71377 Terre, eau, et forêts : RessoRts d’un développement à l’épReuve du changement climatique en afRique Avant-propos Une route en terre sillonne la prairie au Nigéria. L’Afrique est un continent riche en ressources naturelles. Ses terres, ses eaux et ses forêts assurent la viabilité de la production vivrière et de l’élevage dont dépendent directement des millions de personnes pour leur subsistance et leur survie. La plupart des pays du continent sont tributaires de ces ressources, qui sont importantes pour la croissance économique et le développement durable. Face aux menaces grandissantes posées par la modification du climat (élévation des températures, fréquentes sécheresses et inondations, etc.), les dirigeants africains reconnaissent l’impérieuse nécessité de traiter la vulnérabilité aux chocs climatiques comme une priorité de développement. Monique Barbut Mais la menace du changement climatique en Afrique ne préoccupe pas que Directrice générale les populations. Elle revêt aussi une immense importance pour la communauté et Présidente du Fonds internationale. Incontestablement, le risque de progression de la dégradation des pour l’environnement mondial sols et de la désertification, l’intensification du déboisement, et la rareté de l’eau, menacent de précipiter le monde dans une grave crise environnementale. Les dirigeants africains comptent par conséquent sur l’engagement de la communauté internationale à aider à résoudre ces problèmes environnementaux dans le cadre d’un programme d’action plus vaste visant à favoriser un développement à l’épreuve du changement climatique sur le continent. À cet égard, le Fonds pour l’environnement mondial (FEM) est pleinement conscient que la résolution de ces problèmes aura des effets positifs sur l’environnement mondial tout en permettant aux pays africains de s’engager dans la voie d’un développement durable à l’épreuve du changement climatique. La présente publication rend compte de trois programmes soutenus par le FEM pour traduire dans les faits l’ambition des dirigeants africains de mettre en place une approche robuste et intégrée pour résoudre les problèmes environnementaux sur le continent. Ces trois initiatives menées dans le Sahel, le bassin du lac Tchad et le bassin du Congo ont pour but de définir des mesures qui, au-delà de la résolution des problèmes environnementaux émergents, changeront radicalement la trajectoire des principales ressources naturelles du continent : la terre, l’eau et les forêts. Pour ce faire, le FEM a mis à disposition des financements d’un montant total de 168 millions de dollars, et mobilisé 2,18 milliards de dollars de cofinancement auprès de sources diverses : gouvernements nationaux, et organismes d’aide bilatérale et multilatérale. Ces ressources contribueront au renforcement de la gestion des ressources naturelles et du cadre institutionnel dans les pays des trois régions concernées, afin de développer leur capacité de résistance aux chocs climatiques. Le Programme du Sahel aide les pays de la région à réaliser leur vision commune de Grande muraille verte, qui se traduit par une gestion intégrée des terres, de l’eau et de la végétation en vue de renforcer les moyens de subsistance, la capacité des écosystèmes à résister aux chocs climatiques, et la viabilité environnementale. Le Programme du bassin du lac Tchad permettra à cinq pays de la région de préserver et de protéger la deuxième plus vaste zone humide du continent africain, le lac Tchad. À cause d’une pluviométrie déclinante, ce lac a rétréci en moins de 45 ans, et ne représente actuellement qu’à peine un vingtième de sa superficie d’origine. Les investissements du FEM dans des projets de gestion durable des sols et de gestion intégrée des ressources en eau nous donnent une chance unique de préserver et de protéger les zones humides et les aquifères vitaux de ce bassin. Le programme du bassin du Congo a pour objectif de renforcer continent. La gestion intégrée des bassins lacustres et fluviaux la gouvernance et la viabilité de la deuxième plus vaste forêt qui a des effets positifs sur l’environnement et le développement, tropicale pluviale du monde, qui couvre une superficie égale la préservation des services écosystémiques (biodiversité, stocks à celle de l’Inde, et héberge et nourrit 60 millions de personnes. de carbone, etc.) dans tous les types de forêts, et des pratiques Le Bassin du Congo contient aussi une biodiversité très variée agricoles adaptées à l’évolution du climat, sont autant et des volumes importants de carbone en surface et dans le sol. d’avantages indirects attendus de ces programmes. Ce programme permettra aux nations touchées de mettre en œuvre des projets associant des populations locales, des entités Un concept fondamental sous-tend toutes les actions menées par régionales et des organisations internationales dans le cadre d’une le FEM dans le cadre de ces interventions sans précédent en Afrique : approche coordonnée de préservation des ressources forestières. la croissance économique et la salubrité de l’environnement sont en fait indissociables. Certains prétendent que face aux problèmes La nature et l’ampleur de ces trois programmes montrent que budgétaires et économiques qui interpellent tant de nations, les l’Afrique est prête à s’engager dans la voie d’un développement initiatives environnementales sont un luxe que nous ne pouvons nous à l’épreuve du changement climatique, pour un avenir permettre. Au FEM, nous sommes d’avis que par ces temps de écologiquement viable et prospère. Cela dit, elle a besoin difficultés économiques — et compte tenu du lien qui existe entre la d’investissements et d’une assistance technique supplémentaires santé économique et la salubrité de l’environnement — ces initiatives pour s’assurer que les politiques et les cadres institutionnels sont encore plus importantes. Les trois programmes cités dans appropriés sont en place pour viabiliser les actions engagées. la présente publication serviront à créer de nouvelles possibilités Le moment est donc venu pour que tous les partenaires au d’interventions plurisectorielles — dans l’agriculture et l’énergie développement unissent leurs forces pour renforcer ces notamment — pour un développement à l’abri des chocs climatiques initiatives, qui sont des modèles pour le continent tout entier. en Afrique. Nous espérons par conséquent que la communauté La réussite de ces programmes n’est pas seulement synonyme internationale s’appropriera cette démarche pour répondre à l’appel de protection des ressources naturelles. Elle se traduira aussi par à l’engagement et au partenariat lancé par les dirigeants africains la réalisation d’un développement à l’épreuve du changement pour aider à bâtir un avenir prospère et à l’épreuve du changement climatique d’une manière qui profitera à d’autres régions du climatique pour le continent et ses populations. Un filet de pêche fabriqué à l’aide de branchages à Lagos (Nigéria). 2 FONDS POUR L’ENVIRONNEMENT MONDIAL l’impératif du développement australe sont aussi très vulnérables au risque d’inondation (Figure 1b, zones en rouge). C’est sur ces zones que doit par face au changement conséquent se focaliser l’attention. climatique en afrique FIGURE 1 : A) EN HAUT : MORTALITÉ DUE À LA SÉCHERESSE EN AFRIQUE : RÉPARTITION ET RISQUES, 2000 Un tiers de la population africaine habite actuellement des B) EN BAS : ÉPISODES D’INONDATION EXTRÊMES EN AFRIQUE, zones sujettes à la sécheresse, un fléau qui frappe 250 millions 1985–2003 de personnes chaque année1. De ce fait, les problèmes de Source : En haut : (Données du CHRR, 2005) ; subsistance que rencontre déjà l’Afrique sont aggravés par la variabilité actuelle du climat, qui fragilise les possibilités de développement. La dégradation de l’environnement dans des systèmes naturels tels que le Sahel, le bassin du lac Tchad et le bassin du Congo, a d’énormes répercussions sur les générations futures. Chose inquiétante, la diminution des ressources naturelles — terre, moRtalité due à la sécheResse eau et forêts — renforce la tendance baissière de la productivité déciles de risques agricole et pastorale, qui entraîne mécaniquement l’aggravation de l’insécurité alimentaire et des risques sanitaires. 1er–4e 5e–7e 8e–10e Le changement et la variabilité climatiques en Afrique ont de profondes répercussions qui, selon les experts, menaceront de plus en plus la survie des populations dans de nombreuses régions du continent. L’onde de choc que provoquent les inondations et les sécheresses peut s’abattre sur une même zone à plusieurs reprises et à de brefs intervalles, réduisant ainsi la capacité des systèmes humains et écologiques à s’adapter2. Cela dit, ces épisodes sont très hétérogènes et n’affectent pas Risques d’inondation toutes les régions de la même manière. Il faut donc localiser avec déciles précision les zones les plus exposées pour déployer efficacement 1er–4e une action ciblée. 5e–7e 8e–10e Les analyses montrent que le risque de mortalité dû à la sécheresse est extrême sur de vastes régions, particulièrement En bas : (Données du CIESIN et de la Banque mondiale, 2003) au sud du Sahara (Figure 1a, zones en rouge). De même, certaines parties du Sahel, de l’Afrique de l’Est et de l’Afrique 1 CCNUCC, 2007 2 CCNUCC, 2007 TERRE, EAU ET FORêTS : RESSORTS D’UN DéVELOPPEMENT à L’éPREUVE DU chANgEMENT cLIMATIqUE EN AFRIqUE 3 Hormis leur impact sur la survie des populations — une La résolution de ces problèmes aura des effets positifs sur dimension fondamentale — ces facteurs de risques climatiques l’environnement mondial et permettra aux pays africains de entravent sérieusement les perspectives de développement s’engager sur la voie d’un développement durable à l’épreuve du des Africains, particulièrement dans le Sahel, le bassin du lac changement climatique. À cette fin, la présente publication définit Tchad et le bassin du Congo, où les économies nationales une feuille de route qui exploite et renforce les programmes en sont étroitement liées aux ressources naturelles. Associée à cours, et jette les bases d’un partenariat mondial pour répondre l’accroissement de la population, la surexploitation de la terre, aux attentes de prospérité économique du peuple africain. de l’eau et des forêts amplifie les menaces liées au climat et compromet les chances futures de développement. Au Burkina Faso, des élèves participent à une journée nationale de plantation d’arbres. 4 FONDS POUR L’ENVIRONNEMENT MONDIAL Des femmes kenyannes ramènent de l’eau, cette ressource précieuse, à la maison. terre, eau et forêts en de la terre en Afrique sont confrontés à une autre réalité : une grande partie de la production agricole du continent est afrique : des ressources directement tributaire des pluies, qui rend l’adaptation plus difficile. sur fond de vulnérabilité Terre au changement climatique La terre est le socle de l’agriculture. L’Afrique subsaharienne a une superficie estimée à 2,4 milliards d’hectares, dont à peine Les projections des effets du changement climatique convergent 8 % de terres arables ou consacrées à des cultures permanentes6. toutes vers ce constat : 30 % des terres africaines sont menacés Il est indispensable de préserver la productivité des terres arables de désertification et le continent tout entier risque fort d’être existantes pour répondre aux besoins de développement durement éprouvé par le déboisement et la sécheresse, mais présents et futurs, tout en gérant les risques climatiques. aussi par la raréfaction de l’eau et l’aggravation de l’insécurité La dégradation des sols et la désertification, qui touchent alimentaire. L’agriculture et l’élevage sont confrontés à des risques le continent tout entier, ont un impact considérable sur la graves, ce qui menace les moyens de subsistance de millions de productivité agricole et la sécurité alimentaire dans les régions ruraux. Il est essentiel de comprendre ces vulnérabilités tant du subsahariennes. point de vue socioéconomique qu’écologique pour promouvoir un développement à l’épreuve du climat en Afrique. Le changement climatique devrait accroître les superficies exposées à la désertification dans ces régions. Une série de Les systèmes agricoles du continent sont vulnérables à la variabilité scénarios climatiques projette un accroissement de 5 à 8 % des du climat, qu’elle soit naturelle ou anthropique, et la production terres arides et semi-arides sur le continent. En l’absence d’une agricole devrait être de plus en plus exposée aux risques3. Près de action intégrée, la dégradation des sols et la désertification 70 % de la population vit de l’agriculture, et les produits agricoles hypothéqueront les aspirations au développement de la plupart représentent 40 % de l’ensemble des exportations4, ce qui pose des pays africains. un problème majeur pour les nombreux pays dont la croissance économique est tirée par les ressources naturelles. La dégradation des sols est répandue en Afrique subsaharienne, et touche au moins 65 % de la population du continent7. Selon Dans les régions semi-arides du continent, comme le Sahel, les estimations, deux-tiers des terres africaines ont déjà subi des l’agriculture est basée sur de petits systèmes d’exploitation dégradations sous une forme ou une autre, et ce phénomène est vulnérables au climat. Selon les estimations, d’ici 2100, les pays de particulièrement marqué dans les régions tropicales humides et ces régions seront probablement les plus vulnérables, enregistrant semi-humides où près de 360 millions d’hectares de terres sont des pertes agricoles de l’ordre de 2 à 7 % du PIB5. Alors que les gravement exposés à l’érosion8. Les principaux facteurs de agriculteurs des pays développés disposent de plusieurs armes dégradation des sols sont l’érosion hydrique et éolienne, la perte (agronomie, irrigation moderne) pour résister ou s’adapter aux effets des éléments nutritifs, la dégradation chimique et la diminution de la modification du climat sur la production vivrière, les utilisateurs du carbone organique. 3 Challinor et al., 2007. 6 IAASTD 4 WRI, 1996. 7 Semazzi et al., 2001. 5 Mendelsohn et al., 2000. 8 Vagen et al., 2005. RéMUNéRATION DES SERVIcES écOSySTéMIqUES PENDANT FEM 5 6 FONDS POUR L’ENVIRONNEMENT MONDIAL Vue aérienne d’un village dans le Parc national de Niokola-Koba (Sénégal). TERRE, EAU ET FORêTS : RESSORTS D’UN DéVELOPPEMENT à L’éPREUVE DU chANgEMENT cLIMATIqUE EN AFRIqUE 7 La désertification est la forme extrême de dégradation des sols ForêTs que l’on observe dans des zones arides telles que le Sahel. Sur près de 100 pays touchés par le déboisement et la désertification Les forêts recouvrent au moins 19 % de la superficie totale de dans le monde, près de la moitié sont en Afrique, soit plus de l’Afrique subsaharienne, mais les variations sont importantes en 80 % des pays du continent. La région la plus à risque se trouve fonction du couvert végétal. Les forêts africaines sont réputées aux confins du désert, et occupe environ 5 % de la masse pour la richesse de leur biodiversité, l’Afrique de l’Ouest (forêts continentale. La désertification qui sévit à la frontière du Sahara guinéennes), l’Afrique de l’Est (montagnes du rift d’Albertin et de est une illustration alarmante de la situation critique de l’Arc oriental) et l’Afrique australe (surfaces boisées du Miombo- l’environnement de la planète. Selon les estimations, environ Mopane) comptant certains des écosystèmes les plus menacés 22 millions de personnes (2,9 % de la population totale du monde. Le bassin du Congo, en Afrique centrale, abrite le de l’Afrique) habitent cette région. plus vaste manteau forestier du continent. eau Le bassin du Congo, qui couvre près de 300 millions d’hectares, est la deuxième surface forestière du monde, après l’Amazonie. Le changement climatique se répercute sur la disponibilité Il représente une ressource de première importance pour le et l’accessibilité des ressources en eau. Dans de nombreuses développement de huit pays — Burundi, Cameroun, Gabon, parties du continent, le régime des précipitations enregistre Guinée équatoriale, République centrafricaine, République déjà de très fortes variations, avec des différences considérables démocratique du Congo, République du Congo et Rwanda. d’une année et d’une région à l’autre. Environ 60 % des terres En dépit de sa vaste superficie, seuls 37,3 millions d’hectares du continent (14,3 millions d’hectares) sur lesquelles l’eau est sont classés en aires protégées. Une grande partie de cette affectée à la production agricole (c.-à-d. des zones où existent forêt est donc très exposée à l’exploitation sauvage, souvent des aménagements hydrauliques) se trouvent en Afrique au détriment de près de 60 millions de personnes vivant des subsaharienne9. À l’échelle nationale, la part du territoire occupé ressources forestières. par ces zones varie énormément : moins de 1 % des terres cultivées en République démocratique du Congo, en Ouganda, Le déboisement, surtout à des fins énergétiques ou agricoles, au Ghana, au Togo et aux Comores, contre 100 % dans les pays contribue pour beaucoup à la vulnérabilité au changement les plus arides — comme Djibouti — où l’agriculture est climatique partout en Afrique subsaharienne. Plus de 15 millions impossible sans irrigation. Le Nigéria, l’Angola, le Soudan, d’hectares de terres tropicales sont détruites ou brûlées chaque l’Afrique du Sud et Madagascar sont les pays où se trouve année pour pratiquer l’agriculture familiale ou s’approvisionner la majeure partie des équipées d’aménagements hydrauliques en bois de feu. Au Ghana par exemple, 70 % du bois de feu et du en Afrique subsaharienne10. charbon de bois brûlés chaque année proviennent des savanes, ce qui entraîne la disparition de 20 000 hectares de terres L’intensification du stress hydrique aura un effet néfaste direct sur boisées15. En Ouganda, où 90 % de la population dépend de la la production agricole et la sécurité alimentaire en Afrique, où la terre à des fins agricoles, la forêt a reculé, passant de 45 à 21 % quasi-totalité des petits exploitants dépendent de l’agriculture de la superficie du pays entre 1890 et 200016. pluviale à faible niveau d’intrants. La majeure partie de l’Afrique subsaharienne souffre déjà d’une pénurie d’eau, au sens FIGURE 2. OBSERVATION ET MODÉLISATION DE L’ÉVOLUTION économique du terme, les populations n’ayant pas les moyens de DES PRÉCIPITATIONS : ÉVOLUTION LINÉAIRE DE 1950 À 2000. s’en procurer facilement pour satisfaire leurs besoins élémentaires11. LES ZONES EN BLEU CORRESPONDENT À UNE ÉVOLUTION VERS DES CONDITIONS PLUS HUMIDES, ET LES ZONES EN ROUGE VERS D’après les projections, le rendement des cultures pourrait DES CONDITIONS PLUS SÈCHES baisser de près de 50 % d’ici 2020 et, l’Afrique subsaharienne devrait perdre quelques 75 millions d’hectares de terres se prêtant actuellement à l’agriculture pluviale d’ici 208012. C’est par un manque d’eau — plus que de tout autre ressource — que les plus pauvres ressentiront les effets du changement climatique en Afrique. D’ici la décennie 2020, 75 à 250 millions d’Africains seront exposés à un stress hydrique accru, et ils devraient être 350 à 600 millions d’ici les années 205013. Même en l’absence de changement climatique, la dynamique actuelle de la population et des régimes d’utilisation de l’eau montre qu’un nombre accru de pays africains auront atteint les limites des ressources en eau terrestre utilisables d’un point de vue économique d’ici 202514. Les pauvres d’Afrique sont mal préparés pour faire face à cette pression croissante. (Source : Held et al., 2005) 9 Ragab et Prudhomme, 2001 10 Id. 11 Évaluation globale de la gestion de l’eau dans l’agriculture (2007) 12 GIEC ; CCNUCC, 2007 13 Arnell, 2004 15 Semazzi et Yi, 2001 14 Ashton, 2002. 16 Id. 8 FONDS POUR L’ENVIRONNEMENT MONDIAL Au Kenya, des vaches masaï traversent le lac Amboseli, qui est sec 11 mois sur 12. évolution de la vulnérabilité souvent considérée comme la principale cause de stress hydrique. Ici, les sols sont fragiles par nature, et pauvres en carbone et en dans les régions clés éléments nutritifs. La préservation de leur fertilité par des moyens organiques ou inorganiques est essentielle au développement Le climat n’évolue pas de la même façon sur tout le continent et son d’une agriculture écologiquement viable dans la région. changement n’a pas partout les mêmes effets. Le fait est que différents scénarios montrent que certaines parties du continent Le bassin du Congo sont parmi les plus vulnérables à une évolution marquée du climat. Il s’agit, entre autres, de certains systèmes pluviaux mixtes et Le bassin du Congo abrite le massif forestier le plus important systèmes arides et semi-arides du Sahel, de terrains de parcours, et d’Afrique. Ses 300 millions d’hectares de forêts fournissent une de systèmes arides et semi-arides dans certaines parties d’Afrique précieuse ressource aux États, entreprises privées et populations de l’Est17. Les systèmes côtiers d’Afrique australe et de l’Est, et les rurales. Une récente étude montre que les produits de la forêt systèmes pastoraux et certains systèmes mixtes d’Afrique australe, peuvent représenter près de 44 % du revenu annuel des sont aussi vulnérables. Les systèmes forestiers d’Afrique centrale populations rurales de cette région20. Les exportations de bois (bassin du Congo) devraient être modérément affectés par le sont une composante importante du PIB de certains pays du changement climatique, tout comme certains systèmes mixtes bassin. Malgré le déboisement, la forêt recouvre toujours la au sud du continent18. majeure partie de l’Afrique centrale et peut être un puissant moteur d’atténuation du changement climatique. La région sahéLienne FIGURE 3. MODÉLISATION DU COUVERT FORESTIER DE 1990 À 2050 Le Sahel, zone de transition entre le désert du Sahara et les forêts tropicales humides d’Afrique centrale, connaît une grave sécheresse depuis les années 5019. Si cette aridification se poursuit, elle aura d’énormes répercussions sur l’économie et l’écologie de cette région. Au 20e siècle, le Sahel a subi trois grands épisodes de sécheresse : 1910–1916, 1941–1945, et a traversé une longue période de baisse constante des précipitations (le « dessèchement ») qui a duré pendant toutes les années 70 et la majeure partie des années 80, se poursuivant avec quelques interruptions jusque dans les années 90. Déboisement (1990–2000) Déboisement (2000–2010) Au Sahel, la sécheresse en agriculture n’est pas toujours liée à une Déboisement (2010–2020) faible pluviométrie : 20 à 40 % des précipitations sont perdues par Déboisement (2020–2030) Déboisement (2030–2040) ruissellement, ce qui se traduit par une sécheresse , au sens Déboisement (2040–2050) agricole du terme, et une érosion massive du sol. De plus, la perte d’eau de pluie par ruissellement, évaporation et drainage est (Source : Justice et al., 2001) 17 Thornton et al., 2008 18 Id. 19 Held et al., 2005 20 Tieguhong, 2008 RéMUNéRATION DES SERVIcES écOSySTéMIqUES PENDANT FEM 9 Pourtant, les forêts du bassin du Congo sont largement exposées Pendant la décennie 1981–1990, le taux de déboisement dans à l’exploitation sauvage et à plusieurs risques de déboisement, les pays de la région aurait été de 0,2 % à 0,6 %. De récentes seule une petite portion étant classée en aires protégées estimations montrent que les taux de déboisement brut, (figure 3). Du fait du déboisement, elles sont donc une source de déboisement net et de dégradation nette dans le bassin du importante d’émissions de gaz à effet de serre et peuvent Congo étaient respectivement de 0,27 %, 0,19 % et 0,10 % entre contribuer à la vulnérabilité de la région au changement 1990 et 2000. Par rapport à la majeure partie des autres régions climatique. Selon les estimations, l’Afrique centrale a émis entre tropicales, ces taux sont très faibles. Mais, dans l’absolu, ils sont 0,02 et 0,41 PgC/an entre 1980 et 199021; le déboisement aurait considérables, et l’intensité du déboisement varie beaucoup progressé au rythme de 0,43 % par an, et les émissions de CO2 dans la région, les zones les plus touchées se trouvant en RDC seraient équivalentes à 0,14 PgC/an22. et au Cameroun. TABLEAU 1. SUPERFICIE FORESTIèRE (HA), VOLUME MOyEN DE CARBONE (TC/HA), VOLUME TOTAL D’ÉQUIVALENT-CO2 FIXÉ (TCO2E) ET VARIATIONS CONNEXES DES STOCkS DE CO2E (TCO2E) Variation suPerficie VoluMe Moyen VoluMe total annuelle en Variation Pays forestière de carBone de co2e (Millier % du couVert annuelle en 2000 (tc/ha) de tonnes) forestier tco2e/1000 ha (2000–2005) Burundi 151 18,3 10 139 -5,2 -527 Cameroun 33 972 101,7 12 672 873 -1 -126 729 Congo 25 313 161,4 14 984 447 -0,1 -14 984 Gabon 22 777 168,5 14 071 813 0 0 Guinée équatoriale 2 046 116,1 871 040 -0,9 -7 839 République centrafricaine 55 004 70,9 14 294 695 -0,1 -14 295 RDC 190 912 97,6 68 302 189 -0.2 -136 604 Tchad 2 152 21,5 169 491 -0,7 -1 186 Total (tous les pays ci-dessus) 332 327 — 125 376 687 — -302 164 (Source : Sonwa et al., 2011) Les gorilles sont une grande attraction écotouristique dans les pays du bassin du Congo. 21 Justice et al., 2001 22 Id. 10 FONDS POUR L’ENVIRONNEMENT MONDIAL Le bassin du LaC TChad Le lac Tchad est très sensible à la modification du régime des précipitations et du débit des rivières, en partie du fait de sa Le bassin du lac Tchad est un vaste bassin lacustre fermé situé faible profondeur (moins de 7 mètres). Ainsi, sa superficie s’est dans la partie nord de l’Afrique subsaharienne23. La pluviométrie y considérablement réduite, passant de près de 25 000 km² est en net recul depuis le début des années 60, surtout à cause de en 1963 à seulement 1 350 km² aujourd’hui24 (figure 4). Cet la diminution des épisodes de fortes pluies. Dans le même temps, assèchement a profondément modifié le mode de vie et les l’utilisation de l’eau d’irrigation a considérablement augmenté moyens d’existence des 750 000 personnes vivant dans la région. pour faire face à l’évolution du climat. Au total, la variabilité du Autant qu’on puisse prévoir, la demande d’eau devrait continuer climat et l’augmentation de la consommation des ménages ont d’augmenter dans le bassin, la population devenant de plus en profondément transformé le bilan hydrique de ce bassin. plus dépendante de l’agriculture irriguée. FIGURE 4. UN LAC QUI RÉTRÉCIT évolution dans le temps FAcTEURS NATURELS ET ANThROPIqUES AFFEcTANT LE LAc TchAD Eau Rives antérieures Végétation Ces cartes sont basées sur une série d’images satellitaires. Source : NASA Goddard Space Flight Center, 2001(http://www.gcfc.nasa.gov/gsfc/earth/environ/lakechad.html) 23 Coe et Foley, 2001 24 Id. TERRE, EAU ET FORêTS : RESSORTS D’UN DéVELOPPEMENT à L’éPREUVE DU chANgEMENT cLIMATIqUE EN AFRIqUE 11 12 FONDS POUR L’ENVIRONNEMENT MONDIAL Dépôts de sel sur les berges d’un lac, Parc national d’Etosha (Namibie). TERRE, EAU ET FORêTS : RESSORTS D’UN DéVELOPPEMENT à L’éPREUVE DU chANgEMENT cLIMATIqUE EN AFRIqUE 13 Terre, eau et forêts pierres angulaires d’un développement à l’épreuve du changement climatique en afrique PRogRAmme RÉgionAL de PRÉseRvATion eT d’uTiLisATion RegionAL PRogRAm foR LAke ChAd BAsinduRABLe des RessouRCes The ConseRvATion And susTAinABLe use of nATuRAL nATuReLLes, eT de mAÎTRise de L’ÉneRgie, dAns Le BAssin eneRgy effiCienCy ResouRCes Anddu LAC TChAd Pays : Cameroun, Niger, Nigéria, République centrafricaine et Tchad entité d’exécution du fem : Banque africaine de développement (BAD) financement du fem : 20,5 millions de dollars Cofinancement : 172,5 millions de dollars objectif du programme : Préserver les services écosystémiques dans le bassin du lac Tchad en protégeant les écosystèmes aquatiques et agro-sylvicoles et en permettant une utilisation durable des ressources dans une perspective de maîtrise de l’énergie et de sécurité alimentaire. Ce programme s’appuie sur les principaux enseignements tirés du Programme d’action stratégique conçu dans le cadre d’un projet antérieur du FEM, à savoir : 1) les activités et les sites témoins sont nécessaires ; et 2) les populations doivent être associées à la mise en œuvre des activités sur le terrain en renforçant leurs capacités au niveau local. Contribution du fem à la réalisation d’un développement à l’épreuve du changement climatique : Le programme du FEM s’ajoute à des projets d’investissement de référence axés sur la réduction de la pauvreté, la sécurité alimentaire, les infrastructures rurales et le développement durable dans le bassin du lac Tchad. Il cherche à améliorer le flux des services écosystémiques, notamment la capacité des écosystèmes à résister au changement climatique, en mettant l’accent sur la biodiversité, les sols, l’eau et les forêts. En complément, il favorise la démonstration, le déploiement et le transfert de technologies innovantes à faible intensité de carbone dans des secteurs clés (agriculture, pêche, mise en valeur de l’eau), ainsi que l’adoption de techniques d’adaptation. Il améliorera la capacité des populations du bassin du lac Tchad à résister et à s’adapter aux aléas du climat. Résultats du programme : • Efficacité accrue de modes et de systèmes d’utilisation des ressources naturelles et de l’énergie • Viabilité et résilience des paysages de production • Capacités et connaissances renforcées en vue d’une gestion intégrée des ressources en eau et d’une utilisation efficace de la ressource • Gestion renforcée de l’eau et des écosystèmes et meilleure collaboration des riverains. 14 FONDS POUR L’ENVIRONNEMENT MONDIAL PRogRAmme sAhÉLo-ouesT-AfRiCAin à L’APPui PRogRAmme sTRATÉgique du fem PouR LA gesTion de L’iniTiATive « gRAnde muRAiLLe veRTe » duRABLe des foRêTs du BAssin du Congo (fem/BAnque mondiALe) Pays : Bénin, Burkina Faso, Éthiopie, Ghana, Mali, Mauritanie, Pays : Cameroun, République centrafricaine, République du Congo, Niger, Nigéria, Sénégal, Soudan, Tchad et Togo République démocratique du Congo, Guinée équatoriale, Gabon financement du fem : 100,7 millions de dollars, dont entité du fem : Banque mondiale 81,3 millions de dollars (Caisse du FEM) ; 14,8 millions de dollars financement du programme par le fem : 48 millions de dollars (Fonds pour les pays les moins avancés) ; et 4,6 millions de dollars (Fonds spécial pour les changements climatiques). Cofinancement : 218 millions de dollars Cofinancement : 1,8 milliard de dollars objectif du programme : Inverser le rythme actuel de entité d’exécution du fem : Banque mondiale déboisement et de dégradation des écosystèmes, maintenir leur fonctionnement, et préserver les valeurs écosystémiques telles objectif du Programme : Promouvoir la gestion durable des sols que la biodiversité et le capital en carbone du bassin du Congo et de l’eau dans des paysages ciblés et des zones vulnérables aux au profit des communautés locales et des populations autochtones aléas climatiques dans des pays d’Afrique de l’Ouest et du Sahel. qui dépendent des ressources forestières pour leur subsistance. Il traduit l’ambition des pays d’appliquer une gestion intégrée des ressources naturelles pour favoriser un développement durable Contribution du fem à un modèle de développement pouvant et à l’épreuve du climat dans le Sahel et la région ouest-africaine s’adapter au changement climatique : Ce programmeappuie la au sens large. Les secteurs d’intervention sont l’agriculture, mise en place d’un régime d’incitations financières pour protéger les la préservation de la biodiversité, l’atténuation du changement forêts à cause de leur valeur en carbone. L’élaboration d’une méthode climatique, l’adaptation au changement climatique, la gestion fiable de suivi des flux de carbone à partir de l’utilisation des terres, durable des forêts, le renforcement de la sécurité alimentaire, du changement d’affectation des terres et de la foresterie (UTCATF) la gestion des risques de catastrophe, le développement étant une condition pour accéder au marché carbone, le programme rural, la lutte contre l’érosion et/ou la gestion des bassins appuiera cet effort et financera le renforcement des capacités des hydrographiques. pays à appliquer cette méthodologie de façon uniforme dans tous les pays du bassin du Congo. Ce programme renforcera tout le réseau Contribution du fem à la promotion d’un développement d’aires terrestres protégées dans les différents pays, et financera la à l’épreuve du changement climatique : Le Programme prise en compte systématique de la préservation de la biodiversité portera à 2 millions d’hectares la superficie des terres en mode dans les politiques forestières nationales et les cadres réglementaires de gestion durable des sols et de l’eau. Le surcoût financé sectoriels y relatifs, notamment l’harmonisation de ces cadres dans par le FEM encouragera aussi l’aménagement du territoire à toute la sous-région. Il contribuera à protéger un énorme puits de grande échelle, pour les bassins hydrographiques, ou à plus carbone d’une valeur comprise entre 24 et 39 gigatonnes, touchant petite échelle, par des interventions de proximité, améliorera ainsi le régime climatique régional et local, et garantissant le cycle le couvert végétal et le passage aux énergies renouvelables, de l’eau, un élément vital pour une grande partie de l’Afrique. et renforcera la capacité d’adaptation et de résistance aux risques liés à la variabilité du climat. Cette approche intégrée permettra Résultats du programme : aux populations d’adapter leurs systèmes de production à la • Les pays d’Afrique centrale et la société civile appliquent variabilité et à la modification du climat, de générer des revenus efficacement le plan de convergence, la COMIFAC servant de et de créer des moyens de subsistance. L’amélioration de la base mécanisme régional de coordination de la gestion durable des de connaissances permettra aussi de renforcer les réseaux de forêts dans toute la région. surveillance du climat et de l’eau pour continuer à contribuer • Viabilité à long terme d’un système représentatif et bien géré à l’élaboration des politiques publiques. d’aires protégées dans le bassin du Congo. • Disponibilité de ressources financières pour préserver la biodiversité dans le bassin du Congo au moyen de Résultats du programme : mécanismes de financement pérennes tels que la rémunération • Politiques, institutions et financements pour la transposition à des services écologiques, les fonds fiduciaires, les partenariats plus grande échelle de la gestion durable des sols et de l’eau, et public-privé, etc. meilleures mesures d’adaptation aux niveaux national et régional • Amélioration de la capacité des gouvernements d’Afrique • Connaissances sur la gestion durable des sols et de l’eau, centrale à mobiliser des investissements pour la gestion et autres mesures d’adaptation, dévelopées et diffusées dans durable des forêts et des écosystèmes dulcicoles auprès du les pays secteur privé, des institutions financières et de la communauté • Meilleure préservation des services écosystémiques fournis des bailleurs de fonds. par une mosaïque de paysages dans des domaines ciblés : • Renforcement de la capacité de tous les acteurs concernés, moyens de subsistance, ressources génétiques, santé des sols en particulier dans le domaine des aires protégées et des zones et ressources en eau tampons, à gérer efficacement les forêts et les écosystèmes • Prise en compte de la protection de la biodiversité dans dulcicoles et à préserver la biodiversité. la gestion paysagère • Adoption de pratiques de référence dans le commerce des • Rémunération des services écosystémiques pour inciter produits qui affectent les modes d’exploitation des terres, à appliquer une gestion durable des sols et de l’eau afin de réduire l’impact sur les écosystèmes forestiers. • Développement des activités d’écotourisme de proximité • Renforcement des capacités nationales d’évaluation des stocks • Capacités d’adaptation aux risques réels ou potentiels de carbone disponibles dans les forêts et de suivi des émissions de changement climatique renforcées des GES émanant de l’utilisation des terres et du changement d’affectation des terres. • Application et partage de modèles REDD fiables avec la communauté internationale. • Adoption de mesures d’adaptation pour mieux gérer les effets du changement climatique • Reconnaissance et promotion des droits des communautés et populations locales par le biais de systèmes de gestion à base communautaire des ressources naturelles. TERRE, EAU ET FORêTS : RESSORTS D’UN DéVELOPPEMENT à L’éPREUVE DU chANgEMENT cLIMATIqUE EN AFRIqUE 15 De l’eau potable dans un village béninois. vers un développement développement des impacts du changement climatique. Depuis 2006, le FEM joue un rôle de catalyseur de ces partenariats à l’abri du changement stratégiques pour les pays du Sahel, du bassin du lac Tchad et du bassin du Congo afin de transformer profondément la situation climatique en afrique — par une gestion intégrée des terres, de l’eau et des forêts, atouts permettant de résister au changement climatique et d’assurer un le rôle de catalyseur développement durable. dévolu au fonds pour invesTir dans La gesTion l’environnement mondial des ressourCes naTureLLes eT La CapaCiTé de résisTanCe Le double défi de la dégradation de l’environnement et du changement climatique auquel fait face l’Afrique nécessite des Dans tous les pays du Sahel, il existe des exemples qui montrent actions urgentes et intégrées. Des mesures vigoureuses pour comment des innovations conçues à la base et des actions renforcer le potentiel de résistance des systèmes humains et gouvernementales visant à améliorer la production agricole, naturels sont cruciales pour assurer le développement de l’Afrique la gestion du cheptel, la protection de la biodiversité et la face au changement climatique. Le Fonds pour l’environnement gestion durable des forêts peuvent être réalisées avec des effets mondial (FEM) répond à cet appel à l’action et à la détermination positifs sur l’environnement mondial et le développement. des dirigeants africains à prendre des mesures qui permettront Transposer ces exemples à plus grande échelle est possible non seulement de faire face à ces défis émergents, mais aussi de car tous les pays sahéliens ont explicitement exprimé le souhait modifier de façon radicale la trajectoire des principales ressources de mettre en œuvre des initiatives intégrées pour préserver naturelles du continent — terres, eau et forêts. l’environnement et assurer le développement. Cet intérêt est au cœur de l’Initiative sahélo-saharienne de la Grande muraille verte, une vision courageuse des dirigeants africains pour lutter Pour appuyer cet objectif, le FEM a lancé trois initiatives d’envergure contre la désertification et promouvoir le développement dans qui mettent l’accent sur des régions prioritaires en Afrique. Il s’agit le Sahel et dans les confins sud du désert du Sahara25. des initiatives suivantes : Grande muraille verte, Forêts et lutte contre le changement climatique dans le bassin du Congo et Programme régional du bassin du Lac Tchad. Bien financés et 25 La GMV a été conçue au départ par l’ancien président de la regroupant plusieurs institutions, ces programmes aideront les pays république fédérale du Nigéria, M. Olusegun Obasanjo, qui l’a africains à renforcer leurs systèmes naturels et cadre institutionnel proposée à la Conférence des leaders et chefs d’État de la communauté des États sahélo-sahariens (CENSAD) en juin 2005 pour mieux résister aux effets du changement climatique. et lors du cinquième Sommet ordinaire de l’Union africaine (juin 2005). Après la présentation et les débats autour du cadre d’analyse pendant le Sommet sur la sécurité alimentaire à Abuja Grâce à des partenariats stratégiques associant des gouvernements en décembre 2006, les pays présents ont adopté une déclaration, nationaux, des organismes de développement et des bailleurs et une décision a été prise qui exhortait la Commission de l’Union de fonds multilatéraux, tous les pays concernés de ces régions africaine à faciliter la mise en œuvre de cette initiative. Un plan d’action a ensuite été élaboré et adopté lors d’un Sommet de peuvent tirer parti des réalisations des récentes décennies tout l’Union africaine en janvier 2009, ce qui a permis aux pays de lancer en mobilisant de nouvelles opportunités pour protéger le les activités pour réaliser cette vision. 16 FONDS POUR L’ENVIRONNEMENT MONDIAL En travaillant ensemble dans le cadre de cette vision commune, les ressources du FEM appuieront les activités dites UTCATF, les pays se positionnent dans la voie d’un développement qui ou utilisation des terres, changement d’affectation des terres renforcera la résistance de l’écosystème du Sahel et des moyens et foresterie26. Les activités UTCATF visent la réduction des de subsistance des populations à la variabilité et au changement émissions dues aux forêts et la promotion de la protection des climatiques. Cette démarche s’inscrit dans le droit fil du principe forêts, le boisement et le reboisement, et la gestion durable de gestion intégrée des écosystèmes qui permet aux pays de des forêts. En finançant les technologies à faible intensité de tirer parti des synergies des programmes environnementaux en carbone, les ressources du FEM permettront aux pays d’adopter regroupant les investissements dans les domaines relatifs aux un modèle de développement à faible intensité de carbone, sols, forêts, ressources en eau et changement climatique pour notamment par l’utilisation accrue des sources d’énergie assurer la viabilité à long terme. domestique renouvelable en remplacement des approches traditionnelles. En investissant dans la gestion des ressources naturelles, les pays trouveront des solutions adaptées aux menaces que constituent gestion durable des forêts : Le FEM plaide pour une approche la dégradation des sols et des terres, la désertification, le paysagère qui repose sur des principes écosystémiques et déboisement, la raréfaction de l’eau et la perte de la biodiversité. la connectivité entre les écosystèmes. Par conséquent, les Faire face à ces enjeux biophysiques permettra d’assurer investissements du FEM dans le cadre des programmes du Sahel la viabilité des ressources naturelles, fondements d’un et du bassin du Congo s’appuient sur l’approche largement développement à l’épreuve du climat. acceptée de la régénération des paysages forestiers. Un élément clé de cette approche consiste à s’assurer que les objectifs amélioration de la productivité des sols : Le FEM investit liés aux moyens de subsistance au niveau local fassent partie dans la gestion durable des sols (GDS) et la considère comme de la planification de la gestion des écosystèmes forestiers. un moyen de stopper et d’inverser la dégradation des sols, En finançant une approche intégrée de gestion des écosystèmes en particulier la désertification et le déboisement. La GDS est forestiers, le FEM essaye de produire des effets positifs tant pour une opportunité inestimable pour les pays sahéliens et ceux l’environnement régional que mondial. Il s’agit de la préservation du bassin du lac Tchad d’améliorer les services écosystémiques et de l’utilisation durable de la biodiversité, de l’atténuation du dans les systèmes de production. Parce que plus de 70 % des changement climatique et des mesures d’adaptation ainsi que populations de ces pays dépendent de l’agriculture, l’élevage et de la lutte contre la dégradation des sols. Le financement du de l’agroforesterie, cet investissement se traduira en avantages FEM permettra aux pays d’investir dans les pratiques favorisant directs pour la sécurité alimentaire et les moyens de subsistance. la réduction de la pression sur les ressources forestières et la La fragilité des paysages de production et la complexité des génération de flux continus de services écosystémiques. systèmes socio-écologiques des écosystèmes sahéliens font de la GDS un pilier incontournable de l’appui du FEM à l’Initiative préserver Les ressourCes en eau sahélo-saharienne de la Grande muraille verte et au bassin du lac Tchad. L’expérience de la gestion du bassin du lac Tchad dénote la volonté des pays de mettre en œuvre l’Initiative Grande muraille préservation de la biodiversité : Le financement des activités verte qui couvre plusieurs bassins et aquifères transfrontaliers de préservation de la biodiversité par le FEM représente une importants. Puisqu’une baisse des précipitations est prévue, opportunité pour les pays d’améliorer la fonction écosystémique l’avenir se caractérisera probablement par une diminution et de diversifier les moyens de subsistance à plusieurs niveaux. plutôt qu’une augmentation des ressources en eau communes. Les pays du Sahel, du bassin du lac Tchad et du bassin du Congo Partenaire stratégique des pays du bassin du lac Tchad, le FEM peuvent tirer parti des ressources du FEM pour renforcer les est résolu à appuyer des actions conjointes concernant la gestion systèmes d’aires protégées, prendre systématiquement en intégrée des ressources en eau et l’utilisation et la protection des compte la biodiversité dans les zones d’activité économique eaux souterraines. et assurer une exploitation durable de la biodiversité. Ces investissements permettront aux pays de mieux préserver la L’approche du FEM dans la gestion des ressources en eau prend biodiversité dans les secteurs de production, notamment en en compte, et ce de façon explicite, la variabilité du climat. La réduisant la pression sur les écologies fragiles. Les ressources du gestion de la sécheresse et l’utilisation rationnelle de l’eau seront FEM amélioreront la viabilité des aires protégées par l’extension cruciales pour favoriser le développement durable dans cette ou la réhabilitation de celles qui existent déjà, la mise en place région et assurer l’accès à l’eau aux communautés locales et aux de corridors biologiques, l’appui à la gestion des aires protégées espèces végétales et animales. Pour le lac Tchad en particulier, et la création de liens forts entre les secteurs économiques et les les zones humides et les sources d’eaux souterraines qui les aires protégées. alimentent sont vitales. Les ressources du FEM permettront d’avoir des effets positifs sur la préservation et l’utilisation atténuation du changement climatique : Le financement des rationnelle des zones humides dans le cadre des politiques activités d’atténuation du changement climatique par le FEM nationales et du plan d’action stratégique du lac Tchad. a pour objectif d’appuyer les pays en développement et les économies en transition vers un modèle de développement à 26 utilisation des terres, changement d’affectation des terres et faible intensité de carbone. Les émissions dues au déboisement foresterie (UTCATF) est défini par le Secrétariat de la Convention et à la dégradation des forêts constituent un impact négatif des Nations Unies sur les changements climatiques comme « un inventaire des gaz à effet de serre qui couvre les émissions et les important des modes peu rationnels d’utilisation des sols. absorptions anthropiques des gaz à effet de serre, les activités Dans le Sahel où cet impact est particulièrement marqué, liées au changement d’affectation des sols et la foresterie ». TERRE, EAU ET FORêTS : RESSORTS D’UN DéVELOPPEMENT à L’éPREUVE DU chANgEMENT cLIMATIqUE EN AFRIqUE 17 renForCer L’adapTaTion au ChangemenT CLimaTique La stratégie d’adaptation au changement climatique du FEM vise trois objectifs principaux : i) réduire la vulnérabilité au changement climatique, ii) améliorer la capacité d’adaptation pour faire face aux effets du changement climatique dont la variabilité du climat, et iii) promouvoir le transfert et l’adoption des technologies d’adaptation. Le FEM administre deux fonds indépendants, établis dans le cadre de la Convention-cadre des Nations Unies sur les changements climatiques (CCNUCC), et axés sur les mesures d’adaptation : le Fonds pour les pays les moins avancés (Fonds pour les PMA) et le Fonds spécial pour les changements climatiques (Fonds spécial). Le Fonds pour les PMA a pour objectif de répondre aux besoins particuliers des pays les moins avancés (PMA) dans le cadre de la CCNUCC. L’adaptation est, de l’avis général, la question la plus pertinente et ce fonds est spécialement conçu pour appuyer les projets relatifs aux besoins urgents et immédiats d’adaptation des PMA. Ces besoins sont recensés et inscrits par ordre de priorité dans le Programme d’action national pour l’adaptation au changement climatique (PANA), en mettant l’accent sur la réduction de la vulnérabilité au changement climatique des secteurs et ressources essentiels au développement humain et national, tels que, l’eau, l’agriculture et la sécurité alimentaire, la santé, la prévention et la gestion des catastrophes, et les infrastructures. Le Fonds spécial est conçu pour financer les activités, mesures et programmes relatifs au changement climatique et complémentaires aux interventions financées par le FEM dans le cadre du domaine d’intervention « changement climatique », précisément dans les domaines suivants : a) adaptation au changement climatique ; b) transfert de technologies ; c) quelques secteurs particuliers notamment l’énergie, le transport, l’industrie, l’agriculture, la foresterie et la gestion des déchets ; et d) la diversification économique. Il est clair que les pays du Sahel et du bassin du lac Tchad sont bien placés pour tirer parti des ressources du Fonds pour les PMA et du Fonds spécial afin de répondre aux besoins urgents et immédiats en matière d’adaptation tels que répertoriés par les PANA et selon les directives reçues de la Conférence des Parties de la CCNUCC. Le financement du FEM dans le cadre de ces deux fonds permettra aux pays participants de réduire la vulnérabilité et accroître la capacité d’adaptation aux effets actuels et potentiels de la variabilité du climat. Les ressources du Fonds pour les PMA et du Fonds spécial peuvent également aider les pays à résister au changement climatique en promouvant des mesures d’adaptation à court et long terme dans le cadre de leur développement. Entre autres exemples de mesures visant à réduire la vulnérabilité, on peut citer : a) les services ayant trait au savoir et qui visent à améliorer la circulation de l’information pour une meilleure planification et identification des effets du climat sur l’agriculture et les forêts ; b) les mesures visant à intégrer les questions d’adaptation dans les politiques agricoles et forestières ; et c) les investissements techniques en vue de réduire les vulnérabilités dans les secteurs concernés. 18 FONDS POUR L’ENVIRONNEMENT MONDIAL Un barrage « vert », Hassi Bahbah (Algérie). Eau tirée d’un puits près de Juba (Soudan du Sud). développement à l’abri Ces bienfaits sont les suivants : gestion durable des sols, de l’eau et des ressources végétales sur les terres agricoles, les terrains du changement climatique de parcours et les paysages forestiers ; protection des espèces menacées ; prévention et lutte contre l’érosion et la en afrique désertification ; et potentiel de séquestration de millions de tonnes de carbone par an. Sur le long terme, ces bienfaits permettront d’accroître la résistance des écosystèmes de À quoi ressemblerait un modèle de développement capable la région et des moyens de subsistance des populations de s’adapter au changement climatique en Afrique ? À cause au changement et à la variabilité climatiques. de l’importance vitale des terres, de l’eau et des forêts comme atouts de développement, une approche stratégique d’investissement dans ces domaines, notamment dans le contexte réduCTion de La pauvreTé de l’adaptation au changement climatique, est essentielle pour les eT diversiFiCaTion des moyens moyens de subsistance de millions de personnes sur le continent. de subsisTanCe Investir dans cette approche nécessite que l’on mette l’accent sur la fourniture de services écosystémiques par la promotion de Les trois programmes ainsi présentés offrent l’occasion pratiques durables qui favorisent la résistance au changement d’améliorer les moyens de subsistance et de procurer des climatique au niveau local et régional tout en produisant des effets bienfaits concrets aux utilisateurs des terres les plus défavorisés, positifs sur l’environnement mondial. notamment les petits paysans et éleveurs, les communautés forestières autochtones et les communautés de pêcheurs. En ce qui concerne les terres et l’eau, il s’agit des pratiques L’implication directe de ces communautés de base est un facteur suivantes de conservation des sols et de l’eau : brise-vent, clé en vertu duquel ces trois programmes ambitieux participeront arbres à usages multiples sur les terres agricoles, petits systèmes de la résistance au changement climatique et de la production d’irrigation et collecte d’eau. Ces pratiques peuvent être des effets positifs sur l’environnement mondial. complétées par les approches complémentaires suivantes : gestion des grands bassins hydrographiques ou planification à Par exemple, l’application des pratiques de gestion durable petite échelle de l’occupation des sols de la communauté pour des sols et de l’eau dans le Sahel et le bassin du lac Tchad peut régler le problème de l’accès au bois de chauffage et des contribuer à augmenter la productivité, la fertilité des sols et déplacements du bétail, l’instauration et la gestion de couloirs la disponibilité de fourrage pour le bétail, et à réduire le temps biologiques et le développement de l’écotourisme. consacré par les femmes à la collecte de bois. Les communautés locales profiteront de l’augmentation de la production et de viabiLiTé des ressourCes naTureLLes l’accès aux produits forestiers, notamment le bois de chauffage, le bois de construction et les produits ligneux et non ligneux tels Comme mentionné plus haut, l’Initiative sahélo-saharienne de que la gomme, les résines, les racines, les feuilles, les écorces, les la Grande muraille verte offre un environnement et un modèle fruits et la pharmacopée. Par ailleurs, l’application des pratiques de développement intégrés au Sahel que tous les dirigeants de gestion durable des sols et de l’eau permettront aux paysans des pays concernés sont déterminés à réaliser. Par conséquent, et aux communautés de s’adapter et de mieux se mettre à l’abri le partenariat du FEM avec ces pays procurera des bienfaits du changement climatique en favorisant l’accroissement de la à l’environnement mondial tout en réalisant les aspirations production alimentaire, en renforçant la sécurité alimentaire et en de développement durable de toute la région sahélienne. facilitant la régénération des ressources naturelles productives. TERRE, EAU ET FORêTS : RESSORTS D’UN DéVELOPPEMENT à L’éPREUVE DU chANgEMENT cLIMATIqUE EN AFRIqUE 19 séCuriTé éCoLogique déveLoppemenT des enTreprises Au-delà des petits paysans, la gestion durable des ressources Les autres opportunités de développement de la région, naturelles peut créer de nouvelles sources d’emploi et des à savoir, l’écotourisme communautaire, les nouveaux moyens revenus stables pour les communautés locales, notamment les de subsistance et la rémunération des services écosystémiques milliers de jeunes de plus en plus tentés par l’émigration. Sur peuvent offrir de nouvelles sources de revenus durables aux le long terme, un tel investissement aidera également à réduire communautés locales. Pour tirer parti de ces options, certaines le risque de conflit écologique et contribuera à améliorer la conditions doivent être réunies pour promouvoir l’autonomisation, sécurité globale au Sahel. Associer les communautés locales l’égalité (notamment la parité hommes-femmes) et les droits aux activités sur le terrain peut aider à consolider le capital de ces communautés. Pour y parvenir, ces programmes s’aideront social dans la région et apporter la preuve que la gestion d’outils et mécanismes pour autonomiser des communautés durable des ressources naturelles représente une stratégie handicappées par des taux élevés d’anaphabétisme (souvent viable d’amélioration des moyens de subsistance. Le capital plus élevés chez les femmes). La réussite de ces opérations passe social peut être renforcé par la participation des organisations par l’instauration de mesures incitatives pour l’application des à la base, des associations locales et traditionnelles ainsi que pratiques de gestion durable des terres, de l’eau et des forêts. des organisations non gouvernementales spécialisées dans ces Les différents besoins et intérêts des femmes et des hommes domaines d’intervention. sont pris en compte, ainsi que la nécessité d’assurer des avantages économiques et sociaux à court et long terme à tous ConneCTiviTé des éCosysTèmes les groupes concernés. Pour ces trois programmes, l’approche régionale permettra avanTages Liés à L’adapaTaTion aux pays de s’attaquer aux processus écosystémiques qui au ChangemenT CLimaTique transcendent les frontières. Par exemple, toute la région sahélienne est reliée aux frontières par les migrations, Toute la zone géographique couverte par l’Initiative sahélo- la transhumance et le changement d’affectation des terres. saharienne de la Grande muraille verte et le bassin du Lac Tchad, Parallèlement, les écosystèmes abritent de vastes étendues composée essentiellement d’écosystèmes arides, est confrontée d’habitats naturels tels que les parcs, les zones humides et les à plusieurs problèmes liés au changement et à la variabilité forêts galeries. Certains ont été formellement désignés comme climatiques. Pour tout investissement majeur dans la région, aires protégées pour préserver la biodiversité naturelle il est essentiel d’accroître la capacité d’adaptation, de renforcer ou permettre la gestion des ressources naturelles par la la résistance au changement climatique et de réduire la communauté. Ces initiatives autour du Sahel et du bassin du lac vulnérabilité. Les principales vulnérabilités au climat sont celles Tchad offrent l’occasion de renforcer la gestion de ces secteurs susceptibles de nuire le plus gravement aux économies des en tant que zones d’activité économique pour répondre aux pays et à la stabilité des agroécosystèmes vitaux. Les avantages besoins de subsistance des communautés. De la même manière, potentiels relatifs à l’adaptation au Sahel comprennent la la gestion des forêts du bassin du Congo favorisera la viabilité protection des moyens de subsistance contre les effets du des services écosystémiques par une connectivité accrue entre changement climatique sur les ressources en eau et les terres, les frontières nationales. Grâce à ces programmes, il est possible et le recours à davantage de solutions évolutives pour faire face de protéger de vastes étendues de forêts et partant, des stocks à la raréfaction de l’eau au moyen de l’irrigation et de techniques importants de carbone. En outre, le potentiel de connectivité de conservation de l’eau. Ces avantages peuvent être préservés entre les différentes composantes des zones d’activité en prenant systématiquement en compte la problématique économique aidera les pays à renforcer la capacité de résistance du changement climatique dans les plans et politiques et la viabilité des écosystèmes. Par conséquent, la protection des d’investissement sectoriels relatifs à la gestion de l’eau et principales espèces menacées de disparition sera renforcée. des terres, en affinant la compréhension des implications du changement climatique dans les différents secteurs et en améliorant la diffusion des connaissances et la sensibilisation, tant sur les causes et les effets du changement climatique que sur les propositions de mesures d’atténuation/adaptation au changement climatique. Il s’en suit que les pays du Sahel pourront renforcer leurs capacités techniques d’application des mesures d’adaptation et leur capacité de gestion des risques de catastrophes face au changement climatique. 20 FONDS POUR L’ENVIRONNEMENT MONDIAL La Namibie encourage la préservation de plantes et d’arbres indigènes. perspectives les services écosystémiques dans tous les types de forêts et promouvoir une agriculture adaptée à la modification du climat. Les trois projets majeurs exposés dans la présente brochure sont la preuve que l’Afrique est prête à s’engager dans la voie d’un déveLoppemenT inTégré des développement, non pas à la merci, mais à l’épreuve du climat, bassins des LaCs eT des FLeuves pour un avenir durable et prospère. Il est temps pour tous les Les investissements dans le bassin du lac Tchad indiqueront, partenaires du développement de réunir leurs forces pour sur une plus grande échelle, la manière dont les politiques renforcer davantage ces initiatives et en faire des modèles pour appropriées devront être élaborées en vue d’une gestion intégrée le continent tout entier. Le financement total par le FEM de des réseaux hydrographiques transfrontaliers face aux effets 168 millions de dollars et un cofinancement de 2,18 milliards du changement climatique. Les enseignements que l’on en tire de dollars consacrés aux programmes mis en lumière dans la peuvent être appliqués à la mise en service des technologies présente publication sont un signal fort que la communauté les plus efficaces à faible intensité de carbone pour appuyer des bailleurs de fonds envoie pour marquer sa disponibilité l’industrie piscicole et la production agricole. Il s’agit d’un meilleur à accomplir sa part de travail. L’assistance technique et des accès aux technologies d’énergie renouvelable telles que l’énergie investissements supplémentaires sont encore nécessaires pour solaire, les petites centrales hydroélectriques, la biomasse pour assurer l’instauration de politiques et cadres institutionnels un pompage efficace de l’eau, le traitement de l’énergie et les propices à la viabilité à long terme. installations de stockage. Cela encouragera par conséquent les pays à se lancer dans l’effort de transfert de technologies avec La collaboration interétatique joue un rôle important dans la pour objectif de mieux résister au changement climatique. diffusion des pratiques de référence et des expériences. Les institutions régionales existantes peuvent servir de plateformes La gestion durable des bassins des lacs et des fleuves joue d’échanges de connaissances et d’enseignements tirés également un rôle crucial dans la préservation des ressources en d’expériences passées ; de la phase d’élaboration à l’application eau par la lutte contre la dégradation des ressources naturelles d’interventions spécifiques. Ceci renforcera l’impact au niveau dans les systèmes de production — terres arables, terrains de régional et augmentera les possibilités de transposition entre parcours et paysages forestiers. Que ce soit dans la région du lac pays et à l’intérieur de ceux-ci. Parallèlement, cette démarche Tchad confrontée à la diminution de ses ressources en eau, la zone permettra d’améliorer le suivi et la base de comparaison des sahélienne exposée à de graves sécheresses ou dans le bassin du indicateurs et procédures clés, grâce à un système de gestion Congo avec son énorme stock de carbone, la gestion durable des évolutive susceptible de servir de base à la prise de décisions terres, de l’eau et des forêts permet aux pays de tirer parti de d’investissement à long terme fondées sur l’observation. services écosystémiques pour améliorer les moyens de subsistance des populations tout en procurant des effets positifs à En plus des résultats spécifiques à atteindre, ces programmes l’environnement mondial. Les avantages d’envergure mondiale de permettront de créer de nouvelles opportunités pour un cette approche, tels que la réduction de la pression sur les habitats développement capable de s’adapter au changement climatique naturels, la préservation de l’agrobiodiversité, la diversification en Afrique et touchant plusieurs secteurs, notamment l’agriculture des zones de production, la protection des stocks de carbone et et l’énergie. Ceci est particulièrement pertinent pour faire face aux la fourniture continue des services écosystémiques sont, en fin problèmes de développement intégré des bassins des lacs et des de compte, les marques de fabrique d’un développement capable fleuves en vue d’en tirer des avantages multiples, préserver de s’adapter au changement climatique. TERRE, EAU ET FORêTS : RESSORTS D’UN DéVELOPPEMENT à L’éPREUVE DU chANgEMENT cLIMATIqUE EN AFRIqUE 21 préservaTion des serviCes agriCuLTure adapTée éCosysTémiques des ForêTs aFriCaines à La modiFiCaTion du CLimaT L’appui du FEM aux forêts du bassin du Congo vise à promouvoir Les pays africains sont enfin prêts à répondre à l’appel à une une meilleure synergie avec les autres activités en cours dans les agriculture adaptée à la modification du climat qui les aidera à pays afin d’avoir des effets positifs sur l’environnement mondial se positionner plus efficacement dans une « économie verte » en termes de préservation de la biodiversité, réduction des risques mondiale27. Il est donc clair que les programmes en faveur liés au changement climatique, prévention de la dégradation du Sahel, des bassins du lac Tchad et du Congo illustrent le des sols et protection des eaux internationales. Au niveau local, partenariat et le niveau d’investissement nécessaires pour ce programme permettra de garantir des moyens de subsistance atteindre le triple objectif de la productivité accrue, du à des millions de personnes tributaires de l’utilisation des produits renforcement de la résistance au changement climatique et de ligneux et non ligneux et aussi l’application de mesures l’atténuation des émissions de gaz à effet de serre. Les pays d’adaptation au changement climatique. africains ont démontré par ces programmes qu’ils sont capables de s’unir autour d’un objectif commun, celui de la viabilité La valorisation de l’expérience de collaboration entre les pays écologique et de la prospérité économique. La priorité pour gérer de façon durable ces énormes ressources naturelles à accordée aux terres, à l’eau et aux forêts est particulièrement des fins économiques, sociales et écologiques, est vitale pour un cruciale, vu l’importance capitale de ces ressources naturelles modèle de développement aspirant à s’adapter au changement sur le continent. climatique. Elle sera inestimable pour les autres forêts du continent pour lesquelles une telle approche participative est Partout en Afrique subsaharienne, la terre est l’espace sur lequel essentielle. Ces pays bénéficieront de l’appui voulu pour obtenir la bataille pour s’adapter au changement climatique sera la rémunération des services écosystémiques, notamment l’accès remportée ou perdue par les plus pauvres. Cette réalité renforce au marché carbone pour se procurer des financements à long l’importance de la gestion durable des sols sur le continent, terme destinés à la gestion durable des forêts. En procédant à un fondement du développement agricole et de la sécurité inventaire des écosystèmes forestiers et de leurs statuts, les pays alimentaire pour presque tous les pays. Dans le même temps, seront mieux à même de gérer leurs ressources plus efficacement, les pratiques qui intègrent la gestion de l’eau, des terres, de la grâce notamment au suivi et à une gestion plus volontariste biodiversité et de l’environnement dans les paysages agricoles, des exportations. Les zones traditionnellement occupées par les produiront à terme des effets positifs pour la société en termes autochtones seront reconnues comme telles et préservées pour « d’adaptation » et « d’atténuation », notamment la réduction leur valeur culturelle et sociétale. des émissions et la séquestration des gaz à effet de serre. Ainsi, investir dans une agriculture adaptée à la modification du climat À terme, ces interventions susciteront de l’intérêt et ouvriront permettra également aux pays africains d’appliquer plus de réelles perspectives pour se focaliser sur une capacité efficacement les conventions internationales relatives à d’adaptation accrue, la résistance au changement climatique l’environnement. et la réduction de la vulnérabilité qui sont essentielles pour tout investissement majeur en Afrique. Ces effets positifs devraient être préservés en prenant systématiquement en compte la L’adoption de la gestion durable des sols, comme option pratique question du changement climatique dans les plans et politiques en faveur d’une agriculture adaptée à la modification du climat, sectoriels d’investissement relatifs à la gestion de l’eau, des offre par conséquent aux pays africains une opportunité unique terres et des risques de catastrophes. En retour, ces politiques de prendre systématiquement en compte une gamme variée permettront de mieux comprendre les implications du d’interventions réussies susceptibles de maximiser leur impact à changement climatique pour chaque secteur ; elles favoriseront l’échelle continentale. Ceci est particulièrement vital à la lumière une meilleure diffusion des connaissances et une sensibilisation de la demande de plus en plus croissante d’efficacité et accrue sur les causes et les effets du changement climatique ainsi d’intensification de la production agricole en réponse à la que les mesures d’adaptation appropriées à prendre. récente crise alimentaire mondiale28. 27 PNUE, 2011. 28 Nellemann et al., 2009. 22 FONDS POUR L’ENVIRONNEMENT MONDIAL Mangrove sur le fleuve Saloum (Sénégal). TERRE, EAU ET FORêTS : RESSORTS D’UN DéVELOPPEMENT à L’éPREUVE DU chANgEMENT cLIMATIqUE EN AFRIqUE 23 RÉFÉRENCES Ragab, R. and Prudhomme, C., 2002. 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United Nations Environment Programme. Oxford University Press, New York, NY. GRID-Arendal. 24 FONDS POUR L’ENVIRONNEMENT MONDIAL PHOTOS Couverture : Arne Hoel, Banque mondiale ; Peter Prokosch, www.grida.no ; Montage realisé par Christian Hofer, FEM GoodPlanet Foundation, Yann Arthus-Bertrand : 2, 5, 6, 9, 12, 18 Helio & Van Ingen : 4 iStock : 21 Banque mondiale : Plat de couverture, 3, 16, 19, 23 www.grida.no (Tim Freccia) : 10 CONTRIBUTIONS RÉDACTEURS Mohamed I. Bakarr Saliha Dobardzic Gustavo A.B. da Fonseca Jean-Marc Sinnassamy Sekou Toure Le fem en BRef Le Fonds pour l’environnement mondial (FEM) réunit 182 pays — en CHERCHEUR (CONSULTANT) partenariat avec des institutions internationales, des organisations non Ijeoma Emenanjo gouvernementales (ONG) et le secteur privé — pour s’attaquer à des problèmes environnementaux à caractère mondial. Organisme indépendant, le FEM accorde des aides financières aux pays en développement ou en DIRECTEUR DE PUBLICATION transition pour réaliser des projets dans les domaines de la biodiversité, du changement climatique, des eaux internationales, de la dégradation John Diamond des sols, de la couche d’ozone et des polluants organiques persistants. Ces projets profitent à l’environnement à l’échelle de la planète. Ils sont le trait d’union des enjeux écologiques à l’échelle locale, nationale et mondiale, et favorisent l’adoption de moyens d’existence viables. Créé en 1991, le FEM est aujourd’hui la première source de financement des projets d’amélioration de l’état environnemental du globe. Il a accordé des aides à hauteur de 9 milliards de dollars sur ses fonds propres et mobilisé plus de 40 milliards de dollars de cofinancement à l’appui de quelque 2 600 projets dans plus de 165 pays en développement ou en transition. Dans le cadre de son programme de microfinancements, il a également accordé directement plus de 12 000 financements à des organisations non gouvernementales et à des organismes de proximité. Le FEM est un partenariat qui rassemble dix organisations : le Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD), le Programme des Nations Unies pour l’environnement (PNUE), la Banque mondiale, l’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO), l’Organisation des Nations Unies pour le développement industriel (ONUDI), la Banque africaine Maquette : Patricia hord.graphik Design de développement (BAfD), la Banque asiatique de développement (BAsD), Imprimé en Afrique du Sud la Banque européenne pour la reconstruction et le développement (BERD), Novembre 2011 la Banque interaméricaine de développement (BID) et le Fonds international de développement agricole (FIDA). Le Groupe consultatif pour la science et la technologie (STAP) contrôle la qualité technique et scientifique des politiques et projets du FEM. www.theGEF.org Imprimé sur du papier fabriqué dans le respect de l’environnement