MAURICE: REAMORCER LES MOTEURS DE LA CROISSANCE Un cas pédagogique de l'Institut de Développement Economique de la Banque Mondiale écrit par: Philip English 1997 - 2 - Maurice : Réamorcer les moteurs de la croissance C'est avec un réel sentiment de satisfaction et d'optimisme que Paul Bérenger, le nouveau Ministre des finances, s'installa dans son nouveau bureau. Au cours de ses 14 ans de carrière, il avait travaillé sans relâche pour faire évoluer la situation sociale à Maurice. Jusqu'alors, il avait mené son combat de l'extérieur contre le pouvoir en place, avec tout ce que cela implique de limitations et de frustration. Il avait même été emprisonné pour ses convictions. Il était enfin parvenu à un poste où il pouvait prendre des décisions économiques importantes, qui mettraient son île bien-aimée sur une voie nouvelle. C'était l'année 1982 et son parti venait de gagner des élections décisives. Il se rendait compte cependant que sa tâche ne serait pas facile. Maurice traversait une récession économique. Le chômage était monté à 15 % et les salaires perdaient du terrain par rapport à l'inflation; le déficit budgétaire avait atteint des niveaux records et le pays était en train de mener un programme d'ajustement structurel appuyé par le FMI et la Banque mondiale. Il n'était pas surprenant que le gouvernement précédent ait été renversé. Une île en difficulté Maurice est une nation insulaire située dans l'océan Indien, au large des côtes africaines. Elle a peu de ressources naturelles et se trouve éloignée par rapport aux principaux marchés de l'économie mondiale. Sa société, composée de nombreux groupes ethniques et classes sociales, est complexe. Heureusement, Maurice n'a pas connu l'éruption de violence sérieuse. Un régime démocratique bien rodé a contribué à désamorcer les tensions sociales, tout en compliquant les décisions dans le domaine de la politique économique. La population originaire d'Asie du Sud représente les deux tiers des habitants. Elle-même est divisée entre les Hindous (51 % du total) et les Musulmans (17 %). Vingt-trois pour cent des habitants sont d'origine africaine (les `Créoles') et le reste est composé de Mauriciens chinois (3 %), de métis (3 %) et de l'élite franco-mauricienne traditionnelle (1 %). Cette élite possède la plus grande partie des plantations de canne à sucre et, avec les métis, domine depuis toujours l'industrie sucrière, la fonction publique et les professions libérales. Les Sino-Mauriciens sont plutôt dans le commerce, tandis que la population noire, qui descend des esclaves amenés dans l'île, appartient essentiellement à la classe ouvrière urbaine. Les Indo-Mauriciens, qui sont arrivés dans l'île pour travailler dans les plantations de canne à sucre, continuent à dominer la classe ouvrière dans les plantations. Enfin, les musulmans occupent une place prépondérante dans le secteur privé. - 3 - Superposé sur toutes ces langues vient l'anglais, héritage de l'histoire coloniale. En effet, les Anglais prirent l'île aux Français en 1810 mais n'y envoyèrent jamais de colons. L'anglais et le français ont été adoptés comme langues officielles du parlement. Heureusement, le créole a été développé en tant que langage de la rue, et tous les mauriciens le parlent. Bien que Maurice n'ait accédé à l'indépendance qu'en 1968, le développement politique a commencé beaucoup plus tôt. Une forme restreinte de syndicalisme, les associations d'employés, autorisée dès 1938, a contribué à la montée en puissance du Parti travailliste. Après l'adoption, en 1947, d'une nouvelle constitution, les diverses communautés entreprirent activement de former des organisations politiques pour protéger leurs intérêts. Cinq campagnes électorales eurent lieu entre 1948 et 1967. Une tradition encore plus ancienne d'indépendance de la presse a contribué à mettre les débats au grand jour et à placer les autorités devant leurs responsabilités. Ainsi, au moment de l'indépendance, la démocratie était solidement enracinée à Maurice, contrairement à ses voisins africains. En 1968, toutefois, Maurice était un pays pauvre, où le revenu par habitant n'était que de 350 dollars. L'élimination du paludisme avait donné lieu à une explosion démographique qui menaçait de faire sombrer une économie sucrière engourdie. La population active augmentait au rythme de 3 % par an et le chômage était estimé à 16 %. Le revenu par habitant tombait: en Afrique, seul le record du Tchad, du Soudan, et de la Somalie était pire selon ce critère. Certains observateurs étrangers craignaient que l'île ne soit mûre pour une crise malthusienne où la guerre, la famine ou quelque autre catastrophe interviendrait pour corriger le déséquilibre entre la population et les ressources. Cependant, grâce à un programme actif de planning familial, on avait pu ramener le taux d'accroissement démographique à moins de 2 % par an et la plupart des enfants fréquentaient l'école primaire, à la fois obligatoire et gratuite. Il y avait donc quelques motifs d'optimisme. Paul opte pour une carrière politique Paul se rappela le début de sa carrière en 1968. Frais émoulu d'une université anglaise, il avait été transporté d'enthousiasme par les manifestations estudiantines qui avaient secoué la société française. Ce fut l'étincelle. Ce jeune homme éveillé de 24 ans décida de consacrer ses forces au combat pour la justice sociale dans son pays natal. Il réfléchit que Maurice avait atteint un stade de développement analogue au sien : l'indépendance venait d'être proclamée, le 12 mars de la même année, et la jeune nation était enfin libre de tracer sa propre voie. Le régime colonial britannique y avait peut-être été plus éclairé que dans de nombreux pays africains, mais il était temps que les Mauriciens prennent en main leur propre destinée. Et il y avait tant à faire, tant de pauvreté à éliminer, tant d'inégalités à combattre. Il ne fallut pas longtemps à Paul pour conclure qu'il devait entrer dans la carrière politique. Le Premier Ministre, M. Ramgoolam, dominait la vie politique depuis les années 30 et il était temps d'y apporter un sang neuf et des idées nouvelles. Ramgoolam et son Parti travailliste parlaient - 4 - beaucoup de démocratie sociale et de l'État providence moderne mais, à en juger par leurs actes, ils avaient oublié leurs racines ouvrières. Là n'était pas le seul paradoxe. Au nom de l'unité nationale, Ramgoolam avait monté une coalition avec l'élite franco-mauricienne, contre laquelle ses partisans hindous s'étaient si longtemps battus. Pendant ce temps, Paul, issu de la même élite, était plus proche des groupes marginalisés de la société -- le docker noir, le chauffeur d'autobus musulman, mais aussi l'ouvrier hindou de l'usine de sucre. C'est ainsi qu'en 1969 Bérenger s'était associé à deux autres jeunes Mauriciens pour former un nouveau parti politique -- le Mouvement militant mauricien (MMM). Ses partenaires étaient un Hindou et un Télégou, l'un des groupes minoritaires de la population hindoue. Comme lui, ils rêvaient d'un parti ouvert, qui ne reposerait pas sur des bases ethniques mais qui se vouerait à la lutte des classes. Les syndicats fourniraient les moyens d'organisation nécessaires pour mener le parti à la victoire. Pour éliminer les barrières intercommunautaires, la langue créole aurait un statut privilégié cimentant l'unité mauricienne; elle serait un authentique produit culturel dont chacun serait fier. Expansion économique, fiasco politique Le début des années 70 semblait inaugurer une ère de prospérité. Le cours du sucre, qui représentait 75 % des recettes d'exportation, quadrupla entre 1972 et 1974, pendant que la nouvelle zone franche industrielle attirait les investissements étrangers et créait de nombreux emplois. Maurice connut une expansion économique telle que le PIB augmenta en moyenne de 9 % par an entre 1972 et 1977. Que de chemin parcouru en dix ans! Mais les nuages s'accumulaient à l'horizon. Le boom du sucre fut de courte durée, comme la plupart des booms, et le cours chuta de 50 % en 1975-76. Le premier choc pétrolier de 1973- 74, qui précipita le monde en développement dans la récession, gonfla fortement le coût des transports, au dépens des exportateurs mauriciens et le secteur du tourisme, toujours petit mais plein d'avenir. Les problèmes politiques n'avaient pas attendu pour se manifester. En effet, la coalition au pouvoir avait reporté de quatre ans les élections prévues pour 1972. Pour faire inverser cette décision et améliorer le sort des travailleurs, le MMM organisa en 1971 une série de grèves qui provoquèrent une tentative d'assassinat sur la personne de Paul et d'un autre dirigeant du parti, tentative qui à son tour déclencha des émeutes. Le gouvernement décréta l'état d'exception, interdit 12 syndicats, fit arrêter de nombreux dirigeants syndicaux et ferma le journal du MMM, le Militant. Paul, qui était sorti indemne de la tentative d'assassinat, fut emprisonné sans jugement pendant neuf mois. Le coup était rude non seulement pour lui, mais pour la démocratie mauricienne tout entière. - 5 - L'état d'exception ne fut levé qu'en 1975 et les élections annoncées pour l'année suivante. En dépit du boom économique, cette période engendra de nombreux problèmes pour le gouvernement. La répression exercée contre les syndicats et la compression des salaires renforcèrent l'opposition des travailleurs. Espérant accroître sa popularité avant les élections, le gouvernement recruta de nombreux fonctionnaires. Le MMM obtint le plus grand nombre de voix, mais la coalition gouvernementale parvint à tenir et s'assura de justesse la majorité au parlement par un siège d'avance seulement. Pour empêcher les défections et compenser le choc provoqué par la hausse des prix pétroliers, le gouvernement modifia profondément sa politique économique. Il releva sensiblement et à plusieurs reprises les salaires et les primes, les subventions alimentaires et les dépenses d'éducation et de santé. Ce revirement se produisant juste au moment où baissaient les recettes provenant des impôts sur le sucre et où les recettes publiques, par conséquent, demeuraient stationnaires, le déficit de l'État grossit rapidement. Tableau 1 Evolution des Indicateurs Principaux Taux de croissance annuelle Déficit fiscal** P.I.B. Dépenses à la fin de la publiques* période en % du PIB 1962-68 1.0 n.d. 3.5 1969-72 4.2 6.5 3.1 1973-78 8.6 20.0 11.6 1979-82 1.6 1.4 11.8 n.d. non-disponible * Dépenses courantes et d'investissement. ** FMI, Statistiques Financières Internationales, plusieurs années. Des temps difficiles La balance commerciale, jusque-là excédentaire, devint déficitaire en 1976-77. Le FMI offrit un premier accord de confirmation en 1978. Celui-ci ne parvenant pas à freiner la demande d'importations, un deuxième accord fut négocié en 1979, à la suite de quoi la monnaie fut dévalué de 30 %, les taux d'intérêt relevés, les subventions alimentaires réduites et les hausses de salaire maintenues en deçà de l'inflation. Paul Bérenger et le MMM avaient lancé des appels à la grève générale en 1978 et 1979 pour protester contre la contradiction entre le discours du gouvernement et sa politique. À la décharge du gouvernement, il n'avait pas eu la chance de - 6 - son coté : Maurice subit quatre cyclones entre décembre 1979 et mars 1980, la production de sucre s'effondra et le PIB tomba de 9 %. Une fois de plus, les objectifs du FMI ne furent pas atteints. Le gouvernement fit une nouvelle tentative pour stabiliser la situation en 1980, par un troisième programme du FMI, suivi en 1981 par le premier prêt à l'ajustement structurel de la Banque mondiale. Pourtant, les résultats immédiats furent peu encourageants. En dépit d'une nouvelle dévaluation, le déficit de la balance courante et le déficit budgétaire passèrent, respectivement, à 15 et 10 % du PIB, et le chômage atteignit 15 %. Les dépenses non financières de l'État furent enfin maîtrisées, mais les emprunts effectués à la fin des années 70 avaient donné lieu à des versements d'intérêts qui allaient croissant. Les versements au titre de la dette extérieure, qui représentaient déjà 22 % des recettes d'exportation, grimpaient toujours. La croissance avait repris, mais seulement parce que la récolte de canne à sucre avait retrouvé un niveau normal après l'année catastrophique de 1980. La baisse de l'inflation était bien le seul signe véritablement encourageant. Les moteurs de la croissance Le secteur sucrier, la zone franche industrielle et le tourisme, qui avaient jusqu'alors propulsé la croissance, étaient tous trois essoufflés en 1982. Le reste de l'économie était formé principalement par la petite agriculture, l'industrie manufacturière et les services destinés à la demande intérieure, marché qui, avec une population totale de moins de un million d'habitants, était pour le moins limité. La substitution aux importations offrait bien quelques possibilités, surtout dans le domaine agro-industriel, mais il ne restait guère de terres à cultiver. Quant aux biens d'importation manufacturés, la faiblesse des quantités en jeu pour une ligne de produit quelconque excluait virtuellement la possibilité de monter une entreprise viable. Il était tentant de diversifier les activités agricoles d'exportation pour réduire l'emprise du sucre. De fait, la théïculture, autre culture de grande valeur, avait donné des résultats encourageants. Cependant, l'Office de développement du thé, qui possédait 70 % des superficies consacrées au thé, ne s'était guère illustré dans la gestion du secteur, et la qualité laissait à désirer. De plus, la main-d'oeuvre n'était pas facile à trouver pour récolter les feuilles, labeur fatigant mais essentiel. En tout état de cause, l'ensemble des exportations de produits de base, autres que le sucre, la mélasse et les produits de la zone franche, ne représentaient en 1982 que 6 % des recettes d'exportation. - 7 - Tableau 2 Secteurs clés de l'économie en 1981/82 (%) ------------------------ part de --------------------- Taux de PIB Exportations** Emploi croissance* (1971-79) Sucre (et mélasse) 5.0 10 57 33*** Zone franche 16.0 5 28 10 Tourisme**** 17.0 4 10 7 Secteur public n.d. 9 s.o. 24 Divers n.d. 72 5 26 Total 7.0 100 100 100 n.d. non-disponible * La croissance annuelle moyenne. La croissance de la valeur ajoutée était disponible seulement pour la zone franche. Pour le sucre, on se sert de la croissance réelle (après avoir corrigé pour l'inflation) des revenus d'exportations, pour le tourisme, la croissance des arrivées touristiques. Le total représente la croissance du PIB. ** Exportations de produits primaires et recettes de tourisme. Les chiffres bruts ne tiennent pas compte des intrants importés. *** Petites exploitations comprises. **** Effets indirects compris. Le sucre - 8 - On voit la canne à sucre avant même d'atterrir à l'aéroport de Plaisance. Elle occupe plus de 90 % des terres arables de Maurice, soit près de la moitié de l'île. En 1982, la superficie plantée en canne à sucre était divisée également entre 21 plantations, appartenant pour la plupart à des Franco-Mauriciens, et 35 000 cultivateurs particuliers, en majorité hindous. Une seule plantation appartenait à l'État. Le sucre et son dérivé, la mélasse, représentaient encore plus de 60 % de toutes les exportations de produits de base au début des années 80. Grâce à la hausse spectaculaire des cours internationaux, le sucre avait contribué au phénomène de croissance des années 70. Ce boom avait procuré des recettes fiscales additionnelles à l'État et enrichi le secteur privé. Les grands planteurs avaient investi une partie de la manne dans la nouvelle zone franche industrielle. La production sucrière, qui avait légèrement augmenté au début des années 70, est ensuite retombée à son niveau de l'indépendance. Outre les cyclones, les rendements étaient limités par les maladies. Il n'était guère possible d'étendre la superficie cultivée, mais on pouvait toujours augmenter les rendements, surtout chez les petits planteurs. Cependant, si l'on voulait retirer davantage de ressources de ce secteur, il aurait fallu en accroître l'efficacité, ce qui voudrait probablement dire mécanisation, regroupement des capacités industrielles et, par conséquent, pertes d'emplois. La commercialisation du sucre n'était pas non plus exempte de problèmes. En vertu d'un accord spécial signé avec la Communauté européenne en 1975, la chute du prix après 1974 a été certes adoucie. Maurice pouvait ainsi vendre 500 000 tonnes par an, soit 80 % d'une récolte normale, à des prix toujours attrayants, fixés d'avance. Par contre, en cas de récolte exceptionnelle ou d'expansion de la production, le surplus devait être vendu sur le marché libre, où les cours étaient généralement bien inférieurs. La zone franche industrielle La zone franche avait fait naître de grands espoirs, car elle n'était touchée ni par les problèmes de terre ni par la faiblesse des marchés internationaux. Créée en 1971, elle réunissait 100 compagnies à la fin de la décennie et produisait 25 % de toutes les exportations de marchandises, essentiellement des vêtements, suivis de loin par les textiles, les composants électroniques et les diamants travaillés. Cependant, la moitié des sociétés ouvertes entre 1977 et 1982 avaient fermé. Alors que le plan de développement prévoyait 45 000 emplois en 1980, seuls 21 000 avaient été créés. En 1982, aussi bien la production que l'emploi avaient cessé de croître. Les perspectives au début des années 80 n'étaient guère encourageantes. Une deuxième série de majorations des prix pétroliers avait encore aggravé l'isolement géographique de Maurice en renchérissant le coût des transports. La récession ainsi provoquée dans les pays de l'OCDE - 9 - freinait la demande et attisait les tendances protectionnistes. Les États-Unis venaient d'imposer des contingents sur un des principaux produits d'exportation, les vêtements en tricot. Les avantages commerciaux dont Maurice jouissait en tant que membre associé de la CEE s'érodaient partiellement à mesure qu'un nombre croissant de pays d'Afrique, des Caraïbes et du Pacifique recevaient un statut analogue en vertu de la Convention de Lomé. Néanmoins, le Maurice gardait cet avanatage important par rapport aux grands exportateurs des vêtements en Asie de l'est. Le secteur privé mettait le doigt sur certains facteurs internes qui contribuaient aussi au ralentissement économique. Initialement, la croissance avait été financée par des capitaux intérieurs, mais la situation financière du secteur sucrier n'était plus aussi brillante et, en tout état de cause, la taille de ce réservoir de ressources était limitée. On disait que la compétitivité de Maurice avait souffert des hausses de salaires passées et de la surévaluation de la monnaie, dont le taux de change n'avait pas été ajusté compte tenu de l'inflation. Enfin, les problèmes macroéconomiques et les élections de 1982 avaient mis en question la stabilité du système politique. En conséquence, au moment même où il aurait été utile d'attirer les investissements étrangers, les conditions intérieures ne s'y prêtaient pas. Par ailleurs, les paramètres sociaux dans la zone franche, où les conditions de travail étaient inférieures à celles du reste de l'économie, commençaient à monter l'opinion publique contre cet élément de la stratégie économique du gouvernement. Ainsi, les travailleurs n'avaient pas le droit d'appartenir à des syndicats ni celui de se mettre en grève, et ils ne bénéficiaient pas des régimes d'assurances sociales et de retraite en vigueur dans d'autres secteurs. Les entreprises pouvaient licencier les travailleurs sans en avertir le Conseil des résiliations de contrats et sans verser d'indemnités de licenciement. Elles étaient toutefois tenues d'observer la législation concernant le salaire minimum, qui n'était que de 1,56 dollar par jour pour les femmes en 1981 (contre 2,63 pour les hommes). En raison de cette disparité de salaire et de la dextérité exigée dans les usines de vêtements, 80 % des employés de la zone industrielle étaient des femmes mais, étant donné que le chômage ouvert frappait surtout les hommes, la zone franche ne semblait guère apporter de solution à ce problème social pressant. En fait, les hommes critiquaient fréquemment l'impact du travail des femmes sur la vie de famille, même si leur salaire apportait un supplément de revenu dans le ménage. En revanche, une enquête de l'OIT a fait ressortir que la plupart des femmes considéraient leur travail dans la zone franche comme plus satisfaisant que leurs occupations traditionnelles. Le tourisme Un climat agréable toute l'année et la beauté des plages, avec leur spectaculaire arrière-plan montagneux, donnent à Maurice un avantage comparatif indéniable dans le secteur du tourisme. Certes, l'île est éloignée des principaux marchés de l'hémisphère Nord, mais l'Afrique du Sud - 10 - et l'Asie du Sud offraient une clientèle plus rapprochée, tandis que le coût des transports aériens ne cessait de baisser. Aussi bien, le nombre des arrivées augmenta de 30 % par an entre 1968 et 1973. Cette croissance fut freinée, mais non pas stoppée, par le premier choc pétrolier de 1973/74. Dès 1980, on dénombrait 38 hôtels qui, avec les restaurants et autres services axés sur le tourisme, généraient près de 10 % des recettes en devises et entretenaient, directement ou indirectement, quelque 18 000 emplois. Le deuxième choc pétrolier eut un impact beaucoup plus dramatique sur le secteur touristique, puisque le nombre des arrivées diminua entre 1979 et 1982. En outre, les aspects environnementaux et sociaux de cette activité commençaient à devenir préoccupants. La pollution menaçait la beauté naturelle de Maurice, qui était précisément sa principale attraction. Par ailleurs, le mode de vie et l'attitude des riches touristes en vacances amenaient à s'interroger sur l'impact du secteur sur les valeurs et la dignité de la population. Le dilemme de Paul La sombre situation économique, combinée à d'autres facteurs, amena des changements considérables dans la vie politique en 1982. Le Parti travailliste, qui dominait depuis 1948, fut chassé du pouvoir sans conserver un seul siège. Le MMM prit la majorité des sièges mais forma un gouvernement de coalition avec un nouveau parti, constitué surtout d'Hindous, et mené par un avocat hindou d'expérience, Aneerood Jugnauth. Ce dernier fut nommé Premier Ministre en accomplissement d'une promesse électorale de Bérenger destinée à convaincre la population hindoue que le MMM ne lui était pas hostile. À l'âge de 37 ans, Paul devint Ministre des finances. Pendant la campagne électorale, le MMM avait souligné la nécessité de redistribuer les richesses, notamment dans le secteur sucrier, en modifiant le régime fiscal, en nationalisant au moins trois plantations et en étendant la planification et le contrôle du gouvernement sur l'économie. En même temps, il avait fait des efforts pour adoucir sa position. Les membres influents du secteur privés avaient fait l'objet d'une cour empressée et les grands planteurs avaient reçu l'assurance qu'ils continueraient à jouer un rôle important. Le MMM était toujours stigmatisé par l'un des principaux membres du gouvernement comme « un parti purement communiste, aux ordres de Moscou, prêt à sacrifier l'intérêt du pays au nom de l'idéologie ». Pourtant, son message était compris par les travailleurs mauriciens. L'élite franco-mauricienne et ses alliés métis jouissaient depuis longtemps d'une existence privilégiée grâce à leur emprise sur le secteur sucrier. Les politiciens hindous, profitant du statut majoritaire de leur communauté pour dominer le gouvernement, avaient converti leur influence politique en pouvoir économique pour eux-mêmes et pour leurs associés. Ils avaient noué une alliance avec leurs anciens rivaux de la communauté franco-mauricienne et cette petite élite semblait être la principale bénéficiaire de la richesse créée par la zone franche. Certes, une partie de la population sino-mauricienne en profitait également, tirant parti de ses liens avec les - 11 - fabricants de vêtements de Hongkong et de Taïwan. Mais les importantes communautés créole et musulmane, et même de nombreux travailleurs hindous pauvres, étaient laissés pour compte. Le plus irritant était le recul des salaires par rapport à l'inflation. Après la répression du début des années 70, les choses s'étaient quelque peu améliorées, mais ces progrès, arrachés de haute lutte, furent rapidement érodés par une inflation élevée à la fin de la décennie. En 1982, le pouvoir d'achat des salaires publics était retombé au niveau affligeant de 1974 et bien en dessous de celui de 1970. La zone franche faisait baisser la moyenne des salaires; les salaires et le chômage étaient bel et bien revenus là où ils en étaient dix ans plus tôt. Tableau 3 Salaires et emploi, 1972-82 Chômage (%) Moyenne des salaires réels* 1972 16 117 1974 14 100 1976 12 125 1978 10 142 1980 11 120 1982 15 122 * Salaires monétaires corrigés de l'inflation. Indice pour tous les secteurs, où 1974 = 100. La victoire électorale allait enfin permettre à Paul d'améliorer véritablement les conditions de vie des travailleurs ordinaires, et ses partisans attendaient son nouveau programme économique avec impatience. Mais les dures réalités d'une économie en détresse eurent tôt fait de limiter ses options. Dans un mois, il lui faudrait se rendre à Washington pour affronter la Banque mondiale et le FMI. En 1981, le précédent gouvernement avait signé son quatrième accord avec le FMI et son premier prêt à l'ajustement structurel avec la Banque mondiale. Cela voulait dire qu'il faudrait, comme d'habitude, comprimer les dépenses publiques et celles du secteur privé afin de réduire le déficit de l'État et, en donnant un coup de frein aux importations, de limiter le déficit de la balance commerciale. Les deux institutions n'allaient certainement pas voir d'un bon oeil la nationalisation des plantations de canne à sucre. Et le chômage, le niveau de vie et la croissance à long terme? Les remèdes prescrits par les institutions de Bretton Woods semblaient destinés, dans l'immédiat, à gonfler le chômage et à réduire encore le pouvoir d'achat des salaires. La Banque se bornait à déballer son discours - 12 - sur l'efficacité dans l'allocation des ressources et l'intégration à l'économie mondiale. Peut- être, mais personne ne semblait plus décidé à aider Maurice à s'intégrer. De plus, l'économie mondiale était un appui bien peu sûr. N'était-il pas plus prudent d'apprendre à compter sur soi-même? Si le nouveau Ministre des finances tient réellement à faire redémarrer la croissance économique de son pays, que devra-t-il dire à ses interlocuteurs de Washington? Questions Le Ministre doit-il continuer à promouvoir la zone franche et le tourisme? Si oui, comment? Existe-t-il d'autres sources de croissance et d'emplois, jusqu'alors négligées, qui pourraient avoir un impact marqué sur le chômage? Peut-être vaudrait-il mieux relever le salaire minimum pour stimuler la demande de biens de consommation? On pourrait relever les impôts frappant les plantations de canne à sucre pour financer cela ainsi qu'un programme élargi de travaux d'utilité publique. Peut-être devrait-on offrir des crédits bonifiés pour aider les petites entreprises et une agriculture paysanne et diversifiée. De telles politiques auraient quel impact sur la croissance? - 13 - Annexe 1 SUCRE Année ------Exportations----- --------Prix*------- 000s tonnes millions Rs CEEMarché libre 1968 578 321 2.4 1.9 1969 592 326 3.6 3.2 1970 582 340 4.4 3.7 1971 568 313 5.0 4.5 1972 614 508 10.9 9.5 1973 698 608 8.2 7.3 1974 658 1537 31.9 29.6 1975 441 1549 21.8 20.4 1976 658 1321 13.4 11.6 1977 618 1429 14.0 8.2 1978 519 1305 15.9 7.9 1979 628 1590 19.3 9.7 1980 617 2168 22.0 28.7 1981 432 1625 18.9 16.9 1982 597 2463 18.2 8.5 * Cents/livre Source: R. Gulhati & R. Nallari, Successful Stabilization and Recovery in Mauritius, World Bank, 1990, pp. 72, 81. Government of Mauritius: Mauritius Economic Review 1981-1983, 1984, p. 16. World Bank: Mauritius: Economic Memorandum: Recent Development and Prospects, 1983, p. 116. Bank of Mauritius, Annual Report, 1973, 1974. - 14 - Annexe 2 ZONE FRANCHE Année Nombre ------ Exportations ----- d'entreprises million Rs % de variation 1971 9 4 - 1972 19 12 200 1973 32 45 275 1974 45 136 202 1975 66 196 44 1976 85 309 58 1977 89 433 29 1978 85 485 12 1979 94 620 28 1980 101 894 44 1981 107 1,087 22 1982 115 1,236 14 Source: L.W. Bowman, Mauritius: Democracy & Development in the Indian Ocean, 1991, p.127. - 15 - Annexe 3 TOURISME Année Arrivées de Variation touristes (000s) (%) 1968 15.5 5.0 1969 20.6 32.4 1970 27.7 34.3 1971 36.4 31.6 1972 48.8 34.1 1973 68.0 39.3 1974 72.9 7.2 1975 74.6 2.3 1976 92.6 24.1 1977 102.5 10.7 1978 108.3 5.7 1979 128.4 18.5 1980 115.1 -10.4 1981 121.6 5.7 1982 118.4 - 2.7 Source: L.W. Bowman, Mauritius: Democracy & Development in the Indian Ocean, 1991, p. 135. - 16 - Annexe 4 EVOLUTION DE L'EMPLOI Année Agri- Zone Hôtels & Secteur Total Variation culture Franche Restaurants Public (%) 1970 60.6 - 0.8 43.4 130.2 - 1971 59.8 0.6 1.2 47.8 142.5 12.2 1972 61.9 2.6 1.6 44.3 148.2 5.7 1973 62.1 5.8 2.2 44.2 157.8 9.7 1974 63.0 9.0 2.3 43.9 167.3 9.5 1975 64.5 10.3 2.4 44.8 172.9 5.6 1976 64.2 17.2 3.1 46.2 184.6 11.8 1977 65.3 18.2 3.1 47.4 194.8 10.3 1978 60.8 17.7 3.2 49.5 198.8 4.0 1979 59.4 20.4 3.4 53.1 199.5 0.7 1980 58.0 22.0 3.2 54.6 197.6 - 1.9 1981 57.0 23.6 3.3 55.0 196.4 - 1.3 1982 56.7 23.5 3.2 55.1 195.1 - 1.3 Source: L.W. Bowman, Mauritius: Democracy & Development in the Indian Ocean, 1991, p. 115. - 17 - Annexe 5 SALAIRES MENSUELS RÉELS* Année Sucre Zone Autres produits Gouvernement Moyenne Franche** manufacturés globale 1970 714 1653 1154 1971 811 1660 1189 1972 934 1586 1176 1973 1048 1555 1168 1974 900 676 1444 998 1975 856 702 1489 1050 1976 1098 520 798 1886 1258 1977 1196 586 919 1868 1363 1978 1247 642 985 1846 1423 1979 1190 604 895 1687 1363 1980 994 585 814 1478 1205 1981 1075 592 807 1489 1241 1982 1088 542 766 1486 1227 * Rupees, prix de 1974 (donc corrigés de l'inflation). ** Vêtements uniquement. Source: R. Gulhati & R. Nallari, Successful Stabilization and Recovery in Mauritiius, World Bank, 1990, p. 79. - 18 - Annexe 6 EVOLUTION D'INDICATEURS PRINCIPAUX Croissance annuelle du P.I.B. Surplus/déficit fiscal (%) en % du P.I.B. (Rs mil.) Année 1968 -6.9 -3.5 1969 4.9 0.5 1970 -0.4 -0.6 1971 4.1 -1.7 1972 8.1 -3.1 1973 12.5 -1.5 1974 9.6 -5.4 1975 2.8 -4.6 1976 12.3 -4.4 1977 8.2 -8.4 1978 5.9 -11.6 1979 5.7 -11.5 1980 -9.3 -10.3 1981 4.8 -12.7 1982 5.2 -11.8 Sources: R. Gulhati and R. Nallari, Successful Stabilization and Recovery in Mauritius, World Bank, 1990, calculated from p. 74. IMF, International Financial Statistics, various years - 19 - Annexe 7 EVOLUTION DE L'INFLATION ET LE TAUX DE CHANGE Taux d'inflation* Taux de change** (%) Nominal Réel Année 1968 3.7 1969 3.1 1970 -1.4 153 108 1971 5.1 154 103 1972 7.3 153 101 1973 27.7 138 94 1974 17.0 135 102 1975 17.8 130 99 1976 8.6 134 100 1977 8.8 135 100 1978 9.9 134 103 1979 41.0 126 100 1980 19.8 100 100 1981 13.6 101 104 1982 6.1 95 99 * Indice de prix à la consommation ** 1980 = 100 Sources: R. Gulhati and R. Nallari, Successful Stabilization and Recovery in Mauritius, World Bank, 1990, p. 77. Bank of Mauritius, Annual Report, various years. - 20 - Partie II : Ce qui s'est passé et le nouveau défi Paul décida que le gouvernement n'avait d'autre solution que d'appliquer le programme du FMI et de la Banque mondiale. Maurice devait remettre de l'ordre dans son économie avant de pouvoir développer les programmes sociaux. Il continua donc de réduire les dépenses de l'État, de contenir la hausse des salaires par rapport à l'inflation et de préconiser une taxe sur les ventes de 5 %. Un taux de change et des niveaux de salaire compétitifs furent maintenus et, en outre, différentes mesures furent prises au cours des années suivantes pour promouvoir la zone franche. Le résultat fut saisissant. Les nouveaux investissements affluèrent au point que, de 115 en 1983, le nombre des entreprises de la zone franche passa à 591 en 1988. La construction d'hôtels reprit et, pendant la même période, le nombre des touristes passa de 118 000 à 239 000. Ces deux facteurs surtout firent tomber le chômage à 3 % (qui avait auparavant atteint 19 % en 1983). Les salaires commencèrent enfin à rattraper l'inflation en 1986 et le pouvoir d'achat n'a pas cessé d'augmenter depuis lors. (Voir Annexe 8). La pauvreté finit par reculer. Le revenu réel des ménages (corrigé de l'inflation) augmenta de 18 % entre 1983 et 1987 non seulement parce que le nombre de travailleurs par foyer avait augmenté, mais aussi parce que les salaires commençaient à monter. En 1992, le nombre des ménages vivant en dessous du seuil de pauvreté était tombé à 11 % (contre 40 % en 1975). Le chômage avait essentiellement disparu, au point que les investisseurs redoutaient une pénurie de main-d'oeuvre! Les inégalités aussi avaient diminué entre 1975 et 1992. Les part du revenu national allant aux 40 % des ménages au revenu le plus bas et aux 40 % des ménages à revenu intermédiaire avaient augmentées, tandis que celle qui allait aux 20 % les plus riches s'était sensiblement réduite. Sans nier l'importance de la politique économique, il faut admettre que la chance a aussi joué un rôle. En 1984, il fut annoncé à Hong Kong que la colonie britannique serait restituée à la Chine en 1997. Hong Kong aussi se heurtait à des contingents d'importations sur le marché des États-Unis. Les entrepreneurs de Hong Kong, inquiets, se mirent à la recherche d'une base de repli pour leurs entreprises d'habillement. La petite communauté sino-mauricienne attira leur attention et, notant l'amélioration du climat de l'investissement, nombre d'entre eux optèrent pour Maurice. Et Paul? Il n'a pas eu autant de chance. Sous l'effet de facteurs aussi bien politiques qu'économiques, son gouvernement de coalition ne dura pas un an. Sa décision de maintenir le programme d'austérité ne fut guère appréciée, pas plus que sa politique linguistique qui privilégiait le créole. Un affrontement eut lieu entre le Premier Ministre et lui pour des raisons d'ambition personnelle, mais aussi dans l'intérêt de leurs communautés respectives. De nouvelles élections furent organisées en 1983, un nouveau - 21 - gouvernement de coalition vit le jour, dirigé par le Premier Ministre Jugnauth, et Paul retourna sur les bancs de l'opposition. La politique économique ne fut guère modifiée et Jugnauth s'attribua tout le mérite de la réussite finale. La rançon du succès Dès le début des années 90, il est apparu clairement aux Mauriciens que la stratégie de croissance qui leur avait valu de si bons résultats commençait à s'essouffler. Le taux de croissance moyen du PIB entre 1989 et 1993 était de 5,5 %, taux encore respectable mais nettement inférieur aux 7,8 % des cinq années précédentes. Des pénuries de main-d'oeuvre faisaient maintenant obstacle à un accroissement de la production, exerçant des pressions de plus en plus fortes sur les salaires, ce qui réduisait progressivement à néant l'avantage comparatif du pays fondé sur le coût de sa main-d'oeuvre. Les concurrents d'autres pays moins développés et aux coûts inférieurs s'emparaient d'une partie des marchés traditionnels de Maurice, d'où une stagnation de l'emploi dans la ZFI. Des problèmes bien que d'ordre plutôt social et environnemental commençaient également à se poser dans le secteur touristique. Dès 1994, le nombre total de touristes se rendant à Maurice était déjà de 400 000, chiffre correspondant à l'objectif fixé pour l'an 2 000. Cela était dû en partie au développement des sites d'hébergement informels et de catégorie inférieure. Dans une petite île comptant à peine plus d'un million d'habitants, cette « invasion» commençait à mettre à rude épreuve la tolérance des habitants et à nuire à la qualité de l'environnement. Ces deux facteurs conditionnaient de façon fondamentale la viabilité du secteur touristique et également la qualité de vie des Mauriciens. Le pays en était arrivé au point où l'utilisation «extensive » de ses terres tout comme de ses ressources humaines avait atteint sa limite. Il ne restait guère de terres arables ou de plages touristiques encore inexploitées et les chômeurs étaient très peu nombreux. En théorie, la seule solution consistait manifestement à utiliser les terres tout comme les ressources humaines de façon plus « intensive » en injectant davantage de capitaux ou en utilisant plus efficacement ceux qui étaient disponibles. Cela aurait pour effet d'accroître leur productivité et d'augmenter la production nationale ainsi que les gains assurés à la main-d'oeuvre et aux propriétaires terriens. Mais qu'est-ce que cela signifiait en pratique ? Maurice était encore loin d'être une économie développée et n'avait aucunement l'intention de stagner dans une sorte d'état intermédiaire comme l'avaient fait tant de pays de l'Amérique latine. - 22 - Annexe 8 Maurice après 1982 Croissance Emploi Taux de Salaires du P.I.B. Zone franche Tourisme* chômage réels** ----------- (`000s)---------- (%) 1982 5.2 23,5 9.6 15 122 1983 0.8 25,5 9.6 19 124 1984 4.8 37,5 9.6 17 125 1985 7.3 54,0 10.5 15 121 1986 10.0 74,0 11.7 13 127 1987 10.1 87,9 13.2 5 134 1988 6.8 89,1 15.0 3 158 1989 4.6 88,7 16.8 3 167 1990 7.2 89,9 18.6 3 154 1991 4.1 90,9 3 168 1992 6.2 86,9 3 178 1993 5.5 87,8 2 * Calculé tel que dans l'Annexe 4. ** Indice des salaires mensuels pour tous les secteurs, corrigé des variations de l'indice des prix à la consommation. 1974 = 100. - 23 -