Banque mondiale UnePublication de la Banque Mondiale L9Agricultureet 19Environnement ~ t u d Prospective sur le Dkveloppement Rural Durable e Sous la direction de Ernst Lutz assiste de Hans Binswanger, Peter Hazell, et Alexander McCalla Banque Mondiale Washington, D.C. O 2000 Banque internationale pour la reconstruction et le d6veloppement/Banque mondiale 1818H Street,N.W., Washington, D.C. 20433, USA. Tous droits reserves. Imprime aux ~ t a t s - ~ nd'Amerique. i s Premiere Bdition :mars 2000. Les resultats, les interpretations ainsi que les conclusions du present document sont entihrement ceux des auteurs et ne devraient 6tre attribues en aucune maniere a la Banque mondiale, aux institutions affiliees, aux membres du Conseil d'administration, ni aux pays qu'ils reprksentent. La conception de la couverture a ete realisee par Tomoko Hirarta et Alan Kahan, avec les prises de vue par Curt Carnemark (centre), Ernst Lutz (en haut a droite, et en bas a gauche, au Togo), et Stefano Pagiola (en haut a gauche et en bas a droite, au Bangladesh). Le contenu de cette publication fait l'objet d'un copyright. Les demandes d'autorisation de reproduction sont a adresser au Directeur du Departement des publications figurant ti la notification de droit d'auteur ci-dessus. La Banque mondiale encourage la diffusion de ses travaux et donne normalement cette autorisation dans les meilleurs dilais et a titre gracieux si la reproduction n'est pas a but lucratif. L'autorisation de photocopier des pages des fins pkdagogiques s'obtient aupres du Copyright Clearance Center, Inc., Suite 910,222 Rosewood Drive, Danvers, Massachussetts 01923 U.S.A. Pour une copie de The "Update" qui decrit de nouvelles publications, veuillez contacter "The Office of the Publisher, The World Bank, 1818 H Street, N.W., Washington, D.C. 20433, USA". Un catalogue et des informations pour la passation de commandes sont 6galement disponibles sur Internet a l'adresse suivante :http://ww.worldbank.org. L'Cdition anglaisede cet ouvrage est inscrite comme suit au cataloguede la BibliothPque du CongrPs Agriculture and the environment: perspectives on sustainable rural development / edited by Ernst Lutz; with the assistance of Hans P. Binswanger, Peter Hazell, and Alexander McCalla. p. cm- (A World Bank Symposium) Includes bibliographical references. ISBN 0-8213-4249-5 1.Agriculture-Environmental aspects-Developing countries. 2. Rural Development -Developing countries. 3. Sustainable development- Developing countries. 4. Agriculture and state -Developing countries. 5. Rural development-International cooperation. 6. Sustainable development -Internationalcooperation. I. Lutz, Ernst, 1949- . 11. World Bank. 111. Series. S589.76.D44A46 1998 338. 1- dc21 98-36512 CIP Table des mati2res Avant-Propos I;r Ismail Serageldin et Ian Johnson Auteurs xi Remerciements xiii 1 Introduction 1 Ernst Lutz, Hans P. Binswanger, Peter Hazell et Alexander McCalla Premiere partie :Etude prospective des politiquea 3 2 Intkgration des questions d' environnement et de durabilit6 dans les politiques de dkveloppement rural 10 Peter Hazell et Ernst Lutz 3 Dkgradation des ressources naturelles induite par les politiques :le cas de la Colombie 25 John Heath et Hans P. Binswanger 4 Perspectives d'instauration de politiques plus favorables h l'agriculture durable 41 Jules N. Pretty 5 Les processus de prise de dkisions des petits exploitants, les imperfections du march6 et la gestion des ressources naturelles dans les pays en voie de d6veloppement 59 Stein T. Holden et Hans P. Binswanger 6 Rkforme du commerce des produits agricoles, incitations h la recherche et environnement 84 Kym Anderson vi Table des matidres 7 RCgimes de propriCtb dans le dheloppement Cconomique:enseignements et consCquences pratiques 100 Daniel W. Bromley 8 EquitC et facteurs modificateurs >> de l'environnement dans les politiques de <( dbveloppement rural 111 Peter Hazel1 Deuxikme partie :Perspectives institutionnelles et sociales 114 9 DCveloppement rural participatif 124 Deepa Narayan 10 Participation des organisations locales a la gestion des bassins versants 142 JacquelineA. Ashby, Edwin B. Knapp, et Helle Munk Ravnborg 11 Approches novatrices a la crkation et a la diffusion de technologies destinCesaux exploitants agricoles a faible revenu 157 John Farrington et Graham Thiele 12 Dheloppement agricole centrCsur les populations :principes de vulgarisation pour rCaliser un impact durable 176 Roland Bunch 13 RCussir la rCforme agraire orientke par les mkcanismesde march6 :I'expCrience initiale de la Colombie, du BrCsil et de 1'Afrique du Sud 190 Klaus Deiniger 14 La dkcentralisation et la prbservation de la diversit6 biologique 212 Julian Caldecott et Ernst Lutz 15 L'importance de la problbmatique hommes-femmes pour un dkveloppement rural Ccologiquement et socialement durable 226 Agnes R. Quisumbing,Lynn R. Brown, Lawrence Haddad et Ruth Meinzen-Dick Troisikme partie :ProblCmestechniques et perspectives 246 16 Les coiits et les avantages de la conservation des sols en AmCriquecentrale et aux Caraikes 261 Ernst Lutz, Stefano Pagiola et Carlos Reiche 17 Vers une stratCgied'intkgration de la biodiversitk dans le dhveloppement agricole 279 Jitendra Srivastava, Nigel Smith et Douglas A. Forno Table des matikres vii 18 Lutte integrk contre les ennemis des cultures :strathies et politiques pour une mise en oeuvre eflicace 293 Tjaart W. Schillhorn Van Veen, Douglas A. Forno, Steen JofJe, Dina L. Umali- Deiniger, et Sanjiva Cooke 19 Vers une reduction de I'utilisation des pesticides dans la culture cCrCalikre en Asie 309 Prabhu L. Pingali et Roberta V. Gerpacio 20 Les impacts bonomiques et environnementaux de I'irrigation et du drainage dans les pays en dkveloppement 329 Ujjayant Chakravorty 21 Le betail et I'environnement :problkmes et options 344 Henning Steinfeld, Cornelis de Haan, et Harvey Blackburn 22 Les politiques publiques visant a rauire le dkboisement inopportun des forCts tropicales 368 David Kaimowitz, Neil Byron, et WilliamSunderlin 23 Coats, avantages et adoption de I'agroforesterie par les paysans 394 Dean Current, Ernst Lutz, et Sara Scherr Quatrihe partie :Conclusions 404 Avant-Propos Durant ces dernieresdecennies, l'agriculture des pays et sociaux qui n'avaient pas sufisamment retenu en developpement a fait des progrks remarquables, l'attention par le pasd. permettant ainsi a la production alimentaire de suivre Au cours des deux dernieres annees, la Banque la croissance de la population. Ce succes a ete mondiale a revu en profondeur sa stratdgie de obtenu,en partie, au prix d'un surcroit de pression sur ddveloppement rural et Clabore une nouvelle. La les ressources naturelles et 17environnement.Pour vision et les mesures spkcifiques a prendre sont I'avenir, la necessitk de I'augmentation continue de la definies dans le manuel intituK Rural Development : production alimentaire, parallelement a la reduction From Vision to Action. A Sector Strategy (1997) au minimum des atteintes 1 I'environnement, h la [Dkveloppement rural : de la vision a I'action. Une protection de la base des ressourceset a la lutk contre stratkgie sectorielle]. Avec un engagement renouvele la pauvretk, la faim et la malnutrition, constitue un vis-a-vis du developpement durable dans le secteur enorme defi. rural, la Banque cherche a jouer son r6le dans un Au cours des annees soixante-dix, la Banque cadre elargi comprenant les agriculteurs, leurs mondiale, sous I'impulsion de Robert McNamara, familles, les cornmunautks et les decideurs au plan avait orient4 son action principalement vers national ainsi que la communaute des bailleurs de I'amelioration de la situation des couches demunies fonds. des collectivitCs rurales gr&cea la mise en aeuvre de Le present volume reunit les resultats les plus projets de developpement rural integre. Les resultats recents de la recherche appliquk et pratique en mitiges et la chute, en termes reels, des prix des matiere d'agriculture et d'environnement dans le produits qui s'en sont suivis, ont tempkrb 17inte&tde monde en developpement. I1 fait le point de la la communaute internationale pour les problemes situation en ce qui conceme I'etat actuel des agricoles et ruraux dumnt les annees quatre-vingt. Le connaissances et les resume h I'intention des flechissement des activites de la Banque mondiale praticiens du dkveloppement. Autant que faire se dans le monde rural temoignait de cette tendance. peut, les auteurs utilisent des exemples concrets Neanmoins, vu que pres de soixante-dix pour cent illustrant I'eficacitd et l'khec des straegies, les des populations les plus demunies dans les pays en contexteset les circonstances. dkveloppement continuent de vivre dans les zones Les observations et conclusions generales rurales, I'orientation des axes d'intervention vers le contenues dans le present volume indiquent qu'a secteur rural doit devenir de nouveau une priorite I'avenir, les hausses de productivite Ccologiquement absolue en matiere d7aide au developpement. Par rationnelles pomaient s'aveer plus dificiles a consequent, plut6t que de renoncer a la mission de rbaliser que par le passe. Mais elles font egalement developpement rural parce que les activites passees apparai'tre des possibilites importantes ont eu un succes limit&nous devrionstirer les lepns d'augmentations soutenues des rendements. Dans de nos erreurs passees et repartir sur de nouvelles cette perspective, il devient encore plus important bases avec davantage de conviction. Cela signifie d'entreprendre les reformes nicessaires - mCme repenser la problkmatique du developpement rural en celles qui sont politiquement sensibles telles que les prenant en compte tous les aspects environnementaux reformes agraires - visant la mise en place de cadres x Avant-Propos de politiques et de dispositifs institutionnels efficacedes intrants. Dans bien des cas, il en rksultera susceptibles de contribuer pleinement a des retomb6es positives en ce qui conceme les I'intensification d'une agriculture durable par la rendements, le coot des facteurs de production, le crkation d'un enviromement favorable au budget public ainsi que l'enviromement. dkveloppement de techniques imovatrices Lorsque des facteurs extemes sont a prendre en appropriks. consideration, des interventions judicieuses des Une telle approche nkessite que les gouvemants pouvoirs publics seront nkessaires pour aboutir a des soient mimes de la volonte politique d'entreprendre dsultats plus Mnefiques pour la socikte dans son les riformes et de la determination a rechercher le ensemble. bien commun plut6t que les interets particuliers, a Bien que nous insistionssur les efforts a dkployer l'abri de toute corruption. Ces rdformes doivent gtre du d t k de l'action des pouvoirs publics et des sous-tendues par des analyses des politiques assez dispositifs institutiomels plut6t que sur les g6nkralesYenglobant non seulement l'agriculture au ((solutions techniquesD, nous soulignons Cgalement sens ktroit, mais aussi les ressources naturelles, la nkssitd de powsuivre une recherche l'environnement et les aspects sociaux du fondamentale de grande qualite, telle que celle dkveloppementrural. entreprisedurant les dkemies passks par les divers I1 va sans dire qu'a la difference de certaines centres intemationaux soutenus par le Groupe conceptions antkrieures reposant sur des activitks consultatif de la recherche agricole intemationale centralides, la nouvelle stratkgie de developpement (GCRAI).Une telle recherche fondamentale, prenant ruraldurable doit etre beaucoup plus dCcentralis6eet davantage en consideration les aspects participative. Elle impliquera davantage enviromementaux, sociaux et les preoccupations des d'e@rimentations sur le terrain, dans le cadre de petits exploitants agricoles, reste essentielle pour projets pilotes, avant de passer a des phases de l'avenir. gknkralisation. Les agricultews, les collectivites Les dCfis A relever dans le secteur rural demeurent locales, les organisations non gouvemementales et tds pdoccupants et les contraintes sont drieuses. d'autres composantesde la societk civile devront etre Cela dit, bien des p r o e s sont possibles a la associCs, plus que par le pasd, aux activitks de condition que les autoritksgouvemementales mettent dkveloppementrural. en ceuvre une saine gestion des aiTaires publiques et Dans cette approche, les agricultews, avec leurs suscitentune adhesion kelle, a tous les niveaux, a un connaissances limi~eset leur perception de l'avenir dkveloppement rural hlogiquement et socialement faqonnCe par le niveau de leur revenu et de leur durable. Pour notre part, la Banque mondiale et au patrimoine, seront considkds comme des chefs GCRAI,nous auvrerons au maximum de nos d'entreprise douCs de bon sens, qui cherchent a possibilitis dans l'optique de la reduction de la atteindre plusieurs objectifs - tels que le pauvretk et de la faim en milieu rural et en vue de renforcement de la &curit6 alimentaire, contribuer A I'instauration d'un d6veloppement rural l'augmentation des revenus et la diminution des participatif, dans un contexte de protection des risques-dans le contexte de multiplescontraintes. Ils ressources naturelles et de I'environnement. ont, par consequent, besoin qu'on leur offredes choix et qu'on les encourage a innover et A exp6rimenter Ismail Serageldin plut6t que d'etre poussks a adopter des technologies Vice-Pre'sidentcharge' desprogrammes spe'ciaux pdselectionn&s par les servicesde vulgarisation qui, et Prbsident du GCRAI souvent, manquent de connaissancesou de messages Banque mondiale prdcis. Selon toute probabilitk, les hausses de rendement soutenables viendront, pour l'essentiel, Ian Johnson des agricultews innovants, qui travaillent dans des Vice-Prisident cadres d'action dglementaire et des dispositifs Dtveloppement e'cologiquement institutionnels pdvoyant des mesures incitatives et socialement durable propres A instaurer un dkveloppement rural Banque mondiale Ccologiquementrationnel, te!les que l'utilisation plus Auteurs KYM ANDERSON SN\IJIVACOOKE Universityof Adelaide Banque mondiale Adelaide, Australia Washington, D.C. JACQUELINEA. ASHBY DEANCURRENT Center for Tropical Agriculture (CIAT) Tropical Agricultural Research Cali, Colombia and Higher Education Center (CATIE) Turrialba, Costa Rica HANS P. BINSWANGER Banque mondiale CORNELIS HAAN DE Washington, D.C. Banque mondiale Washington, D.C. HARVEYBLACKBURN Agricultural Research Service KLAUSDEININGER United States Department of Agriculture Banque mondiale Washington, D.C. Washington, D.C. DANIELW. BROMLEY JOHN FARRINGTON Universityof Wisconsin OverseasDevelopmentInstitute Madison London LYWNR. BROWN DOUGLASA. FORNO InternationalFood Policy Research Institute Banque mondiale Washington, D.C. Washington, D.C. ROLANDBUNCH ROBERTA V. GERPACIO Asociaci6n de Consejerospara una Agricultura University of California Sostenible,Ecol6gicay Humana (COSECHA) Davis Tegucigalpa, Honduras LAWRENCEHADDAD NEILBYRON International Food Policy Research Institute Center for InternationalForestryResearch (CIFOR)Washington, D.C. Bogor, Indonesia PETERHAZELL JULIANCALDECOTT International Food Policy Research Institute Consultant Washington, D.C. Salisbury,United Kingdom JOHNHEATH UJJAYANTCHAKRAVORTY Banque mondiale University of Hawaii and East-West Center Washington, D.C. Honolulu xii Auteurs STEMT. HOLDEN AGNESR. QUISUMBING Agricultural University of Norway International Food Policy Research Institute As Washington, D.C. STEENJOFFE HELLEMUNKRAVNBORG Consultant Center for Development Research Linton, Kent, United Kingdom Copenhagen, Denmark DAVIDKAIMOWITZ CARLOSREICHE Center for International Forestry Research (CIFOR) Interamerican Institute for Agricultural Bogor, Indonesia Cooperation (IICA) San Josk, Costa Rica EDWMB. KNAPP Center for Tropical Agriculture (CMT) SARASCHERR Cali, Colombia University of Maryland Washington, D.C. ERNST LUTZ Banque mondiale TJAARTW. SCHILLHORN VAN VEEN Washington, D.C. Banque mondiale Washington, D.C. ALEXANDERMCCALLA Banque mondiale NIGELSMITH Washington, D.C. University of Florida Gainesville RUTHMEMZEN-DICK International Food Policy Research Institute JITENDRASRIVASTAVA Washington, D.C. Banque mondiale Washington, D.C. DEEPANARAYAN Banque mondiale HENNINGSTEINFELD Washington, D.C. Organisation des Nations Unies pour 1'Alimentation et 1'Agriculture (FAO) STEFANOPAGIOLA Rome Banque mondiale Washington, D.C. WILLIAMSUNDERLIN Center for International Forestry Research (CIFOR) PRABHUL. PINGALI Bogor, Indonesia International Maize and Wheat Improvement Center (CIMMYT) GRAHAMTHIELE Mexico City, Mexico Programa de Investigacibn de la Papa (Potato Research Program; PROIMPA) JULESN. P m m Cochamba, Bolivia University of Essex DMAUMALI-DEININGER Colchester, United Kingdom Banque mondiale Washington, D.C. Remerciements Nous voudrions exprimer notre profonde gratitude fruit d'un effort volontaire qui decoule de leur au Fonds fiduciaire suisse pour les etudes, pour engagement personnel, en ce qui concerne le avoir bien voulu accepter de cofinancer la developpementrural. production de cette compilation. Nous remercions Nos remerciements vont egalement a Elizabeth particulikrement M. Paul Egger, Directeur du R. Forsyth, pour la mise en page et la correction, et Serviceagricole de 1'Agence suisse de cooperation a Nicolas Nianduillet de Symposia Consult a pour le developpement, qui a soutenu I'idee d'un Abidjanpour la traduction frangaise. volume sur le developpement rural durable et Nos sinceres remerciements a M. James apporte des conseils utiles. Wolfensohn, President de la Banque mondiale, Nous voudrions egalement remercier chacun pour son soutien a un regain d'interet pour le des auteurs de ce volume. Pour la plupart, c'est le secteur rural. Introduction Ernst Lutz, Hans P. Binswanger, Peter Hazel1 et Alexander McCalla Bien que le phknomkne d'urbanisation connaisse une arguments solides pour justifier l'idke qu'un bon extension rapide, c'est dans les mnes rurales que cadre d'orientation politique est une condition resident toujours la plupart des pauvres. Aussi, toute prkalable a la rialisation d'un developpement rural personne qui se soucie du sort des pauwes, doitelle durable.Nous commenpns par un chapitre de k l l vivement s'intkresser A la question du developpement et Lut. (chapitre 2) qui definissent le contour du nual. Une deuxikme raison qui justifie I'importance concept de durabilitk, passent en revue les problkmes qu'il convient d'attacher nkessairement au monde de ressources et de c o b estimatifs indicatifi. Ils ruralest le grand defi auquel sont confront& les pays dkrivent, dans les grandes lignes, I'angle sous lequel en dkveloppement, 21 savoir, satisfaire les besoins il convient d'aborder ces problbmes.Dans le chapitre nutritiomelsde leurspopulations en augmentation. 3, Heath et Binswanger montrent comment la Les hausses de production enregistrks ces dkgraclation des ressources naturelles peut souvent dernikres decennies ont kt6 importantes du fait de btre la conshuence des politiques rnises en aeuvre. I'extension des superficies cultivh d'une part et du Aussi, phnisent-ils que la prioriti soit accord& h relkvement de la productivite d'autre part. Toutefois, la correction des distorsions dans les politiques pour les epiphknomknesnkgatifs qui s'y rattachenttels que aboutir A de meilleures incitations propices 21 une le ddboisement, la dksertification et la salinisation croissance plus forte, et pour des raisons ecologiques peuvent porter un coup dur A la capacite A produire dans d'autres cas. Au chapitre 4, Pretty fait une des quantites croissantes de d e d e s alimentaires 21 analyse plus detaillee de ce que peut ttre un cadre I'avenir. 11 va sans dire qu'il est nkessaire de d'action 21 mbme de favoriser un developpement privilkgier davantage le relkvement du niveau de la agricole durable. I1 soutient que, face 21 la diversite productivite, tout en Bvitant de porter prejudice au des situations, I'on ne peut pas imposer un modkle patrimoine nature1 et A I'environnement. Le pesent universe1; il montre plut6t la n k s i t k de rendre document est compose de chapitres qui donnent un viable le processus social d'innovation. Au chapitre resume des nisultats de la recherche appliquke 5, Holden et Binswanger analysent dans le detail les entreprisepour trouver les voies et moyens de relever conclusions des rtkentes etudes sur le processus de cedefi. prise de decision des petits exploitants agricoles Nous avons regroupi les chapitres en trois confrontis aux imperfections du march6 et aux categories dont la prernikre traite des perspectives risques encourus et ils eminent les implications des politiques, la seconde des perspectives politiques de developpernent rural durable. La institutionnelles et sociales et la troisikme du libkrdisation des khanges fait partie du processus dkveloppement rural, surtout d'un point de vue d'amklioration du cadre ghiral des incitations. Au technique. En rialid, les trois categories sont chapitre 6, Anderson en examine les impacts imbriquees. Chacune s'ouvre sur une introduction et Bconomiques et environnementaux. Au chapitre 7, un ksumC. Bromley fait ressortir les importantes lepns tir&s & Les chapitres de la premikre partie eminent les ces etudes et de I'expkrience des projets traitant des perspectives politiques et montrent qu'il y a des dgimes fonciers et du dkveloppement durable et en 2 Introduction evalue les implications politiques. Ce chapitre traiter la problematique hommefemme en vue de tmuverait egalement sa place dans la dewrieme daliser une productiviteet un bien-2tre amelioks. Partie. Un chapitre plutdt court, par Hazel1 (chapitre La troisikme partie du document traite d'un 8)' sert de conclusion a la premiere parhe. 11 est trop certain nombre de questions, principalement d'un court pour constituer tout seul un chapitre, mais il angle technique, tout en demontmnt egalement donne un dsume de la premibre Partie en analysant I'importance d'un bon cadre politique et les principales composantes des politiques de institutionnel.Elleouvresur lechapitre 16par Lutzet developpement rural durable en termes de croissance, al qui traitent de la preservation des sols du point de d'dquite, de pauvretk et de phupations vue des paysans. Les auteurs militent en faveur d'un environnementales. travail plus empirique qui evalue le rapport coat- Les chapitres de la deuxibme Partie traitent du efficacitk des mesures de pdservation des sols plutdt developpement rural, principalement des points de qu'une approchethbrique. Srivastavaet a1(chapitre vue institutionnel et social. On y fait valou que le 17)examinent I'importance que la pkservation de la developpernent rural durable doit 2tre participatif et diversite biologique repdsente pour le dknbalid et tenir compte de la problematique developpement agricole et propose les voies et homme/femme (concernant la productivitk et autres moyens pour int6grer l'agrobiodiversith dans le aspects) et ne doit pas negliger des questions aussi developpement agricole. L'utilisation abusive et sensiblesque la dforme agraire. Narayan (chapitre9) dkmesurde des pesticides a &tiune source importante etudie dans les grandes lignes ce que peut 2tre le d'impacts environnementaux ndgatifs lib au developpement rural durable participatif et ce qu'a relkvement du niveau des rendements. Schillhom et kt6 I'expdrience du projet. Les principes qu'elle al au chapitre 18et Pingali et Gerpacioau chapitre 19 &once sont illustr6s et appliques a la gestion des traitent de la maniere de renforcer la lutte bassins versants par Ashby et al au chapitre 10. De antiparasitaire a travers une lutte intkgde et une m2me, Farrington et Thiele (chapitre 11) eminent utilisation minimale des pesticides. L'utilisation ce a quoi ressemblent les approches participatives abusive de l'eau &irrigation et un drainage locales a la cdation et a la diffusion des technologies insuffisant ont provoque des problemes de saturation et comment on peut les renforcer. Au chapitre 12, en eau et de salinit6 dans plusieurs kgions de la Bunch applique les principes de large participation a planete. Au chapitre 20, Chakravorty demontre que un systemedevulgarisationnovateur. Au chapitre 13, les approches dictkes par le march6 et englobant Deininger explique le fondement d'une dforme I'ensemble du bassin versant permettraient une foncibre dictke par le marche ou ctnkgocik~et utilisation plus optimale de I'eau de plus en plus rare. donne les exp6riences rklles de la Colombie, du Une appmhe globale des interactions Mtail- B&sil et de l'Afiique du Sud. Au chapitre 14, envuonnement est pdsentk par Steinfeld et a1 au Caldecot et Lutz analysent les tendances a la chapitre 21. Kainmowitz et a1 eminent au chapitre dkcentralisation dans les pays en developpement et 22 les moyens pouvant aider a faire la distinction leurs implications sur la pdservation de la diversit6 entre un deboisement approprik et un dkboisement biologique et,en particulier, les conditionsauxquelles non indiqueet nous disent comment limiter le demier un certain degk de dkntralisation p o d t soutenir typede dkboisement. Current et a1tirent, au chapitre les efforts de pkservation. La deuxibme Partie 23, les enseignementsdes projets d'agroforesterie en s'acheve sur un e m e n de la recherche appliqube Amdrique centrale et dans les Carai%es. Nous menee par Quisurnbing et a1 (chapitre 15). Cet pdsentons les conclusions de I'ensemble du e m e n montre combien il est important de bien documentdans la quatrikmePartie. ~ t u dprospective despolitiques e On trouve dans cette partie du document des l'elaboration de bonnes regles d'incitations chapitres qui traitent principalement des perspectives permettantd'intemaliser les cofits extemes. d'Cvolution des politiques, mdme si, inevitablement, Malgre la grande diversite des conditions agro- il se pose des problemes institutionnels etant donne Ccologiques a travers les pays en developpement,les que les dispositifs politiques et institutionnels sont auteurs distinguent deux principaux types de systeme souvent imbriques. Ici, nous decrivons le contenu des du fait que les problemes ecologiques qui y sont chapitres de la premiere partie en guise de fil associes sont totalement differents. L 'agriculture conducteur pour le lecteur et nous y resumons les irrigue'e a connu un rel6vement rapide du niveau de points clestraites par les differentsauteurs. sa productivitk en raison d'une utilisation plus forte S'inspirant des nombreuses definitions possibles des intrants modemesy compris l'eau d'imgation, les du developpement durable, Hazel1 et Lutz varietds a haut rendement, les engrais, les pesticides definissent, au chapitre 2, le developpement agricole et la mecanisation. Les probkmes sont durable en termes de revenus agricoles particulibrement aigus lorsque des regimes traditionnellement mesures en comptes de revenus d'incitations peu adaptes favorisent une utilisation nationaux rajustks pour tenir compte des abusive de ces intrants. A l'inverse, le principal changements d a s la valeur du stock du capital problbme de I 'agricultureplwiale est la destruction compose des ressources naturelles, des ressources des ressources. creees par I'homme et du capital humain. Selon leur En I'absence d'une estimation d'ensemble des definition de la durabilite, le capital peut evoluer cofits de la degradation des ressources associkes a d'une categorie vers une autre, meme si le total reste l'agriculture dans les pays en developpement, les constant. Cela ne les empgche pas de recomaitre auteurs proposent des coas estimatifs indicatifs du qu'il peut y avoir Cgalement des niveaux critiques deboisement, de la rarkfaction de l'eau, de la pour chaque type de capital (tel que les tkosyst&mes saturation en eau et de la salinisation, du critiques) audela desquels un capital donne ne peut dkperissement des stocks halieutiques, de la faire l'objet de substitution. Le chapitre passe en dkgradationdes sols,des effetssanitaireset des pertes revue les questions concemant les extemalites, les de la diversite biologique. 11s analysent ensuite les techniques d'evaluation de l'environnement et options politiques, institutionnelles et techniques 4 Premidre Partie :Etude prospective des politiques susceptibles de kduire ces coiits et s'attardent Si a cause de regimes politiques inadaptes, ces particulierement sur les facteurs qui foment le conditions ne sont pas remplies, les paysans systeme des incitationsglobalesdestintes a la gestion appauvris sont alors fords de saper les ressources des ressources naturelles, c'est a dire les prix et les foncieres plut6t que de les valoriser. Une telle subventions, les interventions hors prix, les situation est particulierement dommageablequand les extemalites, l'infomation, la rkduction de la pauvretd paysans n'ont acces qu'aux terres marginales ou aux a tmvers les investissementsdans les zones pauvres zones p6riphCriques des for6ts tropicales humides. en ressources, les droits de propriete, les coiits des Tout en discutant l'importance des politiques actions collectives, la conception de technologies et agricoles, les auteurs mettent egalement en exergue la recherche. 11s arrivent a la conclusion que les celle de bonnes infrastructures (liees aux conditions problemes environnementauxne sont pas une fatal& d'acds aux marches de Boserup), de l'kducation (en like a I'expansion agricole. 11s sont plut6t la particulier des filles), de la sante et de la stabilite consequence de systemes d'incitations inad&p~ates, macro-konomique. de I'insufisance des investissements dans les zones Utilisant les recentes etudes portant sur le district pauvres en ressources, du peu de cas fait des de Machakos au Kenya et la &gradation des sols en questions de pauvrete et des problemes sociaux, et ~thio~ie,les auteurs demontrent que les effets des systemes d'economie politique oh les nantis et les Boserup dependent du cadre politique qui determine privilCgiesont des situationsde rentes. les motivations d'investir des paysans. 11s analysent Au chapitre 3, Heath et Binswanger soutiennent egalement la croissance, l'utilisation des terres et de que le ralentissementde la croissancedemographique la main-d'ceuvre et la degradation des ressources et l'aide aux agriculteursconfrontes a des problbmes naturellesmarginales dans I'agriculture colombienne. de gestion des ressources apparaissent comme une Heath et Binswanger reconnaissent que nhssite urgente dans plusieurs pays. Mais ils l'elimination des politiques defavorables et des demontrent Cgalement que I'elimination des privileges des elites rurales qui rkduisent I'efficacitd politiques dCfavorables doit occuper une place plus et accroissent la pauvrete ainsi que la degradationdes importante dans la hierarchic des besoins parce que ressources n'est pas une tiiche aisk. Ces politiques ces politiques puvenq tout comrne leur commune ne sont pas le fruit du hasard, mais plut6t le resultat comkquence, kduire l'efficacite konomique, d'une evolution historique impliquant une accroitre la pauvrete et provoquer la degradation du negotiation permanente entre des groupes patrimoine naturel. EIles ont egalement tendance a politiquement puissants qui dkfendent le maintien favoriser la modemisation des grandes exploitations peqktuel de leurs intedts personnels. L'analyse des agricoles au detriment des exploitations farniliales conwuences communes des politiques peut plus eficientes et a forte intensite de main-d'ceuvre. contribuer a ['effort de kforme, mais cela ne sera Leur suppression serait par consequent profitable sur probablement pas sufisant.Les paysans ont un faible tous les plans, et creerait une situation oh les m6mes potentiel d'action collective et il importe de prendre changements de politique pourraient deboucher sur des mesures visant leur plus grande implication dans une croissance plus forte, une attenuation de la I'elaboration des politiques. Tant que certains acteurs pauvrete et une gestion plus durable des ressources politiques clairvoyants ne comprendront pas naturelles. I'importance d'une implicationplus forte des paysans Heath et Binswanger partent de I'analyse de dans Le processus politique, les reformes politiqueset l'hypothbse de Boserup qui pense que dans un foncierescontinuerontde se faire a un rythrne lent. contexte approprik, un niveau de population plus Au chapitre 4, Jules Pretty se fait l'avocat de eleve et un a d s accru au marche peuvent plut6t I'intensification durable de I'agriculture. I1 decrit cinq deboucher sur une amelioration des ressources groupes de personnes ayant des visions divergentes naturelles que sur Leur degradation.11sfont remarquer de l'avenir du developpement agricole: les que les effets de l'hypothese de Boserup ne coulent optimistes inveteres, les tenants du pessirnisme pas de source, loin s'en faut. Ces effets sont plut6t le ecologique, les defenseursdes pays industrialisb, les ksultat de dkisions d'investissements prises par les nouveaux modemistes et les avocats de paysans a qui il faut un regime d'incitations I'intensification durable de l'agriculture. Tenant de la favorables, I'acces a la terre, a I'eau et aux marches. these du demier groupe, Pretty demontre qu'une Premisre Partie :Etude prospective despolitiques 5 agriculture regendratrice a faible niveau d'intrants parce qu'ils tirent leurs moyens de subsistance (mais pas nkessairement a niveau &m d'intrant) directement de I'utilisation des terres (sols et peut Ctre tres productive si les paysans participent vegetations). Le fait que les petits exploitants pleinement a toutes les phases du developpement et agricoles soient a la fois des producteurs et des de la vulgarisation technologique. I1 soutient consommateurs complique davantage la situation, egalement que la productivite des terres agricoles et surtout, lorsque, a cause des imperfections du pastorales est tributaire autant des compktenceset du march4 on ne peut pas dissocier les decisions de genie hurnains que des processus biologiques et production de celles de consommation. Cette physiques. Ce type d'agricultm cherche a integrer indissociabilite implique que les besoins de I'utilisation d'une large palette de techniques de lutte consommation et la distribution du patrimoine contre les parasites, de gestion des elements peuvent avoir un enorme impact sur les decisions de fertilisants, des sols et de I'eau. I1 vise Cgalement a production, et partant, sur la gestion des ressources creer une grande diversite d'unites de production sur naturelles. les exploitations agricoles, de sorte que les sous- Bien que les petits exploitantsagricolestendent a produits ou les dechets d'une filiere ou d'une unite n'stre que partiellement integds dans les marches, ils soient les matieres premihres d'une autre, permettant n'en sontpas moins affectCspar les imperfectionsdes ainsi d'attenuer les. effets negatifs sur marches, telles que I'absence de marchC, I'absence I'environnement. partielle de marche (rationnement, saisonnalite), Pretty souligne combien il est importantde ne pas I'insuffisance des marches (concurrence imparfaite) prescrire un ensemble fixe de technologies, de et I'imbrication des marches. Les risques covariants, pratiques ou de politiques car on doit encourager et les informations asymetriques et les coiits des autoriser les paysans et les communautes a changer transactions constituent les causes des imperfections au rythme des changements des conditions et des les plus kpandues. Ces imperfections sont davantage connaissances. Pour Pretty, une agriculture durable exacerhs dans les zones de faible densite de n'est donc pas un simple modble a imposer; c'est population ou les gens tirent leurs moyens de davantage un processus d'apprentissage, point de subsistancede terres marginales. vue Cgalement partage par Bunch (chapitre 12). Ce Les petits exploitants agricoles sont assez qu'il faut rendre durable, c'est le processus social rationnels et tiennent compte des mutations d'innovation lui-msme, ce qui suppose donc une manifestks dans I'ensemble des contraintes et des capacite renfode d'adaptation aux changements opportunites qu'ils ont en face d'eux. Neanmoins, on inattenduset aux incertitudes qui surgissent.Une telle ne peut exclure les facteurs d'inefficacite resultant innovation requiert un cadre politique favorable. A deskonomies d'echelle, de la pauvretk,de la penurie cet egard, Pretty reconnait que, dans la pratique, la des moyens de subsistance,de I'inCgalitk d'acces au politique est le ksultat net des actions de differents edit et aux marches et des differentes politiques groupes de pression tirant dans des directions contrairesaux interts des petits agriculteurs.Ainsi, il complementaireset opposees,rendant souvent I'issue est possible que les petits exploitants agricolessoient incertaine. trop pauvres pour stre efficacesdu point de vue de la Au chapitre 5, Holden et Binswanger analysent societe. Ces inefficacites peuvent Cgalement les prises de dkisions des petits exploitantsagricoles debaucher sur des sous-investissements dans la dans le contexte des marches imparfaits et ses preservation. implications sur I'efficacitk et la gestion durable des Les imperfections des marches causent ressources naturelles. 11s soulignent la grande et probablement plus de tort aux petits exploitants l'urgente nkcessite de mettre au point de nouvelles agricolespauvres qu'aux grands exploitantsagricoles politiques visant a encourager le developpement rural riches. En effet, la probabilitd d'2e par exemple durable ; pour y parvenir, ces politiques doivent se exclusdes marches du trait est plus Clevk pour les b&ir sur le socle de la connaissance du contexte des paysans pauvres qui ont plus de dificultk a s'assurer prises de dkisions et des comportements des petits une consommation reguliere (strategies de survie). exploitantsagricoles. C'est la raison pour laquelle les menages les plus Les petits exploitants agricoles constituent un wlnerables sont davantage enclins a diversifier leur important lien entre l'konomie et l'environnement production. Leur situationconstitueraitdonc un motif 6 Premi2re Partie :Etude prospective despolitiques suffisant d'intervention au nom de I'efficacitk et de la demiere dhnnie, on a commend enfm a s'attaquer justice sociale. Le renforcement possible de la drieusement, a I'echelle mondiale, aux distorsionsen corklation entre la pauvrete et la degradation matibre d'incitations a produire dans le secteur environnementale justifie encore plus la nhssite agricole. La croissance sur longue p6riode dans le d'une interventionjudicieuse. contexte d'une agriculture protegh dans les pays a Selon Holden et Binswanger, la croissance revenus eleves, s'est ralentie, tandis que la lourde ddmographique peut stimuler une intensification taxation directe et indirecte de I'agriculture a ete durable dans certaines conditions, alors que dans reduite dans bon nombre de pays a faiblesrevenus. d'autres conditions, elle peut provoquer la Anderson examine la p ~ c u p a t i o nselon laquelle degradation des terres. Ils pensent que les dgimes la libkralisation des khanges des produits agricoles d'incitations et la maniere dont ils sont affectes par dans les pays industrialises pourrait avoir des effets les politiques determinent largement la dponse a la negatifs sur le monde rural et le milieu naturel, sur la question de savoir si les petits exploitants agricoles base des ressources agricoles et sur la dcurite sont capables de choisir un mode de developpement alimentaire. I1 se dit, quant a lui, convaincu que durable orient6 vers I'amdlioration de leur bien-etre l'elimination des distorsions commerciales ou s'ils sont obliges de pencher pour un mode de stimulerait le biendtre knomique dans la quasi- developpement non durable et pdjudiciable a leurs totalite des cas. Concemant la reforme de la politique conditionsde vie. agricole, elle ameliorerait egalement l'environnement En Afiique principalementou les politiques mises en general dans bon nombre de cas. Si tel n'est pas le en aeuvre par les pouvoirs publics ont Ctk tres cas, il faut en dauire que c'est parce que les pouvoirs defavorables et dans d'autres regions caracterisks publics n'ont pas mis en place une bonne politique par une faible integration aux marches, les petits environnementale. Anderson demontre Cgalement exploitants agricoles semblent deteriorer leur que plusieurs developpements politiques peuvent environnement parce que la croissance avoir des effets negatifs sur l'environnement, meme dhographique entralne un morcellement des m s si l'impact net sur le bienltre est positif. Par terres et debouche sur une intensification non durable conskquent, il seraitn b s a i r e d'essayer, par tous les due a la stagnation technologique. Ces zones rurales moyens, de quantifier les changements hlogiques semblent etre prises dans le cercle vicieux de la pouvant dsulter des reformes d'ordre commercial et pauvrete semblable a un scenario nio-malthusien. konomique. Elles repdsentent pour le monde en developpement, Parmi les pdoccupations on note Cgalement la I'un des defis les plus importants. L'effet conjugue crainte de la communautk des donateurs que la d'une innovation technologique et institutionnelle et duction de I'aide publique au secteur agricole dans d'une stabilite macro-economique semble etre la les pays a revenus ClevCs ne contribue a rkduire le meilleure voie pour passer d'un mode de financement des programmes d'aide au developpement malthusien a un mode de dkveloppement agricole, y compris la recherche developpement Boserupien. La recherche et la agricole internationale.A cejour, les concepteurs de vulgarisation agricoles, le developpement des l'hnomie statique comparative ont tenu tks peu infrastructures, l'aucation de base et la planification compte de ces effets environnementaux ou de familiale sont, tout cornme les politiques foncieres et recherche/dkveloppementresultantdes dformes. autres, des facteurs v i t m pour securiser les moyens Le chapitre 6 examine ensuite les consiquences, de subsistance. sur le plan des incitationsa investir dans la recherche Compte tenu de la complexite de ces questions, agricole, de l'dimination unilaterale des politiques Holden et Binswanger preconisentune strategie axee qui maintiennent a des niveaux artificiellement bas sur des projets pilotes et une conception flexible des sur le march6 national les prix des produits projets accompagnk d'un suivi et d'une evaluation alimentaires. Lorsque les prix des produits systematiques. Une telle approche permettrait un alimentaires sont ClevCs, le coGt pour apprentissage maximum, des corrections et le I'environnement, en termes de degradation des passage aux etapes sup6rieures a mesure que les gens ressources naturelles du secteur agricole, genere pix prennent de I'assurance. la non duction des distorsionsdes prix des produits Au chapitre 6, Anderson note que durant la chimiqueset de I'eau d'imgation, est plus eleve qu'il Premidre Purtie : Etude prospective des politiques 7 ne le serait si les prix des produits, et partant, des Bromley propose aux experts en developpement intrants etaientplus bas. Une autre consequence, c'est essentiellement neuf enseignements. Le premier est qu'a I'avenir, l'investissement dans la recherche assez evident, mais il merite d'6tre consigne. Les agricolerapportera plus aux pays en developpement a rkgimes de proprie'te' jbnt partie intkgrante de la cause de ces prix plus eleves. La contribution des structure instilutionnelle dans son ensemble. IRS centres intemationaux de recherche agricole y sera regimes de proprikte sont les attributs structurels plus importante. Tant que les reformes des pays en d'une economie qui donnent aux agents des terres de developpement comporteront non seulement une leur choix a mettre en valeur; les regimes de hausse des prix des produits agricoles mais aussi des propriete doivent Ctre consideres comme des intrants chimiques et de I'eau, les EnCfices tires des arrangements sociaux dont l'essence et I'existence technologies de pointe respectueuses de sont anterieures a ce qui est generalement considere I'environnement seront particulierement eleves par comme cr comportement economique)). D'un point rapport a celles qui utilisent des quantitks importantes de vue logique et social, il faut les considerercomme de produits chimiqueset d'eau. des manifestations anterieures aux comportements Anderson souhaite que les groupes ecologistes economiques que nous essayons d'analyser et fassent pression sur l'organisation mondiale du d'expliquer. commerce pour l'amener a inscrire la question de la Tout re'gimedepropriete a besoin d'uneIe'gitimite' correlation entre le commerce et l'environnement extkrieure. Avoir un droit de propriete c'est savoir c o m e point prioritaire de I'ordre du jour de ses que I'autorite vous defendra contre le comportement prochaines negociations.I1 est trop t6t pour savoir la predateur des autres. La degradation des ressources forme que cela prendra, mais, il est peu probable que naturelles survient souvent suite a une rupture de ces negociations aboutissent a un accord ailant l'autorite sur les ressources a cause d'un conflit jusqu'a permettre aux tats d'utiliser des mesures interne ou d'une intrusion dans le domaine par des commerciales a I'encontre des nations ayant des personnes exterieures. politiques environnementales moins strictes. MCme Les rkgimes de droit ambip ont zme eficucitk et les appels en faveur d'une evaluation de l'impact des conskquences ambigues au niveau de la environnemental des accords negocies en matihe de distribution des ressources. L'ambigui'te concernant reduction des restrictionscommercialessemblent peu certaines ressources generalement rares peut pratiques ; en effet, si une telle evaluation devait fonctionner au profit des pauvres. Cependant, lorsque debouches sur des modifications, tout I'accord les projets de developpement contribuent a accroitre pourrait 6tre compromis.La probabilite de tels appels les revenus tires des ressources naturelles sur se reduira toutefois a mesure qu'un plus grand lesquelles les droits etaient ambigus, alors des nombre de recherches empiriques demontrent que la individus localement puissants cherchent likralisation des echanges n'entraine pas les generalement un moyen de s'approprier au moins une cons4uences ecologiques negatives significatives partie, sinon la totalite de ces nouvelles sources de prevues. revenus. Au chapitre 7, Bromley examine les relations de I1faut dkterminer les relations de proprikte' avant proprietk dans le cadre des efforts de developpement. I 'exicutiondes projets de dkveloppement. En regle A en croire sa these, les relations de propriete sont le generale, les projets sont implant& dans des zones socle du developpement,pace qu'elles lient les gens pauvres, justifiant precisement I'aide exterieure en les uns aux autres par rapport aux terres et aux raison de l'incoherence et du caractere litigieux des ressources naturelles y afferentes. Les relations de dispositifs institutionnels locaua parmi lesquels les propriete sont ainsi de simples dispositifs de contrat relations de propriete ont une importance capitale. social au sein d'un groupe de personnes, pour regir Par cons+uent, chaqueaction de developpementdoit les relations des individus et du groupe par rapport 6tre precedee par un effort concerte visant a assurer aux objets et aux situations ayant un interCt pour les que les dispositifs institutionnels ont ete transformes membres de la communaute. Les projets de pour garantir que les avantages aillent aux developpement connaissent souvent un succes limite beneficiaires cibles. precisement parce que les relations de propriete ont La dkgradationdes ressources est la conse'quence ete ignoreesou ma1 comprises. de probl2mt.s qui son1 ante'rieurs a m rkgimes de 8 Premi2re Partie :Etude prospective despolitiques propriktk. Les problemes de degradation de en particulier. ressources les plus graves se rencontrent dans les Au chapitre 8, Hazell affme que les activites de situations ou I'acces aux ressources est libre et ou il developpement agricole doivent contribuer n'existe aucun droit de proprietk. Mais ces situations simultanement B atteindre quatre principaux elles-mCmes, sont les manifestations de problemes objectifs: la croissance, la riduction de la pauvrete, institutionnelsplus vastes dont un seul peut Ctre lieau la skurite alimentaire et une gestion durable des regimede proprietk particulieren place. ressources naturelles. L'expkrience montre qu'il peut La grande varie'tk des syst2meskcologiques exige y avoir une grande complementarite entre ces quatre des institutions et des actions souples Les cadres objectifs si le developpement agricole (a) repose sur blogiques e s variables requikrent des regimes de une largebase et couwe les exploitationsagricolesde propriete qui permettent des adaptations rapides et petite et moyenne taille, (b) s'il est dictk par le peu cofiteusesaux nouveaux contextes. Du fait de sa marche, (c), s'il est participatif et dkntralise, et (d) mobilite, le Mtail permet cette souplesse que la terre, s'il est induit par les mutationstechnologiques vimt qui est immobile,est loin de pouvoir egaler. le relevement du niveau de la productivitk sans La de'gradation des ressowces est fonction des compromettre la base desressources. contextes. Une fois que nous admettons que la Quand on remonte en arriere dans les annks signification sociale et economique de divers cinquante et soixante, on voit que les experts en patrimoines est differente d'une situation ecologique developpement agricole avaient tendance a et sociale a une autre, il s'en suit automatiquement privilegier la croissance agricole, et les leqons tirdes que le sens social et economique des ressources est de leur expkrience peuvent se ksumer comme etant egalementdifferent. les cinq ( I s de l'agriculture : innovation, La skcwitk foncikre est indhpensable a la infrastructures, intrants, institutionset incitations.On rentabilitk des investissernents mais un titre, en tant a plus tard dali& qu'il &ait necessaire que les que tel, n 'estjm nkcessaire. La skuritC fonciereest pouvoirs publics assurent la promotion du rdle du nkssaire pour l'investissement sur une terre donntk secteur prive dans la production et la ou pour la gestion prudente des terres et des commercialisation des produits agricoles ainsi que la ressources naturelles qui y sont liks. L'affirmation prestationdes services. contraire, a savoir que I'investissement sur une teme Dans les annks soixante-dix et quatre-vingt, la est une condition necessaire pour skuriser le titre de lutte contre la pauvrett et I'indcurit6 alimentaireet le proprietk surcetteterre est Cgalementvraie. renforcement de la croissance sont devenus la La mobilaation des intkrGts locatcx peut vocation premiere du developpement agricole. Les contribuer a amplijer les chances de succ2s du lqons que l'on retient ,de cette pkriode peuvent se programme. Concemant les projets relatifs aux dsumer comme suit: (a) il est nkessaire de ressources, il y a une prise de conscience promouvoir un developpement agricole largement grandissank que la prbervationpar le's ((collectivitks participatif, (b) la participation des parties prenantes locales)) est une innovation majeure qui c& les touchkes est essentielle, (c) les rdfomes foncibres conditions approprides pour assurer la pkrennite des seront probablement necessaires, (d) les ressources naturelles ainsi que le maintien de investissements dans le capital humain est I'engagement local en faveur de cette Nrennite. fondarnental, (e) il est indispensable de tenir compte Mais, I'appropriation par les populations locales de des prkcupations des femes, et (0 il importe de ressources donnks peut certes dsoudre I'essentiel promouvoir l'dconomie ruralenon agricole. des problemes d'incitation, mais ces arrangements La nouvelle priorite accord& a la durabilite de ont besoin d'etre contrdlespar une autorite plus haut I'environnement dont l'emergence remonte aux PI&, si ces ressources pdsentent un interetnational a n n h quatrevingt-dix n'exclut pas le nkssaire ou international ou si des facteurs extemes sont en maintien de la contribution de I'agriculture a la jeu. croissance, a la lutte contre la pauvrete et au Au chapitre 7, Bromley soutient essentiellement renforcement de la skurite alimentaire. La seule que les dsultats des activites de developpement difference c'est qu'il est maintenant demand6 au dkpndent fondamentalement des dispositifs secteur agricole de realiser ces objectifs avec des institutionnels en general et des relations de propriete moyens qui ne detruisent pas I'environnement. Premitre Partie :Etudeprospective despolitiques 9 Hazell soutient que deux types de problemes Dans I'ensemble, ce que I'on peut retenir de la environnementaux diarnCtralement oppoks sont Partie sur les perspectives politiques, c'est que des associb a I'agriculture. Le premier type se rencontre avanks notables vers la durabiliti sont possibles. dans les sysemes agricoles intensifs et est liC a la Mais des politiques et des institutions appropriks mauvaise utilisation des facteurs de production sont de toute Cvidence un pkalable. Elles sont modernes (eau d'irrigation, engrais, pesticides). Le importantes pour assurer la croissance, I'CgalitC et second concerne les systemesagricoles extensifset il prot6ger l'environnement ; elles sont Cgalement est lid a la croissance dCmographique rapide, a la indispensables pour trouver des solutions techniques pauvrete et au renforcement insuffisant de la appropriks. La question clC qui demeure en suspens productivitCpour pouvoir kpondre auxbesoins crois- est de savoir si le processus politique peut produire sants en nourriture et moyens de subsistance lespolitiqueset les institutionsrequises. (dCvelop$ au chapitre2). Intkgration des questions d 'environnementet de durabilite' dans lespolitiques de dkveloppement rural Peter Hazel1 et Ernst Lutz De nombrew pays en developpementont realis6, ces la croissancedemographiquea aggrave la pauvrete et demieres decennies, des taw de croissance la faim, induisant les paysans a etendre les cultures A impressionnants dans I'agriculture. L'Inde, par des zones moins propices, souvent fiagiles du point exemple, qui etait menacee par la faim et des famines de vue ecologique, c o m e les for&, les flancs de a grande echelle dans les annees 60 est devenue auto- colline et les marecages, et a reduire les periodes de sufisante pour les cultures vivrieres, bien que sa jacheres au point de degrader la fertiliti du sol. population ait plus que double. Mais, malgre cette Une croissanceagricolecontinue est une nkessite reussite, il subsiste de graves preoccupations pour et non un choix pour la plupart des pays en l'avenir. Tout d'abord, la faim et la malnutrition developpement. En outre, cette croissance doit se persistent dans de nombrew pays, souvent pare que rkliser sur une base durable pour ne pas les tendances passees de la croissance agricole n'ont compromettre la base des ressources naturelles, et pas sufisament profite aux pauvres. En deuxibme elle doit &re equitable si l'on veut qu'elle contribue a lieu, la demande agricole accompagnera la croissance la reduction de la pauvrete et de l'insecurite demographique et l'augmentation des revenus par alimentaire. Les politiques des gouvemements, le habitant, ce qui exigera a son tour une augmentation developpement institutiomel, la recherche agricole et continue de la productivite agricole. Pourtant, la les projets au niveau local, regional et national croissance des rendements semble se ralentir, alors doivent etre congus et executes en ayant ces objectifs que les perspectives d'expansion des zones cultivees presents a I'esprit. et irriguees sont limitees. En troisikme lieu, s'ils ne sont pas maitrises, les problemes d'enviromement Qu'est-ce que le dkeloppement agricole durable ? lies a l'agriculture pourraient compromettre les niveaux futurs de productivite agricole ainsi que la On peut donner plusieurs definitions differentes de la santeet le bien4tre des populations rurales. durabilite et du developpement agricole durable Dew types fondamentaw de problemes (Pezzey 1992). Au niveau conceptuel, celles qui sont d'environnement sont lies a I'agriculture. La plupart les plus pertinentes pour notre propos sont les des avancees en productivite se sont produites dans mesures du revenu agricole qui sont corrigees des les zones ago-ecologiques plus favorisees et se sont variations de la valeur du stock de capital, appuyees sur une utilisation intensive de I'eau spicialement la masse des ressources naturelles d'irrigation, des engrais, des pesticides, et d'autres utilisees dans la production agricole. C o m e le intrants modemes. Une agriculture reposant sur soutient Sir John Hicks, le revenu durable est la l'utilisation intensive de ces intrants est vouee A la valeur maximale qu'une persome ou une societk peut mauvaise gestion, qui entraine la degradation de consomrner pendant un temps dome et esperer l'envirormement (particulibrementlorsque le systeme encore 2tre aussi bien nantie a la fin de la periode d'incitations est inadapte). Toutefois, la oh les qu'a son debut (Hicks 1946, 172). En appliquant ce gouvemementsont neglige d'intensifier la production principe, on peut dire qu'un systeme agricole est agricole par l'utilisation de la technologie modeme, durable si le montant du revenu preleve pour la Peter Hazel1 et Ernst Lutz I 1 consommation chaque annee peut Ctre soutenu dans 1993, tableaux 1.2 et 1.3). A titre d'exemple, du fait le temps. Cela demandeque la valeur du capital ne se que certaines ressources sont renouvelables (les deprecie pas au fil du temps; il s'ensuit qu'il faut arbres, les elements fertilisants du sol) ou ont des mettre de c6te ou kserver de toute autre maniere substituts adequats (les arbres plantes sur les suffisamment de revenu pour compenser toute exploitations agricoles peuvent remplacer les arbres dkphiation ou toute perte de capital encourue dans des for6ts claires comme combustible ligneux), il le processus de production. A cette fin, le capital n'est pas n6cessaire de les preserver toutes a leurs s'entend de toutes les ressourcesnaturelles,humaines niveaux actuels ou a tout moment. Dans les cas et des biens produits par l'homme. d'habitats critiques neanmoins, les coots de la On fait une autre distinction entre faible et solide ddgmdation risquent d'Ctre si eleves que la durabilitk, la difference ksidant ici dans le fait de conversion a I'agriculture ne soit pas la meilleure savoir si la definition permet ou non de substituer dkision du point de'vue des inter& de la collectivite. diffdrentstypes de biens de capital. Dans le cas d'une Parvenir a la durabilitd agricole telle que defmie faible dmbilite, la substitution de differentes formes de la sorte souleve trois series de problemes. En de capital est permise, mais la valeur totale du capital premier lieu, a quel niveau de la societe doit-on doit rester intacte ou s'accroitre. Par contre, dans le mesurer les cofits et avantages Ccologiques? ~ t a n t cas d'une solide durabilitk, la substitution de donne que la degradation des ressources a souvent differentes formes de capital n'est pas permise, et un des repercussionsou des c o b indirectspour les non- effort est deploy6 pour maintenir constante la masse utilisateurs,(comme lorsque la degradation des zones de chaque forme de capital, y compris la valeur des de protection des bassins versants entraine ressources naturelles (Pearce, Markandya, and l'envasement des systemes d'irrigation en aval ou Barbier, 1989). Serageldin (1996) a suggdrd une lorsque la pollution de l'eau cause des problemes de definition de compromis appelk durabilitd sante partout dans les reseaux des bassins fluviaux), raisonnable. Elle permet des transformations de plus large est le sens donne au concept de societe, capital - i.e. de capital nature1en capital humain (par plus grands sont les cofits totaux pour l'kducation) ou en capital fait de main d'homme - I'environnement. Ainsi les niveaux de degradationde mais reconnait aussi qu'il peut exister pour chaque l'environnement susceptibles d'etre consideres type de capital des niveaux critiques au-delh desquels c o m e acceptables pour les paysans ou les peuvent surgir des prbccupations sur la possibilite collectivites rurales peuvent &tre inacceptables au de substitution'. Du fait que les limites exactes des niveau national ou internationalsi les cofits des effets seuilscritiquespour chaquetype ne sont pas connues, induits sont importants.L'inverse peut Ctre egalement (ti1 incombe A la personne senske de ne pas vrai : les ressources qui generent des retomMes s'aventurer hors de la zone de skuritC en epuisant les Mnefiques pour l'environnement peuvent Ctre sous- ressources (surtout le capital naturel))) (Serageldin, estimkes par les agriculteurs ou les collectivites 1996:8). locales, paxe que leurs avantages sont accapares au Les definitions faible)) et (( ((raisonnable)) de la niveau national ou international. Par exemple, les durabilitk ont I'avantage de ne pas laisser supposer un paysans peuvent transformer des pans excessifs de gel ou un maintien de toutes les ressources naturelles forCts parce qu'ils n'apprehendent pas toute la valeur aux niveaux existants. Plutbt, elles permettent des de l'impact de la for& sur le climat ou la protection compromis entre les objectifs de croissance et de de la diversite biologique. Manifestement, protection de l'environnement: les ressources lY6valuation de la dmbilite au niveau de peuvent etre degradkes ou epuiskes pour augmenter l'exploitation ou de la collectivit6n'est pas suffisante la production, si des investissements compensatoires face a d'importants facteurs extemes, et des sont faits sous d'autres formes de capital pour 6valuations regionales et nationales sont egalement soutenir le flux du revenu consommable a terme. Les nkssaires pour orienter les decisions des pouvoirs dkisions concernant la degradation ou I'epuisement publics. Des evaluations intemationalesou a l'echelle des ressources naturelles devraient donc dependre de planetaire sont 6galement necessaires lorsque la question de savoir si oui ou non les avantages d'importants facteurs externes sont en jeu (tels que sociaux qui en decoulent pour les utilisateurs sont l'impact de l'agriculture sur le changement du climat su@rieurs ou inferieurs aux coots sociaux (Turner mondial), meme si ces evaluations ne semblent pas I2 Intkgrationdes question.d'environnernent et de durabilitkdans lespolitiques de dheloppement rural opportunes pour les dkisions de chaque pays pris macro-kconomiques et sectorielles ont tendance a individuellement. offiir de meilleures mesures incitatives du point de Le deuxikme problkme conceme les mkthodes w e de I'environnement que des politiques entachks d'evaluation des coMs et des avantages pour de distorsions systkmatiques (Warford, Munasinghe l'environnement. Les techniques d'kvaluation et Cruz, 1997, et Lutz et Young, 1992). Les environnementale ont &k de plus en plus utilides subventions aux intrants agricoles tendent a Stre dans les ktudes empiriques au cows des dix ou vingt particulierement coClteuses sur le plan de I'efficacitk demikresannks. Les valeurs peuvent etre regroupies hnomique, des budgets publics, et de envaleurs d'usage direct, en valeurs d'usage indirect, I'environnement. (Banque mondiale, 1997,ch.4). en valeurs optionnelles et en valeurs existentielles. Les valeurs d'usage direct sont liQs a la production LespmbBmesenvimnnementauxdans eta la consommation alimentaires,a la biomasse, aux I'agriculture loisirs et a la santk. Les valeurs d'usage indirect sont liQs, par exemple, aux fonctions hlogiques, a la En depit de la diversitk considkrable des conditions lutte contre les inondations et a la protection contre agro-hlogiques dans le monde en dkveloppement,il les tomades.Les valeursoptionnelles sont associks a n'est pas sans intkst de faire la difference entre les la protection des ressources qui ont une valeur hture problemes environnementaux lies aux zones probable, mais incertaine, par exemple la d'agricuiture intensive irriguk, et ceux lies aux zones pksewation de la diversitk biologique. Enfin, les d'agriculture extensive pluviale. valeurs existentielles comprennent la valeur que les gens attribuent a la simple existence des ressources dont ils pourraient nejamais tirer de profits directs ou indirects (l'existence de parcs ou d'esptkes qu'ils ne La productivitk a connu la croissance la plus rapide pourront peut-Stre jamais visiter ou voir). D'une dans l'agriculture imguQ a cause d'une utilisation manikre gknkrale, plus les coclts et avantages sont accrue des intrants modemes : imgation, engrais, substantiels, plus fiables sont les estimations qui pesticides, variktks a haut rendement, et peuvent en Stre faites. Diverses m&odes ont ktk mdcanisation.Cependant, cette intensification a aussi mises au point pour kvaluer les coQts et avantages augmentk le risque d'une utilisation inconsidkke des environnementaux a utiliser dans les analyses des intrants modernes, surtout la ou les mesures projets et des politiques, ou dans la comptabilitk incitativessont inadaptks. environnementale(cf. par exempleDixon et al, 1992, Les principaux problemes environnementaux Lutz, 1993Lutz et Munasinghe, 1994, et Hamilton et associks a I'intensification dans les zones higuees Lutz, 1996). sontcommesuit (Pingali et Rosegrant, 1994): Les travaux d'ktude empirique, dans les pays en L'utilisation intensive de l'eau d'irrigation dans dkveloppernent, de la corr6lation de l'agriculture et les kgions a mauvais drainage peut entraher la de I'environnement, sont tks limitks. La cdation saturation du sol en eau et une remontk de la continue de bases de donnks et de methodes nappe phrhtique. Dans les zones arides et semi- pratiques d'kvaluation des coclts et avantages arides, ce phknomkne provoque a son tour la environnernentaux, aux niveaux de I'exploitation dinisation du sol. La dinisation Auit les agricole, de la collectivitk et de la nation, aura son rendements et peut a terme conduire a la dkprise importancepour conduire une analyse rigoureuse des agricole. politiques et des prioritk en matikre de recherche L'inondation permanente des rizieres et la agricole en w e de la promotion d'un dkveloppement monoculture du riz entrainent I'apparition de agricoledurable. carences en micronutriments et de la toxicite des Le troisieme problkme conceme I'ktude de sols, la formation de sols ksistants, et une m h i s m e s d'incitation susceptibles d'amener les dduction de la capacitkde charge en w t e du sol. agriculteurs et les collectivitks a prendre en compte Lestravaux de 1'Institut internationalde recherche d'importantes extemalitks dans leurs propres sur le riz montrent que les agriculteurs doivent dkisions de gestion des ressources. D'une manikre augmenter la quantitk d'engrais qu'ils utilisent gknkrale, on a constatk que de saines politiques d'annke en annk pour simplement maintenir les Peter Hazeif et Ernst Lutz 13 rendements au mCme niveau dans les rizieres de biologique, les changements climatiques et cultureintensive du paddy (Pingali, 1992). I'exposition des sols fragiles; L'utilisation excessive et inconsiderke des L7extension de I'agriculture sur les flancs des pesticides deteriore la qualite de l'eau, constitue collines, entrainant l'erosion des sols et les un risque pour la sante, et entrahe la dsistance inondationsdesplaines; des parasites aux pesticides. Les agriculteurs La degradation des zones de protection des peuvent tomber dans le cercle vicieux des bassins versants, avec pour corollaire pulverisations de plus en plus frequentes pour I'envasement en aval des barrages et des systemes garantir W7efficacitede la lutte phytosanitaire. d'imgation, et I'augmentation des inondations; La dkpendance accrue a 17egard de quelques Le raccourcissement des +rides dejachere avec varietks culturales soigneusement &lectiomks pour cons6quencela perte des nutriments du sol et accentue le risque de rduction de la diversite de la matiere organique, aboutissant a une baisse genktique et la vulnerabilite commune face aux des rendements ; mCmes risques lies aux parasites et a la variabilite L'augmentation de la pression sur les ressources climatique. Parfois, la meme varikte de blC ou de communautaires (fon2ts et @turages), avec riz a it6 semk sur des millions d'hectares de l'effondrement des institutions indigenes de terre, et un parasite ou une maladie uniques ont surveillance et de gestion de ces ressources, cause des pertes massives de rkolte. La perte de debouchant sur des dgirnes de libre accessibilite variktes traditiomelles rkduit egalement la gamme et de degradation des ressources; des genes disponibles en w e de la selection de La diminution de la resilience des kosystemes, plantes capables de resister a la mutation des qui rduit la capacite de kup6ration apt& les parasitesvkgetaux. pressions tellesque les skheresses. L7abusd'engrais et de pesticides est beaucoup L'agricultwepluviale moins courant dans 17agriculturepluviale, parce que les niveaux actuels d'utilisation sont encore bas. Les Dans de nombreuses zones de culture pluviale, la exceptions comprennent quelques cultures de rente a croissance demographique et la pauvrete entrahent forte valeur telles que le tabac et les legumes. En une degradation importante des ressources. I1 n'y a revanche I'utilisation insuffisante des engrais pour pas si longtemps, les ressources naturelles ktaient remplacer les nutriments du sol perdus par gkneralement abondantes dans ces regions, et, une 17augmentationdes cycles culturaux et la dduction fois utilisies, les paysans pouvaient laisser aux des griodes de jachere constitue un probleme plus ressources le temps de se reconstituer @ce a la prkcupant. rotation culturale et a la culture itinerante. En outre, une bonne partie des terres les plus fragiles n'etaient Lecoatdelad4gradationdesressources pas cultivees du tout. De nos jours, les terres de culture pluviale doivent fikquemment supporter des I1 est difficile d'evaluer la pleine mesure des densites de populations soit moyennes soit fortes, et prejudices que l'agriculture cause a I'environnement. fournir non seulement des quantites accrues de Nous tentons de rksumer ici des estimations nouniture, mais aussi des choses essentielles telles indicatives a partir de diverses etudes. Comme on le que le bois de feu, l'eau et les logements. En montrera dans cet ouvrage, plusieurs de ces c o b l'absence &augmentations suffisantes de la sont lies a la dkfaillance du marchi et des institutions productivitk agricole pour assurer leur subsistance, ainsi qu'a 17echecdes politiques les paysans rkduisent les jacheres nkssaires et gagnent dt: nouvelles terres, dont beaucoup sont Le dkboisement et la de'gradationdesforgts fragiles du point de vue environnemental et facilement degradees. Les problemes Selon I'Organisation des Nations Unies pour d'environnement lies a 17agriculture pluviale l'alimentation et I'agriculture, FAO), la deforestation comprennent(Scherr and Hazell, 1997): est la somme de toutes les transitions des classes de La conversion de forsts primaires a I'agriculture, for& naturelles (tant continues que fragment6es)' avec pour corrklaire la diminution de la diversite vers toutes les autres classes. Sur la base de cette ' 14 Inte!grationdes questions d hnvironnementet de durabilite'dans lespolitiques de dheloppement rural definition, la deforestation pendant la dkennie 1980 trouve le plus vaste reseau de distribution de surface a 1990 a atteint 8,2% en Asie, 6>1% en Amerique d'un seul tenant, on estime que 3'5 millions latine, et 4'8% en Afrique (cf. chapitre 22 de ce d'hectares (soit 25% des terres irriguks) sont volume). Ce phenomene ne peut Ctre entierement affectks par la saturation et la salinite, et 8% de ces attribue a la conversion des terres a I'agriculture. terres sont serieusement degradks (Pinstrup La degradation des for& represente une Andersen et Pandya-Lorch, 1994). Les effets diminution de la densite ou une augmentation de la prejudiciablessur la productivitedes culturespeuvent deterioration des classes de for&. MEme lorsque le Ctre considerables. Les rendements des principales deboisement semble peu important en tant que tel, la cultures dans les zones affectees d'~gypteet du degradation peut impliquer des pertes considerables Pakistan ont connu une baisse importante (Barghouti de produits forestiers et de services ecologiques, tels et Le Moigne, 1991). En outre, il y a aussi des que les kductions des bassinshydrographiqueset des impacts sociaux negatifs dus au fait que les riches services climatiques, la diminution de la diversite agnculteurs bkneficient generalement plus que les biologique, et des reservoirs de carbone. Du fait que pauvresdes subventionsrelatives a I'eau. les opkrateurs prives ne tiennent pas generalement compte de ces cofits dans les decisions d'abattage et ~ ~ i s e r n edest ressources halieutiques n de conversion des for& a l'agriculture, les taux d'kpuisement peuvent 6tre excessifs pour la Les proreines d'origine halieutique constituent une collectivite. partie importante du regime alimentaire dans de nombreux pays. La production de poissons par Rare'factionde 1hau, de'teriorationde la qualite'de I'aquaculture est en hausse, mais la production du l'eau.Saturationdusol en eau et salinisation secteur de la $the maritime semble plafonner aux alentours de 85 a 90 millions de tonnes. Les reserves L'eau est un bien economique vital qui commence halieutiques s'epuisent en raison de l'inefficacite de deja a manquer dans de nombreux pays. De plus, la la gestion des ressources communautaires. L'un des pknurie d'eau est souvent amplifik par les grands sujets de preoccupation est que dans de gaspillages, I'utilisation ineflicace et la pollution due nombreux pays, les gouvernements subventioment au deversementdes dkhets humains et animaux ainsi I'entretien de flottilles excessives de $the, ce qui que les polluants industriels. On estime qu'un encourage la surexploitation des ressources milliard de personnes nLontpas acds a une eau de halieutiques.Les estimationsdu total des subventions bonne qualite et paient un lourd tribut en termes de octroyks varient entre 11 et 54 milliards de dollars depenses pour la sante et de deck. L'agriculture est (Milazzo, 1997).Des pratiques de pkhe incontrijlees grande consommatriced'eau dans de nombreux pays et empreintes de gaspillage (notamment le rejet des en developpement et constitue un important facteur prises non desirees) ont epuisd les stocks maritimes, de deterioration de la qua1ite de I'eau. en eliminant des marches des espkces autrefois Les problemes d'eau sont en grande partie induits courantestelles que la morue et le fletan, menaqant la par les politiques: les taux de recouvrement des cofits surviede millionsde personnes. La pollution de l'eau dans l'irrigation sont dans l'ordre de 20 a 25% des affecteegalement la $the. coQts k l s , et les subventions coQtent aux gouvernementsquelque 20 milliards a 25 milliards de La de'gradationdes sols dollars chaque annee (de Moor et Calarni, 1997). L'electricite pour le pompage de I'eau est egalement Un sol de bonne qualite est un facteur de production subventionnee dans de nombreux pays. Ces essentiel dans I'agriculture, et le maintien de subventions encouragent une utilisation excessive et I'epaisseur et de la qualite du sol est importantpour la inefficiente de l'eau, ce qui non seulement accentue conservation de la productivite agricoledans I'avenir. les problemesde pknurie d'eau, mais aussi entraine la Les cofits de la degradation du sol peuvent se mesurer saturation du sol en eau et la salinisation des terres par la baisse des rendements ou, lorsque les paysans irriguees. En Chine, par exemple, la salinisation peuvent compenser cette degradation par uie affecte deja 23% de la superficie totale irriguee utilisation plus intensivede fumier et d'engrais, par la (Umali, 1993 - tableau 3.1). Au Pakistan, ou l'on hausse des coQtsde production. Ce qui par contre ne Peter Hazel1 et Ermt Lutz 15 peut se mesurer facilement, c'est la kduction de la constiquences au-dell des terres erodees. Certains de valeur du stock de ce capital naturel. Dans la mesure ces coats sontrelativement faciles a mesurer, tels que oh la rauction en valeur a un impact direct sur la les coats de dragage des canaux d'eau ou les coiits de production agricole future, la perte des rendements la duction des prises de poisson par suite de futurs peut se mesurer. Mais ce n'est pas uniquement I'augrnentation de la turbidite de I'eau. Dans d'autres la quantitk de sol erode qui explique les pertes futures cas, les coats sont plus occultes (tels que la de production ;la quantie (epaisseur)et la qualite du sedimentation des kservoirs utiliks pour sol qui reste, y compris le sol qui est depose dans I'hydr&lectricite ou l'inigation) ou ne sont pas d'autres aires utilisks pour I'agriculture, sont facilement chifibles (tels que les degits causes aux egalement importantes. D'autres facteurs importants k i f s de corail par les dep6tsde limon). qui ne sont generalement pas pris en compteaffectent En evaluant la dkprkiation d'un patrimoine aussi la productivite de I'agriculture (tels que le national -dans le cas pksent le patrimoine foncier - compactage du sol, le pH, et le contenu en matikre par la prise en compte des futurespertes de revenu, le organique). Les h d e s sur le terrain qui demontrent taw d'actualisation influence considerablement les les relationsentre les pertes de sol, la degradation, les rksultats rkls. Pour la nation dans son ensemble, et depdts et la productivite agricole dans les pays en s'agissant de la comptabilite du revenu national, il dkveloppement sont m s , et meme lorsque de telles convient de prendre comme hypothese des taux informations existent, on ne peut pas facilement en d'actualisation de 5 a 10%. Des taux plus ClevCs faire des extrapolations, car la dkgradation des sols s'appliquent aux agriculteurs pris individuellement, differed'un sitea I'autre, en raison des differences de en particulier les petits exploitants (Cuesta, Carlson et types de sols, de pente, de couvert vegetal et des Lutz, 1997). pratiques culturales. I1 n'est donc pas surprenant que La recherche sur I'erosion et la degradation du sol les estimations des coats de l'erosion et de la se complique par l'influence des variables dkgradation des sols, particulierement au niveau stochastiques,telles que I'intensite des precipitations. national, soient peu nombreuses et varient dans de :[Ifaut davantagedetravaux, surtoutdes travauxqui grandesproportions. Clargissent le champ des exp6riences de la parcelle Dans une etude sur l'hdonesie, Repetto et aux bassins versants, et des aspects purement d'autres (1989)ont estime que les pertes cumulks de techniquesa w aspectseconomiqueset sociaux. productivite future representent approximativement 40% de la valeur annuelle de la production agricole Eflets sur la sante des hautes terres a Java, soit entre 340 a 406 millions de dollars par an. Sur ce montant, on estime que 315 L'utilisation inconsideke des pesticides, le manque millions de dollars sont des pertes de productivite en d'iquipements sks de traitement et de tenues de exploitation agricole, et que le reste, soit de 25 a 80 protection adaptks aux conditions tropicales, millions de dollars constitue des prejudices en aval provoquent a court terme et a long terme toute une provenant de I'envasement. Pour le Mali, sur un &rie de maladies chroniques. Des etudes menks en horizon temporel de 10ans et un taux d'actualisation Indonesie, en Malaisie et au Sri Lanka au debut des de lo%, Bishop et Allen (1989), ont estime que la annks quatrevingt indiquent que 12 a 15% des valeur actualisk des revenus agricolesnets actuels et agriculteurs qui utilisent des pesticides ont ete futurs perdus a 1'Cchelle du pays par suite d'une empoisonnks au moins une fois dans leur carriere annk de perte moyenne de sol atteint entre 4 et 16% (Jeyaratnm, Lun et Phoon, 1987). Mais les effets a du produit intirieur brut agricole. L'Institut des long terme sur la santk peuvent etre aussi importants ressources mondiales (1991) a estimd que la (Pingali et Roger, 1995). En plus des risques d+reciation du sol atteint 10% de la production encourus au cours du traitement et des conditions de agricole annuelle au Costa Rica. Mais a notre avis, stockage hasardeuses, la manipulation et l'epandage toutes ces estimations semblent elevks; en tout Ctat des pesticides exposent les agriculteurs et leurs de cause, il y a lieu d'entreprendre davantage de fmilles a des risques de sante eleves et peuvent travaw empiriques. contaminer l'kosysteme. En plus des effets de I'kosion et de la degradation du sol sur place, on doit en examiner les John Farrington et Graham Thieie 163 accroih-e le rendement des ressources agricoles et groupements villageois, en partie parce que celles-ci naturelles (Farrington et Lobo 1997). Rien qu'en rdduisent les possibilites de recherche de rente par les hde, ils attirent quelque 500 millions de dollars responsableslocaux. d'investissement public par an, auxquels s'ajoutent des fonds additionnels provenant de nombreux Mise enplace de conditionsprkalables a une projets finances par les bailleurs de fonds. Les augmentationd'kchelle au niveau local conceptsbiophysiquessont bien eprouves. La gestion amelioree du patrimoine nature1 forestier et de Plusieurs facteurs militent en faveur d'une approche piturage sur les hauteursdes pentes : structurdede rehabilitationdes bassinsversants : accroit la production de biomasse potentiellement La nkessite d'un certain consensus a propos des utile a laproduction animale droits et responsabilitks au sein du village, ou limite l'erosion et le ruissellement entre les villages, y compris un accord sur les augrnente I'infiltration de I'eau de sorte que les mesures de protection de la ressource une fois que nappes d'eau situCes au-dessous des terns la relance est amorcCe (comme par exemple les agricoles qui se trouvent au bas des pentes limitations de piturage du betail ou I'abattage des montent, pennettant ainsi d7extraire une plus arbres ou la rkolte de fourrage), un accord sur le grande quantitC d'eau pour lutter contre la pompage des ressources en eau pour irriguer les secheresseen cours de saison, de reduire le risque, cultures, sur le type de produits agricolescultives, d7accroitrele rendement des cultures existantes et, ainsi de suite dans certains cas, pennettre de pratiquer de La ntcessitk de rassembler les villageois et les nouvelles cultures. experts techniques afin de definir les mesures L'amClioration de la gestion des ressources opportunes de protection du sol et de I'eau, de naturelles de cette faqon pennet donc potentiellement reboisement, les niveaux et le partage des un saut quantitatif en matiere de technologie de ressources financieres et des intrants materiels productionagricole et de rendement. Les experiences nkessaires, les moyens par lesquels toutes les pilotes montrent generalement un doublement du deux parties peuvent suivre 17Cvolutiondes choses rendement de culture, un accroissement des La necessite de travailler suivant une opportunites d7emplois, la diversification de toposequence allant d7une crete a une vallee si I'economie villageoise, et la ou les opportunites de 170nveut que les mesures appliquees, telles que commercialisation sont bonnes, un accroissement les bandes le long de courbes de niveau et la multiple de la production laitiere. Toutefois, la plantation d7arbres,soient eficaces restauration des ressources a bte difficile a realiser de La nkcessite d'une approche r( d7apprentissage)), maniere durable partout ailleurs sauf dans les petites dans laquelle les villages et les organismes surfaces : dans nombre d7endroits, les systemes extkrieurs se concentrent au depart sur une petite traditionnels de gestion des ressources communes partie du bassin versant, decident au regard de n70ntpas resist6 a la pression de la population, et l'exp6rience s'ils souhaitent poursuivre leur toute nouvelle action conjointe requiert un important activite a 17Cchellede tout le bassin versant, et si effort direct afin de susciter la cohesion et la c7est le cas, integer les leqons de cette confiance nkcessaires a 17Cchelledu village et definir exp6rience. les droits et les responsabilitdsde maniere equitable. La phase preparatoire du Projet indo-allemand de Une autre dificulte qui se pose en Inde est que mise en valeur de bassin versant (IGWDP), a debute en plusieurs administrations ont pour mission de 1989, mais de nombreuses preparations informelles, s70ccuperde certains aspects de l'amenagement des y compris des sites exp6rimentaux de bassin versant bassins versants, et I'une d'entre elles, a savoir le et des contacts avec le gouvemement et d'autres service forestier, a pendant longtemps eu les pouvoirs organisations, ont commence au milieu des annees de cr faire la police)) afin de lutter contre la 1980. Actuellement avec des fonds qui s'C1Cvent a rarefaction des ressources. En dCpit de 17ineficacitC environ 12 millions de DM, le programme couvre reconnue de cette approche, ce service rdpugne dans 92.000 hectares dans 20 districts de Maharashtra, de nombreux domaines a adopter des dispositions impliquant 50 ONG qui operent dans 74 bassins nouvelles et conjointes de gestion avec lesONG et les versants. 166 Approches novatrices ci la cre'ationet a la d~fisionde technologiesdestine'esa m exploitants agricoles cj faible revenu de Maharashtra, et d'un representant de pousser des cultures pendant une autre saison I'administration centrale. Les propositions doivent supplementaire. L'abondance de l'eau reduit les etre bities sur les normes financieres et techniques risques, permet que des produits agricoles a plus fort convenues,bien qu'il existe une certaine latitude pour rendement ou plus precieux soient cultives et stimule les modifier afin de prendre en compte les nouvelles une utilisation plus importante d'intrants. Tout ceci technologies. Une fois qu'une proposition de implique une demande potentielle de nouvelles rehabilitation a Cte approuvee, la NABARD autorise un cultures et des techniques de gestion. Le WOTR, qui decaissement de fonds tant pour les phases de joue un r61e important en matiere de creation renforcement de capacite que d'execution a grande d'organisations locales autonomes, facilite les echelle,et la N-ARD participe a I'execution du suivi relations avec les agences techniques dans la pkriode de l'etat d'avancement. Le r6le cle que joue une consecutive a une &habilitation. I1 apporte aux ONG organisation nationale respectee dans I'evaluation et et aux organisations villageoises appui et formation le drainage des ressources financieres destinees aux en matikre de sensibilisation,de mobilisation sociale, projets finances par les bailleurs de fonds constitue de planification,d'execution et de suivi des projets de un element vital pour la possibilite de reproduction mise en valeur de bassins versants. Le WOTR apporte des projets : I'argent peut etre mobilise grice a ce egalement un appui a la formation technique et mecanisme une fois que les fonds etrangers sont administrative, met les ONG et les organisations a epuises. base communautaire en relation avec les services Mobilisation de I 'appui administratif et Jinancier publics opkrationnels de Maharashtra. Le WOTR d2s les phases initiales. L'IGWDPs'est attache a compte 29 employes ayant des competences dans des obtenir l'appui politique des membres de I'assemblee disciplines telles que la mobilisation sociale, les legislative de Maharashtra, en commenqant au depart problemes des femmes, I'agronomie, I'ingenierie par les inviter a visiter les bassins versants pilotes civile et les applications informatiques. Sa formation rehabilites avec succes. I1 a, par la suite, mis A adaptee aux cadres spkifiques a recours a des ateliers contribution cet appui pour obtenir une rCsolution du structureset des techniques moins structurkescomme conseil des ministres mettant en vigueur des les reunionsde village et les visites de familiarisation. dispositions de gestion conjointe de fokts situees sur Le WOTR s'est propos6 d'explorer les opportunites le territoire de l'~tat.Ces dispositionsont, a leurtour, champ2tres et autres generatricesde revenu pour tirer necessite que le service forestier coop&reavec les parti des ressources additionnelles engendrees par la groupementsvillageois et lesONG a l'elaboration et a mise en valeur de bassin versant et donner des la mise en aeuvre de mesures de rehabilitation. Vu la conseils de vulgarisation ayant trait aux systemes de forte proportion de ressources communautaires dont culture sur terres seches arides, viables au plan le contr6le echoit au ministere en charge de la environnementalet Cconomiquementrentables. foresterie dans les parties superieures des pentes des bassins versants, son adhesion a la &habilitation, a Crkationd 'unestructure institutionnelleplus grande l'accord de conservation subsequente et aux regles et des voies d'expansion. d'acces etait capitale. Cette approche basee sur la recherche d'accord pour entreprendre une gestion Pendant plusieurs annees avant I'execution du forestiere conjointe et I'experience decoulant de sa programme, ses architectes ont eu pour mise en aeuvre offfent de precieuses leqons pour preoccupation la duplication sur de grandes zones de I'adaptation de cette approche a d'autres zones. la mise en valeur participative des bassins versants. Le travail prdparatoire a ete base sur la premisse Crkationde c a n mpour tirerparti de I 'expertise selon laquelle les parties prenantes doivent etre technique apr2s une rkhabilitation.La rehabilitation resolument engagees aux niveaux international, de bassins versants accroit la quantitk de fourrage national, provincial et local. disponible et permet ainsi d'ameliorer la qualite du Au plan international, le programme reqoit des betail et d'intensifier la production. De meme, les fonds de deux organisationsplacees sous la tutelle du nappes phreatiques les plus proches de la surface du Ministke allemand de la cooperation economique, sol facilitent le pompage de I'eau pour endiguer la qui ont toutes les deux interet a voir le programme menace de secheresse, etendre la saison ou faire parvenir a ses fins. Ce sont : la Cooperation John Farrington el Graham Thiele I67 Technique Allemande (Deuscth Gesellschaft fir des departements. technische Zusammernarbeit, GTZ) qui fournit des Au niveau local, au cours de la phase de fonds au WOTR pour une phase de renforcement de renforcement de capacite, I'assemblee du village capacite de 12 a 18 mois, et la Banque allemande de (gram sabha) nomme un comite de gestion de bassin developpement (Kreditanstalt j%r Wiederaufbay versant qui travaille avec le comite charge de la KfW) qui, elle, met des fonds a la disposition de la protection de la forit pour les problemes ayant trait NABARD,qui les reverse aux agences ogrant a aux terres qui sont le patrimoine du service forestier 17echellelocale pour la phase d'execution a grande dans le village. Pendant la phase de renforcement de Cchelle (quatre ans). capacite, les fonds sont transferes par le canal de la Au plan national, les principales parties prenantes WOTR sur le compte bancaire de 170NG,et I70NG est sont : le Ministere des Finances (par le canal de la alors chargee de passer un contrat avec un ingenieur NABARD)et le Ministere de !'Agriculture. Le en genie civil (dipl6me) pour aider a l'elaboration du Ministere des Finances est en dernier ressort plan d'amenagement du bassin versant ensemble responsable du decaissement des fonds, mais le avec les villageois eux-mimes, sur la base des Ministere de l'Agiiculture, qui est desireux de voir la techniques de superficie nette. L'ingenieur est forme mise en valeur se faire sur le terrain, a une certaine a la planification participative axee sur la superhie influence. La mobilisation des fonds par le nette par le personnel de la WOTR. Vers la fin de la truchement de la NABARD comporte divers phase de renforcement de capacite, 17avant-projetde avantages : proposition est analyse par le comite villageois la NABARD suscite l'interet du Gouvernement charge de la gestion du bassin versant et soumis a la central pour la bonne marche du programme. NABARD. la NABARD gagne a relever les taux de S'il est approuve, les fonds destines a la phase remboursement qu'elle a realise par le passe dans d'execution sur I'ensemble du bassin versant sont les zones agricoles pluviales et 170npeut ainsi achemines sur un compte bancaire gere s'attendre a ce qu'elle milite pour le succes du conjointement par ~'ONGet le comite villageois de programme. gestion du bassin. La WOTR fournit un appui continu les ONG individuelles et les comites villageois de tout au long de la phase d'execution totale; la gestion des bassins versants peuvent recevoir des NABARD et le coordonnateur du programme sont fonds achernines via la NABARD sans avoir a charges du suivi et de la supervision. Les charges obtenir une declaration de change. adrninistratives incombent directement a I'ONGtandis nornbreux sont les rnernbres du personnel de la que les fonds sont affectes sur le cornpte conjoint du NABARD qui ont des qualifications dans des cornite villageois et de I'ONG. Ce que 170nescornpte dornaines de connaissances generalement lies a c'est que le r6le des ONG perde de son importance au 17agriculture et a la gestion des ressources fil du temps et a rnesure que celui des groupernents naturelles. 11s sont tout a fait a 17aisepour discuter locaux se consolide. Une fois les travaux de de problernes techniques avec les autorites du rehabilitation acheves, la moitie des 16%du concours service forestier, par exernple, et forcent le respect des villageois au coilt de la main-d7czuvre non du personnel technique de ces services publics. qualifiee est remboursee au cornite villageois de les procedures rnises au point avec le concours et gestion pour servir de base a un fonds d7entretien. par le truchement de la NABARD pour le Deux principales voies d'expansion sont deboursement de fonds etrangers ouvrent ainsi la envisagees : voie a tout decaissernent ulterieur de fonds du Des ((nczuds )) d7environ 1.000 hectares servent Gouvernernentde 171nde. de projets pilotes principaux que les villages Au niveau de tat, les principaux acteurs sont avoisinants viennent visiter et de zone potentielle les services de 17agriculture,de la protection du sol et de formation pour les villages mettant de 17eau, et de la foresterie. Les Ministeres qui nouvellernent sur pied un cornite villageois de coiffent ces services ont czuvre avec succes a la prise gestion de bassin versant; certains cornites d'une resolution ministerielle d'appui au programme villageois de gestion ont deja commence a se faire en 1992. Ceci a ete un pas decisif qui a contribue a enregistrer comme ONG et a beneficier du faciliter l'action d7appuipar le personnel d'execution financement d'appui disponible pour lesONG tout 168 Approches novatrices a la cre'ationet a la d~flusionde technologiesdestinkes aux exploitantsagricoles a faible revenu en faisant dans le mCme temps office d'agents de Bolivie a pour principales caracteristiques vulgarisation de paysan a paysan. l'agriculture de rente, l'elevage et la petite Le but vi& est que les principales caracteristiques exploitation agricole. La densite de la population est du modele de Maharashtra soient reproduites dans si faible qu'on ne peut arriver a joindre un grand d'autres ~tats.Parrni ces caracteristiques figurent nombre d'agriculteurs qu'au terme de longs voyages une resolution ministerielle et divers arretes par des routes en piteux Ctat. analogues a ceux pris dans le Maharashtra, le r6le Du milieu des annees 1970 au milieu des annees de la NABARD dans le deboursement de fonds 1980, les organismes publics de recherche ont pour des propositions convenues et le r6le des apporte leur appui a un service de vulgarisation ONG dans l'appui aux organisations de conventionnel du secteur public. Mine par des developpement local et celui de la WOTR dans le communications deficientes, les longues distances, la soutien tant a I'engagement pris par les villageois pietre infrastructure et le trks fort absenteisme, ce qu'a la fusion des connaissances locales et des service a eu peu d'impact. Par la suite, avec les normes techniques dans I'approche de recommandations et I'appui de I'Overseas planification par surface nette. Les autorites Development Administration du R'oyaume-~niet de d'autres tats (telsle Gujrati et I'Andhra Pradesh) la Banque Mondiale, les administrateurs de CMT en sont venues Ctudier cette approche et doivent, en sont Venus a envisager la possibilite de prendre appui principe, I'adopter sous franchise, de sorte qu'elle sur les rapports existants avec les organisations demeure la propriete intellectuellede I'IGWDP. d'intermediation L'on a identifie des rapports avec quatre grandes Cas3 :Changementde I'organisation et de la categories d'organisations d'intermediation a savoir: gestiondes servicespublicspour accrottre les ONG, les groupements de producteurs (qui I'khelle de participation. representaient pour I'essentiel les grands producteurs), les projets de developpement de la Cette etude de cas rend compte de I'evolution, dans Societe de developpement kgional et les foumisseurs les plaines orientales de la Bolivie, d'un modele de d'intrants agricoles. Ces organisations comptaient au renforcement des liens entre la recherche, la total 129 employes a plein temps commis a la vulgarisation et les agriculteurs (Thiele, Wadsworth, vulgarisation, beaucoup plus que n'en ont jamais et Velez 1998). La t&s innovatrice Unite de Liaison compte les bureaux de vulgarisation du CMT, et Recherche-Vulgarisation(Research-Extension Unit - quelques-unes d'entre elles entreprenaient deja des RELU),explicitement chargee de mettre en rapport les essais d'adaptation (Thiele, Davies et Farrington centres publics de recherche agricole (Centro de 1998). Investigation en Agricultura Tropical - CIAT)avec Une RELU a ete creee en 1998 pour etablir une un large eventail d'institutions d'intermidiation, y liaison avec les organisations d'intermediation et compris les ONG faisant de la vulgarisation, occupe pour faciliter le travail de vulgarisation. Le nouveau une place de choix dans ce modele. La fonction modkle convenait bien a la litterature alors preponderante de cette unite a connu des mutations bourgeonnante sur I'accroissement de la participation au fil du temps et, avec chaque changement, de des agriculteurs (Farrington et Martin 1987), sur les nouveaux mecanismes de liaison avec les organisations d'intermediation decourageant la organisations d'intermediation ont ete testes et recherche (Roling 1988) et sur les multiples centres adaptes. Par consequent, bien que des postes ou des d'innovations technologiques (Biggs 1990).Elle etait unites de vulgarisation aient ete creds a d'autres bien structuree au niveau interne et intellectuellement endroits (Ekpere et Idowu 1989)' a notre attrayante mais n'avait aucunement ete testee a connaissance, nulle part ailleurs une telle gamme l'epoque. Le personnel de la RELU avait a relever le varike mais coherente de mecanismes de liaison n'a defi de la faire marcher. ete elaboree. Le changement defonctions Origine de laRELU Diverses fonctions de base ont prevalu au sein de la Le departement de Santa Cruz dans la plaine de RELU sans bousculer les precedentes. Chaque John Farrington el Graham Thiele 169 fonction a conduit a la crkationd'un nouvel ensemble vulgarisateurs. Des modules ont ete elaborks pour la de mecanismes de liaisons. La fonction de base formation en techniques de communication, y changeait en partie sous le poids des pressions compris la prkparation d'exposes, de materiels de exterieures(principalementde la part des bailleurs de vulgarisation, et le diagnostic rural participatif. fonds) et en partie lorsque les dificultes de la En 1995,le CIAT a ete restructureen ayant recours precedente fonction se faisaientjour. a un modele de direction par decentralisation Quand la RELU a ete crkee, sa mission etait fonctionnelle pour promouvoir une plus forte principalement de transferer la technologie anterieure perspective de systemes d'exploitation agricole. Des mise au placard par la structure existante du CIAT equipes specialisees en systemes d'exploitation, spkialisee dans les produits. Le personnel de ~ ~ R E L Ucomprenant a la foisdes chercheurset le personnel de etait base a la station expkrimentale et passait une liaison de la RELU,ont etC mises sur pied dans les partie de son temps a travailler aux c6tes des stations exp6rimentales locales. Avec I'appui chercheursdu CIAT a qui ils etaient censes fournir les technique des equipes spCcialisees en systemes documents pour faire l'etat des lieux en matiere d'exploitation, les organisations d'intermediation ont progres de la recherche. 11s instruisaient les ete encourageesa entreprendre leurs propres essaisde vulgarisateurs sur les technologies disponibles au verification.La RELU a synthetise et diffuse le resultat CIAT, faisaient des exposes devant les agriculteurs et de ce travail. creaientdes parcelles de demonstration. Les essais de verification ont commence en 1991 Le personnel de la RELu et sont rapidement devenus la principale activite de certains employes de la ELu, entrainant une Trois types de personnels ont travaille a la RELU, reduction subsequentede l'importance de la fonction mais leurs r6les et attributions ont change avec le de liaison. Ce passage a la recherche adaptative temps : s'expliquait par un certain nombre de facteurs: les techniciens specialises constituent le plus certains des produits initialement presentes (en grand groupe et sont charges de groupes de agroforesterie, par exemple) n'etaient pas encore produits. Ils elaborent, a partir des rksultats de la prets a Stre vulgarises, et d'autres essais recherche, des recommandations de vulgarisation s'imposaient ; utilisables et accessibles, transmettent ces les chercheurs ne disposaient pas toujours de informations aux organisations d'intermediation technologies adaptees aux besoins des et font des comptes-rendus de recherche aux agriculteurs; chercheursdu CIAT. une culture d'action militait contre I'epluchement des coordinateurszonaux ont ete etablis suite a la de rapports de recherche pour trouver des pression exercee par les ONG pour que les agents informationssur la technologie. de la RELU travaillent sur la base de zones et de Toutefois, cette mutation en recherche adaptative ((systemes)). 11s aident a integrer les activites de et la consolidation des liens avec les organisations vulgarisation de toutes les institutions travaillant d'intermediation sont allees de pair avec un dans le secteur et veillent a ce que les agents de affaiblissementdes liens avec les chercheursdu CIAT. vulgarisation re~oiventles informations dont ils Le personnel de la RELU a quitti sa base a la station ont besoin aupres du CIAT. En theorie, les expkrimentale pour s'installer dans son bureau en coordinateurs zonaux mettent a contribution les ville, et dans certains cas, a essaye les technologies comp6tences des techniciens specialises et des acquises a l'exterieur de Santa Cruz. chercheurs, quand cela s'impose, mais dans les A l'origine, l'on s'etait laissk aller a penser que les faits certains coordinateurs zonaux sont passes a organisations d'intermediation etaient relativement I'homologation la ou les techniciens specialises compktentes dans le domaine de la vulgarisation. Par n'ont pas ete a mSme d'apporter leur contours, ou la suite, des lacunes ont ete mises a nu et 1'011a note se sont substitues aux techniciens specialises en une forte demande de formation de la part des matiere de formation. De la meme maniere organisations d'intermediation. En 1993, imitant la certainstechniciens specialisesont concentre leurs formation de son propre personnel financee par le activites dans une zone limitee et se sont Royaume-Uni, la RELU a commence a former ses skdentarises. 170 Approches novatrices a la crkation et a la dffusion de technologies destinkes aux exploitants agricoles a faible revenu les specialistes en communication, qui travaillent r6le important. Ctroitement avec les deux autres types d'agents, Les fonds sont alloues pour entreprendre les dirigent un centre d'information au service des activitds de cooperation avec les organisations de organisations d'intermediation, Claborent et vulgarisation. Dans le cadre du programme difisent les publications destinees aux agents de d'agroforesterie, par exemple, de modiques sommes vulgarisation et jouent un rdle preponderant dans d'argent ont etC decaissees pour permettre a ces la formation. organisations de creer de petitespepinieres. De temps a autre, il y a eu un detachement de chercheursaupres Les mkcanismesde liaison d'unitds de la RELU pour promouvoir des liens plus etroitsavec lesprogrammes portant sur les produits. Les diagnosticsruraux rapides se sont revC1Cs Gtre un Un manuel expliquant les fonctions des agents de type trks eficace de liaison et ont contribue A la RELU,des chercheurs et des agents de vulgarisation rehausser la qualite de I'interaction et de la dans les organisations d'intermediation et les coordination. procedures de transfert de technologic, a kt6 publie et Les reunions zonales constituent probablement le tres largement utilid. Des fiches techniques sur type le plus eficace de mecanisme de liaison Clabore. feuilles volantes, portant sur les technologies du Elles rassemblent les agents de vulgarisation bases CMT, rassemblees dans un classeur technique dans la zone, les chercheurs venant des stations distinct, ont Cte Claborees et distribuees a 27 experimentales et les agents de la RELU.Elles sont organisations d'intermediation et a 250 agents de organisees par le coordinateur zonal qui soumet a vulgarisation. Des exposes ont ete present& et des I'attention des techniciens spkcialids, aux chercheurs cours dispenses sur les technologies a I'intention des spkcialids dans les produits ou autres tous les agents de vulgarisation. Toutefois, ceux-ci ont eu problemes qui ne peuvent Etre resolus au niveau tendance a repondre aux besoins immkdiats et n'ont local. Au courj d'une reunion ordinaire : pas assouvi le besoin de cours de formation plus un representant de chaque groupe explique le etendue en technologies plus complexes. Un centre travail propose pour le mois a venir afin de d'information a ete cree a I'intention des agents faciliter la coordination des activites. vulgarisateurs. Toutefois, eu egard au fait que seules les problemes rencontres sur le terrain sont des informations pratiques limitees sont disponibles, debattus et les solutionspartagees. le centre regorge de rapports de recherche et d'autres un expose est presente ou une demonstration est documents plus importants pour les etudiants des faite pour traiter des problemes identifies par les universites que pour les agents de vulgarisation. Une participants. base de donnees sur les agents de vulgarisation et les Chaque annee sont organises des ateliers organisations d'intermediation a ete creee mais d'orientation au cours desquels les chercheurs, les I'importante rotation d'agents de vulgarisation a fait agents de la RELU et les membres des organisations que ce mecanisme n'a jamais ete entierement d'intermediation discutent et actualisent les op6rationnel. recommandations pour un produit particulier, et celles-ci sont publiees sous forme de brochure. Cette L'approchede la RELU a-t-elle ktk efSicace? methode s'est montree singulikrement eft7cace pour accroitre les interactions entre les chercheurs 11 est dificile de proceder a une evaluation sp6cialids dans les produits et les agents de quantitative. La RELU a ete impliquee dans tant de vulgarisation. domaines technologiquesqu'il est ardu d'evaluer son Les essais de verification sont effectues de impact; il n'existe pas de cas temoin clair de maniere conjointe par les techniciens specialises, les comparaison et, dans la plupart des cas, il est trop t6t organisations d'intermediation et les agriculteurs pour tirer des conclusions substantielles a propos de avec l'appui technique des chercheurs. En depit I'adoption de sa methode. Mais I'exemple figurant d'une recherche prealable insufisante sur certaines dans l'encadre 11.1, conjointement avec d'autres technologies, des degres variables d'implication des informations, permet de tirer certains debuts de agents de vulgarisation et de retro-information conclusion. inegale aux chercheurs, ces instruments jouent un Le CIAT a mis une grande quantite d'informations John Farrington et Graham Thiele 171 a la disposition des organisations de vulgarisation et et n'est pas encoreassezforte. dans certains cas (ensilage), ceci a conduit a un Un certain nombre de facteurs ont contribue a la progres technologique. Cependant, I'amelioration de mise en aeuvre reussie du modele. la fourniture d'infonnations sur, et le suivi de w Le modele a ete applique suite a un processus de technologiesprometteuses (virus granulosis)demeure consultationavec les utilisateursintermediaires. encore necessaire et la qualite de ces informations La petite envergure du CIAT (elle n'opkre que doit ttre amelioree. La demande en recherche s'est dans le departement de Santa Cruz) a permis une accrue (agroforesterie),mais cela ne s'est pas produit application et une modification aisees des dans tous les autres domaines de recherche (ensilage) mecanismes de liaison, la ou cela etait indique. EncadrC 11.1 Approches participatives Clargies verification. griice a la RELU L'ensilage Recherche en agroforesterie Le manque de piturage pendant les mois secs de Avant la creation de la RELU, la recherche en I'hiver constitue un grand handicap auquel les petits agroforesterie se faisait essentiellement en station fermiers de Santa Cruz sont confrontes. L'ensilage avec une participation minime des agriculteurs. Le est tres repandu dans les regions montagneuses de la technicien specialise en agroforesterie a choisi des Bolivie, mais les chercheurs du CIAT ne le technologies mises au point par les chercheurset qui consideraientpas comme approprie pour Santa Cruz. semblaient etre les plus prometteuses pour les petits Sans l'appui des chercheurs, le technicien spicialid agriculteurs vivant dans les zones de frontiere qui en piturage a effectue des essais de verification avec diversifiaient leur cheptel et pour qui soutenir la les organisations d'intennediation sur I'utilisation de productivite des piturages et edifier des cl6tures I'ensilage. L'analyse economique a demontre que constituaientdes priorites. Parmi ces technologies il y cette technologie etait Enefique et les paysans tres avait egalement des allees de fourrage, avec des intkresses. Le technicien s$cialise a aide les rangees de legumineuses fourragbes et des arbres de organisations locales a faire des experimentationsde haute fitaie sous lesquels sont plantes des psturages, cette technologie. Des 1995-1996, plus de 100 des piquets de haies vives, destines principalement a fenniers laitiersont adopt6 I'ensilage. cl6turer le pgturage, et des brise-vent. Des essais de verification ont ete entrepris pour Le virus granulosiscomme remLtdeau parasitedu tester ces options par les ONG, je technicien soja specialise,et les agriculteurstravaillant ensemble. Le Au Bresil, un bio-insecticide a base de virus dispositif d'essai etait un bloc unique et non granulosis est tres largement utilise pour lutter contre reproduit, comparea la pratique des agriculteurs. I'arpenteuse du soja (Anticarsia gemmitalis). Les Les organisations d'intermediation ont manifeste chercheurs du CIAT ont teste cette technologie et un grand intertt a collaboreravec laRELU a ces essais montre son efficacite. Les resultats ont ete consignes d'homologation. En 1995-96, environ 60% des par ecrit mais aucune mesure n'a etC prise pour agriculteurs y participaient. Toutefois, il appariit par diffuser cette technologie. Le technicien specialisd a la suite que les agentsde la RELU avaient sous-estime elabore des fichestechniques sur le virus granulosisa la complexite d'une technologie difficile: ce qui etait I'intention des agents de vulgarisation et a organise suppose ttre une vkification fit en fait le premier des experimentations en milieu paysan avec le essai vbitable. Neanmoins, I'essai de technologies groupement des producteurs de soja. Les premiers prototypiques par la RELU a supprime des cycles de resultats ont ete encourageants, mais le technicien recherche et a mis un terme a la recherche en specialise et plusieurs autres specialistes sont partis agroforesterie au niveau des champs. Suite au travail poursuivre des etudes de majtrise avec un de la ELU,le programme d'agroforesterie lui-mkme financement du projet. L'unite scesttrouvee debordee a ete modifie et il incombait a divers chercheurs de et la promotion du virus granulosis n'a pas ete tester quelque technologie qui faisait I'objet de poursuivie. 174 Approches novatrices ci la crbation et a la dlffision de technologies destinkes aux exploitants agricoles a faible revenu ce sont les principes identifies, plut6t que les Research. expkriences reelles, qui sont transferables dans Eponou, T. 1996. Partners in Technology Generation d'autres cadres. and Transfer: Linkages between Research and Farmers' Organizations in three Selected African Note Countries. Research Report 9. The Hague: International Service for National Agricultural 1. Dans les cas 1 et 2, structure )) implique que (( Research. l'on s'inspire de l'expkrience passee pour accroitre Evenson, R.E., and C.E. Pray. 1991. Research and I'efficacite en acceptant dLavance les conditions Productivity in Asian Agriculture. Ithaca, N.Y.: prealables garantissant une collaboration couronnee Cornell University Press. de succes, les r6les respectifs des diverses Eyzaguirre, P. 1996. Agriculture and Environmental organisations, les objectifs communs et, si possible, Research in Small Countries: Innovative les resultats concrets escomptes. Approaches to StrategicPlanning.Chichester,U.K John Wiley and Sons. Rdfirences bibliographiques Farrington, John. 1997. "Farmers' Participation in Agricultural Research and Extension: Lessons Le terme exploite)) designe des travaux reproduits (( from the last Decade." 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Dkveloppement agricole centrk sur les populations: Principes de vulgarisation pour rkaliser un impact durable Roland Bunch Au cours des 27 demieres annees, une serie de ordre), les modifications faites dans leur application, principes destines a rendre le travail de vulgarisation les cas ou leur Cchelle a ete augmentee et les leqons agricole eficace ont ete elabores en Amerique tirees. centrale et etendus essentiellement aux organisations non gouvernementales(ONG) dans 22 pays a travers Les principesdu dhveloppementagricolecentrk le monde. Dans un certain nombre de pays, ces sur les populations principes ont permis aux programmes de tripler les rendementsdes cereales de base des familles pour un Bien qu'il soit souvent designe comme une coQttotal par programme de moins de 400 dollars par methodologie, le developpement agricole centre sur famille. En outre, nombre de ces families ont les populations est beaucoup plus souple que la continue a accroitre leur rendement apres plupart des methodologies. Diverses organisations, I'intervention du programme : une recente etude dans differents pays, ont considerablement modifie approfondie a montre que 15 annees apres la fin du les elements caracteristiques de cette approche, sans programme, les rendements ont encore double reduire de maniere importante I'efficacite des (Bunch et Lopez 1994). composantes de base. En consequence, nous parlons Le present chapitre decrit tant I'esprit synergique generalement du developpement agricole centre sur propre au developpement agricole centre sur les les populations comme etant un ensemble de populations que son rapport a la situation des principes. Dans la mesure oh ces prirlcipes de base exploitants agricoles pauvres dans les pays en sont utilises, il existe de grandes marges d'adaptation developpement, la viabilite du developpement aux circonstances locales, aux besoins des paysans et agricole et le renforcement de l'autonomie des aux exigences institutionnelles sans diminuer de populations pauvres en ressources.Ce chapitrebrosse maniere significative I'eficacitC de l'approche dans egalement, et de maniere succincte, l'historique et la sa globalite. diffusion des principes du developpement agricole Ces principesde base sont : centre sur les populations tels que definis dans motiver les agriculteurs et leur apprendre a l'ouvrage de Bunch (1982), leur efficacite prouvee experimenter les nouvelles technologies a une (avec a l'appui les resultats d'evaluations de premier petite echelle, ce qui reduit le risque lie a de telles John Farrington et Graham l'hiele 177 technologies et constitue pour eux un moyen de plusieurs de ces principes. Dans le Sud-ouest de continuer a elaborer, adopter et adapter les I'Asie, de nombreux programmesde vulgarisation nouvelles technologies dans un processus d'agriculteur-a-agriculteurdonnent une formation scientifique permanent d'innovation. Ce principe d'agent de vulgarisation aux paysans, alors qu'un est frequemment designe sous le terme de mise (( mouvement d'exploitants agricoles d'Amerique au point participative de technologieD. du Sud a recours a la mise au point participative utiliser au cours de ces experimentations un de technologie, denomination qui met I'accent sur exemple de succes rapide et reconnaissable plut6t la mise au point participative de technologie par que les incitations artificielles et les subventions les exploitants agricoles villageois grke a une pour encouragerles paysans a innover. experimentation a petite echelle. Cependant, une utiliser des technologies qui reposent longue exgrience de diversification culturale a principalement sur les ressources peu cofiteuses et montre que quai~dils sont utiliks ensemble les disponibles sur place. cinq principes se renforcent les uns les autres. entamer le processus avec un nombre tres limite Ceci veut dire qu'il existe une synergie entre les de technologies, de sorte que le programme soit divers principes. Former des villageois comme cible, realise le maximum de succes d b le depart, agents de vulgarisation, par exemple, devient et permette mCme aux paysans les plus pauvres beaucoup plus complique, et le succes d'y Ctre impliques. reconnaissablebeaucoup moins courant, quand un former les chefs de village comme agents de programme commence avec des technologies vulgarisationet leur apporter un soutien quand ils multiples. I1 devient pratiquement impossible aux enseigneront d'autres paysans, creant et paysans de faire des experimentations quand le entretenant ainsi un effet multiplicateur a base nombre des technologies est illimite, et surtout communautaire. Ce principe est appele quand nombre d'entre elles sont cofiteuses. Ainsi, ((vulgarisation d'agriculteur-a-agriculteur )) dans les principes ont-ils plus d'impact quand ils sont maints pays asiatiques. appliques comme un ensemble.(Voir figure 12.1). Bon nombre d'organisations utilisent deja un ou Figure 12.1 :La synergie entre les principesde dkveloppement agricole centrk sur les populations - Utiliser les 4 Demarrer avec un technologies nornbre limite de appropriees V Utiliser un succes botiver et apprendre rapide et aux paysans a faire identifiable des experimenta- tions Former les chefs I de village I I I comme agents de vulgarisation 178 Dheloppement agricole centrd sur lespopulations :Principes de vulgarisation pour rkaliser un impact durable Le developpement agricole centrksur les a partir de I'expkrience d'un groupe ~ ' O N G populationset la situation des agriculteurs d'Amerique centrale. 11s tiennent compte des pauvres conditions sociales, economiques et ecologiques existantdans les pays en developpement. Tous les principaux systemes de vulgarisation La pertinence du developpement agricole centre agricole utilises dans les pays en developpement ont sur les populations pour les pays en developpement ete importes des pays industrialisb. Ces systemes est encore plus prouvee par le fait que ces principes n'ont pas ete utilises dans ces pays quand ceuxci ont ete decouverts skparement par toute une serie de traversaient leurs propres processus de personnes et d'organisations de par le monde, de developpement agricole, mais ont plutbt 6te mis au Polan Lacki (1993) au Chili a PATECORE au Burkina point apres qu'ils furent hnomiquement Faso (Atampugre 1993) et aux ecoles pratiques de developpes. Par condquent, sous plusieurs angles, I'Organisation des Nations Unies pour I' Alimentation ces systemes sont inadaptes a la situation des et lYAgriculture(FAO)en Asie de 1'Est. exploitants agricoles pauvres du monde en voie de La figure 12.2 illustre la relation entre les developpement. principes de developpement agricole centre sur les Par contre, les principes de developpement populations et la situation des paysans pauvres agricolecentre sur les populations, eux, ont vu lejour Figure 12.2 :Le rapport entre le dkveloppement centrk sur les populations et la situation des paysans pauvres dans les pays en dheloppement. Principes Caractkristiques des petites communautes rurales 1. Motiver et apprendre aux paysans a Pas d'tducation formelle faire des experimentations Difference Ccologiqued'avec les pays a 2. Utiliser un succes rapide et climat tempCrC identifiable Manque de ressources economiques 3. Utiliser des technologies appropriees Ressources humaines abondantes et fort motivees 4. Demarrer avec un nombre limit6 de technologies Manque de pouvoir 5. Former les chefs de village comme Ntcessite de reorganisation agents de vulgarisation Manque de services et d'infrastructures Roland Bunch 179 A gauche figure la liste des principes et a droite les technologies et a en inventer de nouvelles devient caracteristiques que I'on rencontre souvent dans extrsmement importante. les petites communautesrurales du monde en voie La derniere de ces relations de causalite est peut- de developpement. Dans de telles situations, I'on Ctre la plus importante de toutes. Si le monde veut dkouvre non seulement les obstacles et les nourrir sa population en croissance rapide sans problemes qu'un systeme de developpement dktruire I'enviromement de la planete, I'on se doit agricole dome doit surmonter comme, par de trouver un grand nombre de technologies agro- exemple, le manque d'infi-astructures Cducatives et Ccologiques approprikes aux situations sociales, economiques formelles, mais egalement Cconomiques et kcologiques des pays en d'importantes ressources dont tout systeme de developpement.Si I'on ne parvient pas a impliquer developpement doit tirer parti s'il veut Ctre aussi dans cet effort monumental les millions de chefs eficace que possible. Parmi celles-ci figurent un de village fort bien motives dans les centaines de tres grand nombre de personnes fort motivees et milliers de villages dans le monde en une ecologie qui, dans de nombre de cas, est tres developpernent, les menaces de pauvrete et de propice a la realisation de taux Clevks de faminepeuvent tout a fait devenir bien graves. productivitk agricole. Les fleches montrent les relations causales. Le La viabilitkde la productivitk agricole premier principe (motiver et apprendre aux paysans a faire des experimentations), par Dans nombre de pays en developpement, les exemple, a une relation de cause a effet avec les services de vulgarisation ont des effectifs quatre caractkristiques des zones rurales des pays plkthoriques et sous-payes. 11s manquent de en developpement. Dans le premier cas, les moyens de transport et n'ont souvent pas de populations qui ont regu trb peu, voire aucune messages percutants. Quand bien mCme ils etaient education formelle, n'ont pas I'habitude bien en avance sur les exploitants agricoles d'apprendre par le truchement de ILCcritou en novateurs, les agents de vulgarisation travaillent ecoutant des exposb. Ils apprement beaucoup rarement avec plus d'un agriculteur sur quatre, et plus efficacement @ce a leur propre expkrience. mCme dans ce cas-1%les visites sur le terrain sont De la sorte, quand ils expkrimentent par eux- trop rares pour Ctre tks eficaces (Saravia 1983). mCmes de nouvelles technologies, ils apprennent La conskquence de ce manque de ressources est du mieux qu'ils peuvent. que le gouvemement cible souvent des zones a Dans le cas de la seconde fleche, potentiel agricole eleve, ce qui entraine I'experimentation villageoise a une valeur spkciale I'accentuation des problemes de pauvrete et parce que nombre de technologies transfkkes )) (( d'inegalite (information domee lors d'un atelier dans les pays en dkveloppement proviement des international duFoodPolicy ResearchInstitute sur pays industrialisCs. Ainsi est-il extremement la degradation de la terre dans les pays en important que non seulement les exploitants developpement, a Annapolis dans le Maryland du agricoles villageois etablissent la validite de ces 4 au 6 avril 1995). technologies par leurs propres coordinations, mais Une des fagons pour les pouvoirs publics de qu'ils cherchent Cgalement a savoir comment ces relever ce defi est d'impliquer les agriculteursdans technologies pourraient Ctre modifikes, le cas la resolution de leurs problemes ayant trait a la Cchkant, pour mieux s'adapter aux diverses faiblesse de la productivite. Une experience situationsdans lesquelleselles sont appliquees. courante dans trois continents montre que les Dans le troisieme cas, I'aptitude des paysans agriculteurs peuvent jouer trois grands r6les (et de tant a etablir la validitk de ces technologies, a les nombreux autres r6les de moindre importance) modifier pour leur usage propre qu'a inventer des dans la poursuite de leur propre dkveloppement technologies totalement nouvelles, les rend moins agricole : dkpendants des sources extkrieuresd'informations. instituer et conduire des expkrimentations afin Ceci rend I'exploitant agricole autonome. Et dans de modifier les technologies dkja connues et les cas de figure ou I'infrastructure et les services d'en mettre au point de nouvelles d'informations font defaut, I'aptitude a adapter les diffiser entre agriculteurs la comaissance de 182 Ddveloppement agricole centre sur les populations :Pr~ncipesde vulgarisationpour rdaliser zm impact durable Chaque fleche indique une relation de causalite faire du developpement agricole un processus continu entre I'utilisation a bon escient du principe et la - durable - il doit prendre en compte le pouvoir consolidation d'un des facteurs requis pour economique. Les agriculteurs sans pouvoir atteindre la durabilite. economique sont simplement des personnes Prenons par exemple le premier principe. A force incapables de poursuivre ce processus. de faire des experimentations, les agriculteurs Mais les villageoisn'en tirent pas uniquement une acquierent 17aptitudea conduire des expkrimentations sorte de confianceen soi au plan agricole.11sgagnent gr5ce a la methode eprouvee d'apprentissage par la de I'assurance de manikre generale, ce qui leur donne pratique. En faisant des experimentations, les plus de competence dans maints domaines de la vie. agriculteurs acquikrent une bonne connaissance Les ressources economiquesaccrues des villageois ne agricole de base. Quand ils font des doivent pas necessairement servir aux activites experimentations, et sont motives a les faire, ils agricoles; elles peuvent servir a toutes autres acquierent I'aptitude a continuer de diversifier leur activites sociales.Pareillement, leurs competences en agriculture. Et quand ils seront a mCme d'acqdrir matiere d70rganisation ne serviront pas constamment des informations, ils auront quelque exclusivement a mettre sur pied des organisations chose de precieux a partager de manikre durable avec agricoles; elles peuvent Ctre mises a contribution les autres. pour poursuivre toute fin que les populations En conclusion, les principes de developpement choisiront. agricole centre sur les populations contribuent pour Ainsi, tout en creant un processus de beaucoup au renforcement des facteurs qui creent developpement agricole durable, de par sa nature precisement les conditions d'un developpement auto- mCme, cette methode rend-elle autonome les entretenu au niveau du village. Ainsi, est-ce la populations de maniere utile a toutes sortes d'efforts methode de vulgarisation - (la manikre d'enseigner) de developpement. En d'autres termes, nous ne - qui permet, plus que la technologic, autrement dit parlons pas d'un effort qui se limite a rendre le ce que nous enseignons,au programmede parvenir a developpement agricole durable. Nous parlons plut6t la durabilite. d'un processus qui donne aux populations un ensemble de competences et d'attitudes pour Dkveloppement agricole centrk sur les ameliorer leur propre bien-Ctre dans de nombreux populations,durabilitk et pouvoir bonomique domaines, qui vont de la gestion d'organisations a I'amelioration de la sante, et des activites de ckation I1est important de cornparer les facteursnecessairesa d7emplois a I'amelioration des conditions de vie la durabilite et aux facteurs identifies par les domestique. sociologues comme sources de pouvoir dans toute D'une certaine maniere, le processus de societe (Figure 12.4). L'on peut immediatement developpement agricole centre sur les populations s'apercevoir que pratiquement toutes les sources de s'appuie sur I'amelioration de l'agriculture, ctbesoin pouvoir sont inherentes a un ou plusieurs des facteurs reel ))qui se fait tres largement sentir, pour amener de durabilite. Ce qui veut dire que le pouvoir les populations a s'engager dans un processus qui les economique est inherent a tout processus qui permet mettra sur la voie, et leur donnera les competences et aux villageois de faire perdurer le processus de attitudes indispensables la poursuite d'un processus developpement agricole. Si nous avons a ceur de global de developpementrural integre. Roland Bunch 183 Figure 12.4 La relation entre les facteurs de durabilitb du processus de developpement agricole et le pouvoir economique des villageois Facteurs requispour pawenir a la ~limentsde pouvoir durabiliti Motivation a poursuivre le processus Confiance en soi Confiance en soi et respect de soi Pouvoir de coercition Aptitude a organiser et conduire des experiences \ Argent Droits sur les ressources naturelles Situation Ressources financieres adequates Connaissances agricoles de base Prestige, influence Agriculture diversifiee Aptitude et motivation a partager les Connaissance informations Renforcement des capacites des Organisation organisations Historique et diffusion actuelle du developpement Development Alternatives a attribue sa meilleure note agricole centresur les populations au Programme de San Martin. ImpressionnC par les rdsultats de celui-ci et ceux La plupart des principes actuellement intees dans le d'un programme similaire ulterieur a San Jose developpement agricole centre sur les populations ont Poaquil au Guatemala, World Neighbors a decide ete testes par une institution ou une autre sur les hauts d'appliquer les principes du developpement agricole plateaux du Guatemala au cours des annees 1960. En centre sur les populations a des programmes en 1972, World Neighbors, avec l'appui d70XFAM Bolivie, a Haiti, au Honduras, en Indonesie, au (Royaume-Uni), a elabore le Programme de Kenya, au Mexique, au PCrou, aux Philippines et au developpement de San Martin Jilotepeque. C'est le Togo. Dans chaque cas, hormis le Kenya, ces tout premier programme a utiliser tous les principes programmes ont donne des resultats si significatifs de developpement agricole centre sur les populations qu'ils ont Ctk enormement visit& et considerds dans un seul et meme programme. Les resultats, comme dignes d7Cmulation. partiellement ddcrits ici, ont dkpasse largement les Petit a petit, un ensemble d'autres institutions ont attentes. Des evaluations extemes ont confirme la adopte les principes du developpement agricole reussite en matiere de productivitd agricole, centre sur les populations dans le cadre de leurs d7amCliorationde la sante, de qualit6 d'organisation programmes. Des organisations aussi diverses que le etc. Apres l'etude effectue sur 41 programmes Fonds Mondial pour la Nature, Trees for People typiques dans sept pays de par le monde, la societi (Allemagne), Le Mennonite Central Committee, 184 Developpement agricole centre' sur les populations :Principes de vulgarisationpour re'aliser un impact durable World Vision, le Catholic Relief Services, la formation d'animateurs, le renforcement des Fondation Agha Khan, la Cooperativefor American organisations, la formation aux principes Relief Eveiywhere (CARE),Campesino a Campesino elementaires de biologie et d'agriculture et, dans la (De paysan a paysan), la Cooperation Technique majeure partie des cas, a la diversification agricole. Allemande (GTZ), le Corps de la Paix et Rodale Certains programmes de WorldNeighbors ont atteint International ont applique ces principes aux cet objectif. Son premier programme au Mexique programmes qu'ils pilotent ou financent dans un ou (dans les etats dYOaxacaet de Tlaxcala) ont ete plus maintspays de par le monde. onereux. Toutefois, le programme de San Martin au Guatemala a ete beaucoup plus eficace, et le L'eBcacitk des principes de dkveloppement programme de Guinope au Honduras a coilte agricolecentrk sur les populations presqu'exactement le montant que l'objectif indiquait. Le programme de Cantarranas a coQte La methode de developpement agricole centrC sur les environ 450 dollars par famille et trip16 le rendement populations n'a pas seulement fait la preuve de sa tandis qu'un programme gere par des etudignts d'une capacite d'atteindre des taux tleves d'adoption par Ccole superieure de IYOregon,aux ~tats-~nis,a les exploitants agricoles et d'accroissement de la dCpensC moins de 300 dollars par famille et triple la productivite, mais, plus encore, cela a etC possible a productivite. un coQtbeaucoup moindre que les autres systemes de Dans tous les cas, ces chiffres sont beaucoup vulgarisation. D&s l'instant ou les agriculteurs moindres que ceux de presque toute autre deviennentun maillon principal dans la diffusion tant mCthodologie. De nombreuses propositions de des technologies agricoles que de la mkthode de programme dkcrivent des efforts qui cootent dCveloppement, les coQts sont considCrablement plusieurs milliers de dollars E.U. par famille reduits. Au lieu d'avoir a travailler avec chaque bkneficiaire, et certaines reviennent a bien plus que groupement d'agriculteurs, le personnel spCcialise 10.000dollarspar farnille(25 fois moins eficace que plus onereux encadre les agriculteurs agents I'objectif de 400 dollars). La majeure partie des vulgarisateurs qui dispensent la plupart des programmes dCcoulant de ces propositions enseignements. I1 s'ensuit que chaque agronome n'atteignent jamais toutes les populations qu'elles professionnel forme, apporte son appui a un groupe escomptaient atteindre et bon nombre de ces de 16 a 10agriculteursagents de vulgarisation. De la populations n'essaient pas de tripler leur rendement sorte, chaque agronome peut atteindre, de maniere de maniere durable. Un assez grand nombre de intense mais indirecte, quelque 150 a 250 programmes de dkveloppement agricole consacrent agriculteurs. En depit de la modique allocation que plus de 400 dollars rien qu'a des primes d'incitations les agriculteursagents vulgarisateursre~oivent(apres artificielles. la ou les deux premieresannees) la reduction de coQts realisee par agriculteurest impressionnante. Nature et durabilite'de I 'impact En AmCrique centrale, World Neighbors et COSECHA sont reputes pour avoir la capacitk durable Une question essentielle qui se pose est de savoir de tripler le rendement de la production cCrCaliere de quel est le niveau d'accroissement soutenu apres la base des agriculteurs (a des niveaux qui se situent fin du programme. Les rendements sont-ils entre 400 et 800 kilogrammes a I'hectare) pour un maintenus apres que les interventions exterieures coM total par programme s'Clevant a moins de 400 aient pris fin? Une Ctude rkcente de trois des dollars E.U. par famille paysanne, y compris les premiers programmes (a San Martin Jilotepeque, au charges administratives, les salaires, les fiais de Guatemala, a Guinope et a Cantarranasau Honduras) transport, ainsi de suite. En d'autres termes, si un a montrk que non seulement les rendements ont etk programme revient a 500.000 dollars E.U. par an sur maintenus, mais ont, de maniere genkrale, continue a huit ans, soit un coQttotal de 400.000 dollars, alors croitre sensiblement (Bunch et Lopez 1994). A San environ 1.000 exploitants agricoles auront pu tripler Martin, par exemple, les rendements moyens de mals de maniere durable leur productivite de cereales de dans les quatre villages etudies Ctaient de 400 base. kilogrammes par hectare avant le programme (1972) Ce coat de 400 dollars par famille comprend la et approximativement de 2.000 kilogrammes a Roland Bunch 185 I'hectare a la fin du programme (1979). Mais 15 ans radicalement baisse (cas a San Martin) soit ete apres (1994), presque sans aucune intervention inversee. Dans les villages du programme Guinope, supplementaire en developpement agricole de une migration nette vers l'interieur a eu lieu entre quelque institution, les rendements de mais 1990et 1994,en depit d7unetres forte migration nette s'elevaient en moyenne a 4.500 kilogrammes a vers l'exterieur dans les annees 1970, phenomene, a l'hectare. C'est dire que les rendements ont une fois notre connaissance, sansprecedent au Honduras. de plus double. Au cours de ces memes quinze Une des principales conclusions de 17etudea kt6 annees, les rendements de haricot (la deuxieme que la durabilite ne reside pas dans les technologies. denrke de base la plus importante de la region) ont Meme si les technologies enseignees dans ces augmente de 75%. Les villageois eux-memes ont programmes ont une demi-vie d7environcinq ans poursuivi avec succes le processus de dkveloppement (aprb cinq ans, la moitie des technologies a it6 agricole. abandonnee), le processus de dkveloppement agricole Toutefois, la situation n7Ctaitpas partout la meme. et les haussesde rendement se sont poursuivis. Ainsi, Dans les 25 a 30% de villages ou la reaction etait la la durabilite ne se trouve-t-elle pas dans le bon choix meilleure, les rendements ont continue de croitre de technologies. Les marches Cvoluent, les prix des apres la fin du programme. Dans les 40 a 50% de intrants augmentent, de nouvelles opportunites villages a reaction moyenne, les rendements sont technologiques voient le jour, des variites se rest& plus ou moins stables ou ne se sont accrus que detkriorent, les parasites se propagent et la de manibe marginale, tandis que dans les 20 a 35% concurrence devient plus iipre. T6t ou tard, dans ce de villages ou 17impact a ete le moins bon, les monde moderne en mutation rapide, la plupart des rendements ont baisse quand bien mCme ils technologies disparaissent. L'espoir de durabilitk du continuent a etre superieurs a ceux connus au debut developpement agricole ne reside pas dans la nature du programme. de la technologie, mais dans celle du processus. I1 y avait d'autres signes d7innovation aux L'etude confirme que le processus social (celui de proportions a peu prks similaires. Dans les villages a 17experimentationa grande echelle et du partage des faible impact, il n'y avait pratiquement pas de signe informations, de I'innovation et de solution collective d'innovation en cours, tandis que dans les villages des problkmes) peut se perpetuer d7annCeen annee. aux impacts les meilleurs,pratiquement des centaines Bien que des etudes formelles ne 17aientpas encore d'experimentations ont kt6 effectukes apres la fin du montre, une preuve preliminaire empirique montre programme, et souvent, chaque communaute utilisait qu'un phenomene similaire s7est produit dans le avec succesplus de 10 innovations. cadre de programmes similaires ressortissant aux A San Martin, des ensembles de nouveaux principes de dkveloppement agricole centre sur les systemes de production agricole ont vu le jour. Un populations de par le monde. des quatre villages etudies a mis au point un systeme intensif d7Clevagedans lequel il Clevait quelque 7 Entrmes a la rialisation d'un tel impact tetes a l'hectare. Un autre villageest devenu un grand producteur de h i t s tandis que les deux autres ont Les principes de dkveloppement agricole centre sur mis au point un systeme intensif de production de les populations ne peuvent surmonter tous les cafe. Un des villages a meme congu un systeme a obstacles. 11s nkcessitent un personnel de petite Cchelle (moins d'un hectare par famille) de vulgarisation fort motive et une bonne gestion forestiere durable, lui faisant gagner des comprehension de la fagon dont ces principes entrees substantielles d7argenten plantant des arbres peuvent s'appliquer dans chaque cas particulier.Bien sur des espaces dkgages (sans avoir recours a une qu'en Amerique centrale, certains programmes pepiniere) et en abattant un nombre (moyen) d7arbres finances par le Fonds mondial pour la Nature, tels exploitables,de manibre viable chaque annee. que le Programme des Defensores de la Naturaleza D'autres impacts ont egalement ete CtudiCs. Dans au Guatemala, les programmes de Calakmul et de les communautCs a impact eleve, le nombre Linea Biosfera au sud-est du Mexique, ont remporte d'organisations s'est accru, les prix de la terre ont un tres grand succbs, d'autres programmes ayant augrnentk de maniere spectaculaire, les revenus se recours aux principes de dkveloppement agricole sont accrus, la migration vers I'extbieur a soit centre sur les populations ont CchouC a cause du 186 Dheloppement agricole centre sur lespopulations :Principes de vulgarisationpour rkaliser un impact durable manque de motivation de la part du personnel ou variations locales, des cultures divergentes ou des d'une administration du sommet a la base facteurs economiques, mais elle a aussi aide a extremement ineficace. comprendre les seuils de modification qu'on pourrait L'on nous demande souvent dans quels systemes atteindre dans leur application sans en reduire d'exploitation les principes de developpement I'eficacitC. agricole centre sur les populations ne marcheraient Quelles ont ete les principales modifications et pas. 11nous semble qu'il ne marcherait pas chez les quelles legons en a-t-on tirees ? En tout premier lieu, agriculteurs disposant d'engins mecaniques et nous avons appris que la limitation du nombre initial d'importants capitaux, parce que ce type de technologies enseigndes est de loin le plus d'agriculteurs ne seraient probablement pas disposes important des principes, tout en etant celui au sujet A s'enseigner les uns les autres. Ils ne duquel le personnel du programme est au depart le fonctionneraient probablement pas dans les zones oh moins enthousiaste. En fait, il semble y avoir une un ensemble de deux ou trois technologies connues remarquable correlation inverse entre le rapport coiit- seraient incapables de produire un accroissement eflicacite d'un programme (mesure au nombre de sensible des rendements, comme, par exemple, dans familles dont le rendement de cereales de base peut les kgions semi-aridesdu Soudan et sur les hauteurs 6tre triple avec chaque dizaine de milliers de dollars des Andesp6ruviennes. depenses) et le nombre d'innovations introduits dans I1 est egalement trks ardu, voire impossible, un village dome au cours de la premiere annee du d'appliquer le processus de developpement agricole programme. M6me les programmes qui n'ont pas centre sur les populationsdans un cadre institutionnel utilise sciemment les principes de developpement qui ne favorise pas la prise de decision a un echelon agricole centre sur les populations, mais dont les proche de celui des agents vulgarisateurs villageois premieres innovations ont etd limitees par d'autres (Pretty et Chambers 1994). Les principes aussi bien facteurs (dans le cadre du programme PATECORE au que les technologies utilises doivent 6tre adaptes en Burkina, par exemple, les options technologiquesont fonction des differences de systemes d'exploitation, et6 restreintes par I'austeritk de I'environnement et la de cultures et de regimes fonciers, de facteurs r a t 6 des innovations connues comme pouvant y environnementaux, de facilit6 d'accb aux villages et reussir), ont connu des niveaux remarquables aux marches, ainsi de suite. Les institutions qui ne d'impact. laissent pas de marge pour proceder a de telles Une deuxieme grande modification a kt6 celle du adaptations ne rkussiront que rarement a utiliser la Programme Campesino a Campesino au Nicaragua. methode de developpement agricole centre sur les Dans ce cas-1% profitant du dynamisme des populations. villageois, general dans tout le pays durant la L'application reussie de la m6thodologie est dkcennie 1980,le programme a impulse une mkthode 6galementrendue beaucoup plus dificile dans les cas d'enseignement de villageois par des villageois qui a ou les premiers programmes de developpement diffuse un petit nombre d'innovations agricoles etaient tres paternalistes, distribuaient toutes sortes benefiques sur I'ensemble d'une region beaucoup d'intrants, de nourriture et autres incitations plus Ctendue et, ce, de maniere beaucoup plus rapide artificielles. Des succes significatifs ont toutefois ete que tout autre programme ayant recours aux rdalisb, m6me dans ce type de situations. principes de dkveloppement agricole centre sur les populations. Cela a kt6 fait presque totalement avec Modificationsimportantesdans I'application des une main-d'euvre villageoise volontaire, un strict principesde dhveloppementagricolecentrk sur les minimum d'appui organisatiomel et financier, et populations. avec l'implication d'un nombre minimal de personnes qualifikes. Ainsi, un programme operant Au fur et a mesure que les principes de dans 35 municipios (probablement plus de 300 developpement agricole centre sur les populations ont villages) ne comptait pas, jusqu'a une date recente, Cte appliques qa et la dans le monde, ils ont etk plus de quatre agronomes parmi tout son personnel consid6rablement modifies. Cette modification a, de vulgarisation agricolea l'echelle nationale. dans I'ensemble, 6te trks salutaire. Elle n'a pas Certains observateurs font valoir que cette seulement permis a la mkthode de tenir compte des expansion incroyablement rapide et couronnke en Roland Bunch 187 apparence d'un tres grand succes a debouche sur de et al. 1988). Cette procedure pourrait Etre d'autant faibles pourcentages d'innovations reelles par les plus importante que de plus en plus d'agriculteurs villageois eux-mCmes dans la majorite des villages. commencent a faire des experimentations. Elle aidera D'autres ont l'impression qu'une telle expansion ne les agriculteurs et les chercheurs a s'engager dans un beneficiant que d'une supervision minimale ne dialogue benefique aux uns et autres et permettra que pourrait survenir que dans un pays ou un changement les quantitks impressionnantes d'informations majeur s'est produit et ou les villageois sont assez precieuses que les agriculteurs produisent soient bien organises et fort motives, comme c'est le cas consignees dans des repertoires plus formels de actuellement au Nicaragua. Helas, dans le cas de la connaissances agricoles. COSECHA nous n7avons pu suivre de pres le Une autre variante de cette mkthode consiste a programme Campesino a Campesino pour savoir si integer les principes de dkveloppement agricole ces observations sont fondees ou pas. c e n e sur les populations dans d'autres types de Certaines organisations ont tente d'utiliser des programmes de diveloppement rural. Bon nombre de criteres de selection d'agents vulgarisateurs ces principes ont kt6 utilisks dans des programmes villageois. C:es criteres requierent souvent que I'on ait sanitaires, de planification familiale, de formation regu une Cducation scolaire secondaire, ait une professionnelle et mkme dans un programme autorite Ctablie ou un prestige au sein de la participatif de construction de logements suite a un communaut6 et pratiquk les innovations suggerees seisme. 11apparait que la ou ces principes ont ete mis avec succes sur sa propre exploitation. Le premier de en vigueur, ils ont accru 17eficacitedes programmes ces criteres s'est revele contre-performant dans la egalement. plupart des cas, et le second est pour I'essentiel impertinent. Le troisieme critere, cependant, s'est revdle d7une valeur inestimable parce que toute L'expCrience desvastes programmesde personne qui a une production deux a trois fois dheloppement agricolecentrc5sur les populations supkrieure a celle de ses voisins aura toute la credibilite qu'il lui faut. Dans deux cas, les principes de developpement Une quatrieme innovation a consiste a essayer de agricole centre sur les populations ont 6te testes a une parvenir ii des conclusions scientifiquement grande khelle. L7excellent travail du programme pertinentes et ayant un niveau de significance de 1 a Campesino a Campesino au Nicaragua, beneficiant 5%' a partir des nombreuses et diverses de la collaboration d'un bon nombre ~'ONG, ' experimentations faites par les agriculteurs. Une collaboration au reste encouragee par Campesino a methodologie actuellement utilisee dans les projets Campesino, a dCja 6te mentionnee. du World Neighbors en Amerique du Sud consiste a Le second cas est celui ~'EPAGRIet de la Soma convaincre chaque agriculteur de repkter plusieurs Tabacco Company, qui collaborent dans tat de fois chaque expdrimentation (Beingolea Ochoa n.d.). Santa Catarina dans le Sud du Bresil. Bien plus de L7analyse statistique, utilisant soit des calculs 100.000 agriculteurs ont apportk d7importants manuels soit une analyse de stabilite modifiee, a changements a leurs pratiques agricoles (y compris donne des ksultats valables d'un point de vue 17utilisationdes plantes de couverture, le labour-zero statistique (Hildebrand 1993). Cependant, certains et une amelioration de 1'Clevage porcin) qui ont, au observateurs doutent que les agriculteurs continuent bas mot, triple les rendements. De nombreux de recommencer leurs experimentations, parce qu7ils agriculteurs ricoltent present du mays A un taux de 7 ont peu de motivation personnelle pour le faire. tomes a 17hectare. Une demarche a consisti a utiliser les donnees Dans ce cas, 17EpAGRIa recours aux principes de produites par un gmnd nombre d'agriculteurs qui font developpement agricole centre sur les populations, sans les repeter des experimentations similaires sur sauf qu7il n'a commence a avoir recours a des une seule et meme exploitation donnee. La encore, agriculteurs agents vulgarisateurs que recemment, et les calculs peuvent ktre faits manuellement ou a ce, a titre expdrimental. Par contre, laSoma Tabacco l'ordinateur, et l'on s'est apergu que les resultats Company (qui limite ses activites a la production de etaient plus fiables et plus previsibles que ceux tabac, ainsi qu7a I'introduction de cultures de provenant des stations d'expkrimentation (Rzewnicki couverture) emploie un grand corps d'agriculteurs 188 Dheloppement agricole centre' sur les populations :Principes de vulgarisationpour re'aliser un impact durable agents de vulgarisation. L'un et 17autreprogrammes La realisation de ce processus social durable ont eu d7excellentsniveaux d7impacts, bien qu7ils necessite un ensemble de conditions qui aient ete faits a grande echelle. De tous les comprennent le renforcement de I'autonomie de programmes a grande Cchelle travaillant avec les la population villageoise comme composante agriculteurs de petite et moyenne importances, vitale. EPAGRl est peut-Ctre celui qui a le plus de succes en La methode de developpementagricole centre sur AmCrique latine. les populations requiert un personnel fort motive, Peut-Ctre que la principale innovation ~~'EPAGRI une bonne dose de liberte de prise de decision au a utilisee pour rendre les principes de developpement niveau des communautes de base, et une bonne agricole centk sur les populations fonctionnels dans comprkhension des principes et de la fagon dont un programme a grande Cchelle a-t-elle ete ils peuvent et devraient Ctre appliques dans d'organiser les ingenieurs agronomes en equipes chaque situation particuliere. regionales. Cette procedure a ete utilisee de maniere La confiance en soi, les aptitudes precise pour reduire la verticalite ou la nature organisationnelles, de meilleurs revenus et un bureaucratique de I'organisation. Bien qu'il y ait un pouvoir economique reel s'appliquent a tous les chef d'equipe, le personnel a le sentiment de efforts de developpement participatif. Ce type de travailler en equipe, que tous ceuvrent ensemble pour tiche de developpementagricole peut contribuera atteindreun objectif commun. Cela favorise des liens favoriser un processus beaucoup plus large de personnels plus etroits entre les agents vulgarisateurs developpementrural integre. et les administrateurs,plus d'esprit d'ouverture pour discuter ouvertement des problemes et apprendre les References bibliographiques uns aupres des autres, plus de liberte dans la prise de decision a I'echelle du village, 17envoide plus grands Le terme exploite)) designe des travaux reproduits (( flux d'informations du terrain vers le sommet, et officieusement qui pourraient ne pas Ctre moins de distance organisationnelle entre les generalementdisponiblesdansdes bibliotheques. agriculteurs et les administrateurs a I'echelle Atampugre, Nicolas. 1993. Behind the Lines of nationale. Chacun de ces facteurs tend a accroitre Stone: i%e Social Impact of a Soil and Water l'efftcacite des programmesde vulgarisation agricole Conservation Project in the Sahel. Oxford: a grande Cchelle (Pretty 1995). OXFAM. Beingolea Ochoa, Julio. n.d. "Planning and Lqons tirees Conducting Experimental Field Trials in Peasant Communities." Pamphlet published by Office for Au fil des ans, et apresavoir visite plus de 250 projets the Andean Area, World Neighbors, Santiago, de developpementagricole de par le monde, nous, a Chile.Exploite. la COSECHA, avonsappris les legons suivantes: Bunch, Roland. 1982. Two Ears of Corn: A guide to la methode de developpement agricole centre sur people-Centered Agricultural Improvement. les populations peut Gtre tres efficace dans un OklahomaCity: World Neighbors. grand nombre de cultures,d'environnements et de Bunch, Roland, and Gabino Lopez. 1994. "Soil contextespolitiques. Recuperation in Central America, Measuring the Limiter le nombre initial d'innovations Impact Three to Forty Years after Intervention." technologiques a une ou deux technologies Paper presented at the international policy simples, qui produiront un tres grand impact et workshop of the International Institute for mettront le processus social en branle, constitue Environment and Development, Bangalore, India, probablement le principe le plus important. 28 November-2 December. Exploite. La durabilite de ce processus de developpement Hildebrand, Peter E. 1993."Steps in the Analysis and agricole ne reside pas dans les technologies Interpretation of On Farm Research-Extension introduites elles-mCmes, mais dans le processus Data Based on Modified Stability Analysis: A social actif d7innovationet de diffusion d'idees Training Guide." Food and Resource Economics pilote par les agriculteurs. Department, University of Florida, Gainsville. Roland Bunch 189 Exploite. Practice. London: International lnstitute for Lacki, Polan. 1993.Development of the Small Farm: Environment and Development. From Dependency to Self-reliance. 2d ed. Rzewnicki, Phil E., and others. 1988. "On-Farm Santiago: Food and Agriculture Organization of Experiment Designs and Implications for the United Nations. Locating Research Sites." American Journal of Pretty, Jules N. 1995. Regenerating Agriculture: AlternativeAgriculture 3(4):168-73. Policies and Practicefor Sustainability and Self- Saravia, Antonio. 1983. Unenfoque de sistemaspara reliance.London: Earthscan Publications. el desarrollo agricola. San Jose: Instituto Pretty Jules N., and Robert Chambers 1994. Interamericano de Cooperacion para la "Towards a Learning Paradigm, New Agricultura. Professionalism and Institutions for a Sustainable Schumacher, E.F. 1973. Small Is Beautiful: Agriculture." In Ian Scoones and John Thompson, Economics as if People Mattered. New York. eds., Beyond Farmer First: Rural People's Harper and Row. Knowledge,Agricultural Research, and Extension Re'ussir la re'forme agraire oriente'epar - les me'canismes du marche' :l'expe'rience initiale de la Colombie, du Bre'sil et de 1'Afrique du Sud Klaus Deininger Des raisons theoriques et des donnees empiriques que ceux de la Coree, du Japon, de Taiwan (Chine) tendent a demontrer que la reforme agraire peut et, dans une certaine mesure, du Kenya. Malgre - ou presenter des avantages en termes d'equite et a cause de - cela, la reforme agraire reste une d'efficacite. D'abord, un grand nombre d'etudes ont question debattue avec passion dans un certain demontre I'existence d'une relation nettement nombre de pays (le Bresil, la Colombie, le Salvador, negative entre la taille d'une exploitation agricole et le Guatemala, I'Afrique du Sud, le Zimbabwe) dont la productivite, du fait des coirts de supervision lies a certains depensent des ressources considerables a I'emploi de main-d70euvreremuneree. I1 s'ensuit que cette fin. Un mecanisme de reforme agraire qui le morcellement de grandes exploitations permette aux petits exploitants agricoles de realiser redistribuees sous forme d'exploitations plus petites leur potentiel productif a un coirt comparable a ceux peut accroitre la productivite (voir Binswanger, d'autres types d'interventions des pouvoirs publics Deininger et Feder 1995). Ensuite, dans bien de cas, (education) serait tres souhaitable. la propriete fonciere est associee a un meilleur acces Le present chapitre decrit un nouveau type de aux marches du cddit, a I'assurance d'une reforme agraire negociee dans lequel les transferts de consommation regulibre entre deux saisons. terre sont bases sur une negociation et un Permettre aux pauvres d'entreprendre des arrangement volontaire entre les acheteurs et les investissements productifs indivisibles (ou en les vendeurs et dans lequel le r6le des pouvoirs publics empCchant d'epuiser leurs actifs), pourrait conduire a se limite a fournir aux beneficiaires eligibles une une croissance globale plus elevee (voir Bardhan, subvention pour I'achat de la terre. L'accent est mis Bowles et Gintis, a paraitre). Enfin, mCme dans une principalement sur la Colombie oh un ensemble de regression recoupant plusieurs pays, la repartition lois rendant obligatoire la reforme agraire negociee d'actifs productifs semble - mieux que la repartition ont ete votees en 1994. Le chapitre decrit les de revenus - avoir un impact sur la croissance difficultes rencontrees dans la mise en oeuvre du globale (Birdsall et Londofio 1997 et Deininger et nouveau modele, examine les solutions qui ont Squire,a paraitre). emerge et, en cornparant I'experience initiale A celle Malgrd ce potentiel apparent, I7ex@riencereelle du Bresil et de 1'Afrique du Sud - deux autres pays en matibre de reforme agraire a ete generalement qui ont recemment commence a mettre en oeuvre une decevante, sauf dans quelques cas exceptionnels tels approche negociee de reforme agraire -tente de tirer Klaus Deininger 191 des leqons qui pourraient servir a d'autres pays ou la faible intensite de main-d'aeuvre (Banque distributiondes terres est tres inkgale et oh la reforme mondiale 1966). agraire prend rapidement de l'importance dans le Le recours a la terre pour blanchir de I'argent debat politique. acquis par les seigneursde la drogue. Le chapitre se presente comme suit: nous Ces facteurs ont des implicationspour l'utilisation commenqons par analyser certaines des raisons qui d'intrants, la creation d'emplois et le bien-Gtre dans sous-tendent le changement de politique des pouvoirs les zones rurales. Premierement, alors que les petits publics en matiere de reforme agraire, puis nous nous exploitants agricoles Ctaient souvent chass6s de leurs Ctendons slir les principes de la reforme agraire terres traditionnelles et contraints de vivoter dans des reposant sur le march6 et certaines dificultCs regions marginales et ecologiquement fiagiles, une rencontrkes dans sa mise en aeuvre. Nous examinons grande partie des meilleures terres agricoles ensuite les mkcanismes Claboris dans cinq continuait d'etre affectde au pAturage extensif ou municipios pilotes et, en les comparant aux pratiques n'ktait pas du tout cultivde a cause de la violence en cours, nous dkcrivons certains des details lies a la (Heath et Binswanger 1996). Seulement 25% des mise en oeuvre ainsi que les modeles d'exploitation terres propres a la production agricole ktaient agricole qui ont kt6 mis au point dans cesmunicipios. affectkes a cet usage, le reste &ant consacre au Vient ensuite une section comparant les mkcanismes paturage. Cela signifie qu'il existe en fait de larges utilisds en (Solombie a ceux adoptds au Bresil et en &endues de terres inutiliskes ou sous-utilides, qui Afiique du Sud et examinant brievement certaines pourraient faire l'objet de reforme agraire en vue implicationspour le suivi de la nouvelle approche. d'accroitre la productivite agricole - une idCe que confirment lesdonndesd'observation disponibles.' Justification de la rkforme agraire ax& sur le Deuxiemement, la croissance de l'emploi en march6 milieu rural depuis les annCes 50 a dte lamentablement faible, tres en dega de la norme, En Colombie, la reforme agraire a constituk une mGme pour les pays d'AmCrique latine (Misibn preoccupation de longue date visant a corriger la Social 1990).Cela semble avoir renforcC la tendance repartition inequitable des terres, accroitre la des paysans a supporter,ou au moins a vivre avec des productiviti: et la viabilite ecologique de la niveaux de violence exceptionnellement eleves en production agricole et rdduire la violence gdneralisde milieu rural, qui constituent de plus en plus un en milieu nlral. La mauvaise repartition des terres en obstacle pour toute 1'Cconomie (les estimations de la milieu rural, qui remonte auxencomiendasdistribues presse colombienne evaluent les pertes likes a la apres la conquGte espagnole, a ete aggravCe a une violence en milieu rural a environ 15% du produit Cpoque plus recente par un certain nombre de interieur brut). Le gouvemement considkre la facteurs : reduction de cette violence comme un important Des incitations fiscales pour I'agriculture qui objectif de la reforme agraire. impliquent que des individus riches acqukraient Troisibmement, l'ajustement structure1 a rendu des terres dans le but de compenser les imp& sur particulikrement flagrant le manque d'adaptabilitd du les entreprisesnon agricoles. secteur des grandes exploitations agricoles. Ces Des obstacles juridiques au fonctionnement exploitations mkcanisees qui cultivaient surtout des harmonieux des marches de location et de vente produits agricoles traditionnels avec un minimum de des terres. Le metayage a Ct6 soit directement main-d'oeuvre etaient lourdement endettkes et donc interdit par la loi soit, lorsque cette interdiction incapables de s'adapter au nouvel environnement et etait levee, dCcourag6 par le fait que les metayers de profiter des opportunitks d'exportation des reqoivent des droits de proprikte sur toutes les produits agricoles non traditionnels. Incapable de ameliorations foncikres qu'ils ont apportkes, ce rCagir eficacement a la perte de la protection dont qui rend en principe impossible la resiliation de bCnCficiait l'agriculture, le secteur des grandes leurscontratsde metayage. exploitations agricoles a eu recours a un lobbying a Des subventions de credit et de taux d7int6rGtet grande Cchelle. On esgrait que la creation d'un une protection disproportionnee du sous-secteur secteur dynamique de petites exploitations agricoles de l'elevage qui encouragentune agriculturea trb permettrait a la Colombie de tirer profit de sa 192 Rbssir la reforme agraire orientkepar les mecanismes du marchk :I'experience initiale de la Colombie, du Brksil et de I'Afrique du Sud diversite ago-ecologique et d'accroitre de maniere par 1'Etat a a peine affecte la repartition globale des significative ses exportations de produits agricoles terres ;entre les annees 60 et 1990, le coefficient de traditionnelset non traditionnels. la repartition opkrationnelle des terres de Gini n'a Aucune de ces preoccupations n'est nouvelle. diminueque de 3 pour cent, de 0'87 a 0'84. Dans les annees 50, une mission de la Banque Traditionnellement, I'INCORA etait finance par mondiale reconnut la mauvaise repartition des une partie des droits sur les importations agricoles. ressources productives, surtout les terres, comme L'elimination de ces droits au cours de I'ajustement l'une des causes fondamentales de la stagnation structure1 signifiait qu'il fallait trouver d'autres economique.En 1961, le gouvernement crea 171nstitut sources de financement, soumises a un plus grand national colombien de reforme agraire (Instituto contr6le du public. L'acceptation d'une approche Nacional Colombiano de Reforma Agraria -INCORA) moins paternalistepar I'INcoRA le libera du poids de en vue de realiser une repartition plus equitable des beaucoup de ses anciennes fonctions, y compris la biens de I'economie rurale. Cependant, pour selection des knkficiaires, I'adjudication des terres, I'essentiel de son existence, cet institut a suivi une la fourniture de I'assistance technique et la approche centralisatrice et paternaliste de la reforme comptabilite, ce qui lui a permis de mettre davantage agraire jusqu'en 1994, date a laquelle une loi a ete I'accent sur la supervision reglementaire. En fait, la adoptee en vue de creer la base d'une approche survie de I'institution etait subordonnee a cette orientee par le marche et plus axee sur les reorientation2 beneficiaires. Nous reviendrons sur les details de En plus de ces facteurs institutionnels, cette loi apresavoir brievement examine la raison qui l'ajustement structurel a renforce la portee de la a conduit le gouvernement a adopter l'approche reforme fonciere orientee par les mecanismes du orienteepar le marche ou negociee. marche en augrnentanta la fois I'ofli-e et la demande de terres. Au plan de I'ofli-e, I'ajustement a rkduit la Pourquoipasserpar le march6 ? rentabilite des grandes exploitations agricoles en eliminant la protection accordee a I'agriculture tout D'un' point de vue institutionnel, les raisons en elargissant les opportunites d'investissement dans essentiellesdu passage d'un modele interventionniste d'autres secteursde 1'Cconomie.Cela a rendu la vente de reforme agraire a un modele orient6 par les des terres plus attrayante pour les proprietaires mecanismes du marche ont ete le succb limit6 de la terriens. Cependant, la reaction dynamique a reforme agraire centralisee et l'elimination de la l'ajustement structurel et la baisse simultanee de la source traditionnelle de financement de I'INcoRA. production agricole annuelle ont aggrave I'inegalite Bien que des ressources considerables aient ete entre regions et la pauvrete en milieu rural dans un consacrees a la reforme agraire (le budget annuel de certain nombre de regions. Cette situation s'est I'INCORA a la fin des annees 80 etait d'environ 140 accompagnee d'une plus grande violence en milieu millions de dollars en moyenne), pres de 35 annies rural et d'une plus forte demande de terres. Tout cela d'operations ont produit peu de resultats visibles. Au donne a penser que la reduction durable de la debut des annkes 90, les coOts administratifs du pauvrete en milieu rural nicessitera des mesures plus transfert des terres etaient tks eleves, atteignant ambitieuses, incluant au besoin une redistribution des environ 50% du budget total de la reforme agraire ou richesses. quelque 15.000 dollars par beneficiaire. L'INCORA s'est avire plus efficace dans la kgularisation Principes de la r6forme agraire nPgoci6e d'installations spontanees dans les zones peripheriques que dans la conversion des paysans Le cadrejuridique de la reforme agraire negociee est sans terre en entrepreneurs agricoles prosperes dans caractirisepar trois principes majeurs: des zones recupkrees aux grands propriktaires. De Les beneficiaires potentiels (ayant des actifs en nombreux beneficiaires du programme INCORA deqa d'un certain seuil minimum) peuvent abandonnerent I'agriculture a plein temps et louerent nigocier de faqon independante avec les la plupart ou la totalit6 de leurs terres, dans de propriitairesterriens et, une fois un accord conclu, nombreux cas a I'ancien proprietaire. De faqon ils ont droit a une subvention allant jusqu'a 70 generale, la reforme agraire de presque 35 ans dirigee pour cent du prix d'achat des terres (sous reserve Klaus Deininger 193 d'un plafond).3 telle qu'envisagee par la loi exige des fonds pour la Le r81e de I'INCORA est limite a une surveillance mise en place d'une infrastructure sur I'exploitation reglementaireet au decaissement des subventions. agricole et des ameliorations telles que le drainage, Une structure institutionnelle decentralisee veille a les abris et les plantes vivaces ainsi que des ClCments ce que la reforme agraire soit tiree par la demande du fonds de roulement tels que les animaux, les outils et coordonnee avec d'autres programmes du et les machines. Cette restriction a deux gouvernelnent. Cette structure evolue autour du consequencesnefastes. Conseil municipal de developpement rural Premierement, l'obligation explicite de n'utiliser (CMDR)qui, a travers un sous-comite charge des la subvention que pour I'achat de terres peut faire questions de reforme agraire (Comite municipal augrnenter le prix de celles-ci. Au lieu d'encourager de reforme agraire, CMRA),est destine a creer la les beneficiaires a negocier pour obtenir les terres aux structure institutionnelle visant a integer diverses prix les plus bas possibles, cette restriction incite a la entites et a inscrire la reforme agraire dans le collusion entre vendeurs et acheteurs pour surevaluer cadre de la strategie de developpement municipal. les prix, repartir I'excddent entre eux et faire Malgre des conditions prealables favorables et la supporter la facture par le gouvernement. Cela arrive determination expresse du gouvernement de effectivement; dans de nombreux cas, les distribuer 1 million d'hectares sur quatre ans, le propridtaires surevaluent le prix des terres et, en programme tie rdforme agraire a commence avec une couvrant la valeur totale des terres avec la subvention lenteur decoi~ra~eante.~Dans le reste de cette section, de 70 pour cent, obtiennent une subvention de 100 nous examinons certains des obstacles qui ont pour cent.6 En consequence, en 1996, le prix des contribue a cette absence de progres et les mesures terres acquises par I'intervention directe de I'INCORA reglementaires qui ont ete prises entre-temps pour Ctait plus bas que celui des terres acquises par les s'attaquer a certains d'entre eux et, si possible, les benkficiaires par le biais de la reforme agraire Climiner. negociee sur le marche, ce qui a entrain6 un mecontentement general et des appels pour un retour a la politique interventionniste.' Deuxiemement, m6me en l'absence de telles I1 est bien connu qu'il faut accorder des subventions solutions novatrices, la loi a cred une structure aux pauvresj pour leur permettre de creer des d'incitation tres favorable au transfert de terres entreprises agricoles viables sans avoir a rembourser agricoles bien mises en valeur qui se trouvaient ddja une dette excessive (Binswanger et Elgin 1988 et pres d'une infrastructure et qui Ctaient dotees de Carter et Mesbah 1993). Sur la base de l'experience l'investissement complementaire necessaire. Cette du pass4 la loi colombienne sur la reforme agraire situation rend plus difficile l'orientation du stipule que la subvention maximum autorisee est de programme vers les populations reellement pauvres 70 pour cent du prix des terres pour une exploitation des zones peripheriques : il s'agit Ih d'une question agricole falniliale viable (ddfinie comme celle particulikrement importante, car la reforme agraire pouvant c r 6 ~au moins trois salaires minimum^).^ est particulibrement bien indiquee pour cibler les Les 30 pour cent restants du prix d'achat des terres, individus pauvres qui sont habituellement hors de plus tout investissement de demarrage, doivent etre portee des programmes gouvernementaux de type obtenus aupres d'autres sources de financement : soit plus classique. L'impossibilitd d'utiliser la les propres ressources du menage agricole, soit un subvention pour des investissements tels que le pret regulier d'une institution financiere. On espkrait drainage, I'irrigation ou les arbres qui sont rattachCs a qu'en partageant le risque, les intermediaires la terre, est manifestement contraire a I'objectif de financiers apporteraient une assurance developpement des terres sous-utilisees dans les supplementaire quant a la viabilitd Cconomique des zones inacce~sibles.~Cela reduit la reforme agraire a entreprises rides de la reforme agraire. une simple redistribution de richesses existantes Une des lacunes de cet arrangement reside dans le plut6t qu'a la crdation de nouvelles richesses, meme fait que les montants des subventions doivent etre si le coClt global par beneficiaire Ctait le meme que consacres a I'achat de terres, bien que I'on dans un programme ciblant les zones sous-utilisCes. reconnaisse que la creation d'une entreprise agricole Au cas plus probable oh les terres sous-exploitees 194 Re'ussir la re'forme agraire oriente'epar les m6canismes du march6 :Ifexpt?rienceinitiale de la Colombie, du Bre'sil et de I'Afrique du Sud pourraient &re acquises a moindre coQt et ou la manque de ressources~om~lementaires.'~ contribution des beneficiaires dduirait le coQtde la Deuxiemement, une superficie minimum imposee mise en place d'infrastructures sur l'exploitation de fagon centralisee ne tient pas compte de la agricole et a l'exterieur de celle-ci, une telle approche capacite des pauvres en milieu rural - surtout ceux entrainerait des lacunes directes et une reduction du qui sont a proximitd des zones urbaines - a tirer des nombre de Eneficiaires qui pourraient 6tre servis par revenus de sources variCes. Cette politique ne permet un budget donne. guere d'agrandir progressivement leurs proprietes en louant ou en achetant des terres supplCmentaireset ne Quel est I 'objectifdela riforme agraire? tient pas compte non plus de la grande diversite des situations qui prevalent dans les differentes regions Pour faire en sorte que la reforme agraire contribue a du pays. L'administration dCcentralisCe de la reforme creer des entreprises agricoles viables plut6t qu'a est plus a m6me de prendre en compte cette diversite mettre en place un proletariat rural avec des parcelles en permettant aux institutions locales de dCcider des trop petites pour gCnCrer des moyens d'existence questions telles que la taille optimale des durables, le gouvernement a decide que les terres exploitations agricoles, compte tenu des conditions transfkrdes dans le cadre du programme de reforme locales. De meme, ces institutions devraient decider devront fournir aux bdneficiairesun revenu d'environ de la maniere de distribuer les ClCments de trois salaires minimums. Dans la pratique (en partant subvention, en realisant un juste Cquilibre entre la de l'hypothese de terres de qualite moyenne), cela distribution a un nombre de bCnCficiaires correspond a une exploitation agricole d'environ 15 relativement peu ClevC ou un nombre si ClevC que la hectares. Bien que le desir du gouvernement part de ressources disponibles regue par chaque d'empecher que le programme de rdforme agraire exploitation ne lui permet pas d'6tre rentable. contribue a la rninzjimdizacion (la crdation de parcelles commercialement non viables ou de Quisont lesprincipaux acteurs ? programme de squatting en zone p6riurbaine) soit comprChensible et Mgitime, I'imposition d'une La loi colombienne reconnait clairement que la superficie minimale a peu de chances d'atteindre cet reforme agrairenkgocike ne peut rdussir que si elle se objectif. fonde sur I'initiative locale et si les Eneficiaires et Premierement, une telle exigence concentre un leurs representants coordonnent les fonctions montant limit6 de ressources entre les mains d'un autrefois assurees par une institution centralisee..La nombre tres limit6 de beneficiaires, creant ainsi une structure institutionnelle mise en place est exemplaire bourgeoisie agraire dont les membres sont beaucoup d'un point de vue thCorique :elle prdvoit a) une prise plus riches que l'exploitant agricole moyen dans une de decision decentralisee, caractCrisCe par une rnunicipio donnCe. Elle nCglige egalement le capital participation locale maximale a travers le r6le humain considdrable et d'autres actifs ainsi que prCCminent des conseils locaux (CMDRet CMRA),b) I'expCrience acquise avec les institutions fmancieres la participation du secteur privk qui contribue a et commerciales qui sont ndcessaires pour gCrer avec rapprocher les acheteurs potentiels, fournit des credits succes une exploitation agricole de 15 hectarese9 supplementaires et de l'assistance technique pendant Cette tendance est aggravee par I'octroi d'une les deux premieres annCes de production sur les terres subvention pour l'achat de terres uniquement aux fins regues et c) la limitation du r6le de I~NCORA qui de transfert de celles-ci sans investissements consistera seulement a e m e h e r une mauvaise complCmentaires. I1 ressort des entretiens avec des utilisation des fonds, a assurer que les conditions exploitants agricoles et des Eneficiaires de la rkglementaires sont remplies et a coordonner les &forme qu'ils prdferent recevoir des parcelles plus differents organismes gouvernementaux impliquks. petites en m6me temps que des fonds destines a des La structurea cependant ma1 fonctionnk parce que investissements complCmentaires, au lieu de grandes la mauvaise diffision de la loi - tant parmi les parcelles sans ces investissements. Cette pdference bdneficiaires qu'au sein du personnel de I'INCORA - est confirmee par I'expkrience de nombreux anciens n'a pas permis une participation effective des bCnCficiaires de la rCforme agraire qui ont ete obliges Eneficiaires. Par defaut donc, I'INcORA a interpret6 de louer la plus grande partie de leur proprietk par son mandat de fagon large au point d'administrer le Klaus Deininger 195 programme sans la participation du secteur prive et, des investissementsautres que ceux relatifs a la terre, dans de nombreux cas, sans y associer les institutions ce qui a permis de corriger la distorsion inherenteaux qui devraient representer les inter& des beneficiaires dispositionsjuridiques antkrieures. au niveau local. Cette situation n'a gubre encourage Bien que le principe de revenu cible minimum le secteur prive a assurer les fonctions envisagees par pour les Mneficiaires de la reforme ait ete maintenu, la loi. Les agents immobiliers prives qui etaient ce revenu cible a ete ramen6 a deux, au lieu de trois censes agir comme courtiers en informant les salaires minimums. La capacite de generation de acheteurs et les vendeurs potentiels des demandes du revenu du projet de production n'est plus basee sur marche, ont eu du ma1 a soutenir la concurrence des les moyennes au niveau des municipios, mais doit services comparables de ~'~NcORA,dont les etre demontree par le beneficiaire dans un plan prestations etaient gratuites. De plus, I'implication agricole viable pouvant inclure des revenus continue de I'INCORA dans le processus de prise de provenantde sources non agricoles. dkcision - y compris sa capacite a manipuler les La responsabilite de I'approbation des transferts de responsablespolitiques-a place cette institutiondans terres a CtC decentralide, du siege national de I'INCORA une position lui permettant pratiquement de garantir aux bureaux rkgionaux, tandis que des mecanismes de la reussite :N de l'entreprise. contr6le pour Cviter tout abus de cette autorite etaient (( introduits. 1:l a ete prCcisC qu'un conseil municipal qui La ((reussite))etait definie davantage en termes fonctionne et un plan communal de reforme agraire de transfert de terres et d'epuisement des budgets Ctaient les conditions prealables a I'introduction de la disponibles que de creation d'entreprises agricoles rCforme dans toute commune. rentables. En consequence, mi2me des projets approuves eaient prives d'analyse economique et de Pratique de la rkforme agraire oriente'epar les sources fiables d'assistance technique. Aussi n'est-il mdcanismes du march6 pas surprenant que le secteur financier, .toujours conscient d"une longue histoire de prGt force a la L7exp6rience des deux premieres annkes reforme agraire, soit demeure sceptique et prudent. d'application de la loi donne peu d'indications sur les Le financement des terres ainsi que de tout credit mkcanismes necessaires a la reussite d'un tel complementaire est donc rest6 le quasi-monopole de programme. Pour obtenir rapidement ces indications la societe ti'~tatCaja Agraria; les demandes de au moindre coilt, le gouvemement a retenu cinq credit, motivees par des consideration politiques en municipios (en tenant compte de la diversite des faveur des bknkficiaires de la reforme se heurtaient au regions du pays), ou de nouvelles mkthodes de desir de restructurer cette entreprise, entrainant une reforme agraire vdritablement orientee par les indecision prolongee et l'impasse. Pendant ce temps, mecanismes du march6 seront introduites." La les beneficiaires)) restaient sur les terres sans credit (( comparaison des exp6riences de ces communes complCmentaire, sans savoir exactement organiser la pilotes aux pratiques de la reforme agraire de production ou la commercialisation et, avec la I'INCORA fait ressortir un certain nombre de mentalit6 clienteliste typique (((I'MCORA s'en problemes importants (voir Tableau 13.1). chargera n) que la reforme orientee par le marche Deux indications-clds ont emerge de ces etait censee eliminer. comparaisons : I'importance capitale de projets de production et le grand profit que I'on peut tirer d'un Mesures prises pour surmonter les premiers processus structure et bien defini au niveau local, qui . obstacles conduit a I'elaboration d'un plan municipal de reforme agraire, surtout lorsque les moyens Pour surmonter ces obstacles, les changements preexistants sont limites. La section suivante dCcrit suivants ont kt6 appartes au cadrejuridique.I1I1 a Ctd les principaux elements de ces plans mis au point precise que I'objectif de la reforme orientde par les localement et resume brievement les resultats de leur mecanismes du marche est la mise en place de projets mise en euvre. Nous abordons ensuite les de production rentables (proyectos productivos) dispositions relatives au suivi et a I'dvaluation du plut6t que le simple transfert de terres. Un projet pilote. mecanisme a ete mis au point pour faciliter I'utilisation des fonds de la subvention pour financer Tableau 13.1. Mecanismes d'application de la reforme agraire orientee par le marche en Colombie, au Bresil et en Afrique du Sud Colombie Brksil Tdche INCORA Orientkepar le marche ~ C R A Orientkepar le marche Afriq~redu Sud,pilotes Selection des Selection par I'INCORA Par les beneficiaires ; Achat ou expropriation ; Negociee par la Initiative tenes fondee sur des avec des moyens coot moyen 11.600 communaute , communautaire pressions politiques ; d'augmenter la dollars par famille ; vendeur consentant (y coGt 18.000 a 22.000 transparence et de surtout legalisation compris les banques) dollars par famille fournir I'assistance d'occupation de tenes -acheteur technique consentant ;coot attendu 3.000 dollars par beneficiaire Financement des 70% de la valeur des Administration des Bons de reforme PrEt aux beneficiaires Subvention maximum tenes tenes Cjusqu'a 22.000 ressources de la fonciere pour les agrees par une de 15.000 R pour la dollars) a titre de subvention et apport tenes non ameliortes banque commerciale planification et subvention (20% de credit et liquidites pour les (element important de I'achat des terres comptant ;50% supplementaire pour ameliorations et les subvention) billets A ordre) ;30% I'achat des terres et le produits agricoles ; par le credit Caja fonds de roulement les beneficiaires sont Agraria (longs par une banque theoriquement censes retards) commerciale rembourser, mais mesure non appliquee Choix du Systeme de points pour Inscription globale ; Par I'INcRA sur la base Auto-selection des Auto-selection des beneficiaire les besoins sociaux et preselection basee sur de I'examen des kneficiaires ; kneficiaires sous I'expkrience des criteres sociaux et connaissances approbation du prix et reserve d'un revenu agricole ;en pratique, selection detinitive agricoles ; en du titre par I'Institut maximum (moins de selection ad hoc sur la base de projets pratique, presque tous agraire national ; 1.500R par mois) basee sur les productifs sont des squatters approbation exploitations regularises decentralisee :tenes agricoles occupees non individuelles eligibles Definition du Perqu comme ntkessaire Question cle pour la Pas de dispositions Jusqu'A 8% de la valeur Plan provincial comme projet agricole uniquement pour selection ;differentes specifiques du projet sont condition prealable, obtenir un prEt formes d'assistance disponibles pour mais peu de bancaire technique I'assistance technique directives specifiques disponibles ; modeles dans la preparation et donnees et pas de d'exploitations la mise en oeuvre du modeles agricoles disponibles projet ;modeles d'exploitations au niveau communal d'exploitations agricoles elabores agricoles dkvelopp& au niveau national Autre Credit pour les tenes et Les institutions Credit allant jusqu'A Acces au credit Responsabilite des financement le fonds de financieres 1.15016(en moyenne PROCERA comme les beneficiaires roulement, I'obstacle independantes 610%)pour la autres bkneficiaires majeur provoquant doivent foumir un nouniture et le de la reforme agraire des retards dans la credit inttgre pour logement et 7.500$ mise en oeuvre I'ensemble du projet (en moyenne 4.500$) pour le fonds de roulement ; element de subvention de 70% ;recouvrement minimal de coot Investissements Cadre complexe de Identifie et evalue dans Fournis par I'INcRA Subvention de 4.000$ Services et, dans une exterieurs s a coordination le plan communal de (3.200%en I 994, A par beneficiaire, certaine mesure, I'exploitation interinstitutionnelle reforme agraire present jusqu'a debourses infrastructures ; avec peu de resultats 8.000%).pratiquement directement A la responsabilitt jusqu'a present consacre entierement communaute provinciale ; aux routes coordination avec le centre encore faible Klaus Deininger 197 Le plan communal de rkforme agraire transparent et cornpetitif. Le processus commence par une campagne systematique d'information a Trois fonctions essentielles du plan communal de travers la municipio qui devrait aboutir a une reforme agraire consistent a foumir un moyen plus inscription assez complete des beneficiaires systematique d'identification des beneficiaires potentiels de la reforme (aspirantes) dans un registre potentiels el: des terres, a fournir des moddes a tenir par I'INCORA.Un bref questionnairefoumit les &exploitationagricole qui peuvent 6tre utilises pour informations de base sur le niveau d'etudes des I'elaboration des projets productifs par les benificiaires, leur experience dans le domaine beneficiaires et a clarifier et etablir des liens avec agricole (le cas echeant), leurs sources de revenu et d'autres institutions. La preparation de ce plan, son leur accks a d'autres types de services des pouvoirs approbation definitive et la surveillancede sa mise en publics tels que 1'education ou la sante. Ces ceuvre incombent au comite communal de reforme informations sont alors utilisees pour proceder a la agraire. L'existence d'un plan de reforme agraire de preselection, qui est essentiellement un test de ce type est en train d'emerger comme condition moyens fonde sur les avoirs. L'ensemble du prealable pour poursuivre la reforme agraire dans une processus offre l'occasion d'integrer la reforme municipiodonnee. agraire dans un programme plus vaste de renforcement des capacites et d'assistance sociale au Identz$catiol;r de bknkjciairespotentiels niveau communal. Dans un processus tire par la demande et decentralise, ceci pourrait resoudre au Bien que le systeme de qualification fonde sur les moins certains aspects du conflit potentiel entre les besoins - qui attribuait des points aux beneficiaires deux objectifs d'equite et d'efficacite, objectifs qui potentiels sur la base de leurs besoins socio- sont dans une certaine mesure inevitables, si l'on veut economiques -existe deja dans le cadre de I'INcoRA, que la reforme agraire apporte une contribution dans la pratique, les decisions qui en decoulaient viable a long terme a la reduction de la pauvrete. etaient presque toujours annulees pour des Le fait de permettre aux beneficiaires potentiels considerationsautres que la maximisation de 1'Cquite de s'inscrire dans des bureaux de I'administration et ou de la productivite. Pour emp6cher ce qu'elle les postes de police dans les villages isoles a eu un considerait comme des attentes irrealistes et du impact considerable sur le nombre d'inscriptions. gaspillage de ressources pouvant resulter du fait que Contrairement aux procedures suivies auparavant, on les beneficiaires potentiels negociaient directement verifie la coherence des informations fournies. La avec les proprietaires terriens interessdspar la vente, liste des aspirantes rejetes et acceptes (avec les I'INCORA continua de selectionner les beneficiaires raisons du rejet) est affichee dans un lieu public. La au cas par cas, une fois qu'une exploitation agricole publicite faite autour de la procedure de selection donnee etait mise en vente et que l'administration semble non seulement avoir accru la centrale avait autorise le deblocage des fonds responsabilisation, mais a Cgalement conduit les nkcessaires a. I'achat des terres. Dans ces cas, pour autorites locales a comprendre les compromis a permettre un decaissement rapide des fonds, les realiser entre diffkrents programmes, ainsi que la ventes d'exploitations agricoles s'effectuaient portee et les limites de la reforme agraire. Dans toutes souvent dans le plus grand secret. Les comitks de les municipios impliquees dans le projet pilote, selection qui etaient mis sur pied comprenaient des d'autres programmes ont ete inities pour repondre agents de Itexploitation agricole existante, qui (temporairement ou de faqon permanente) aux veillaient gdnkralement a ne pas admettre trop de besoins spkcifiques de groupes qui ne profiteront pas candidatsde l'exterieur." de la reforme agraire dans I'immediat. Ces En revanche, I'approche pilote se fonde sur le programmes comprennent Itacquisitionde couveuses principe selon lequel I'adoption de regles du jeu de poussins et d'autres micro-entreprises pour les claires, la participation des beneficiaires a toutes les femmes chefs de famille, la construction de routes etapes du processus et le renforcement du flux rurales dans le cadre de programmes saisonniers d'information sont les meilleurs moyens de gCnCrer ((travail-contre-nourritureD, ainsi que la des attentes realistes)) et de creer un marche foncier (( reinstallation d'exploitants agricoles hors des zones 198 Re'ussir la re'hrme agraire orienle'epar les me'canismes du march6 :l'expe'rience iniliale de la Colombie, du Bre'sil el de I'Afrique du Sud ecologiquement fi-agiles et le reboisement de zones I'INCORA fondee sur la disponibilite des fonds pour sensibles. I'achat de leurs terres; cette disponibilite etait Les informations obtenues au moyen du consideree comme une condition prealable a la questionnaire rempli par le beneficiaire sont alors poursuite des negociations. rassemblees au niveau de la municipio et utilisees Dans les municipios pilotes, cette procedure a ete pour fournir un profil de beneficiaires potentiels qui remplacee par une demarche plus systematique. La contient, entre autres, une description de leurs premiere etape consiste a determiner des zones moyens materiels et humains, leur statut actuel en ecologiquement appropriees et, sur la base matiere d'emploi, leur experience agricole, leurs d'informations cadastrales, a etablir un inventaire des biens et leur acces a la terre (en tant que mktayers ou terres selon une classification fondee sur la superficie ouvriers), leur organisation en groupes (avec une que l'on pourrait utiliser pour identifier des zones certaine structure organisationnelle), leur cibles, en vue d'y realiser la reforme agraire. On participation actuelle et passee aux marches elimine ainsi au prealable les zones ou la reforme financiers et de credit et leur acces a d'autres formes pourrait entrainer des dommages ecologiques, ou la d'assistance du gouvernement. fertilite du sol est insufisante, ou bien ou la structure Sur la base de son profil d'aspirantes, le conseil de la proprikte fonciere existante est deja caracterisee local, en etroite collaboration avec les institutions par des exploitations de taille petite ou moyenne. responsables, developpe un programme de formation Cela donne aux beneficiaires une meilleure idee de a I'intention des Enkficiaires potentiels qui ont I'offie potentielle de terres pour la reforme agraire, franchi la premiere Ctape de preselection. Ce aide a fixer des objectifs realistes et donne la vraie programme se justifie par le fait que, sans une mesure de la contribution potentielle de la kforme au familiarite Clementaire avec les exigences reglement des problemes sociaux d'une municipio economiques de types specifiques de production et donnee. En liant l'offre effective et la demande, avec leur propre capacite a faire face a ces exigences, I'approche systematique de selection des terres les beneficiaires ne seront pas en mesure d'evaluer la requise pour etablir un plan communal de reforme capacite productive d'une exploitation agricole agraire fait apparaitre la possibilite d'une hausse du donnee, ni de negocier utilement avec les prix des terres consecutive a la reforme dans une proprietaires terriens. La plupart des municipios municipio donnee. Ceci, a son tour, identifie les semblent avoir decide d'offrir la formation a environ municipios dans lesquelles l'emigration (ou deux fois le nombre de ceux qui ont ete selectionnes I'utilisation de petites parcelles de terre) est la seule provisoirement, afin de tenir compte des abandons option viable pour la mise en euvre de la reforme possibles et d'assurer que les beneficiaires potentiels agraire de manikre rentable. soiltiennent effectivement la concurrence en vue de L'expQience des projets pilotes montre que les monter des projets d'exploitations agricoles les plus terres qui avaient etd traditionnellement emegistrees viables. aupres de I'INCORA etaient souvent de qualite marginale et a peine convenables pour la reforme Se'lection des terres agraire, alors que certaines des meilleures terres continuaient de rester inutilisees ou sous-utilides. La disponibilite de vastes etendues de terres non Les mesures slkcifiques pour resoudre cette question utiliskes ou sous-utilisees au sein de grands domaines visaient notamment a : fonciers implique que, dans un marche foncier Diffuser plus efficacement et plus raisonnablement fluide, I'offre serait abondante, ce systematiquement I'information non seulement qui permettrait aux beneficiaires potentiels de choisir parmi les acheteurs potentiels, mais egalement les terres les plus appropriees et de negocier un prix parmi tous les vendeurs de terrains, surtout ~om~etitif.'~Dans la pratique, le rationnement se I'information sur les mecanismes de la reforme faisait en grande partie par des moyens non lies au agraire favorisee par le marche et les modalites de prix, y compris par la corruption pure et simple, et le paiement dans le cadre de ce programme. principal defi pour les proprietaires teniens Faire prendre davantage conscience par les souhaitant vendre leurs terres etait d'obtenir acheteurs de la portee et des possibilites d'autres I'autorisation des services centraux et regionaux de moyens, tels que la location des terres, qui Klaus Deininger 199 pourraient foumir temporairement ou de fagon agricoles viables et economiquement realisablesjoue permanente aux beneficiaires potentiels un acces un rble central dans le projet pilote. Dans le cadre de aux tel-res, accroissant ainsi immediatement l'approche traditionnelle, les beneficiaireselaboraient l'eficacite et servant peut-etre de tremplin generalement leurs projets productifs)) aprb avoir (( permettimt aux personnes sans terres d'acquerir eu acces a la terre, recevaient peu de conseils les informations et I'experience agricole systematiques et n'avaient pas de liberte d'action necessaires pour la mise en place d'un projet dans l'utilisation des fonds de I'assistance technique productif. administres par I'INCORA. Les plans d'exploitation Encoura.ger un recouvrement plus efficace des agricole etaient consideres comme une necessite taxes foncieres communales en vigueur - une ennuyeuse pour avoir acces a un credit strategie en harmonie avec le desir du complementaire plutbt que comme une justification gouvemement central d'elargir la base de revenu legitime de l'obtention des fonds publics.15Sans une des collectivites locales et de reduire comprehension claire du potentiel economique des progressivement la necessite de leur transferer les exploitations agricoles a creer, des avantages ressourc:essur le budget national. escomptes et d'autres ofTres veritables de terres ~ t a ndonne qu'il ne serait guerejustifie de mettre t comparables, la capacite des beneficiaires a s'engager en euvre un programme de reforme agraire qui ferait dans une negociation veritable etait fortement augmenter le prix des terres, transferant ainsi les diminuee. I1 etait tout simplement normal que ressources aux riches proprietaires plutbt qu'aux I'INCORA prenne generalement I'initiative de la Mneficiaires pauvres, les municipios ne peuvent (( negociation )) avec le proprietaire. Cette beneficier de subventions au titre de la reforme negociation consistait habituellement en une simple agraire que si elles sont en mesure de demontrer que formalite toumant autour du prix fixe par un expert l'offie existante se situe entre le double et le triple de officiel. Sans aucune formation ni possibilite de la quantitii de terres qui doit faire l'objet de renforcer leurs capacites avant d'acceder a la terre, il transactions, afin de garantir un marche foncier n'est pas etonnant que les beneficiaires ne fussent reellement competitif. gdre conscients de l'importance des services d'appui ou de la commercialisation. MCme dans le meilleur labora at ion de projets d 'exploitationagricole des cas, la reforme agraire restait largement une affaire fermee qui ne pouvait pas avoir de retombees Le changement de la mentalite des intervenants significativesau-dell des propriktes concemkes. constitue le defi le plus fondamental dans la transition Par contre, le processus introduit dans les de la refomle agraire administree de fagon centralisee municipios pilotes tente de foumir aux binkficiaires et patemaliste a une reforme axee sur les conditions une idee claire des opportunites de production du marche. Le resultat de la reforme agraire sera dans compatibles avec leurs capacites avant qu'ils une tres large mesure tributaire des initiatives et de n'elaborent des projets productifs devant leur servir I'esprit d'entreprise des beneficiaires qui doivent eux- de base pour la recherche de terres. A cette fin, les memes identifier les opportunites de developpement professionnels de I'agriculture, soit des organismes economiqwe rentables. Ceci represente une de l'~tat,soit des ONG locales, sont employes pour reorientation profonde de la part des exploitants etablir les budgets consacres aux produits agricoles agricoles qui sont habitues a attendre passivement pour une serie d'options effectivement pratiquees d'Ctre installes sur des parcelles preselectionnkes par dans la municipio et pour organiser des cours de des agents de 1'~tat.Sans le changement de mentalite formation et tenir des reunions afin de les diffuser. La qu'implique cette reorientation, la capacite de la mise en commun de ces donnees sous forme de plans reforme agjaire axee sur le marche a reduire la d'exploitation agricole impliquant une utilisation plus pauvrete et accroitre la productivite sera sensiblement intensive des terres et des revenus durables pour les reduite. beneficiaires, sert de base a l'elaboration de projets (( Ainsi, contrairement a I'approche suivie par productifs D. Une fois que les beneficiaires potentiels I'INCORA, consistant a accorder peu ou pas les cornprennent, ils peuvent adapter lei budgets d'attention a la production agricole et a la modeles a des exploitations agricoles specifiques qui productivitk, l'articulation de plans d'exploitations sont disponibles sur le marche et les utiliser dans les 200 Rkussir la rkjorme agraire orientke par les mkcanismes du march6 :I 'experience initiale de la Colombie, du Brksil et de I'Afrique du Sud negociationsulterieures de prix. sont averes d'une grande importance dans le debat Le changement de priorite, en passant de la sur la reforme agraire, surtout au niveau communal. maximisation de la superficie de terres et a la Le plan communal de reforme agraire intbgre a la reduction au minimum des investissements de fois les informations concernant les projets capitaux supplementaires a une utilisation totale de la productifs, la demande de terres par differents main-d'euvre familiale disponible, a abouti a des groupes au sein de la population, les valeurs actuelles projets productifs qui sont tout a fait differents de des terres, l'ofli-e actuelle de terres aux differents ceux encourages auparavant.I6Trois differences sont prix, les infrastructures sociales et de production particulibrement notables. Tous les projets requises pour rendre les terres productives et les coQts comprennent une composante ((parcelle de estimks des differentes composantes de la reforme jardinage u, consistant a reserver environ 1 hectare agraire (la terre, les investissementscomplCmentaires pour la satisfaction des besoins de consommation sur I'exploitation agricole, et les investissements en domestique (Clevage de poulets, d'un porc et d'une dehors de l'exploitation agricole). Toutes ces vache) et la culture intensive de legumes ou de fruits, donnees, ajoutkes aux informations sur les lYexcCdent&ant vendu sur le marche. L'accent est contributions attendues des differents participants mis sur le plein emploi de la main-d'euvre familiale (bendficiaires, gouvernement central, institutions sur toute l'annee, ce qui signifie que les plans locales) permettent aux autorites locales de concevoir d'exploitation agricole privilegient les produits un programme de reforme agraire plus intkgre et plus agricoles de grande valeur plut6t que les produits coordonnk, qui soit en harmonie avec les besoins traditionnels en vrac, une production vegetale plus specifiques et les opportunites (y compris la capacite diversifike et une importante composante elevage budgetaire) de la municipio. Ces informations dans presque tous les cas. montrent la nkcessitd d'institutions gouvernementales La superficie des terres requise par le Mneficiaire et non gouvernementales (ONG,banques, collectivites moyen de la reforme agraire a Cte plus ou moins locales, fournisseurs d'assistance technique, reduite de moiti6, d'environ 15 hectares, dans le universitds) qui sont supposees jouer des rales de cadre du modele INCORA axe sur le marche, a premier plan dans la diffusion de l'information, le quelque 8 hectares en moyenne. La subvention renforcement des capacites, I'execution et le suivi du moyenne destinde I'achat de terres a baisse de 22,5 a processus de la reforme agraire. Elles servent a attirer millions de pesos a 8,3 millions (avec un taux de I'attention des conseils municipaux sur les cas change Iegerement infdrieur 1.000 pesos pour un caractdrises par de tres faibles niveaux de capacites dollar). Si les projections concernant la creation locales et d'organisation des beneficiaires et pour d'emplois sont correctes, la subvention necessaire lesquels, une large participation de ceux-ci ne peut pour l'achat de terres par emploi supplementairecrke etre consideree comme acquise. Dans de telles est d'environ 3.000 dollars, un chifli-e qui soutient circonstances, les conseils municipaux peuvent favorablement la comparaison avec d'autres types envisager des mesures spkcifiques visant a ameliorer d'interventions gouvernementales. la diffusion de l'information, a renforcer les capacites Un bref ksume illustre non seulement la diversite et a accroitre la competition entre les institutions des modbles qui sont proposes pour differentes impliquees dans la mise en euvre de la reforme conditions ago-ecologiques, mais egalement la forte agraire. intensite de main-d'euvre des plans d'exploitation agricole adoptes, l'importance des investissements Financement et liens avec d'autres institutions complementaires et les besoins importants en fonds de roulement dans la plupart des modeles (voir ~ t a n tdonne le peu d'attention traditionnellement tableau 13.2).17Les modbles sont caracterises par des accordee a la viabilite economique des beneficiaires taux de rendement financier et economique eleves et les coQtseleves des transactions liees a la reprise (entre 60 et 90 pour cent), ce qui montre que meme si de la possession des terres qui ont servi de garantie I'on rencontre des difficultes au cours de la mise en aux prets obtenus dans le cadre de la reforme agraire, euvre, cela est economiquement justifie. Au-dela de il n'est pas surprenant que les banques commerciales ces chiffres, les modbles d'exploitations agricoles se Klaus Deininger 20 I Tableau 13.2. Principaux paramktres Cconomiques de projets productifs Claborks par quatre municipios pilotes, par numkro de modkle, Colombie Rivera Montelibano Puerto Wilches Fuente de Oro Indicateur (1) (2) (3) (1) (2) (1) (2) (3) (4) (1) (2) (3) Exploitation .Superficie (hectares) 6,O 5,0 4,O 10,O 7,O 12,s 8.5 6,s 6,s 6,O 8:O 6.0 lours de travail utilists 917 660 537 224 380 1,543 492 1,170 1,385 1,187 1.064 4 Investissement total 15,2 14,2 16,7 10,9 13,3 11,3 12,4 15,4 9,2 13.3 13.0 13,3 Pourcentage pour les 9,2 8,2 9,7 5,6 7,O 4,8 6,4 10,4 4,2 9,O 8,8 9.0 terres Pourcentage pour la 6,O 6.0 7,O 5,3 6,3 6,s 6,O 5,0 5,O 4,3 4,2 4,3 socittt Subvention 9,4 8,7 10,s 5,7 8,O 6,4 7,6 10,8 6.4 8.8 8.6 8.9 Contribution prol~re 1.8 1,8 0.9 1,6 1,9 5,l 3,O 2,3 3,3 1.3 1.4 1,3 Credit bancaire 4,O 3,7 5,3 3.6 3,4 -0,2 1,8 2,3 -0,5 3,2 3,O 3,1 Fonds de roulemcnt 11,6 4,4 8,O 13,O 13,3 7,6 6,6 4,O 6.6 10,6 12:2 16.0 Production Total 28,6 19,6 30,4 18,3 14,7 14,7 14,8 13,5 13,O 22.5 20,3 32,3 Par personne 6,9 6,s 12,s 18,O 8,s 2,l 6,6 2.5 2,l 4,2 4.2 4,4 Ripartition des terres (hectares) Parcelle domestiq,ue I 1 0,5 0:s 0,5 1:5 1,s 1,s 1,5 I 1 1 Tomates, haricots. 2 Tabac, mays 2 1.5 Ma~s,riz. sorgho Plantain Riz, Itgumes, ma'is Manioc Palmier a huile Agrumes Papaye 1 Caoutchouc 5 Note :Les coiits sont en millions de pesos de 1997(a 980 pesos pour un dollar). Source :Plans communaux de rkforrne agraire pour les quatre municipios. hesitent beaucoup a accorder un credit aux continuentd'attendre que la vente soit finalisee. Entre beneficiaires de la reforme. Le monopole defacto de temps, I'impossibilite d'obtenir le credit, ne serait-ce Caja Agraria yui en a resulte en matiere d'octroi de que pour le fonds de roulement, entrave serieusement credits a ouveit la voie aux manceuvres politiques et - leur capacite de production (et leur motivation). cette instituti,on etant elle-mCme en train d'Ctre Dans le cadre du projet pilote, un certain nombre restructuree - a de longs delais et a l'application des de banques coopkratives, qui interviennent deja dans conditions bureaucratiques a l'octroi de credit. En les zones rurales, ont accept6 de prCter de l'argent a consequence, de nombreux beneficiaires qui ont ddja des beneficiaires de la reforme agraire et d'entrer accede aux terres selon le mecanisme de I'MCORA ainsi en compktition avec la Caja Agraria. 202 Rkussir la rkforme agraire orientke par les me'canismes du marchk :I'expe'rience initiale de la Colombie, du Brksil et de I 'Afriquedu Sud L'arrangement prkfere comporte des similitudes avec Suivi et t!valuation I'exploitation agricole sous contrat. Les banques travaillent en Ctroite collaboration avec les Bien que l'utilisation d'un mecanisme fonde sur la foumisseurs d'assistance technique (pour assurer que subvention et s'appuyant sur 1es transactions du I'entreprise agricole creee par les beneficiaires marche pour redistribuer les avoirs productifs soit generera effectivement les revenus souhaites) et une approche innovatrice, elle implique un nombre aident les exploitants agricoles a commercialiser les de procedures largement non eprouvees et risque, en produits. Les banques peuvent ainsi superviser plus I'absence d'un suivi et d'une supervision etroits, de etroitement l'utilisation du crkdit, pour veiller a ce produire des resultats imprevus et inattendus. I1 est que les entreprises developpent effectivement leur par consequent essentiel d'avoir un systeme potentiel productif, et pour deduire les d'information qui suive continuellement chacune des remboursements de prkit a la source, plutbt que de etapes successives de la mise en oeuvre de la reforme nourrir I'espoir irrealistede saisies. agraire, en plus de I'evaluation de son incidence a long terme. Tableau 13.3.Principales variables de la planification, du suivi et de I'evaluation de l'impact de la rkforme agraire Unite' Plan communal de rkforme Suivi valuation de 1 'impact agraire Benkficiaires Profil du bkneficiaire Subvention par beneficiaire et Augmentation du revenu (capacites, bien-kitre) emploi Regularisation de la Besoins en formation Formation de groupes consommation (avoirs) Emplois supplementaires Acces au marche du credit crees Services sociaux Efficacite du ciblage RCduction de la violence Ameliorations de l'acces aux terres Projets Offre et demande de terres Caracteristiques des terres Productivite agricole Caracteristiques des projets transferees Durabilite ecologique productifs Mise en oeuvre des projets Investissements Resultats des remboursements complementaires (prkvus et reels) nkcessaires Coiit par composante (qui paie ?) Institutions Capacite institutionnelle EfficacitC en matiere de Collectivites locales (assistance technique, diffusion de I'information et renforcees finance, de renforcement des Viabilitk budgktaire commercialisation) capacites Bon fonctionnement du processus de transfert des terres Participation du secteur prive On peut ainsi identifier, Cvaluer et rectifier Comparaison avec des reformesagraires rapidement les ecarts imprevus par rapport aux favorisees par le marche appliquees dansd'autres objectifs globaux du programme, ainsi que les Pays facteurs determinants de la reussite de la mise en oeuvre, donnant ainsi au processus une capacite Le Bresil et I'Afrique du Sud ont tgalement,dans des d'adaptation qui manque cruellement aux pratiques conditions differentes, initie recemment des de I'MCORA..Ceci est particulierement important du programmes de reforme agraire negociee. Dans un fait de la priorite accordee a la mise en auvre contexte institutionnel tres semblable a celui de la decentralisee. Le Tableau 13.3 met en relation les Colombie (existence d'une loi sur la dforme agraire composantes cles du suivi et de I'Cvaluation de et d'un institut central de reforme agraire datant du I'impact et les questions examinees dans le plan debut des annees 60), la reforme agraire negociee communal de reforme agraire. Les questionsde fonds s'est effectuee a I'initiative des differents etats du auxquelles il faut repondre dans ce contexte sont les Bresil. Le but des interventions dans ce pays est de suivantes: mettre en place des solutions moins cofiteuses et plus Quels instruments permettent le mieux d'atteindre souples qu'une reforme agraire centralisee dans un certains groupes cibles, de maximiser les environnement oh la question de la reforme est au avantages nets de la reforme agraire (ou de centre du debat politique et ou les beneficiaires minimiser le cofit de son execution), et sont potentiels ont au moitis une certaine idee de ce qu'il compatibles avec la realisation rapide des faut faire avec la terre. Par contre, la reforme agraire objectifs quantitatifs du gouvernement? Quels nkgociee en Afi-ique du Sud a kt6 adoptee dans le resultats obtiennent-ils du point de vue de contexte du programme de reconstruction nationale, I'adhesion des beneficiaires aux plans du projet dans un environnement ou I'agriculture productive a qu'ils ont Ctablis (et les avantages Cconomiques petite echelle avait ete supprimee depuis pres d'un connexes)? siecle. Ici, il faut consentir un effort beaucoup plus Quels sont les effets directs et indirects sur la important pour mettre en place les infrastructures productivite agricole et la pauvrete? Comment necessaires a I'application de la reforme, pour fournir ces effets se comparent-ils a ceux d'autres les services complementaires tels que la instruments dont dispose le gouvernement, tels commercialisation et l'assistance technique et pour que la mise en place d'infi-astructuresou I'appui a renforcer les capacites des beneficiaires au plan I'education? Et dans quelles conditions la agricoleet de creationd'entreprises. reforme agraire peut-elle constituer une utilisation durableet opportunedes fonds publics? Le suivi permet de decrire ce qui se passe sur le terrain, de le comparer a ce qui avait Cte presente Avec une repartition des terres parmi les plus dans le plan communal de reforme agraire, et inegalesau monde, la situationdu Bresil est similaire, d'utiliser ces informations pour mettre a jour les par un certain nombre de ses aspects, a celle de la parametres de ce plan. De plus, les informations Colombie. La reforme agraire fait I'objet d'une fournies peuvent servir a a) determiner si les demande politique tres importante et tres active; une mecanismes utilisis atteignent les populations et les recente etude faite par laFA0 estimeque 2,5 millions zones cibles (habitants pauvres des zones rurales et de familles sont pretes a participer a la reforme terres sous-utilisees), b) fournir une estimation ex agraire. Un institut de reforme agraire (INCRA)a ete ante des avantages escomptds de la reforme agraire,a crCe en 1969, et a distribue 10 millions d'hectares a la fois pour la productivite et pour la reduction de la 200.000 familles et colonist2 environ 14 millions pauvrete, et c) fournir des informations sur d'hectares pour environ 75.000 famillesbeneficiaires l'evolution tie la mise en auvre par rapport aux depuis lors. La reforme agraire a recemment revetu previsions. I,'e'va/uationde /'impact porte, quant a une importance politique considerable; un ministre elle, sur l'impact ultime, a la fois direct et indirect, du federal chargt de la reforme agraire a kt6 nomme en programme sur le biendtre des menages, la 1996, et le budget de la reforme agraire a triple, productivite agricole, la durabilite ecologique et le passant de 0,4 milliard de dollars en 1994 a 1,3 renforcement institutionnel. milliard en 1995 avec une augmentation 204 Rkussir la rkforme agraire orientkepar les rnkcanisrnesdu marche' :l'expkrience initiale de la Colombie,du Brbil et de 1'Afriquedu Sud supplementaire a 2,6 milliards de dollars proposee en processus, ont acces a un pret subventionnk au titre 1997. d'un programme special (PROCERA)pour les 11 est envisage de depenser la plus grande partie Mneficiairesde la reforme. de ces fonds federaux selon l'ancienne procedure qui Bien que les principes generaux soient similairesa - avec un coQt d'environ 30.000 dollars par ceux de la Colombie, la procedure est beneficiaire - est coQteuse et caractdrisee par des considCrablement plus souple. Les principales lourdeurs bureaucratiques. Mais les gouvernements differencessont les suivantes: des etats du nord-est poursuivent la reforme en Puisque les subventions sont octroyees pour les mettant en place un plan pilote decentralise appuye infrastructures complementaires au niveau des par le marche.I8 Ce plan est destine a accelerer le communautes plutdt que pour les terres elles- processus de reforme, reduire les cofits de plus de mSmes, les Mneficiaires qui s'attendent a moitie, et fournir la base a un modele qui pourrait rembourser leurs prets obtenus pour 17achatdes eventuellement Ztre adopt6 au plan national. terres ont interet a reduire les prix des terres autant Les differences principales avec 17ancien que possible. Ceci encourage a mettre 17accentsur mecanisme sont les suivantes (comparer avec le les terres qui sont actuellement sous-utilisees, ce Tableau 13.1): qui permet de reduire le prix d7achatescompte et Plutdt que de compter sur une longue procedure de faire porter la reforme sur des zones ou les d7expropriation, les groupes communautaires avantages sociaux de 17intewention sont selectionnent les terres avec le consentement du maximises. ct vendeur et de 17acheteur)). Cette methode La procedure de selection des beneficiaires est devrait reduire le prix des terres de 11.000a 3.000 moins formelle et bureaucratique qu'en dollars, surtouten evitant la necessitede payer des Colombie : elle s7appuie sur un ensemble ameliorations foncieres onereuses qui ne sont d'associations communautaires existantes pour guere utiles a une agriculture a petite echelle. mener des campagnes d'information et assurer Les proprietaires terriens sont payes en especes une large representativite. Le contrdle plutdt qu'avec des bons du Tresor a taux communautaire facilite une plus grande flexibilite d7escompte Cleves. Cela incite fortement les dans 17execution du projet et devrait Stre propriktaires terriens - y compris de nombreuses particulierement approprie si, a travers une banques qui possedent des titres fonciers sur les supervision ktroite et une responsabilisation ex grandes proprietes repes en garantie de prets non post, I'on pouvait empecher une minorite performants-a vendre les terres aux beneficiaires d'exploitants agricolespolitiquement actifs et bien de la reforme agraire. represent& de s7approprier la plupart des Le rdle du gouvernement se limite a donner avantages. l'assurance que les titres fonciers ne posent pas de Tant qu7ils ont deja une experience de la probleme et A garantir que le prix negocik entre technologie a utiliser sur les nouvelles les groupes communautaires et les proprietaires exploitations agricoles, par exemple en tant que terriens se situe dans des limites acceptables. Les mdtayers, les bdneficiaires potentiels seront incites projets sont approuvks au niveau de 17etat. a rembo~rser.'~Et la solution choisie sera L7assistancetechnique est fournie uniquement sur judicieuse aussi longtemps que des organisations demande. Les bknkficiaires peuvent utiliser une de beneficiaires existent qui peuvent aider les partie de la subvention de la communautk exploitants agricoles a preparer les projets et a financee sur un pret de la Banque mondiale pour h c h i r les premieres Ctapes de leur installation, passer des contrats avec des foumisseurs privks. lorsque I'assistance technique peut etre financke, La CONTAG (Federation de travailleurs ruraux) sur une base volontaire, a travers la subvention participe aux conseils d'Ctat et contribue a la communautaire. Cependant, I'Cvaluation des diffusion de I'information et aux negociations premiers projets devrait determiner dans quelle concernant 17achatdes terres. mesure ceci exclut certains groupes cibles ou si La seule similitude entre les projets pilotes et le des conditions plus strictes peuvent amkliorer la processus de rkforme agraire au niveau national est le qualit6 des projets mis en place, ainsi que la fait que les beneficiaires, dans le cadre du nouveau capacitk de remboursementdes beneficiaireset les Klaus Deininger 205 avantages globaux de la reforme agraire. capitaux et d'acces au marche, rendaient I'agriculture Puisque le cddit fourni aux beneficiaires a titre de commerciale pratiquement impossible. Les lois du fonds de roulement est subventionne (avec un travail qui discriminaient contre les Noirs en faveur element de subvention de 70 pour cent), d'autres des Blancs et accordaient a ceux-ci des subventions sources de fonds de roulement, ainsi que des genereuses de capitaux, contribuerent aux evictions moyens de commercialisation, doivent Stre successives de vastes populations noires des disponiblespour assurer la viabilite economique a exploitations agricoles des Blancs, oh ils etaient long ternle des beneficiairesde la reforme agraire. employescomme metayers et ouvriersagricoles. Ceci risque de constituer un des aspects les plus Bien que la Native Lands Act ait ete revoquke en cruciauxde la reforme. 1993, le travail considerable, consistant a mettre un ~ t a ndome l'importance politique de la reforme t terme a ces politiques et a leurs consequences a ete et la connaissance limitee tant des mecanismes les laisse au gouvemement qui est arrive au pouvoir la a plus appropries pour la mettre en euvre que de suite des elections de 1994. En essayant d'accomplir I'ampleur cle I'impact sur la productivite et la cette ache le gouvernement devait non seulement pauvrete, le gouvernement a crek I'lnstitut central des resoudre le probleme d'une repartition extrzmement etudes foncibes. Les objectifs de celui-ci consistent a inegale des terres (la superficie moyenne de terres : a) encourager les Cchanges de vues entre toutes les detenues par personne etait de 1,3 hectare pour les couches de la societe civile, les universitaires, les Noirs contre 1.570 hectares pour les Blancs), mais hommes et les femmes politiques, sur les questions egalement faire face au manque de structures de reforme agraire, b) realiser un suivi et une gouvemementalesau plan local, a I'absence generale evaluation approfondis et rigoureux du processus de de moyens administratifs, a un secteur de grandes reforme soit directement, soit a travers des exploitationsagricolestres enjetti, et a la crainte que institutions locales, et c) mettre les donneescollectees la redistribution ne compromette gravement la dans ce proc:essus a la disposition des chercheurs au productivite agricole et la securite alimentaire niveau national et international,agissant ainsi comme nationale. Le gouvernement decida d'adopter une un centre de: coordination d'un rbeau plus vaste de politique de reforme agraire qui corrigerait les pays et de chercheurs intdresds par la reforme injustices de l'Apartheid, encouragerait la agrairenegociee. reconciliation nationale et la stabilitk, soutiendrait la croissance economique, ameliorerait le bien-Stre des Afrique du Sud menages, et reduirait la pauvrete (Gouvernement de 1'Afrique du Sud, 1996). Les trois composantes Alors que 1',4fiiquedu Sud partage avec le Bresil et principales de cette politique sont les suivantes: la Colombie une repartition tres inegale des terres, les La restitution. Des procedures juridiques ont ete politiques qui ont neglige les droits fonciers de la mises en place pour dedommager (en especes ou population non blanche ont systematiquement en nature) les personnes qui avaient ete victimes aggrave ces inegalites.La Native Lands Act de 1912 des deplacements forces apres 1913.Tous les cas interdit aux Noirs d'initier de nouvelles operations de restitution sont traites par le biais de la Land d'exploitation agricole, de pratiquer le metayage ou Claims Court and Commission, creke en 1994, de louer dec; terres en dehors des reserves, qui ne devant laquelle toutes les plaintes devaient Stre representaier~tque 7,7 pour cent de la superficietotale deposees dans un delai de 3 ans (c'est-A-dire, du pays. A 1"interieurdes reserves, etait imposte une jusqu'a la fin de 1997).MSme si la procedure peut forme artificielle de regime foncier cctraditionnel)) aboutir rapidement, I'incapacite de la vaste avec des suy~rficiesmaximum de proprietds et des majorite de la population a apporter une preuve restrictions sur les transactions foncieres. Les ecrite rend cette option realisable uniquement politiques ulterieures de cc suppression de aches pour une petite partie de la population. noires )) deplacerent la grande majorite des La rkforme du rkgimefoncier. Cette composante exploitants agricoles noirs, qui possedaient cherche a ameliorer la skurite du regime foncier legitimemeni:des terres en dehors des reserves, dans de tous les Sud-africains en reconnaissant les des homelands ou les restrictions du regime foncier, droits de propriete foncieretant des individus que la forte densite demographique et le manque de des communautb, en donnant aux gens le droit de 206 Rkussir l a re'forme agraire oriente'e par les me'canismes du march6 :I 'expkrience initiale de l a Colombie, du Brkssil et de I'Afrique du Sud prendre des decisions a propos de leurs propres Le renforcement des capacites revet une regimes fanciers, en reglant les conflits, en importance particuliere, dans la mesure oh la grande reformant les lois relatives aux locations de terres majorit6 de la population rurale n'a jamais vu de et en essayant de mettre fin a la discrimination petite exploitation reussie et productive, et beaucoup contre les femmes dans I'attribution et la de beneficiaires de la reforme eux-memes semblent possession des terres. Elle vise a mettre en place croire que la production agricole n'est efficace que I'infrastructure administrative qui fournira aux sur des grandes exploitations. Le Gouvernementsud- groupesjusqu'a present defavorises,un acces aux africain est bien conscient de ces questions et a mis terres dans le cadre d'un large eventail de en place un certain nombre de projets pilotes dans dispositions compatibles avec les ressources agro- differentes provinces afin d'accumuler I'experience ecologiques disponibles et les caracteristiquesdes et amiliorer I'execution de la reforme agraire. Ces differentes communautes. On espere que cette projets sont bien lances et ont permis de tirer un politique instituera le cadre reglementaire certain nombre d'enseignements precieux. necessaire au marche de location de terres en La fongibilitepresque totale de la subvention pour transferant celles-ci a des utilisateurs plus I'achat de terres en Afrique du Sud represente un productifs et en corrigeant les lacunes du systkme important avantage par rapport aux modeles bresilien de I'Apartheid. et colombien. Elle empeche les individus sans La redistribution. En tant que composante principale avantage comparatif en agriculture de devenir des de la politique de reforme agraire du gouvernement, beneficiaires de la reforme simplement pour obtenir ' la redistribution vise a completer le marche en une subvention du gouvernement, tout en eliminant la fournissant des terres a des fins aussi bien possibilite que la reforme provoque une inflation du productives que residentielles a un grand nombre de prix des terres. ruraux noirs qui ont ete depossedes durant Bien que le gouvernement souhaite realiser la 17Apartheidet qui cherchent a obtenir des terres. Elle reforme agraire avec un maximum de participation ambitionne de le faire en fournissant une subvention locale, le manque de structures institutionnelles a unique d'installation et d'acquisition de terres de jusqu'a present rendu dificile une decentralisation 15.000 rand (3.300 dollars), equivalant a la effe~tive.~'Ceci a, a certains moments, cree la subvention nationale au logement disponible dans les confbsion au sujet des criteres et de la responsabilite zones urbaines pour les bkneficiaires remplissant les de la prise de decision touchant les differentes conditions requises, et definies comme toute options de projets.21 personne ayant un salaire mensuel inferieur a 1.500 Si la reforme agraire en Afrique du Sud releve de rand. Le choix de la redistribution de terres plutbt que la responsabilite du Department of Land Affairs, ce de I'expropriation (qui, comme en Colombie, peut sont les administrations provinciales qui determinent encore &re utilisee comme instrument de dernier le lieu ou seront fournis les services et les recours) se fondait sur la necessite de maintenir la infrastructures complementaires et les methodes a confiancedu public a I'egard du marche foncier, et de utiliser a cet effet. Ceci constitue,dans le meilleur des faqon plus generale, d'afirmer le respect par le cas, une mesure difficile a appliquer et risque de gouvernement des droits de propriete individuelle. Ce fragmenter le programme de reforme agraire dans un choix traduit egalement le fait que les pouvoirs environnement ou la capacite administrative est publics ont bien compris que I'expropriation dans limitee, ou il existe peu de procedures et de d'autres pays n'a pas reussi a faire accdder mecanismes bien etablis et oh les differences rapidement un nombre important de personnes a la ethniques et politiques entre les autorites provinciales terre. Elle a plut6t degenere en de longues et centrales creent un sentiment d'animosite et de manaeuvres politiques et en recherche d'avantages m~fiance.~~On peut compenser ces lacunes en axant personnels. Le nombre de beneficiaires potentiels de davantage le processus sur la demandeet en associant la reforme agraire est considerable: selon les plus systematiquement les proprietaires terriens estimations, il y aurait environ 200.000 metayers, 1 actuels h la selection des beneficiaires, a I'elaboration million d'ouvriers agricoles et jusqu'a 7 a 8 millions des plans d'exploitation agricole et a I'utilisation de de Noirs dans les rberves. I'assistance technique. Klaus Deininger 207 Les reglements applicables prevoient que tout terme de la reforme agraire risque, selon toute plan d7utilis;ationdes terres doit definir le modele vraisemblance, de dependre de l'implication d'exploitation agricole a adopter par les beneficiaires. du secteur prive dans la mise en oeuvre et de la La plupart de ces plans semblent avoir ete elabores capacite a utiliser la subvention destinee a par les autorites sans participation significative des l'achat des terres pour introduire l'argent beneficiaires, limitant ainsi leur volontC prive. &engagementet leur sensde la responsabilitepour ce qui est de la formulation et des resultats des projets. Rendre les marchksfonciers plus transparents et Bien que le manque de moyens ne facilite pas la plusJuides. La selection des terres devrait itre axee participation des beneficiaires, une meilleure sur la demande et se realiser avec la participation des comprehension des besoins specifiques et des bknkficiaires. Cependant, on disposi souvent de peu aspirations des groupes cibles et des possibilites de d'informations sur le prix des terres et les production dans des regions domees, pourrait avoir beneficiairesont des moyens limites pour determiner des effetstre!;benefiques. L'expkrience de la reforme de faqon realiste la valeur d'un lopin de terre ou les agraire en Amerique latine illustre le fait que, en avantages potentielsd'une culture plus intensive.Les I'absence d'un tel plan et de projets productifs trois strategies qui se renforcent mutuellement, pour connexes, les beneficiaires risquent de retourner a s'attaquer a ces contraintes sont a) la fourniture de une agriculture de survie et la reforme agraire I'assistance technique au niveau communautaire, y pourrait adopter un modele cc populiste-partisan de compris I'evaluation de lajustesse du prix de la terre 1'Etat Providence))qui, en entravant I'impact de la au point de transaction, b) le cofinancement de reforme sur la productivite, compromettrait le I'achat desterres par le biais d'une banque privee qui, potentiel de reduction de la pauvrete de I'intervention parce qu'elle partage le risque de defaut de paiement, (Crosset a1 1996).23 aura interit A evaluer la faisabilite economique du projet agricole concerne, c) la creation d'un Conclusion : cornparaison de diffkrentes systeme d'information sur le marche)) sous forme approches (( d'annonces publiques des prix des terres pour les parcelles ayant fait I'objet d'une transaction sur le Bien qu'il soit trop tBt pour dire si la reforme marche, a la fois avec et sans utilisation d'une agraire negociee peut relever les defis que la subvention pour I'achat de terres. I1 devrait itre clair reforme administrative n'a pas reussi a relever, que la reforme agraire negociee est destinee a les resultats qui apparaissent dans les trois completer, plutbt qu'a remplacer d'autres modes pays decrits peuvent tout au moins foumir la d'acces a la proprietk fonciere. Cette condition se base d'uile premikre evaluation. La comprend lorsqu'il devient evident que sous le comparaisoil des approches adoptees dans regime de la reforme negociee, la location de la terre differents pays semble indiquer que a) la est un moyen pour les beneficiaires d'accumuler de reforme ag~rairepar la negotiation ne peut I'experience et un capital de demarrage, mais non reussir que si l'on prend des mesures pour quelque chose qui presage une expropriation rendre le marche de vente et de location de ulterieure par les pouvoirs publics. De plus, toute restriction qui persiste sur la location de la terre terres plus transparent et plus fluide, b) les devrait &re eliminee. Jusqu'a present, aucun des projets procluctifs sont un element cle de la modeles consider& ici n'a envisageen profondeur les reforme agraire par le marche, qui vise a avantages potentielsde la migration inter-regionaleet etablir des projets productifs Cconomiquement les voies et moyens d'encourager une telle migration, viables a un coGt social justifiable, plut6t qu'a pour reduire le coot du programme de reforme et en transferer des biens, c) le seul moyen de mime temps ameliorerseseffetssur la productivite. realiser une coordination efficace des differentes entites impliquees dans ce Mettre l'accent sur les projets productif. Les processus est la mise en oeuvre axee sur la projets productifs constituerontsansdoute un element demande et decentralisee, et d) le succes a long cle de la reforme agraire orientee par le marche pour 208 Rdussir la rdforme agraire orientdepar les mkcanismes du marchd :I'expe'rience initiale de la Colontbie, du Bre'sil et de I 'Afrique du Sud trois raisons: a) la productivite est le seul critere programme de reforme semble itre absolument objectif pour fixer un plafond au prix qu'on peut essentiel pour que les kneficiaires conqoivent des s'attendre a voir payer ;b) ce type de kforme fournit operations financierement viables. ~ t a n tdonne les aux intermediaires financiers une base necessaire coQtseleves des transactions liees a I'octroi de credit pour Cvaluer et eventuellement soutenir de tels dans les zones rurales et la necessitk d'un suivi plus projets; et c) elle exige des kneficiaires qu'ils se important lorsque la plupart des clients n'ont pas familiarisent avec les realites qu'ils sont susceptibles d'experience anterieure de credit, il est tres indique d'affronter en tant qu'agriculteurs independants; et, de disposer d'une source unifiee de financement qui ce faisant, elle leur permet de percevoir avec une plus s'occupe des besoins des beneficiaires en matiere grande clarte leurs propres aspirations ainsi que les d'achat de terres et de fonds de roulement. potentialites-et les limites-de la reforme au plan de L'elaboration de projets productifs, economiquement la contributiona la realisationde ces objectifs. viables et techniquement realisables, est indispensable pour mobiliser I'appui total de la part Dkcentralisation de la mise en azuvre. du secteur prive commercial, des banques privees et L'experience de la centralisation de la reforme des cooperatives en particulier, dont la participation agraire montre qu'elle est coQteuseet inefficace, ce continue conditionne probablement le succes de la qui est incompatible avec le principe mime de la reforme agraire orientee par le march^.^^ I1 est negociation decentralisee. En Colombie, une indispensable d'amener les acteurs - fonctionnaires initiative sur deux ans de reforme agraire negociee de de 1'~tatet ONG, ainsi que les beneficiaires potentiels faqon centralisee a convaincu tout le monde (a - a faire face aux realites du marche, non seulement I'exception des plus obstines parmi le personnel de pour convaincre les bailleurs de fonds prives qui ont I'INCORA)des vertus de l'approche decentralisee et encore des doutes, mais egalement pour faire mieux participative. I1 est peu probable que l'absence de (( comprendre les conditions et les solutions de capacite )) soit une excuse pour choisir une approche rechange disponibles pour les personnes qui, pour plus centralisee:dans la plupart des cas, les paysans diverses raisons, ne sont pas les candidats les plus etaient plus prompts que la bureaucratie de I?NCORA prometteurs de la reforme agraire. Le processus de a comprendre la maniere de travailler avec le reforme negociee aura plus qu'atteint son objectif s'il systeme. Le Bresil a evitC un tel processus coQteux contribue ainsi a changer les attitudes des d'apprentissage gr6ce a la presence d'organisations kneficiaires et reussit a les transformer d'objets communautaires qui etaient prites a appliquer a la passifs qui attendent que le gouvernement leur reforme agraire I'experience acquise dans des projets fournisse des solutions toutes faites en sujets du decentralises de reduction de la pauvrete. Mime en processus, capables de convertir une subvention Afiique du Sud, ou I'absence d'institutions locales au unique en une amelioration permanente de leur vie. debut du programme a rendu necessaire une mise en ceuvre relativement centralisee, l'emergence rapide Notes de collectivites locales a deja facilite des pro&s importantsvers une plus grande decentralisation. 1 . Balcazar (1990) resume les etudes existantes sur trois points, a savoir: a) les petites exploitations Marimisation de l'implicafion du secteur privP. ont une activite plus intensive que les grandes Deux leqons sont deja devenues evidentes a propos exploitations,comme I'indique la mesure de la valeur du financement de la reforme agraire. Premierement, de la production par unite de surface, b) entre 1973- la subvention selective d'une partie spicifique du 76 et 1988, les rendements physiques sur les petites programme de la reforme a I'exclusion des autres exploitations agricoles ont augmente d'environ 82 (comme c'etait le cas, au debut, en Colombie) ira pour cent en moyenne (ceci semble itre une moyenne probablement a I'encontre de l'objectif vise, et une non ponderee de differents types de produits subvention forfaitairequ'on peut utiliser pour tous les agricoles) alors que ceux des grandes exploitations types de depenses (comme en Afrique du Sud) est agricoles sont restis stagnants, c) les etudes tant au manifestement preferable. Deuxiemement, assurer niveau regional que sur un produit agricoleparticulier I'acces au credit pour le fonds de roulement et n'etablissent pas de relations systematiques entre la d'autres besoins en tant que partie integrante du superficie de I'exploitation agricole et I'adoption Klaus Deininger 209 d'une nouvelle technologie ou les ameliorationsde la d'eviter de perdre les fonds. Comme le temps productivite. pressait, il n'est pas surprenant que les procedures 2. Bien que l'un des principaux arguments pour utilisees n'aient pas necessairement ete conformes conserver I'INCORA ait ete le fait que sa presence sur aux principes de la reforme agraire orientee par le le terrain accelererait la mise en ceuvre du marche. programme, ceci ne s'est pas materialise. Trois 5. Pour trouver le montant maximum de annees apres I'adoption de la loi instituant la reforme subvention par beneficiaire, on a divise le budget agraireorienteepar le marche, son application accuse total de la reforme par le nombre moyen d'anciens un grand retard et I'INCOKA a encore un effectif beneficiaires. supirieur au niveau que beaucoup d'observateurs 6. Ces pratiques ne sont pas justifiees, m2me si exterieurs csonsiderent comme necessaire pour elles etaient encouragees par la lourdeur des executer emcacement un programme de reforme qui mecanismes lies a I'obtention du credit pour financer soit reellement decentralisee et orientee par le les 30 pour cent de la valeur des terres non couverte marche.La restructuration(ou la fermeture complete) par la subvention du gouvernement. de I'INCORA sans solution de rechange CprouvCe 7. Bien que toutes les transactions relatives a la aurait manifestement Cte dificile a la fois d'un point reforme agraire doivent 2tre conduites selon les de vue opiirationnel et politique. Cependant, la mecanismes decrits, I'INcOM conserve un budget reforme agraire' aurait probablement ete mise en pour une intervention directe dans les cas sociaux ou ceuvre plus rapidement si le gouvernement avait d'autres formesd'urgence. immediatem'entinitie des projets pilotes decentralises 8. En consequence, il est possible d'utiliser la du type decrit dans ce chapitre. Au lieu de cela, il a subvention pour financer une plantation de cafeiers attendu que le cadre reglementaire de la nouvelle loi qui existe deja, mais non celle qui doit encore etre (qui, ironie ,du sort, a CtC confide a I'INCORA)soit creee. pratiquemenl: mis en place, pour dkcouvrir qu'un 9. La concentration des avantages peut 2tre remaniemenl.considerable etait necessaire pour que opportune d'un point de vue politique, surtout si ces les reglements soient compatibles avec I'application avantages peuvent 2tre obtenus par les 10 a 15 pour d'une reforme agraire axee sur le marche. cent environ de la paysannerie qui sont politiquement 3. Les modalites de financement sont assez bien organisks et collaborent etroitement avec souples : les vendeurs sont censds obtenir 50 pour I'INCORA. En ce qui concerne la superficie de cent du prix d'achat des terres en espkces (une I'exploitation agricole, meme dans I'Union contribution de 30 pour cent par le beneficiaire et 20 europeenne, la superficie moyenne en 1990 (y pour cent par la subvention du gouvernement) et le compris dans I'ancienne Republique democratique reste sous forme de bons du Tresor, qui sont allemande) etait de 14'8 hectares, ce qui est Cchanges avec un rabais considerable sur le marche legerement inferieur a la cc superficie minimak ))de secondaire. L,e principal avantage pour les vendeurs 15 hectares de la Colombie. Alors que les superficies potentiels h i d e dans le fait que toute vente de terres moyennes en Grece et en Italie n'etaient que de 4 et dans le cadre: de la reforme agraire est exemptee de 5'6 hectares respectivement, m2me aux Pays-Bas et tout imp6t sur la plus-value. en Allemagne, la superficie moyenne etait de 16 4. Apres le vote de la loi en 1994,on a envisage hectares (Eurostat 1995). que I'INCOR~ consacre environ 50 pour cent des 10. L'interdiction categorique incluse dans la loi fonds disponibles a la rdforme agraire orientke par le de 1994 de mettre en location les terres de la reforme marche et 50 pour cent selon I'ancien modele agraire a peu de chances d72treapplicable et peut (interventiondirecte) en 1995.Comme I'adoption des m2me aller a I'encontre de I'objectif vise dans la reglements pour completer la loi (dont I'INCORA avait mesure oh elle decourage les bkneficiaires de la ete la principale responsable) avangait tres lentement, reforme qui ont reussi d'intensifier la production sur I'INCORA a d'abord essaye de transferer les une partie de leurs terres et d'en louer I'autre partie, ressources du volet ax6 sur le marche au volet tout en emp2chant les benkficiaires n'ayant pas reussi administreet, apres que cela se soit avere impossible, de quitter le programme. elle a dO del~ourserenviron 20 millions de dollars 11. Puisque la modification de la loi elle-meme dans un delai tres court a la fin de I'annee, afin etait consideree comme un phenombne complexe et 210 Re'ussir la re'forme agraire oriente'epar les me'canismesdu marche' :l'expdrience initiale de la Colombie,du Brbil et de 1 'Afriquedu Sud de longue haleine, les changements ont ete introduits procedure qui dure environ un an. Apres quoi, les par le biais de rbglements specifiques regissant la proprietaires terriens seront indemnises avec les mise en euvre de la loi. titulos da reforma agraria (ces titres sont assortis 12. Ces rnunicipios sont San Benito Abad a d'un taux d'interCt reel de 6 pour cent et sont Sucre, Rivera a Huila, Fuente de Oro a Meta, escomptes de 25 a 40 pour cent sur le marche); les Montelibano a Cordoba et Puerto Wilches a preuves anecdotiques d'indemnisation excessive Santander. abondent. Les investissements d'infiastructure 13. Bien que I'on puisse s'attendre a ce que le nkcessaires sont ensuite inclus dans le prochain transfert de grandes exploitations a culture budget annuel de I'NCRA (il faut un a deux ans pour relativement extensive permette d'ofir des emplois mettre en place I'infiastructure), et I'INCRAannonce supplementaires, c'est le contraire qui s'est souvent que les terres sont disponibles, et sklectionne les produit dans la pratique, du fait du rehs des ouvriers bCnCficiaires sur la base de leurs capacites agricoles. existants de reduire leur part et parce que cela les Dans la pratique, tous les cas sont limites a la encourage a exagerer la quantitC de terres nkcessaire regularisation des installationsde squattersexistantes. a la creation d'une unite productive. Cette tendance a Une fois selectionnCs, les bCnCficiaires ont droit a un expulser les ouvriers est bien connue de la theorie des credit de la PROCERA (maximum : 7.500 dollars; cooperatives. moyenne: 4.500 dollars), au titre d'un programme 14. Ceci est soutenu par une preuve anecdotique: sp6cial destine aux bkneficiaires de la reforme agraire dans tous les endroits visit&, les vendeurs potentiels et administre par I ' ~ C R A (avec une subvention de terres Ctaient les plus fervents. I1 est ndcessaire de effectived'environ 70 pour cent). quantifier les superficies impliquees, c'est-a-dire le 19. Comme il est possible que ceci exige un degrk de sous-utilisationet les quantitks de terres qui certain suivi (et donc accroisse les coats), le auraient pu Ctre disponibles pour un transfert de terres remboursement ddpendra de la structure des mesures ameliorant la productivite. incitatives de la banque, en particulier de 15. Cette perception est illustree par le fait que les I'intervenant qui supportera le coOt d'un Cventuel registres officiels des terres transferees en 1996 dCfaut de remboursement du prCt et de la nature de indiquent que dans tous les cas ou aucun crddit de la I'indemnisation que regoit la banque. Caja Agraria n'a et6 nkcessaire (parce que le vendeur 20. Des progres importants ont kt6 accomplis avangait les 30 pour cent de credit compldmentairea dans cette direction, par exemple, en sous-traitant le I'acheteur), un plan d'exploitation agricole ou un suivi et I'Cvaluation des projets pilotes de reforme projet productif n'ktait ((pasrequis D. agraire a des universites locales (traditionnellement 16. En effet, I'examen des modeles d'exploitation noires), une Ctape qui, on I'espere, non seulement agricole recommandes par I'~CORA pour certaines rehaussera la qualit6 de I'Cvaluation, mais aussi des installationsde la reforme agraire montrait que - mkliorera la capacite de ces institutions, qui a malgre leur etendue physique considerable - ces traditionnellementCtC trks faible. modeles ne reussissaientpas a assurer le plein emploi 21. Le livre blanc stipule que a) les besoins les tout au long de I'annCe au bCnCficiaire et a sa fmille. plus essentiels et les plus critiques seront satisfaits en 17. MCme le modele 1 a Montelibano - un premier, b) la priorite sera accordee aux projets dont modele a tres faible intensite de main-d'euvre - la capacitk institutionnelle est suffisante pour necessite I'emploi de beaucoup plus de main-d'euvre permettre une mise en euvre rapide et efficace, c) la que le projet moyen de I'~CORA dans cette durabilite et la viabilite du projet doivent Ctre municipio. assurees,et d) le gouvemement Ctendra ses efforts sur 18. Les etapes du processus d'expropriation une large base gdographique et a differents types de applicable aux terres qui sont utilisees a moins de 80 bknkficiaires. pour cent, sont les suivantes. Premierement, une 22. Sur la base d'une Ctude de cas d'un projet mission de I'NCRAeffectue une visite pour Cvaluer pilote provincial de reforme agraire au Kwazulu les terres et les amCliorations qui leur ont etk Natal, Cross et a1 (1996) signalent quatre lacunes apportees, suivie d'une expropriation par decret principales, a savoir: a) un manque total de prksidentiel et d'une confirmation de I'expropriation coordination inter-institutio~elle(dans le cadre de par un tribunal federal (emissao de posse) selon une l'acces aux ressourcesen eau), b) une sous-estimation Klaus Deininger 211 du temps et de l'energie nkcessairesau reglement des and A. Valdes, eds.,Agriculture and Governments questionsjuridiques telles que les differends fanciers, in an Interdependent World. Compte rendu de la 20&ne c) les tensions politiques entre le Congres national Conference internationale des agre africain et ]'Inkatha Freedom Party (aux niveaux economistes,Buenos Aires, Aldershot: Dartmouth. national et provincial respectivement)qui entravent la Birdsall, Nancy and Juan Luis Londofio. 1997. "Asset prestation efficace aux beneficiaires de services Inequality Matters: An Assessment of the World autres que ceux liQ a la terre, et d) une tendance Bank's Approach to Poverty Reduction."American inquietante des chefs locaux a s'ingerer dans le Economic Review 87(2):32-37. processus, c;w ils perqoivent la reforme surtout Carter, Michael R., and Dina ~ e i b a h .1993. "Can comme un moyen de renforcer leur propre pouvoir, Land Market Reform Mitigate the Exclusionary qui depend du nombre de gens dont ils sont capables Aspects of Rapid Agro-Export Growth? 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Lipton, eds., Land 24. La plupart des etudes sur les questions Labour, and Livelihoods in Rural South Afiica foncieres semblent convenir que les avantages de la Vol. 2: KwaZulu-Natal and Northern Province, propriete fonciere ne se concretisent pleinement que Chap. 6.Natal: IndicatorPress, Universityof Natal. si les proprietaires ont acces aux marches financiers Deininger, Klaus, and Lyn Squire. A paraitre. 'New (Carter et Zegarra 1995). Ways of Looking at Old Issues: Inequality and Growth." Journal ofDevelopment Economics. Rkfkrencesbibliographiques Eurostat. 1995. SPEL-Daten Jhr die Landwirtschaft der EU = SPEL-Data for EU Agriculture = Le terme exploite )) designe des travaux reproduits (( Donne'es SPEL pour IYgriculture de 1 'EL1. officieusement qui pourraient ne pas &re Luxembourg: Ofice des publications officielles genkralementclisponibles dans des bibliothkques. des Communautkseuropkmes. Balcazar, Alvaro. 1990. "Tanao de fmca, dinarnica Heath, John, and Hans P. 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Ici, Nigeria par Julian Caldecott et Andrew Babatunde nous mettons I'accent sur un aspect de la Morakinyo, aux Philippines par Maria Dulce decentralisation, en determinant dans quelle Cacha et Julian Caldecott, en Russie par Margaret mesure elle encourage ou non la preservation de la Williams et Michael Wells et au Zimbabwe par diversite biologique et, si tel est le cas, dans Brian Child (voir Lutz et Caldecott 1996). De plus, quelles conditions. Nous savons que la Ajit Banerjee et Ernst Lutz (1996) ont examine 32 preservation de la diversite biologique fait partie projets de la Banque mondiale et du Fonds pour du developpement durable et de 'la bonne l'environnement mondial qui ont des objectifs de gouvernance (CMED1987, UICN,PNUE, et WWF preservation de l'environnement. Ces Ctudes ont 1991, CNUCED 1992, IRM, UICN et PNUE 1992, et mis I'accent sur les variables liees aux projets et PNUE 1995), que la participation des communautCs sur leur contribution a I'efficacite de la locales est necessaire pour une preservation conservation des habitats.. efficace de la diversite biologique et qu'elle peut Toutes ces etudes se fondent en partie sur le avoir besoin d'etre appuyee par une constat d'echec de bon nombre de tentatives decentralisation tres poussee (Bhatnagar et passtes en matibre de preservation de la diversit6 Williams 1992, Wells, Brandon et Hannah 1992, et biologique. Une des raisons de l'echec reside dans Banque mondiale 1994). Mais des questions le choix d'une approche ouvertement centralide, demeurent sans reponse sur le type et I'etendue de impliquant souvent une planification du sommet a la d6centralisationYses liens avec la participation et la base par des techniciens et des bureaucrates qui le r61e d'autres ClCments tels que les mesures ne se preoccupent pas des opinions ou du bien-etre incitatives, I'application des lois et rbglements et des personnes affectees par leurs decisions. Les les moyens institutionnels permettant de rCaliser un exemples sont biens connus et comprennent le cas degre optimal de preservation de la diversite de I'ancienne Union sovietique, dont le systeme biologique. I1 nous faut a present decouvrir des parcs et des reserves a aide a preserver une comment et par quels mCcanismes ces diffkrents grande partie de la diversite biologique du pays, facteurs sont lies. mais dont le processus de prise de decision Pour chercher les reponses a ces questions, des centralisee a subi de graves distorsions du fait de Ctudes de cas ont etC entreprises dans 10 pays :en I'inefficacite et de la corruption. Pour que le Colombie par Eduardo Uribe, au Costa Rica par systeme fonctionne, il aurait fallu que le Julian Caldecoff ef Ernsf Lufz 213 gouvernement ait assez de pouvoir pour Ctre en dans leur propre inter&, par exemple en leur mesure d'ignorer les aspirations et les conditions imposant une ctreserve forteresse P. Mais une locales, el lorsque ce pouvoir a manque, de alternative plus juste serait de verser au niveau nombreuses reserves naturelles ont CtC local au moins 10 unites de ressources pour qu'a ce immediatement exploitkes par des groupes locaux niveau I'on s'abstienne d'entreprendre I'action qui ne voyaient pas pourquoi ils devaient agir vide. Ce paiement de transfert peut revCtir la autrement. Dans de nombreux autres pays forme d'un projet de dkveloppement rural offrant Cgalement, la viabilite des ((reserves forteresses )) des avantages de rechange et constitue la planifides ,au niveau central a CtC sapbe par leur justification de beaucoup de projets intCgrCs de coQt et egalement par le ((deficit democratique )) preservation-developpement, qui ont et6 realises inherent a ces reserves (Bonner 1993). Cependant, ces dernihes anndes (McNeely 1988, Ruitenbeek ' une dCcentiralisationcomplete peut egalement aller 1990, 1992, Brandon et Wells 1992, Wells 1992, et a I'encontre de la preservation de la diversite Wells et Brandon 1993), bien qu'avec un succks biologique. Dans ces conditions, les populations mitigd. locales, peut-Ctre en collaboration avec des Ainsi chaque couche de la societe a ses propres entrepreneurs de l'extkrieur, peuvent tout intCrCts dans la maniere dont les ressources de la simplemeni: degrader et Cpuiser les ressources plus diversite biologique sont utilides, et les paiements rapidement et plus efficacement. Ainsi il est d'une couche a I'autre peuvent en principe servir a bvident qhfe les administrations centrales ont compenser les perdants afin que toutes les parties encore un r6le a jouer. Le dt$ est de trozrver le interessees soient satisfaites. On peut voir la niveau de d'e'centralisationle plus approprik. decentralisation comme un processus par lequel les Ces questions deviendront peut-Ctre plus claires droits de propriete et les pouvoirs de negociation si I'on admet que la preservation consiste a sont redistribuks entre les differentes couches de la ameliorer ]'attribution et I'utilisation des societe et ce processus a au moins trois aspects ressources environnementales, y compris les distincts. Premikrement, il y a le processus differentes composantes de la diversite biologique d'education (ou decouverte de soi) par lequel (differents populations, espkces, Ccosystkmes, etc.) chaque groupe s'identifie, identifie ses priorites, et et la gamme de services et de biens ecologiques donc ses interCts.' Deuxikmement, il y a le qu'ils fournissent. Ces ressources sont processus de renforcement de I'autonomie par consommees a differents niveaux de la socikte, que lequel chaque groupe obtient le pouvoir de I'on peut classer de fagon genCrale comme local negociation necessaire pour defendre ses intCrCts. (niveau communautaire et biorkgional), national et Enfin, il y a le processus de communication et de mondial. De nombreux coQts et avantages nkgociation par lequel les differents groupes diffkrents sont associCs a un type donne de gestion conviennent des modalites de transactions entre des ressources a chaque niveau de la societC, et la eux. Ces transactions portent sur I'echange des gestion visant a maximiser les avantages a un droits et obligations ou le paiement d'indemnites niveau peut imposer des coQts a d'autres niveaux. pour les effets, provoques par un groupe en Ainsi, ce qui est interne a un niveau peut Ctre satisfaisant ses propres intCrCts, sur I'opportunitC externe a un autre niveau. pour d'autres groupes de satisfaire les leurs. Pour illustrer les effets d'une telle situation, I1 semble raisonnable de faciliter ces processus, supposons qu'une action au niveau local crCe 10 pour riduire le coQt moyen des transactions au unites d'avantages a ce niveau, tout en provoquant profit de la sociCte dans son ensemble. Une des effets negatifs (ou des effets induits) a raison manikre de le faire est de contribuer a la de 8 unites au niveau national et 2 au niveau redistribution pacifique du pouvoir, tout en mondial. C'es effets negatifs peuvent revetir etablissant des mecanismes de nkgociation fondes differentes formes, comme par exemple la perte de sur la nouvelle structure de pouvoir. Dans les certaines especes, de bassins hydrographiques, de sociktes trop centralides, ceci peut revenir a zones de piche ou de reserves de carbone. Une promouvoir la decentralisation comme une maniere pour la societC non locale d'eviter de tels composante d'un plus vaste processus de reforme. effets est d'empCcher les populations locales d'agir Ceci pourrait impliquer, par exemple, le fait de 214 La dkcentralisation et la prkservation de la diversitk biologique donner aux groupes locaux le pouvoir de gkrer exister pour lesquelles les avantages sociaux I'environnement, de percevoir les taxes et globaux nets sont maximises et ou, avec une d'effectuer des depenses pour rtaliser cet objectif. indemnisation appropriee, tous les acteurs aux Mais ce ne sont pas toutes les fonctions de 1'~tat differents niveaux peuvent &tredans une situation qui peuvent Ctre utilement decentralides identique ou meilleure. Une complication surgit (Prud'homme 1995), et des groupes etrangers cependant, si les populations locales ne sont pas peuvent Ctre mieux places que les groupes locaux conscientes de la valeur des especes sauvages, par pour apprecier les enjeux a long terme et de grande exemple, ou des consequences d'un changement de portke et pour agir en tant qu'arbitres dksinteresses I'utilisation des terres dans les bassins versants, dans des conflits locaux qui ne peuvent pas etre soit pour elles-mCmes, soit pour la socitte dans son rCsolus localement. Cette possibilitk d'intervention ensemble. Une reponse rationnelle a cette situation non locale est vitale en matiere de preservation, qui aux niveaux national et mondial, en complement consiste fondamentalement a eviter ou a gerer les ou Q la place de I'indemnisation ou d'autres conflits dYinterCtsentre especes, entre generations, incitations, serait d'investir dans l'kducation au entre regions et au plan international. On devrait niveau local. Ceci devrait rkduire le coOt de tout donc maintenir l'equilibre entre lerenforcement de paiement de transfert qui peut encore Ctre l'autonomie des groupes locam et un rdle continu necessaire, tout en profitant du fait que I'Cducation, de I'administration centrale charge'e de faire face une fois payee, continue de produire des avantages a m dysfonctionnements du marchk et d'assurer a sans coOt supplementaire (Tilak 1989,Haddad et a1 la fois l'kquite sociale et la protection de 1990, et Herz, Subbarao et Raney 1991). Cette I 'env ironnement. rentabilite ClevCe a long terme de l'education Les activites locales sont menees dans le permet d'expliquer pourquoi les activites contexte de politiques, lois et institutions d'education sont a present si souvent liees aux nationales, mais souvent hors de la vue des agents projets de preservation (par exemple, FME 1995). de 1'~tat (Caldecott et Fameso 1991). Elles Une fois que la preservation est adoptte en tant peuvent affecter directement les composantes de la que domaine d'intervention prioritaire, il se cree un diversite biologique auxquelles les couches enjeu special pour la bonne gouvernance. En effet, nationales et mondiales de la societe s'interessent A celle-ci vise essentiellement a gerer les conflits present de plus en plus. Ces couches souhaitent reels ou potentiels entre les besoins des protdger les Ccosystkmes naturels viables et populations et ces plantes et animaux, entre les representatifs, surtout les ecosystkmes terrestres besoins de differentes generations, et entre les dans les regions tropicales humides, ou vivent la besoins de populations trks eloignees les unes des plupart des espkces du monde, estimees entre 10 et autres. Ce chapitre a pour objectif d'analyser 100 millions (PNUE1995). Les especes tropicales certaines des implications liees a ce nouveau sont particulikrement vulnerables aux changements domaine. Ce faisant, il s'inspire de l'experience d'habitat importants et generalises, tels que celui pratique qui peut aider a comprendre l'interaction provoque par I'abattage systematique des arbres, le complexe entre tous les facteurs impliques, et a feu, ou I'agriculture. Ainsi, le meilleur moyen de clarifier ainsi la relation entre la decentralisation et maintenir la richesse des especes au plan mondial la preservation de la diversite biologique. est de creer et gerer un systeme adequat de zones protegees sous les tropiques. D'autres approches Processusde dkcentralisation completent cet objectif ou peuvent en servir d'autres, y compris I'utilisation de techniques hors Les etudes par pays revdent certains traits site telles que les elevages en captivitk et la communs aux processus de decentralisation. preservation des populations sauvages soumises a Jusqu'au milieu des annees 70 au Kenya, au Nepal I'exploitation du bois, a la chasse, a la peche et a et au Zimbabwe, ou a la fin des annees 80 et au d'autres types d'exploitation, dans la mesure oh debut des annees 90 au Costa Rica et en Colombie, ceci peut se faire de fa~ondurable. l'approche de la gestion de I'environnement et du ~ t a n t donne les effets induits impliques, developpement rural etait centralisee et certaines options de gestion de ressources peuvent fragmentee (tableau Julian Caldecott et Ernst Lutz 215 14.1. Changementsdans les institutions nationales de prkservation danscertainspays pays Fragmentkes et centralisies Intigrkes et centraliskes Structure de mkdiation Colombie 1968-93 : Institut national des 1993 :Ministere de 1993 :Societesregionales ressources naturelles 1'Environnement autonomesrCformCes renouvelables Costa Rica Avant 1989 :Services des parcs 1989-95 :Services des parcs 1987 :Fondation des parcs nationaux, Direction des eaux et nationaux, Systeme national des nationaux forCts, Service de la faune zones de preservation (SINAC) 1989 : Institut national de sauvage la preservation de la diversite biologique (INBio) Kenya Avant 1976 : Conseil des parcs 1976-90 :Departement de la I990 :Servicede la faune nationaux, Departementde la preservation et de la gestion de sauvagedu Kenya (para- chasse, Departement des eaux et la faune sauvage etatique) for&ts Nepal Avant 1973 : Reserves de chasse 1973 : Departement des parcs 1986 :Fonds du Roi royales nationaux et de la preservation Mahendra pour la de la faune sauvage preservation de la nature Philippines Avant 1992 : Bureau des zones 1992 : Systemenational integre 1992 :Fondation pour la protegees et de la faune sauvage, des zones protegees (NIPAS), protection de Departement du tourisme, Dkpartement de l'environnement des Societenationale d'electricite, l'environnement et des Philippines Departement de l'agriculture ressources naturelles Zimbabwe 1960-75 : Dkpartement des parcs 1975 :Dipartement des parcs 1989 :Association nationaux et de la gestion de la nationaux et de la gestion de la CAMPFIRE faune sauvage faune sauvage et zones de prkservation intensive 14.1). Le contrble des ressources etait divise gouvemementales (ONG); ce texte a etC amend6 ?I horizontalenlent et verticalement entre les ministeres nouveau en 1993 pour autoriser l'etablissement de concernes et: d'autres organismes, qui se disputaient zones tampons et des dispositions locales de partage le pouvoir et.les fonds. On ne sait pas trbs bien ce qui de recettes. Pendant ce temps, la Parks and Wildlife a provoquk les changements de ce systeme dans Act du Zimbabwe, votee en 1975, fut amendie en chaque pays, mais nous savons que I'on a tent6 de 1982 pour domer le pouvoir aux conseils de districts rationaliser et de consolider I'autorite sur les sur la faune sauvage. Dans certains cas, la reforme a systemes de zone protegee, en adoptant des ete entrainee par des Cvenements sur le terrain, plutbt dispositions plus integrkes mais toujours centralisees. que par le pouvoir legislatif national. Ainsi au debut A mesure que ces nouvelles institutions Ctaient des amkes 90, la zone de pkservation de Guanacaste creees, il dlevenait possible de les reformer en au Costa Rica et les premiers districts CAMPFIRE au amendant les lois qui les avaient instituees. P.insi la Zimbabwe allbrent au-dela de ce qui etait alors la loi National Parks and Wildlife Conservation Act du commune pour mettre en place des dispositions Nepal, votee en 1973, fut amendee en 1989 pour locales de pkservation.2 Dans ces cas, le r61e autoriser les zones de pkservation a usages multiples dirigeant joue par certaines personnes bien inspirkes a et l'implication des organisations non encourage les groupes locaux A prendre des risques 216 La dkcentralisationet laprkservation de la diversitk biologique qui ont ete recompensb plus tard lorsque les lois ont informels etroits, mais ont egalement un mandat clair ete modifiees pour autoriser ce qui avait deja ete mis et independant ainsi qu'une grande autonomie en place sur le terrain. Mais dans d'autres cas, operationnelle et financiere dans I'exercice de ce I'activisme local en matiitre d7environnement mandat. D'autres tentatives pour remplir de telles provoqua des reactions visant a retablir le contr6le fonctions sont representees par la structure para- central. Un exemple d'une telle reaction est le cas de etatique Kenyan Wildlife Service, et les conseils des I'Ogoniland dans la region du delta du fleuve Niger parcs nationaux au Nigeria, mais ces structuresont eu au Nigeria, ou I'action locale contre les degiits tendancea Gtrevulnerables a I'ingerence politique. ecologiques provoquks par l'industrie petroliere h t En I'absence d'une structure eficace de brutalement reprimee par le gouvernement militaire mediation, d'autres ONG peuvent adopter un r6le nigerian. moins formel mais analogue. 11peut s'agir d'une0~G En Indonesie, les projets qui ont influence locale qui developpe un partenariat avec les I'adrninistration centrale semblent y etre parvenus en organismes oficiels dans sa zone d'intervention. On allant prudemment au-dela de ce qui etait en a un exemple a Nizhny Novgorod, en Russie, I'interpreation oficielle anterieure de certaines lois. entre Dront Eco-Center (I'oNG), la cellule regionale Les exemples comprennent les projets a Arfak dans du Ministere de la Protection de l'environnement, et L'Irian Jaya et Kayan-Mentarang a 1'Est de les administrateurs de ia reserve de Kerzhenski Kalimantan, 1'Ctablissement par la communaute de financee sur des fonds federaux. Tci, les trois groupes cartes sur les limites des ressources ainsi que la collaborent pour concevoir et mettre en oeuvre des participation locale a I'utilisation des ressources ont initiatives regionales de preservation de la diversite aide a creer des changements subtils mais importants biologique. Des ONG internationales de preservation dans les attitudes officiellesvis-a-vis du renforcement telles que le Fonds mondial pour la nature se de I'autonomie des populations locales. Au Costa positionnent Cgalement souvent comme Rica et au Zimbabwe, les reformes qui ont donne aux intermediaires entre les organismes oficiels et le populations locales un plus grand pouvoir de contr6le public dans les pays ou elles travaillent. Certaines se sur la gestion des espitces sauvages et des specialisent dans l'instauration de rapports aussi ecosystemes naturels et l'opportunite d'en profiter etroits que possible avec les gouvernements et ont provoque une reaction politique. Une remise en peuvent leur fournir efficacement des conseils question agressive de CAMPFIRE a commence au techniques et des orientations. Les ONG oeuvrant pour Zimbabwe vers 1992,et les reformes du SMAC hrent la preservation de la biodiversite qui ont des liens suspendues par un gouvernement conservateur au etroits avec le gouvernement se rencontrent, par Costa Rica de 1990a 1994.3 exemple, en Indonesie et au Nigeria, mais avant 1993,elles etaient tenues eloignees du gouvernement R6le des organismes de me'diation en Colombie et le restent encore au Kenya. La creation d'une structure de mediation nouvelle et Ces ex@riences confirment le fait que la efficace dans un pays signifie que les ONG existantes decentralisation est inevitablement et doivent se repositionner en conskquence, et des fondamentalement un processus politique parce ajustements de cette nature (qui se font rarement en qu'elle redistribue le pouvoir. Pour cette raison, un douceur) ont ete observes au Costa Rica, au important facteur de la dkentralisation dans un pays Zimbabwe et ailleurs. est la presence d'une structure capable d'assurer la mediation entre differents groupes d'intdret et de R6le des ONG locales et internationales promouvoir le transfert regulier et effectif du pouvoir. Ces structures sont souvent des ONG oficiellement Les ONG locales et internationales ont plusieurs r6les parrainkes telles que I'Association CAMPFIRE au importantsajouer dans la preservation de la diversite Zimbabwe, la National Biodiversity Institute (INBio) biologique et les projets de developpement rural au Costa Rica, la King Mahendra T m t for Nature (Wells,Brandon, et Hannah 1992et FEM 1993).Elles Conservation au Nepal, et les societes regionales ont tendance a Gtre considCrees comme une pepiniere autonomes en Colombie. Elles ont toutes etC creees de nouvelles idees qui sont adoptees et utilisees plus par 1'~tatet ont avec lui des liens formels et surtout tard par les donateurs officiels et les gouvernements. Julian Caldecott et Ernst Lutz 2 17 Ce r6le est essentiellementdfi a leur capacite a attirer contrdle du conseil de district mais souffie d'un des individus innovateurs, a promouvoir leurs idees manque serieux de responsabilisation et de par le plaidoyer, et a experimenter leurs idees a transparence au niveau de la prise de decision. LA, les travers de petits projets pilotes qui ne passent pas fortes sommes d'argent recueillies au titre des droits inapergus. Comme leur approche a tendance a etre d'entree contribuent peu soit a maintenir les flexible, participative et sensible aux besoins locaux, ressources de la faune sauvage et de la diversite les ONG peuvent egalement jouer un r6le tampon biologique sur lesquelles repose le tourisme naturel, entre les projets de grande envergure et les petites soit a creer des incitations pour encourager la communautes, en contribuant a reduire les activites preservationau niveau de la population locale. du projet a un niveau plus approprie. Par consequent, Les ecosystemes des reserves naturelles il est souvent fait appel aux ONG locales pour fournir contiennent des ressources 'dont I'utilisation peut des services communautaires au nom de grands contribuer a generer des recettes locales dans projets. Enfin, lesONG peuvent reduire le deficit entre certaines conditions.Les recettes localesvarient selon le renforcement de I'autonomie des populations la nature de la resource et d'autres facteurs tels que locales prevue par un projet et le resultat effectif, la pdsence de marches. La vente des trophies a des comme le rr~ontrentBanerjee et Lutz (1996). 11en est chasseurs (comme au Zimbabwe), des permis de ainsi parce qu'elles tiennent a certains ideaux, font prospection de diversite biologique a des societes une campagne publique pour denoncertoute trahison pharmaceutiques (comme au Costa Rica), ou la de ces ideaux et ont,par consequent un r6le important location de logements et la vente de nourriture a des a jouer dans la preservation de I'honnetete des touristes (comme au Nepal ou en Indonesie), institutionstl'elite. necessitent des technologies et des attitudes qui peuvent ne pas avoir existe auparavant dans chaque D6centralistrtion desfinances publiques pays. Si les dispositions en vigueur permettent a la population locale de realiser des recettes, alors ceci La forme la plus puissante de decentralisation est le tendra a promouvoir la decentralisation et la transfert du pouvoir de decision sur les depenses, et preservation de la diversite biologique si d'autres les groupes d'elite retiennent ce pouvoir particulier conditions sont favorables. Mais l'on observe des avec beaucolup plus de zkle que les pouvoirs lies a effets contraires si la plupart des avantages sont d'autres fon~ctionsadministratives. Ainsi, les cas les obtenus par des groupes exterieurs, tels que des plus acheves de decentralisation sont ceux ou les societesexploitant le bois, le poisson, les minerais ou populations locales collectent les recettes et decident le tourisme, sans le consentementdes groupes locaux. localement de la fa~onde les depenser. Ceci a ete le II existe de nombreux cas de ce type dans les etudes fondement tie la force des districts CAMPFIRE au par pays, y compris des h6tels dans le Parc national Zimbabwe et de la zone de preservation de Royal Chitwan au Nepal et le Parc national Arnboseli Guanacaste au Costa Rica, et le meme degre au Kenya et les concessions de creation de d'autonomie s'observe dansune certaine mesure dans plantations et d'exploitation du bois a l7int6rieuret les zones de gestion forestiere conjointe en Inde, les autour de la Reserve Okomu et du Parc national de zones tampons au Nepal, les regions autonomes en CrossRiver au NigCria. Colombie, les municipalites nouvellement rendues Les reserves naturelles ont une valeur potentielle autonomes ;lux Philippines et certaines zones de qui peut etre transformee en revenus si la technologic projet en Indonesie. et les marches necessaires existent. Mais si ces Les processusde prise de decisions sur la manikre revenus sont importants, ils peuvent attirer les inter& de depenser les fonds locaux varient, certaines etant de groupes ou d'individus puissants. Ainsi, lorsque plus transparents que d'autres. Les communautes les ressources de la faune sauvage du Zimbabwe CAMPFIRE du Zimbabwe offrent un exemple de commenckrent a generer des revenus locaux pour les participation totale a un processus de debat et de districts CAMPFIRE, des pressions croissantes decision, ler; affectations de crkdits aux travaux s'exerckrent en faveur de leur utilisation pour liberer publics et aux particuliersetant faites publiquementet I'administration centrale de ses responsabilites en en especes. b~l'autre extreme,nous avons le cas de la matiere de depenses. Ceci a ete pequ comme une reserve Masai Mara au Kenya, qui est sous le expropriation de fonds locaux, et 170npeut s'attendre 2 18 La dkcentralisationet laprkservation de la divers:it&biologique a une telle reaction lorsque des administrations Liensavec I'efficacitk de la prkervationde la centrales aux ressources limitees voient certains diversitebiologique groupes de citoyens devenir plus riches que d'autres. A moins que I'administration centrale ait une raison Certaines menaces contre les communautes et leurs spkiale de ne pas intervenir, ou que les groupes environnements peuvent 2tre eliminks. Un exemple nouvellement enrichis aient suffisammentd'influence est offert par la zone de Masoka au Zimbabwe ou la politique pour defendre leur richesse, au moins une sicurite de jouissance favorisee par le regime foncier partie de cette richesse leur sera arrachee. Ainsi, a un a pennis aux populations locales d'expulser des certain stade, une reponse politique sera necessaire squatters etrangers a la localite. Mais des bandes de pour pennettre aux populations locales de conserver braconniers bien armis peuvent presenter des defis suffisamment d'avantages afin de soutenir la cellule que des populations locales seules ne seront peut-Ctre de prise de decision decentralisee. pas en mesure de relever, comme cela est arrive a plusieurs reprises dans les parcs nationaux et les Quelquesraisonsjustijiant la dkcentralisation reserves du Kenya. Ceci s'applique Cgalement aux Cchecs de planification et aux situations dans Le fait que de nombreux pays cherchent a pratiquer la lesquelles les effets sur I'environnement n'ont pas etC decentralisation pourrait s'expliquer de deux anticiph, comme ce fut le cas pour ceux provoques manieres. D'abord, il est possible que les populations par les projets routiers dans le parc national de rurales soient en train de devenir mieux organisees, Salamancaen Colombie et par les deviationsde cours mieux Cduquees et plus conscientes des kalitks d'eau dans les parcs nationaux d'Amboseli et de economiques et Ccologiques et peuvent donc Tsawo West au Kenya. L'autonomie locale est par defendre leurs intCrCts avec plus d'assurance. Ensuite, consequent subordomCe notamment a la protection il se peut que la degradation rapide des ecosystemes de I'environnement local par une planification dans la plupart des pays soit implement en train de centrale approprik et des lois appliqudes de maniere rendre ces ecosystt5mes moins pkcieux et moins satisfaisante dans le domaine de 1'Cvaluation et de la interessants pour des groupes et des individus gestion des effets sur I'enviromement. C'est une des puissants. Les foets tropicales vierges et les mers raisons pour lesquelles on peut considdrer la inexploitees peuvent Ctre exploitkes de maniere pre'servation de la diversitd biologique comme une moins rentable par des investisseurs institutionnels, euvre commune aux couches locales et non locales mais les forCts dCpouillCes de leurs essences et les de la socie'tk.Cela donne a penser qu'a mesure que zones de @the Cpuisees n'attirent pas un tel les acteurs locaux deviennent plus forts, il est investissement et peuvent Ctre delaissees aux necessaire de renforcer la volonte et la capacite des communautCs locales jusqu'a ce qu'elles se institutions non locales a soutenir la dkcentralisation. reconstituent ou jusqu'a ce que de nouvelles Ceci soulignele rdle de I'administration centrale dans technologies ou de nouveaux marches changent leur la promotion de mesures telles que la preservation de valeur. Les deux processus sont probablement a la diversite biologique, que les populations locales I'ceuvre et s'influenceront mutuellement de fagon peuvent ne pas 2tre capables ou disposkes a prendre complexeet inkgale selon de nombreux facteurs dans sans recevoir une aide extdrieurea cet effet. chaque pays. L'Cquilibre qui emerge a chaque endroit et h chaque moment reflhte le niveau de Incitations et applicationdes r2gles I'attachement de 1'~tata la decentralisation,mais ceci en lui-m2me ne suffit pas ;des lois, des politiques, un On devrait renforcer la volonte des populations renforcement judicieux de capacites humaines et locales a respecter les limites et les regles prdtegeant institutionnelles et du temps sont tout aussi les reserves naturelles en obtenant leur accord necessaires. Ces autres conditions decoulent des prkalable a ce sujet. Le gouvernement aurait interst a nombreuses manieres dont I'autonomie locale peut rechercher cet accord parce qu'il depenserait moins 2 e menacke et de nombreuses sortes de reponses de ressources pour faire respecter la loi si la nicessaires pour faire face a ces menaces. preservation de la diversite biologique benkficiait d'un solide appui local4Comme on I'a montre dans les montagnes d'Arfak a Irian Jaya en Indonesie, par Julian Caldecott et Ernst Lutz 219 exemple, l'ixer les limites des reserves par une indirectement. On trouve un exemple de ce dernier concertation avec les populations locales peut inciter cas de figure au nord-est du Kenya, oh la lutte contre celles-ci a les accepter comme permanentes et les braconniers menee par le Kenya WildIfe Service inviolableset coQterpar consequent beaucoup moins est bien accueillie localement pace qu'elle tend a cher a maintenir que des limites imposees par la seule proteger la population locale contre des intrus autorite ce:ntrale. De meme, nous savons qu'au somaliens armb. Pour le gouvernement, Zimbabwe, la participation locale aux decisions de I'investissement dans les moyens d'application des gestion de la faune sauvage et des revenus connexes lois et reglements est guide par la rentabilite possible peut mettrc: fin a une hostilite de longue date a la de differentes types d'efforts, et deux facteurs y faune sauvage (voir egalement Pye-Smith et contribuent fortement (Caldecott 1996). Feyerabend 1994). Premierement, il y a le style, qui est influence par des Un paradoxe apparent reside ici dans le fait que facteurstels que la vigilance, la coherence, I'effort en les menaces locales contre les reserves naturelles matiere de relationspubliques, la qualit6 du personnel peuvent Cgalement naitre d'intentions privies et la procedure legale. Deuxiemement, il y a le degre d7exploiterles ressources. On peut tirer des exemples de respect de la reglementation par la population de lYCtudepar pays sur la Russie qui examine les locale, qui est fortement influence par le style effets d7uneffondrement soudain du pouvoir central d'application de ces rkgles, la portee de l'implication apres une longue pkriode de gouvernance centralisee. locale dans leur fixation et la conscience des raisons Les violations des reserves par les populations locales de leur necessite et la structure d'incitations et les autorites locales ou avec leur complicite sont a economiques appliquee a I'utilisation des reserves present courantes et comprennent le braconnage des naturelles et des espkces sauvages par la population esp&ces en voie de disparition (tigres sibdriens a locale. Tous ces facteurs agissent les uns sur les Lazovsky et Sikhote Alinski), la construction de autres, et une surveillance appropriee a un effet routes (a Samarskaya Luka) et la construction de positif sur le respect des reglements, alors qu'une biitiments (a Pri-Oksky Terrasny), le piturage (a surveillanceinapproprick est inefficace ou pire. Daurski et Altaiski), la pCche (a Magadanski et Une surveillance appropriee exige que ceux qui Kostomuksha), et les coupes claires dans plusieurs I'entreprennent soient perqus par la population locale reserves en Russie europkenne. Dans ces cas, les comme agissant au nom d'une autorite qui a groupes locaux ont pris le pouvoir sans Ctre capables ldgitimement droit a leur loyauti. Cela peut arriverau de limiter Il'exploitation de la ressource, soit parce niveau de la communaute, et une telle pression que les populations localesne sont pas conscientesde sociale est le principal moyen par lequel des rkgles la valeur des reserves naturelles pour elles-mCmes, culturelles endogenes sont appliquees dans toute I soit parce c~u'ellesn'ont pas coutume de demander societe. Les exemples comprennent les interdictions des comptes a ceux qui sont au pouvoir, soit les deux de chasse et les forCts sacrees, qui sont tous des a la fois. Iks problkmes similaires se sont poses phenomenes courants au sein des tribus (Caldecott ailleurs, ou les elites locales ont eu I'occasion de 1988 et Kiss 1990). Cependant, les regles exogenes profiter de I'arrivCe des societes d'exploitation telles que celles protegeant la diversite biologique, miniere ou d'exploitation du bois. Dans ces cas, peuvent ne pas avoir de base Cquivalente dans beaucoup de degats peuvent Ctre causes avant que la l'education des populations et peuvent Ctre dificiles a prise de conscience locale des consequences sur appliquerau niveau communautairea cause des liens I'enviromeinent ne donne naissancea une opposition de parente et d'amitie entre les personnes locale aux decisionsde I'elite. responsables. Enfin, la plupart des communaut~s Pour coinpenser ces risques, il faut prevoir des rurales manquent de credits budgetaires pouvant leur incitations i3ppropriCes et faire respecter les regles permettre de financer plus que les efforts trQ pour complkter les motivations et I'action au niveau rudimentaires de protection volontaire qui ne seront communautaire. La population locale peut bien eficaces que dans des cas exceptionnels. accueillir les regles si elles sont appliquees de fagon Les services de surveillancede la preservation de juste et impa-tiale,si elle-mCmea un r81e ajouer dans la diversite biologique ont la meilleure reputation et la definition.de la portie et de I'approche des regles sont le mieux acceptis localement lorsqu'ils operent ou s'il est clair qu'elle en beneficie directement ou au nom d'un niveau de la sociite au-dela de celui de 220 La de'centralisationet la priservation de la diversite' biologique la communaute, mais pas aussi eloigne que celui de biologique sont des processus complexesqui agissent la nation, que nous appelons le niveau bioregional. I'un sur I'autre de diverses manieres. Les etudes C'est le cas dans la zone de preservation de retrospectives nous permettent de conclure que la Guanacaste au Costa Rica, ou des gardes travaillent preservation centralisee, du sommet a la base a pour le compte d'un comite regional de parties rarement ete efficace, sauf la ou des budgets prenantes locales. Ici, le principal inconvenient sera importants sont disponibles pour la mise en euvre et probablement celui des ressources, qui sont limitees ou la societe concemee est disposee a accepter un dans la plupart des bioregions rurale~.~Sans fonds processus de preservation plutbt non democratique. suffisants detenus localement, et etant dome que les En examinant I'experience plus recente de pays menaces peuvent se produire du fait des echecs de confiant de nouvelles responsabilites aux services des planification exterieure, le niveau national de la collectivites locales et aux ONG,nous voyons que societe devra accepter une responsabilite en matikre ceci cree a la fois des opportuniteset des problemes de surveillance de la prkservation de la diversite potentiels. Pour profiter des opportunites tout en biologique. Cette surveillanceest donc mieux faite au evitant les problemes, une serie de dispositions nom des autorites locales avec I'assistance et la doivent etre prises en un tout si I'on veut que la supervision du niveau national, qui devrait accorder preservation reussisse dans un cadre decentralise. des subventions en bloc et d'autres formes Parmi ces dispositions, sept meritent une attention d'assistance telles que I'aide pour le suivi et particuliere : l'application des lois sur l'evaluation de I'impact sur La participation locale, surtout d'une maniere qui I'environnement et I'amenagementde l'espace. permette aux populations locales de comprendre et d'accepter les limites et les plans de gestion des Expertise scient~$que reserves naturelles et qui favorise le droit de propriete sur les terres et d'autres ressources a La demikre question est de savoir si les politiques et l'interieur et autour des reserves. les decisions sont scientifiquement fondees. Les Le renforcement des capacites, surtout pour biologistes de la preservation, par exemple, sont accroitre les compktences et la responsabilite des formes pour apprecier la taille minimum des reserves services publics locaux et des ONG, pour qu'ils viables, de I'emplacement de leurs zones de gestion, puissent euvrer de concert a la preservation de la et les consequences eventuelles, pour la faune diversitebiologique et au developpementrural. sauvage, des lois sur la chasse appliquees dans leurs Les structures d'incitation, surtout celles qui zones tampons. A moins qu'eux-memes ne posddent permettent aux communauteslocales de conserver ces aptitudes, les groupes locaux auront besoin du les revenus generes par I'utilisation durable des soutien des spkcialistes s'ils doivent faire une telle reserves naturelles et d'autres biens de la diversite appreciation ou mettre en place des mecanismes de biologique. surveillancedes ecosystemeset des populations sans Les subventionsconditiomelles, surtout la ou les lesquels aucun systeme de gestion plus que groupes locaux et exterieurs ont des coQtset des moderement intensif ne peut reussir pendant avantages divergents en matiere de preservation, longtemps. La preservation de la diversite biologique obligeant la societe au niveau mondial et national exige de faire autant attention a l'ecologie qu'aux a combler I'ecart avec des investissements de aspects sociaux, administratifs et financiers d'une subsistanceou des subventions. surveillance appropriee et aux facteurs economiques L'application approprike des regles, surtout contre et psychologiques qui operent par des structures les inter& locaux ou centraux puissants, et d' incitation pour reglementer I'utilisation des toujours dans le contexte des activites d'education ressources et accroitre ainsi les chances de succes de et de relations publiques. la preservation de la diversite biologique. Les forums de parties prenantes et des responsables ecorkgionaux, qui ont besoin du Observationsfinales pouvoir de decision et d'autorite budgetaire pour Les differentesexperiences rapportees dans les etudes remplir leurs trois rbles principaux consistant a par pays et les analyses de projet montrent que la eviter les conflits par le dialogue, autoriser decentralisation et la preservation de la diversite I'action de preservation et demander I'aide a la