89804 Accès au financement FORUM Rapports du CGAP et de ses partenaires N°6, juin 2013 Financial Access 2012 Vers un état des lieux plus précis Oya Pinar Ardic, Kathryn Imboden et Alexia Latortue Société financière internationale Groupe de la Banque mondiale Remerciements Ce rapport a été rédigé par une équipe d’agents du CGAP et d’IFC. Nous remercions le FMI pour l’enquête qu’il mène chaque année sur l’accès aux services financiers (enquête FAS). Nous sommes immensément reconnaissants à Leora Klapper et Douglas Randall pour leurs idées et leur relecture sur le chapitre IV, ainsi qu’à Marten Leijon et Scott Gaul pour leurs précieux conseils. Nous remercions également Nina Bilandzic et Jasmina Glisovic pour leur travail sur le chapitre III. Goran Amidzic et Alexander Massara ont apporté leur aide pour l’analyse des données de l’enquête FAS. Camilo Tellez et Michael McCord ont fourni le contenu et relu les encadrés sur les services bancaires sans agences et la micro-assurance — merci à eux. Nous avons beaucoup apprécié le travail de relecture minutieux et les remarques de Jeanette Thomas, Timothy Lyman, Peer Stein, Peter Wrede et Vijayasekar Kalavakonda. Anna Nunan a assuré la mise en forme du rapport. Enfin, rien ne serait possible sans l’appui de nos partenaires. Pour la réalisation de ce rapport, IFC a bénéficié de l’aide financière du ministère néerlandais des Affaires étrangères, et le CGAP de celle d’AusAid. © CGAP et Société financière internationale, 2013 Tous droits réservés. CGAP 1818 H Street NW Washington, DC 20433, États-Unis Internet : www.cgap.org Courriel : cgap@worldbank.org Téléphone : +1 202 473 9594 Cette publication est le fruit du travail des services du Groupe consultatif d’assistance aux pauvres (CGAP) et d’agents d’IFC (Société financière internationale), l’une des institutions du Groupe de la Banque mondiale. Le contenu du présent ouvrage est soumis au droit d’auteur. La reproduction et/ou la transmission de tout ou partie de cette publication sans autorisation peut constituer une infraction à la législation en vigueur. Le CGAP et IFC ne peuvent garantir l’exactitude, la fiabilité ni l’exhaustivité du contenu de cet ouvrage, ni les conclusions ou jugements qui y sont décrits, et déclinent toute responsabilité pour les éventuelles omissions ou erreurs (notamment, sans s’y limiter, les erreurs typographiques et les erreurs techniques) du contenu, quelles qu’elles soient, et pour les conséquences de son utilisation. Les frontières, couleurs, dénominations et autres informations figurant sur les cartes de cette publication n’impliquent de la part du CGAP ou d’IFC aucun jugement quant au statut juridique d’un territoire quelconque ni aucune reconnaissance ou acceptation desdites frontières. Les constatations, interprétations et conclusions présentées dans cet ouvrage ne reflètent pas nécessairement les opinions des Administrateurs de la Banque mondiale ni des États qu’ils représentent. Le contenu de cette publication est soumis au droit d’auteur. Les demandes d’autorisation pour en reproduire certaines parties doivent être adressées au CGAP à l’adresse indiquée après la mention « Tous droits réservés », ci-dessus. Le CGAP et IFC encouragent la diffusion de leurs études ; en temps normal, ils accordent leur autorisation rapidement et, lorsque la reproduction est demandée à des fins non commerciales, sans contrepartie financière. L’autorisation de photocopier des parties de cette publication pour un usage scolaire doit être demandée au Copyright Center, Inc., Suite 910, 222 Rosewood Drive, Danvers, MA 01923, États-Unis. Table des matières Avant-propos 3 Résumé analytique  5 CHAPITRE I. Évolution de l’inclusion financière — Ce que les données des banques commerciales nous disent 8 CHAPITRE II. Situation de l’accès aux assurances — Données préliminaires 17 CHAPITRE III. Situation de l’accès des PME aux services financiers — Mise à jour 22 CHAPITRE IV. Confrontation des données sur l’offre et sur la demande — Ce que les bases de données FAS et Global Findex nous disent 27 CHAPITRE V. Corrélations entre les indicateurs d’accès aux services financiers et le développement économique et financier  31 ANNEXES Principales sources de données sur l’inclusion financière  37 Ensemble d’indicateurs de base du G20 sur l’inclusion financière et indicateurs sur les GAB — Chiffres les plus récents 38 FAS : Définitions et données disponibles 39 Bibliographie 42 1 L’enquête et la base de données FAS L’enquête du FMI sur l’accès aux services financiers (FAS) ment les banques centrales. Sa méthodologie est fondée constitue la plus complète des sources de données mondiales sur les lignes directrices du Manuel de statistiques moné- sur l’offre permettant des comparaisons entre pays et dans le taires et financières du FMI et de son guide complémen- temps. La dernière enquête FAS en date a été réalisée par le taire pour l’établissement des statistiques (Compilation Département des statistiques du FMI en 2012 en collabora- Guide). tion avec le CGAP et les services-conseil d’IFC travaillant sur • En 2012, le questionnaire FAS a été élargi à des séries l’accès au financement. chronologiques sur les caisses de crédit mutuel et les coo- La base de données FAS facilite l’analyse de l’évolution de pératives financières et sur les IMF, identifiant séparément l’accès des ménages et des entreprises aux services de dépôt, les petites et moyennes entreprises (PME), les ménages, de prêt et d’assurance dans le temps et entre les pays, et par et les prestataires de services d’assurance vie et non-vie. type de prestataire de services financiers. La base de données • La base de données FAS est l’une des trois sources de don- FAS comprend des indicateurs géographiques et démogra- nées mondiales servant à calculer l’ensemble d’indicateurs phiques sur l’accessibilité et l’utilisation des services finan- d’inclusion financière de base adopté par les dirigeants du ciers de base selon une fréquence annuelle pour 187 écono- G20 au Sommet de Los Cabos en juin 2012. mies, dont tous les pays du G20, sur une période de huit ans Les données FAS sont accessibles au public à l’adresse (2004-2011). http://fas.imf.org. Les outils de recherche (eLibrary) et d’illus- • L’enquête FAS recueille des données auprès des orga- tration (DataMapper) du FMI intègrent également les données nismes de réglementation financière des pays, principale- FAS. Avant-propos L ’architecture des données mondiales sur l’inclu- G20 intègre des ensembles de données mondiales exis- sion financière a fait des progrès remarquables en tants afin de suivre l’évolution de l’inclusion financière quelques années et devient de plus en plus solide. dans le monde. (Voir l’annexe  2 pour avoir les chiffres Outils majeurs en la matière, l’enquête du FMI sur l’ac- les plus récents de l’ensemble d’indicateurs d’inclusion cès aux services financiers (FAS) et la base de données financière de base du G20.) mondiale sur l’inclusion financière de la Banque  mon- Si l’ensemble d’indicateurs de base du G20 vise à diale (Global Findex) constituent des ensembles très donner une image essentielle mais simple de l’état de fournis de données mondiales sur l’offre et la demande. l’inclusion financière, il est nécessaire de le compléter À l’échelon national, des pays comme le Brésil, le par d’autres indicateurs pour pouvoir établir un état Mexique et la Malaisie investissent massivement dans des lieux plus précis. Le Sous-groupe Données et me- la définition d’indicateurs d’inclusion financière qu’il sures du GPFI travaille à élaborer ces indicateurs sup- faut collecter, suivre et analyser pour améliorer l’inclu- sion financière. L’an dernier, le Comité Irving Fisher sur plémentaires afin de mieux rendre compte de l’état de les statistiques des banques centrales de la Banque des l’inclusion financière par rapport à trois dimensions  : règlements internationaux a invité les responsables des l’accessibilité, l’utilisation et la qualité des services fi- banques centrales et d’autres experts à sa toute première nanciers. Les progrès déjà accomplis créent encore plus réunion sur les données relatives à l’inclusion financière. de demande pour des données de plus en plus détaillées Les dirigeants nationaux et mondiaux, les bailleurs et segmentées. Et c’est une bonne chose. de fonds et les prestataires privés ont tout à gagner Ce rapport ne se contente pas de mesurer l’accès aux de ces progrès. Et bien qu’ils n’accordent pas la même services financiers. Il analyse la dynamique du marché importance à toutes les données, les différents acteurs et les liens avec des indicateurs plus larges relatifs au sont généralement d’accord sur le fait que les données secteur financier et à la croissance économique. Pour sur l’offre et sur la demande sont complémentaires, et pouvoir faire des choix éclairés, les responsables poli- qu’elles sont aussi utiles les unes que les autres pour tiques doivent en effet avoir une meilleure compréhen- avoir une image valable de l’accessibilité et de l’utilisa- sion des ressorts de l’accès aux services financiers et de tion des services financiers dans le monde. (Voir l’an- son importance pour le secteur financier dans son en- nexe 1 pour plus de détails sur les principales sources de semble et pour l’économie réelle. données sur l’inclusion financière.) Alors que de nombreuses organisations ont mis l’ac- Lors du Sommet de Los Cabos en juin 2012, les di- cent sur l’inclusion financière et sur le développement rigeants du G20 ont adopté l’ensemble d’indicateurs de d’écosystèmes de prestataires performants, nous pen- base du G20 sur l’inclusion financière. Cet ensemble sons que nos intérêts peuvent et doivent effectivement d’indicateurs de base du G20 a été élaboré par le Sous- se rejoindre au nom des milliards de pauvres encore pri- groupe Données et mesures du Partenariat mondial pour vés d’accès à des services financiers responsables. Avec l’inclusion financière (GPFI) et ses partenaires de mise des données crédibles, pertinentes et détaillées, nous en œuvre  : l’Alliance pour l’inclusion financière (AFI), sommes plus à même de jouer nos rôles respectifs afin le CGAP, la Société financière internationale (IFC) et la de concrétiser l’objectif d’une « inclusion financière uni- Banque mondiale. L’ensemble d’indicateurs de base du verselle ». Tilman Ehrbeck Peer Stein Directeur général Directeur CGAP Services-conseil d’IFC | Accès au financement 3 4 Résumé analytique L a moitié des adultes de la planète ne possèdent pas La couverture plus étendue des données permet de compte auprès d’une institution financière for- de mieux comprendre la dynamique des marchés melle, et 75  % des pauvres ne sont pas bancarisés Le rapport de cette année représente une étape impor- (Demirgüç-Kunt et Klapper 2012). Pourtant, les études tante dans la manière dont les données FAS sont utilisées montrent qu’ils sont financièrement actifs et ont besoin pour fournir une image fine et actuelle de l’inclusion d’un ensemble de services pour saisir les opportunités financière aujourd’hui, venant compléter d’autres pro- économiques qui se présentent à eux et pour gérer et grammes de collecte et d’analyse de données sur l’offre atténuer les risques auxquels ils sont exposés (Collins, et la demande. Les données disponibles sont chaque Morduch, Rutherford et Ruthven 2009). Jamais aupa- année plus nombreuses, même si elles demeurent très ravant les dirigeants nationaux et les organismes mon- incomplètes. diaux de normalisation ne s’étaient autant préoccupés Les organismes de réglementation qui s’efforcent d’élargir l’accès des ménages et des entreprises à un d’améliorer l’inclusion financière dans leurs pays sont large éventail de services financiers. de plus en plus conscients de l’importance de dispo- Pour créer des systèmes financiers inclusifs per- ser d’informations sur l’offre de services financiers. Ils mettant à un plus grand nombre de personnes d’accé- travaillent à recueillir davantage de données dans ce der à différents services pour un coût moindre, il faut domaine, en premier lieu sur les institutions de dépôts à la fois un ensemble diversifié de prestataires, des in- réglementées qui relèvent de leur compétence, mais frastructures financières adéquates, et des politiques commencent aussi à inclure des données provenant publiques qui assurent la protection et l’environnement d’autres prestataires de services financiers. Pour conce- porteur nécessaires. Parce que le paysage financier s’est voir de meilleures politiques publiques, il est en effet né- complexifié, faisant intervenir un plus grand nombre cessaire d’avoir une vision plus large des institutions qui de prestataires et de modes de prestation, l’architecture desservent les pauvres. des données visant à représenter l’inclusion financière Le chapitre  I présente une analyse de tendances évolue aussi. Pour avoir une vision détaillée de l’accès de l’inclusion financière fondée sur les données des aux services financiers — paiements, épargne, crédit et banques commerciales. Sur tous les marchés, ce sont assurances  — des données doivent être recueillies au- évidemment celles qui offrent la meilleure qualité parmi près d’un plus grand nombre de sources et sur diffé- toutes les données du ressort des organismes de régle- rentes dimensions, à savoir l’accessibilité, l’utilisation et mentation financière —  les sources d’informations de la qualité. l’enquête FAS du FMI. Que ce soit en tant que presta- Chaque année, le rapport Financial Access s’efforce taires directs de services, partenaires d’opérateurs de ré- d’enrichir sa base de données de prestataires de ser- seaux mobiles (ORM) ou refinanceurs d’institutions de vices financiers, dans la mesure des données dispo- microfinance (IMF), il y a fort à parier que les banques nibles. L’édition 2011 de Financial Access a fait exception commerciales joueront un rôle de plus en plus impor- puisque l’état des lieux de l’offre présenté cette année-là tant dans l’écosystème des prestataires de services, qui comportait peu de données nouvelles. Financial Access va permettre de proposer des services financiers à des 2012 part du travail réalisé dans les rapports Financial segments de clientèle jusqu’alors non ou mal desservis. Access 2009 et Financial Access 2010 pour fournir de En outre, des institutions financières spécialisées aupa- nouvelles données sur l’accès aux services financiers. ravant ciblées sur la clientèle pauvre se transforment en Se fondant sur huit années de chiffres (2004-2011) de banques commerciales, tandis que des banques com- la base de données FAS du FMI sur l’accès aux services merciales locales commencent à s’intéresser au « bas de financiers, combinés à d’autres statistiques, Financial la pyramide ». Access 2012 apporte une nouvelle contribution qui va L’évolution de la pénétration des dépôts et des aider à mesurer et analyser l’état actuel de l’inclusion fi- prêts montre des signes clairs, quoiqu’encore naissants, nancière (voir à l’annexe 3 les définitions et les données d’une sortie de la crise financière. Sur la période de huit disponibles de la base de données FAS). ans 2004-2011, le nombre de comptes de dépôt pour 5 1 000 adultes n’a cessé d’augmenter, avec toutefois une en 2011 dans les pays à revenu intermédiaire de la tranche progression très faible en 2009 et 2010, suivie d’un sur- inférieure. L’assurance vie prédomine (ce constat est saut en 2011. Il est intéressant de voir que le nombre de confirmé par des sources complémentaires de l’enquête comptes de dépôt a augmenté légèrement plus vite que FAS, comme les états des lieux de la micro-assurance en le nombre de comptes de prêt, un décalage observé de- Amérique latine et aux Caraïbes et en Afrique). La crise puis 2008. Au sortir de la crise financière, il a pu y avoir financière de 2008 n’a pas eu de répercussions sur les une propension plus forte à épargner qu’à contracter des contrats d’assurance vie, probablement parce qu’il s’agit emprunts. Un autre facteur qui a pu jouer est le ralen- de contrats de plus longue durée par nature, mais elle a tissement du crédit dans un contexte de crise, en par- eu un impact négatif sur les contrats d’assurance non-vie ticulier compte tenu de la crise bancaire dans les pays et a diminué les réserves techniques des assurances. à revenu élevé et d’une aversion au risque plus sensible Le chapitre  III est une mise à jour sur l’accès des chez les prêteurs. petites et moyennes entreprises (PME) aux services fi- L’augmentation rapide (et ininterrompue) du nombre nanciers. Le manque d’accès à des services financiers d’agences bancaires et de guichets automatiques ban- permettant de gérer la trésorerie, de financer des investis- caires sur la période 2004-2011 a également contribué à sements et de se protéger contre les risques constitue un étendre l’accès aux services des banques commerciales frein important à la croissance des PME, en plus d’autres dans toutes les régions du monde. Toutefois, la péné- obstacles non financiers tels que les infrastructures. C’est tration des dépôts et des prêts est très inégale selon les pourquoi l’enquête FAS 2012 a introduit pour la première régions et les quartiles de revenu des pays. La pénétra- fois des questions sur les PME. Même si les données FAS tion des dépôts dans les pays à revenu élevé est plus de sont encore incomplètes, elles montrent que les marchés dix fois supérieure à celle des pays à faible revenu, et la du financement des PME (tels que mesurés par les ratios pénétration des dépôts dans les pays à revenu intermé- volume de prêts aux PME/PIB et comptes de prêt des diaire de la tranche inférieure est près de trois fois celle PME/total des prêts aux entreprises) sont en général plus des pays à faible revenu. Le schéma est le même pour développés dans les pays à revenu plus élevé que dans les écarts de pénétration des prêts. La pénétration des les pays en développement. Dans les pays à faible reve- dépôts dans des banques commerciales est la plus faible nu, les PME ne représentent qu’un petit pourcentage des en Afrique subsaharienne. L’augmentation du nombre comptes de prêt des entreprises. de comptes de dépôt dans les banques commerciales en Le chapitre IV analyse la complémentarité des don- 2011 est le fait des pays à revenu faible ou intermédiaire nées sur la demande et sur l’offre et leurs emplois res- (tranches inférieure et supérieure), qui partaient certes pectifs. L’année 2012 a été particulièrement riche du de loin, tandis que le nombre a stagné dans les pays à point de vue des données sur l’inclusion financière : les revenu élevé. résultats de l’enquête FAS étoffée, publiés en septembre Parallèlement aux banques commerciales, les insti- 2012, représentent le plus vaste ensemble de données tutions financières non bancaires (IFNB) contribuent sur l’offre disponible à ce jour, et ceux de l’enquête notablement à toucher les clients non ou mal desservis Global Findex, publiés en mars  2012, forment le plus sur beaucoup de marchés. Les IFNB acceptant les dé- vaste ensemble de données sur la demande qui existe au- pôts jouent effectivement un rôle plus important dans jourd’hui. De par leur conception, les bases de données la pénétration des dépôts et des prêts, et la pénétration FAS et Global Findex sont complémentaires ; elles ne se des prêts des IFNB a augmenté par rapport à celle des substituent pas l’une à l’autre. Les enquêtes sur l’offre banques commerciales partout dans le monde, sauf dans comme l’enquête FAS constituent un moyen relative- les pays à revenu élevé. ment peu coûteux de collecter des données fréquentes, Le chapitre  II présente une analyse de tendances comparables et jugées extrêmement fiables par les au- fondée sur les premières données disponibles sur l’ac- torités nationales. Les enquêtes sur la demande comme cès aux services d’assurance. À partir d’une couverture l’enquête Global Findex sont riches d’enseignements sur encore incomplète, les données FAS montrent que les les nombreuses dimensions de l’inclusion financière, pays à revenu élevé forment la grande majorité du mar- vues sous l’angle des individus. Pour l’enquête FAS, un ché mondial de l’assurance, tant par le passé qu’encore questionnaire écrit est envoyé chaque année aux orga- aujourd’hui. Néanmoins, le nombre de contrats d’assu- nismes de réglementation financière et l’unité d’analyse rance a plus que doublé depuis 2004 et les pays à faible est l’institution financière réglementée. Pour l’enquête revenu commencent à rattraper leur retard, qui était très Global Findex réalisée tous les trois ans, des entretiens important. Alors que la progression a été très faible dans individuels sont menés sur l’utilisation des services fi- les pays à revenu élevé, le taux d’augmentation annuel nanciers proposés par les institutions financières régle- moyen du nombre de contrats d’assurance a été de 9 % mentées, non réglementées et informelles. 6 Les deux enquêtes conduisent généralement aux Enfin, le chapitre  V explore les liens entre l’inclu- mêmes résultats, même si elles ne donnent pas toujours sion financière et le secteur financier et certaines va- exactement le même chiffre pour certaines données au riables macroéconomiques. Même si ces analyses se niveau d’un pays. Pour les prêts, il n’est pas étonnant que poursuivent, il en ressort déjà quelques résultats inté- les bases de données FAS et Global Findex ne donnent ressants. Les données FAS montrent qu’une plus grande pas les mêmes résultats puisque l’enquête FAS de- inclusion financière (mesurée par la pénétration des dé- mande « l’encours total des prêts », tandis que l’enquête pôts) est corrélée à des niveaux de revenu plus élevés Global Findex demande « tous les prêts souscrits sur les (PIB par habitant et croissance du PIB par habitant) et à 12 derniers mois ». En ce qui concerne les dépôts, la ré- une réduction des inégalités de revenu. Une plus grande ponse est plus nuancée. Les pays dont le niveau de reve- inclusion financière est associée à moins d’inégalités, nu est faible et les systèmes financiers moins développés bien qu’un certain degré d’accessibilité et d’utilisation ont plus de probabilités d’obtenir les mêmes résultats des services financiers et de profondeur financière soit dans les deux enquêtes. Dans beaucoup de pays où il n’y nécessaire avant qu’une amélioration des inégalités ne a pas de concordance des données sur les dépôts dans soit constatée  ; dans un pays où l’inclusion financière les bases de données FAS et Global Findex, les données et la profondeur financière sont faibles, les inégalités commencent par augmenter, puis diminuent au fur et FAS montrent un niveau d’inclusion plus élevé. à mesure que la profondeur et l’inclusivité du système Les gouvernants et les organismes de réglementation financier progressent. utilisent la base de données FAS pour cerner l’offre de Bien que l’on ait de bonnes raisons de penser, d’un services financiers des institutions sur lesquelles ils ont point de vue théorique (et intuitivement), qu’il y ait un compétence. La base de données FAS peut aider à com- lien entre inclusion financière responsable et stabilité prendre la structure du marché afin de trouver comment financière, ce lien s’avère difficile à démontrer par des travailler avec différents types d’institutions financières données empiriques. Un nombre croissant de publi- pour améliorer l’accès aux services financiers. Mieux cations semblent indiquer une relation positive entre comprendre les profils des utilisateurs grâce à la base de l’inclusion financière et la stabilité financière, mais les données Global Findex peut aboutir à des mesures, des données empiriques ne le confirment pas encore. Même législations et des réglementations favorisant davantage si, globalement, la stabilité financière est peu corrélée à l’accès aux services financiers, pouvant cibler les groupes l’accessibilité, à la profondeur et à l’efficience des ser- les moins bien desservis ou jugés prioritaires pour les vices, l’accès aux services financiers et la stabilité finan- gouvernements. Les prestataires, de même que les dona- cière sont mieux corrélés dans les pays à faible revenu et teurs et les investisseurs, peuvent développer une meil- les pays à revenu intermédiaire de la tranche inférieure, leure compréhension des profils et des comportements où les problèmes d’accès sont plus aigus. des clients grâce à l’enquête Global Findex, notamment Enfin, une plus grande inclusion financière est asso- dans les segments toujours moins bien desservis. Les ciée à des infrastructures financières plus développées deux bases de données FAS et Global Findex peuvent et à un environnement institutionnel et juridique plus servir à établir des comparaisons entre les pays et ont cohérent. Un environnement des affaires plus solide est été adoptées comme sources de données pour l’ensemble associé à un niveau plus élevé de pénétration des dépôts d’indicateurs de base du G20. et des prêts. 7 I CHAPITRE Évolution de l’inclusion financière — Ce que les données des banques commerciales nous disent A ujourd’hui, un éventail de plus en plus large de Des signes clairs, quoiqu’encore naissants, prestataires de services financiers de tous sta- d’une sortie de la crise financière tuts juridiques proposent des services financiers La pénétration des dépôts et des prêts tend à évoluer de aux pauvres. Dans un nombre croissant de pays, des la même façon dans chaque groupe de pays (classés par institutions financières spécialisées auparavant ciblées niveau de revenu ou par région géographique). La crois- sur la clientèle pauvre se transforment en banques com- sance de la pénétration tant des dépôts que des prêts merciales, tandis que des banques commerciales locales —  mesurée par l’augmentation du nombre de comptes commencent à s’intéresser au «  bas de la pyramide  ». ou de titulaires de comptes de dépôt/de prêt pour De plus, que ce soit en tant que prestataires directs de 1 000 adultes — a considérablement ralenti en 2008 et a services, partenaires d’opérateurs de réseaux mobiles commencé à repartir après la crise financière. Le taux (ORM) ou refinanceurs d’institutions de microfinance d’augmentation des comptes de prêt et de dépôt pour (IMF), il y a fort à parier que les banques commerciales 1 000 adultes s’est redressé en 2010, et encore plus forte- joueront un rôle de plus en plus important dans l’éco- ment en 2011. Le nombre de comptes de dépôt a augmen- système des prestataires de services, qui va permettre té légèrement plus vite que le nombre de comptes de prêt, de proposer des services financiers à des segments de un décalage observé depuis 2008 (figure  1), après une clientèle jusqu’alors non ou mal desservis. période de trois ans (2005-2007) où le schéma dominant Parallèlement aux banques commerciales, les institu- avait été inverse, à savoir une pénétration des prêts aug- tions financières non bancaires (IFNB) contribuent no- mentant plus vite que la pénétration des dépôts. tablement à toucher les clients non ou mal desservis sur Au plan mondial, le nombre de comptes de dépôt et beaucoup de marchés. L’enquête FAS 2012 est encore loin de comptes de prêt pour 1 000 adultes a augmenté res- de donner une image complète des prestataires non ban- pectivement de 48 et 24 en 2011, soit 1  314  comptes de caires, mais elle couvre mieux ces types d’institutions qui dépôt et 264  comptes de prêt pour 1  000  adultes. Ces desservent les personnes non ou mal desservies. chiffres semblent indiquer qu’au sortir de la crise finan- Ce chapitre analyse les données relatives aux banques cière, il a pu y avoir une propension plus forte à épargner commerciales. Sur tous les marchés, ce sont évidem- qu’à contracter des emprunts. Un autre facteur qui a pu ment celles qui offrent la meilleure qualité parmi toutes jouer est le ralentissement du crédit dans un contexte les données du ressort des organismes de réglementa- de crise, en particulier compte tenu de la crise bancaire tion financière — les sources d’informations de l’enquête dans les pays à revenu élevé et d’une aversion au risque FAS du FMI — et qui permettent donc une analyse tech- plus sensible chez les prêteurs. Le ratio dépôts/PIB (produit intérieur brut) a aug- nique (économétrique). Ce chapitre examine l’évolution menté plus vite que le ratio prêts/PIB, contrairement à des dépôts auprès des banques commerciales, des prêts la période 2005-2007 où l’on avait vu l’inverse (figure 2). qu’elles accordent et de l’accessibilité physique de leurs L’évolution récente de ces deux ratios pourrait s’expli- services, ainsi que les tendances par groupe de revenu quer par l’un et/ou l’autre des facteurs suivants : i) une et par région au moyen des données FAS. En complé- variation plus importante des volumes de prêts et de dé- ment des données sur les banques commerciales, l’en- pôts consécutive à la sortie de la crise financière (mon- cadré  1 présente les données disponibles sur les IFNB. tants des prêts supérieur en 2011) et ii)  la croissance Une autre évolution importante est la manière dont les limitée du PIB, notamment la plus faible croissance du ORM et d’autres prestataires de services parviennent à PIB en 2011, indiquant qu’un redressement du secteur toucher rapidement un nombre croissant de clients par financier a peut-être précédé celui de l’économie réelle. différentes voies nouvelles. Malheureusement, on pos- La progression de l’encours des prêts et des dépôts par sède encore peu de données sur les services financiers rapport au PIB observée en 2011 pourrait donc s’expli- mobiles qui se développent plus vite que les capacités de quer par la hausse des montants des prêts et le ralen- collecte de données sur le sujet. Voir l’encadré 2. tissement de la croissance du PIB réel en 2011 (à l’ex- 8 ENCADRÉ 1 L’importance croissante des intermédiaires financiers non bancaires Dans beaucoup de régions du monde, on a vu apparaître, à Les IFNB acceptant les dépôts jouent un rôle plus impor- côté des banques commerciales, des institutions financières tant dans la pénétration des dépôts et des prêts. Ainsi, spécialisées expressément ciblées sur les pauvres ou sur cer- les chiffres communiqués par le Burundi pour le nombre tains segments de population mal ou non desservis. Dans la de comptes de dépôt et de comptes de prêt sont plus éle- classification de la base de données FAS, ces IFNB figurent soit vés pour les caisses de crédit mutuel que pour les banques dans la catégorie a) « autres institutions de dépôts », compre- commerciales. D’après les données FAS les plus récentes, le nant les caisses de crédit mutuel et les coopératives financières, quotient du nombre de comptes de dépôt dans des banques commerciales sur le nombre de comptes de dépôt auprès des les IMF acceptant les dépôts, et les autres institutions accep- IFNB a commencé à baisser, surtout après la crise financière, tant les dépôts (associations d’épargne et de crédit, sociétés dans le monde entier, sauf dans les pays à revenu faible ou à de crédit immobilier, banques de crédit rural et banques de revenu intermédiaire de la tranche inférieure. Les IFNB sont crédit agricole, caisses d’épargne, et banques postales), soit encore peu présentes sur le marché des prêts. Le quotient du dans la catégorie b) « autres sociétés financières », qui n’ac- taux de pénétration des prêts des IFNB sur celui des banques ceptent pas les dépôtsa. commerciales a augmenté partout dans le monde, sauf dans Ces IFNB jouent souvent un rôle important dans les sys- les pays à revenu élevé (figure B1.A). tèmes financiers, et beaucoup d’entre elles ont expressément Le nombre total d’IFNB acceptant les dépôts dans le pour mission d’améliorer l’inclusion financière. Toutefois, monde est resté plus ou moins constant autour de 40 000 elles ne relèvent souvent que partiellement des organismes entre 2004 et 2011, tandis que le nombre total de banques de réglementation financière, et c’est pourquoi les données commerciales a diminué, passant d’environ 16 000 en 2004 à sur les IFNB dans la base de données FAS ne sont pas aussi 14 200 en 2011. En 2011, environ la moitié des IFNB accep- complètes que pour les banques commerciales. Cet encadré tant les dépôts étaient basées dans des pays à revenu élevé. donne un aperçu du rôle des IFNB en matière d’inclusion fi- Les autres se répartissent entre les pays à revenu intermé- nancière, d’après les données FAS disponibles, qui sous-es- diaire de la tranche supérieure pour 16 %, les pays à revenu timent très certainement le rôle qu’elles jouent sur de nom- intermédiaire de la tranche inférieure pour 14 % et les pays à breux marchés. faible revenu pour 20 %. FIGURE B1.A.  Pénétration des dépôts et des prêts pour les IFNB (comparés aux banques commerciales) Dépôts banques commerciales/Dépôts IFNB Prêts banques commerciales/Prêts IFNB 15 15 12 12 9 9 6 6 3 3 0 0 2004 2005 2006 2007 2008 2009 2010 2011 2004 2005 2006 2007 2008 2009 2010 2011 Monde Intermédiaire sup. Faible Monde Intermédiaire sup. Faible Élevé Intermédiaire inf. Élevé Intermédiaire inf. Note : pour les pays à revenu intermédiaire de la tranche inférieure, la couverture des données concernant les prêts n’est pas suffisante pour permettre de calculer les ratios prêts banques commerciales/prêts IFNB avant 2007. a. Voir en annexe la classification des institutions financières utilisée par la base de données FAS. 9 Figure 1 Figure 2 Évolution en % du nombre de Évolution en % des volumes de comptes de dépôt et de prêt dépôts et de prêts des banques auprès des banques commerciales commerciales (médianes annuelles) (médianes annuelles) 0,15 0,1 0,08 0,1 0,06 0,04 0,05 0,02 0 0 2005 2006 2007 2008 2009 2010 2011 2005 2006 2007 2008 2009 2010 2011 Comptes dépôt/ Comptes prêt/ Encours dépôts/PIB Encours prêts/PIB 1 000 adultes 1 000 adultes ception d’une très légère augmentation de la croissance Dépôts du PIB réel en Afrique subsaharienne [SSA], où la faible augmentation du ratio volume des prêts/PIB en 2010 est imputable à une croissance plus élevée des PIB réels, qui Sur la période de huit ans 2004-2011, le nombre ne s’est pas maintenue en 2011). de comptes de dépôt pour 1 000 adultes n’a cessé d’augmenter Une grande disparité dans la pénétration L’analyse des tendances montre un sursaut de croissance des dépôts et des prêts des dépôts en 2011 (figure  3). Le nombre de comptes Sur l’ensemble des régions, l’Asie du Sud (SA) et l’Afrique de dépôt pour 1 000 adultes n’a cessé d’augmenter, avec subsaharienne ont enregistré les plus importantes toutefois une progression très faible en 2009 et 2010, hausses moyennes de la pénétration des dépôts en 2011. suivie d’un sursaut en 2011. Le nombre de déposants Si l’on examine les écarts entre les quartiles de revenu pour 1 000 adultes a également augmenté au cours de la des pays (classement des pays par niveau de revenu), on période, mais selon une trajectoire légèrement diffé- voit que la pénétration des dépôts dans les pays à revenu rente  : il a reculé en 2007 avant de repartir à la hausse élevé est plus de dix  fois supérieure à celle des pays à à partir de 2008. En moyenne, le nombre de déposants faible revenu, et que la pénétration des dépôts dans les pour 1 000 adultes a progressé plus vite que le nombre de pays à revenu intermédiaire de la tranche inférieure est comptes de dépôt pour 1 000 adultes, ce qui laisse penser près de trois fois celle des pays à faible revenu. Le sché- ma est le même pour les écarts de pénétration des prêts. que, globalement, un plus grand nombre de personnes Nous verrons au chapitre V que la pénétration tant des et d’entreprises sont dans le système financier formel. dépôts que des prêts est corrélée au PIB par habitant Même si la reprise économique mondiale après la crise (plus le PIB par habitant est élevé, plus le degré d’in- financière est encore jugée fragile (Rapport 2013 de la clusion financière est important) et aux inégalités (plus Banque mondiale sur le développement financier dans l’égalité des revenus est élevée, plus le degré d’inclusion le monde), les chiffres de 2011 sont néanmoins encoura- financière l’est aussi). geants du point de vue de la pénétration des dépôts. 10 ENCADRÉ 2 Un nouveau défi : collecter des données sur les services bancaires sans agences et l’argent mobile Enjeu couvrent certains aspects des services bancaires Les banques, les ORM et d’autres prestataires de sans agences et des services d’argent mobile. Il services financiers sont en train d’investir par de s’agit de l’enquête FAS du FMI, de l’enquête de nouvelles voies le marché des services financiers la Banque mondiale sur les paiements dans le aux populations non bancarisées. À la place des monde, et de l’enquête de la GSMA sur l’adoption traditionnelles agences bancaires, ils proposent des services d’argent mobile dans le monde, qui des services bancaires ou de paiement dans des couvre environ 60 % des déploiements de services postes ou des commerces tels que des épiceries, d’argent mobile dans le monde. des pharmacies, des magasins de semences et d’engrais, ou encore des stations-services. Diffé- Difficultés rents modèles de services bancaires sans agences Bien que certaines données sur les services ban- accessibles dans des commerces sont apparus, cer- caires sans agences figurent déjà dans ces en- tains proposés par des banques et d’autres par des quêtes, d’importantes lacunes subsistent. À titre entreprises commerciales non bancaires, utilisant d’exemple, il n’y a pas de consensus sur la manière des technologies de l’information et de la commu- dont les services sont définis et distingués du point nication telles que des téléphones portables, des cartes bancaires ou des cartes prépayées, et des de vue des modalités de fourniture des services lecteurs de carte pour transmettre le détail des financiers et du service effectivement fourni. Le transactions depuis le commerçant ou le client vers risque est que des services soient comptés deux la banque et mettre à la disposition des clients des fois en cas de flou dans la définition des modalités points de dépôt et de retrait. de fourniture et des services financiers. Lorsque les services bancaires sans agences D’autre part, les enquêtes actuelles ne per- commenceront à être largement déployés, il sera mettent pas de dresser un état des lieux complet. de plus en plus important de les inclure dans Ainsi, l’enquête de la GSMA sur l’adoption des ser- l’architecture générale des données afin d’avoir vices d’argent mobile fournit des informations fines une image complète de l’inclusion financière. Les sur le déploiement de ces services, mais ne couvre prestataires de services financiers, qui fournissent pas les services par carte utilisables par les pauvres les données sur l’offre, recueillent des informations dans des commerces. En outre, les données sont sur les services qu’ils vendent dans le cadre normal publiques uniquement au niveau du marché et non de leurs activités de suivi. Ils doivent commencer au niveau des entreprises qui déploient les services, à répertorier systématiquement le nombre d’agents car les ORM sont actuellement peu encouragés à enregistrés et actifs assurant des services bancaires rendre leurs chiffres publics. De même, les ORM sans agences ou des services d’argent mobile, étant généralement surveillés par l’autorité de ré- ainsi que d’autres types de transactions, par glementation des télécommunications dans beau- exemple les transferts de particulier à particulier, coup de pays, il est difficile pour une enquête telle ou les primes d’assurance payées à partir d’un té- léphone portable. que l’enquête FAS du FMI de saisir tout le spectre Les données sur l’argent mobile manquent en- des prestataires de services bancaires sans agences. core dans beaucoup de bases de données ou sont L’enquête FAS fait appel aux organismes de régle- mal représentées, et il n’y a pas de définitions ni mentation qui recueillent des données sur les pres- d’indicateurs communs. Des mesures sont prises tataires de services financiers tels que les banques et néanmoins pour améliorer la situation. Il existe les IMF, mais elle exclut d’autres prestataires comme actuellement trois bases de données mondiales/ les ORM et les prestataires tiers, y compris les don- multi-pays sur l’inclusion financière côté offre qui nées provenant de leurs réseaux d’agents respectifs. 11 L’augmentation du nombre de comptes de dépôt dépassant légèrement celle des pays à revenu élevé. dans les banques commerciales en 2011 est le fait Il a fait un véritable bond entre 2010 et 2011 dans des des pays à revenu faible ou intermédiaire pays comme l’Azerbaïdjan (+ 28 %), le Panama (+ 16 %), le (tranches inférieure et supérieure) Pérou (+ 16 %), et le Venezuela (+ 17 %). Simultanément, Du point de vue des dépôts auprès des banques commer- la pénétration des comptes de dépôt a progressé dans les pays à faible revenu et à revenu intermédiaire de la ciales pour 1  000  adultes, il existe une différence frap- tranche inférieure, mais l’écart reste important. Même pante entre les pays à revenu élevé et le reste du monde si les 15,3 % d’augmentation des dépôts dans les pays à (tableau 1). Dans les pays à revenu élevé, le nombre de faible revenu sont remarquables, ces pays partaient de comptes de dépôt pour 1  000  adultes a diminué au fil beaucoup plus bas, et ils restent loin derrière. du temps, passant de cinq comptes et plus par adulte La pénétration des dépôts varie beaucoup également à environ quatre comptes par adulte. Il semble que la à l’intérieur des différents groupes de pays classés par crise économique et financière qui perdure en Europe niveau de revenu (figure 4). Par exemple, la pénétration soit notamment en cause. C’est dans les pays à revenu des comptes de dépôt est très faible en République dé- intermédiaire de la tranche supérieure que le nombre mocratique du Congo (20  comptes pour 1  000  adultes) de comptes de dépôt a le plus augmenté, la pénétration et en Afghanistan (88  comptes pour 1  000  adultes). En revanche, le Kenya affiche 611  comptes, le Bangladesh 539 comptes, et la Gambie 320 comptes pour 1 000 adultes. FIGURE 3 Dans les pays à faible revenu, les particuliers peuvent uti- liser des institutions non bancaires pour épargner (par Nombre de comptes de dépôt exemple des structures coopératives ou communautaires en Afrique subsaharienne). Cela peut influencer non seu- pour 1 000 adultes lement la comparaison avec les pays des trois autres quar- Dépôts des banques commerciales (médianes annuelles) tiles de revenu, mais aussi la dispersion à l’intérieur du 1 000 groupe des pays à faible revenu. 800 Comme le nombre de comptes de dépôt, le ratio volumes de dépôts/PIB n’a cessé d’augmenter 600 dans tous les groupes de revenu Lorsque l’on compare les groupes de pays classés par ni- 400 veau de revenu (figure 5), le ratio volumes de dépôts/PIB varie davantage à l’intérieur du même groupe de revenu pour les pays à revenu élevé et ceux à revenu intermé- 200 diaire de la tranche supérieure. Cela s’explique en partie par les variations du PIB (notamment l’effet de la crise 0 2004 2005 2006 2007 2008 2009 2010 2011 financière dans ces deux groupes de revenu) et en partie Comptes dépôt/1 000 adultes Déposants/1 000 adultes par les écarts dans les volumes des dépôts. Dans les pays à faible revenu, le ratio volumes de dépôts/PIB est bas parce que i) les secteurs financiers sont moins dévelop- TABLEAU 1  Comptes de dépôt/1 000 adultes par groupe de revenu Comptes de dépôt / Intermédiaire Intermédiaire 1 000 adultes Monde Faible inf. sup. Élevé 2004 1 124 240 529 774 5 205 2005 1 162 238 623 908 5 086 2006 1 152 256 626 984 4 975 2007 1 170 256 656 1 045 4 765 2008 1 200 275 696 1 132 4 127 2009 1 208 248 752 1 138 3 912 2010 1 266 288 802 1 270 3 897 2011 1 314 332 863 1 322 3 878 Hausse en 2011 +3,8 % +15,3 % +7,6 % +4,1 % +0,4 % 12 FIGURE 4 FIGURE 5 Nombre de déposants pour Volume des dépôts rapporté au PIB 1 000 adultes dans les différents groupes de revenu et à l’intérieur de chaque groupe 6 Logarithme naturel du volume des dépôts/PIB 8 4 Logarithme naturel du nombre 7 de déposants pour 1 000 6 2 5 0 4 -2 3 Faible Intermédiaire Intermédiaire Élevé inf. sup. Faible Intermédiaire Intermédiaire Élevé inf. sup. pés dans les pays à faible revenu (profondeur inférieure) Prêts et/ou ii) il y a davantage de dépôts dans des institutions non bancaires, en particulier en Afrique subsaharienne. La pénétration des prêts varie considérablement La pénétration des dépôts varie beaucoup entre entre les différents groupes de revenu les régions et à l’intérieur de chacune d’elles Comme pour les dépôts, il y a un lien direct entre la L’ Afrique subsaharienne est la région qui compte le pénétration des prêts et le niveau de revenu des pays moins de comptes pour 1  000  adultes en moyenne et (figure  6)1  : plus le niveau de revenu est élevé, plus le où les variations intrarégionales sont les plus fortes. nombre de comptes de prêt et le nombre d’emprunteurs Cela tient au faible niveau de revenu de cette région sont importants. (et à la disparité des revenus à l’intérieur de la région), ainsi qu’à un plus grand recours aux institutions non Le nombre de comptes de prêt pour 1 000 adultes a bancaires, par opposition aux banques commerciales, augmenté dans le monde entre 2004 et 2011, avec des pour l’épargne. Au Burundi par exemple, on trouve baisses en 2009 et 2010 dues à la crise financière 32 comptes de dépôt pour 1 000 adultes dans les banques Au cours de cette période, la progression a été la plus ra- commerciales, contre un total de 124 dans les caisses de pide dans les pays à revenu intermédiaire de la tranche crédit mutuel et les coopératives financières, les IMF supérieure, qui ont rattrapé et dépassé les pays à reve- acceptant les dépôts et les autres institutions de dépôts. nu élevé en 2010 (figure 7). Par exemple, le taux d’aug- La région Asie de l’Est et Pacifique (EAP) présente mentation des comptes de prêt pour 1 000 adultes a été les variations des volumes de dépôts les plus impor- spectaculaire pour l’Argentine (taux d’augmentation tantes. Cela peut s’expliquer par la grande disparité des annuel moyen de 22  % pour la période 2004-2011, nul PIB par habitant dans cette région. Par exemple, Singa- pour, Hong Kong et la Malaisie se trouvent en haut dans 1. Les rectangles correspondent aux observations entre le 25e et l’échelle des revenus (avec un nombre de dépôts/PIB le 75e percentile, la ligne au milieu du rectangle indiquant la aussi plus élevé), tandis que le Cambodge, l’Indonésie, médiane pour chaque groupe. Les traits horizontaux marquent les limites de la plage normale de valeurs pour chaque groupe, la Mongolie, le Timor oriental et le Viet Nam se classent tandis que les valeurs tombant en dehors de la plage normale, le dans le bas (avec un nombre de dépôts/PIB également cas échéant, sont représentées par des points au-dessus ou en plus faible). dessous des traits horizontaux. 13 FIGURE 6 FIGURE 7 Nombre d’emprunteurs/1 000 adultes Comptes de prêt auprès des banques en 2011 dans les différents groupes de commerciales pour 1 000 adultes revenu et à l’intérieur de chaque groupe (par groupe de revenu) 600 8 Nombre d’emprunteurs/1 000 adultes (log) 500 6 400 300 4 200 100 2 0 2004 2005 2006 2007 2008 2009 2010 2011 Monde Intermédiaire inf. Élevé 0 Faible Intermédiaire sup. Faible Intermédiaire Intermédiaire Élevé inf. sup. en 2009, pour atteindre 615 en 2011), le Venezuela (28 % rentent plus à des données de flux dans ces pays alors par an, également avec une légère baisse en 2009, pour que, par définition, les données FAS sont des données de atteindre 494 en 2011) et le Pérou (16 % d’augmentation stock (l’enquête FAS demande l’encours des prêts). Par annuelle, avec toutefois une hausse ralentie en 2009, conséquent, il est possible que l’effet d’une crise sur les pour atteindre 247 en 2011). La courbe d’augmentation pays à revenu inférieur soit surévalué par rapport à celui est moins raide pour les pays à revenu intermédiaire de enregistré dans les pays à revenu plus élevé. la tranche inférieure, et le nombre de comptes de prêt pour 1  000  adultes est en baisse dans les pays à faible Le nombre d’emprunteurs a recommencé à revenu. Au cours de la même période, les pourcentages augmenter après la crise un an avant que le nombre d’évolution en Afrique subsaharienne sont élevés tandis de comptes de prêt ne reparte aussi à la hausse que le nombre de comptes pour 1  000  adultes en 2011 Le nombre de comptes de prêt pour 1  000  adultes a reste très bas (passé de 0,5 à 9 au Rwanda, de 2,6 à 6,6 au continué à décliner en 2010, tandis que le nombre d’em- Burundi, et de 8,8 à 37,5 en Gambie). prunteurs pour 1 000 adultes est reparti à la hausse en Les écarts de durée des prêts dans les différents 2010. Le nombre relativement plus faible de prêts par groupes de revenu peuvent aider à expliquer les diffé- emprunteur en 2010 (figure 8) semble montrer une ré- rences d’évolution illustrées à la figure 7. Dans les pays à ticence des emprunteurs à multiplier les crédits, ou des revenu élevé, les prêts ont une plus longue durée, pou- banques à multiplier les prêts. vant aller jusqu’à 30 ans pour les hypothèques, contrai- rement aux pays à faible revenu où la durée des prêts Les écarts dans la pénétration des prêts entre les tend à être beaucoup plus courte, généralement moins régions et à l’intérieur de chacune d’elles sont d’un an. En période de crise ou de resserrement du cré- spectaculaires mais pas surprenants dit, il faut donc beaucoup plus de temps pour sentir un Les pays à revenu élevé présentent la plus forte pénétra- changement du nombre total de prêts dans les pays à tion des prêts et le plus grand nombre d’emprunteurs, revenu élevé. Dans les pays à faible revenu où les prêts tandis que ces deux indicateurs sont les plus faibles en sont de courte durée et se renouvellent plus rapidement, Afrique subsaharienne. Les régions moins développées une baisse des nouvelles émissions de prêts sera visible affichent une plus grande dispersion intrarégionale, en bien plus vite. En raison de la durée des prêts plus courte particulier l’ Afrique subsaharienne. Globalement, les dans les pays à faible revenu, les données FAS s’appa- résultats correspondant aux niveaux de revenu des ré- 14 FIGURE 8 FIGURE 9 Prêts souscrits auprès de banques Nombre d’emprunteurs/1 000 adultes commerciales (médianes annuelles) en 2011 dans les différentes régions et à l’intérieur de chacune d’elles 250 8 200 Emprunteurs/1 000 adultes (log) 6 150 4 100 2 50 0 0 2004 2005 2006 2007 2008 2009 2010 2011 EAP ECA RE* LAC MENA SA SSA Comptes prêt/1 000 adultes Emprunteurs/1 000 adultes * RE = revenu élevé gions (figure 9). En moyenne, les écarts entre les régions venu et les pays à revenu intermédiaire de la tranche in- sont moindres du point de vue des encours de prêts (en férieure pendant la période considérée, un écart impor- pourcentage du PIB), et la dispersion intrarégionale est tant demeure entre les pays à faible revenu et à revenu plus importante dans les pays en développement. intermédiaire (tranches supérieure et inférieure) et ceux à revenu élevé. La répartition des GAB est très différente entre les quartiles de revenu. Sur l’ensemble du monde, on comptait 47 GAB et 17 agences de banques commer- Couverture géographique ciales pour 100  000  adultes en 2011. Les pays à faible revenu et les pays à revenu intermédiaire de la tranche Mesurée par l’augmentation rapide inférieure avaient respectivement 3,2 et 13,1  GAB pour (et ininterrompue) du nombre d’agences 100 000 adultes en 2011, tandis que ce chiffre s’établissait bancaires et de guichets automatiques de banque à 76 dans les pays à revenu intermédiaire de la tranche (GAB) sur la période 2004-2011, la couverture des supérieure et à 123 dans les pays à revenu élevé. services des banques commerciales s’est étendue Des inégalités considérables existent entre les régions dans toutes les régions du monde et à l’intérieur de chacune d’elles sur le plan du nombre Globalement, le nombre d’agences de banques commer- d’agences de banques commerciales pour 100 000 adultes ciales et de GAB n’a cessé de progresser entre 2004 et (figure 11). Les pays à faible revenu et les pays à revenu 2011. Les courbes d’évolution sont identiques pour les intermédiaire de la tranche inférieure disposaient res- GAB et les agences bancaires (figure  10), avec un ralen- pectivement de 3,8 et 9,6  agences de banques commer- tissement au cours des années de crise et une reprise en ciales pour 100 000 adultes en 2011, contre 26 et 34 pour 2010. Le nombre de GAB a augmenté un peu plus vite que les pays à revenu intermédiaire de la tranche supérieure les agences bancaires, ce qui n’est pas surprenant dans la et les pays à revenu élevé, respectivement. C’est en mesure où déployer des GAB coûte moins cher en termes Afrique subsaharienne que le réseau d’agences s’est dé- d’infrastructures. L’augmentation rapide du nombre de veloppé le plus, partant de plus loin, avec une moyenne GAB est liée à celle du nombre d’agences (c’est-à-dire qu’il de 6,8 agences pour 100 000 adultes, même si ce chiffre y a à la fois plus d’agences et plus de GAB par agence). est très inférieur dans beaucoup de pays, notamment Malgré la croissance positive des réseaux tant de au Malawi, en Tanzanie, en Éthiopie, en République dé- GAB que d’agences bancaires dans les pays à faible re- mocratique du Congo et en Sierra Leone. 15 FIGURE 10 FIGURE 11 GAB et agences de banques Répartition régionale des agences commerciales (médianes annuelles) de banques commerciales pour 100 000 adultes, 2004 et 2011 40 40 30 30 20 20 10 10 0 0 2004 2005 2006 2007 2008 2009 2010 2011 EAP ECA RE* LAC MENA SA SSA GAB/100 000 adultes Agences banques comm./ 2004 2011 100 000 adultes * RE = revenu élevé 16 II CHAPITRE Situation de l’accès aux assurances — Données préliminaires I l est communément admis que les assurances consti- Bien que la base de données FAS soit la princi- tuent l’une des quatre grandes familles de services fi- pale source de données mondiales comparables sur le nanciers, à côté des paiements, des dépôts et des prêts. nombre de contrats d’assurance, le nombre de titulaires Les services d’assurance permettent de gérer et atténuer d’un contrat d’assurance et les réserves techniques des les risques et sont donc d’une grande aide en particulier assurances, la couverture des données sur les assurances aux ménages pauvres et aux petites entreprises qui sont est encore loin d’être complète. Des études récentes sur spécialement vulnérables aux crises. Grâce aux assu- l’état des lieux de la micro-assurance permettent de rances, les particuliers et les entreprises peuvent répar- mieux comprendre l’utilisation des services d’assurance tir les risques sur la collectivité et ainsi mieux résister sur le marché des bas revenus. Voir l’encadré 3. aux catastrophes, qu’elles soient personnelles ou géné- rales. Certains éléments indiquent également que les Les pays à revenu élevé forment la grande majorité assurances peuvent contribuer à améliorer les oppor- du marché mondial de l’assurance, tant par le passé tunités d’investissement et leur rentabilité, permettant qu’encore aujourd’hui ainsi aux particuliers et aux entreprises d’emprunter En moyenne, il y avait 21,5  compagnies d’assurance par davantage et se développer. pays en 2011 dans le monde, soit moins d’une (0,6) pour Bien que les mécanismes informels de transfert 100 000 adultes. Dans les pays développés, cette moyenne de risques prédominent dans beaucoup de régions du monte à 120 par pays, soit environ neuf compagnies d’as- monde, il semble important que les activités d’assu- surance par million d’adultes, tandis qu’en Afrique sub- rance s’exercent dans un cadre formel pour garantir la saharienne, où la pénétration est la plus faible, la moyenne solidité des secteurs de l’assurance et de la réassurance, est de quatre par pays et six pour dix millions d’adultes faciliter la mutualisation des risques entre les zones (figure 12). Les petits États insulaires d’Amérique latine et géographiques et assurer une protection suffisante des des Caraïbes (LAC) possèdent un grand nombre de socié- consommateurs2. tés d’assurance par rapport à leur population, par exemple Les données FAS sur les assurances comprennent le les Bahamas (48 pour 100  000  adultes), suivies par la nombre de sociétés, le nombre de titulaires d’un contrat Grenade et Saint-Kitts-et-Nevis (avec 30  sociétés pour d’assurance, le nombre de contrats d’assurance et les 100 000 adultes chacune). À l’exception du Moyen‑Orient réserves techniques. Les informations relatives aux et de l’ Afrique du Nord (MENA), le nombre de sociétés contrats d’assurance et aux réserves techniques sont d’assurance a diminué en moyenne dans toutes les ré- disponibles pour les contrats d’assurance vie et non-vie, gions et les groupes de revenu pendant la période. Toute- à la fois combinés et dissociés. Les assurances vie sont fois, ce nombre seul ne suffit pas pour analyser le niveau toutes les formes d’assurance dont le paiement est su- de développement des assurances sur un marché. bordonné au décès de l’assuré (ex. : assurance-décès) ou dont le paiement est subordonné à la survie de l’assuré Le nombre de contrats d’assurance a augmenté à une certaine date ou au-delà (ex. : assurance à capital entre 2004 et 2011 différé et assurance de rente viagère). Les assurances En 2011, en moyenne, on comptait 709 contrats d’assu- non-vie englobent les services d’assurance couvrant rance pour 1 000 adultes dans le monde, et 269 titulaires d’autres risques que les assurances vie, à savoir les as- d’un contrat d’assurance pour 1 000 adultes3. Le nombre surances accident et incendie, les assurances de santé, les assurances de voyage, les assurances sur les biens, les assurances automobiles, maritimes, aéronautiques et de 3. Le nombre de titulaires d’un contrat d’assurance correspond transport, et les assurances perte financière et respon- au nombre de sociétés non financières (publiques et privées) ou des ménages ayant souscrit un contrat d’assurance vie ou sabilité civile. non-vie. Le titulaire d’un contrat d’assurance est une personne physique ou morale qui verse une prime à une compagnie d’as- surance en échange de la couverture prévue par un contrat d’assurance. Le nombre de contrats d’assurance correspond au 2. Dans son rapport «  Application Paper on Regulation and Su- nombre de contrats détenus par des sociétés non financières pervision Supporting Inclusive Insurance Markets », l’Associa- (publiques et privées) et par les ménages. Le titulaire d’un tion internationale des contrôleurs d’assurances est claire sur contrat d’assurance peut en avoir souscrit plusieurs (vie, santé, ce point : « lorsque des services informels existent, il faut leur biens, etc.). Par ailleurs, l’enquête FAS ne fait pas la distinction donner un cadre formel » (IAIS 2012, p. 6). entre les contrats/titulaires individuels et collectifs. 17 FIGURE 12 Nombre de sociétés d’assurance Nombre médian de sociétés d’assurance, 2011 Nombre médian de sociétés d’assurance, 2011 150 60 100 40 50 20 0 0 EAP ECA RE LAC MENA SA SSA Faible Intermédiaire Intermédiaire Élevé inf. sup. progressé de 9 % par an en moyenne dans les pays à re- FIGURE 13 venu intermédiaire de la tranche inférieure. Nombre de contrats d’assurance La crise financière de 2008 a particulièrement dans le temps touché les contrats d’assurance non-vie La figure  13 montre que, sur la période 2004-2011, le Nombre de contrats d’assurance/1 000 adultes nombre total de contrats d’assurance et le nombre de 3 000 contrats non-vie par adulte ont globalement augmenté, même s’ils ont baissé suite à la crise avant de repartir 2 500 à la hausse. Au contraire, le nombre de contrats d’as- 2 000 surance vie par adulte est resté plus ou moins constant 1 500 dans le monde entre 2004 et 2011, autour d’un contrat pour deux adultes. Dans la mesure où les contrats d’as- 1 000 surance vie ont par nature une échéance plus longue que 500 les contrats d’assurance non-vie, il est normal que le sec- teur des assurances non-vie ait été davantage touché par 0 la crise financière. 2004 2005 2006 2007 2008 2009 2010 2011 Contrats d’assurance/1 000 adultes Contrats d’assurance vie/1 000 adultes Il y a une grande différence de pénétration des Contrats d’assurance non-vie/1 000 adultes assurances entre les pays à revenu élevé et les économies en développement Bien que la pénétration des assurances — mesurée par le nombre de contrats d’assurance pour 1 000 adultes — ait de titulaires d’un contrat d’assurance a plus que doublé presque doublé dans les économies en développement depuis 2004. Dans les pays à revenu élevé, on compte en pendant la période 2004-2011, l’écart reste important moyenne 1 723 contrats d’assurance pour 1 000 adultes, avec les pays à revenu élevé : il y avait près de 2,5 contrats contre une moyenne de 203 dans les pays à faible re- d’assurance par adulte dans les pays à revenu élevé pen- venu. Ces derniers commencent cependant à rattraper dant toute la période, contre seulement 0,5 contrat par leur retard. Alors que le nombre de contrats d’assurance adulte dans les économies en développement en 2011 a très peu augmenté dans les pays à revenu élevé, il a (figure 14). 18 FIGURE 14 FIGURE 15 Contrats d’assurance pour 1 000 adultes : Réserves techniques des assurances comparaison des pays à revenu élevé et dans les différents groupes de revenu des économies en développement Nombre de contrats d’assurance/1 000 adultes Réserves techniques des assurances (% PIB) 30 2 500 25 2 000 20 1 500 15 1 000 10 5 500 0 2004 2005 2006 2007 2008 2009 2010 2011 0 2004 2005 2006 2007 2008 2009 2010 2011 Monde Revenu élevé Faible revenu Revenu élevé En développement Revenu intermédiaire Revenu intermédiaire tranche inf. tranche sup. La crise financière de 2008 a diminué les réserves pour l’ensemble du monde et pour les pays à revenu techniques des assurances élevé et les pays à revenu intermédiaire de la tranche L’enquête FAS définit les réserves techniques des as- supérieure (1,3  et 1,9 point de pourcentage, respective- surances comme étant les droits nets des ménages sur ment), où le secteur des assurances est plus développé et les assurances vie, les primes payées d’avance mais non qui ont été davantage touchés par la crise financière, on encore acquises et les provisions pour sinistres à payer. constate aussi un recul du ratio réserves techniques/PIB Comme l’enquête FAS ne couvre pas les fonds de pen- dans les pays à revenu intermédiaire de la tranche infé- sion, les droits nets des ménages sur les fonds de pen- rieure (60 points de base). Dans les pays à faible revenu, sion ne sont pas inclus ici. Fondamentalement, la valeur il n’y a pas eu de baisse mais les réserves ont stagné. des réserves techniques est égale à la différence entre la valeur actuelle des primes futures anticipées et la L’assurance vie prédomine en termes de volumes valeur actuelle des sinistres et des remboursements de Le nombre médian des contrats d’assurance vie souscrits frais anticipés, ainsi que les provisions pour les sinistres dans le monde représentait 21  % du total des contrats en cours de règlement ou dont on pense qu’ils se sont d’assurance en 2011, en hausse d’un point de pourcen- produits mais qui n’ont pas été signalés. Une grande part tage par rapport à 2005. Malgré ce chiffre modeste, le des assurances vie peut être considérée comme étant de niveau médian des réserves techniques d’assurance vie l’épargne des ménages4. mondiales représentait près de 70 % des réserves tech- La figure  15 montre l’évolution des réserves tech- niques totales, aussi bien en 2005 qu’en 2011. niques des assurances (rapportées au PIB), pour l’en- En ce qui concerne le nombre de contrats d’assurance semble du monde ainsi que pour les quatre groupes et de titulaires d’un contrat d’assurance et les réserves de pays classés par niveau de revenu sur la période techniques, le pourcentage d’assurance vie et non-vie 2004‑2011. Bien que la baisse de 2008 soit plus visible dans le total des assurances variait beaucoup entre les régions et entre les groupes de revenu. En 2011, le pour- 4. À noter qu’une comparaison des avoirs au lieu des réserves centage des contrats d’assurance vie sur l’ensemble des techniques aurait été plus pertinente, mais l’on ne possède pas contrats d’assurance était le plus élevé en Asie du Sud de données sur les avoirs des sociétés d’assurance. (63 %) et en Afrique subsaharienne (49 %). À l’inverse, il 19 n’était que de 14 % dans la région MENA pour la même période (figure 16)5. Le pourcentage des contrats d’assu- FIGURE 16 rance vie allait de 58  % dans les pays à faible revenu à 20 % dans le groupe des pays à revenu intermédiaire de Contrats d’assurance vie la tranche supérieure. et non-vie par région (2011) Les données préliminaires de l’enquête FAS relatives aux assurances fournissent un bon point de départ pour Répartition par région comprendre la dynamique de l’accès aux services d’as- surance dans le monde. Néanmoins, il est indispensable de disposer de données complémentaires, par exemple le montant des avoirs et la sous-segmentation par type de produit, pour avoir une image plus précise des mar- chés mondiaux de l’assurance et évaluer leur degré d’in- EAP ECA RE clusivité. 5. La moyenne de la région SA est calculée à partir du pourcen- tage des contrats d’assurance vie dans le total des assurances pour le Bangladesh (93 %) et le Bhoutan (33 %) uniquement ; la moyenne de la région SSA est basée sur le Rwanda (79 %), les Seychelles (12 %) et Maurice (55  %) uniquement  ; et la LAC MENA SA moyenne de la région MENA est basée sur l’Arabie saoudite (8 %) et la Tunisie (17 %). Contrats vie Contrats non-vie SSA ENCADRÉ 3 La micro-assurance en Amérique latine et Caraïbes et en Afrique Deux études dressant un état des lieux du marché de l’as- • Environ 90 % des organismes identifiés sont des presta- surance des bas revenus dans la région Amérique latine et taires réglementés, et ce sont les leaders du marché. Caraïbes et en Afrique complètent les données FAS et ap- • L’offre d’assurance aux bas revenus en Amérique latine et portent également des informations plus précises sur le déve- Caraïbes s’est développée largement sans l’intervention loppement des marchés de l’assurance dans les deux régions, des pouvoirs publics ou de donateurs, d’où son caractère et plus précisément sur le marché des bas revenus.* différent par rapport à l’Afrique et l’Asie. Ce marché de l’assurance déjà bien développé est caractérisé par une Principaux constats du rapport sur l’état des lieux de la couverture géographique plus étendue, une distribution micro-assurance en Amérique latine et Caraïbes plus diversifiée et une tendance à proposer des produits • Sur les 45,5 millions de personnes et de biens couverts probablement plus intéressants pour le marché des bas recensés, 71 % avaient une assurance vie (hors assurance revenus. Il est probable que ces évolutions positives se décès emprunteur), 53 % avaient une assurance accident, maintiennent dans la région, avec un plus grand nombre 35 % avaient une assurance décès emprunteur, 23 % d’assureurs parvenant à rentabiliser leurs activités sur ce avaient une assurance de santé, et 6 % avaient une assu- marché. rance sur les biens. • Les cinq pays comptant le plus grand nombre d’assurés Principaux constats du rapport sur l’état des lieux de la (Mexique, Brésil, Colombie, Pérou et Équateur) repré- micro-assurance en Afrique sentent un peu plus de 90 % de l’ensemble des personnes • L’état des lieux en Afrique a recensé 44,4 millions de per- et des biens couverts en Amérique latine. Sur les 19 pays sonnes et de biens couverts fin 2011, dont plus de 60 % ayant transmis des données relatives à la micro-assurance en Afrique du Sud. dans la région LAC, le Mexique et le Brésil réunissaient • Bien que les produits d’assurance vie couvrent davantage 55 % des personnes et des biens couverts. de personnes que tous les autres produits réunis, la plu- 20 Encadré 3 (suite) part des produits mentionnés étaient des produits de san- • L’assurance de personnes a beaucoup progressé en té en raison du nombre important de mutuelles et d’or- Afrique, mais pas encore assez. L’assurance décès em- ganisations communautaires, principalement en Afrique prunteur est souvent considérée comme un produit d’en- de l’Ouest. trée. Mais le secteur propose encore peu de produits plus • Il y a d’immenses écarts entre les régions dans la couver- complexes comme l’assurance de santé et l’assurance ture géographique des produits : agricole, très importantes pour les bas revenus. −− L’Afrique australe concentre la majorité de la popula- • Des nouveaux circuits de distribution, tels que les pro- tion couverte par des produits d’assurance vie et d’as- duits d’assurance vie intégrés à des comptes d’épargne surance décès emprunteur du fait de la présence très ou couplés à des forfaits de téléphonie mobile, ont per- forte de l’assurance obsèques. mis de développer le secteur ces deux dernières années −− L’Afrique de l’Ouest compte le plus grand nombre de en termes de personnes couvertes. Ce type de nouveau- personnes couvertes par des produits de santé, es- tés ouvrent d’immenses perspectives d’augmentation de sentiellement en raison des contrats d’assurance col- la couverture, même si elles posent aussi des problèmes lective financés par des donateurs dans le cadre de d’information du public, de protection des consomma- programmes d’assurance maladie communautaires en teurs et de réglementation. Afrique francophone. • Malgré le grand nombre d’organisations communautaires −− L’Afrique de l’Est a la plus importante couverture agri- (77 % des organisations recensées), les sociétés d’assu- cole et, du fait d’un grand assureur, la plus importante rance commerciales réglementées représentent 78 % des couverture accident. personnes couvertes. Le fait que les assureurs commer- • La région reste dominée par les assurances obsèques, ciaux soient les moteurs de la croissance dans le secteur principal moteur de croissance, l’Afrique australe et de de la micro-assurance a des implications positives sur le l’Est représentant le plus grand nombre de personnes et plan de l’échelle des activités de micro-assurance, de leur de biens couverts. rentabilité et de leur pérennité. FIGURE B3.A.  LAC : personnes couvertes FIGURE B3.B.  Afrique : nombre de personnes/ par type de garantie biens par type de garantie 50 50 Personnes et biens couverts (y compris couverture secondaire) (en millions) Personnes couvertes (en millions) 40 40 30 30 20 20 10 10 0 0 Total Décès Vie Santé Accident Biens 2008 2011 emprunteur Agricole Décès emprunteur Biens Vie et accident Santé Source : McCord, Tatin-Jeleran et Ingram (2012) et McCord et al. (2012). * Les deux études ont été réalisées par le Microinsurance Center avec l’appui du Fonds multilatéral d’investissement pour l’état des lieux en Amérique latine, et avec l’appui de La finance au service de l’Afrique et de la Fondation Munich Re pour l’état des lieux en Afrique (McCord, Tatin-Jaleran et Ingram 2012 ; McCord et al. 2012). Les deux études définissent la micro-assurance comme étant « une assurance dont le niveau de couverture et de prime sont modestes en fonction des risques couverts ». 21 III CHAPITRE Situation de l’accès des PME aux services financiers — Mise à jour L ’emploi est devenu l’une des priorités centrales des l’autre (figure 17). Globalement, les pays à revenu élevé gouvernants, tant dans les pays développés que affichent en général des valeurs plus élevées pour les ra- dans les pays en développement, d’où l’intérêt sus- tios volume de financements aux PME/PIB (figure 18, à cité actuellement par les PME. Fin 2010, le total des en- gauche) et comptes de prêt des PME/total des prêts aux gagements des bailleurs de fonds publics en faveur des entreprises (figure 18, à droite), ce qui semble montrer PME avoisinait les 24,5 milliards de dollars (Siegesmund que le marché des services financiers aux PME y est plus et Glisovic 2011). Le G20 s’est également engagé à amé- développé que dans les pays en développement. liorer l’accès des PME aux services financiers dans les pays en développement, et le Partenariat mondial pour Dans les pays à faible revenu, les PME ne l’inclusion financière (GPFI) a classé les PME dans ses représentent qu’un petit pourcentage des quatre premières priorités6. comptes de prêt des entreprises Selon des études récentes, il semble que les PME On observe de grandes variations d’un pays à l’autre en contribuent davantage à l’emploi que les grandes en- ce qui concerne la détention par les PME d’un compte treprises, et que leur contribution soit plus importante de prêt de base (figure 19). Ainsi, en Inde, à Madagascar dans les économies à faible revenu que dans le pays à et en Géorgie, un très faible pourcentage des comptes revenu élevé (Ayyagari, Demirgüç-Kunt et Maksimovic de prêt des entreprises dans les banques commerciales 2011). Le développement des PME est néanmoins frei- sont détenus par des PME (moins de 20 %). Ce constat né par de nombreux obstacles. Certains d’entre eux ne concorde largement avec les résultats récents des en- sont pas d’ordre financier, par exemple le manque d’in- quêtes sur les entreprises réalisées par la Banque mon- frastructures, notamment l’électricité7. Un autre obs- diale. À titre d’exemple, les dernières données fournies tacle est de ne pas avoir accès à des services financiers dans ce cadre par Madagascar (2009) indiquent que 36 % pour gérer la trésorerie, financer les investissements et des petites entreprises et 46 % des entreprises moyennes s’assurer contre les risques. Compte tenu du poids des considèrent que l’accès aux services financiers constitue PME dans le PIB et leur importance pour la création un frein majeur9. d’emploi, il est vital de développer l’accès des PME à des Comme il a été dit plus haut, il y a peu de temps que services bancaires formels. des questions sur l’accès des PME aux services finan- À partir des données FAS, ce chapitre donne un ciers ont été ajoutées à l’enquête FAS. Avec le temps et aperçu des volumes de financements accordés aux PME au fur et à mesure que les organismes de réglementa- par les banques commerciales. Sur les 187  économies tion amélioreront leurs systèmes de communication de incluses dans l’enquête FAS en 2012, 37 seulement ont données, la base de données FAS possèdera des séries communiqué des données sur les volumes des prêts aux chronologiques de données sur les services financiers PME telles que recueillies par les organismes de régle- aux PME qui permettront des analyses de tendances ap- mentation financière (figure 17)8. C’était la première an- profondies. L’encadré 4 est une première tentative de re- née que l’enquête FAS comportait des questions sur les présenter l’évolution de ces services au Bangladesh, où volumes des prêts aux PME, on l’on espère qu’un plus l’organisme de réglementation a pu fournir des données grand nombre de pays fourniront des données sur les historiques pour la période 2004-2011 dans le cadre de PME lors des prochaines éditions de l’enquête. l’enquête FAS. Plus le PIB par habitant est élevé, plus le volume Il n’est pas facile d’établir des définitions et des des prêts aux PME l’est aussi normes de données communes pour les PME La part des prêts aux PME dans le total des prêts des Il n’existe pas de définition normalisée d’une PME, et banques commerciales varie énormément d’un pays à les pays n’utilisent pas les mêmes critères pour clas- ser les entreprises dans la catégorie des PME. D’autre 6. http://www.gpfi.org/about-gpfi/sub-groups-and-co-chairs 7. Voir IFC (2012) pour plus d’informations sur l’importance des part, l’hétérogénéité des PME elles-mêmes —  qui ont services non financiers aux PME. des tailles, des degrés de formalisme, des capacités et 8. Bien que la définition des PME varie selon les pays, beaucoup des besoins financiers extrêmement différents  — rend de banques centrales ayant fourni des données sur les PME difficile la standardisation des informations entre les dans le cadre de l’enquête FAS ont utilisé la définition de la Banque mondiale pour communiquer les données. Voir l’an- nexe pour plus de détails. 9. www.enterprisesurveys.org 22 Prêts des banques aux PME, % PIB (log) 50 40 10 20 30 0 –2 0 2 4 4 Malte Irlande FIGURE 18 FIGURE 17 Corée, République de Thaïlande 6 Bosnie-Herzégovine RWA MDG ZMB KEN Kosovo GIN BGD IRQ Samoa IND MNG IDN Belgique GEO KSV FJI 8 WSM TON BIH Macédoine, Ex-RY FSM MKD SLV THA NAM RUS El Salvador PER COL Malaisie MYS TUR VEN HUN CHL Tonga URY MLT GRC Grèce 10 PIB réel par habitant, dollars (log) Macao, RAS Chine BEL KOR IRL Turquie MAC Hongrie Prêts aux PME en pourcentage du PIB Géorgie 12 Bangladesh Micronésie, États féd. Comptes de prêt des PME dans des banques, Guinée % comptes de prêt des SNF (log) Chili 2 3 4 5 Prêts des banques commerciales aux PME (2011) Fédération de Russie 4 Pérou Indonésie Namibie Inde MDG 6 Mongolie Uruguay BGD IND Rwanda GEO Fidji FJI 8 FSM MKD Cisjordanie et Gaza PER COL Colombie DOM MYS HUN EST Venezuela, RB PRT Irak 10 Madagascar PIB réel par habitant, dollars (log) BEL Zambie Kenya 12 23 pays. S’ajoutent à cela des niveaux différents de connais- FIGURE 19 sances, de données et de capacités de mesure d’un pays à l’autre. Comptes de prêt des PME en Néanmoins, des mesures sont prises actuellement pourcentage du total des prêts des pour harmoniser les définitions et les pratiques en ma- banques commerciales aux entreprises tière de données sur les PME afin de mieux mesurer, (% des comptes de prêt des sociétés suivre et évaluer la situation de l’accès aux services fi- nanciers pour le secteur des PME à l’échelon national non commerciales dans des banques et mondial. Les travaux du Sous-groupe du GPFI chargé commerciales) des données et des mesures en sont un exemple. L’Or- Portugal ganisation pour la coopération et le développement Estonie économiques (OCDE) a déjà élaboré un tableau de bord Belgique qui fournit un cadre international complet permettant Micronésie, États féd. de suivre l’évolution dans le temps de l’accès des PME Macédoine, Ex.-RY Malaisie et des entrepreneurs à des financements (OCDE 2012). Colombie Par ailleurs, un certain nombre d’initiatives sont en Pérou cours au sein d’institutions de financement du dévelop- Hongrie République dominicaine pement pour rationnaliser et harmoniser les définitions Bangladesh des PME. Récemment, IFC a établi une base de don- Brunéi Darussalam nées des micro-entreprises, des petites entreprises et Fidji Géorgie des entreprises de taille moyenne (MPME) formelles et Madagascar informelles dans le monde entier afin d’estimer les be- Inde soins de financements non satisfaits au niveau mondial 0 20 40 60 80 100 et régional. Les principaux résultats de cette étude sont résumés dans l’encadré 5. 24 ENCADRÉ 4 Évolution des prêts aux PME au Bangladesh Le Bangladesh est l’une des quelques économies en déve- Les PME sont importantes pour la croissance et l’emploi loppement ayant communiqué des réponses détaillées aux dans l’économie bangladaise. Elles représentent 90 % de l’en- questions de l’enquête FAS relatives aux PME, permettant semble des entreprises industrielles du pays et génèrent 25 % ainsi une analyse plus approfondie. L’analyse de tendances du PIB. Elles emploient 31 millions de personnes et contri- des données FAS montre que les services financiers aux PME buent pour 75 % aux revenus des ménages (Abdin 2012). au Bangladesh ont beaucoup progressé au fil des ans, la part On estime à environ 21 % la contribution à l’emploi des PME des PME dans les sociétés non financières emprunteuses (en- ne dépassant pas 250 employés au Bangladesh (Ayyagari, treprises autres que les institutions financières) étant passée Demirgüç-Kunt et Maksimovic 2011). Les pouvoirs publics ont de 27 % en 2004 à 50 % en 2011. Le nombre de comptes de pris conscience que le secteur des PME constituait un impor- prêt des PME a presque triplé au cours de la même période tant moteur de développement économique et de création (figure B4.A). d’emploi, et font également des entreprises détenues par des femmes une priorité (MIDAS 2009). FIGURE B4.A.  Nombre de PME emprunteuses et nombre de comptes de prêt des PME dans des banques commerciales au Bangladesh Emprunteurs (milliers) Comptes de prêt (milliers) 800 1 600 600 1 200 400 800 200 400 0 0 2004 2005 2006 2007 2008 2009 2010 2011 2004 2005 2006 2007 2008 2009 2010 2011 Année Année Sociétés non nancières PME Sociétés non nancières PME Source : FAS FMI. 25 ENCADRÉ 5 Estimation des besoins mondiaux de financements des PME IFC a mené récemment une étude sur l’accès des MPME for- • Valeur des besoins de crédit non satisfaits : ~0,9 à melles et informelles aux services financiers, à partir des don- 1,1 billion de dollars de crédit pour les PME formelles des nées des enquêtes sur les entreprises réalisées par la Banque économies en développement (~26–2 % de l’encours ac- mondiale. L’étude classe les MPME en quatre groupes : mi- tuel des prêts aux PME dans les économies en dévelop- cro-entreprises (1 à 4 employés), très petites entreprises (5 à pement). 9 employés), petites entreprises (10 à 49 employés) et entre- • Besoins de crédit non satisfaits des entreprises déte- prises moyennes (50 à 250 employés). Les principaux résultats nues par des femmes : ~63 à 69 % des PME détenues par des femmes (5,3 à 6,6 millions) dans les économies en de l’étude sur les PME sont les suivants : développement sont mal ou non desservies, ce qui repré- • Nombre total de PME : ~36 à 44 millions de PME for- sente des besoins de financements non satisfaits de ~260 melles dans le monde, et ~25 à 30 millions de PME for- à 320 milliards de dollars. melles dans les économies en développement. • Variations régionales : les besoins rapportés à l’encours • Entreprises détenues par des femmes : ~31 à 38 % (8 à actuel du crédit aux PME sont très variables d’une région 10 millions) des PME formelles sont détenues entièrement à l’autre. Par exemple, l’Afrique subsaharienne et la ré- ou partiellement par des femmes. gion MENA ont besoin d’une augmentation de l’encours • Besoins de crédit non satisfaits : 55 à 68 % des PME du crédit aux PME de plus de 300 %, contre 7 à 8 % d’aug- formelles (14 à 18,6 millions) dans les pays en développe- mentation en Asie de l’Est, et 25 à 30 % d’augmentation ment sont mal ou non desservies. en Europe orientale et Asie centrale. Source : base de données d’IFC sur les besoins de financement des entreprises 2011. La base de données sera accessible au public sur le site SME Finance Forum à l’adresse www.smefinanceforum.org. Note de méthodologie : le nombre total d’entreprises (global et par taille) est basé sur les données des offices nationaux de la statistique, des registres de commerce, etc. et peut comprendre des entreprises qui n’existent plus. Pour plus de détails, voir les indicateurs IFC sur les MPME par pays (www.ifc.org/ msmecountryindicators) et Kushnir, Mirmulstein et Ramalho (2010). Les enquêtes de la Banque mondiale sur les entreprises sont réalisées dans les écono- mies en développement, et tous les pays ne sont pas couverts. Pour les pays non couverts, les données sont extrapolées à partir des moyennes régionales. À partir de la base de données de ces enquêtes de la Banque mondiale, la base de données d’IFC sur les besoins de financement des entreprises établit quatre niveaux de satisfaction des besoins des entreprises : 1) bien desservies, 2) mal desservies, 3) non desservies, 4) pas de besoins. Les entreprises « non desservies » sont celles qui ne bénéficient pas d’un prêt ni d’une ligne de crédit mais qui ont besoin d’un prêt ; les entreprises « mal desservies » sont celles qui bénéficient d’un prêt et/ou d’une ligne de crédit mais qui ont des besoins de financement. 26 IV CHAPITRE Confrontation des données sur l’offre et sur la demande — Ce que les bases de données FAS et Global Findex nous disent L ’année 2012 a été particulièrement riche du point les relations entre les deux ensembles de données, sur le de vue des données sur l’inclusion financière  : les meilleur usage qui peut en être fait, sur les éventuelles résultats de l’enquête FAS étoffée, publiés en sep- contradictions que l’on peut trouver entre les deux et le tembre 2012, représentent le plus vaste ensemble de pourquoi de ces contradictions. données sur l’offre disponible à ce jour, et ceux de l’en- Ce chapitre a pour but d’aider les décideurs, les pra- quête Global Findex, publiés en mars  2012, forment le ticiens et les bailleurs de fonds s’intéressant aux données plus vaste ensemble de données sur la demande qui sur l’inclusion financière à mieux comprendre les deux existe aujourd’hui. ensembles de données, ce qu’ils mesurent, et ce qu’ils Ces nouvelles moutures FAS et Global Findex ont ne mesurent pas. Il compare également les résultats des suscité un grand intérêt —  et beaucoup d’espoir  —  en deux ensembles de données par un exercice de mise en ce qu’elles allaient peut-être permettre, ensemble, concordance (analyse du degré de concordance —  ou d’évaluer l’état de l’inclusion financière, d’identifier de non-concordance  — pour un ensemble de variables les réformes nécessaires de la politique publique et de essentielles) et propose des hypothèses sur les raisons repérer des opportunités commerciales10. Les deux en- pour lesquelles et les circonstances dans lesquelles les sembles de données constituent des références interna- ensembles de données concordent ou ne concordent pas. tionales dans l’architecture des données sur l’inclusion financière qui est en train de se construire. Ils peuvent servir de base de comparaison et sont aussi des sources pour l’ensemble d’indicateurs de base du G20 sur l’in- Différence entre les bases clusion financière. Quantité de questions se posent sur de données FAS et Global Findex 10. Les indicateurs élaborés à partir des deux bases de données FAS et Global Findex sont censés compléter d’autres sources, De par leur conception, les bases de données FAS notamment des études thématiques et pilotées par les pays. et Global Findex sont complémentaires ; elles ne se substituent pas l’une à l’autre ENCADRÉ 6 L’enquête FAS étudie l’offre, tandis que l’enquête Global Findex mesure la demande. Aucune des deux enquêtes Global Findex n’est conçue pour remplacer l’autre11. Le tableau  2 ré- sume les différences entre les enquêtes FAS et Global Global Findex est la nouvelle base de données pu- Findex pour un certain nombre de dimensions. blique sur l’inclusion financière consacrée à la de- L’enquête FAS obtient ses données directement des mande. Elle est élaborée par la Banque mondiale organismes de réglementation financière au moyen d’un grâce à une aide financière sur 10 ans de la Fon- questionnaire écrit détaillé. Les questions couvrent dation Bill & Melinda Gates, et mise en œuvre par des données que les prestataires de services financiers Gallup, Inc., dans le cadre du sondage annuel communiquent déjà —  ou devraient communiquer  — mondial Gallup. Les données sont recueillies aux banques centrales, aux autres organismes de régle- au cours d’entretiens menés auprès de plus de mentation et aux autorités de surveillance. L’enquête 150 000 adultes représentatifs de la population Global Findex s’adresse directement aux personnes qui nationale dans 148 pays. Couvrant plus de 40 in- utilisent des services financiers, par le biais d’enquêtes dicateurs, la base de données fournit des informa- individuelles auprès d’un échantillon représentatif sur tions sur la manière dont les individus épargnent, le plan national, de type entretien (en face en face ou par empruntent, réalisent des paiements et gèrent les téléphone). Les deux enquêtes ont des caractéristiques risques aux quatre coins du monde. Tous les indi- communes  ; notamment, les données couvrent tout le cateurs peuvent être ventilés par sexe, lieu de rési- territoire national, ce qui permet de comparer les pays, dence (milieu urbain/rural), ainsi que par âge, niveau et sont accessibles au public — gage de sérieux pour les d’éducation et revenu. Voir www.worldbank.org/ deux ensembles de données. globalfindex. 11. Voir IFC (2011). 27 TABLEAU 2 Comparaison des enquêtes FAS et Global Findex sur certaines dimensions essentielles FAS Global Findex Unité d’analyse Institution financière Individu Fréquence Tous les ans Tous les 3 ans Méthode d’enquête Enquête auprès des organismes de Entretiens individuels (face à face dans les réglementation financière (principalement pays en développement, par téléphone les banques centrales) dans les pays développés) Couverture Mondiale Mondiale Séries chronologiques disponibles : Séries chronologiques : disponibles début 2004–2011 2015 Types d’institutions Réglementées uniquement* Réglementées, non réglementées, informelles Indicateurs d’accessibilité Oui Non** Indicateurs d’utilisation Oui (limités) Oui Échantillonnage Non — données administratives Échantillon représentatif de 1 000 personnes dans chaque pays*** Produits Dépôts, prêts, assurances Dépôts, prêts, paiements, assurances (limités) Type de données — Prêts Stocks (total des encours) Flux (12 derniers mois)**** Avantage comparatif Accessibilité des services proposés par Données d’utilisation ventilées par âge, sexe, différents types d’institution, mesures revenu, niveau d’éducation, milieu urbain/ générales de l’utilisation rural *Pour certains pays, on dispose de données sur des institutions financières non réglementées par la banque centrale (principal organisme de réglementation financière). L’enquête Global Findex recueille des données non pas sur l’existence de circuits d’accès aux services financiers mais sur la manière dont les **  individus utilisent ces différents circuits pour accéder aux services financiers. *** L’échantillon comprend plus de 1 000 personnes pour certains pays. **** Les séries sur les prêts sont des données de flux, mais les données sur la finalité des prêts sont des données de stock. Les enquêtes sur l’offre comme l’enquête FAS • L’enquête FAS est réalisée par le FMI en lien avec constituent un moyen relativement peu coûteux d’autres activités statistiques du FMI, comme les de collecter des données fréquentes, comparables statistiques financières internationales et les indica- et jugées extrêmement fiables par les autorités teurs de solidité financière. nationales • Compte tenu de la méthode d’enquête utilisée, les • L’enquête FAS utilise des données administratives prestataires de services financiers semi-formels ou et devrait dans l’idéal donner le nombre exact de informels sont peu couverts, voire pas du tout. comptes et de détenteurs de comptes. Toutefois, les données administratives peuvent contenir des er- reurs de mesures et d’enregistrement. Les comptes Les enquêtes sur la demande comme l’enquête inactifs et les comptages multiples posent aussi pro- Global Findex sont riches d’enseignements sur les blème. nombreuses dimensions de l’inclusion financière • Il est possible d’utiliser l’enquête FAS pour mesurer • La base de données Global Findex comprend des l’accès à différents types d’institutions financières et données détaillées sur les utilisateurs de services d’avoir des mesures générales de l’utilisation des ser- financiers, ce qui permet d’appréhender l’inclusion vices d’épargne, de prêt et d’assurance proposés par financière de manière fine et approfondie d’un point différents types d’institutions. de vue individuel12. Elle comporte des évaluations • L’enquête FAS a des données sur les points d’accès subjectives des personnes interrogées sur les obsta- et la répartition entre populations urbaine et rurale cles qui freinent l’accès aux services financiers. pour les indicateurs d’accessibilité. 12. Voir Allen, Demirgüç-Kunt, Klapper et Martinez Pería (2012) • Les pays sont parties prenantes : les autorités natio- pour plus de détails sur les déterminants de la détention et de nales collectent et souvent valident facilement les l’utilisation d’un compte dans le monde au moyen des données données sur l’offre. Findex. 28 • L’enquête Global Findex utilise un échantillon d’en- s’attendre à ce que les deux enquêtes conduisent aux viron 1  000  personnes pour estimer la valeur des mêmes résultats, elles ne donnent pas toujours exacte- indicateurs pour l’ensemble du pays. C’est une so- ment le même chiffre pour certaines données au niveau lution économiquement rationnelle pour dresser un d’un pays, même après correction pour tenir compte tableau de l’inclusion financière dans un pays donné. le plus possible des différences dans la définition des • La base de données Global Findex aide à analyser mêmes concepts. la manière dont les individus combinent différents Les enquêtes FAS et Global Findex ne donnent pas les types de comportements financiers —  à la fois for- mêmes résultats pour les prêts, ce qui n’est pas surpre- mels et informels. nant. Il est normal que les deux enquêtes diffèrent fonda- mentalement du point de vue des prêts puisque l’enquête • La base de données Global Findex peut générer FAS demande « l’encours total des prêts », tandis que l’en- une estimation du pourcentage de détenteurs de quête Global Findex demande «  tous les prêts souscrits comptes dans le monde. Comme pour toutes les en- sur les 12 derniers mois ». À l’évidence, les écarts seront quêtes individuelles, la précision de l’estimation est particulièrement importants dans les pays où l’on peut affectée par les caractéristiques de l’échantillon, la souscrire des prêts sur plus de 12 mois. Comme il a déjà formulation des questions et les biais des réponses été dit, les données FAS sont aussi susceptibles d’inclure (en particulier tout ce qui touche aux souvenirs et des comptes inactifs et des comptes multiples. Les don- aux perceptions des personnes interrogées). Les nées sur les prêts sont foncièrement des données de stock indicateurs Global Findex sont donc accompagnés dans la base de données FAS et des données de flux dans d’écarts-types, qui définissent la plage à l’intérieur la base de données Global Findex. de laquelle les estimations rentreraient si le même En ce qui concerne les dépôts, la réponse est plus exercice était répété. nuancée. L’analyse ci-dessous compare les résultats ob- • Pour les données sur la demande recueillies par une tenus pour les dépôts dans les enquêtes FAS et Global entité externe, les autorités nationales sont plus ou Findex. moins parties prenantes suivant les pays. Un cer- tain nombre de pays ont commencé à élaborer leurs Sur les 103 pays couverts par les deux enquêtes propres enquêtes sur la demande afin de mieux com- FAS et Global Findex, 50 pays (49 %) ont des prendre comment les services financiers sont utilisés indicateurs qui concordent sur l’utilisation dans leur contexte national particulier. de comptes de dépôt13 Il y a beaucoup de manières de procéder pour comparer les deux ensembles de données. Pour obtenir une com- Les bases de données FAS et Global Findex n’ont paraison simple et intuitive des résultats des enquêtes pas les mêmes emplois FAS et Global Findex qui ne demande pas une analyse Les gouvernants et les organismes de réglementation technique approfondie, nous avons simplement clas- utilisent la base de données FAS pour cerner l’offre de sé les pays en fonction des niveaux d’utilisation com- services financiers des institutions sur lesquelles ils muniqués par rapport à deux variables : « compte dans ont compétence. La base de données FAS peut aider à une institution financière formelle » (Global Findex) et comprendre la structure du marché afin de trouver com- « nombre total de déposants » (FAS)14. Pour chaque pays, ment travailler avec différents types d’institutions finan- on a considéré que les données étaient « concordantes » cières pour améliorer l’accès aux services financiers. ou « non concordantes » en fonction de la proximité de Mieux comprendre les profils des utilisateurs grâce à la son rang relatif dans les enquêtes FAS et Global Findex base de données Global Findex peut aboutir à des me- sures, des législations et des réglementations favorisant 13. Les deux enquêtes ne mesurant pas les dépôts exactement davantage l’accès aux services financiers, pouvant cibler de la même façon, nous avons dû construire une variable du les groupes les moins bien desservis ou jugés prioritaires nombre total de déposants avant de comparer les deux. 14. Pour construire la variable du nombre total de déposants, nous pour les gouvernements. Les prestataires, de même que avons fait la somme des données de l’enquête FAS sur les dé- les donateurs et les investisseurs, peuvent développer posants pour 2011 pour quatre types d’institutions financières une meilleure compréhension des profils et des com- incluses dans l’enquête (banques commerciales, caisses de cré- portements des clients grâce à l’enquête Global Findex, dit mutuel, coopératives financières, IMF acceptant les dépôts, notamment dans les segments toujours moins bien des- et autres institutions de dépôts). Comme la plupart des pays ne possédaient pas toutes ces données, nous les avons remplacées servis. Les deux bases de données FAS et Global Findex par celles de 2010 quand elles étaient disponibles. Lorsque des peuvent servir à établir des comparaisons entre les pays. données avaient été communiquées sur les comptes de dépôt mais pas sur les déposants, pour tenir compte des comptes Comment les données FAS et Global Findex multiples et des comptes inactifs, nous avons divisé par trois concordent-elles dans un même pays ? les données sur les comptes de dépôt (voir Kendall, Mylenko et Ponce [2010, p. 22–24] et le tableau 16) et nous avons pris Les bases de données FAS et Global Findex doivent- ces chiffres comme estimation du nombre de déposants en elles renvoyer la même image de l’inclusion financière prenant essentiellement comme hypothèse qu’en moyenne, dans un pays  ? Bien que l’on puisse raisonnablement chaque déposant possédait trois comptes de dépôt. 29 (avec une marge de ±10 rangs)15. Au-delà du résultat ini- quoi  ? Il est possible qu’il y ait moins de décalage entre tial de 49 % de concordances, des analyses plus appro- les marchés de l’offre et de la demande là où le secteur fondies donnent des pistes pour comprendre les raisons financier n’est pas très développé et complexe, et là où il des 50 % de non-concordances entre les deux ensembles y a simplement moins de prestataires de services finan- de données. Une source d’erreur possible pourrait être ciers. On trouve probablement aussi moins de personnes la mauvaise gestion des données financières dans les détenant plusieurs comptes dans les pays à faible revenu. institutions financières couvertes par l’enquête FAS. Des systèmes déficients ont de fortes chances d’aboutir Pour beaucoup de pays où il n’y a pas concordance, à un surdénombrement des déposants et des comptes de les données FAS montrent une plus grande inclusion dépôt du fait des comptes inactifs, multiples ou joints. Plus de la moitié des pays sans concordance avaient un Dans le cas de l’échantillon Global Findex, les résultats nombre de déposants plus élevé dans la base de données peuvent aussi être affectés par la formulation des ques- FAS que dans Global Findex. Trente-trois des 53  pays tions, par l’utilisation d’entretiens par téléphone dans (62 %) du groupe sans concordance étaient mieux clas- les pays développés à la place des entretiens en face à sés dans la base de données FAS que dans Global Findex. face, et par les réticences générales que peuvent susciter Les pays mieux classés dans Global Findex affichaient les questions sur les comportements financiers. Selon le double du PIB moyen par habitant. Ces pays avaient certaines études consacrées aux effets de différents mo- aussi un nombre d’agences de banques commerciales des d’administration d’un questionnaire sur la qualité par habitant sensiblement plus élevé. En outre, sur les des données, les données obtenues par différents modes 12  pays où tout ou partie de l’enquête Global Findex a d’administration pourraient ne pas être comparables16. été réalisée par téléphone, 10 pays étaient mieux classés dans Global Findex que dans l’enquête FAS. Les pays ayant un revenu plus faible et un système Ensemble, les enquêtes FAS et Global Findex ont financier moins développé ont plus de probabilités considérablement amélioré la disponibilité des données d’obtenir des résultats concordants aux deux sur l’accessibilité et l’utilisation des services financiers. enquêtes FAS et Global Findex De gros progrès ont été réalisés, et les nouvelles informa- On observe un niveau de concordance plus élevé pour tions disponibles invitent à aller encore plus loin. Ainsi les pays dont le système financier est moins dévelop- par exemple, les responsables politiques, les praticiens pé —  d’après le pourcentage d’adultes participant à des et les bailleurs de fonds ont indiqué qu’ils souhaiteraient clubs d’épargne, le pourcentage de population vivant en avoir de meilleures données sur les entreprises. L’enquête milieu rural, le pourcentage d’adultes ayant emprunté à FAS a ajouté des questions sur les PME seulement ré- des prêteurs privés, et les renseignements de solvabilité cemment, en 2011, et les réponses n’ont pas été aussi com- demandés pour un crédit. Par exemple, dans le groupe plètes que celles obtenues des banques commerciales sur des pays où les résultats des deux enquêtes concordent, les comptes de prêt et de dépôt. Les enquêtes de la Banque les moyennes du pourcentage d’adultes participant à des mondiale sur les entreprises fournissent des données uni- clubs d’épargne, du pourcentage de population vivant en quement sur les pays en développement et ne sont réali- milieu rural et du pourcentage d’adultes ayant emprun- sées que tous les trois ou quatre ans. Des enquêtes avec un té à des prêteurs privés sont sensiblement supérieures à niveau de couverture plus fin sont également réclamées, celles du groupe « sans concordance », tandis que la note qui pourraient apporter des informations encore plus moyenne attribuée pour les renseignements de solvabi- fines sur l’utilisation des services que celles que Global lité dans le groupe « avec concordance » était nettement Findex fournit actuellement, ainsi que des informations inférieure à celle du groupe « sans concordance ». Confir- sur le niveau des connaissances financières, par exemple. mant ce constat, les pays à faible revenu avaient le taux de Les enquêtes FAS et Global Findex peuvent permettre concordance le plus élevé de tous les groupes de revenu, d’élaborer des politiques publiques plus pertinentes et l’Afrique subsaharienne avait le taux de concordance le en matière d’inclusion financière à l’échelon national plus élevé de toutes les régions, alors que les pays à reve- et mondial. Les décideurs peuvent s’aider de plusieurs nu élevé et la région ECA (Europe orientale et Asie cen- sources de données différentes. Par exemple, l’utilisation trale) avaient les taux de concordance les plus bas. Pour- de la technologie spatiale associée à des données sur la 15. Pour classer les pays, les données Global Findex sur les demande et l’offre pourrait permettre d’avoir une image comptes sont utilisées avec les écarts-types correspondants, ce plus complète du paysage de l’inclusion financière et de qui laisse une marge. De plus, les classements sont normalisés repérer les zones géographiques où l’accès est limité mais pour tenir compte du nombre d’observations différent dans les deux ensembles de données  : l’enquête FAS avait 126  ob- où il existe une forte demande. Les responsables poli- servations pour le «  nombre total de déposants  », tandis que tiques et les autres acteurs de l’inclusion financière pour- l’enquête Global Findex avait 148 observations pour la donnée raient ainsi disposer d’observations directement utiles. « compte dans une institution financière formelle ». Certains pays comme la Malaisie et le Brésil ont commen- 16. Voir par exemple Kasprzyk (2005) sur la façon dont les erreurs de mesure peuvent différer pour différents types de modes de cé à mettre au point des indices d’inclusion financière qui collecte de données et sur d’autres erreurs de mesure dans les regroupent différentes dimensions de l’inclusion finan- enquêtes menées auprès des ménages. cière à partir de différentes sources de données. 30 V CHAPITRE Corrélations entre les indicateurs d’accès aux services financiers et le développement économique et financier L ’inclusion financière est importante parce qu’elle politiques à mener dans le secteur financier au niveau contribue à améliorer la vie des pauvres. Elle apporte international. en effet les outils nécessaires pour gérer la trésorerie, Les corrélations et les tendances qui suivent se constituer un patrimoine, atténuer les risques et antici- semblent indiquer d’importants effets possibles de l’in- per l’avenir des familles et des entreprises. clusion financière, dépassant le niveau individuel et De plus en plus d’éléments indiquent que l’inclusi- celui des entreprises. Toutefois, il faut garder à l’esprit vité d’un système financier est corrélée positivement au que ces effets ne sont pas forcément répartis de manière développement du secteur financier et à la croissance en uniforme entre les pays et à l’intérieur de chacun d’eux, général, et qu’elle est complémentaire de l’objectif central qu’ils peuvent ne pas se manifester directement dans la des organismes de réglementation financière qui est la vie des segments les plus vulnérables et les plus pauvres stabilité financière. Les données les plus récentes de l’en- de la société. D’autre part, les indicateurs employés et quête FAS et d’autres sources aident à montrer la relation les problèmes de mesure associés invitent à la vigilance entre l’accès aux services financiers et le développement quant aux conclusions définitives que l’on pourrait tirer. du secteur financier en général et l’économie réelle, au L’étude de la relation entre l’inclusion financière et la moyen de corrélations établies entre certains indicateurs stabilité financière pose un certain nombre de difficul- d’inclusion financière (la pénétration des dépôts et des tés tant au niveau du choix des indicateurs utilisés pour prêts) et d’autres variables macroéconomiques ou rela- évaluer la stabilité financière que de l’existence de don- tives au secteur financier. La pénétration des dépôts et nées, en particulier pour les pays les plus pauvres. Par des prêts est également corrélée au plan mondial avec exemple, le pourcentage de prêts bancaires non produc- tifs dans le total des prêts bancaires est un indicateur de des indicateurs de développement économique, comme stabilité financière communément admis et est utile en cela a aussi été confirmé dans les précédents rapports ce sens qu’il y a plus de données disponibles que pour Financial Access et des documents de travail, par exemple des indicateurs plus sophistiqués, mais cet indicateur le coefficient de Gini, le niveau d’éducation, la densité peut manquer des dimensions importantes de la stabi- de population, la densité des routes, la couverture en té- lité car il ne rend pas compte des opérations hors bilan léphonie mobile (CGAP 2009 ; CGAP et le Groupe de la des banques, ni des opérations des banques parallèles. Banque mondiale 2010 ; Kendall, Mylenko et Ponce 2010 ; Ardic, Heimann et Mylenko 2011). Ce chapitre explore les relations entre l’accès aux services financiers et certains paramètres relatifs au Accès aux services financiers, système financier et au développement économique, croissance et réduction au moyen d’indicateurs couramment reconnus et large- ment disponibles17 : i) l’accès aux services financiers par des inégalités de revenu rapport à la croissance et à la réduction des inégalités de revenus ; ii)  l’accès aux services financiers par rap- Au cours des dix dernières années, de très nombreux port à d’autres paramètres du secteur financier, notam- travaux de recherche ont été menés sur la relation entre ment la stabilité financière  ; et iii)  l’accès aux services l’accès aux services financiers et les niveaux de revenu. financiers par rapport aux infrastructures financières et Des études bien établies montrent que le degré d’inter- à l’environnement des affaires. De plus en plus, la rela- médiation financière non seulement est corrélé positi- tion complexe entre l’inclusion financière et la stabili- vement à la croissance mais est considéré généralement té financière intéresse tous ceux qui réfléchissent aux comme ayant un impact sur la croissance et la réduction des inégalités de revenu (Levine 2005 ; Demirgüç-Kunt 17. Les indicateurs les plus couramment utilisés sont l’accessibili- et Levine 2008 ; et Banque mondiale 2008). Les données té, mesurée par le nombre de GAB pour 100 000 adultes, l’utili- FAS montrent aussi qu’une plus grande inclusion finan- sation, mesurée par les dépôts dans des banques commerciales pour 1  000  adultes, la profondeur, mesurée par le crédit inté- cière est corrélée à des niveaux de revenu plus élevés rieur au secteur privé (% PIB), et la stabilité, mesurée par les (PIB par habitant et croissance du PIB par habitant) et à prêts bancaires non productifs (% prêts bancaires). une réduction des inégalités de revenu. 31 Il existe une corrélation positive et statistiquement La figure 20 montre qu’avec l’augmentation de l’accessi- significative entre la pénétration des dépôts et le bilité (mesurée par le nombre de GAB/100 000 adultes), PIB par habitant et sa croissance de l’utilisation (mesurée par le nombre de comptes de Les données FAS font apparaître un certain nombre de prêt/1 000 adultes) et de la profondeur financière (me- relations importantes entre la pénétration des dépôts et surée par le crédit intérieur au secteur privé en pour- les niveaux de revenu, et entre la pénétration des dépôts centage du PIB), les inégalités (mesurées par le coef- et la croissance du PIB par habitant. Il existe une cor- ficient de Gini) commencent par augmenter avant de rélation positive et statistiquement significative entre diminuer. Ce résultat mérite d’être étudié de manière le nombre de comptes de dépôt dans des banques com- plus approfondie afin de voir si des mesures pourraient merciales pour 1 000 adultes et le PIB réel par habitant être prises, en fonction des risques, pour améliorer l’ac- et le taux de croissance du PIB réel par habitant, ainsi cès aux services financiers à un stade plus précoce du que la capitalisation boursière (en pourcentage du PIB) développement financier. et le crédit privé intérieur (en pourcentage du PIB), deux indicateurs de profondeur financière. Dans un pays où l’inclusion financière et la Là où l’on dispose de données pour les pays d’Afrique profondeur financière sont faibles, les inégalités subsaharienne sur la période 2004-2011, la corréla- commencent par augmenter, puis diminuent au fur tion positive du PIB réel par habitant et du nombre et à mesure que la profondeur et l’inclusivité du de comptes par personne est particulièrement remar- système financier progressent quable, notamment pour le Burundi, la RDC, le Ghana, le La figure 20 utilise trois dimensions du développement Libéria, le Lesotho, le Mozambique, le Rwanda, la financier et les associe à l’inégalité des revenus : i) l’in- Tanzanie et l’Ouganda. clusion financière (accessibilité et utilisation des ser- vices financiers), ii)  la profondeur financière, et iii)  la Une plus grande inclusion financière est associée stabilité financière (mesurée par le pourcentage de prêts à moins d’inégalités, bien qu’un certain degré bancaires non productifs). Les relations entre l’accessi- d’accessibilité et d’utilisation des services bilité, l’utilisation et la profondeur d’une part, et l’iné- financiers et de profondeur financière soit galité des revenus d’autre part, dessinent toutes plus nécessaire avant qu’une amélioration des ou moins des formes en U inversé. Cela signifie que le inégalités ne soit constatée secteur financier doit atteindre une certaine taille avant Jusqu’à une date récente, les études sur le développe- que les inégalités ne reculent. Les premiers à en profi- ment financier utilisaient principalement des indica- ter sont les segments les plus aisés ; au-delà d’un certain teurs de profondeur et de stabilité financières plutôt seuil, les inégalités de revenu décroissent avec le déve- que d’accessibilité des services financiers et d’inclusion loppement financier. Dans un pays où l’inclusion finan- financière. En effet, on ne disposait pas d’agrégats na- cière et la profondeur financière sont faibles, les inéga- tionaux d’accessibilité et d’utilisation des services fi- lités commencent par augmenter au fur et à mesure que nanciers sur une grande échelle permettant des compa- la profondeur du système financier progresse (les seg- raisons entre les pays et dans le temps18. La littérature ments les plus aisés étant mieux placés pour accéder aux montre que, dans des circonstances normales, le déve- services financiers et les utiliser), avant de décroître, au loppement financier non seulement contribue à la crois- fur et à mesure que le secteur financier devient plus in- sance économique, mais divise aussi la croissance de fa- clusif. Globalement, les systèmes financiers développés çon plus égale19. Les ménages pauvres et les entreprises, sont associés à moins d’inégalités20. notamment les PME, exploitent la possibilité d’avoir accès à des services financiers pour accroître leur patri- moine et leurs revenus, et augmenter ainsi leur potentiel de croissance (IFC 2011). Accès aux services financiers L’enquête FAS fournit un ensemble de données de et stabilité financière panel suffisamment large pour permettre des analyses statistiques qui explorent la relation entre l’inclusion fi- Ces dernières années, l’inclusion financière est devenue nancière et l’égalité des revenus selon deux dimensions : une priorité pour un nombre croissant d’États —  dont l’évolution dans le temps et la comparaison entre pays. beaucoup de pays se situant dans le bas de l’échelle des revenus et caractérisés par des niveaux élevés d’exclu- 18. Parmi les études plus anciennes, on peut citer Beck, sion financière — en plus de la problématique habituelle Demirgüç-Kunt et Martinez Pería (2007) et Honohan (2008) ; de l’instauration de services d’intermédiation financière les études plus récentes qui utilisent les données des rapports de qualité et d’un système financier stable. Toutefois, bon Financial Access du CGAP et de la Banque mondiale com- nombre de responsables gouvernementaux ont des diffi- prennent Kendall, Mylenko et Ponce (2010) et Ardic, Heimann cultés, faute de connaissances et de capacités suffisantes, et Mylenko (2011), et celles utilisant les données Global Findex comprennent Demirgüç-Kunt et Klapper (2012) et Allen, Demirgüç-Kunt, Klapper et Martinez Pería (2012). 20. Cette analyse actualise et développe celle de Jahan et Mc-Donald 19. Voir Jahan et McDonald (2011). (2011). 32 FIGURE 20 Le développement financier est associé à moins d’inégalités Accessibilité Utilisation 4,2 4,2 4,0 4,0 Coe cient de Gini (log) Coe cient de Gini (log) 3,8 3,8 3,6 3,6 3,4 3,4 3,2 3,2 –2 0 2 4 6 2 4 6 8 10 GAB/100 000 adultes (log) Comptes de dépôt dans des banques commerciales/1 000 adultes (log) Profondeur Stabilité 4,2 4,2 4,0 4,0 Coe cient de Gini (log) Coe cient de Gini (log) 3,8 3,8 3,6 3,6 3,4 3,4 3,2 3,2 1 2 3 4 5 6 –2 0 2 4 Crédit intérieur au secteur privé en % PIB (log) Prêts bancaires non productifs/prêts bancaires (log) à faire évoluer la politique publique dans le sens d’une l’intermédiation financière, diminution du risque systé- plus grande inclusion et à concilier inclusion financière, mique) et au niveau micro par le biais des effets sur le stabilité financière, intégrité financière et protection des marché du travail et du développement des entreprises consommateurs dans le domaine de la finance. Pour ai- (nouvelles entreprises) — c’est-à-dire qu’il y a un impact der les gouvernants, les organismes de normalisation et sur les moyens de subsistance. Des analyses récentes les acteurs mondiaux émergents à faire des choix éclairés, tendent à montrer qu’un cercle vertueux se crée entre il est indispensable d’avoir davantage d’éléments permet- l’inclusion financière et la stabilité financière lorsque tant de comprendre et d’expliquer ces liens. d’autres conditions sont présentes, et qu’une inclusion Dans l’état actuel des réflexions, il semble que des financière responsable constitue un facteur important. liens entre l’inclusion financière et la stabilité financière Cette section explore la relation entre l’accès aux existent par le biais de différents canaux et dans un cer- services financiers et la stabilité financière et apporte tain nombre de conditions associées au développement des éléments sur le sujet. Bien que l’on ait de bonnes du secteur financier21. L’inclusion financière accroît la raisons de penser, d’un point de vue théorique (et in- profondeur financière, avec ses effets sur la croissance et tuitivement), qu’il y ait un lien entre inclusion finan- l’égalité des revenus. Cela a des conséquences au niveau cière responsable et stabilité financière, ce lien s’avère macro (accroissement de l’épargne, développement de difficile à démontrer par des données empiriques. Les liens entre l’inclusion, la stabilité, l’intégrité et la pro- 21. Voir Cull, Demirgüç-Kunt et Lyman (2012) et Banque mondiale tection peuvent être positifs ou négatifs. L’objectif des (2012). responsables politiques est d’optimiser ces liens, ce qui 33 nécessite de maximiser les synergies et de réduire au rées pour les institutions financières et pour les marchés minimum les concessions et les autres effets négatifs22. financiers. En prenant ces quatre paramètres du secteur Les fondements théoriques et les premières données financier deux à deux pour les institutions financières, on empiriques suggèrent qu’il faut à la fois prendre en a constaté une corrélation statistiquement significative compte les autres facteurs affectant ces liens et identi- entre l’accessibilité et la profondeur, entre l’accessibilité fier les facteurs nécessaires pour optimiser les liens. Ces et l’efficience, mais pas entre l’accessibilité et la stabilité. facteurs comprennent, par exemple, des éléments de Alors que les fondements théoriques du lien suppo- l’environnement propices au développement du secteur sé sont si convaincants, pourquoi cette absence de don- financier, notamment des mesures en faveur de la pro- nées empiriques ? Un certain nombre d’autres facteurs tection des consommateurs dans le secteur financier et doivent être pris en compte, qui ont une plus grande de l’intégrité financière. influence sur la stabilité financière. Globalement, la stabilité financière, telle que mesurée par les moyennes Bien qu’un nombre croissant de publications pondérées des écarts réduits par exemple26, est affectée semblent indiquer une relation positive entre par de nombreux facteurs intervenant sur les marchés l’inclusion financière et la stabilité financière, les financiers, et le segment de marché de l’inclusion finan- données empiriques ne le confirment pas encore23 cière ne représente qu’une petite pièce du puzzle. L’ab- Les données empiriques actuelles ne permettent pas sence de corrélation positive peut être due en partie au d’établir une corrélation directe entre l’inclusion finan- manque de données solides, mais elle peut aussi signifier cière et la stabilité financière. Statistiquement, l’inclu- que la relation entre l’inclusion financière et la stabilité sion financière (mesurée par la pénétration des comptes financière n’est pas directe. Les résultats obtenus de- de dépôt dans la base de données FAS) n’est pas corrélée, mandent un examen plus approfondi de cette relation. ni positivement, ni négativement, aux indicateurs de so- lidité financière du FMI et aux indicateurs de stabilité L’accès aux services financiers et la stabilité financière inclus dans les Indicateurs du développe- financière sont mieux corrélés dans les pays à ment dans le monde (WDI) de la Banque mondiale24. faible revenu et les pays à revenu intermédiaire de Le même résultat ressort du Rapport 2013 sur le déve- la tranche inférieure, où les problèmes d’accès sont loppement financier dans le monde de la Banque mondiale plus aigus (Banque mondiale 2012, pp. 30–31) (2012), qui se sert de quatre caractéristiques du secteur fi- La stabilité, mesurée ici par les écarts réduits, n’est pas nancier pour évaluer le développement financier : la pro- fortement corrélée aux niveaux de revenu des pays, fondeur, l’accessibilité, l’efficience et la stabilité25, mesu- comme cela a été mis en évidence au moment de la crise financière internationale, lorsque les secteurs financiers 22. Le CGAP a entrepris plusieurs études à l’échelon des pays sur les de bon nombre de pays à revenu faible ou intermédiaire liens entre l’inclusion, la stabilité, l’intégrité et la protection, en ont été relativement isolés des turbulences mondiales vue de formuler et développer une approche méthodologique et moins touchés par la crise mondiale des liquidités pour l’exploration de ces liens, et d’enrichir les connaissances (Banque mondiale 2012, pp. 30–31). En même temps, pour trouver des mesures susceptibles de servir les quatre ob- jectifs recherchés. Les travaux ont commencé avec l’Afrique certains pays à revenu plus élevé, caractérisés par un du Sud, dans le contexte de la Première conférence annuelle meilleur accès aux services financiers, sont soumis à dif- du GPFI sur les organismes de normalisation et l’inclusion férents facteurs entraînant une plus grande instabilité : financière : Promouvoir l’inclusion financière par des normes exigences moindres en matière de capital, activités fi- et des lignes directrices proportionnées, Bâle, 29 octobre 2012. http://gpfi.org/knowledge-bank/publications/issues-paper- nancières non bancaires moins réglementées, prêts non 3-financial-inclusion-pathway-financial-stability-understan- productifs moins sanctionnés et moins provisionnés, ding-linkages niveau insuffisant des fonds propres et des provisions 23. Voir Cull, Demirgüç-Kunt et Lyman (2012) ; Beck et al. (2010) ; des banques, et manque d’incitations du secteur privé à GPFI (2012) ; Khan (2012) ; et Banque mondiale (2012). assurer un suivi des risques27. 24. Les Indicateurs de solidité financière du FMI sont dispo- nibles à l’adresse http://fsi.imf.org/ et les Indicateurs du déve- loppement dans le monde de la Banque mondiale à l’adresse data.worldbank.org. 25. Le Rapport sur le développement financier dans le monde (Banque mondiale 2012) utilise les définitions suivantes pour établir des corrélations entre les caractéristiques des sys- 26. La moyenne pondérée des écarts réduits pour les banques tèmes financiers relatives aux institutions financières  : pour commerciales (appelée aussi « distance au défaut ») exprime la la profondeur, le ratio crédit privé/PIB (%) ; pour l’accessibi- probabilité de défaut du système bancaire d’un pays, mesurée lité, le nombre de comptes dans des banques commerciales par la moyenne pondérée des écarts réduits des banques du pour 1 000 adultes ; pour l’efficience, 100 moins le différentiel pays. L’écart réduit compare les réserves d’une banque (capi- entre taux débiteur et taux créditeur (%)  ; et pour la stabili- talisation et revenu) et la volatilité de ce revenu et est défini té, la moyenne pondérée des écarts réduits pour les banques comme étant la somme du ratio capital/actif et du revenu de commerciales (appelée « distance au défaut » et définie comme l’actif, divisée par l’écart-type du revenu de l’actif. (Voir Čihák étant la somme du ratio capital/actif et du revenu de l’actif, di- et al. [2012].) visée par l’écart-type du revenu de l’actif ). 27. Voir Čihák, Demirgüç-Kunt, Martinez Pería et Mohseni (2012). 34 Une analyse approfondie des données FAS révèle On possède encore peu de données sur le lien in- quelques signes du lien inclusion-stabilité clusion-stabilité au niveau des pays, mais des études de Il y a des corrélations négatives et statistiquement signi- cas récentes confirment son existence. Le Kenya en est ficatives entre l’accès aux services financiers (mesuré un exemple. Une analyse du secteur financier kenyan par le nombre de comptes de prêt pour 1 000 adultes) et (Beck et al. 2010) a montré que la qualité des actifs et deux autres indicateurs de stabilité : les positions de liquidité s’amélioraient, et que les diffé- rentiels de taux d’intérêt diminuaient (trois tendances • Le ratio prêts bancaires non productifs/prêts, qui contribuant à la stabilité), tandis que la couverture des est un autre indicateur de stabilité au niveau d’une services augmentait (dans le cas du Kenya, grâce au dé- institution. La pénétration des prêts diminue au fur veloppement des services de paiement mobiles). et à mesure que la qualité des prêts baisse — c’est-à- dire que les augmentations des prêts non productifs Recommandations pour de prochaines études sont associées à une plus grande instabilité et une empiriques sur les liens entre inclusion financière moindre inclusion financière. et stabilité financière • Les primes de risque. Lorsque la pénétration des Les relations décrites ici continuent d’être analysées. prêts augmente, on a une diminution des primes de Des études statistiques supplémentaires sont néces- risque (différence entre le taux d’intérêt de base et le saires pour quantifier et collecter des données sur les taux d’intérêt des bons du Trésor), un indicateur de facteurs influant dessus. Ces travaux pourront béné- stabilité au niveau des marchés financiers. Cela si- ficier d’un volume croissant de données issues des en- gnifie que quand le système financier est plus stable, quêtes FAS et d’autres sources. Les objectifs prioritaires l’inclusion financière progresse. sont les suivants : D’un autre côté, il existe aussi une corrélation négative • Isoler les effets de la crise financière mondiale là avec le ratio capital/actif des banques, ce qui veut dire où un niveau faible d’accès aux services financiers que la pénétration des prêts est plus forte sur les mar- semble avoir été corrélé positivement à la stabilité, chés où le capital des banques est moins élevé. Cela peut puisque la crise a moins touché les pays à plus faible s’expliquer par le fait que les banques des pays à faible revenu où la population a moins accès aux services fi- revenu ont des ratios capital/actif plus élevés (que ce nanciers. Dans les pays affectés par la crise financière, soit pour des raisons de réglementation ou de simple l’instabilité était élevée, et la crise a entraîné une di- prudence), compte tenu des prescriptions réglemen- minution de l’accès aux services financiers car l’aver- taires et des structures de capital moins sophistiquées. sion au risque des institutions financières a augmenté Cela correspond aussi au fait que les pays à faible revenu et les niveaux d’intermédiation financière ont baissé. et ceux à revenu intermédiaire de la tranche inférieure • Établir l’existence ou l’inexistence de facteurs de ont été en réalité plus réactifs que les pays à revenu risque systémiques découlant d’une plus grande élevé face à la crise financière en adoptant des cadres inclusion financière. D’après les données dispo- réglementaires plus prudents (Čihák, Demirgüç-Kunt, nibles, il semble que les petits prêts associés à une Martinez Pería et Mohseni 2012, p. 11). plus grande inclusion financière ne contribuent pas Des secteurs bancaires plus concurrentiels au risque systémique, mais ils sont plutôt contracy- cliques, et que l’augmentation du volume des petits sont associés à un niveau plus élevé de stabilité dépôts contribue à une assise d’épargne intérieure et d’inclusion stable (J.P. Morgan et CGAP 2010). Un différentiel des taux d’intérêt plus faible indique des secteurs bancaires plus concurrentiels (la concurrence • Mieux comprendre la nature qualitative de l’accès faisant baisser le différentiel des taux d’intérêt) et donc aux services financiers, en s’intéressant spéciale- une plus grande stabilité28. Les données FAS montrent ment à ce qui constitue des services financiers res- qu’un différentiel faible est également associé à une plus ponsables. Par exemple, il paraît normal qu’une meil- grande inclusion financière — c’est-à-dire que le nombre leure protection financière, élément clé d’un secteur de comptes de dépôt dans les banques commerciales financier responsable, conduise à une diminution du pour 1 000 adultes est corrélé négativement et de façon surendettement global, ce qui est un élément de sta- statistiquement significative aux différentiels des taux bilité important. d’intérêt. Cela signifie qu’une plus grande pénétration • Comprendre a)  comment l’environnement régle- des dépôts est associée à un différentiel moins élevé et, mentaire détermine la manière dont l’accès aux ser- à son tour, à une plus grande stabilité financière. Les vices financiers est géré, tout en assurant la stabilité pays ayant des secteurs bancaires plus concurrentiels financière, et b) où un cadre de réglementation et de affichent un niveau plus élevé de pénétration des dépôts surveillance proportionné peut favoriser le lien29. et de stabilité. 29. Cette dimension est explorée dans Cull, Demirgüç-Kunt et 28. Voir Schaeck, Čihák et Wolfe (2006). Lyman (2012). 35 Accès aux services financiers L’existence d’un système de garantie des dépôts est associée à un plus grand nombre de dépôts, mais et infrastructures financières aussi de prêts Les systèmes de garantie des dépôts sont une compo- Les infrastructures financières comprennent les cen- sante importante des infrastructures financières. En trales des risques, les registres de sûretés, et les systèmes moyenne, les pays qui ont des systèmes de garantie de paiement, d’envoi de fonds et de règlement des opé- des dépôts ont un nombre de comptes de dépôt par rations sur titres — qui ont tous un rôle vital. Lorsque les adulte plus élevé30. C’est également vrai pour les prêts. infrastructures financières existent, qu’elles sont perfor- Par exemple, les données FAS montrent qu’en 2011, le mantes et fiables, le coût de l’intermédiation financière nombre de comptes de dépôt par adulte était supérieur chute. Les produits et les services financiers deviennent de plus de 50 % dans les pays ayant ce type de système accessibles à un plus grand nombre de citoyens. Les prê- en place, que dans ceux n’en ayant pas. Le nombre de teurs et les investisseurs ont davantage confiance dans comptes de prêt par adulte était 30 % plus élevé dans les leur capacité à évaluer les risques et à s’en prémunir. pays ayant un système de garantie des dépôts en 2011. Le même schéma n’est pas statistiquement établi quand Une plus grande inclusion financière est associée les volumes de dépôts (en % du PIB) et les volumes de à des infrastructures financières plus développées prêts (en % du PIB) sont comparés entre les groupes de et à un environnement institutionnel et juridique pays qui possèdent et qui ne possèdent pas de système plus cohérent de garantie des dépôts. Cela peut vouloir dire qu’avoir Un environnement des affaires plus solide est asso- un système de garantie des dépôts est important pour cié à un niveau plus élevé de pénétration des dépôts et l’accès aux services financiers, mais pas aussi important des prêts. On trouve une relation positive entre les in- pour la profondeur financière. dicateurs Doing Business relatifs à l’obtention de prêts (c’est-à-dire le classement pour l’obtention de prêts, l’in- dice des droits légaux en matière de crédit, l’indice de qualité de l’information sur le crédit, la couverture du 30. La source d’information utilisée ici est l’enquête sur la régle- registre privé d’information sur le crédit, la couverture mentation et la surveillance des banques réalisée par la Banque du registre public d’information sur le crédit) et la péné- mondiale, accessible à l’adresse http://go.worldbank.org/ WFIEF81AP0. Une autre source importante d’informations tration des prêts et des dépôts (mesurée par le nombre et de données sur les systèmes de garantie des dépôts est de comptes de prêt pour 1 000 adultes et le nombre de l’Association internationale des systèmes de garantie des dé- comptes de dépôt pour 1 000 adultes). pôts (www.iadi.org). 36 ANNEXE 1 Principales sources de données sur l’inclusion financière FIGURE A1.1 Principales sources de données internationales/multi-pays Couverture plus étendue FAS FMI (SFI FMI) (ISF FMI) Global Findex Enquête mondiale sur la protection des consommateurs dans le secteur financier, BM Offre Demande Enquêtes sur les entreprises, BM Systèmes de paiement Étude sur la mesure des niveaux mondiaux, BM de vie (LSMS), BM Systèmes de paiement, BRI Enquête sur les finances et la Prix mondiaux des envois consommation des ménages de fonds, BM (HFCS), BCE Études du WSBI Étude FinScope Rapport statistique annuel Enquête sur l’accès des PME du WOCCU à des services financiers (SAFE), BCE SIG Protection des consommateurs/ Rapport sur l’état de la Campagne Capacités financières, BM du Sommet du microcrédit Étude Measuring Financial Literacy, États des lieux de la OCDE/INFE micro-assurance, MicroInsurance Center (Migration et envois de fonds, BM) Étude Financial Diaries Couverture plus fine ( . . . ) = couvre des données utiles sur le secteur financier mais sans être expressément axé sur l’accès aux services financiers. Source : adapté du document de la Fondation Bill & Melinda Gates « The Measurement Challenge. » Note préparée pour le Forum mondial de l’épargne, 2010. 37 ANNEXE 2 Ensemble d’indicateurs de base du G20 sur l’inclusion financière et indicateurs sur les GAB — Chiffres les plus récents Tableau A2-1 % des +15 ans % des +15 ans % des PME % des PME Nombre Nombre Nombre de Nombre de détenant un ayant contracté détenant un ayant un d’agences d’agences de GAB pour GAB pour compte dans un prêt auprès compte dans emprunt en de banques banques com- 1 000 km2 100 000 une institution d’une institution une institution cours ou une commerciales merciales pour adultes financière financière l’an financière ligne de crédit pour 100 000 adultes formelle passé formelle ouverte 1 000 km2 (5-99 employés) (5-99 employés) Année 2011 2011 Dernière Dernière 2011 2011 2011 2011 disponible disponible Source Global Findex Global Findex Enquêtes Enquêtes FAS FAS FAS FAS sur les sur les entreprises entreprises Données 148 148 128 128 160 160 150 150 disponibles économies économies économies économies économies économies économies économies Monde 50 9 82 37 8 17,3 15,9 47,4 Régions Revenu élevé 90,5 14,2 84,2 46,8 31,3 31,0 57,5 90,5 OCDE EAP 54,9 8,6 87,7 36,3 6,3 8,1 15,9 17,7 ECA 44,9 7,7 88,2 41,6 10,3 18,5 25,8 46,6 LAC 39,3 7,9 92,5 45,7 6,2 14,9 10,2 33 MENA 17,7 5,1 36,2 5,6 9 17,2 12,1 21,9 SA 33 9 80 28 21,6 8,3 17,2 5,8 SSA 24,0 4,8 86,6 21,2 0,9 3,4 1 4,5 Groupes de revenu Faible 23,7 11,4 84,1 20,5 1,2 3,8 1,2 3,2 Intermédiaire 28,4 7,3 84,5 31,7 7,1 9,6 10,7 13,1 tranche inf. Intermédiaire 57,2 7,9 92,3 42,9 8 25,5 17,3 75,6 tranche sup. Élevé 89,5 13,8 90,9 50,3 27,1 33,7 69,5 122,9 Notes : les groupes de revenu sont basés sur la classification des pays par revenu de la Banque mondiale en vigueur en juillet 2012. EAP : Asie de l’Est et Pacifique, ECA : Europe orientale et Asie centrale, LAC : Amérique latine et Caraïbes, MENA : Moyen-Orient et Afrique du Nord, SA : Asie du Sud, SSA : Afrique subsaharienne. 38 ANNEXE 3 FAS : Définitions et données disponibles 1. Définitions des institutions dents autres que les banques centrales, les banques commerciales, les caisses de crédit mutuel et les financières coopératives financières, et les IMF acceptant les dépôts, qui répondent à la définition des AID. Ces L’unité d’analyse pour les enquêtes FAS (enquêtes sur institutions portent des noms différents selon les l’accès aux services financiers) du FMI est l’institution pays  : association d’épargne et de prêt, société de financière. La classification des institutions financières crédit immobilier, banque de crédit rural ou de cré- utilisée dans les enquêtes FAS du FMI repose sur leurs dit agricole, service de virements postaux, caisse fonctions, à savoir le type de service financier proposé, d’épargne de la poste, caisse d’épargne, organisme de par exemple les services de dépôt, de crédit, d’assurance placement collectif en valeurs mobilières (OPCVM) et de paiement31. Les institutions financières sont divi- monétaires, etc. sées en deux groupes : « Autres institutions de dépôts » Dans ce rapport, les caisses de crédit mutuel/coopé- et «  Autres sociétés financières  ». Le Manuel de statis- ratives financières, les IMF acceptant les dépôts et les tiques monétaires et financières du FMI fournit des dé- autres institutions acceptant les dépôts sont appelées tails sur cette classification. collectivement les institutions financières non ban- Les autres institutions de dépôts (AID) com- caires (IFNB). prennent toutes les institutions résidentes d’un pays, Les autres sociétés financières (ASF) forment un autres que la banque centrale, qui acceptent les dépôts : groupe hétéroclite d’institutions financières résidentes • Les banques commerciales (banques) comprennent fournissant des services financiers sous forme de ser- toutes les sociétés et quasi-sociétés financières rési- vices d’intermédiation financière ou de services auxi- dentes qui ont pour principale fonction d’assurer l’in- liaires, et qui n’émettent pas d’éléments de passif en- termédiation financière et qui émettent des éléments trant dans la définition de la monnaie au sens large. Les de passif entrant dans la définition nationale de la FAS couvrent deux grands types d’ASF : les autres inter- monnaie au sens large. médiaires financiers et les sociétés d’assurance. • Les caisses de crédit mutuel et les coopératives fi- • Les autres intermédiaires financiers (AIF) com- nancières comprennent les institutions financières prennent les institutions financières qui mobilisent qui appartiennent à leurs membres (clients) qui en des fonds sur les marchés financiers, mais pas sous assurent le contrôle, que ces établissements aient des la forme de dépôts, et qui utilisent ces fonds pour activités exclusivement avec leurs membres ou avec octroyer des prêts, principalement aux sociétés des membres et non membres. non financières et aux ménages, faisant activement • Les institutions de microfinance (IMF) acceptant concurrence aux AID. Les AIF incluent les IMF les dépôts comprennent les institutions ayant essen- n’acceptant pas les dépôts, qui comprennent les tiellement pour vocation de recevoir des dépôts et institutions financières formelles (c’est-à-dire léga- de prêter aux pauvres, souvent en utilisant des mé- lement enregistrées) dont la principale activité est le thodes particulières telles que le crédit solidaire. microcrédit. • Les autres institutions acceptant les dépôts com- • Les sociétés d’assurance comprennent les institu- prennent tous les intermédiaires financiers rési- tions financières qui versent des prestations finan- cières aux titulaire d’un contrat d’assurance et à 31. Les autres méthodes de mesure reposent sur le type d’institu- leurs survivants en cas d’accident, de maladie, de dé- tion (banques commerciales, caisses de crédit mutuel, coopé- cès, de catastrophe ou de dépenses diverses ou per- ratives, IMF, etc.), comme dans le rapport Financial Access du CGAP/Groupe de la Banque mondiale, ou sur le type de pro- sonnelles. Les FAS décomposent les sociétés d’assu- duit (cartes bancaires, hypothèques, etc.). Voir Barr, Kumar et rance en deux groupes : l’assurance vie et les autres Litan (2007) pour plus de détails. types d’assurance. 39 La catégorie des banques commerciales est la plus 2. Données disponibles large dans les enquêtes FAS, dans la mesure où toute banque résidente fonctionnant comme les banques 2.1 Banques commerciales et IFNB commerciales satisfaisant la définition des AID est clas- La figure A3.1 montre le nombre de pays ayant fourni sée dans les banques commerciales. Par conséquent, des données sur le nombre de banques commerciales et dans certains pays, la catégorie des banques commer- d’IFNB (définies comme incluant les caisses de crédit ciales peut inclure des banques de développement ou mutuel et les coopératives financières, les IMF acceptant des institutions financières desservant les pauvres, par les dépôts, et les autres institutions acceptant les dépôts). exemple des IMF acceptant les dépôts, selon les activi- Mais les pays ayant indiqué avoir des IFNB acceptant les tés financières exercées par ces institutions. dépôts n’ont pas tous fourni des données sur l’accès aux Le présent rapport se fonde principalement sur les services de ces institutions et sur leur utilisation. données des banques commerciales mais comprend Les données disponibles sont les plus nombreuses également un encadré sur les IFNB (c’est-à-dire les AID pour les banques commerciales, bien qu’une quin- autres que les banques commerciales). Le chapitre II du zaine de pays n’aient pas indiqué le nombre de banques rapport examine la situation de l’accès aux sociétés d’as- commerciales, tandis que quelques autres n’ont fourni surance. La situation de l’accès des PME aux services aucune information sur les banques commerciales en financiers est décrite au chapitre  III, essentiellement dehors de leur nombre. Vingt-quatre pays ont indiqué à partir des données des banques commerciales. Les n’avoir aucune caisse de crédit mutuel ni coopérative fi- données disponibles pour chacun de ces thèmes sont nancière, et une quarantaine de pays ont indiqué n’avoir exposeés ci-après. aucune IMF. FIGURE A3.1 Institutions financières acceptant les dépôts Nombre de banques commerciales Nombre d’IFNB 200 150 Pays fournissant des données Pays fournissant des données 150 100 100 50 50 0 0 2004 2005 2006 2007 2008 2009 2010 2011 2004 2005 2006 2007 2008 2009 2010 2011 Nombre de CCM et de coop. nancières Nombre d’IMF 30 30 Pays fournissant des données Pays fournissant des données 20 20 10 10 0 0 2004 2005 2006 2007 2008 2009 2010 2011 2004 2005 2006 2007 2008 2009 2010 2011 40 2.2 Sociétés d’assurance Tableau A3.1. Définitions des PME selon la Banque mondiale Un total de 139 pays ont communiqué des données sur les assurances dans le cadre de l’enquête FAS. La série Taille de Employés Actifs Chiffre Montant la plus fréquemment communiquée était le nombre de l’entre- d’affaires des prêts prise annuel (indicateur sociétés d’assurance. En règle générale, les données supplétif) ± transmises portaient plus sur les assurances vie que sur les assurances non-vie. La couverture des données est Micro <10 < USD 100 000 < USD 100 000 < USD 10 000 la plus faible pour le nombre de titulaires d’un contrat Petite <50 < USD 3 millions < USD 3 millions < USD 100 000 d’assurance, répartis entre assurances vie et non-vie. Une vingtaine de pays ont fourni des données sur le Moyenne <300 < USD 15 millions < USD 15 millions < USD 1 million (< USD 2 nombre de titulaires d’un contrat d’assurance, et une millions pour trentaine ont communiqué le nombre de contrats d’as- certains pays surance. Les données disponibles sur les sociétés d’as- avancés) surance augmentent au fil des ans, les années les plus ± Utilisé par IFC. récentes étant celles où l’on trouve le plus grand nombre de pays fournissant des données32. 2.3 PME Figure A3.2 En 2012, le questionnaire FAS a été étendu pour en- glober des données sur les PME pour la première fois. Nombre de pays ayant communiqué des Les définitions des PME varient d’un pays à l’autre. Le questionnaire FAS autorise l’utilisation des définitions données sur le volume des prêts aux nationales des PME, tout en fournissant la classification PME en 2011 de la Banque mondiale pour guider les organismes de réglementation. Le tableau A3.1 regroupe les définitions Banques commerciales 37 de la Banque mondiale. Une entreprise doit satisfaire Autres institutions acceptant les dépôts 9 deux des trois critères indiqués (nombre d’employés, Autres IF 8 montant des actifs et chiffre d’affaires) pour être clas- sée dans l’une des catégories micro-entreprise, petite, IMF (total) 5 moyenne ou grande entreprise. IFC utilise aussi le mon- Caisses de crédit mutuel 5 tant des prêts comme indicateur supplétif car le nombre d’employés, le montant des actifs et le chiffre d’affaires ne sont pas toujours disponibles. Du fait que la plupart des États collectent et suivent les données pour les PME dans leur ensemble, il n’est pas possible de ventiler les Tableau A3.2. Principaux indicateurs relatifs aux PME dans données par taille et type d’entreprise —  c’est-à-dire le l’enquête FAS† nombre de comptes de prêt pour les petites entreprises par comparaison aux moyennes entreprises. Dépôts Volume Encours des dépôts des PME (% PIB) Beaucoup de pays ont encore du mal à recueillir des Nombre Déposants PME (% déposants SNF*) données sur l’accès des PME aux services financiers. Comptes de dépôt PME (% comptes de dépôt L’enquête FAS couvre toutes les institutions finan- des SNF) cières réglementées, mais la majorité des organismes de réglementation n’ont communiqué des données sur Prêts Volume Encours des prêts aux PME (% PIB) les services financiers aux PME que pour les banques Nombre Emprunteurs PME (% emprunteurs SNF) commerciales (37 pays). La figure A3.2 montre la dispo- Comptes de prêt PME (% comptes de prêt des SNF) nibilité des données FAS relatives aux PME pour diffé- rents types d’institutions financières, et le tableau A3.2 †Les données sont recueillies pour les quatre autres catégories de prestataires de services recense les indicateurs disponibles. financiers : les caisses de crédit mutuel, les IMF, les autres institutions acceptant les dépôts et les autres intermédiaires financiers, mais les indicateurs ci-dessus ne sont calculés et communiqués que pour les banques commerciales. 32. Si l’on analyse les données par région et par groupe de revenu, * Société non financière. les pays de la région ECA et les pays à revenu intermédiaire de la tranche supérieure sont ceux qui ont communiqué le plus de données sur les assurances. Les pays à revenu élevé et les pays de la région MENA sont ceux ayant fourni le moins de données. Il n’est donc pas possible de réaliser une partie des analyses régionales. 41 Bibliographie Abdin, Md. Joynal. 2012. « The Development Imperatives of SMEs in Bangladesh. » 17 octobre. Disponible sur http://ssrn.com/abstract=2162771 ou http://dx.doi.org/ 10.2139/ssrn.2162771. Allen, Franklin, Asli Demirgüç -Kunt, Leora Klapper et Maria Soledad Martinez Pería. 2012. « The Foundations of Financial Inclusion: Understanding Ownership and Use of Formal Accounts. » Document de travail consacré à la recherche sur les politiques n°6290. Washington : Banque mondiale. Ardic, Oya Pinar, Gregory Chen et Alexia Latortue. 2012. « Financial Access 2011 : An Overview of the Supply-Side Data Landscape. » Forum 5. Washington : CGAP et IFC. Ardic, Oya Pinar, Maximilien Heimann et Nataliya Mylenko. 2011. « Access to Financial Services and the Financial Inclusion Agenda Around the World: A Cross-Country Analysis with a New Data Set. » Document de travail consacré à la recherche sur les politiques n°5537. Washington : Banque mondiale. Ayyagari, Meghana, Asli Demirgüç -Kunt et Vojislav Maksimovic. 2011. « Small vs. Young Firms across the World: Contribution to Employment, Job Creation, and Growth. » Document de travail consacré à la recherche sur les politiques n°5631. Washington : Banque mondiale. Banque mondiale. 2008. Finance for All? Policies and Pitfalls in Expanding Access. Washington : Banque mondiale. ———. 2012. Global Financial Development Report 2013. Washington : Banque mondiale. Barr, Michael S., Anjali Kumar et Robert E. Litan. 2007. Building Inclusive Financial Systems: A Framework for Financial Access. Washington : Brookings Institution Press. Beck, Thorsten, Aslı Demirgüç-Kunt et Maria Soledad Martínez Pería. 2007. « Reaching Out: Access to and Use of Banking Services across Countries. » Journal of Financial Economics, 85: 234–66. Beck, Thorsten, Robert Cull, Michael Fuchs, Jared Getenga, Peter Gatere, John Randa et Mircea Trandafir. 2010. « Banking Sector Stability, Efficiency, and Outreach in Kenya. » Document de travail consacré à la recherche sur les politiques n°5442. Washington : Banque mondiale. CGAP. 2009. Financial Access 2009: Measuring Access to Financial Services around the World. Washington : Groupe consultatif d’assistance aux pauvres/Banque mondiale. CGAP et Groupe de la Banque mondiale. 2010. Financial Access 2010 : la situation de l’inclusion financière à travers la crise. Washington : CGAP et Banque mondiale. 42 Čihák, Martin, Aslı Demirgüç-Kunt, Maria Soledad Martínez Pería et Amin Mohseni. 2012. « Banking Regulation and Supervision around the World: A Crisis Update. » Document de travail consacré à la recherche sur les politiques n°6286. Washington : Banque mondiale. Collins, Daryl, Jonathan Morduch, Stuart Rutherford et Orlanda Ruthven. 2009. Portfolios of the Poor: How the World’s Poor Live on $2 a Day. Princeton, N.J. : Princeton University Press. Cull, Robert, Asli Demirgüç-Kunt et Timothy Lyman. 2012. « Financial Inclusion and Stability: What Does Research Show? » Note d’information. Washington : CGAP. Demirgüç-Kunt, Asli et Leora Klapper. 2012. « Measuring Financial Inclusion: The Global Findex. » Document de travail consacré à la recherche sur les politiques n°6025. Washington : Banque mondiale. Demirgüç-Kunt, Asli et Ross Levine. 2008. « Finance, Finance Sector Policies and Long Run Growth. » Washington : Banque mondiale. GPFI (Partenariat mondial pour l’inclusion financière). 2012. « Financial Inclusion— A Pathway to Financial Stability? Understanding the Linkages. » Étude analytique préparée pour la 1ère Conférence annuelle du GPFI sur les organismes de normalisation et l’inclusion financière : Promouvoir l’inclusion financière au moyen de normes et de lignes directrices proportionnées, Bâle, 29 octobre 2012. http://gpfi.org/knowledge-bank/publications/issues-paper-3-financial-inclusion- pathway-financialstability-understanding-linkages GPFI et IFC (Société financière internationale). 2011. Strengthening Access to Finance for Women-Owned SMEs in Developing Countries. Washington : GPFI et IFC. Honohan, Patrick. 2008. « Cross-country variation in household access to financial services. » Journal of Banking & Finance 32 (2008): 2493–500. IAIS (Association internationale des contrôleurs d’assurances). 2012. Application Paper on Regulation and Supervision supporting Inclusive Insurance Markets. Bâle : IAIS. IFC (Société financière internationale). 2011. « Financial Inclusion Data: Assessing the Landscape and Country-level Target Approaches. » Document de synthèse préparé pour le GPFI. Washington : IFC. ———. 2012. « Why Banks are Increasingly Providing Non-Financial Services to Small and Medium Enterprises. » Washington : IFC. J.P. Morgan et CGAP. 2010. « All Eyes on Microfinance Asset Quality. » Étude mondiale. New York et Washington : J.P. Morgan Chase & Co. et CGAP. 43 Jahan, Sarwat et Brad McDonald. 2011. Une plus grande part d’un plus gros gâteau. Finances & Développement, vol. 48, n°3. Washington : FMI. Kasprzyk, Daniel. 2005. « Measurement Error in Household Surveys: Sources and Measurement. » In Household Sample Surveys in Developing and Transition Countries, ONU-DEAS, Division de la statistique, Études méthodologiques, Série F n°96. New York : Nations Unies. Kendall, Jake, Nataliya Mylenko et Alejandro Ponce. 2010. « Measuring Financial Access around the World. » Document de travail consacré à la recherche sur les politiques n°5253. Washington : Banque mondiale. Khan, H. R. 2011. « Financial Inclusion and Financial Stability: Are They Two Sides of the Same Coin? » Mumbai : Banque de réserve de l’Inde. Kushnir, Khrystyna, Melina Mirmulstein et Rita Ramalho. 2010. « Micro, Small, and Medium Enterprises Around the World: How Many Are There, and What Affects the Count? MSME Country Indicators. » Washington : IFC et Banque mondiale. Levine, Ross. 2005. « Finance and Growth: Theory and Evidence. » In Philippe Aghion et Steven Durlauf, éd. Handbook of Economic Growth. Amsterdam : Elsevier. McCord, Michael J., Clémence Tatin-Jaleran et Molly Ingram. 2012. « The Landscape of Microinsurance in Latin America and the Caribbean: A Briefing Note. » Washington : BID/Fonds d’investissement multilatéral. McCord, Michael J., Roland Steinmann, Clémence Tatin-Jaleran, Molly Ingram et Mariah Mateo. 2012. « The Landscape of Microinsurance in Africa 2012. » Eschborn : La finance au service de l’Afrique et Fondation Munich Re. MIDAS. 2009. « Women Entrepreneurs in SMEs: Bangladesh Perspective. Report prepared for the SME Foundation, Bangladesh. » OCDE (Organisation pour la coopération et le développement économiques). 2012. « Financing SMEs and Entrepreneurs 2012: An OECD Scoreboard. » Paris : Publications OCDE. Schaeck, Klaus, Martin Čihák et Simon Wolfe. 2006. Are More Competitive Banking Systems More Stable? Document de travail WP/06/143. Washington : Fonds monétaire international. Siegesmund, Peter et Jasmina Glisovic. 2011. « Estimating Funder Support for Small and Medium Enterprises (SMEs). » Washington : CGAP. Présentation PowerPoint. 44 « L ’état des lieux de l’inclusion financière a fait un grand pas en avant en 2012. Cette étude extrêmement instructive n’aurait pas été possible il y a encore un an — et montre combien les investissements réalisés dans l’acquisition de données fiables sur l’offre et la demande sont utiles aux responsables politiques et aux prestataires de services pour comprendre l’état réel de l’accès aux services financiers, de leur qualité et de leur utilisation. Nous devons à présent nous appuyer sur ces sources de données mondiales pour élargir la collecte et l’utilisation de données dans les pays en fonction des priorités et des contextes nationaux. Le rapport Financial Access 2012 a notamment le mérite de montrer que, à côté des progrès accomplis, en particulier dans l’accès de base, il reste beaucoup à faire pour toucher les pauvres et les PME. Il met également en évidence la relation entre l’inclusion financière et un développement économique équitable, ce qui est, au bout du compte, la finalité même de l’accès à des services financiers. »  a Majesté la Reine Máxima des Pays-Pas, Mandataire spéciale du Secrétaire général des Nations Unies —S pour la promotion de services financiers accessibles à tous qui favorisent le développement