cette pratique s'est considérablement étendue, qu'en partie contrôlables, comme c'est le cas de la bien que la part du crédit-bail agricole soit difficile qualité des semences et des engrais et de la période à évaluer. d'exécution de certaines activités agricoles (la mise Par exemple, durant la seconde moitié de 2002, en terre, la récolte, et ainsi de suite). le parlement d'Ouzbékistan a réformé la législation sur le crédit-bail et a rendu sa taxation comparable à Complexité de l'agriculture, crédit et contrats celle d'autres types de financement. Certains chan- agricoles gements ont été apportés au code civil, au code fis- Étant donné la complexité des risques de produc- cal et aux règlements douaniers, ainsi qu'à la loi sur tion, de nombreux prêteurs jugent que les petits le crédit-bail. Par conséquent, le remboursement agriculteurs nécessitent un appui beaucoup plus d'un crédit-bail n'est plus assujetti à la taxe sur la large que le simple octroi de prêts, surtout s'ils valeur ajoutée ni aux droits de douane, et la taxe sur sont engagés dans la production d'une culture de la valeur ajoutée ne s'applique plus à l'équipement nature complexe. Les prêteurs de ce type offrent importé à des fins de crédit-bail, ce qui écarte deux une assistance technique et d'autres types d'ap- des plus grands obstacles à la pérennité du crédit- pui directement aux agriculteurs, soit parce qu'ils bail. De plus, les bailleurs peuvent déduire de leur souhaitent améliorer les pratiques agricoles dans le base imposable les intérêts versés sur les prêts uti- cadre d'un programme de développement intégré, lisés pour acheter des actifs destinés au crédit-bail. soit pour garantir un niveau minimum de rende- Depuis l'introduction de ces mesures, le marché ment et de qualité pour des denrées destinées à la du crédit-bail a connu une expansion notable. Vers transformation ou à la revente. le mois de juin 2003, le portefeuille de crédit-bail des entreprises ouzbek dépassait de 48% celui de Crédit agricole traditionnel 2001 ; le portefeuille des banques était de 30% Dans de nombreux pays en développement, la plus élevé et deux nouvelles banques avaient rejoint majorité des prêts agricoles dont bénéficient les le marché56. ménages paysans provient, non de banques ou 25 90832_1-60_R1.indd 25 90832_1-60_R1.indd 25 7/11/06 9:31:57 AM 7/11/06 9:31:57 AM d'institutions de microfinance, mais d'entreprises cole en associant le crédit à la prestation de services du secteur agro-industriel, comme les négociants, de conseil technique (comme par exemple l'emploi les usines de transformation, les exportateurs et des intrants ou le choix de la variété des cultures d'autres acteurs des marchés de produits. Ceux-ci pour répondre à la demande du marché), en livrant ne sont pas des prêteurs traditionnels, ni des insti- en temps opportun les intrants appropriés (semen- tutions financières pour la plupart, et leur activité ces, engrais) ou encore en établissant des rela- principale n'est pas non plus le crédit. En fait, tions avec les agriculteurs durant une ou plusieurs ils prêtent par nécessité (car personne d'autre ne années. De nombreux acteurs lient également le prête aux agriculteurs) ou pour générer une source crédit aux ventes futures de produits, une pratique de revenus supplémentaire. Les crédits de ce type souvent dénommée « contrats liés » car elle fournit peuvent être consentis en espèces ou en nature les intrants à crédit, sur la base des récoltes anti- (en grande partie sous forme d'intrants, comme cipées de l'emprunteur. Les coûts d'exploitation les semences et les engrais). Dans la région Sindh de l'octroi de crédit peuvent être modestes, car ce du Pakistan par exemple, environ les trois quarts dernier est intégré à l'achat des récoltes et aux tran- des crédits commerciaux sont consentis en nature, sactions de fourniture d'intrants aux agriculteurs, principalement sous forme de semences, d'engrais pour lesquelles les entreprises agro-industrielles et de pesticides57. Les crédits en lien avec les mar- peuvent disposer d'infrastructures physiques (par chés de produits sont étroitement liés aux transac- exemple des entrepôts), d'agents, d'installations de tions commerciales, comme le démontre la durée transformation, de technologies de l'information, des contrats de crédit typiques : leur durée varie de de réseaux d'agriculteurs et de connaissances du quelques jours à peine (pour des stocks apportés marché. par les fournisseurs aux négociants) à l'intégralité Agriculture contractuelle de la saison de croissance (pour la fourniture d'un En raison du fait que de nombreuses entreprises crédit d'intrants aux producteurs). agro-industrielles participent à des marchés d'ex- Entre 2001 et 2003, à travers l'Afrique australe, on estime que les grandes entreprises agro-indus- portation concurrentiels, dont certains réclament trielles ont fourni environ 91 millions de dollars le respect de conditions strictes à l'entrée, ou à des de crédit à plus de 530 000 ménages ruraux58. En marchés nationaux de plus en plus exigeants, elles Inde, quatre rizeries sur cinq, qui ont fait l'objet doivent contrôler la quantité et la qualité de leur d'une étude de l'Organisation pour l'alimentation produit mieux que les acheteurs de produits agrico- et l'agriculture (FAO), offrent aux agriculteurs des les vendus sur les marchés locaux. Par exemple, les avances afin que ceux-ci puissent couvrir le coût de usines de transformation, les grossistes et d'autres l'achat d'intrants ; ces arrangements couvrent envi- acheteurs de divers marchés agricoles fournissent ron la moitié de la valeur totale de la récolte. Les des intrants à crédit (en espèces ou en nature) pour entreprises de transformation peuvent aussi consen- garantir que les agriculteurs créent des produits de tir des prêts par l'intermédiaire de négociants au quantité et de qualité suffisantes et lient souvent ce lieu de s'adresser directement aux agriculteurs. Les crédit à des contrats d'achat60. deux tiers des négociants de riz indiens interrogés Cette agriculture « contractuelle » constitue par la FAO ont fonctionné à la commission, leur un type formel de crédit « agro-industriel ». Le financement provenant des meuniers59. remboursement du crédit d'intrants est déduit lors- Les négociants, entreprises de transformation ou que l'agriculteur vend les produits. L'agriculture autres entreprises et individus atténuent les risques contractuelle est une solution conçue par le sec- de production et d'exploitation liés au crédit agri- teur privé pour répondre à des préoccupations de 26 90832_1-60_R1.indd 26 90832_1-60_R1.indd 26 7/11/06 9:31:57 AM 7/11/06 9:31:57 AM qualité et de quantité. Les producteurs de tabac et Dans l'industrie sucrière du Kenya, il existe de semences, de café et de sucre, les usines de pro- 200 000 petits agriculteurs et l'agriculture contrac- duits laitiers et les abattoirs, les offices du coton et tuelle est aussi un pilier du secteur du tabac de ce même les acheteurs en gros des supermarchés ont pays. De même, au Mozambique, les usines de élaboré des paquets de services qui allient des élé- tabac et de coton auraient apporté environ 2 mil- ments d'assistance technique, de fourniture d'in- lions de dollars en crédit d'intrants à 270 000 petits trants, d'appui marketing, de garantie de prix et agriculteurs et ce, durant la saison 2003/0362. de financement pour garantir la disponibilité d'un Les contraintes des arrangements contractuels produit précis dans une quantité et à une qualité Bien que le crédit agro-industriel soit répandu et satisfaisantes (encadré 5). En forgeant des relations semble avoir comblé la plupart des « vides » laissés contractuelles formelles avec les agriculteurs, l'agri- dans un certain nombre de pays par la diminution du culture contractuelle (notamment les « producteurs financement de l'agriculture par les bailleurs de fonds, satellites » , qui est la version la plus formalisée de il connaît certaines limites fondamentales. L'agro- l'agriculture contractuelle) diminue le risque que les agriculteurs vendent parallèlement une partie industrie fournit une petite gamme de produits du montant convenu à d'autres acheteurs. financiers qui, en général, est composée de crédits En comparaison avec le crédit accordé par un saisonniers et d'avances à court terme pour certaines négociant, l'agriculture contractuelle est la forme cultures clés63. Souvent, le taux d'intérêt n'est pas de crédit la plus courante offerte aux petits agri- explicite, bien que des taux d'un montant (élevé) de culteurs par des entreprises privées dans certaines 5% par mois aient été rapportés pour des crédits d'in- régions d'Afrique de l'Est et d'Afrique australe. La trants fournis par les négociants de riz aux cultivateurs Kenya Tea Development Agency (entreprise pri- des Philippines64. Au lieu de payer des taux d'intérêt, vée), par exemple, exploite une formule de crédit les agriculteurs peuvent être contraints d'accepter des d'engrais à laquelle participent plus de 400 000 rabais sur les prix de vente de leurs produits. petits agriculteurs, à qui elle verse 15,5 millions de Nombreux sont les entreprises agro-industrielles dollars par an61. et les acheteurs individuels qui préféreraient ne Encadré 5 Costa Rica : Hortifruti et CSU ­ Les chaînes de supermarchés recourent à l'agriculture contractuelle Corporación de Supermercados Unidos (CSU), une chaîne de supermarchés basée au Costa Rica, mène un programme d'assistance technique et de formation pour aider ses fournisseurs à adopter des normes supérieures de qualité et de sécurité. Elle recourt à un grossiste spécialisé, Hortifruti, pour se fournir en produits maraîchers frais. Jusqu'en 1990, la plupart des fournisseurs d'Hortifruti étaient des grossistes traditionnels. Cependant, lorsque s'est fait sentir le besoin de se procurer de plus gros volumes de produits maraîchers de qualité standard, elle a mis en place un réseau de 200 fournisseurs privilégiés (agriculteurs et conditionneurs). Soixante-dix pour cent de ces fournisseurs privilégiés sont de petits agriculteurs, bien que 80% du volume acheté par Hortifruti est produit par des conditionneurs de taille moyenne à grande (qui incorporent la fonction de cultivateur). Hortifruti collabore étroitement avec ces cultivateurs en leur fournissant le financement, l'assistance technique en matière de production et de traitement après les récoltes et le matériel de conditionnement. En retour, les cultivateurs signent des contrats qui les engagent à vendre à Hortifruti des quantités convenues de produits maraîchers. Chaque contrat contient un calendrier de production, le volume et la qualité des produits maraîchers voulus et attribue aussi un code barres pour chaque produit du cultivateur. Les acheteurs locaux et agronomes de terrain d'Hortifruti rendent visite aux fournisseurs pour surveiller les calendriers des récoltes et les pratiques de production. De plus, son unité d'assurance qualité fait appli- quer des normes de qualité et de sécurité. À l'heure actuelle, Hortifruti achète seulement 15% de ses produits maraîchers auprès de grossistes traditionnels. De plus, le système des fournisseurs privilégiés a diminué les coûts d'environ 40% grâce à des pertes matérielles et un gaspillage moins importants grâce à l'amélioration de la qualité. Source : Alvarado et Charmel, "The Rapid Rise of Supermarkets in Costa Rica," 2002; Berdigué et al, "The Rise of Supermarkets in Cental America," 2003. 27 90832_1-60_R1.indd 27 90832_1-60_R1.indd 27 7/11/06 9:31:57 AM 7/11/06 9:31:57 AM pas avoir à offrir des intrants à crédit et manquent les fortes exigences de qualité et de production des compétences (que possèdent les institutions résultent en une rotation assez considérable chez financières authentiques) nécessaires pour établir les cultivateurs plus petits et moins capitalisés. le prix du crédit et en assurer le suivi. Souvent, les L'agro-industrie peut aussi hésiter à fournir un acheteurs fournissent le crédit d'intrants simple- crédit en présence d'un risque de fraude lorsque ment pour s'assurer la fourniture d'une quantité les employés manipulent des fonds, en l'absence de suffisante d'un produit de qualité acceptable, ou systèmes adéquats de suivi de l'information et des encore pour couvrir les manques de liquidités sai- clients (ce qui rend l'offre de crédit difficile à gérer) sonniers de leurs clients (comme les négociants ou et en cas de vente parallèle de la part des agricul- les fournisseurs). Cette solution peut ne pas être teurs. Par exemple, au terme d'une expérimentation viable pour les cultures de base dans les marchés qui a duré un certain temps, Export Marketing, une qui recensent un grand nombre de fournisseurs grande agro-industrie du Mozambique, est deve- ou d'agents commerciaux, ou pour les cas où il est nue méfiante à l'égard des intrants fournis à crédit. difficile de faire appliquer un contrôle de qualité. Elle ne pratique plus d'agriculture contractuelle, lui Cependant, comme indiqué ci-après, les relations préférant l'achat de produits au comptant qu'elle avec les entreprises agro-industrielles pourraient se procure auprès d'un réseau de centrales d'achats fournir aux institutions de microfinance un accès relié à des entrepôts. L'entreprise rapporte qu'il a crucial à un vaste marché inexploité de clients été extrêmement difficile de gérer efficacement les potentiels. activités d'agriculture contractuelle en raison de Les exigences de normalisation imposées par la mauvaise application des conditions du contrat, des acheteurs de plus en plus exigeants peuvent d'une faible infrastructure de transport, de la cor- néanmoins réduire les crédits proposés par les ruption parmi ses acheteurs de produits manipulant acheteurs et, partant, marginaliser les petits agri- l'argent et du manque de possibilités légales pour culteurs. Par exemple, tandis que les agriculteurs se prémunir contre la vente parallèle. Cheetah, une jugent avantageux de faire partie du réseau qui société hollandaise spécialisée dans la production fournit à Hortifruti ses produits (voir encadré de paprika, a découvert que les difficultés d'exploi- 5), les petits agriculteurs éprouvent plus de dif- tation au Malawi et en Zambie (mauvaises routes, ficultés pour satisfaire les conditions de volume producteurs éparpillés, manque d'expérience des et de qualité ainsi que les exigences temporelles. agriculteurs en matière d'agriculture commerciale) Pour réduire au minimum les risques et les coûts de transaction, Hortifruti cherche à minimiser la ont donné lieu à des frais d'exploitation de loin rotation dans son groupement d'agriculteurs. De supérieurs à ses prévisions, et son contrat d'agricul- même, les agriculteurs préfèrent demeurer dans ture contractuelle de 2002­2003 a échoué dans ces le groupement parce que la condition d'adhérent deux pays65. réduit leurs risques de production et de marché : en effet, ils reçoivent les intrants nécessaires à temps Lier les entreprises agro-industrielles et la micro- et ils bénéficient aussi de bons conseils sur leur finance agricole -- Les approches émergentes utilisation et d'un marché garanti. Les agriculteurs Les institutions financières et les prestataires spé- qui ne respectent pas les normes (par exemple, cialisés de services de microfinance pourraient tirer par un emploi excessif de pesticide), ne sont pas profit du potentiel considérable qu'offre l'agro- immédiatement retirés de la liste mais reçoivent industrie aux petits agriculteurs en termes de une formation et une assistance pour leur per- services financiers peu coûteux et étendus, tout en mettre d'atteindre le niveau exigé. Néanmoins, compensant les faiblesses décrites antérieurement. 28 90832_1-60_R1.indd 28 90832_1-60_R1.indd 28 7/11/06 9:31:58 AM 7/11/06 9:31:58 AM Les institutions financières possèdent l'expertise, Banco Wiese a accordé les prêts et CES Solidaridad les systèmes et la technologie nécessaires pour a reçu une commission de 2,5% sur chacun d'eux, et offrir une gamme de produits financiers dont les 1,5% supplémentaire versé en cas de remboursement prix sont établis clairement, l'information per- effectif. Cet accord a produit d'excellents résultats sonnalisée et les systèmes de suivi efficaces ; les sur le plan du remboursement et, en 1998, Banco entreprises agro-industrielles connaissent les clients Wiese détenait un encours de crédits de plus de 3 individuels, les cultures, les prix et les marchés. De millions de dollars68. plus, elles disposent déjà de réseaux pour distribuer Conjugaison des services des institutions finan- les intrants (y compris le crédit) et collecter les cières et des entreprises agro-industrielles produits (et les remboursements) auprès des agri- Selon cette formule, un agriculteur reçoit un culteurs, des réseaux susceptibles d'être beaucoup prêt d'une banque ou d'une institution de microfi- plus larges que les réseaux d'agences ou d'autres nance et le remboursement est déduit du prix que mécanismes de prestation employés par les institu- paie une entreprise agro-industrielle pour la récolte tions financières. de l'agriculteur. Cette entreprise peut aussi fournir Si une institution financière remplace simple- des intrants et des conseils à l'agriculteur, ou ces ment une entreprise agro-industrielle en tant que intrants peuvent provenir d'un tiers, comme dans fournisseur de crédit agricole et qu'aucun lien le modèle tripartite suivi par Mahindra Shubhlabh n'est établi avec les services consultatifs de l'en- (MSSL), qui exploite un réseau national de centres treprise, son accès aux marchés et sa connaissance de services agricoles en Inde (encadré 6). des intrants, le potentiel de diminution des coûts L'entente tripartite entre MSSL, la ICICI Bank et des risques d'exploitation est voué à la perte66. et les acheteurs agro-industriels décrite à l'encadré Cependant, plusieurs approches nouvelles offrent 6 réduit les coûts d'exploitation des prêteurs grâce aux institutions financières l'occasion de tirer profit aux éléments suivants : des expériences en matière de crédit agro-indus- la qualité des services et des intrants que triel, et aux entreprises agro-industrielles l'occasion MSSL fournit aux agriculteurs ; d'exploiter des modèles de services financiers. Un la connaissance du client de MSSL motive grand nombre de ces approches demeure en évo- sa décision de recommander les agriculteurs lution et, au fur et à mesure de leurs progrès, le pour l'octroi de prêts processus d'apprentissage qui en découle offre des la relation avec les acheteurs. enseignements utiles aux institutions financières Ce type d'accord réduit aussi les risques d'exploi- qui souhaitent les adopter. tation associés aux marchés pour les agriculteurs et Institutions financières, agents de crédit ou améliore l'accès limité des petits agriculteurs à de autres intermédiaires bons débouchés commerciaux. Ces intermédiaires sélectionnent et accompagnent Néanmoins, Mahindra Shubhlabh a découvert les clients agriculteurs et veillent à ce qu'ils puissent que communiquer avec les banques au nom de accéder aux services et aux intrants des acheteurs clients individuels peut s'avérer onéreux. Par consé- et des fournisseurs agro-industriels. Banco Wiese quent, elle introduit actuellement un autre modèle a employé ce modèle au Pérou. CES Solidaridad, par lequel les banques accordent les prêts à ses une organisation non gouvernementale (ONG), a centres de services (au lieu de les accorder directe- fait office d'agent (ou courtier) pour le compte de ment aux agriculteurs) et elle se charge de fournir Banco Wiese, en sélectionnant et en fournissant aux agriculteurs des crédits d'intrants. Ce modèle une assistance technique à des groupes composés devrait diminuer les risques d'exploitation tant de deux ou trois agriculteurs de la même localité67. pour le prêteur que pour les agriculteurs. 29 90832_1-60_R1.indd 29 90832_1-60_R1.indd 29 7/11/06 9:31:58 AM 7/11/06 9:31:58 AM Encadré 6 Inde : Mahindra Shubhlabh -- Mise en relation de banques, d'entreprises agro-industrielles et d'un fournisseur d'intrants Mahindra Shubhlabh (MSSL) fait partie de Mahindra et de l'empire du même nom (le troisième fabricant mondial de tracteurs) et exploite des centres d'appui à l'agriculture commerciale à travers l'Inde. Ces centres, et certaines franchises villageoises plus petites, font office de guichets uniques dans lesquels les agriculteurs (la plupart des cultivateurs de riz) peuvent recevoir des prêts et une assistance technique, louer de l'équipement spécialisé (moissonneuses, sarcloirs et autres) et acheter des semences et autres intrants. Les prêts vont de 15 000 roupies (environ 350 dollars) à 100 000 roupies (environ 3 000 dollars) par saison, avec une un montant moyen juste supérieur à 500 dollars. MSSL facilite l'accès des agriculteurs au crédit en faisant office d'agent auprès des banques, y compris la ICICI Bank (la deuxième plus grande banque indienne) et en recommandant que les banques accordent des prêts aux agriculteurs auxquels MSSL fournit d'autres services. Les acheteurs agro-industriels participent également à l'initiative, au moyen d'un accord tripartite par lequel MSSL recommande un client à ICICI pour l'octroi d'un crédit, et le client (agriculteur) reçoit de MSSL des intrants à crédit (octroyé par ICICI) après avoir gagé ses produits auprès d'un acheteur. L'acheteur rembourse le prêt en fin de saison à partir du produit de la vente provenant des récoltes de l'agriculteur. MSSL reçoit 1,5% de la valeur du prêt pour couvrir les frais de traitement de dossier et les services de supervision, si le remboursement a lieu. Au début de 2004, 45 antennes de MSSL avaient recours à cet arrangement, auquel participaient 5 600 clients actifs. Source : Hess, "Innovative Financial Services for India," 2002 ; correspondance entre l'auteur (Pearce) et Kairas Vakharia, P.D-G de Mahindra Shubhlabh, 2003 ; données CGAP. Les entreprises agro-industrielles et les sociétés de par les institutions de microfinance : la caution financement solidaire, un suivi étroit et le développement d'une En établissant des sociétés de financement, les forte confiance mutuelle entre le prêteur et l'em- acheteurs et les fournisseurs peuvent accorder des prunteur. crédits d'intrants de façon plus spécialisée et à une Cette approche pourrait être aménagée de sorte plus grande échelle. Les cartes à puce ou les car- que les organisations possédant une expertise en tes de crédit peuvent être reliées à des terminaux microfinance se chargent du traitement adminis- points de vente69 pour faciliter les opérations réa- tratif, c'est-à-dire de l'exploitation des systèmes de lisées à crédit. En 1987, Trisan, un grossiste agro- gestion du crédit, pour le compte des entreprises chimique du Costa Rica, a introduit un système agro-industrielles. Ces organisations pourraient éga- fonctionnant par carte de crédit (encadré 7) par lement améliorer la performance des portefeuilles de l'intermédiaire de sa société de financement pour crédit agro-industriel et faciliter leur développement. offrir aux clients des facilités de crédit à meilleur Cependant, de telles expériences sont rares et cette marché (agriculteurs et détaillants). hypothèse demeure indémontrée. Les entreprises agro-industrielles adoptent, et Les petits agriculteurs forment des groupes et des adaptent, les techniques de microfinancement associations pour améliorer leur accès au crédit pour améliorer le remboursement Les petits agriculteurs ou ceux vivant dans des Comme les prestataires traditionnels de services zones reculées ont souvent peu de choix de débou- financiers agricoles ont amélioré les taux de rem- chés et peuvent dépendre d'un petit nombre de boursement en tirant profit des enseignements de négociants qui leur offrent des conditions de crédit la microfinance, les faits semblent démontrer que défavorables ; ils peuvent aussi ne pas avoir accès du les entreprises agro-industrielles peuvent faire de tout au crédit lié aux marchés de produits. Ces agri- même pour surmonter leurs difficultés opération- culteurs peuvent se rendre plus attirants aux yeux nelles et de remboursement (encadré 8). Pour des entreprises agro-industrielles et des prestataires encourager leur clientèle à rembourser, certains de crédit des institutions financières en constituant systèmes privés d'agriculture contractuelle recou- des groupements et associations en lien avec les rent à des techniques semblables à celles employées marchés. Pour les acheteurs, une relation avec des 30 90832_1-60_R1.indd 30 90832_1-60_R1.indd 30 7/11/06 9:31:58 AM 7/11/06 9:31:58 AM Encadré 7 Costa Rica : Financiera Trisan ­ Un fournisseur crée une société de financement En 1987, Trisan, un grossiste agrochimique du Costa Rica, a constitué Financiera Trisan, une société de financement conçue pour offrir aux agriculteurs et détaillants un accès au crédit plus rapide et moins cher. Pour diminuer les coûts de transaction et augmenter les ventes à crédit, Financiera Trisan a conçu un programme de carte de crédit (lancé pour la première fois en 1992) à l'intention des détaillants d'intrants agricoles et des producteurs agricoles individuels dont les flux de trésorerie sont prévisibles. Deux types de cartes ont été mises en place : Agrimax, pour les détaillants d'intrants et les agriculteurs disposant de revenus réguliers (cycles de facturation de 30 jours) et Maxicuenta, pour les agriculteurs béné- ficiant d'un bon dossier de crédit et dont les flux de trésorerie sont saisonniers (des remboursements in fine étant autori- sés après les récoltes). Les cartes pouvaient être utilisées chez divers marchands ruraux, y compris dans des magasins d'intrants, des stations essence et des garages automobiles. Le programme de carte de crédit a permis à Trisan de passer de la prestation de services de crédit fournisseur à une gamme plus vaste de services financiers. En 1999, Trisan avait mis en circulation plus de 3 600 cartes, et la carte Agrimax comptait un encours de crédits de 4,7 millions de dollars. Cependant, deux facteurs ont porté Trisan à repenser ses activités de financement par carte de crédit : d'abord, un programme public d'annulation de dettes introduit en 1999 a gravement diminué les rembourse- ments, et l'autorité bancaire supérieure a jugé les coûts administratifs et les taux d'impayés de Trisan trop élevés et a ordonné leur révision à la baisse. Les remboursements ont chuté vertigineusement après l'introduction du programme d'annulation de la dette et les taux d'impayés ont atteint 25%. (En 2004, ils étaient d'environ 15%.) Depuis 1999, plus de 2 200 comptes ont été passés en perte. La société a transformé la carte Agrimax en un système de carte à puce. La carte à puce offre une plus grande souplesse en matière de taux d'intérêt, de conditions de crédit et d'échéancier de remboursement, ce qui permet à Trisan d'offrir différents modèles de crédit (contrairement au modèle Visa standard adopté antérieurement) et, par conséquent, de mieux gérer son risque de crédit. Le volume de crédit par carte à puce est passé de 9% en 2001 à 14% en septembre 2002 et les taux d'impayés de ces comptes représenteraient moins du tiers de ceux de la carte traditionnelle. Source : Échange de courriels entre un chercheur du CGAP et Charles Spalding, directeur de Trisan, 2002 ; voir également Wenner, "Making Rural Finance Work," 2001 ; et Wenner et Quiros, "An Agricultural Credit Card Innovation: The Case of Financiera Trisan," 2000. Encadré 8 Deux exemples d'Afrique australe : Taux de remboursement record sur les crédits d'intrants accordés par les entreprises agro-industrielles Cottco, Zimbabwe Cottco, une grande entreprise d'égrenage de coton du Zimbabwe, a emprunté à la microfinance ses techniques de crédit solidaire pour contribuer à atténuer les ventes parallèles et les arriérés des prêts accordés aux petits agriculteurs pour l'achat d'intrants. Cottco accorde des prêts aux groupes d'agriculteurs régis par une caution solidaire et fournit certains services, comme des conseils en techniques agricoles. Depuis son lancement, le programme a atteint plus 50 000 petits agriculteurs par saison et ce, de façon constante ; les taux de remboursement ont dépassé 98%. CRM Farm, Zambie Durant plusieurs années, CRM Farm, une exploitation agricole commerciale de la Zambie, atteignait des taux de rem- boursement proches de 100% sur les crédits d'engrais accordés à environ 70 petits agriculteurs pour leur production de maïs. (Le maïs est une culture vivrière largement commercialisée et fortement exposée à la vente parallèle71.) Par contraste, un programme public de crédit d'engrais, qui avait fonctionné durant une période comparable, était parvenu à un taux de remboursement de 6% seulement. Les emprunteurs de CRM Farm remboursent leurs prêts au moment des récoltes en livrant deux sacs de maïs pour chaque sac d'engrais reçu. Les petits agriculteurs fournisseurs de CRM sou- haitent continuer cette pratique, car elle leur fournit une source d'intrants fiable. Ils respectent donc leurs engagements et ne vendent pas le volume de maïs correspondant à d'autres acheteurs. Le choix de rembourser les intrants reçus à crédit sous forme de maïs aide aussi les agriculteurs pauvres qui sont à court de liquidités. Le fait que le superviseur de CRM Farm connaisse les agriculteurs et ait collaboré avec les chefs de la localité a aussi contribué au succès du programme. Source : Gordon et Goodland, "Production Credit for African Small-Holders," 2000 ; Ruotsi, "Agricultural Marketing Companies as Sources of Smallholder Credit," 2003. groupes organisés de petits agriculteurs au lieu Les services de vulgarisation agricole et d'assis- de petits agriculteurs individuels peut diminuer le tance technique conçus pour améliorer la produc- coût et la complexité de la distribution d'intrants, tion des petits agriculteurs afin de répondre aux de la collecte des récoltes et du suivi administratif. exigences des acheteurs (et éventuellement améliorer 31 90832_1-60_R1.indd 31 90832_1-60_R1.indd 31 7/11/06 9:31:58 AM 7/11/06 9:31:58 AM leur solvabilité) peuvent être plus efficaces s'ils Figure 2 Part de la clientèle servie par sont fournis à un groupe plutôt qu'à des individus. des institutions non financières au Salvador Un groupe (ou une association, ou encore une coopérative) peut aussi exiger de ses membres un Part de la clientèle servie respect des normes de qualité et de production. Les associations formelles et les coopératives per- Inst. non financières 47 % mettent aussi d'obtenir des contrats plus efficaces Microfinance/ et d'en faire respecter les conditions, ce qui peut Banques 31 % Prêteurs privés augmenter les taux de remboursement et diminuer 22 % le risque de vente parallèle70, . La caractéristique 8 71 présente des exemples d'associations d'agriculteurs Source : Rodríguez-Meza, cité par Buchenau et Hidalgo, "Servicios qui entretiennent des relations avec les entreprises financieros privados en el area rural de America Latina: situación y perspectivas," 2002. agro-industrielles. Ainsi, pour augmenter l'offre de services finan- Caractéristique 7 ciers agricoles, il est nécessaire de créer des capa- La prestation de services financiers se cités institutionnelles. Pour ce faire, on pourrait sert des infrastructures institutionnelles envisager par exemple de renforcer l'infrastructure existantes ou est élargie au moyen des et les réseaux institutionnels existants (comme les nouvelles technologies bureaux de poste, les agents agro-industriels ou centres de collecte, ainsi que les banques d'État) L'une des contraintes majeures que rencontre la et d'employer des technologies appropriées aux microfinance agricole est la pénurie d'institutions zones rurales (comme les téléphones portables et financières formelles au service des ménages agri- les unités bancaires mobiles). Tous les prêteurs coles pauvres des régions rurales. Par exemple, au ruraux ont besoin d'investir dans des techniques Ghana, en 1998, seulement 8% de petits clients, et technologies qui permettent d'assurer la pres- notamment les personnes pauvres des milieux tation durable des services financiers, dans des rural et urbain, avait accès aux services formels de zones marquées par une faible infrastructure de crédit et d'épargne72. De même, dans la plupart transport et de communication, une faible densité des régions rurales des pays en développement, de clientèle (dispersion) et de bas niveaux d'activité les prêts formels sont rares, particulièrement économique (ce qui compromet la productivité et pour les ménages agricoles pauvres. En Amérique l'efficience du personnel). latine par exemple, la part des ménages ruraux Ces difficultés sont des plus aiguës à l'extérieur ayant accès à des services formels de crédit varie des régions rurales densément peuplées. Ainsi, il entre 2% au Pérou et 28% au Mexique (le Costa n'est pas surprenant que les meilleurs programmes Rica constituant quelque peu l'anomalie, avec un de financement rural se retrouvent en Asie du taux de 40%)73. Les études menées au Salvador Sud et du Sud-est, où la densité démographique indiquent que seuls 35% de la population rurale approche le millier d'habitants au kilomètre carré. accèdent au crédit par des sources autres que Avec près de 3 millions de clients actifs, la Bank leur famille et leurs amis. Près de la moitié de ces Rakyat Indonesia opère dans un pays où la densité autres sources est constituée d'institutions non de la population rurale atteint en moyenne 700 financières comme les détaillants, les fournisseurs personnes au kilomètre carré. Au Bangladesh, qui agro-industriels, les entreprises de transformation abrite la Banque Grameen et d'autres prestataires et les acheteurs (figure 2)74. financiers bien connus du monde rural, ce chiffre 32 90832_1-60_R1.indd 32 90832_1-60_R1.indd 32 7/11/06 9:31:58 AM 7/11/06 9:31:58 AM est même supérieur : près de 900 habitants au kilo- les deux parties sont souvent gagnantes. Les ins- mètre carré. Par contraste, la densité de population titutions financières peuvent s'allier à d'autres moyenne en zone rurale dans une grande partie de entités financières comme les banques rurales ou l'Afrique sub-saharienne et de l'Amérique latine est à des entités non financières comme les cliniques, inférieure à 10 habitants au kilomètre carré75. les écoles, les bureaux de loterie, les bureaux de La plus grande dispersion de la clientèle par rap- poste, les chaînes de pharmacie, ou encore les port aux zones urbaines, conjuguée à la faiblesse fournisseurs d'intrants agricoles. Par exemple, le de l'infrastructure des transports et des communi- détenteur de l'infrastructure locale peut accroître cations, peut rendre la structuration traditionnelle ses revenus grâce aux services financiers fournis par en réseau d'agences impossible à pérenniser. Ces le prestataire/partenaire, par l'intermédiaire de ses conditions augmentent également les coûts inhé- agences et autres antennes, tandis que le presta- rents aux mouvements de liquidités et à la réali- taire de services financiers évite l'investissement et sation d'une analyse de crédit ; elles rendent aussi les coûts d'exploitation associés au montage d'un plus difficile le suivi de la clientèle. Les solutions réseau spécialisé (encadré 9). préconisées pour ces problèmes relèvent de trois Par exemple, si une banque ou une société catégories : les alliances avec les institutions locales, de transfert d'argent ne dispose pas d'un réseau l'élaboration de mécanismes alternatifs de presta- d'agences rurales, des accords passés avec d'autres tion de services et l'exploitation des technologies. institutions peuvent fournir la structure manquante pour permettre les transferts de fonds des migrants Les alliances avec les institutions locales vers les zones rurales, par exemple grâce à des Lorsque les institutions financières établissent des accords avec des magasins ou des réseaux de coopé- relations avec les institutions locales qui disposent ratives d'épargne et de crédit. Bien qu'il ne s'agisse déjà d'une infrastructure dans les zones rurales, pas d'une alliance formelle, l'exemple du réseau Encadré 9 Géorgie : Constanta--Une alliance avec des banques rurales pour étendre les services de microfinancement Constanta, une institution de microfinance de Géorgie, utilise des centres de services temporaires -- généralement des salles louées dans des agences de banques rurales -- pour réduire les coûts inhérents à la pénétration des zones rura- les. Constanta dépêche un agent de crédit à chaque centre de service environ deux fois par semaine pour s'entretenir avec des groupes de clients et superviser les décaissements et remboursements. Constanta verse aux banques un for- fait pour chaque client qui utilise leur service de caisse et envoie des fonds par l'intermédiaire des banques pour éviter de transporter de l'argent liquide. Si la banque partenaire dispose d'un système d'information de gestion (SIG) qui peut générer chaque jour des données clientèle, Constanta verse également à la banque un forfait pour chaque opération qui nécessite ce service de caisse. Si la banque partenaire ne peut fournir ce service, un caissier de Constanta passe deux jours par semaine au centre de services pour décaisser les prêts et recevoir les remboursements ; les opérations sont ensuite saisies directement dans le SIG de Constanta. L'activité de crédit a commencé dans le premier centre de services en octobre 2001. En mai 2002, les quatre centres de services en fonctionnement comptaient 1 700 clients actifs et 140 000 dollars américains d'encours de crédits, et ce, en contrepartie de coûts de démarrage et d'exploitation très modestes pour Constanta. Les centres de services ont ouvert la voie à un développement plus soutenu, plusieurs sites représentant un certain potentiel pour se transformer en bureaux permanents. D'autres prestataires de services financiers ont emboîté le pas à Constanta pour pénétrer ces nouveaux marchés ruraux. Les centres de services bénéficient de faibles coûts d'exploitation et sont appelés à se pérenniser dans les petites villes. Par exemple, une banque partenaire dans la ville de Khashuri facture Constanta seulement 60 dollars par mois pour louer un bureau pour son centre de services et une autre 70 dollars par mois pour se servir de ses systèmes de gestion des décaissements et des remboursements. En prenant uniquement en compte les coûts directs, les centres de services peu- vent devenir rentables avec moins de 300 clients actifs. Source : Pearce, "Pro-Poor Innovation Challenge Case Study--Constanta (Georgia)," 2002. 33 90832_1-60_R1.indd 33 90832_1-60_R1.indd 33 7/11/06 9:31:59 AM 7/11/06 9:31:59 AM de microbanques d'Oaxaca au Mexique démontre Les coopératives de la République Dominicaine le potentiel de partenariat entre les institutions disposent d'un réseau d'agences rurales plus étendu financières informelles rurales et les banques basées que les banques et en ont tiré profit pour multiplier dans les villes. La microbanque Xuu Nuu Ndavi le nombre d'adhérents. Par exemple, San José de (L'argent des pauvres) de San Juan Mixtepec (un Matas, a reçu et distribué 500 000 dollars en une village qui connaît une forte émigration vers les année et de nombreux bénéficiaires de ces fonds États-Unis et d'autres régions du Mexique) offre ont rejoint la coopérative81. FEDECACES, une un service par lequel elle s'occupe de collecter et fédération de coopératives d'épargne et de crédit rassembler les fonds qui arrivent par transfert dans du Salvador, dispose d'un vaste réseau rural pour les les agences de deux banques (Banorte et Banamex) clients pauvres ainsi qu'un large réseau de coopé- d'une ville voisine (Tlaxiaco)76. Ce service réduit ratives étrangères partenaires qui facilite les envois les frais et le temps que les clients consacrent à de fonds. En 2002, FEDECACES a transféré 22 la récupération des fonds. Là où, auparavant, ils millions de dollars à ses clients du Salvador82. devaient compter 5 dollars et un trajet aller-retour de six heures en autocar (sans compter les quelques Élaborer des mécanismes alternatifs de pres- heures de queue au guichet), ils n'ont plus qu'à se tation de services rendre à pied jusqu'au bureau de la microbanque Le recours à des mécanismes alternatifs et souples de et à verser des frais de 1,50 dollar77. Le produit de prestation de services, comme les services bancaires transfert de fonds a amélioré la liquidité de Xuu mobiles ou la location de bureaux auprès d'autres Nuu Ndavi et lui a permis de diminuer les taux entités, peut diminuer les coûts de prestation de d'intérêt versés sur les dépôts des clients. Malgré sa services financiers dans des zones éloignées et peu petite taille (260 membres), cette banque est renta- habitées. Parmi les mécanismes les plus employés ble, au moins en termes nominaux78. Avec d'autres figurent l'introduction des services bancaires mobi- microbanques du réseau, elle envisage également les et la location d'espace dans d'autres structures. la possibilité de partager des bureaux avec des En 2000, par exemple, Equity Building Society au sociétés de transfert d'argent et de leur offrir des Kenya a mis en place un programme de services prêts pour leur permettre de transférer des volumes bancaires mobiles qui lui a permis d'offrir une plus importants. gamme de services financiers, y compris des prêts De même, le World Council of Credit Unions agricoles, même dans des zones rurales éloignées (WOCCU) a introduit IRNet (International et ce, avec un recouvrement de coûts intégral. Au Remittance Network), qui est associé à des socié- début de 2004, ces unités mobiles servaient 29 tés de transfert comme Vigo. IRNet permet d'en- lieux et environ 12 000 clients (encadré 10)83. voyer les fonds à partir de coopératives d'épargne À la fin des années 90, la Banque mondiale a et de crédit des États-Unis à des réseaux homo- fourni un appui aux services bancaires mobiles logues d'Amérique centrale, du Mexique et de la offerts par une banque d'État dans le cadre d'un Jamaïque. Les frais d'IRNet, qui s'élèvent à 10 vaste projet de financement rural au Viêt-Nam. La dollars par transaction inférieure à 1 000 dollars, banque utilisait des véhicules spécialement équipés sont modiques par rapport à la moyenne estimée à pour atteindre des zones montagneuses et éloignées, 13% pour les transferts de fonds en Amérique cen- servait ainsi plus de 300 000 clients ruraux et aurait trale et du Sud, qui équivaudrait à 26 dollars pour même dégagé un bénéfice84. Ces expériences parmi la transaction moyenne (200 dollars)79. WOCCU d'autres indiquent que plusieurs conditions sont estime que 10% des envois de fonds transitant par nécessaires pour assurer le succès des services bancai- IRNet sont destinés à l'épargne80. res, notamment des systèmes robustes de gestion de 34 90832_1-60_R1.indd 34 90832_1-60_R1.indd 34 7/11/06 9:31:59 AM 7/11/06 9:31:59 AM Encadré 10 Kenya : Equity Building Society -- Offre de services bancaires mobiles En 2000 au Kenya, Equity Building Society a introduit des services bancaires mobiles dans à peu près 20 des villes et villages les plus isolés du pays. Les unités mobiles effectuent des visites hebdomadaires et offrent une gamme de ser- vices bancaires, dont des prêts, des transferts de fonds et des comptes d'épargne. Les unités fonctionnent comme suit : · Les données clientèle existantes sont téléchargées sur un ordinateur portable et un véhicule tout-terrain, personnalisé et blindé, transporte l'ordinateur portable, l'argent liquide, le personnel et des gardes de sécu- rité armés (dont les services sont loués auprès des pouvoirs publics) jusqu'au lieu des services bancaires mobiles. · Le véhicule utilise l'énergie solaire pour faire fonctionner l'ordinateur portable, le système d'information de gestion (SIG) et le matériel de transmission vocale et de données. · Le véhicule transmet des données à l'agence principale, qui peut servir jusqu'à cinq unités mobiles à la fois. Ces transmissions de données emploient la technologie de communication GSM (Global Services for Mobile communications), qui est fiable et sûre, contrairement aux lignes téléphoniques parfois disponibles dans certaines zones. Cette technologie permet de mettre à jour également les données des comptes clients directement dans les unités mobiles si nécessaire. De plus, un système de communication radio en VHF sert à relier les unités mobiles aux agences. Source : Ayee, "Equity Building Society (EBS): Agricultural Lending," 2003; Coetzee, Kabbucho et Mnjama, "Understanding the Re¬birth of Equity Building Society in Kenya," 2002; Craig et Goodwin-Groen, "Donors as Silent Partners in MFI Product Development: MicroSave-Africa and the Equity Building Society in Kenya," 2003; EBS, "Mobile Banking Experience," 2003; PlaNet Rating, "Equity Building Society (EBS)," 2001. l'information qui produisent des analyses de crédit En Bolivie, PRODEM a élargi son réseau efficientes, des informations sur les remboursements, d'agences en installant 20 guichets automatiques. un suivi des arriérés et des systèmes rapides de trans- Ces machines comportent certaines caractéristiques fert de données qui offrent une protection efficace particulières : elles sont équipées de lecteurs d'em- contre les erreurs et les fraudes. preintes digitales pour vérifier l'identité des clients et elles permettent à ces derniers d'entendre les Exploitation de la technologie instructions dans trois langues et ce, pour rendre Les innovations technologiques peuvent accroître les services financiers plus accessibles aux clients considérablement l'efficience et diminuer les coûts des illettrés, à demi alphabétisés et à ceux qui ne par- prestataires de services financiers opérant en milieu lent pas l'espagnol. Étant donné que les guichets rural. De ce fait, la technologie peut jouer un rôle automatiques sont reliés à des cartes à puce (qui prépondérant dans l'élargissement de l'accès aux ser- contiennent des informations sur les comptes des vices financiers ruraux. Parmi les technologies les plus clients et leurs transactions antérieures), il suffit de pratiques et de plus en plus abordables figurent les mettre à jour les données issues du site de traite- guichets automatiques, les cartes à puce, les cartes de ment central deux fois par jour, ce qui économise débit, les assistants numériques personnels (PDA), les l'équivalent d'environ 800 000 dollars par an en ordinateurs de poche et les téléphones portables. frais d'accès Internet. Les cartes à puce coûtent Les guichets automatiques, les cartes à puce et 10 dollars au client à l'achat et 7 dollars par an de les cartes de débit offrent des solutions de paiement coûts d'exploitation. Les guichets automatiques souples et un accès plus pratique aux comptes de la de PRODEM coûtent moins de 20 000 dollars clientèle. Ces technologies peuvent aussi réduire les l'unité, ce qui rend leur installation économique coûts d'infrastructure et de personnel des agences en comparaison des coûts nécessaires pour établir et faciliter aussi la prestation de services financiers une agence85. dans des zones où les infrastructures de com- En Équateur, un réseau de guichets automati- munication et l'approvisionnement en électricité ques permet aux familles pauvres et rurales d'ac- sont aléatoires. céder aux fonds que leur envoient leurs parents 35 90832_1-60_R1.indd 35 90832_1-60_R1.indd 35 7/11/06 9:31:59 AM 7/11/06 9:31:59 AM travaillant en Espagne. Banco Solidario, une ban- cière doit d'abord réaliser une étude de marché que équatorienne pour les personnes pauvres, offre minutieuse ainsi qu'une analyse coûts-bénéfices et une carte de débit, La Chauchera, dont peuvent se ensuite s'assurer que ses systèmes d'information servir les clients pour retirer de l'argent déposé dans peuvent générer des données dans le format et au des banques d'épargne espagnoles, y compris La moment requis par la nouvelle technologie. Caixa, Caja Madrid, Caja Murcia et Banca Sella en Italie. Les clients peuvent accéder aux fonds à plus Caractéristique 8 de 800 guichets automatiques à travers le pays ou Les regroupements associatifs peuvent à n'importe laquelle des 100 coopératives environ faciliter l'accès aux services financiers avec lesquelles Banco Solidario a noué une alliance en milieu rural et s'avérer des presta- stratégique86. taires viables dans les zones reculées Les assistants numériques personnels (PDA) peuvent rationaliser la tâche des agents de crédit Les organisations de membres ont connu des résul- et accélérer le processus décisionnel, à condition tats variables dans la gestion des services financiers que l'analyse de crédit de l'institution financière et en milieu rural mais elles peuvent être viables même les systèmes de suivi de la clientèle soient suffisam- dans des zones reculées car elles peuvent utiliser ment perfectionnés. Au Chili, Banco del Estado a un personnel volontaire ou semi-volontaire, tirer utilisé les PDA avec un grand succès pour accorder profit du savoir de la communauté au moment de des prêts agricoles en effectuant des visites d'une l'évaluation des prêts, avoir recours à la pression heure dans les exploitations. L'utilité des décisions sociale communautaire pour garantir le rembourse- rapides, prises sur le terrain, peut être renforcée en ment des prêts et s'appuyer sur des systèmes et une incorporant la fonction de scoring aux systèmes infrastructure institutionnels modeste. De ce fait, fonctionnant à partir des PDA. ces organisations, qu'elles soient formelles ou infor- Les téléphones portables offrent eux aussi des melles, peuvent élargir l'accès aux prêts, à l'épargne perspectives pour le développement des services et à d'autres produits financiers à travers les zones financiers dans les pays en développement, y com- rurales. De plus, les associations de producteurs pris dans les zones rurales, à mesure de l'expan- (agriculteurs) peuvent réduire les coûts de transac- sion des réseaux cellulaires. Dans certains pays en tion encourus par les prestataires de crédit, tant les développement, le nombre de téléphones portables institutions financières que les acteurs des marchés dépasse déjà celui des comptes en banque. Les télé- de produits, tels que les entreprises de transforma- phones portables peuvent être utilisés pour connaî- tion et les exportateurs. En effet, pour ces prestatai- tre les soldes bancaires et consulter les échéanciers res, il est plus facile de traiter avec un seul groupe de remboursement et ils peuvent aussi servir pour qu'avec plusieurs agriculteurs individuels et disper- les transactions de valeurs stockées et pour faciliter sés. De plus, pour les acheteurs agro-industriels qui les transferts de fonds et les versements s'ils sont fournissent également des intrants aux agriculteurs, reliés à des systèmes de points de vente ou autres le fait de traiter avec des groupes organisés de petits postes de paiement. Les réseaux cellulaires peu- agriculteurs réduit le coût et la complexité de la vent aussi être employés pour effectuer des dépôts distribution d'intrants, de la collecte des récoltes et et des retraits à faible coût s'ils sont reliés à des du suivi administratif. commerçants et agents locaux. Cependant, et ceci est devenu une leçon fondamentale pour les insti- Caisses généralistes d'épargne et de crédit tutions de microfinance, pour qu'une technologie Les Caisses Villageoises d'Épargne et de Crédit crée de la valeur ajoutée, une institution finan- Autogérées (connues sous le nom de CVECA) sont 36 90832_1-60_R1.indd 36 90832_1-60_R1.indd 36 7/11/06 9:31:59 AM 7/11/06 9:31:59 AM prédominantes dans certaines régions d'Afrique de en collaborant avec les associations villageoises l'Ouest et peuvent s'avérer viables même dans des d'agriculteurs pour évaluer le profil des clients, zones éloignées et d'accès difficile. Par exemple, le fixer les garanties de crédit et les échéanciers de réseau de CVECA dans la région de Nioro au Mali remboursement des adhérents des CVECA, ce qui compte plus de 9 000 emprunteurs et épargnants contribue à améliorer l'efficacité du suivi88. actifs ; il est financièrement pérenne et son porte- Le produit d'assurance bétail offert par les coo- feuille affiche une très bonne qualité. Les CVECA pératives de petits agriculteurs du Népal (SFCL) sont organisées en réseaux qui empruntent auprès constitue un autre exemple du rôle important des d'une banque faîtière et rétrocèdent les prêts aux membres. Ce produit recourt à des comités d'adhé- CVECA individuelles. Les fonds de crédit pro- rents, qui travaillent sous la direction des responsa- viennent également de l'épargne des membres. Un bles des SFCL, pour évaluer le bétail afin de fixer le centre d'appui indépendant (CAREC87, qui a repris montant qui sera couvert par l'assurance89. cette fonction de l'ONG française CIDR), assure D'autres modèles de groupe, moins formels, l'audit et la formation sur une base forfaitaire et peuvent aussi réussir à fonctionner durablement remplit aussi les indispensables fonctions d'appui dans les zones pauvres et isolées (encadré 11). Les permanent. techniques qui permettent de réduire les coûts La vocation villageoise des CVECA leur permet d'exploitation incluent l'emploi de systèmes simples de diminuer leurs coûts d'exploitation. Chaque de gestion de l'information, des produits financiers village fixe ses propres taux d'intérêt et produits de simples, un personnel volontaire ou semi-volon- prêt, ce qui contribue à garantir que ces derniers taire, et la connaissance, au sein du groupe, des sont adaptés aux activités agricoles locales. Les emprunteurs potentiels, ainsi que le recours au méca- CVECA contribuent aussi à la modicité des coûts nisme solidaire pour faire respecter les conditions de Encadré 11 Afrique : Le modèle d'épargne et de crédit villageois de CARE -- Des groupes autogérés de femmes en milieu rural Le modèle de crédit et d'épargne villageois de CARE, conçu principalement à l'intention des femmes habitant des zones rurales pauvres et de faible densité démographique, a atteint une couverture impressionnante dans plusieurs pays d'Afrique depuis ses débuts au Niger à partir de 1993, sous le nom de programme Matu Masa Dubara (MMD). Au Niger, plus de 160 000 femmes rurales appartiennent à 5 500 groupes autogérés d'épargne et de crédit, qui comptent chacun environ 30 membres. En juin 2002, le programme Kupfuma Ishungu du Zimbabwe recensait 5 000 membres dans 770 groupes mixtes (bien que la part des hommes n'atteigne que 13% environ). Le projet de CARE aide les femmes à s'organiser elles-mêmes, tandis qu'un agent de village (qui sert en moyenne 550 membres dans le programme au Zimbabwe) assure une formation de base sur les procédures, la conception des produits, le rôle des comités de gestion collective et d'autres questions ; l'agent effectue également un suivi. Les membres du groupe versent des contributions hebdomadaires mais peuvent aussi bénéficier de prêts à partir du fonds d'épargne du groupe. Au bout d'une année environ, la plupart des groupes distribuent les fonds accumulés de manière égale entre les membres, généralement lorsqu'il existe un besoin particulier de fonds, comme par exemple au début de la saison de plantation. En général, les membres doublent les fonds épargnés en une année, à partir des revenus d'intérêt sur les prêts (les membres fixent les taux d'intérêt, en général à 10% par mois, et les prêts durent en principe trois semaines). La majorité des groupes s'appuient sur des accords oraux et non écrits mais les procédures sont assez simples (les membres contribuent tous le même montant chaque semaine par exemple) pour que ceci ne constitue pas un inconvénient. Le coût de l'appui à ces groupes (aide à la création et suivi) est estimé entre 18 dollars et 39 dollars par membre, alors qu'au Niger, l'épargne moyenne par membre est de 12,50 dollars et le prêt moyen de 7 dollars. (La valeur des prêts pourrait augmenter en cours de cycle et porter à 10 le nombre des prêts de 7 dollars.) Les promoteurs de ce programme (CARE International) signalent que ce programme fonctionne même dans des zones rurales appauvries et éloignées, et qu'un fort pourcentage des groupes parvient à assurer sa pérennité. De plus, ils déclarent que ce coût est de loin infé- rieur au coût par client de certains programmes plus formels de microfinance. Sources : Hirschland, "Savings Operations for Very Small or Remote Depositors: Some Strategies," 2003; Allen, "CARE International's Village Savings and Loan Programmes in Africa: Microfinance for the Rural Poor that Works," 2002. 37 90832_1-60_R1.indd 37 90832_1-60_R1.indd 37 7/11/06 9:32:00 AM 7/11/06 9:32:00 AM remboursement. En l'absence de sources alterna- agriculteurs adhérents ont des cartes individuelles tives de financement, comme les prêts bancaires, qui consignent les crédits d'intrants, les ventes de et en réponse à la nécessité d'offrir un lieu sûr de coton-graine et d'autres opérations. CANAM a dépôt à leurs clients, ces organisations sont souvent eu des expériences positives avec les associations axées sur l'épargne90. d'agriculteurs et juge qu'elles aident au recouvre- Lorsque ces modèles informels sont gérés par les ment du crédit (en 2003, ces associations enre- membres au lieu de professionnels, la liquidité des gistraient un taux de remboursement de presque produits d'épargne peut être diminuée, par exem- 100%), diminuent les coûts de transaction en lui ple en recourant à des dépôts à terme. En général, permettant d'acheter en gros et de livrer le coton- ce manque de liquidité est compensé par la possibi- graine aux entreprises d'égrenage, et réduit les lité de bénéficier de prêts ou d'effectuer des retraits procédures administratives qui seraient autrement d'urgence sur les comptes d'épargne. nécessaires pour gérer les relations avec un grand nombre de petits agriculteurs. En reconnaissance Associations de producteurs de ces avantages, CANAM verse aux associations Les associations de producteurs peuvent permet- des commissions allant de 5 à 10% (bien que les tre aux petits agriculteurs de bénéficier du crédit commissions ne soient pas toujours versées lorsque offert par les entreprises agro-industrielles et les les conditions du marché sont difficiles). institutions financières en réduisant les coûts de V&M Grain Company offre des avances sans inté- transaction des prêteurs qui font affaire avec eux, et rêts aux négociants de petite et de grande taille ainsi en contribuant à rehausser la qualité et le volume qu'aux groupements d'associations de producteurs. de leurs produits pour respecter les normes exigées L'entreprise font été d'un taux de remboursement par les acheteurs, comme indiqué précédemment global de 98%. Les avances aux groupements d'asso- dans la caractéristique 6. ciations portent sur la moitié de la valeur des récoltes Les entreprises de transformation et les exporta- à un prix convenu, sans autre condition de garantie, teurs d'un certain nombre de pays ont reconnu le et sont consenties pour une période ne dépassant potentiel offert par les associations de producteurs pas 20 jours. Une partie de chaque avance sert à (agriculteurs). Au Mozambique, depuis la fin des transporter les produits du groupement jusqu'à un années 90, les associations de petits agriculteurs entrepôt ; le reste est distribué à des associations de sont largement promues par les sociétés de trans- producteurs individuels, qui le redistribuent à leurs formation du coton et du tabac ainsi que par les adhérents. La moyenne des prêts se situe entre 5 000 acheteurs de ces produits. Lomaco, une entreprise dollars et 10 000 dollars91. d'égrenage du coton, et Mocotex, qui a repris la Cependant, les expériences avec les associations première, ont initié des centaines d'associations de de producteurs (agriculteurs) sont variables, cer- producteurs (chacune composée de 20 à 40 adhé- tains problèmes liés à la motivation et à la capacité rents) dans les districts de Montepuez, Balama et associative des adhérents pouvant survenir. Les Namuno. CANAM est une entreprise qui achète agriculteurs plus petits et plus marginaux peuvent du coton-graine auprès d'environ 30 000 exploi- nécessiter une assistance technique et une forma- tations de petite, moyenne et grande taille pour le tion afin d'établir des associations effectives. Les transformer et le commercialiser. En 2003, elle a coûts initiaux peuvent dépasser le seuil acceptable fourni aux agriculteurs 500.000 dollars de crédit pour les acteurs du secteur privé et, de ce fait, méri- d'intrants. Plusieurs de ses fournisseurs sont des ter un appui supplémentaire des bailleurs de fonds adhérents d'associations d'agriculteurs, avec les- par des intermédiaires spécialisés. Ces derniers quelles elle a passé des contrats formels. Les petits peuvent fournir la formation, l'appui aux systèmes 38 90832_1-60_R1.indd 38 90832_1-60_R1.indd 38 7/11/06 9:32:00 AM 7/11/06 9:32:00 AM et d'autres formes d'assistance aux associations La nécessité de systèmes d'appui faîtiers existantes et aux agriculteurs souhaitant établir des Les petites entités financières rurales associatives, associations de producteurs. L'encadré 12 présente qu'il s'agisse d'associations d'épargne et de crédit certains exemples de l'aide apportée par l'un de ces ou d'associations de producteurs, peuvent pâtir de intermédiaires, la Cooperative League of the USA mécanismes internes de contrôle et de suivi médio- (CLUSA), à des associations et coopératives d'agri- cres, et s'exposent aussi à la détérioration de la qualité culteurs orientées marché. de leur portefeuille, à la mainmise des personnes ins- Outre un accès accru au crédit pour les petits agri- truites ou influentes et même à la fraude. Certaines culteurs, les résultats moins quantifiables de ce type sont gérées par un petit nombre d'adhérents, ou d'aide aux associations de producteurs peuvent com- dans l'intérêt de quelques-uns, qui monopolisent prendre certains changements structurels de long l'accès au crédit ou accordent des prêts aux membres terme pour les agriculteurs en ce qui concerne l'ac- à titre de « droit », le montant des prêts étant calculé cès au financement, aux marchés, le renforcement de simplement en multipliant l'épargne ou les parts des leur position de négociation, de leurs compétences adhérents. Les organisations mutualistes plus formel- agricoles, de leur connaissance du marché, de leur les, comme les coopératives d'épargne et de crédit développement organisationnel, de l'alphabétisation enregistrées auprès des autorités de supervision des et du pouvoir de pression communautaire. institutions financières, sont moins exposées à ces Encadré 12 Zambie et Mozambique : CLUSA--Un appui aux associations et coopératives d'agriculteurs Agriflora, Zambie Agriflora était un exportateur privé de fleurs, fruits et légumes à destination des marchés européen et australien. Ses ventes annuelles se chiffraient à 30 millions de dollars et il fournissait des crédits d'intrants à 7 000 agriculteurs.* Tout en administrant ses propres exploitations agricoles, l'entreprise achetait ses produits de petits et grands agriculteurs locaux. CLUSA et Agriflora travaillaient de concert pour monter des coopératives et leur apporter une assistance technique pour accroître l'attractivité et la compétitivité des petits agriculteurs et aussi pour les associer aux accords de fourniture et d'achat établies par Agriflora. De plus, Agriflora fournissait aux coopératives des crédits d'intrants en appliquant la méthode de la garantie solidaire pour obtenir des prêts. Après signature de contrats d'achat anticipé, les agriculteurs recevaient de l'entreprise des versements mensuels pour la vente de leurs produits.** En 2001, Agriflora détenait des contrats de fourniture auprès de 300 petits agriculteurs de huit coopératives. Rural Group Enterprise Development Program, Mozambique Vers la moitié des années 90, CLUSA lançait au Mozambique le Rural Group Enterprise Development Program. CLUSA commença ses activités en regroupant des associations d'agriculteurs existantes ainsi que des agriculteurs indépendants pour créer un réseau de plus de 800 associations dans les provinces de Nampula, Niassa et Cabo Delgado. CLUSA axait ses activités sur l'amélioration de l'attractivité des associations vis-à-vis des acheteurs agro-industriels et des institutions financières en renforçant leurs capacités de suivi administratif, de coordination de la production, de collecte des produ- its et de production des données sur les normes de qualité exigées par les acheteurs. CLUSA employait un personnel décentralisé pour offrir aux associations de la formation, de l'aide et des services consultatifs in situ. Des techniques participatives de formation étaient employées pour enseigner les compétences nécessaires en vue de gérer des associa- tions orientées marché, comme la gestion des budgets et des contrats. CLUSA contribuait également à la passation de contrats de crédit pour les associations. Au mois de juin 2003 environ, CLUSA travaillait avec près de 26 000 agriculteurs dans 860 associations (qu'il dénomme également « entreprises collectives rurales »). CLUSA a collaboré avec six entre- prises agro-industrielles et, en 2003, deux d'entre elles, Export Marketing et V&M Grain Company, ont fourni 136 000 dol- lars en avance de trésorerie aux associations de producteurs pour des arachides, des semences de sésame et des légu- mineux. CLUSA a permis également à 24 groupements d'associations d'accéder au financement du GAPI (une institution financière non bancaire semi-publique). * Depuis la rédaction de la présente étude, Agriflora a connu certaines difficultés financières qui ont causé la cessation de ses activi- tés. Ceci ne compromet aucunement la validité de l'incorporation de ce programme à ce texte à titre d'exemple car ce programme était de petite envergure par rapport aux opérations de l'entreprise. **Pearce, "Buyer and Supplier Credit to Farmers: do Donors Have to Pay?" 2003. Sources : de Vletter, "A Review of Three Successful Rural Finance Cases in Mozambique," 2003; CLUSA, "Quarterly Report, April- June 2003"; recherches CGAP. 39 90832_1-60_R1.indd 39 90832_1-60_R1.indd 39 7/11/06 9:32:00 AM 7/11/06 9:32:00 AM types de faiblesses. Cependant, ces organisations biens d'équipement agricole. Les prêts à court terme connaissent des structures de coûts plus lourdes et sont financés par les dépôts et les prêts de long terme conviennent moins aux zones rurales marginales92. par des prêts accordés par la National Development Pour surmonter certains de ces obstacles, on Bank. Le montant des prêts du SICREDI dépend peut envisager de créer une structure d'appui ins- du rendement potentiel des ventes de récoltes, ainsi titutionnel de niveau supérieur pour les petites que des revenus et des remboursements des dettes organisations de financement rural, comme par du ménage, et est limité à la moitié des coûts de pro- exemple un réseau ou une fédération de coopératives duction. Les emprunteurs effectuent des versements d'épargne et de crédit. Les pratiques d'audit et de d'intérêts chaque mois et des remboursements in benchmarking peuvent encourager l'adhésion à des fine du principal au moment des récoltes. normes de transparence et de performance. De plus, certains services peuvent être offerts aux organisa- Les défis à relever tions adhérentes pour faciliter leur négociation de Les ressources humaines et financières disponibles financements auprès de banques et de bailleurs de dans les petites communautés rurales limitent les capa- fonds, leur action de plaidoyer en faveur de réformes cités de gestion et de gouvernance des organisations politiques et juridiques, le suivi de la performance et mutualistes en développement. Souvent, ces organisa- la satisfaction des besoins de trésorerie à court terme tions nécessitent davantage de supervision, d'aide et de (par exemple par un crédit de refinancement). suivi que prévu et, à moyen terme puis à long terme L'établissement d'une structure efficace et (voire dès le début), il sera indispensable d'imposer pérenne peut néanmoins s'avérer problématique. des frais pour fournir ces services. Dans les cas où les Par exemple, au Mali, il a fallu plus de 10 ans à un ressources et les capacités de la communauté sont très projet de renforcement des capacités pour bâtir la limitées, comme dans les communautés isolées ou les pérennité technique et financière du système des zones dans lesquelles les activités économiques sont CVECA93. En Afrique de l'Est, il existe un fossé extrêmement rares, il peut être plus approprié d'appli- social et culturel entre les coopératives d'épargne et quer des modèles informels. Les institutions ne doi- de crédit et leurs structures faîtières, ces dernières vent pas être poussées à la croissance plus rapidement étant considérées comme intéressées et peu sensi- que ce que leur permettent leurs capacités95. bles aux besoins de leurs adhérents. En Tanzanie, Les bailleurs de fonds, les pouvoirs publics et l'institution faîtière SCULT (Savings and Credit d'autres acteurs cherchant à favoriser les organisa- Union League of Tanzania) a fourni très peu de tions mutualistes font face à l'arbitrage difficile entre services à ses coopératives associées ; par consé- apporter une aide cruciale, nécessaire pour réduire la quent, l'intérêt des coopératives a diminué et, au corruption et éviter les erreurs causées par une gou- début de 2000, ces dernières ont même envisagé vernance médiocre et une gestion incompétente, et d'annuler leur adhésion à l'institution94. limiter les échecs financiers à des niveaux acceptables, Bien que certaines fédérations de coopératives et préserver d'un autre côté l'aptitude des petites aient été inefficaces et coûteuses, d'autres expérien- associations informelles à fonctionner durablement. ces se sont avérées positives, comme celle du Brésil La dépendance excessive des organisations mutua- avec SICREDI et Cresol (encadré 13). SICREDI est listes vis-à-vis d'un financement ou d'une aide exté- un système de coopératives d'épargne et de crédit rieure peut entrer en conflit avec les intérêts de leurs conçu à l'intention des petits ménages agricoles. Il se adhérents et compromettre la sécurité des dépôts de spécialise dans le crédit agricole, principalement pour ces derniers96. Les fonds de crédit rotatif gérés par la la production de riz, de blé, de viande de boeuf, de communauté mais qui ne sont pas fondés sur l'épar- fourrage, de poisson et de légumes et aussi pour les gne sont presque tous voués à l'échec. 40 90832_1-60_R1.indd 40 90832_1-60_R1.indd 40 7/11/06 9:32:00 AM 7/11/06 9:32:00 AM Encadré 13 Brésil : SICREDI et CRESOL--Un appui de rang supérieur aux groupements de coopératives SICREDI suit des pratiques de crédit cohérentes et axées sur l'agriculture ; elle concentre et gère le risque d'illiquidité au niveau du système. Elle fait respecter des normes uniformes, applicables à l'ensemble du système. Pour se servir du nom et du logo de SICREDI, les coopératives d'épargne et de crédit doivent satisfaire au préalable à de strictes condi- tions financières, de politique et de qualité des produits. Les données financières de tous les adhérents sont diffusées dans l'ensemble du système pour garantir que les membres sont incités à respecter ces conditions. Les risques élevés qui découlent d'une grande dépendance vis-à-vis du crédit agricole sont gérés en limitant la part des actifs dans ces pratiques de crédit, en finançant des prêts à long terme avec d'autres prêts accordés par la National Development Bank et en achetant des produits d'assurance récolte (par le biais de PROAGRO, le pro- gramme national d'assurance sur les récoltes). L'appartenance au système est primordial pour la réussite des coo- pératives de SICREDI : elles peuvent bénéficier d'un refinancement, offrir une plus large gamme de services que si elles étaient des entités indépendantes, bénéficier d'une gestion systémique du risque d'illiquidité, et s'associer à une marque qui exige le respect de normes strictes. Le conseil de SICREDI élabore les politiques et les produits et four- nit également les services de formation. Une banque coopérative (Bansicredi) permet aux adhérents d'émettre des cartes de crédit, d'offrir des services bancaires par Internet, d'émettre des crédits commerciaux (y compris des lettres de crédit) et de fournir des produits d'assurance (assurance-vie et autres, assurance rurale). Les adhérents peuvent aussi faciliter des ventes à terme, particulièrement auprès des cultivateurs de café, par le biais de Cédula de Producto Rural. De plus, la participation de SICREDI au système d'assurance récolte de PROAGRO, qui ajoute 3,9% au taux de crédit, permet à ses adhérents de fournir une assurance agricole. Cresol est un autre réseau de coopératives de petits agriculteurs du Brésil (généralement au service de clients plus pauvres que ceux de SICREDI) qui présente aussi les avantages d'une structure d'appui faîtière. Cresol est né d'organisations et de mouvements d'agriculteurs qui ont mis en place des mécanismes communautaires d'épargne et de crédit dans les communautés agricoles et qui, progressivement, ont atteint le statut de coopératives formelles. À leur tour, ces coopératives ont formé un réseau (Cresol) doté d'une coopérative centrale (Cresol-Baser) et de centres région- aux de services « Cresol Baser » qui offrent des services d'appui, comme les audits, la tenue de registres comptables, les logiciels et l'aide juridique ; les centres remplissent également une fonction de suivi et font office d'intermédiaires auprès de la Banque centrale. Les centres desservent de nombreuses coopératives, ce qui permet de rehausser la rentabilité des opérations ; ces centres emploient en majorité un personnel issu des coopératives. Les coopératives de Cresol ont aussi accès à un fonds de trésorerie central. Les pouvoirs publics fournissent à Cresol un crédit subventionné par l'intermédiaire de BNDES (Banco Nacional de Desenvolvimento Econômico e Social, banque d'État pour le dével- oppement) et du programme PRONAF (Programa Nacional para Agricultura Familiar). Source : Branch, "Credit Union Rural Finance: Sicredi Brazil," 2003; recherche CGAP (notamment par des communications avec SI- CREDI et DGRV (Confédération Coopérative et Raiffeisen Allemande) ; rapports et site Web de DGRV, www.dgrv.org; Bittencourt, "O cooperativismo de crédito no Brasil,", 2003 ; et rapports financiers de Cresol. Lorsque la source de fonds principale ou initiale récolte. Cependant, ces programmes ont souvent est externe, par exemple quand elle provient d'un souffert de coûts administratifs élevés, de primes organisme bailleur, ces fonds ont tendance à générer trop faibles, d'un risque moral élevé et d'une des remboursements qui ne suffisent pas pour main- vulnérabilité aux pertes graves. Les coûts adminis- tenir le fonds rotatif durant une longue période. tratifs sont rarement inférieurs à 30% des recettes provenant des primes97. De plus, l'assurance couvre Caractéristique 9 généralement plusieurs risques (voire tous les ris- L'assurance agricole fondée sur les ques) plutôt que des risques précis et quantifiables. niveaux de risque régionaux peut con- À la fin des années 90, une étude de sept program- stituer une protection contre les risques mes publics d'assurance récolte a révélé que, en inhérents au crédit agricole moyenne, les pertes (dédommagements) étaient plus de deux fois supérieures aux recettes98. Depuis longtemps, les pouvoirs publics cherchent Dans ces programmes, les risques moraux tou- à réduire les risques prix et les risques de produc- chent tant les fournisseurs d'assurances (qui admi- tion du milieu agricole en fournissant des produits nistrent les systèmes financés par l'État) que les d'assurance bétail ou, plus souvent, d'assurance clients. Les agriculteurs sont moins enclins à 41 90832_1-60_R1.indd 41 90832_1-60_R1.indd 41 7/11/06 9:32:00 AM 7/11/06 9:32:00 AM prendre des mesures pour réduire les pertes et plus sant des frais supplémentaires. Les instruments de enclins à prendre des risques (comme la plantation couverture indexés, achetés sur les marchés inter- de cultures dans des zones marginales), alors que nationaux, peuvent permettre aux prêteurs de gérer les prestataires sont moins attachés à suivre des des pertes éventuelles découlant de risques prix ou pratiques d'assurance prudentes lorsqu'ils évaluent de risques climatiques, ce qui est susceptible de les les pertes car ils présument que les pouvoirs publics rendre plus confiants pour débuter dans le crédit couvriront ces pertes. agricole ou élargir leurs activités dans ce domaine. Les fraudes peuvent aussi présenter un pro- Les institutions financières peuvent acheter des blème. Au Mexique, par exemple, avant la ferme- instruments de couverture qui réduisent leur expo- ture de l'organisme national d'assurance agricole, sition aux pertes pour cause d'insolvabilité, de il a été constaté que les inspecteurs acceptaient mauvais temps ou de versements d'intérêts tardifs des pots-de-vin d'environ 30% en moyenne des qui résultent de fluctuations négatives des prix des dédommagements versés aux agriculteurs99. Étant marchandises que leurs clients produisent, négo- donné l'échec de nombreux systèmes publics et la cient ou transforment100. La couverture peut porter probabilité qu'ils soient compromis par des moti- sur un portefeuille global ou sur chaque prêt. vations d'ordre politique, il convient de remettre Ce n'est que récemment que l'assurance régio- sérieusement en question la validité et l'efficacité nale s'est étendue aux institutions qui prêtent ou potentielle des programmes publics d'assurance achètent des produits aux petits agriculteurs et, agricole. aujourd'hui encore, rares sont les exemples de L'assurance « régionale » constitue une approche réussite. Un cas récent met en scène la Kilimanjaro plus prometteuse, qui peut s'appliquer aux risques Native Cooperative Union (KNCU), une grande de production comme aux risques prix. Cette assu- coopérative de petits cultivateurs de café de rance est déterminée à l'échelle régionale et elle est Tanzanie qui commercialise environ 11% de la pro- offerte à titre de protection contre des événements duction nationale de café. La coopérative a connu précis indépendants des actions des agriculteurs un certain succès lorsqu'elle a voulu réduire son assurés. On peut citer à titre d'exemple les polices exposition aux changements négatifs des cours d'assurance climat liées à la pluviosité ou aux tem- du café : elle a acheté des options de vente qui pératures dans une zone déterminée qui offrent lui permettent de maintenir un prix d'achat plan- des dédommagements si l'indice pertinent tombe cher convenu avec les agriculteurs durant la saison en-dessous d'un certain niveau (ou le dépasse), et commerciale. La coopérative emprunte auprès les politiques liées aux prix, les dédommagements d'une banque nationale, la Cooperative and Rural étant versés en fonction des prix des récoltes. Ces Development Bank (CRDB), pour payer les primes politiques permettent aux fournisseurs de s'assurer du contrat de couverture (options de vente). Ainsi, contre un risque précis, au lieu de se prémunir la coopérative a réduit son exposition aux fluctua- contre tous les risques agricoles, et le fait qu'elles tions de prix et aux chutes de la valeur des stocks de soient définies à l'échelle régionale les rend plus café détenues durant la période de transformation viables et séduisantes pour les assureurs privés car ou en attendant les ventes. La coopérative n'ayant elles réduisent les coûts administratifs, les risques de employé cette méthode que pour une seule saison, fraude et les risques moraux. il est prématuré de tirer des conclusions définitives Les prêteurs peuvent contracter des polices d'as- quant à son efficacité101. surance pour couvrir leur portefeuille agricole et L'assurance régionale pourrait réduire tant les transférer les coûts des primes aux clients agricul- risques de pertes pour les agriculteurs individuels teurs en augmentant le taux d'intérêt ou en impo- que les risques opérationnels des prêteurs. La 42 90832_1-60_R1.indd 42 90832_1-60_R1.indd 42 7/11/06 9:32:01 AM 7/11/06 9:32:01 AM difficulté principale rencontrée par les assureurs ment assuré est relativement rare, tout est pour le lorsqu'ils doivent accorder une telle couverture mieux et les primes peuvent constituer une source aux petits agriculteurs est la même que celle des de revenus attirante. Cependant, un événement institutions de microfinance : comment assurer catastrophique, même à une échelle locale, peut de manière rentable des contrats et des opérations exposer une institution de microfinance à la faillite de petite envergure. Les pouvoirs publics et les et au manquement de ses obligations vis-à-vis de bailleurs pourraient adopter ou soutenir des mesu- ses clients assurés. Par sa nature, l'assurance est res qui rehaussent le potentiel de l'assurance régio- un produit qui, idéalement, devrait renforcer la nale du secteur privé pour les petits agriculteurs. Ils diversification du risque et porter sur le plus grand pourraient garantir l'existence et la disponibilité de groupe possible de clients assurés et sur la plus bases de données complètes, exactes et actualisées, vaste gamme possible de circonstances susceptibles par exemple sur la pluviosité nationale ou régio- de conduire à des dédommagements. nale et les prix des denrées, que les assureurs privés pourraient exploiter pour évaluer l'achat d'instru- Caractéristique 10 ments de couverture des risques climatiques et des Pour réussir, le microfinancement risques prix. De plus, les bailleurs de fonds peuvent de l'agriculture doit être à l'abri de encourager les courtiers à entrer sur le marché (en l'ingérence politique distribuant par exemple des informations sur les nouvelles méthodes ou même en assurant de la for- L'intervention de l'État et des bailleurs de fonds mation). Les courtiers peuvent aider les prestataires dans les marchés et le crédit agricoles, qu'elle soit de services financiers à évaluer les risques de por- continue ou imprévisible, est probablement la plus tefeuille et tarifer leurs services, et à évaluer égale- grande source de risque pour les prêteurs agricoles. ment les risques inhérents à l'expansion du crédit La fourniture et la conception du financement de agricole ; ils peuvent aussi les aider à négocier des l'agriculture ont été largement influencées par les contrats d'assurance et de couverture. pressions en faveur du financement de la produc- Idéalement, les courtiers devraient provenir du tion agricole et de l'amélioration des conditions de secteur privé. Cependant, en Tanzanie, KNCU et vie en milieu rural, au lieu de la construction d'une CRDB ont reçu une aide de ce type du Groupe de infrastructure durable pour le financement rural. gestion des risques des produits de base (CRMG) Lorsque les hauts fonctionnaires pensent avoir à de la Banque mondiale, qui a aidé la coopérative choisir entre favoriser la portée maximale des ser- à mettre en place une stratégie de gestion des vices financiers ruraux en bâtissant des institutions risques et à négocier les options de vente. Le durables et exploiter les institutions pour canali- groupe a également formé le personnel du CRDB ser les financements en appui direct à l'adoption en matière d'évaluation des risques prix et de de technologies, à la production de produits de prestation de services consultatifs concernant les subsistance et au développement de l'infrastruc- nouvelles techniques de couverture. À l'avenir, ture rurale indépendamment de la pérennité, en le CRMG envisage de faire remplir ce rôle de général, ils optent pour la deuxième solution, au facilitateur à un courtier privé, qui nécessite l'appui détriment de la pérennité. des bailleurs ou des pouvoirs publics seulement à Depuis le début des années 70, le programme titre temporaire. de financement rural de la Ohio State University Les institutions de microfinance qui assurent et de nombreux universitaires, évaluateurs et les petits agriculteurs et assument les risques asso- administrateurs de programmes ont produit une ciés doivent être très prudents. Lorsque l'événe- documentation abondante qui décrit en détail les 43 90832_1-60_R1.indd 43 90832_1-60_R1.indd 43 7/11/06 9:32:01 AM 7/11/06 9:32:01 AM défauts de cette approche traditionnelle du crédit les pays en développement, est que les exploitations à l'agriculture102. Leurs critiques reposent sur des agricoles, en particulier les exploitations familiales, observations selon lesquelles les pouvoirs publics doivent être subventionnées pour atteindre des et les agences pour le développement peuvent rem- buts sociaux plus larges. plir un rôle de développement essentiel en encou- Dans les pays industrialisés, les subventions agri- rageant la pérennité des institutions financières au coles intérieures sont considérables par rapport à service des populations rurales ; ces observations l'aide totale accordée aux pays en développement, soutiennent également que ces institutions n'ont sans parler de l'aide à l'agriculture. En 2003, les pas besoin de subventions permanentes. subventions agricoles américaines (16,4 milliards Parallèlement, de nombreux pouvoirs publics de dollars) étaient en réalité supérieures à l'aide de pays d'Afrique sub-saharienne ont traditionnel- totale accordée par les États-Unis aux pays en déve- lement maintenu les prix des denrées alimentaires loppement (16,3 milliards)104. à un niveau faible, ce qui favorise les populations urbaines ; cette approche a réduit les rendements Des taux de remboursement médiocres des activités agricoles ainsi que la demande de servi- Lorsque, dans les pays en développement, les pou- ces financiers ruraux. De plus, les pouvoirs publics voirs publics canalisent les programmes d'appui des pays industrialisés compromettent l'agriculture aux revenus à travers des prêts, la discipline sur des pays en développement en « déversant » des le marché des crédits en souffre et le financement quantités excédentaires de produits agricoles sur de l'agriculture devient plus ardu. Dans les années les marchés des pays en développement, souvent 60 et 70, lorsque les évaluateurs analysaient la en invoquant le principe de l'aide. Ces produits mauvaise performance de remboursement des pro- excédentaires sont moins chers que les produits grammes de crédit destinés aux petits agriculteurs, locaux et risquent de compromettre la production ils l'attribuaient à des causes indépendantes de la agricole locale et de diminuer les revenus des agri- volonté tant des emprunteurs que des prêteurs. culteurs103. Les contrôles exercés par l'État sur les Pour expliquer l'incapacité apparente des emprun- prix des cultures d'exportation et l'intervention teurs pauvres à rembourser leurs prêts, ils s'en publique dans les processus de transformation et prenaient aux catastrophes naturelles, à la faible de commercialisation ont eux aussi créé une distor- infrastructure de marché, à un régime foncier sion des marchés agricoles dans de nombreux pays inadéquat et à d'autres facteurs qui aggravent les en développement. Les cultures d'exportation ont risques agricoles. En fait, ils suggéraient que les souvent fait l'objet de taxes excessives. mêmes facteurs qui produisaient la pauvreté étaient à l'origine du non-remboursement des prêts. Une agriculture largement subventionnée Au début des années 80, les évaluateurs ont Dans leur grande majorité, les pouvoirs publics à invoqué les stratégies d'intervention pour justifier travers le monde, y compris ceux des plus grandes les faibles taux de remboursement des agriculteurs. puissances économiques, n'ont pas encore accepté Du fait que les prêts aux agriculteurs étaient géné- ces observations et semblent adopter le principe ralement accordés comme un intrant, dans le cadre que les familles agricoles et les communautés rura- d'une approche intégrée qui comprenait l'apport de les doivent bénéficier d'une aide par le biais des semences améliorées, de techniques agricoles et de transferts de revenus. Leur position, dont témoi- structures de commercialisation (comme les coo- gnent les subventions agricoles, les droits d'impor- pératives) ainsi que de réformes agraires, l'échec de tation dans l'Union européenne et aux États-Unis n'importe lequel de ces éléments était jugé suffisant ainsi que les programmes de crédit ciblé à travers pour provoquer le non-remboursement. De même, 44 90832_1-60_R1.indd 44 90832_1-60_R1.indd 44 7/11/06 9:32:01 AM 7/11/06 9:32:01 AM les retards de décaissement, l'inadéquation des les conditions de crédit106. Bien que certaines des montants ou des conditions de crédit et d'autres raisons précitées aient sans nul doute augmenté problèmes liés à l'octroi des prêts selon une appro- les risques du crédit à l'agriculture, la cause prin- che intégrée contribuaient tous selon les analyses cipale du non-remboursement par les emprunteurs au non-remboursement. était l'économie politique du crédit (encadré 14). Ce que ces premières études n'ont pas révélé, Les pouvoirs publics fournissaient un crédit à bon c'est la raison pour laquelle certains agriculteurs marché aux petits agriculteurs pour obtenir leurs dans une zone donnée remboursaient leurs prêts votes et aussi pour compenser les effets des faibles tandis que d'autres ne le faisaient pas, malgré des prix des produits agricoles et le manque d'investis- cultures, des rendements, des revenus et des ris- sements dans les infrastructures rurales. De ce fait, ques similaires. Ces experts ont présumé que, en les pouvoirs publics hésitaient à faire appliquer des raison du fait que les petits agriculteurs n'avaient politiques strictes de remboursement des prêts, par- jamais obtenu auparavant un crédit du secteur for- ticulièrement en raison des difficultés générales que mel, ils ne savaient pas comment l'utiliser. Ils pen- connaissaient de grands groupes d'agriculteurs. saient que ces emprunteurs avaient « détourné » le crédit vers des dépenses de consommation, Systèmes d'annulation de dettes comme les mariages, les enterrements, les frais de Les impayés ne peuvent que se multiplier si l'on scolarité de leurs enfants ou même des produits offre automatiquement aux ménages agricoles l'oc- alimentaires. La littérature traduisait un fort esprit casion de reporter le remboursement des prêts ou de censure morale, même si, aujourd'hui, il est s'il advient que les emprunteurs comme les prêteurs reconnu que bon nombre de ces activités sont reconnaissent la difficulté d'effectuer le rembour- d'une grande utilité économique pour les pauvres sement. Cette situation est exacerbée si un prêteur, car elles apportent aux parents âgés un filet de par tradition, annule les dettes des agriculteurs tous sécurité financier105. les deux ou trois ans, quand les petits agriculteurs Après de nombreuses années, les évaluateurs sont menacés de perdre leurs terres en raison de ces ont commencé à se rendre compte que la respon- dettes. Dans ces cas, les petits agriculteurs sont for- sabilité des faibles taux de remboursement reve- tement tentés de retarder les remboursements ou de nait aux prêteurs et aux mesures incitatives qu'ils reconduire les dettes dans l'espoir que les prêteurs avaient créées pour que les emprunteurs respectent abandonneront ces créances en fin de compte107. Encadré 14 Zambie : Omnia Small Scale--Les effets indésirés du soutien de l'État à la production agricole Omnia Small Scale a été créée par Omnia, un fabricant et négociant sud-africain d'engrais, pour fournir des engrais à crédit à de petits agriculteurs de Zambie. Les agriculteurs à court de trésorerie pouvaient obtenir l'engrais en échange d'un volume convenu de produits (par exemple trois sacs de maïs contre un sac d'engrais). Ce système a bien marché jusqu'à ce que les pouvoirs publics décident d'utiliser les négociants d'Omnia comme agents de son programme subven- tionné de crédit d'engrais. L'attitude nonchalante envers le non-remboursement adoptée par le programme public aboutit à une réduction de la demande vis-à-vis du programme d'Omnia. En réaction, Omnia passa à une offre de crédit plus sophistiquée qui incluait tant les semences que les engrais. Cette offre ciblait les agriculteurs ayant un bon historique de remboursement dans le cadre du programme public et accorda des crédits d'un montant totalisant 300 000 dollars. Cependant, ce programme occasionna des pertes pour Omnia du fait d'un taux de remboursement d'à peine 80%. Outre les mauvaises récoltes dans certaines zones, l'entreprise attribua ses pertes à l'endettement causé par le programme public (car certains de ses clients avaient également tiré profit du crédit public) et l'impression que le non-remboursement serait toléré. Omnia n'offre plus de crédit aux petits agriculteurs, sur- tout en raison de la présence de l'État source de distorsion dans le secteur des engrais. Source : Ruotsi, "Agricultural Marketing Companies as Sources of Smallholder Credit," 2003. 45 90832_1-60_R1.indd 45 90832_1-60_R1.indd 45 7/11/06 9:32:01 AM 7/11/06 9:32:01 AM Il est arrivé bien trop souvent que les pouvoirs tuel, conjugué à des interventions périodiques des publics décident d'annuler les dettes des agricul- pouvoirs publics qui compromettent le rembourse- teurs afin de s'assurer le soutien du secteur rural ment des prêts, a convaincu plusieurs experts que le avant les élections. Au Costa Rica, l'annulation de crédit agricole était trop hasardeux et ne pouvait être la dette par les pouvoirs publics en 1999 a consi- entrepris à des fins commerciales. dérablement diminué les remboursements sur les comptes de cartes de crédit offerts par Financiera Des coûts de transaction élevés Trisan, une société de financement constituée par Souvent, les prêteurs imposent des coûts de transac- un grossiste agrochimique (voir encadré 7). Par tion élevés sur les prêts à faible taux d'intérêt à titre conséquent, les taux d'impayés sur ce produit de mécanisme de limitation face à une demande atteignirent 25% et plus de 2 200 créances furent excédentaire parce qu'ils sont dans l'impossibilité abandonnées durant les deux années suivantes108. de s'adapter à cette demande en augmentant les De même, en 2001, la Bank for Agriculture taux d'intérêt. Par exemple, les prêteurs exigent and Agricultural Cooperatives en Thaïlande fut que les emprunteurs se rendent plusieurs fois à contrainte de participer à un programme public la banque ou à d'autres bureaux pour rassembler d'annulation des dettes des agriculteurs qui avaient la documentation nécessaire, s'informer de l'état des difficultés à rembourser leurs prêts. Plus de 2 d'avancement de leur demande et satisfaire à millions d'agriculteurs qui devaient plus de 1,7 d'autres conditions indispensables pour bénéficier milliard de dollars, soit un tiers du portefeuille du crédit. Ces coûts de transaction élevés réduisent de la BAAC, s'inscrivirent au programme. Par la valeur des prêts pour les clients et diminue la pro- conséquent, le taux d'abandon des créances de la babilité de remboursement car ceux-ci ne craignent BAAC grimpa de 3% en 2001 à 12% en 2002 et pas de voir leur demande de prêt rejetée l'année ses provisions pour créances douteuses passèrent suivante. Lorsque les prêts sont relativement com- à 21% de son portefeuille de crédit109. Ces chif- plexes, les emprunteurs peuvent craindre à juste fres traduisaient un problème de remboursement titre que, l'année suivante, l'approbation soit mise croissant, s'accompagnant d'effets à long terme sur en attente pour des raisons arbitraires. Les coûts de l'image de la BAAC et sur sa capacité future à faire transaction élevés résultent en partie du fait que les respecter les échéanciers de remboursement. prêteurs ne disposent pas de revenus suffisamment importants pour leur permettre de développer un Des taux d'intérêt subventionnés budget d'exploitation solide. Ainsi, les faibles taux Le paradigme traditionnel du crédit agricole d'intérêt ne rapportent pas aux prêteurs les revenus demeure généralisé et comporte un certain nombre nécessaires pour créer l'infrastructure nécessaire de défauts essentiels, dont aucun n'égale en gravité afin d'offrir des services financiers de qualité111. les taux d'intérêt fortement subventionnés. Le crédit à bon marché entraîne un cercle vicieux de limita- Crédit ciblé tion du crédit qui favorise les habitants ruraux plus Les taux d'intérêt subventionnés sont souvent fortunés, capables d'user de leur situation et de leurs assortis de conditions exigeant que le crédit cible relations pour subtiliser le crédit disponible à bon directement certaines cultures ou certains emplois. marché, prive les prêteurs des budgets nécessaires Étant donné la nature fongible de l'argent et la pour assurer le suivi et le recouvrement des prêts, nature intégrée des flux de revenus et de dépenses politise l'allocation et le recouvrement du crédit et, dans un budget de ménage pauvre, toute exigence en fin de compte, exige de subventionner continuel- portant sur le crédit ciblé, pour être effective, lement les activités des prêteurs110. Ce cercle perpé- requiert des coûts de suivi élevés. 46 90832_1-60_R1.indd 46 90832_1-60_R1.indd 46 7/11/06 9:32:01 AM 7/11/06 9:32:01 AM Le crédit n'atteint pas les pauvres en milieu Les coûts de transaction pour les emprunteurs rural sont élevés. En Équateur, selon les estima- Dans les pays en développement, la majeure partie tions, le total des coûts de transaction pour du crédit agricole demeure assujettie à l'ingérence un emprunteur obtenant et remboursant un politique, aux taux d'intérêt subventionnés, au petit prêt est équivalent à un taux d'intérêt crédit ciblé et à la médiocrité des services. Ce mensuel de 5%. paradigme ne fonctionne pas. Les élites du pays La qualité du portefeuille est faible, avec des s'approprient souvent les prêts qui sont destinés arriérés allant de 14% à 26%113. aux agriculteurs pauvres et les taux d'impayés attei- Ces conclusions ne sont pas limitées à l'Améri- gnent un niveau désespérant (ils dépassent souvent que latine. Une analyse de la banque Agricultural et de loin 40%). Ces effets n'ont pas disparu, mal- Development Bank du Pakistan (ADBP), éta- gré 30 ans d'expérience dans des milliers de pro- blissement sous contrôle de l'Etat, réalisée vers grammes de crédit rural subventionné. la moitié des années 90 révèle que, à l'époque, En 1974 par exemple, au Costa Rica, 10% des plus les charges sociales de la banque dépassaient ses grands emprunteurs ruraux ont capté 80% des prêts avantages sociaux de quelque 35%. Cette étude agricoles fortement subventionnés, offerts par le dépar- révèle aussi que 69% des ménages ruraux ont reçu tement du crédit agricole de la Banque nationale du 23% des prêts du secteur formel, du type offert pays. Cinquante pour cent des plus petits emprunteurs par ADBP (qui aurait fourni la majorité du crédit ont obtenu seulement 5% de ce crédit (pour des prêts du secteur formel à l'agriculture), tandis que 4% de 585 dollars en moyenne), bien que le programme des ménages (les plus riches) en ont reçu 42%. Les ait été conçu pour favoriser l'accès des petits agricul- prêts consentis aux emprunteurs qui avaient des teurs au crédit à bon marché. Ces chiffres reflètent les relations politiques ont aussi enregistré un taux résultats constatés dans toutes les autres banques du Costa Rica interrogées durant cette période112. d'impayés beaucoup plus élevé. En 1996, le taux de Dix ans plus tard, les résultats sont similai- remboursement des prêts d'ADBP était de 45%, en res. Une étude de la Banque interaméricaine de nette diminution par rapport aux 59% enregistrés développement portant sur des projets de crédit en 1991. Les auteurs de l'étude ont conclu que des agricole subventionné et ciblé en Amérique latine facteurs politiques avaient joué un rôle important révèle les effets négatifs continus du crédit à bon dans la forte diminution du taux de rembourse- marché sur l'allocation des ressources, la réparti- ment des prêts114. tion des revenus, la gestion macroéconomique et le développement des marchés financiers. Des évalua- Un modèle émergent pour le microfi- tions des programmes de crédit agricole menées en nancement de l'agriculture 1983 en Équateur, au Panama et au Pérou révèlent les conclusions suivantes : Ce document a présenté un certain nombre de caractéristiques communes à des initiatives plutôt Une portée limitée. Au Pérou, Banco Agrario octroie plus de 80% des prêts décaissés par le réussies de prestation de services financiers aux secteur financier mais n'atteint que 7% des agriculteurs pauvres. Aucun programme ne les agriculteurs. incorpore toutes et rien ne donne à penser que La plupart des prêts bénéficie à des clients chaque programme devrait le faire. Cependant, fortunés. chaque caractéristique a rempli un rôle de premier En termes réels, les taux d'intérêt sont géné- plan dans un certain nombre de programmes qui ralement négatifs. ont connu des taux élevés de remboursement sur 47 90832_1-60_R1.indd 47 90832_1-60_R1.indd 47 7/11/06 9:32:02 AM 7/11/06 9:32:02 AM une période significative, et ont atteint la rentabi- serré du remboursement, etc., à l'expertise tech- lité ou étaient en passe d'y parvenir. Certaines des nique nécessaire pour évaluer la compétence des caractéristiques constituent des pratiques perti- emprunteurs potentiels en matière agricole. Dans nentes pour n'importe quel type de microfinance, ce sens, ces prestataires ne sont pas très différents tandis que d'autres viennent en réponse aux pro- d'un grand nombre de leurs homologues urbains blèmes particuliers inhérents aux ménages et aux qui exploitent des systèmes de crédit individuel et investissements agricoles. Ce dernier chapitre pro- exigent que les agents de crédit connaissent dans pose un modèle émergent du microfinancement une certaine mesure un grand nombre d'activités de l'agriculture. commerciales. Les prestataires de services de microfinance agri- Les caractéristiques générales d'une activité cole peuvent agencer les conditions des prêts de réussie de microfinance agricole façon à mieux servir les flux de trésorerie plus cycli- L'une des conclusions les plus importantes de ques des ménages agricoles et les contraintes tem- ces 20 dernières années pour les spécialistes du porelles plus délicates des besoins de crédit pour financement du développement est que les familles les activités agricoles ou d'élevage. Néanmoins, pauvres, et particulièrement les familles agricoles ils sont parvenus à le faire sans suggérer que les pauvres, entreprennent un certain nombre d'acti- remboursements sont liés uniquement aux résultats vités génératrices de revenus, emploient un certain d'activités d'investissement données. nombre de stratégies d'adaptation et divers instru- L'une des marques des initiatives réussies de ments financiers formels et non formels pour gérer microcrédit est la diversification du portefeuille de leurs affaires. Bien que la production agricole soit crédit des prêteurs au profit d'un grand nombre peut-être la source de revenus principale, elle est de petites activités économiques indépendantes rarement la seule. les unes des autres. De même, les organisations Cette découverte a permis aux initiatives de cherchant à se lancer dans le crédit agricole ou financement du développement, particulièrement à y multiplier leurs interventions peuvent limiter au microcrédit, de s'écarter du concept liant le leur exposition au risque en accordant des prêts remboursement des prêts à des activités d'inves- à de nombreux ménages engagés dans plusieurs tissement précises. Dans ce contexte, le ménage activités agricoles différentes et d'autres activités emprunteur tout entier est considéré comme économiques. une unité économique dans laquelle les revenus Les facilités de dépôt devraient être considérées provenant de différentes activités sont conjugués comme une composante essentielle des services pour satisfaire des besoins quotidiens et remplir de microfinance aux ménages agricoles. Les faits des obligations de remboursement très variés. Ce démontrent que la plupart des personnes pauvres changement a amélioré considérablement les taux du milieu rural préféreraient utiliser des comptes de remboursement des prêts et est probablement d'épargne au lieu de recourir à des prêts pour réa- une condition préalable à la pérennité financière liser de gros investissements et, en fait, pour satis- de la plupart des crédits accordés aux personnes faire la majorité des besoins de services financiers, pauvres. étant donné que la pauvreté a tendance à dicter une Les prestataires de services de microfinance approche prudente de la gestion financière. agricole performants ont conjugué les principes En somme, en opérant certains ajustements essentiels du microcrédit, à savoir la sélection des importants, sans être pour autant décourageants, emprunteurs et la pression au remboursement il est possible de financer de nombreuses activités par les pairs, des crédits progressifs, un suivi de production agricole en appliquant des principes 48 90832_1-60_R1.indd 48 90832_1-60_R1.indd 48 7/11/06 9:32:02 AM 7/11/06 9:32:02 AM de microcrédit ordinaire. L'aide à l'expansion des Des caractéristiques particulières en réponse institutions de microfinance solides dans les zones à des défis spécifiques rurales aura pour effet presque certain d'augmen- Cetteétudedécrituncertainnombred'approches-- ter les fonds dédiés à l'agriculture tandis que ces association des prêts à des accords d'agriculture institutions s'efforcent de répondre aux besoins contractuelle, achat de produits d'assurance régio- financiers des ménages agricoles. Les recherches nale, emploi de technologies et d'infrastructures réalisées pour les besoins de cette étude ont iden- institutionnelles existantes dans les zones rurales -- tifié un nombre significatif d'actions réussies pour auxquelles les organisations de microfinance agri- adapter les produits traditionnels de microcrédit cole performantes (et d'autres) ont recouru pour aux besoins des emprunteurs agricoles, bien que le relever des défis particuliers. Ces défis ne sont pas volume total des prêts demeure réduit et l'histori- communs à toutes les situations de financement que bref. agricole ; par conséquent, tous les programmes ne De plus, les institutions traditionnelles de finan- sont pas contraints de les employer toutes. De plus, cement agricole peuvent fournir des services finan- ces approches sont moins matures et les expérien- ciers de manière plus pérenne en adoptant les ces qui montrent leur succès sont plus minces que techniques de microfinance contribuant à réduire celles qui peuvent s'appliquer généralement à la les risques et favoriser la pérennité financière. Ces microfinance. Certaines demeurent expérimentales techniques encourageront la survie des institutions mais ont été incluses dans l'étude car elles tentent dans un climat politique où de nombreux bailleurs d'aborder des questions clés du financement de la de fonds et pouvoirs publics n'ont pas la volonté de production agricole et parce qu'elles suscitent un subventionner de façon permanente les program- intérêt considérable dans la communauté du finan- mes de crédit qui ciblent des secteurs particuliers. cement agricole. En adoptant les stratégies de gestion des risques Les accords d'agriculture contractuelle se sont des institutions de microfinance et les techniques révélés un outil puissant de gestion des risques et d'analyse du crédit qui tiennent compte de la de financement de la production de cultures com- gamme d'activités économiques des ménages ainsi plexes, qui nécessitent un degré de normalisation que de leurs sources de revenus multiples, les prê- élevé ou un volume de production minimum. Les teurs traditionnels pourront accroître leur péren- données clientèle détenues par les négociants et nité et la valeur des services qu'ils fournissent aux entreprises de transformation qui offrent des crédits familles pauvres. Par exemple, en augmentant leurs par l'intermédiaire de ces accords sont aussi d'une taux d'intérêt, ces prêteurs pourront augmenter valeur potentielle considérable pour les prêteurs leurs budgets, offrir des services de meilleure qua- ruraux. Un certain nombre d'approches émergen- lité et améliorer les résultats de remboursement. tes favorisent l'adoption d'accords contractuels Cependant, le microfinancement de l'agricul- de ce type, ou des alliances qui s'en rapprochent, ture ne peut prospérer nulle part face à l'ingérence tout en assurant l'appui corollaire nécessaire pour politique. Même les programmes les mieux conçus satisfaire aux conditions de production. Cependant, et les mieux exécutés sont presque incapables de le financement de l'agro-industrie n'aborde pas maintenir des taux de remboursement élevés en les contraintes inhérentes au financement de long présence de larges programmes d'annulation de terme car les accords contractuels sont générale- dettes, d'une offre massive de crédit fortement sub- ment établis sur une base saisonnière et ne convien- ventionné et de taux d'intérêt répressifs caractéri- nent pas à des investissements de longue durée dans sant la plupart des méthodes employées par l'État. l'infrastructure agricole. 49 90832_1-60_R1.indd 49 90832_1-60_R1.indd 49 7/11/06 9:32:02 AM 7/11/06 9:32:02 AM Le financement à long terme des activités d'in- Cependant, toutes ces caractéristiques spécifi- vestissement est l'une des formes les plus rares du ques ont démontré leur potentiel indéniable dans financement agricole. Il existe très peu de pro- le cadre de projets menés à travers le monde ces grammes exemplaires à ce titre. Le crédit-bail a fait dernières années. Chose plus importante, elles l'objet d'essais limités mais ses résultats doivent abordent les questions les plus épineuses du finan- encore être considérés comme expérimentaux. La cement de l'agriculture : les gros investissements de demande de financement à long terme pourrait long terme, la conjonction des risques prix et des cependant ne pas être aussi forte que ne le suppose risques liés aux rendements, les coûts relativement la littérature sur le financement de l'agriculture. La élevés de l'intervention dans des zones rurales de plupart des investissements agricoles à long terme faible densité de population et l'octroi de prêts à ne sont pas financés principalement par des prêts des clients sans historique de crédit. Selon toute consentis par des institutions financières mais par probabilité, ces défis « extrêmes » ne pourront être l'épargne des ménages et des fonds empruntés aux relevés efficacement par des institutions de microfi- amis et aux membres de la famille. En recourant à nance qui se limitent aux caractéristiques plus géné- de multiples sources pour financer de gros inves- rales du paradigme dominant de la microfinance. tissements de long terme, les ménages pauvres De plus, si les prestataires de services financiers à réduisent le coût pondéré de l'emprunt global et l'agriculture ne font pas de progrès notables pour diversifient le risque que les remboursements arri- relever ces défis, ils continueront d'être considé- vent à échéance lorsque des événements imprévus rés comme une composante inefficace du secteur affectent les revenus anticipés. financier en général. Certaines actions sont en cours pour adosser L'une des raisons principales pour lesquelles la la prestation de services financiers aux ménages plupart des institutions financières évitent le crédit ruraux et agricoles aux infrastructures commercia- agricole, hormis le niveau élevé du risque perçu, est les existantes. De plus, certaines technologies sont que l'historique du crédit subventionné bon marché employées actuellement pour améliorer l'accès aux et les attentes de la clientèle en la matière font qu'il est services et la qualité de ces derniers par le biais des extrêmement difficile d'établir le prix des crédits à un guichets automatiques, des téléphones portables, niveau viable (c'est-à-dire rentable). Parallèlement, les des PDA, des ordinateurs de poche et des cartes ménages agricoles pauvres peuvent ne pas être prêts à puce. Rappelons que la plupart de ces tentatives ou en mesure de payer les taux d'intérêt élevés néces- visant à réduire fortement le coût de la prestation saires pour compenser les lacunes de nombreux petits des services en milieu rural doivent être considé- prêteurs ruraux ou les coûts d'exploitation élevés des rées comme expérimentales, quoiqu'elles soient prêteurs éloignés des centres urbains. Néanmoins, prometteuses. en adoptant les caractéristiques du modèle émergent Il en va de même pour l'assurance récolte cen- proposé dans cette étude, on pourrait envisager de sée protéger contre les risques généraux inhérents réduire les coûts tant pour les prêteurs que pour les au crédit agricole. Malgré les efforts consentis emprunteurs, ce qui permettrait de concrétiser la actuellement pour établir des systèmes d'assurance, pérennité du microfinancement de l'agriculture. et malgré les connaissances acquises sur les types La question qui demeure est de savoir s'il existe d'assurance et de fonds de garantie inopérants, il certains groupes d'agriculteurs, comme ceux dotés demeure nécessaire de mener des recherches d'une de très petites exploitations, ou ceux qui dépendent envergure considérable avant de parvenir à formu- d'une agriculture pluviale marginale et de faible ler une recommandation générale sur l'assurance rendement, pour qui les subventions apportées par récolte pour les petits agriculteurs. le crédit agricole peuvent trouver une justification. 50 90832_1-60_R1.indd 50 90832_1-60_R1.indd 50 7/11/06 9:32:02 AM 7/11/06 9:32:02 AM Il existe beaucoup d'arguments en faveur de sub- dégagera pas de bénéfice, ou s'il est possible d'ob- ventions initiales visant à diminuer les coûts encou- tenir un meilleur rendement (en tenant compte des rus par les institutions financières qui servent ces stratégies de gestion des risques du ménage, qui groupes, par exemple en les aidant à gagner en effi- peuvent justifier la diversification du portefeuille cience ou à mettre en place de meilleurs systèmes d'activités) en réalisant une autre activité comme ou procédures (plutôt que de subventionner les exploiter une microentreprise ou travailler dans taux d'intérêt). Cependant, la décision de recourir l'exploitation d'un autre individu. aux subventions doit être considérée en tenant Plusieurs millions de personnes des zones rurales compte des budgets restreints dont disposent les seraient bien mieux servies si davantage d'institu- pouvoirs publics des pays en développement et de tions financières appliquaient les caractéristiques du l'intérêt de subventionner une activité agricole qui modèle émergent de microfinancement de l'agri- ne produit pas un rendement durable, lorsqu'on la culture, dont les vertus ont été démontrées par compare aux dépenses allouées aux hôpitaux, aux quelques programmes relativement performants et écoles, aux routes et à d'autres impératifs urgents. présentées dans ce document. Les auteurs espèrent En d'autres termes, un individu ou un ménage ne que les bailleurs de fonds et les pouvoirs publics devrait pas être encouragé à contracter une dette abandonneront l'ancien paradigme mis en échec et pour financer une culture particulière ou une continueront d'investir dans le développement des activité d'élevage qui, selon toute probabilité, ne composantes de ce nouveau modèle. 51 90832_1-60_R1.indd 51 90832_1-60_R1.indd 51 7/11/06 9:32:02 AM 7/11/06 9:32:02 AM Notes de texte 21Wright, Microfinance Systems: Designing Quality Financial Services for the Poor, 2000. 22Pearce et Reinsch, "EDPYME Confianza, Peru," 2005. 1 FIDA, Rural Poverty Report 2001: The Challenge of Ending 23Ayee, "Centenary Rural Development Bank: Agricultural Len- Rural Poverty; and World Bank, Rural Finance Services: Im- ding," 2002. plementing the Bank's Strategy to Reach the Rural Poor, 24Shrader, "Sustainable Expansion Strategies," 2003; Corres- 2003. Les données les plus récentes de la Banque mondiale pondance entre le chercheur du CGAP et Richard Reynolds (« Global Monitoring Report 2005 ») indiquent que ce chiffre a (World Vision) et Sabina Bina (Directrice financière d'EKI) cou- diminué pour atteindre 1,1 milliard. rant 2003 ; États financiers d'EKI au 31 décembre 2002. 2 Dans ce cas, l'aide correspond à une part du revenu national 25Buchenau, 2003, "Innovative Products and Adaptations for Ru- brut (RNB) des membres du Comité d'aide au développement ral Finance," 2003. (CAD) de l'Organisation pour la coopération et le développe- 26Entretien entre l'équipe de gestion de Banco del Estado et ment économiques (OCDE). Voir OCDE, "2003 OECD Deve- l'auteur (Christen), 1997­98. lopment Co-operation Report: Statistical Annex." 27Voir par exemple Adams and Fitchett, Informal Finance in 3 FIDA, Rural Poverty Report 2001. Low-Income Countries, 1992. 4 DFID, "The Importance of Financial Sector Development for 28Sebstad et Cohen, Microfinance Risk Management and Po- Growth and Poverty Reduction," 2004. verty, 2001. 5 Von Pischke, Finance at the Frontier: Debt Capacity and the 29Voir Rutherford, The Poor and Their Money, 2000 (traduit en Role of Credit in the Private Economy, 1991. français). 6 Banque mondiale, Implementing the Bank's Strategy to Reach 30La BAAC est décrite ici en raison de son échelle d'activité mas- the Rural Poor, 2003. sive, bien que sa nature d'entité publique ne permette pas de 7 Des "prêts sectoriels " ont servi à aider les pays emprunteurs se prononcer sur sa pérennité. à réformer les marchés financiers (en introduisant des taux 31La diversité évoquée ici concerne particulièrement l'intro- d'intérêt de marché et une concurrence bancaire accrue, et duction de services d'épargne. Les opérations de crédit de la en renforçant les cadres réglementaires, par exemple), qui BAAC sont encore dominées par l'agriculture, quoique moins n'étaient pas axés sur le crédit agricole. qu'auparavant. 8 Wenner, "Lessons Learned in Rural Finance: The Experience 32Ces données sont extraites du Rapport annuel 2002 de la of the Inter-American Development Bank," 2002. BAAC, citant des données du Bureau national de statistique de 9 FAO, "Crop and Food Supply Assessment Mission to Malawi," la Thaïlande. Les clients ont reçu des crédits de la BAAC soit 2003. 10Ayee,"Centenary Rural Development Bank: Agricultural Lend- directement soit par le biais de coopératives et d'associations. ing," 2002. Il faut remarquer que l'exercice comptable de la BAAC dure 11 Onumah, "Improving Access to Rural Finance through Reg- d'avril à mars. Les données rapportées ici concernent l'exer- ulated Warehouse Receipt Systems in Africa," 2003. cice 2002 et sont valables au 31 mars 2003, sauf indication 12Varangis et al, "Dealing with the Coffee Crisis in Central Ame- contraire. rica," 2003. 33Wehnert et Shakya, "Are SFCLs Viable Microfinance Orga- 13Les principales exceptions sont certains types de contrats de nizations? A Comprehensive Financial Analysis of 33 SFCLs," crédit entre les agriculteurs et les entreprises de transformation 2001; Siebel, "Agricultural Development Bank Reform," 2001. agricole ou des négociants, par lesquels le remboursement du 34La performance de plusieurs coopératives de petits agricul- crédit est déduit du prix payé pour la production obtenue. teurs a récemment subi les effets d'activités maoïstes. 14Des consultants embauchés par le CGAP ont rendu visite à 35Bittencourt, "O cooperativismo de crédito no Brasil," 2003; Rap- des institutions et des programmes en Bolivie, en Inde, au Ke- ports de Cresol. nya, au Mozambique, au Pérou et en Ouganda. 36Recherches du CGAP (notamment des communications échan- 15Haggblade et al, "Strategies for Stimulating Poverty-Alleviating gées avec SICREDI et DGRV) ; site Web du DGRV, www.dgrv. Growth in the Rural Non-farm Economy in Developing Coun- org. tries," 2002. 37Pearce, Goodland, et Mulder, "Investments in Rural Finance 16Hulme et Mosley, "Finance for the Poor or the Poorest?" for Agriculture: Overview," 2004; Ayee, "Centenary Rural De- 1997. velopment Bank (CERUDEB): Agricultural Lending," 2002. 17Robinson, The Microfinance Revolution, Volume 2: Lessons 38Pearce et Reinsch, "Caja los Andes, Bolivia," 2005. from Indonesia, 180­82. 39Christen et Vogel, "The Importance of Domestic Resource 18À l'exception des contrats de crédit entre les agriculteurs et Mobilization in Averting Financial Crisis: The Case of Credit les entreprises de transformation agricole ou négociants par Unions in Honduras," 1984. lesquels le remboursement du prêt est déduit du prix payé pour 40Rubio, "EDPYME Confianza," 2002; Pearce et Reinsch, la production qui en résulte. "EDPYME Confianza, Peru," 2005. 19Navajas, "The Process of Adapting Lending Technology: Fi- 41Lee, "Client Based Market Research: The Case of PRODEM," nanciera Calpiá in Rural El Salvador,"1999; Navajas et Gonza- 2000; Rubio, "EDPYME Confianza," 2002.Buchenau, "Finan- lez-Vega, "Innovative Approaches to Rural Lending: Financiera cing Small Farmers in Latin America," 1997. Calpiá in El Salvador, " 2000. 42Lee, "Client Based Market Research: The Case of PRODEM," 20Financiera Calpiá est récemment devenue une banque : Banco 2000; Rubio, "EDPYME Confianza," 2002. ProCredit. En janvier 2005, Caja los Andes (dont la dénomina- 43Rubio, "EDPYME Confianza," 2002; Pearce et Reinsch, tion officielle est celle d'un "fonds financier privé ") est aussi "EDPYME Confianza, Peru," 2005. devenu une banque : Banco los Andes ProCredit. Dans le pré- 44Lee, "Client Based Market Research: The Case of PRODEM," sent document, les noms originaux seront employés car les 2000. recherches ont été réalisées alors que les deux entités fonc- 45Ayee, "Centenary Rural Development Bank (CERUDEB): Agri- tionnaient sous leur forme juridique et leur nom antérieurs. cultural Lending," 2002. 52 90832_1-60_R1.indd 52 90832_1-60_R1.indd 52 7/11/06 9:32:02 AM 7/11/06 9:32:02 AM Notes de texte (suite) 46Le partenaire technique de cette institution, ACDI/VOCA, a éla- 73Wenner et Proenza, 2000. boré une stratégie de diversification de portefeuille pour traiter 74Rodriguez-Meza, op. cit.dans Buchenau et Hidalgo (2002). cette question et a apporté une assistance technique pour met- 75www.studentsoftheworld.info/infopays/rank/densite2.html; tre en application la stratégie. Banque mondiale, World Development Indicators 2001. 47Voir Westley, "Equipment Leasing and Lending: A Guide for 76Le CGAP a apporté une subvention « Pro-Poor Innovation Microfinance," 2003, qui contient une description plus détaillée Challenge » de 50 000 dollars américains pour aider deux mi- des implications du crédit à terme sur la gestion bilantielle. crobanques qui pilotent des services de transfert de fonds et 48FAO, "Term Financing in Agriculture: A Review of Relevant Ex- qui travaillent avec des migrants en Californie. periences," 2003. 77Ceci représente une part importante d'épargne, étant donné 49FAO, "Term Financing in Agriculture." Les changements opérés que les envois de fonds varient généralement entre 100 et 250 dans le classement des prêts par l'institution après 1999 occul- dollars. tent la proportion plus récente des prêts à terme. 78Rapports AMUCSS (Asociación Mexicana de Uniones de Cré- 50BAAC annual reports; Haberberger et al, "The Challenge of dito del Sector Social) ; Recherches CGAP et visite de terrain Sustainable Outreach: The case of Bank for Agriculture and effectuée par l'auteur (Pearce), octobre 2003. Agricultural Cooperatives (BAAC)," 2003. 79Banque mondiale, "Workers' Remittances: An Importance and 51FAO, "Term Financing in Agriculture," 2003. Stable Source of External Development Finance," 2003. 52Westley, "Equipment Leasing and Lending: A Guide for Micro- 80Sanders, "Migrant Remittances to Developing Countries. A finance," 2003. Scoping Study: Overview and Introduction to Issues for Pro- 53Voir FAO, "Term Financing in Agriculture," 2003. Poor Financial Services," 2003. 54Ayee, "DFCU Leasing," 2002. 81Orozco, "Remittances, the Rural Sector, and Policy Options in 55Westley, "Equipment Leasing and Lending: A Guide for Mi- Latin America," 2003. crofinance," 2003. 82Ibid. 56SFI, "Leasing in Central Asia," 2003); USAID, . "Leasing: An 83Pearce et Reinsch, "Equity Building Society, Kenya," 2005. 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Services," 2003; Quesada, "Profitable Solidarity: An Ecuador- 61Ruotsi, "Agricultural Marketing Companies as Sources of ian Bank with Social Aims and Healthy Profits," 2003. Smallholder Credit: Experiences, Insights, and Potential Donor 87CAREC est l'acronyme de "Caisse rurale d'épargne et de crédit." Role," 2003. 88Wampfler et Mercoiret, "Microfinance and Producers' Or- 62Ibid. ganizations: Roles and Partnerships in the Context of Liber- 63Il est probable que certains négociants moins spécialisés of- alization," 2001; Wampfler, "Coordination et Pérennisation des frent des prêts destinés à d'autres emplois. Services autour du Financement de l'Agriculture Familiale dans 64Shepherd, "Financing of Agricultural Marketing: The Asian Ex- la zone Office du Niger (Mali)," 2003; correspondance du cher- perience," 2004. cheur du CGAP avec Renée Chao-Béroff du CIDR, 2004. 65Ruotsi, "Agricultural Marketing Companies as Sources of 89Correspondance du CGAP avec GTZ Nepal, 2003; Staschen, Smallholder Credit: Experiences, Insights, and Potential Donor "Financial Technology of Small Farmer Cooperatives, Ltd. (SF- Role," 2003; CLUSA , "Quarterly Report, April-June 2003"; de CLs): Products and Innovations," 2001. Vletter, "A Review of Three Successful Rural Finance Cases in 90Hirschland, "Serving Small Rural Depositors: Proximity, In- Mozambique," 2003. novations, and Trade-Offs," 2003. 66Pearce, "Buyer and Supplier Credit to Farmers: Do Donors 91de Vletter, "A Review of Three Successful Rural Finance Cases Have a Role to Play?" 2003. in Mozambique," 2003; Pearce, "Buyer and Supplier Credit to 67Suite à la fusion de la banque avec une banque européenne, Farmers: Do Donors Have a Role to Play?" 2003; Ruotsi, "Agri- sa participation a été annulée et CES Solidaridad a établi une cultural Marketing Companies as Sources of Smallholder Cre- institution de microfinance chargée d'apporter le financement dit: Experiences, Insights, and Potential Donor Role," 2003. à sa place. 92Pearce, Goodland, et Mulder, "Investments in Rural Finance 68Alvarado, Galarza, et Cajavica, "El Linking ONG--Banco del for Agriculture: Overview," 2004. CES Solidaridad de Chiclayo," 2000; Wenner, Alvarado, and 93Pearce et Helms, "Financial Services Associations: The Story Galarza, "Promising Practices in Rural Finance: Experiences So Far," 2001. from Latin America and the Caribbean," 2003. 94Chao-Beroff et al, "A Comparative Analysis of MemberBased 69Les dispositifs de points de vente servent à effectuer les rem- Microfinance Institutions in East and West Africa," 2000. boursements et les décaissements et sont placés dans des 95Adaptation du texte de Pearce, Goodland, et Mulder, "Invest- petits magasins de détail. ments in Rural Finance for Agriculture: Overview," 2004. 70Pearce, "Buyer and Supplier Credit to Farmers: Do Donors 96Il n'est pas surprenant de constater que les membres gèrent Have a Role to Play?" 2003. leur propre épargne plus soigneusement que les fonds ex- 71Ndt: "side-selling" en anglais. Intervient lorsqu'un agriculteur ternes. Si le montant des fonds externes est important par détourne une partie de sa récolte pour la vendre à un acheteur rapport au montant de l'épargne des membres, l'analyse de autre que celui avec lequel il est sous contrat, à un prix plus crédit, le suivi et le recouvrement ont tendance à être com- élevé. promis. 72FIDA (2003). Pour de plus amples renseignements sur les taux 97Yaron, "Rural Finance: Issues, Design, and Best Practices," d'épargne, voir Aryeetey et Udry, 2000. 1998. 53 90832_1-60_R1.indd 53 90832_1-60_R1.indd 53 7/11/06 9:32:03 AM 7/11/06 9:32:03 AM Notes de texte (suite) 98 Skees, Hazell, et Miranda, "New Approaches to Crop Yield 105 Christen, "Take the Money and Run," 1984. Insurance in Developing Countries," 1999. 106 Voir par exemple, Vogel, "Rural Financial Markets: Implica- 99 Ibid. tions of Low Delinquency Rates," 1981. 100 Les marchés internationaux peuvent regrouper les risques 107 Vogel, "Rural Financial Markets: Implications of Low Delin- à une échelle mondiale, ce qui permet aux contrats de cou- quency Rates," 1981. verture d'être financièrement plus accessibles. 108 Échange de courriels entre le chercheur du CGAP et 101 Bryla et al, "The Use of Price and Weather Risk Manage- Charles Spalding, Directeur de Trisan, décembre 2002; ment Instruments," 2003; Mwakalukwa, "Price Risk Man- Wenner et Quiros, "An Agricultural Credit Card Innovation: agement and Access to Credit," 2003. The Case of Financiera Trisan," 2000. 102 Voir par exemple, Donald, Credit for Small Farmers in De- 109 Rapports annuels BAAC ; Haberberger et al, "The Chal- veloping Countries, 1976; Von Pischke, Adams, et Donald, lenge of Sustainable Outreach: The case of Bank for Agri- Rural Financial Markets in Developing Countries, 1983; et culture and Agricultural Cooperatives (BAAC)," 2003. Von Pischke, Finance at the Frontier: Debt Capacity and the 110 Voir par exemple, Gonzales-Vega, "Arguments for Interest Role of Credit in the Private Economy, 1991. Rate Reform," 1983. 103 Bien que les preuves ne soient pas décisives, et suggèrent 111 Adams, Gonzalez-Vega, et Von Pischke, Crédito agricola y que l'effet le plus important pourrait être le déplacement des desarrollo rural: la nueva vision, 1987. importations (au lieu d'une incidence sur la production agri- 112 Vogel, "The Impact of Subsidized Credit on Income Distri- cole nationale). 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Vos commentaires sur ce numéro sont les bienvenus. Toutes les publications du CGAP sont disponibles en ligne sur le site Web du CGAP à l'adresse www.cgap.org CGAP 1818 H Street, NW MSN P3-300 Washington, DC 20433 Téléphone : 1-202-473-9594 Télécopie : 1-202-522-3744 Courriel : cgap@worldbank.org Site Web : www.cgap.org 90832_1-60_R1.indd 60 90832_1-60_R1.indd 60 7/11/06 9:32:04 AM 7/11/06 9:32:04 AM