47000 NOTE FOCUS Réaliser le potentiel de la banque à distance : les défis à venir L ’utilisation de moyens de paiement pratiques et points de service spécifiques à proximité de chez elle, sûrs est un geste quotidien essentiel de la vie et à un coût abordable ? du commerce modernes. Elle garantit les moyens d’existence et soutient de nombreux liens sociaux L’accès aux dispositifs de paiement est un (transferts d’argent des travailleurs à des parents et facteur essentiel de l’accès universel à la amis géographiquement éloignés), actions finance. Dès lors qu’un individu a la communautaires (par exemple achats groupés de possibilité d’échanger librement et denrées) et programmes de protection sociale facilement des paiements avec n’importe (paiements aux familles démunies). Pourtant, la qui, sa marge de manœuvre financière plupart des particuliers et des microentreprises des s’accroît. pays en développement doivent encore recourir à la remise physique d’espèces ou de biens pour effectuer L’accès aux dispositifs de paiement est un facteur essentiel leurs paiements. Les coûts et les risques pour les de l’accès universel à la finance. Dès lors qu’un individu a la personnes exclues des réseaux de paiement possibilité d’échanger librement et facilement des modernes sont considérables. paiements avec n’importe qui, sa marge de manœuvre financière s’accroît. Il peut recourir à cette possibilité pour Ceux qui ont la chance, en revanche, d’accéder à ces déposer de l’argent sur un compte d’épargne. Il peut réseaux, disposent de multiples moyens d’échange percevoir le décaissement d’un prêt et le rembourser en efficaces : chèques, mandats, transferts bancaires toute commodité. Il peut payer ses primes mensuelles directs, cartes de crédit, cartes de débit, etc. Ces d’assurance. En revanche, s’il n’a pas accès au « service moyens de paiement réduisent pour les public de paiement », toutes ces opérations sont complexes consommateurs le volume d’espèces à transporter, ce à gérer pour lui, et probablement trop coûteuses pour une qui renforce leur sécurité et celle de leur argent. banque ou tout autre prestataire1. Même la gestion et l’échange d’espèces sont grandement facilités : grâce à leurs cartes de débit et Dès lors qu’il est connecté au service public de à un réseau dense de guichets automatiques, les paiement, il devient un client potentiellement consommateurs peuvent à tout moment échanger de intéressant pour une multiplicité d’institutions la valeur électronique contre des espèces. financières – et plus seulement pour l’unique banque ou institution de microfinance (IMF) qui a ouvert une Les personnes aisées accèdent à ces instruments de agence à quelques heures de bus de son domicile. N° 50 L’offre de services financiers est alors plus facilement paiement par le biais du système bancaire. L’accès à Octobre 2008 décorrélée de l’implantation géographique des des réseaux de paiement de détail doit-il rester un privilège, ou devons-nous commencer à le concevoir agences physiques, ce qui permet de mettre en avant comme un service public, au même titre que l’accès à d’autres avantages compétitifs, tels que la gamme et Ignacio Mas l’eau potable, à l’électricité ou au réseau la qualité des produits, ainsi que la confiance dans la téléphonique ? Comment offrir à chaque personne marque. dans le monde la possibilité de participer aux réseaux de paiement modernes, c’est-à-dire de posséder un Dans le présent document, nous poursuivrons le compte lui permettant d’effectuer des transactions développement d’une vision globale de l’inclusion depuis son domicile, ou tout du moins depuis des financière esquissée dans Mas (2008), impliquant la 1 Dans le présent document, le terme de « service public » (utility en anglais) a un double sens : sur le versant de l’offre (prestataires), il désigne le modèle standard d’offre de services universelle par les entreprises gérant de grands réseaux de distribution (d’eau, par exemple), et sur le versant de la demande, il souligne la valeur (au sens d’utilité publique) des paiements et de l’épargne pour les populations actuellement non bancarisées. 2 possibilité pour tous d’effectuer aisément des sécurité et la commodité. Il peut réduire la quantité paiements par le biais d’un réseau électronique. Si d’argent liquide qu’il doit emporter avec lui et a la nous pouvons nous permettre aujourd’hui cette vision possibilité de convertir de la valeur électronique d’un service public de paiement, c’est que nous contre des espèces (ou inversement) à tout moment disposons des technologies nécessaires pour et en tout lieu, en fonction de ses besoins. supprimer les distances, combler les lacunes • Transferts dans le temps = épargne (transfert de d’information, limiter les risques de règlement et, valeur dans le futur) ou crédit (emprunt sur une plus généralement, réduire les coûts de transaction. valeur future). L’objectif du client est de séparer Les aspects technologiques ne devraient donc pas dans le temps les flux entrants et les dépenses. poser problème. Le défi consiste à présent à • Transferts entre des situations futures = développer des services capables d’attirer des clients, assurance. L’objectif du client est d’altérer la nature et des modèles commerciaux permettant à des des risques auxquels il est exposé en payant des institutions décentralisées, principalement privées, de contributions dans les bons jours et en percevant mettre en place ce service public de paiement. des compensations dans les périodes difficiles. Dans la section suivante, nous allons tout d’abord Le premier type de transaction correspond à une décrire les besoins financiers élémentaires qui opération au comptant, qui a lieu dans l’instant peuvent être satisfaits par un service public de présent, tandis que les autres consistent en une paiement, et nous en déduirons les principales opération au comptant forfaitaire (le dépôt caractéristiques à intégrer à ce service. Nous d’épargne, l’encaissement du montant du prêt) en examinerons ensuite les mécanismes de base de la contrepartie de la promesse de transactions banque à distance. Enfin, nous évoquerons les compensatoires futures. Tout produit ou service principaux défis à relever pour un déploiement de financier peut être décomposé en une série de masse des canaux de banque à distance. La dernière transactions entre les parties dans le temps. Cet partie du document sera consacrée à l’analyse échelonnement dans le temps qui caractérise tous les détaillée de ces défis. produits financiers (au-delà des paiements et des transferts) place la confiance au cœur de toute La vision d’un réseau de prestation de services financiers. paiement en tant que service public L’accès à la finance présuppose l’accès à des infrastructures juridiques, institutionnelles et Les besoins physiques élémentaires permettant un transfert souple de valeur dans le présent et dans le futur. En La finance peut être définie comme un ensemble de principe, au moins quatre éléments de base doivent moyens permettant de transférer de la valeur : être en place pour garantir une souplesse maximale : • Transferts entre des personnes (physiques ou • Un réseau de paiement qui I ) permet à la valeur de morales) = paiements (pour des biens ou des circuler entre tous les participants « raccordés » et services achetés ou vendus) ou transferts d’argent II ) offre des points d’accès universels où les usagers à des proches. L’objectif du client est de s’acquitter peuvent convertir des espèces en valeur de ses obligations commerciales ou sociales. électronique (et inversement). • Transferts dans l’espace = gestion des espèces. • Un ensemble de prestataires (banques ou autres L’objectif visé par le client est en premier lieu la institutions financières) qui développent et 3 commercialisent une gamme de produits financiers I) de lisser leur consommation en cas de revenus (d’épargne, de crédit ou d’assurance) répondant saisonniers ou irréguliers, II ) de faire face aux grands aux besoins des clients. Les clients doivent avoir événements de l’existence et d’absorber les chocs suffisamment confiance dans la combinaison imprévisibles et III ) d’appuyer leurs activités micro- prestataire/produit pour l’accepter sur le marché. entrepreneuriales et de subsistance. L’image de marque du prestataire repose donc sur une confiance et des produits adéquats. Un réseau de paiement de détail présentant toutes • Un compte de base ou de transaction pour chaque ces caractéristiques s’apparente en tout point à un individu, qui peut être utilisé pour collecter et service public (voir tableau 1). Le robinet de la cuisine transférer de la valeur par voie électronique. C’est offre un accès pratique, fiable et abordable à un bien le point de raccordement fixe de l’individu au standard (l’eau), que l’usager utilise dans toute une réseau de paiement. gamme d’activités essentielles (boisson, cuisine, • Un cadre juridique contraignant qui spécifie les droits vaisselle, etc.). La prise électrique fournit également et les obligations de chacun des acteurs du système. un accès pratique, fiable et abordable à un bien Ce cadre favorise la confiance dans l’exécution des standard (l’électricité), auquel l’usager connecte toute contrats et assure la protection des consommateurs. une gamme d’appareils (lampe, grille-pain, aspirateur). De la même façon, l’accès au réseau de Ce sont là les composantes de base d’un réseau de paiement offre à l’individu un accès à un service de paiement accessible à tous. En outre, pour que les base (envoyer/recevoir de la valeur monétaire) lui individus l’utilisent, il doit présenter d’autres permettant de répondre à des besoins multiples caractéristiques essentielles : il doit être pratique, (épargne, emprunt, assurance ou envoi d’argent à fiable et sûr, largement accessible, abordable et utile. n’importe qui). • Pratique – Un compte de transaction ainsi qu’un Pourtant, l’accès au système de paiement n’a jamais moyen simple de communication des instructions été considéré comme un service essentiel pour les pour les transactions. particuliers ou les microentreprises. Le temps est • Fiable et sûr – Faible probabilité de perte de valeur, peut-être venu de concevoir le système de paiement faible risque de rejet des transactions en raison du de détail comme un service public. Le terme « public » manque de liquidités (le point de remise d’espèces ne renvoie pas nécessairement à une fourniture par doit disposer des liquidités nécessaires), certitude l’État, mais plutôt à la mise en place d’un cadre raisonnable quant à l’exécution effective des politique fournissant des incitations adéquates pour transactions. encourager les investissements en infrastructures, • Largement accessible – Possibilité de transférer promouvoir le déploiement universel de l’accès et de l’argent à n’importe qui, et ubiquité des points garantir une protection minimale des consommateurs. d’encaissement et de décaissement. • Abordable – Coût global faible par rapport aux Bien entendu, les pouvoirs publics ont toujours été moyens des clients, structure de coûts compatible très impliqués dans les systèmes de paiement, au avec la valeur perçue du service. moins de quatre façons. Un État doit procéder à de • Utile – En particulier pour les personnes pauvres nombreux paiements (prestations sociales, retraites, jusqu’à présent exclues des services financiers salaires des fonctionnaires) et collecter des recettes formels. Les services offerts par le réseau doivent fiscales en tout point du territoire. C’est pourquoi de permettre aux pauvres de gérer plus facilement leurs nombreux pays se sont dotés d’une banque publique, opérations financières quotidiennes, et notamment disposant d’un réseau étendu d’agences (parfois 4 Tableau 1. Comparaison des systèmes de paiement de détail avec d’autres services publics Service Principal apport public pour l’usager Gestion du réseau Gamme de services fournis Eau Santé et assainissement Entreprises publiques ou Chez l’usager : boisson, cuisine, monopoles réglementés toilette, lessive et vaisselle, irrigation Électricité Énergie Entreprises publiques ou Gamme d’applications électriques : monopoles réglementés chauffage/réfrigération, moteurs, etc. Télécommunications Communications Opérateurs agréés ; oligopoles Communications personnelles, et information pour l’accès local radio et télédiffusion, Internet Paiements Transferts de valeur Entités publiques ou Épargne, paiement de primes associations d’institutions d’assurance, encaissement de prêts, agréées ou autorisées paiement de biens, etc. couplées avec les bureaux de poste) couvrant réseaux de paiement électroniques. Des systèmes l’ensemble du territoire national. De nombreux États privés se sont mis en place pour combler le vide ont également utilisé les infrastructures postales existant entre les systèmes interbancaires de étendues pour créer un service basique de banque paiements électroniques et le « tout espèces ». La postale, de façon à desservir les populations des société Western Union a sans doute été la principale 2 régions isolées . Cependant, les banques publiques pionnière dans ce domaine. Dès la fin du XIXe siècle, souffrent souvent d’un sous-investissement en elle a utilisé le réseau télégraphique pour exécuter technologie, du manque de formation et de des transferts d’argent de particulier à particulier. Les motivation d’un personnel parfois résistant au réseaux de cartes de paiement, qui ont vu le jour changement, de la faiblesse des incitations à la dans les années 1950, ont aujourd’hui élargi leurs qualité des prestations, et du manque de activités initiales de paiement de biens et de services concurrence. Beaucoup d’entre elles subissent pour inclure les transferts d’argent et les services de actuellement des pressions croissantes pour dépôt et de retrait. Leurs membres ont accès à une améliorer leur autosuffisance financière, et certaines large gamme de services, mais se recrutent ont déjà été privatisées, ce qui a généralement induit principalement dans les classes moyennes et aisées, une réduction de leur couverture. à l’exclusion des populations pauvres. Avec la prolifération des cartes de débit et des guichets Plus en amont, les banques centrales garantissent automatiques dans les années 1980, nous pouvons à traditionnellement les paiements de détail présent réellement parler d’un réseau de paiement élémentaires par l’émission de monnaie, le maintien de détail – pour ceux qui peuvent se permettre d’une stabilité financière relative et l’injection de d’avoir un compte en banque. liquidités dans l’ensemble du territoire par le transport d’espèces dans ses bureaux décentralisés. État des lieux Par ailleurs, elles ont souvent appuyé ou même initié la mise en place de systèmes interbancaires de Le fait que les institutions financières fonctionnent compensation et de règlement. grâce à un réseau d’agences physiques de portée limitée rend difficile et coûteux pour les populations Cependant, malgré ces interventions publiques, de des zones rurales ou des régions pauvres d’accéder à nombreux segments de population restent exclus des leurs services. Cela pose également un problème à 2 La Banque mondiale (2006) a publié une étude complète portant sur les réseaux postaux de 55 pays. En 2004, ces réseaux postaux géraient 390 millions de comptes et une épargne de 94 milliards de dollars, et exécutaient 3,3 milliards de transactions par an. Détail intéressant : dans les pays en développement, on dénombrait 490 000 bureaux de poste contre 275 000 agences bancaires. 5 l’État, qui doit distribuer les salaires des infrastructure de confiance doit comporter quatre fonctionnaires, les retraites et les prestations sociales éléments clés : I) un mécanisme pour identifier et à une population dispersée. Trois grandes innovations authentifier le client (et le détaillant), par permettraient de transformer les bases économiques exemple en utilisant une carte ; II ) un terminal de de la prestation de services financiers sur le versant paiement électronique (TPE) dans le magasin, du consommateur (voir illustration 1) : géré à distance par la banque, à laquelle il est directement relié par une ligne de 1. Utiliser des points de vente de détail existants. télécommunication, de façon à ce que la banque Dans pratiquement chaque zone d’un territoire, puisse autoriser et enregistrer les transactions même isolée ou pauvre, on trouve un certain en temps réel ; III ) un fonctionnement nombre de magasins de détail vendant divers garantissant que toutes les transactions des produits – mais pas de services financiers. Les clients sont immédiatement compensées par institutions financières ne pourraient-elles pas une écriture de contrepartie dans le compte utiliser ces magasins plutôt que d’établir leurs bancaire transactionnel du magasin et sont propres agences ? Si l’on trouvait un moyen pour conditionnées par la disponibilité de fonds au que les boutiques de village puissent proposer magasin, afin qu’aucun risque de crédit ne naisse des services financiers, cela présenterait trois au point de transaction ; et IV) la capacité pour le principaux avantages économiques pour les détaillant d’émettre un reçu, afin que le client ait banques : I) les banques et autres prestataires un recours si la transaction n’est pas correctement pourraient accroître leur présence physique dans enregistrée. une région, pour un coût d’installation 3. Utiliser les téléphones mobiles existants. Les extrêmement faible ; II) les coûts de service à la coûts d’installation peuvent être encore réduits clientèle deviendraient des coûts variables, car les par l’intégration dans la plateforme magasins seraient rémunérés à la transaction ; III) technologique de téléphones mobiles existants, cela créerait un environnement de service familier pour les clients comme pour les commerçants, pour les populations pauvres et de faible niveau comme il est décrit en détail dans Mas et Kumar d’éducation, qui peuvent être intimidées par le (2008). Les clients pourraient utiliser leurs style du service dans les agences bancaires téléphones mobiles pour s’authentifier et traditionnelles. identifier leur numéro de compte. En fait, les 2. Créer de la confiance par la technologie. Dès téléphones mobiles contiennent déjà une carte à lors que l’on transfère l’interface banque-client puce (carte SIM), et cette carte, ou le téléphone dans un environnement de détail tiers, il est mobile lui-même, peut aisément intégrer une essentiel de créer de la confiance – le produit carte bancaire « virtuelle ». Les clients fondamental que « vendent » les banques. Les utiliseraient directement l’appareil mobile (plutôt processus assistés par la technologie peuvent que le terminal TPE du magasin) pour entrer leur être utilisés comme substituts à des moyens plus numéro d’identification personnel (PIN) et traditionnels pour créer cette confiance, transmettre leur numéro de compte. Le indispensable pour que les clients (et les banques) commerçant pourrait également utiliser son confient l’exécution de leurs transactions à un téléphone mobile comme un terminal TPE. Le détaillant non bancaire. Comme il est décrit en téléphone mobile comprend des fonctionnalités détail dans Mas et Siedek (2008) et reflété dans techniques similaires à celles d’un TPE : un écran, la colonne centrale de l’illustration 1, une un clavier numérique et une ligne de 6 communication sécurisée. Nous obtenons ainsi un de son compte comme il le ferait au guichet d’une service de mobile à mobile. Une solution reposant sur banque ; avec les paiements par mobile, il doit les téléphones mobiles pourrait donc réduire maîtriser l’interface utilisateur du téléphone et substantiellement le coût du déploiement de services interagir par le biais d’un écran et d’un clavier de très financiers dans des environnements de détail petite taille. C’est le principal arbitrage auquel les multiples, au moins dans les régions où la pénétration banques doivent procéder lorsqu’elles établissent un du téléphone mobile est relativement élevée. (Le reçu point de vente : des coûts d’installation plus faibles prendrait alors la forme d’un SMS ; ou encore, une contre une expérience moins satisfaisante pour le imprimante portable pourrait être raccordée au client. Un bon compromis consisterait pour une téléphone mobile du commerçant). banque à adopter une stratégie de canaux mixtes, intégrant deux ou trois des options de l’illustration 1. Les deux premières étapes décrites ci-dessus sont Il n’existe pas de bonne ou mauvaise solution : la l’essence du modèle de détaillants bancaires qui banque doit simplement chercher à répondre aux connaît actuellement un succès considérable au besoins des segments de clientèle spécifiques en Brésil. L’extension du modèle par l’utilisation des tenant compte de leur disposition à payer pour le téléphones mobiles a également été un succès service. commercial aux Philippines, au Kenya et en Afrique du Sud. Dans de nombreux pays en développement, les banques se concentrent actuellement sur le Cette évolution de la prestation de services développement de leur réseau de guichets bancaires, d’une prestation en agence à une automatiques. Ces dispositifs constituent une prestation via des canaux à distance (tout d’abord par alternative moins coûteuse à l’aménagement de le biais des guichets automatiques, puis des systèmes nouveaux guichets d’agence, grâce à l’automatisation TPE et enfin des plateformes de paiement par de l’interaction banque-client. On peut y voir un téléphone mobile), permet aux banques de réduire paradoxe : le coût de la main d’œuvre est-il les coûts unitaires des services transactionnels réellement la principale préoccupation des banques élémentaires. En revanche, les banques ne sont plus dans les pays en développement ? Non, le problème en mesure d’offrir la même gamme de prestations réside dans I) le coût de la formation d’agents de (par exemple l’ouverture de compte, le conseil guichet fiables et II) le manque de flexibilité des financier, la vente croisée de services financiers), ni la contrats de travail. Dans les dispositifs de vente de même expérience pour le client. Avec le guichet détail discutés ici, le client conserve l’interaction automatique, le client perd l’interaction humaine ; humaine au point d’accès, et l’infrastructure lorsqu’il a affaire à un détaillant en boutique, il ne technologique renforce la confiance. Ainsi, peut pas s’enquérir auprès du commerçant de l’état l’interaction humaine peut être externalisée, et Illustration 1. Options pour réduire le coût des infrastructures bancaires de détail 7 pratiquement n’importe quel commerçant peut les institutions financières. Les principaux défis sont devenir détaillant de services bancaires. les suivants : Ces solutions permettent d’imaginer un monde où les • Comprendre les moteurs de la demande, soit ce clients pourraient se rendre dans une multitude de qui incite les clients à utiliser et à acheter une points de service de dépôt/retrait à proximité de chez gamme de services financiers et de paiement. Pour eux pour effectuer de petits dépôts sur leur compte stimuler la demande, il est essentiel de comprendre bancaire. Le dépôt/retrait d’espèces d’un compte la psychologie des clients et de concevoir des serait simplement un produit supplémentaire services adéquats. Comment l’offre de transactions proposé par la boutique locale, entre le dentifrice et financières électroniques influe-t-elle sur les choix les cartes de téléphone mobile prépayées. Les financiers des clients ? magasins de détail pourraient même envisager de • Rendre le système rentable pour les détaillants. travailler pour toutes les banques, sans que les En bref : les commerçants sont habitués à percevoir déposants ni leur banque en à accorder au magasin un certain niveau de commission sur la vente d’une davantage de confiance que lorsqu’ils achètent un bouteille de soda, d’une carte de téléphone mobile tube de dentifrice ou une carte de téléphone mobile. prépayée, d’une savonnette, etc. Pourquoi De plus, la banque mobile permet d’opérer des accepteraient-ils d’offrir des services de transactions sans numéraire à domicile, ce qui nous dépôt/retrait, impliquant des risques de sécurité rapproche encore de la vision de « service public » accrus et des déplacements supplémentaires à la avec un réseau desservant chaque foyer, comme les banque, pour une commission beaucoup plus réseaux de distribution d’eau ou d’électricité. Les basse ? Dans la plupart des cas, la mobilisation de banques, comme la plupart des prestataires de la microépargne ne permettra pas d’offrir des services, peuvent alors se concentrer sur la qualité de commissions comparables aux marges habituelles leurs produits et le marketing, c’est-à-dire sur leur des détaillants. stratégie de marque, et confier les opérations de • Offrir des comptes de transaction pour tous. Le détail aux magasins locaux. point de raccordement fixe du client au réseau de paiement est son compte de transaction. Les Les défis à relever individus doivent pouvoir ouvrir ces comptes facilement, et les prestataires doivent voir un À ce stade, nous avons esquissé le schéma avantage économique à proposer ces comptes à un délibérément utopique d’un système de paiement de large public. Plus particulièrement, les obligations détail dans les pays en développement permettant en termes de connaissance des clients (KYC) un accès universel à la finance : nous l’appellerons doivent être réalistes et proportionnelles aux vision théorique. Cependant, nous sommes encore risques inhérents, et les prestataires de services loin de pouvoir réaliser cette vision. Malgré financiers ciblant les pauvres doivent disposer d’une l’attention, et même l’engouement, dont bénéficie la infrastructure administrative moins lourde, plus banque à distance dans certains milieux économiques efficiente, à même de gérer des comptes de faible et dans les médias, la réalité est en retard sur solde. certaines perceptions. Certains obstacles • Identifier des modèles sectoriels et commerciaux fondamentaux restent à franchir pour faire de la partagés offrant le niveau de coopération et de banque à distance une proposition séduisante pour concurrence adéquat entre les acteurs participant au réseau de paiement. Les opérateurs de 8 téléphonie mobile, les grandes banques, les IMF et devront être abordés parallèlement aux aspects les autres intermédiaires traditionnels ont chacun un commerciaux et économiques, sur lesquels nous rôle à jouer dans la commercialisation et la allons à présent nous concentrer. prestation de la gamme de services à la population. Bien entendu, la mise en place des normes Défi n° 1 : comprendre les d’interopérabilité nécessaires, l’alignement des moteurs de la demande intérêts particuliers et le développement des infrastructures partagées prennent du temps. Jusqu’à présent, nous avons parlé de la partie offre de l’équation : les infrastructures qui permettraient à Tout réside dans la structure incitative mise en place : chaque citoyen d’avoir accès à la finance. Mais il faut le client doit voir un intérêt à utiliser le service, le se poser une question, commune à la plupart des détaillant doit percevoir une rétribution adaptée, les projets d’orientation technologique : si nous créons institutions financières doivent tirer un bénéfice de la ce système, les clients l’utiliseront-ils ? Référons-nous commercialisation et de la vente de services à des à l’exemple d’un autre service public : l’accès populations pauvres, et les divers acteurs de la chaîne généralisé à l’électricité a induit une demande en de distribution doivent être disposés à partager les éclairage et en chauffage, mais ce résultat ne infrastructures et à collaborer pour minimiser les semblait pas forcément évident lorsque quelqu’un a coûts globaux. eu pour la première fois l’idée de raccorder chaque foyer d’un pays à un réseau électrique. Dans les sections suivantes, nous allons examiner chacun de ces points tour à tour. Mais, pris ensemble, Que faudrait-il pour traduire la vision d’une connexion ils soulèvent une question plus vaste sur le rôle des universelle à un service public de paiement en une pouvoirs public dans l’initialisation, la promotion et la proposition convaincante pour des populations pauvres réglementation du déploiement d’un nouveau réseau dont les activités économiques sont largement de paiement universel. Les réglementations informelles, limitées à de petites communautés de prudentielles et les règles de conduite sur le marché fournisseurs et de clients locaux, et assez sporadiques ? devront être adaptées pour permettre le traitement Cette question en comporte en réalité deux : de transactions bancaires dans des lieux non bancaires et par des distributeurs non bancaires. Des • Dans quelle mesure des personnes actuellement questions intéressantes vont émerger en matière de non bancarisées saisiraient-elles l’offre d’accès, en politique de promotion de la concurrence, autour du souscrivant un compte de transaction associé à une thème des rôles convergents des télécommunications carte ou à un téléphone mobile, permettant de et des intermédiaires financiers, ainsi que sur le réaliser des transferts électroniques depuis leur développement de normes d’interopérabilité et de domicile ou depuis une boutique locale ? plateformes partagées. Des réglementations en • Ensuite, combien de services financiers utiliseraient- matière de protection des consommateurs et des elles par ce biais, à quelle fréquence, et quel prix programmes d’éducation des consommateurs vont seraient-elles disposées à payer ? Le potentiel devoir être mis en place pour que les clients n’ayant d’utilisation extensive du réseau (pour transmettre pas d’expérience préalable des services financiers ne des transactions) est ce qui conditionne son subissent pas les effets de la désinformation et soient financement et la volonté des différents acteurs de éclairés dans leurs décisions. Tous ces aspects coopérer pour le mettre en place. 9 Il importe de distinguer l’accès et les services, au sont proposés sous forme de solutions pratiques et bon moins sur le plan conceptuel, car les facteurs marché, cela n’a pas d’impact sur leur propension à d’acceptation pour ces deux composantes diffèrent. épargner. Dans leur grande majorité, les clients pauvres Pour la première, l’acceptation dépend de l’attitude retirent immédiatement l’argent en totalité dès qu’il du client à l’égard de la plateforme technologique arrive sur leur compte. Et ce, en dépit de la demande (une carte ou un téléphone mobile) : il doit se sentir latente en produits d’épargne adaptés dans de à l’aise avec son utilisation et être convaincu de sa nombreux pays (voir par exemple Deshpande 2006). sécurité, de sa confidentialité, de sa fiabilité et de sa commodité. Pour la seconde, l’acceptation dépend Pourquoi l’utilisation reste-telle limitée à quelques de la pertinence et de la tarification de chaque services de paiement, au lieu de s’étendre à service. Dans la pratique, cependant, dès lors que l’ensemble des opérations financières effectuées par nous ciblons des clients auparavant non bancarisés, les individus et les ménages ? Pourquoi ce mode nous ne pouvons séparer les deux composantes. d’utilisation des services de paiement ne « déteint-il » Nous ne pouvons qu’observer la réaction des clients pas sur une gamme plus vaste de services financiers, à une offre groupée accès+services. Si les clients en particulier sur l’épargne ? Une partie de rejettent une offre de banque à distance, est-ce parce l’explication se trouve certainement du côté de qu’ils ne sont pas attirés par la gamme de services l’offre. Dans les faits, les prestataires de services de proposés, ou est-ce parce qu’ils ne sont pas à l’aise banque à distance ont commercialisé ces services avec la technologie par laquelle s’opèrent les comme des solutions de paiement, et pas réellement transactions ? comme des solutions monétiques complètes : ils prennent davantage exemple sur un modèle de type Il est difficile de répondre à ces questions sur la base Western Union que sur une banque. C’est de nos connaissances actuelles. Parmi les premières notamment le cas des projets en partenariat avec des expériences de banque à distance, certaines ont opérateurs de téléphonie mobile, car ces derniers enregistré des résultats encourageants en termes souhaitent éviter d’être perçus comme des d’acceptation par les clients. Au Brésil, ces réactions prestataires de services bancaires, ce qui les placerait positives des clients ont incité les banques à déployer sous le coup de la réglementation. Mais du côté des des détaillants dans toutes les municipalités. Aux clients, quelles sont les perceptions qui induisent ce Philippines, Smart Communications et Globe Telecom comportement ? Nous devons nous demander totalisent ensemble plus de 2,5 millions d’utilisateurs pourquoi les canaux de banque à distance sont plus actifs des services de transfert d’argent par téléphone utilisés pour les paiements que pour l’épargne en mobile (respectivement Smart Money et G-Cash). nous penchant sur trois aspects de la prise de Safaricom au Kenya a réussi à attirer 3,6 millions de décision d’achat de services financiers : clients vers son service de transfert d’argent par téléphone mobile (M-PESA) en seulement un an et • Perception de la proposition de valeur. Les clients demi. Ce sont là des succès significatifs. peuvent-ils facilement évaluer et valider la proposition de valeur des services de paiement et Mais le bilan est moins positif si l’on examine en détail d’épargne électroniques, par rapport aux options l’éventail des services utilisés et la fréquence des qu’ils utilisent actuellement ? transactions (Ivatury et Mas 2008, et Porteous 2007). • Discipline et engagement. Quel est le degré On observe notamment que, si les pauvres semblent d’engagement personnel nécessaire pour effectuer disposés à utiliser des services de paiement lorsqu’ils des paiements, par rapport à l’épargne ? 10 • Structure de prix. Les charges facturées par le au cours du processus. De plus, le concept du service prestataire sont-elles compatibles avec la disposition est facile à comprendre, si bien que les prestataires à payer pour des services de paiement électroniques, peuvent concentrer leur communication sur les par rapport à des services d’épargne ? avantages3. Une fois que le client a testé le service pour envoyer de l’argent à un parent, il peut l’appeler Évaluation de la proposition de valeur immédiatement pour vérifier que l’argent est bien relative arrivé à destination. Chaque transaction fournit une confirmation empirique immédiate des avantages du Lorsqu’ils sont confrontés à une nouvelle façon de nouveau système, ce qui conforte le client dans son faire les choses (en l’occurrence, lorsqu’il s’agit de choix. passer de méthodes traditionnelles de paiement ou d’épargne à des modes électroniques), les clients Qu’en est-il à présent de l’épargne ? Considérons doivent comprendre le bénéfice que leur apporte la deux attributs clés : la préservation de la valeur nouvelle méthode : ils doivent soupeser les (probabilité que la valeur, nette de coûts, sera avantages et les inconvénients du nouveau système maintenue ou augmentée dans le temps) et la par rapport à l’ancien. Les clients sont plus enclins à liquidité (fiabilité, commodité et coût de la conversion changer leurs habitudes s’ils peuvent I) évaluer en espèces). Il est beaucoup plus difficile de facilement, a priori, les bénéfices nets comparer les bénéfices et les coûts des programmes supplémentaires et II ) valider rapidement leur d’épargne adossés à la technologie avec ceux perception des bénéfices et coûts supplémentaires d’institutions d’épargne plus classiques dotées en testant la nouvelle méthode. Nous allons donc d’agences physiques (pour les personnes déjà procéder à une comparaison selon ces deux critères bancarisées) ou de formes informelles ou physiques entre les services de paiement et les services d’épargne (pour la majorité des personnes qui ne le d’épargne via des canaux de banque à distance. sont pas). Les paiements électroniques entendent remplacer Tout d’abord, l’expérimentation peut s’avérer des méthodes de paiement traditionnelles, consistant coûteuse si elle implique des frais d’ouverture ou de par exemple à remettre des espèces au conducteur gestion de compte. Ensuite, il faut attendre un certain du bus ou à un ami qui se rend dans un village éloigné temps avant de pouvoir évaluer la préservation de la pour l’apporter à des parents, à recourir à des valeur. Combien de temps le client a-t-il besoin de réseaux de confiance informels comme les hawala, ou poursuivre son « expérience » avant de pouvoir à se rendre dans la ville voisine et à faire la queue valider la nouvelle méthode électronique, c’est-à-dire pour payer une facture d’électricité. Ce que les clients avant d’obtenir la confirmation qu’elle est plus « sûre » recherchent dans ces méthodes est selon toute que l’institution d’épargne de la ville voisine ou que vraisemblance la certitude de la remise du paiement, le matelas sous lequel il cache son argent ? La la commodité et le coût. Cela place le transfert de confiance est plus difficile à établir car les inquiétudes valeur électronique en bonne position par rapport peuvent perdurer un certain temps. aux mécanismes de paiement plus traditionnels et informels. Les clients potentiels peuvent mesurer En termes de liquidité, la banque à distance assez directement le bénéfice en termes de temps présuppose que le dispositif de paiement du client gagné pour effectuer la transaction, la rapidité du (téléphone mobile ou carte) soit accepté dans un transfert d’argent et le coût prélevé sur le montant réseau de commerces locaux jouant le rôle de 3 La publicité de Safaricom pour son service M-PESA montre un flot de dollars qui s’envole littéralement du téléphone mobile de l’expéditeur pour être « capturé » par le téléphone du destinataire. Cette publicité a obtenu un prix. 11 détaillants de services bancaires. De plus, les clients reportée à demain, à la semaine prochaine ou à une savent que le montant d’espèces détenu par le date indéterminée. commerçant du quartier sera probablement insuffisant pour liquider la totalité de leur épargne, ce qui peut Comment acquiert-on la discipline nécessaire pour réduire leur confiance dans le système. Notons que épargner ? Un moyen simple (encore que coûteux) cette limitation des liquidités disponibles aux points est l’emprunt. On commence par « investir » l’argent de dépôt/retrait peut également poser problème (par exemple pour acquérir un actif), après quoi on pour les transferts ou paiements importants, au même honore une série de remboursements. Ces paiements titre que pour l’épargne, mais le client n’évaluera pas ne peuvent être reportés : l’obligation (contractuelle) la gravité du problème de la même façon. Lorsqu’il envers un tiers crée un engagement et établit un confie un paiement à un système, le client doit calendrier contraignant pour l’épargne (a posteriori ). simplement être convaincu que les détaillants locaux La constitution d’actifs par le prêt offre des liquidités disposent d’un montant d’espèces suffisant pour dans le présent et une promesse de discipline dans le honorer son transfert ; dans le cas de l’épargne, les futur. Le succès du microcrédit est dû en grande clients auront tendance à évaluer la valeur de partie au fait que la demande des gens en épargne l’encaisse des détaillants par rapport à la valeur est tellement forte qu’ils sont disposés à épargner à cumulée de l’épargne de tous les habitants du village un taux d’intérêt nettement négatif (le taux de crédit) (une catastrophe naturelle ou des troubles politiques, dès lors que le dispositif crée de l’engagement. par exemple, pourraient inciter tous les habitants à L’alternative, l’épargne « a priori » pour reprendre la liquider leur épargne en même temps). terminologie de Rutherford (2001), est plus difficile à réaliser car les conséquences d’un report de En résumé, il est difficile de vendre des services paiement sont moins immédiates. d’épargne électroniques à des populations pauvres Comment les modes de paiement électroniques parce qu’il leur est impossible de tester rapidement la peuvent-ils changer cette situation ? En offrant des fonctionnalité et la sécurité du service. Les bénéfices services d’épargne par le biais d’un réseau universel peuvent être moins apparents que les risques. de détaillants, on multiplie les occasions d’épargner : les clients peuvent effectuer un dépôt n’importe Discipline et engagement quand, en n’importe quel lieu du réseau. La démarche requiert moins de discipline dès lors qu’elle Le fait que les paiements électroniques soient plus est plus pratique, lorsque le client a le choix entre demandés que les services d’épargne dans les divers points de service à proximité de ses lieux de systèmes de banque électronique s’explique aussi par vie et de travail. D’un autre côté, on peut aussi se la force relative de l’engagement du client à l’égard demander si cela ne risque pas au contraire d’affaiblir du service. Dans le cas du paiement d’une facture la discipline, en rendant l’action du dépôt très facile d’électricité, par exemple, la menace d’une coupure à reporter et en réduisant le nombre d’événements de courant constitue un dispositif externe de hebdomadaires (par exemple, le trajet jusqu’à la dissuasion qui génère de la discipline. Les transferts grande ville la plus proche) qui déclenchaient d’argent à la famille sont également soumis à une auparavant la décision explicite d’effectuer un dépôt. pression sociale qui crée de l’engagement, et sont La nature de l’impact dépendra de facteurs culturels. effectués selon un calendrier régulier qui génère de la discipline par la répétition. En revanche, l’épargne est Il existe une tension inévitable entre deux des plus difficile à discipliner, car elle peut toujours être facteurs de motivation que nous avons évoqués : les 12 clients souhaitent s’engager dans un programme chaque client, tout modèle de facturation semble d’épargne pour l’avenir, mais ils souhaitent aussi arbitraire, voire hostile, aux clients4. conserver des liquidités pour le présent – quitte à choisir de ne pas effectuer de dépôt, voire de Dans les faits, la collecte de dépôts au porte-à-porte prélever des liquidités sur leur épargne à l’occasion. fonctionne sur certains marchés. Par exemple, les Une piste à explorer consisterait à combiner de façon collecteurs susu au Ghana collectent un montant plus efficace les fonctions transactionnelles et les prédéfini auprès du client chaque jour et lui fonctions de communication du téléphone mobile rapportent les montants collectés à la fin de chaque pour créer un système de rappels et d’incitations. mois, minorés du montant d’un dépôt journalier. Les clients supportent donc un intérêt négatif d’environ Volonté de payer 7 %, payable chaque mois5. Il y a peut-être une troisième explication au succès Peut-être les clients acceptent-ils de payer ces frais des paiements électroniques par rapport à l’épargne extrêmement élevés parce qu’ils ne sont pas électronique : l’acceptation par les clients de la réellement visibles à un moment précis : ils sont structure (et pas uniquement du niveau) des frais déduits à un moment indéfini entre le moment où le facturés par le prestataire. client verse ses contributions quotidiennes et le moment où la somme lui est restituée à la fin du mois. Les clients sont satisfaits lorsque la structure de Peut-être l’inconvénient des formes d’épargne facturation du prestataire est conforme à leur propre électronique tient-il au fait que les frais sont facturés perception de la valeur, ce qui est plus facile à réaliser globalement à un moment donné : ils apparaissent pour les paiements que pour l’épargne. Les clients alors comme une ligne du relevé de compte et sont perçoivent les paiements comme des transactions plus visibles pour le client. ponctuelles, chacune étant conclue en une période relativement courte : la facturation à l’unité leur En d’autres termes, si l’on envisageait de mettre en semble donc aller de soi. place un système de collecte susu en ligne, dans lequel le client pourrait contrôler son solde d’épargne L’épargne, en revanche, suppose une série de quotidiennement, faudrait-il déduire une petite partie transactions qui n’est pas limitée dans le temps : le des frais sur chaque dépôt (le client paierait 1, mais calendrier des dépôts et des retraits n’est pas défini a seulement 0,93 apparaîtrait sur son compte), ou priori. Dans ces circonstances, à quel moment la facturer l’ensemble des frais à la fin du mois (le client facturation des frais est-elle appropriée ? Nous savons disposerait le dernier jour de 7 % de moins que ce qui que les clients n’aiment pas les frais d’ouverture de apparaissait sur son compte la veille au soir) ? Quelle compte (je dois payer pour avoir le droit de participer serait la réaction du client dans chacun de ces cas ? à votre programme ?), ni les frais mensuels fixes (même si je n’effectue aucune opération ?), ni les frais Défi n° 2 : rendre le système de dépôts (je dois payer pour vous donner de rentable pour les détaillants l’argent ?), ni les frais de retrait (je dois vous payer pour récupérer ce qui m’appartient ?). Comme nous Les propositions de banque à distance doivent ne pouvons pas corréler individuellement le bénéfice satisfaire les besoins des détaillants autant que ceux de l’épargne avec un événement motivant pour des clients. Les détaillants sont le trait d’union entre 4 En principe, les riches n’aiment pas plus les frais que les pauvres. Même les personnes aisées sont souvent irritées par les frais relativement faibles des retraits aux guichets automatiques. Mais le problème paraît généralement plus immédiat pour les personnes disposant d’une épargne modeste, car les charges représentent un pourcentage plus important de leur solde. 5 Voici un rapide calcul : supposons que les collectes journalières sont de 1, et qu’un mois compte 30 jours. Les frais prélevés par le collecteur sont donc de 1, et le solde d’épargne mensuel moyen est de 15 ; 1/15e correspond à environ 7 %. Si un client utilise ce service pendant un an, les frais prélevés par le collecteur sont de 12 et le solde d’épargne mensuel moyen reste de 15 ; 12/15e correspondent à environ 80 %. 13 l’ « ancienne » économie basée sur l’argent liquide et s’assurer une bonne implantation et offrir aux clients le « nouveau » service public de paiement la commodité recherchée. Ensuite, les commerçants électronique. Sans une gamme d’options de détail sont habitués à réaliser des marges fonctionnelles permettant aux clients de déposer et de proches de 10 %, voire plus, et il est difficile d’offrir retirer des espèces, ces derniers ne trouveront qu’un des marges de ce niveau sur des transactions avantage limité dans les instruments monétiques, et financières de base, telles que les dépôts ou les ces instruments ne seront pas suffisamment acceptés paiements de particulier à particulier. Les clients ne en tant que monnaie d’échange. veulent pas payer des frais excédant 1 %6, et, pour la banque, ces clients ne sont pas suffisamment Dans les modèles standards de banque à distance, rentables pour justifier l’octroi aux détaillants de les détaillants sont des points de vente de détail commissions sensiblement supérieures à ce taux. classiques : revendeurs de temps de communication, Dans ce cas, ces services génèrent-ils suffisamment bureaux de poste, guichets de loterie, pharmacies, et de valeur ajoutée pour le détaillant ? jusqu’aux petites boutiques de quartier. Ils dégagent des marges faibles sur les biens et services vendus, Pour rendre ces services rentables pour le détaillant, et ils choisissent de placer en priorité sur leurs rayons il existe trois solutions que nous allons examiner tour les produits qui se vendront en volume suffisant par à tour : rapport à la marge qu’ils génèrent. Si nous voulons recruter davantage de commerçants pour assumer le • accroître substantiellement les volumes de rôle de détaillants de services bancaires, nous devons transactions ; faire en sorte qu’ils reçoivent des incitations • libérer le consommateur de la prise en charge des suffisantes pour promouvoir le service de coûts de transaction par un subventionnement dépôt/retrait. Par rapport aux autres produits vendus croisé ; dans le magasin, les services bancaires offrent • abaisser les coûts de prestation du services pour le l’avantage de ne pas nécessiter de manutention détaillant. physique et de ne pas occuper d’espace en rayon ou en réserve. En revanche, ils font peser sur le magasin Accroître substantiellement les volumes une charge importante (souvent disproportionnée) de de transactions gestion de trésorerie (avec les frais inhérents aux trajets plus fréquents à la banque et au besoin accru En définitive, le succès du réseau de paiement sera de sécurité). déterminé par le nombre de transactions transitant par le réseau. L’accroissement du volume de Dans les faits, la rentabilité pour les détaillants reste transactions permettra de réduire les coûts unitaires, incertaine dans de nombreux environnements de incitera les détaillants à participer au réseau de points banque à distance, et ce, pour deux raisons. Tout de dépôt/retrait sur tout le territoire et motivera d’abord, le volume de transactions est relativement différents types de prestataires de services à rejoindre faible, généralement de 15 à 30 par jour. Cela est le système. L’existence de canaux de transaction de dû au faible nombre de transactions par client, ainsi banque à distance n’aura peut-être pas pour effet qu’à la nécessité, pour le prestataire financier, de (tout du moins dans un premier temps) d’inciter les répartir le volume de transactions global sur un clients à effectuer globalement plus de transactions, réseau suffisamment dense de détaillants pour et nous devons donc plutôt chercher à capter les 6 Pour référence, 1 % est ce que les services Smart Money et G-Cash aux Philippines, ainsi que MTN Banking et WIZZIT en Afrique du Sud facturent à leurs clients pour le dépôt d’espèces. La plupart des banques brésiliennes, colombiennes et péruviennes proposant des services de banque à distance facturent des frais fixes par opération de dépôt plutôt que des frais variables. Notons qu’il s’agit de la commission facturée à l’utilisateur, qui doit être ensuite répartie entre la banque ou l’opérateur et le détaillant. 14 transactions existantes dans le nouveau système de communautés où ils vivent, pour payer des paiement électronique. À cet égard, nous proposons travailleurs journaliers, acheter des biens dans les les quelques réflexions suivantes. commerces, payer les charges locales, transférer de l’argent entre les membres de la famille, etc. Dans un premier temps, les prestataires de services de banque à distance doivent trouver une façon Toutefois, à l’heure actuelle, on constate un peu d’alimenter automatiquement le portefeuille de leurs partout que les solutions de banque à distance ne clients, par le dépôt direct sur leur compte des sont pas encore beaucoup utilisées pour les salaires, du produit de la vente de biens et de transactions intracommunautaires7. De nombreux services, des prestations sociales et des retraites, ou produits innovants de type porte-monnaie des transferts d’argent domestiques. Si ces électronique ont été testés dans les pays développés, paiements sont effectués en espèces, les bénéficiaires mais ils n’ont rencontré qu’un succès très mitigé, ce seront moins enclins à déposer les espèces sur leur qui semble indiquer qu’il est très difficile de compte de transaction pour financer leur épargne ou supplanter l’argent liquide pour les petits paiements leurs transactions futures. au comptant dans les commerces. Le principal facteur motivant l’abandon de l’argent liquide est Plus généralement, les paiements électroniques probablement la sécurité, et les produits de paiement doivent être particulièrement bien adaptés aux par téléphone mobile devraient donc être transactions entre les personnes à faibles revenus et particulièrement appréciés comme alternative aux les tiers (grands employeurs, État pour les prestations espèces dans les zones de criminalité élevée ou de sociales, services publics pour le paiement des conflit. factures, parents et amis géographiquement éloignés pour les transferts, institutions de crédit pour les À terme, les frais de transaction doivent être encore remboursements de prêts). Les prestataires de considérablement abaissés si l’on veut amener les services doivent adopter une vision de type gens à utiliser les paiements électroniques à écosystème et attirer tous ces acteurs distants qui l’intérieur de leur communauté et dans leur vie souhaitent échanger des transactions avec leurs financière quotidienne. Le système doit pouvoir clients. Ils se situent sur un marché double : le marché fonctionner pour des transactions de seulement 2 des utilisateurs finaux (clients) et le marché des tiers dollars (ce qui correspond au revenu journalier de souhaitant échanger des transactions avec ces clients nombreux individus dans le monde) avec des (émetteurs de paiements, émetteurs de factures et commissions de 2 % au maximum pour le détaillant. autres prestataires de services financiers). Les frais de transaction supportés par les clients doivent donc se situer dans une fourchette de 2 à 4 La possibilité d’effectuer des paiements à distance à cents (soit 1 à 2 % d’une transaction de 2 dollars8) destination de tiers est particulièrement appréciable pour que la taille des transactions électroniques soit pour les utilisateurs, mais ne suffit pas en soi à en adéquation avec les flux de trésorerie journaliers générer un volume significatif de transactions (tout des personnes pauvres. au plus une transaction par semaine et par utilisateur). Pour que les volumes de transactions se développent, Enfin, un autre élément pourrait contribuer à accroître il faut que les clients utilisent les paiements le volume de transactions par détaillant : le partage électroniques dans leur vie quotidienne, au sein des des détaillants entre tous les prestataires financiers 7 L’univers de la téléphonie mobile est leader dans ce domaine, avec des produits permettant d’offrir du temps de communication à des parents ou amis. 8 Les transactions de particulier à particulier transitant par les systèmes Smart Money et G-Cash aux Philippines se situent dans cette fourchette : elles coûtent de 2 à 5 cents. À comparer avec les charges facturées pour ces mêmes transactions par M-PESA au Kenya (46 cents), et par MTN Banking et WIZZIT en Afrique du Sud (39 cents). 15 (comme les guichets automatiques partagés dans de les clients trouvent les tarifs très intéressants par nombreux pays). De cette façon, les détaillants rapport aux autres options dont ils disposent. pourraient vendre des prestations bancaires à • On estime à 2,5 millions les utilisateurs actifs de l’ensemble de leur clientèle régulière, quelle que soit services de paiement par téléphone mobile aux la banque de chaque client. Il convient également Philippines, dont 1 million sont des revendeurs de d’éviter les duplications inutiles de détaillants (chacun temps de communication. Dans les faits, la plupart servant une niche de clientèle de services bancaires) d’entre eux utilisent la plateforme de banque afin que le même nombre de transactions soit réparti mobile uniquement pour convertir de la monnaie sur un plus petit nombre de distributeurs. électronique en temps de communication prépayé. En effet, les opérateurs de téléphonie mobile sont Trouver des clients autres que les en mesure de fournir aux revendeurs des utilisateurs finaux disposés à payer les commissions bien plus élevées sur la vente de commissions pour les services temps de communication, généralement d’environ 10 %, qu’ils financent par les marges élevées qu’ils Ivatury et Mas (2008) ont noté que l’utilisation d’un réalisent sur leurs produits. Il n’est donc pas système de banque à distance est dominée par un ou étonnant que la plupart des détaillants mettent en deux services de paiement d’« ancrage », qui avant le produit de temps de communication (qui constituent les principaux facteurs incitant les clients à leur rapporte une commission de 10 %) plutôt que utiliser la plateforme et représentent le gros des le produit de dépôt/retrait (qui leur rapporte moins transactions. Il s’agit par exemple du paiement des de 1 %). factures de services publics au Brésil ; dans les systèmes • De même, les transferts d’argents internationaux centrés sur un opérateur de téléphonie mobile, comme des migrants restent un segment très rentable, avec ceux existant aux Philippines et au Kenya, il s’agit de la des commissions allant généralement de 7 à 10 %. revente de temps de communication et de la réception Le succès des réseaux internationaux de transfert de transferts d’argent. Ces trois systèmes ont en d’argent est en partie conditionné par la densité commun le fait que les prestataires de services de des points de distribution dans les différents pays. banque à distance parviennent à tirer parti d’une Ces prestataires sont donc généralement disposés disposition à payer plus élevée de la part d’acteurs à payer une commission substantielle sur la autres que les clients bénéficiaires : distribution finale pour rétribuer la participation des détaillants à leur réseau. • Les entreprises de services publics supportent en général des coûts de perception élevés et sont de En nous référant aux expériences très ce fait souvent disposées à prendre en charge une encourageantes de ces services, nous devons trouver partie des frais des nouveaux dispositifs de davantage d’acteurs, autres que les utilisateurs finaux paiement électronique des factures. En transférant à faibles revenus, disposés à payer les commissions les coûts de transaction du payeur (le client) au pour les transactions effectuées au « bas de la payé (l’émetteur de la facture), les banques pyramide ». Ce sont ces transactions qui doivent proposant des services à distance peuvent tirer générer le gros des commissions, permettant de parti d’une disposition à payer plus élevée. Les réduire les commissions marginales payées par les banques ont donc une incitation à promouvoir les utilisateurs sur les paiements de particulier à services de paiement électronique des factures, et particulier et les microdépôts. 16 À cet égard, nous voyons des possibilités de d’œuvre. Ces deux composantes comportent des développement dans le domaine des paiements possibilités d’économies de coûts substantielles. d’entreprises à particuliers (salaires), d’État à particuliers (retraites et prestations sociales) et de Les coûts de gestion des liquidités dépendent particuliers à État (impôts et taxes). Les entreprises, directement du calendrier et du volume des dépôts qu’elles soient formelles ou informelles, ont et retraits demandés au magasin. Si les dépôts et beaucoup à gagner à distribuer les paiements à leurs retraits étaient parfaitement équilibrés (le dépôt d’un employés et fournisseurs par voie électronique. Cela client étant immédiatement compensé par un retrait leur permet de réduire leurs coûts de gestion de de montant égal), le coût de la prestation du service trésorerie tout en renforçant leur contrôle sur les pour le magasin tendrait vers zéro (si l’on excepte le dépenses. De même, les pouvoirs publics paient coût de la main-d’œuvre), et serait donc en souvent un prix élevé pour distribuer des paiements adéquation avec la marge très faible de ces services en espèces (prestations sociales et retraites) aux par rapport aux autres produits vendus (qui populations rurales excentrées. Les prestataires de requièrent un financement et un entreposage). banque à distance doivent développer de solides propositions de services de paiement pour les Par le recours au marketing ou à la diversification de entreprises et les administrations, à un prix plus l’offre, les prestataires de services financiers favorable que les alternatives dont elles disposent pourraient s’efforcer d’équilibrer les dépôts et les actuellement, mais permettant de dégager des retraits au niveau de la communauté, de façon à ce commissions substantielles pour les détaillants. que la gestion des liquidités implique pour les détaillants moins de trajets à la banque (voire aucun). On peut également envisager de relier plus La réduction de la charge induite pour les magasins étroitement les platesformes de services bancaires par la fonction de dépôt/retrait pourrait alors justifier électroniques aux offres de commerce électronique. une baisse des commissions pour les détaillants tout La revente de temps de communication par SMART ou en garantissant un degré de liquidité plus fiable pour Globe est un bon exemple : les clients utilisent la plate- les clients. À cette fin, les prestataires de services forme de paiement par téléphone mobile pour acheter financiers devraient analyser soigneusement les flux du temps de communication, et les revendeurs de liquidités nets dans chaque communauté et utilisent la même plateforme pour compenser leurs imaginer des façons de stimuler l’utilisation des règlements avec l’opérateur de téléphonie mobile. En services d’encaissement ou de décaissement selon le reliant le paiement à la vente d’un produit, on peut cas. Par exemple, un manque local de liquidités accroître les commissions des détaillants. pourrait être compensé par de nouveaux produits d’épargne attrayants ou en amenant davantage Abaisser les coûts de prestation du d’employeurs à verser les salaires sur les comptes. Les service pour le détaillant surplus locaux de liquidités pourraient quant à eux être compensés en augmentant l’éventail des Les coûts supportés par les magasins offrant des factures qui peuvent être réglées par l’intermédiaire services bancaires se répartissent en deux catégories du détaillant ou en proposant des prêts plus principales : I) les coûts de gestion des liquidités importants dans le bon segment. (fonds de roulement, trajets à la banque, risque de perte ou de vol) et II) l’utilisation des ressources du Concernant l’autre composante de coût, l’utilisation magasin, notamment l’espace de vente et la main- des ressources du magasin (temps de travail du 17 personnel, espace de vente), il convient de se En d’autres termes, du point de vue du client : nous demander si les détaillants doivent nécessairement avons jusqu’ici discuté de l’utilisation (élargir la gamme être des magasins. En élargissant le recrutement des de services et accroître le nombre de transactions), détaillants au-delà des magasins biens établis, mais qu’en est-il de l’accès ? Si nous définissons l’accès supportant des frais généraux élevés et habitués à comme le fait de posséder un compte de transaction des marges importantes sur la vente de produits, il (un point de raccordement fixe au réseau de paiement devrait être possible de réduire le coût des dépôts et électronique), plusieurs obstacles restent à franchir retraits dans les communautés pauvres, tout en pour pouvoir offrir un compte à chaque individu : créant une nouvelle activité de subsistance. Nous pourrions alors faire de l’accès au système de • Base de coûts. Une condition est qu’il existe une paiement une nouvelle opportunité d’activité classe de prestataires de services financiers économique pour les populations, et ajouter aux disposant d’une plateforme bancaire aux coûts aspects de commodité et de coût un facteur suffisamment bas (le système qui assure la gestion supplémentaire d’acceptation. des comptes des clients) pour être en mesure d’offrir des comptes pour tous de manière rentable. Il existe un précédent notable : parmi le million de • Modèle de facturation. Conscients du fait que les revendeurs de temps de communication des personnes pauvres ont des besoins transactionnels plateformes Smart Money et G-Cash aux Philippines, mais présentent généralement des soldes outre de nombreuses minuscules boutiques « sari- d’épargne relativement faibles, les prestataires de sari », on trouve de nombreux jeunes agissant comme services financiers ciblant les segments à faibles revendeurs indépendants à l’intérieur de leur cercle revenus doivent passer d’un modèle de facturation relationnel. Nous pourrions même concevoir un proportionnel au solde à un modèle fondé sur les nouveau type de collecteur susu, qui utiliserait les coûts unitaires par transaction. technologies de banque à distance pour garantir un • Aspects liés à l’information. Tous les clients meilleur niveau de service et de fiabilité à ses clients. doivent pouvoir fournir les informations nécessaires Le paiement des factures est un autre domaine pour ouvrir un compte. prometteur : on pourrait imaginer des payeurs de factures ambulants, qui utiliseraient leur téléphone Services bancaires à faibles coûts mobile pour effectuer des paiements pour le compte de leurs clients, contre rémunération. Cette idée ne Pour tirer pleinement avantage du réseau de fonctionnerait sans doute pas partout, mais vaut la paiement, en particulier des services d’épargne, le peine d’être examinée. client doit disposer d’un compte de transaction. Qui peut lui en fournir un ? La réponse n’est pas évidente Défi n° 3 : offrir des comptes de lorsqu’il s’agit de personnes pauvres qui n’ont pas de transaction pour tous sources de revenus régulières, présentent une faible épargne financière, et ont besoin d’effectuer de L’accès universel présuppose un ensemble petites transactions. Pour de nombreuses banques, il d’institutions financières qui commercialisent et n’est tout simplement pas rentable de raccorder les vendent ensemble leurs services à tous les segments pauvres à leur plateforme bancaire. de la population. Les institutions financières doivent développer des modèles commerciaux à même de La complexité et les coûts des systèmes bancaires rendre tous les segments rentables. traditionnels sont dûs aux exigences élevées en 18 termes de fiabilité, d’exactitude et de sécurité des La seconde approche consisterait à dédier une plateformes, au besoin de disposer d’une vue plateforme bancaire à la gestion d’un seul produit : d’ensemble consolidée du client sur différents les comptes de transaction. Par cette spécialisation, le produits, et aux exigences réglementaires en matière système bancaire perdrait nettement en complexité, de reporting. Les exigences des systèmes bancaires et le résultat final serait alors comparable aux sont généralement formulées pour répondre aux plateformes de prépaiement utilisées par les besoins de clients plus sophistiqués, et opérateurs de téléphonie mobile pour gérer les potentiellement plus rentables. Les instances soldes de temps de communication de leurs clients. réglementaires imposent elles aussi des normes Cette approche peut avoir un impact notable si les minimales généralement coûteuses, par exemple en institutions financières non bancaires (y compris les termes de maintenance des livres comptables. Tout opérateurs de téléphonie mobile eux-mêmes) sont cela porte le coût comptable fixe par client à un autorisées à émettre des cartes prépayées ou niveau qui compromet la rentabilité économique d’un d’autres formes de monnaie électronique. Si des service à une clientèle pauvre. acteurs mieux implantés sur le marché de masse par leur marque et leurs mesures promotionnelles étaient autorisés à offrir des services limités d’épargne et de Les IMF peuvent développer des systèmes bancaires transaction, les clients aujourd’hui non bancarisés moins coûteux, mieux adaptés aux besoins des disposeraient d’une voie alternative pour accéder au personnes pauvres. Cependant, elles sont souvent réseau de paiement, et cela stimulerait la concurrence confrontées à un problème d’échelle, car elles des services financiers sur un segment jusque-là doivent amortir (et donc abaisser en montant absolu) négligé, en bas de la pyramide. Bien entendu, ces les coûts systémiques fixes sur une base d’actifs acteurs devraient obtenir un agrément en bonne et beaucoup plus réduite. due forme pour pouvoir gérer l’argent du public. On peut donc difficilement espérer de progrès rapide Si le marché ne parvient pas à lui seul à générer une dans la prestation de services bancaires aux inclusion suffisamment large en dépit de ces personnes très pauvres ou démunies, tout du moins alternatives à faibles coûts, les pouvoirs publics sur une base purement commerciale. Les acteurs du disposent d’options plus interventionnistes. La marché des services ciblant les pauvres peuvent première consiste à imposer l’accès universel pour un envisager deux approches pour résoudre ce type de compte de base défini (à un niveau de prix problème. L’une consiste pour les IMF à partager leur défini pour les clients), en exigeant des banques système de back-office. Le système bancaire partagé qu’elles compensent les pertes réalisées sur certains serait alors développé, géré et hébergé par un clients en répartissant les coûts sur l’ensemble de leur fournisseur d’applications hébergées (ou application base de clientèle. Il s’agit là d’une pratique répandue service provider, ASP). L’ASP pourrait proposer un dans les secteurs de services publics, où les frais système bancaire plus léger, mieux adapté aux facturés aux clients sont géographiquement lissés (le besoins élémentaires des clients des IMF, et répartir client paie le même prix pour une ligne de téléphone les coûts sur une base de clientèle plus large. rurale ou urbaine, alors que les coûts réels sont très Cependant, les IMF participantes devraient alors différents). Dans le cas des services bancaires, cette respecter certaines exigences en matière de solution risque de ne pas s’avérer efficace : les connectivité des données pour pouvoir accéder à banques intégreront les produits à bas prix distance à l’application bancaire. obligatoires dans leur portefeuille, mais ne se 19 donneront pas la peine de les promouvoir le financement du terrorisme (LBC/FT). Chaque efficacement. Une autre option pour les pouvoirs citoyen doit être en mesure de présenter une preuve publics consisterait à offrir des subventions pour valable de son identité. L’État peut fournir certains rendre les clients pauvres ou ruraux artificiellement moyens pour satisfaire à cette obligation : mettre en rentables pour les banques. Toutefois, les place un système de carte unique ou une connaissances sur l’impact économique de l’inclusion combinaison de cartes certifiées, couvrant financière universelle sont encore insuffisantes pour individuellement ou collectivement l’ensemble de la justifier une telle action politique. population ; fournir un accès électronique à des bases de données d’identité pour que les Modèles de facturation non prestataires de services puissent vérifier la validité traditionnels des cartes d’identité qui leur sont présentées ; et permettre à des tiers autorisés de contrôler La mise en place d’une plateforme à bas prix par les physiquement les cartes d’identité (photo et banques ne suffit pas à garantir l’inclusion ou signature) au nom des prestataires de services, dans l’orientation sur les pauvres. Étant donné la faiblesse une certaine limite de risque. Certains clients des soldes d’épargne des personnes pauvres, les présentant des risques très faibles, parce qu’ils ne banques doivent également modifier leur modèle de disposent que de soldes très limités et n’effectuent facturation habituel, proportionnel au solde, pour que de petites transactions, pourraient également adopter une facturation à la transaction. Elles doivent être exemptés de l’obligation de prouver leur aussi trouver des moyens pour réaliser des ventes identité. croisées (des paiements à l’épargne puis à l’assurance, par exemple) pour renforcer la rentabilité L’autre aspect lié à l’information concerne la capacité par client. des clients à emprunter. L’accès à des services de crédit abordables peut constituer un facteur Connaissance des clients d’incitation important pour l’utilisation des services de banque à distance. Or, le crédit implique des Admettons qu’un réseau de paiement à bas prix asymétries d’information bien connues : le client soit accessible dans un village (par téléphone connaît sa solvabilité, sait ce qu’il fera de l’argent mobile, dans des magasins de détail). N’importe quand il le recevra, connaît la qualité du projet qu’il quel client peut-il y accéder et l’utiliser comme il le souhaite financer, sait quels efforts il est prêt à souhaite ? Malheureusement, les prestataires de consentir s’il reçoit le prêt, mais la banque ne peut services devront ou voudront obtenir certaines avoir aucune certitude sur tous ces points. Si l’on ne informations sur le client, sans quoi ils lui refuseront fait rien pour remédier à ces asymétries l’accès au service. Pour garantir un accès universel, d’information, elles peuvent entraîner un certaines sources d’information doivent être rationnement du crédit (une offre de crédit intégrées au réseau de paiement à bas prix décrit insuffisante). Le crédit est rationné, car, si la banque plus haut. réagissait à un risque de crédit subjectif plus élevé en augmentant son taux d’intérêt au-delà d’un certain Le premier aspect, et le plus important, concerne la seuil, les emprunteurs « sûrs » seraient découragés connaissance de l’identité des clients, une exigence par le niveau de taux, laissant la demande de crédit légale imposée par les réglementations en matière aux seuls emprunteurs « à risque » qui, eux, se de lutte contre le blanchiment des capitaux et contre soucient peu du taux d’intérêt (parce qu’ils savent 20 d’emblée qu’ils ne pourront probablement pas d’économies d’échelle à l’intérieur de son champ rembourser leur crédit). d’activité, tout en élargissant la gamme des services offerts à ses clients. Certains éléments des infrastructures de marché permettent de remédier à ces asymétries L’interopérabilité (la base du partage) est l’une des d’information. Les centrales de risques peuvent fournir principales préoccupations de toute entreprise en un historique de crédit de l’emprunteur, ce qui réseau, et les réseaux de paiement n’échappent pas renseigne sur son « caractère » ou sur sa propension à à cette règle. Revenons au client : une fois qu’il a un rembourser. Les registres de garanties permettent de compte, il va vouloir l’utiliser pour plusieurs types de vérifier l’authenticité d’un titre de propriété gagé en paiements différents. En fait, la valeur de l’accès au garantie. Si les prestataires de services ont accès à ces réseau pour le client dépend du nombre d’amis, de informations sur les clients et leurs actifs, ils seront en partenaires commerciaux, de services publics, mesure de tarifer leurs services plus précisément. Cela d’institutions financières, de détaillants, etc., qui sont peut contribuer à accroître l’utilisation des services connectés à ce même réseau. Si toutes les institutions financiers dans les canaux de banque à distance. La gérant des comptes étaient en mesure de se banque à distance peut également attirer les clients connecter au même réseau de paiement national, le vers les produits d’épargne qui, en leur permettant client pourrait se rendre chez n’importe quel d’acquérir un profil financier positif, joue alors le rôle détaillant pour procéder à des dépôts/retraits et d’une passerelle vers le crédit et d’autres produits. effectuer des paiements sans contraintes (de tout expéditeur à tout destinataire). La valeur pour tous Défi n° 4 : identifier des modèles les clients serait alors en principe maximisée. économiques interexploitables Cependant, sur le versant de l’offre, la situation est Dans la discussion précédente, le thème du partage plus complexe. Comme les prestataires cherchent à est revenu à plusieurs reprises : les détaillants accroître leur base de clientèle, les grandes peuvent être partagés (tout comme certains guichets institutions choisissent parfois de conserver leurs automatiques qu’ils remplacent fonctionnellement), clients dans un réseau fermé (et donc de ne pas la plateforme de téléphonie mobile peut être partager d’infrastructures avec d’autres prestataires) partagée, la centrale de risques est partagée par afin de faire de leur taille un avantage concurrentiel. définition, et même le système bancaire peut être Le partage des clients et des plateformes est surtout partagé dans le cadre d’un modèle ASP. Au lieu de à l’avantage des petits prestataires. En fait, concevoir leurs propres canaux ou systèmes, les l’interopérabilité produit une « égalisation ». À tel prestataires de services peuvent opter pour le point que, si l’interopérabilité est imposée à un stade partage pour des raisons parfaitement trop précoce du développement d’un réseau, elle pragmatiques : pour réduire les coûts, accélérer leur risque de tuer toute innovation et volonté de pénétration du marché et accroître leur portée au- croissance. Pourquoi investir pour créer et delà de ce qu’ils auraient pu réaliser seuls. Plus un développer un réseau si c’est pour l’ouvrir ensuite à prestataire partage d’éléments avec d’autres d’autres prestataires qui tireront pleinement parti du prestataires, plus il peut se concentrer sur ce qui lui réseau sans avoir investi dans son développement ? importe réellement, qu’il s’agisse de mobiliser des compétences clés spécifiques ou de cibler des En fait, les autorités de réglementation hésitent à marchés particuliers. Il peut ainsi bénéficier intervenir de façon contraignante dans ce domaine, 21 et leur prudence est justifiée. En général, il vaut transaction, afin que la demande du client soit mieux laisser les marchés déterminer le moment et entièrement et instantanément satisfaite au guichet les tarifs interopérateurs optimaux pour créer une automatique ou dans la boutique du détaillant solution interexploitable viable, et identifier les (retrait d’espèces, reçu de dépôt, confirmation de contributions et bénéfices relatifs de chaque transfert). Du point de vue du client, la transaction participant. L’interopérabilité n’est pas synonyme de est alors perçue comme finie, même si elle a en fait « gratuité », mais, d’un autre côté, si les prix de eu lieu sur le compte d’une autre banque et que les compensation entre les acteurs sont excessifs et sont banques n’ont pas encore procédé aux répercutés sur les clients, ces derniers se compensations. détourneront de ces services, et les avantages • Compensation interbancaire. Les transactions théoriques de l’interopérabilité ne seront pas entre les comptes clients détenus auprès de effectifs. Les autorités de réglementation doivent plusieurs banques différentes doivent être surveiller de près les dynamiques compétitives dans enregistrées afin que les banques concernées le réseau de paiement, mais doivent éviter tiennent le compte des sommes qu’elles se doivent d’intervenir avec trop d’empressement ou de façon les unes aux autres. Les transactions de faible trop dogmatique. montant sont enregistrées et compensées périodiquement entre les banques. Une fonction de Il s’agit en fait de savoir gérer la « coopétition » : compensation permet également aux gros travailler en coopération avec d’autres prestataires émetteurs de factures, comme les entreprises de pour établir les bases d’un réseau interexploitable à services publics, de requérir les instructions de l’intérieur duquel chaque prestataire peut proposer paiement de leurs clients auprès de plusieurs ses services de façon compétitive à un plus grand banques. nombre de clients. • Règlement interbancaire. Les montants que les banques se doivent les unes aux autres doivent La réalisation du scénario de réseau de détaillants être réglés régulièrement (l’argent doit réellement entièrement partagé et de paiements « universels » passer d’une banque à l’autre). Ce règlement présuppose une interopérabilité à plusieurs niveaux : s’opère par un transfert d’argent entre les comptes que chaque banque possède auprès de la banque • Équipement en terminaux. Les terminaux TPE avec de compensation dont elles ont convenu. Il s’agit lesquels les clients et les commerçants effectuent généralement de la banque centrale. les transactions doivent accepter les instruments de paiement de toutes les banques participantes, sans Les banques peuvent garantir l’interopérabilité à quoi les commerçants seraient obligés d’aménager chacun de ces niveaux par des accords bilatéraux. des infrastructures spécifiques pour chaque Toutefois, il est beaucoup plus courant de faire appel banque, ce qui s’avérerait compliqué et coûteux à des institutions spécialisées pour prendre en charge pour eux et limiterait le nombre de banques chacune de ces fonctions : un dispositif de partenaires. commutation pour les opérations aux guichets • Échange de transactions. Les instructions du client automatiques / transferts de fonds électroniques / (pour un retrait d’espèces, un dépôt ou un transfert paiements par TPE ou par carte ; une chambre de de compte à compte) doivent être transférées en compensation automatisée ; et un système de temps réel entre les différentes institutions règlement brut en temps réel. Les deux premiers financières impliquées aux deux extrémités de la dispositifs appartiennent généralement à un 22 consortium de banques, et le troisième est connaissance insuffisante de l’offre des banques qui généralement la propriété de la banque centrale. Il les empêchent de changer leurs habitudes et de peut y avoir plusieurs commutateurs ou chambres de tester un nouveau système. Quelle qu’en soit la compensation automatisées en compétition, mais raison, l’offre des institutions financières formelles ceux-ci peuvent également être interconnectés pour n’est pas suffisamment attrayante pour ces clients constituer un réseau homogène du point de vue des potentiels. clients. Parfois, les clients qui ouvrent un compte d’épargne Un système interexploitable de ce type offre en pour la première fois viennent vers ce service pour principe un niveau d’efficience élevé grâce à pouvoir accéder à autre chose : obtenir un prêt de la l’agrégation des transactions, mais ces gains banque ou de l’IMF, percevoir un salaire, recevoir des d’efficience peuvent ne pas se réaliser si la transferts d’argent de parents et amis ou percevoir coopération débouche sur des décisions des prestations sociales. Le produit d’épargne est d’investissement en infrastructures sous-optimales. imposé par le prestataire plutôt que choisi par le Même lorsque les gains d’efficience sont effectifs, ils client. Ce n’est pas un problème en soi, puisque ne se traduiront pas nécessairement par une baisse l’utilisation de certains services financiers présuppose des coûts des services pour les utilisateurs finaux si l’accès préalable au réseau de paiement. Mais cela les opérateurs des infrastructures partagées, qui n’est peut-être que la toute première étape de contrôlent l’ensemble de la chaîne de traitement des l’inclusion financière. transactions, s’approprient les bénéfices. La banque à distance offre une possibilité de réduire Résumé considérablement les frais de transaction et d’étendre la couverture géographique des services Dans l’environnement bancaire traditionnel, avec ses financiers formels. Pour stimuler la demande pour ces canaux de distribution propriétaires et ses systèmes nouveaux canaux, il est essentiel de concevoir des de back-office coûteux, les coûts directs et indirects produits pertinents et attrayants. Toutefois, la répercutés sur les clients limitent considérablement réalisation de ce potentiel soulève également la pénétration des comptes courants dans la diverses questions en matière de politiques : quel est population. De nombreux individus pauvres vivant en le rôle de l’État dans le déploiement sur l’ensemble milieu rural gèrent leur vie quotidienne sans faire du territoire d’infrastructures de paiement et de appel aux services du système bancaire formel. Pour services de bancaires de détail à bas prix ? Dans cette certains, l’accès est tout simplement impossible parce entreprise, quel est l’équilibre idéal des priorités qu’aucune agence bancaire n’est implantée près de entre l’appui à l’innovation technologique et la chez eux, parce qu’ils ne possèdent pas de garantie de la stabilité du système ; entre la documents d’identité valables ou parce que les coûts stimulation de la concurrence et la recherche de des services proposés sont prohibitifs. Pour d’autres, l’interopérabilité ; entre la création de choix financiers la proposition de valeur est perçue comme trop faible pour les clients et la protection des consommateurs ? ou trop vague par rapport à leurs modes actuels de gestion de l’épargne et des paiements (épargne à la Les obstacles à l’acceptation par les consommateurs maison, placement dans des biens physiques ou du tiennent moins à une attitude envers la technologie bétail, etc.). Dans certains cas, ce sont des (peur du changement, mauvaise maîtrise des perceptions d’ordre général combinées à une interfaces, inquiétude quant à la sécurité, etc.) qu’à 23 la communication précise des avantages pour les Lyman, Tim, Pickens, Mark, et Porteous, David. 2008. clients et aux incitations financières (étude de « Réguler la banque à distance transformationnelle : rentabilité) pour les prestataires. Considérons le Comment la téléphonie mobile et d’autres million de minuscules boutiques « sari-sari » et de innovations technologiques facilitent l’accès aux revendeurs aux Philippines (sur une population totale services financiers. » Note Focus 43. Washington, de quelque 17 millions de ménages) qui utilisent les D.C. : CGAP, février. plateformes de paiement par téléphone mobile des opérateurs pour recharger le temps de Mas, Ignacio. 2008. “Being Able to Make (Small) communication de leurs clients : ils prouvent qu’un Deposits and Payments, Anywhere”. Note Focus 45. système électronique de transfert de valeur peut Washington, D.C. : CGAP, avril. devenir un marché de masse dès lors que les utilisateurs voient un réel avantage à son utilisation. Mas, Ignacio, et Siedek, Hannah. 2008. “Banking Un ménage philippin sur 17 en a même fait une through Networks of Retail Agents”. Note Focus 47. activité lucrative secondaire. Washington, D.C. : CGAP, mai. Bibliographie Mas, Ignacio, et Kumar, Kabir. 2008. “Banking on Mobiles: Why? How? For Whom?” Note Focus 48. Deshpande, Rani. 2006. « Offrir aux pauvres des Washington, D.C. : CGAP, juin. services d’épargne sûrs et accessibles dans le système financier formel ». Note Focus 37. Porteous, David. 2007. “Just how Transformational is Washington, D.C. : CGAP, septembre. M-Banking?” FinMark Trust. Disponible en ligne sur www. finmarktrust.org.za. 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Vos commentaires au CGAP sur ce document sont les bienvenus. Toutes les publications CGAP sont disponibles sur le site web www.cgap.org. CGAP 1818 H Street, NW MSN P3-300 Washington, DC 20433 USA Tél. : 202-473-9594 Fax : 202-522-3744 E-mail : cgap@worldbank.org © CGAP, 2008 Cette Note Focus a été rédigée par Ignacio Mas, conseiller auprès du Jeanette Thomas pour leurs précieux commentaires lors de la première Programme technologique du CGAP. L’auteur souhaite remercier Gautam phase de rédaction. Ivatury, Kate McKee, David Porteous, Rich Rosenberg, Hannah Siedek et Les documents du CGAP sont fréquemment cités dans d’autres travaux. Recommandation pour la citation du présent document : Mas, Ignacio. 2008. « Réaliser le potentiel de la banque à distance : Les défis à venir ». Note Focus 50. Washington, D.C. : CGAP, août.